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CONTES
CHINOIS
Traduits par
Jules Halphen
Contes chinois
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à partir de :
CONTES CHINOIS
traduits par Jules HALPHEN (1856-1928)
Librairie ancienne Champion, Paris, 1923, 198 pages.
Édition mise en format texte par
Pierre Palpant
www.chineancienne.fr
novembre 2011
Contes chinois
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TABLE DES MATIÈRES
Préface
Yeh-t'an sui-lu
La Chapelle Chên-pao-tz'eu
Liao Chai Chih-I
Le Poirier magique
Le prêtre taoïste du Mont Lao
Le prêtre de Ch'ang-Ch'ing
Le renard qui marie sa fille
Gracieuse et élégante
Le sortilège magique
Wang-Ch'eng
La peau peinte
L'enfant du marchand
Yeh-shêng
Phénix bleu
Tung-shêng
Ch'êng-Hsien
K'ao Ch'êng-huang
Précieux miroir de l'amour
Chapitre I
Chapitre II
Chapitre III
Contes chinois
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PRÉFACE
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Si je dédie ces contes, traduits par moi, à la mémoire de mon
universellement regretté cousin, ce n'est pas pour ajouter une modeste
pierre à son monument déjà surchargé ; c'est parce qu'en les
traduisant, il y a quelque vingt ans de cela, je pensais à lui ; j'espérais
trouver dans ces textes, presque vierges encore, un libretto d'opéra-
comique qui sortît un peu de la phraséologie pseudo-asiate qui pourrait
se passer aussi bien à Montmartre qu'à Toulon.
Une ou deux fois j'ai cru le saisir, notamment dans la Peinture
Murale et dans Phénix Bleu ; mais à bien considérer, ces scénarios
auraient mieux convenu au cinéma qu'au théâtre ; toujours est-il que je
les publie maintenant et que je les soumets à la critique des lecteurs,
s'il y en a.
Je commence par dire que ces contes ne sont pas tous inédits ; les
Histoires étranges composées dans un cabinet de travail, ont é
traduites en partie par Herbert A. Giles, consul à Ningpo, et auteur de
l'admirable dictionnaire chinois-anglais dont je me suis toujours servi
pour mes travaux et dont j'ai adopté constamment l'orthographe 1.
Je tiens à affirmer, et ceci excusera les contresens que j'ai peut-être
pu commettre, que je n'ai jamais lu ces deux volumes ; je les ai
pourtant achetés par reconnaissance ; diés à ses enfants, cette
dédicace m'inspire des doutes sur la traduction de certaines phrases,
sinon libidineuses, du moins non conformes au « maxima debetur... 2 ».
1 Cette orthographe est anglaise, il est donc bien entendu que ch se prononce comme
notre tch, sh comme notre ch, u comme ou, û comme notre u. Il est un autre caractère
employé couramment par Giles, et qui est l'u bref, ce caractère n'existe guère que dans
les maisons, s'il en reste, qui éditent des ouvrages de prosodie latine ; j'ai donc le
remplacer par en ; quelques auteurs le remplacent simplement par une apostrophe.
2 Phrase généralement mal interprétée dans la conversation courante et qui signifie :
« Si vous tramez quelque chose de louche, méfiez-vous des oreilles des gosses. »
Contes chinois
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Je donne donc, ainsi qu'elles sont sorties d'un travail pénible pour
moi qui ne suis qu'un apprenti, ces traductions de quelques contes
chinois.
Ce qui frappe, au premier abord, c'est le caractère essentiellement
bourgeois de ces cits ; ici point de princesses sur des chars de feu,
point de cascades d'or, mais de bons rentiers, qui donnent des ordres à
leurs bonnes, font ranger avec soin les couverts après dîner, font
changer les places à table à l'arrivée d'un nouveau convive, s'occupent
du déménagement et du bail illusoire à faire avec un nouveau
proprtaire ; tout cela est bourgeois, c'est la vie de province de chez
nous. J'ai déjà eu une fois l'occasion de le faire observer, le Chinois est
l'être le plus bourgeois, le plus familial qui existe ; quand, après avoir
traversé les capitales de la Russie, les fleuves, la Sibérie, les serts, je
suis arrivé au lever du jour en Chine, j'ai été émerveillé, non pas tant par
la richesse et les couleurs des tements et coiffures des femmes, que
par le sentiment de me sentir chez moi. La ménagère, aussi bien la
Chinoise avec ses pieds mutilés, que la musulmane avec ses souliers à
talon central destis à donner aux passants l'illusion d'une Chinoise,
allait au marc appuyée sur sa canne, suivie de sa servante portant le
même filet qu'avenue des Ternes ; dans ce filet s'entassaient, après
discussions dont le timbre variait du grave au suraigu, des radis roses de
la grandeur d'une betterave, des choux de la fraîcheur d'une salade, des
cailles, des perdrix, etc... Les enfants carottaient des sous à leur mère
pour aller acheter des friandises ou regarder dans la boîte du montreur
d'images. Sur le trottoir, en face des grands magasins, succursales de
kin, s'étalaient de petites échoppes, comme entre le Printemps et les
Galeries, où se vendaient des dés en plomb, du sulfate de cuivre pour les
yeux, des publications plus ou moins légères, et comme chez nous, sous
le manteau, des cartes transparentes et des images, très drôles pour un
observateur froid, mais en somme d'une libidinosité évidente.
Tout cela ne tire pas à conséquence, c'est une question de milieu. Je
me rappelle avoir été à Tunis vers 78 avant l'occupation française et
être monté au Dar-el-bey avec quelques colons ; nous avons été voir
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