inspirateur et, en 1830, après la mort de Bolívar, le Venezuela, puis l'Équateur,
firent sécession.
Dès les premières années de l'indépendance, le pays fut divisé en deux blocs
politiques qui allaient s'affronter durant des décennies. D'un côté, les
conservateurs, soutenus par l'Église, partisans d'un État centralisé ; de l'autre, le
bloc libéral, fédéraliste, qui voulait soustraire la politique à l'emprise de la religion.
L'instabilité : 1830-1904
Les premières décennies qui suivirent l'indépendance furent marquées par
plusieurs guerres civiles et par de fréquents changements constitutionnels. Dans
un premier temps, les conservateurs parvinrent à imposer une constitution unitaire.
Mais les fédéralistes s'y opposèrent, déclenchèrent le premier conflit et accédèrent
au pouvoir, avec le président Obando, en 1853 ; mais ils furent à leur tour
renversés par des conservateurs. En 1858, le pays fut doté d'une constitution semi-
fédérale et la nouvelle République fut baptisée Confédération grenadine. Cinq ans
plus tard naissaient les États-Unis de Colombie, sur le modèle résolument fédéral
du voisin nord-américain. Après quelques années de relative stabilité, une nouvelle
guerre civile éclata en 1876. De retour au pouvoir, les conservateurs imposèrent au
pays, en 1886, une constitution centraliste, celle de la république de Colombie, qui
resta en vigueur jusqu'en 1991.
Cette période fut ponctuée de plusieurs révoltes, qui éclatèrent notamment en 1885
et en 1895. La plus violente, la guerre des Mille jours, laissa le pays exsangue et fit
entre 60 000 et 130 000 victimes, de 1899 à 1903.
La deuxième moitié du XIX
e
siècle se caractérisa par de nombreux changements,
qui marquèrent profondément la société : ce fut l'abolition de l'esclavage, en 1851 ;
puis, en 1853, la séparation de l'Église et de l'État.
En 1903, poussé par les États-Unis, le Panamá accéda à l'indépendance. La
Colombie perdit alors un accès important au commerce maritime!; cependant, les
compensations financières accordées par Washington lui permirent tout de même
d'entamer la diversification d'une économie, qui reposait jusque-là essentiellement
sur le commerce du café.
Le XX
e
siècle : le défi économique
Jusqu'en 1930, la Colombie connut une période de stabilité politique et put se
consacrer à son développement économique. La construction de routes, dès le
début du siècle, permit un début d'expansion commerciale. L'exploitation des
gisements de pétrole et la culture du café prirent également de l'ampleur,
soutenues, il est vrai, par plusieurs emprunts américains.
Les libéraux, de retour au pouvoir en 1930, s'engagèrent dans de nouvelles
réformes. Jusqu'à la démission, en 1945, du président Alfonso López Pumarejo, ils
firent voter une loi de réforme agraire, la reconnaissance du droit de grève et des
droits syndicaux, un salaire minimum et des congés payés.
Lors de la Seconde Guerre mondiale (1939-1945), la Colombie suspendit ses
relations diplomatiques avec le Japon, l'Allemagne et l'Italie en 1941, et avec l'État
français de Vichy en 1942. En 1943, le Sénat colombien déclara la guerre à
l'Allemagne, et la République signa la charte de l'ONU, en juin 1945, devenant ainsi
l'un de ses 51 membres fondateurs.