Montebourg ne veut que trois opérateurs

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mercredi 14 mai 2014 - N 5460
France Métropolitaine
www.latribune.fr
CAC 40 : 4505,02 pts +0,25%
FTSE (6 873 / +0,31%)
1 = 1,3702$ (-0,38%)
BRENT (108,8$ / +0,35%)
OR (1 293,0$ / -0,19%)
Mobile: Montebourg ne veut
que trois opérateurs
Le ministre de l'Economie, du
Redressement productif et du
Numérique persiste et signe.
Il a répété mardi qu'il
souhaite que le marché passe
de quatre à trois acteurs pour
qu'ils investissent, alors que
les rumeurs de rachat de
Bouygues Telecom par Free
reprennent.
EMPLOI
AUTOMOBILE
STRATÉGIE
L'habillement se
mobilise pour préserver
le commerce en ville
Le bonus-malus devient
de plus en plus malus
La Société générale vise
3% de croissance
Après 31.000 emplois détruits en
2013, la Fédération de l'habillement
réclame un "plan Marshall" pour
sauver l'emploi dans le secteur.
L'excédent se serait monté à 10 millions
d'euros en avril, selon le site spécialisé
autoactu.com. Les recettes du malus
grimpent fortement.
Dans le cadre de son plan stratégique
présenté le 13 mai, la banque vise une
croissance annuelle de 3% de ses
revenus, d'ici à 2016.
Sommaire
14/05/2014
ÉCONOMIE
Disparition des commerces de centre ville: la
fédération de l'habillement lance un cri d'alarme
La Fédération nationale de l’Habillement a rédigé un "plan
Marshall" du commerce de centre-ville pour sauver l’emploi dans
ce secteur, très menacé. Ce plan en 58 points prône un
allègement des cotisations sociales...
Fiscalité locale : une simplification est possible !
Pacte de responsabilité: Gattaz (Medef) adepte du "toujours plus"
Le déficit courant de la France se creuse à 1,5 milliard d'euros en
mars
Le gouvernement veut repasser sous le seuil des 3 millions de
chômeurs d'ici 2017
"Hollande et Valls ont compris que les patrons ne sont pas des
salopards" (Gattaz)
Une personne sur quatre adhère à des affirmations antisémites
L'alcool est responsable de plus de 5% des décès chaque année
dans le monde
Parlement européen : une représentation très inégale
Les Européens ne sont pas eurosceptiques, mais voudraient être
entendus
Allemagne: le moral des investisseurs dégringole encore un peu
plus en mai
Israël: l'ancien Premier ministre Ehud Olmert condamné à six ans de
prison
L'Australie va découvrir l'austérité après 20 ans de croissance
Chine : la production industrielle et les ventes au détail déçoivent
ENTREPRISE
Le bonus-malus devient excédentaire: mauvaise
nouvelle pour l'automobiliste
L’excédent se serait monté à 10 millions d’euros en avril, selon le
site spécialisé autoactu.com. Les recettes du malus grimpent
fortement.
Volkswagen dispute à Daimler et Volvo la première place dans les
poids-lourds
Edition du 14/05/2014
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Sommaire
14/05/2014
Aston Martin dans le rouge: le luxe auto ne rapporte pas toujours
Vol Rio-Paris, une contre-expertise charge l'équipage
MH370: comment éviter de "perdre" un avion ?
SNCF: les syndicats craignent un plan de départs volontaires
portant sur "plusieurs milliers" d'emplois
SNCM : L'État condamne Marc Dufour
RATP: Veolia va recycler les wagons du RER A pendant 4 ans
Des ingénieurs français pour la construction d'une ligne de métro à
São Paulo
Areva: la Cour des comptes dresse un bilan au vitriol des années
Lauvergeon
Mobile : « Nous ferons trois opérateurs », dit Montebourg
Montebourg veut faire fusionner Bouygues Télécom avec un autre
opérateur
Très haut débit : Free, Bouygues et Orange unis contre Numericable
Rachat de SFR : une prime de 2.000 euros pour les salariés
AT&T en passe d'acheter Direct TV pour 50 milliards de dollars
Pourquoi les Google Glass sont vendues 10 fois leur coût de revient
Google: l'Union européenne reconnaît le droit à l'oubli
Très haut débit : Free, Bouygues et Orange unis contre Numericable
Un nouveau drone s'écrase à Nice
L'agriculture, un terreau fertile pour l'économie collaborative
Coup d'arrêt au projet de rénovation de la Samaritaine
Christie's engage les ventes de mai avec (presque) un record
Suez Environnement va former les Azerbaïdjanais aux métiers de
l'eau pour 22,5 millions d'euros
BANQUE & FINANCE
Edition du 14/05/2014
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Sommaire
14/05/2014
La Société générale remet le cap sur la croissance
Dans le cadre de son plan stratégique présenté le 13 mai, la
banque vise une croissance annuelle de 3% de ses revenus, d’ici
à 2016. Son patron, Frédéric Oudéa, mise notamment sur
l’international.
