Les premières semaines de vie, le nourrisson dort presque toute la journée. Il présente une
hypertonie musculaire et une hypotonie axiale.
Au niveau perceptif, si sa vision reste encore très faible, il semble reconnaître le son de voix
de sa mère grâce à l'apprentissage intra-utérin. Au fil des semaines, il se mettra
progressivement à fixer les visages humains.
Ses gestes sont un ensemble désordonné de réflexes innés comme le grasping, le
toussotement, la succion, les mictions, la défécation, le gigotement, les pleurs, etc.
Essentiellement tourné sur son corps, le nourrisson émet une réponse émotionnelle au confort,
à la frustration, à la fatigue ou à l'angoisse. Il les exprime à la fin du premier mois par des cris
spécifiques, identifiables par ses parents.
Ce que l'on sait qu'il se passe
Selon Piaget cette période recouvre les 1er (0-1 mois) et 2nd (1-4 mois) stades de la période
sensori-motrice (0-2 ans).
Des réflexes innés du premier mois, la structuration des schèmes moteurs atteint
progressivement un stade où les premières coordinations sont possibles: le bébé coordonne
grossièrement doigt, coude, épaule et bouche pour sucer son pouce.
C'est l'âge des réactions circulaires primaires: le nourrisson prend plaisir à répéter les mêmes
mouvements. Cette sollicitation répétée permet l'apprentissage et l'automatisme de ces
schèmes.
Ce qu'on pense qu'il se passe à l'intérieur
Essayons de nous mettre à la place du psychisme émergeant en se basant sur les théories
psychanalytiques.
A la naissance, le psychisme, fondamentalement, c'est le Ça: c'est des pulsions, des besoins.
Cet aspect est perceptible à travers les cris et besoins du nourrisson. Mais c'est également l'âge
de la toute puissance.
Pour comprendre cette toute puissance, il faut avoir à l'esprit ce que le nourrisson est en train
de vivre. Il est une conscience – qu'elle soit fragmentée pour les uns, en devenir pour d'autre -,
et en cela il est un processus de centralisation et d'organisation des informations perçues. On
peut résumer en disant « ça est ».
Il y a existence d'une conscience sans qu'elle puisse pour l'instant se rattacher à une identité
ni même à un corps. En cela le nouveau né est tout puissant, simplement parce qu'à ce stade,
sa conscience n'a pas accès à ses propres limites physiques et encore moins accès à l'existence
des autres. Il est tout ce qu'il expérimente, c'est en cela qu'il est tout puissant.
Par l'accouchement, qui est pour certain théoriciens le premier traumatisme, le nouveau-né
accède un état d'hyperstimulation constante. Avant, il était protégé dans la zone intra-utérine
des trop fortes stimulations des sens. Désormais la confrontation est directe. Et, à cette toute
puissance s'oppose ces expériences désagréables. Voici en substance la situation qui amènera
le psychisme à développer ses premiers mécanismes de défense : incorporation et
projection.
Pour Sigmund Freud, par la naissance, le nourrisson entre dans le stade oral, le premier
stade de l'évolution libidinale. Il dure de 0 à 1 an.
Le plaisir est lié à la zone bucco labiale, et essentiellement à l'alimentation. Karl Abraham qui
approfondira la question divisera le stade oral en deux périodes, la première, de 0 à 6 mois,