Credit Suisse: le litige fiscal aux États-Unis pourrait coûter 2
milliards de dollars
Le risque de crédit "reste bien vivant" en zone euro selon Fitch
Stress-tests: "la recapitalisation des banques avant tout" (Buba)
La Buba ouvre les portes à une action de la BCE en juin : l'euro
plonge
Morgan Stanley vend sa participation dans le groupe pétrolier
argentin YPF
Le shadow banking, un casse-tête chinois estimé à 3.100 milliards
d'euros
TERRITOIRES
Jean-Luc Monteil, président du Medef Paca : « Il est
urgent de dégraisser le mammouth territorial »
36 681 communes, 17 242 intercommunalités, 4 055 cantons,
342 arrondissements, 101 départements, 26 régions, 238
sous-préfectures... Trop d’échelons, trop de dépenses de
fonctionnement, trop d’inefficacité, dénonce dans une note...
OPINIONS
Limiter le remboursement des lunettes: une décision
idéologique et inefficace
La décision du gouvernement de plafonner le remboursement
des lunettes va déstabiliser de façon grossière ce marché qui
fonctionne. Par Marc Guyot, Professeur d’économie à l’Essec
Business School
Précarité énergétique: pourquoi punir davantage les pauvres ?
Télécoms en Afrique : les acteurs régionaux ont droit à une part du
gâteau!
L'Afrique du Sud en plein doute
Croissance recherche gazelles
Matteo Renzi et... la relance à l'italienne
Edition du 14/05/2014
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5 Économie
LA TRIBUNE 14/05/2014
EMPLOI > La Fédération nationale de l’Habillement a rédigé un "plan Marshall" du
commerce de centre-ville pour sauver l’emploi dans ce secteur, très menacé. Ce
plan en 58 points prône un allègement des cotisations sociales patronales et la
simplification de la fiscalité mais aussi un arrêt complet des projets commerciaux
en périphéries.
Jean-Christophe Chanut
Disparition des commerces de centre ville: la
fédération de l'habillement lance un cri
d'alarme
Bernard Morvan, le président de la Fédération nationale de l'habillement (FNH), a décidé de sonner
le tocsin : Le commerce de centre-ville se meurt ! Et avec sa disparition c'est non seulement toute
l'animation des villes en régions qui décline mais, surtout, ce sont des dizaine de milliers d'emplois
qui disparaissent. Aussi, depuis le mois de mars, le président de la FNH a décidé de prendre son
bâton de pèlerin et de faire le forcing auprès des pouvoirs publics - du ministère de l'Economie à
L'Elysée en passant par Bruxelles - pour tirer la sonnette d'alarme. Mais pas question d'arriver les
mains vides, il faut des propositions concrètes.
Un "Plan Marshall"en 58 points pour le commerce de centre-ville
Pour ce faire, la FNH qui représente 39.000 boutiques employant 100.000 actifs, dont 80.000
salariés , a décidé de rédiger un document dénommé le « Plan Marshall pour le commerce
indépendant de centre-ville » qui a reçu le soutien d'autres Fédérations patronales concernées,
6 Économie
LA TRIBUNE 14/05/2014
telle la Fédération de la chaussure ou celle de la maroquinerie. Un plan en 58 points concrets pour
tenter de redonner une chance au commerce de proximité.
Et, manifestement, il y a le feu. Selon des données de la FNH, dans le textile-habillement, 13.000
entreprises ont disparu en 2013, soit 31.000 emplois détruits, 4.000 pour les entreprises
individuelles et 27.000 emplois salariés. Pis, pour la sixième année consécutive, les ventes dans
les commerces indépendants de l'habillement ont baissé, notamment de plus de 2 points entre
2013 et 2012. Quant au chiffre d'affaire moyen d'une boutique employeuse, il a baissé de 8,5% en
2012 par rapport à 2010, passant de 366.000 euros à 335.000 euros. Par ailleurs, donnée peu
connue, 17% des dirigeants de ces TPE ont un revenu inférieur au Smic, et près d'un tiers gagne
entre 16.500 et 33.000 euros par an.
Comment expliquer une telle dégradation. Le plan Marshall de la FNH y voit de multiples raisons :
la baisse de la consommation et la hausse de la fiscalité pesant sur les consommateurs ; la
pression fiscale et sociale sur les commerçants, quelle soit nationale ou locale; la saturation des
surfaces commerciales en périphérie qui a eu pour conséquence de vider les centres-villes ; etc.
Urgence donc. La FNH demande aux pouvoirs publics « de mener au plus vite des actions
concrètes afin de sauver des dizaines de milliers d'emplois menacés » … Les propositions de la
FNH s'adressent à plusieurs acteurs : les commerçants eux-mêmes, les élus locaux et les pouvoirs
publics.
La FNH demande le gel absolu des projets commerciaux dans les périphéries
Les commerçants, reconnaît la FNH, doivent se prendre en main et moderniser leurs commerces;
proposer des services complémentaires et des offres différenciées. Ils doivent aussi saisir les
opportunités offertes par le net, via, par exemple, l'élaboration « d'un site vitrine qui présente
avantageusement l'offre ». Les commerçants devraient aussi être capables de se regrouper. Ils
doivent aussi dynamiser le commerce de centre-ville en organisant des évènements.
Quant aux élus locaux, ils sont appelés à « avoir une meilleure connaissance de la vacance des
locaux commerciaux dans les centres-villes pour prévenir la désertification ». Pour ce faire, ils
devraient notamment créer des « managers de centre-ville » qui joueraient le rôle d'intermédiaire
entre les commerçants et la municipalité.
Mais, surtout, point central, la FNH demande le gel absolu « des projets commerciaux en périphérie
des villes » , et d'intégrer « dans les plans locaux d'urbanisme des obligations de diversité
commerciale en faveur des commerces de détail ou de proximité ».
De nouveaux allègements de cotisations patronales
7 Économie
LA TRIBUNE 14/05/2014
Le gros morceau est destiné, bien sûr, aux pouvoirs publics. La FNH n'hésite pas à formuler des
propositions provocantes ou dérogatoires au droit existant. En matière sociale, notamment.
Ainsi, sur la durée du travail, en l'absence d'accord de branche, la Fédération souhaite que
l'employeur d'une TPE puisse mettre en place un dispositif d'aménagement de la durée du travail,
par décision unilatérale, approuvé par referendum des salariés concernés. Très concrètement, la
FNH s'oppose à la disposition qui devrait entrer en vigueur le 1er juillet qui oblige à respecter un
temps partiel minimum hebdomadaire de 24 heures. Pour Bernard Morvan "cette disposition
absurde peut tuer de l'emploi".
La FNH souhaite aussi que les mesures d'exonérations dégressives des cotisations patronales
entre 1 et 1,6 Smic - dispositif « Fillon »- soient complétées par un allègement supplémentaire qui
viserait les salaires supérieurs. Une disposition déjà reprise en partie dans le cadre du Pacte de
responsabilité.
Elle préconise aussi de remettre en place la mesure « zéro charge » d'aide à l'embauche dans les
TPE. Là aussi, le Premier ministre Manuel Valls vient en partie de répondre à ce souhait, au niveau
du Smic en tout cas. La Fédération souhaite encore que soit « repenser » le Régime social des
indépendants (RSI). A cet égard, après une rencontre avec Bernard Morvan la semaine dernière,
l'Elysée s'est dit d'accord pour créer un groupe de travail sur la question pour faire mieux
fonctionner le RSI.
Des réponses demandées avant le 31 juillet
Sur le plan fiscal, outre un allègement de la fiscalité locale (via notamment un réexamen des règles
régissant les bases locatives pour les baux commerciaux), la FNH plaide pour l'institution d'un
statut juridique unique pour les commerçants indépendants. En l'occurrence, il s'agirait du statut
d'Entrepreneur individuel à responsabilité limitée (EIRL). Le plan « Marshall » demande aussi le
maintien des délais de paiement en vigueur, car un raccourcissement de ces délais entraînerait des
complications pour la comptabilité des commerçants.
La FNH va maintenant faire connaître son plan au niveau local mais elle souhaite surtout des
premières réponses du gouvernement de façon urgente. « En tout cas avant le 31 juillet, prévient
Bernard Morvan, car il y a un tel ras-le-bol chez les commerçants qu'en l'absence de mesures, j'ai
peur que celà puisse déboucher sur des débordements ».
8 Économie
LA TRIBUNE 14/05/2014
FISCALITÉ > Un rapport du Conseil des prélèvements obligatoires estime
envisageable une évolution positive de la fiscalité locale "afin de prévenir son
émiettement et dans celle d’une rationalisation du nombre d’impositions et de
leur simplification, lesquelles s’inscriraient dans les orientations nationales
actuelles visant à limiter le nombre de taxes à faible rendement.
Fabien Piliu
Fiscalité locale : une simplification est
possible !
Le chiffre est rond : 70. C'est le nombre d'impositions locales dont les entreprises sont susceptibles
d'être redevables explique le Conseil des prélèvements obligatoires placé sous la tutelle de la Cour
des comptes dans un rapport intitulé "Fiscalité locale et entreprises".
" Une partie d'entre elles constitue des impositions réellement locales, pour un produit annuel de
l'ordre de 43 milliards d'euros ; l'autre partie relève davantage d'impositions nationales qui sont
affectées aux collectivités territoriales, à hauteur d'un produit annuel de l'ordre de 16 milliards
d'euros. Par ailleurs, ont été recensées des impositions locales pour lesquelles les systèmes
d'information de l'administration fiscale ne permettent pas de distinguer la part assumée par les
redevables entreprises de celle des redevables ménages ", détaille le rapport.
Présenté par Didier Migaud, le premier président de la Cour des comptes à l'Assemblée nationale
ce mardi après-midi, ce rapport ne se contente pas de faire l'inventaire de la fiscalité locale. Après
une étude de la contribution économique territoriale (CET), remplaçante de la taxe professionnelle
9 Économie
LA TRIBUNE 14/05/2014
depuis 2010, que le rapport juge pertinente et cohérente car elle maintient le lien entre l'entreprise
et son territoire, le Conseil remet en cause la gouvernance de la fiscalité locale.
La chasse aux petites taxes pourrait être bientôt ouverte
" Après l'introduction de la CET, les évolutions envisageables de la fiscalité locale des entreprises
sont à chercher principalement dans la voie d'une meilleure gouvernance de celle-ci, afin de
prévenir son émiettement et dans celle d'une rationalisation du nombre d'impositions et de leur
simplification, lesquelles s'inscriraient dans les orientations nationales actuelles visant à limiter le
nombre de taxes à faible rendement ", suggère le rapport. Sur ce dernier point, le Conseil estime
qu'une étude du " bien-fondé " de ces petites taxes devrait être mené " en tenant compte toutefois
des situations locales ".
Ce dossier a été ouvert lors des Assises de la fiscalité qui se sot ouvertes en janvier. Publié en
mars, un rapport de l'Inspection générale des finances (GF) a recensé 192 petites taxes dont le
rendement est inférieur à 150 millions par an. Leur produit total s'élève à 5,3 milliards d'euros. Le
gouvernement s'est engagé à en réduire le nombre.
Enfin, le rapport juge nécessaire une clarification du rôle assigné premier assigné à la fiscalité
locale des entreprises qui jusqu'ici d'assurer un financement stable et pérenne aux collectivités
territoriales ou favoriser la compétitivité des entreprises. En clair, la fiscalité locale doit-elle assurer
un financement dynamique et stable aux collectivités territoriales ou doit-elle devenir une fiscalité
en phase avec le cycle économique, capable de s'adapter aux facultés contributives des
contribuables ? Le débat est ouvert.
10 Économie
LA TRIBUNE 14/05/2014
PATRONAT > Le président du Medef demande rapidement du "concret" au
gouvernement s’agissant du pacte de responsabilité. Selon lui, il faudra aller
beaucoup plus loin que les 30 milliards d’euros d’allègements de cotisations et
de la fiscalité pesant sur les entreprises. En contrepartie, il faudra davantage
couper dans les dépenses publiques.
Jean-Christophe Chanut
Pacte de responsabilité: Gattaz (Medef)
adepte du "toujours plus"
Pierre Gattaz a de la suite dans les idées. Cela fait des mois qu'il martèle le même message, en
substance : « Nous au Medef, nous sommes dans l'action, alors que les engagements du
gouvernement sont flous et tardifs » . Le président de l'organisation patronale n'en démord donc
pas : le pacte de responsabilité et ses 30 milliards d'euros d'allégements de cotisations sociales
patronales et de baisse d'impôts sur les sociétés c'est bien, mais ce n'est pas suffisant, il en faut
plus.
Une fois encore, devant la presse, ce mardi 13 mai, le président de Radiall a justifié sa ligne de
conduite intangible. Le Medef toujours dans l'action ? La preuve, l'organisation patronale lance sa
campagne « Beau travail » destinée, via des clips qui passeront sur les chaînes TV du service
public, à valoriser et faire connaître les 400.000 emplois actuellement non pourvus. Coût de
l'opération : 4 millions d'euros.
Pacte de responsabilité: du concret, vite !
11 Économie
LA TRIBUNE 14/05/2014
Les insuffisances du pacte de responsabilité ? Pierre Gattaz se dit inquiet de ne rien voir venir de
« concret ». Il espère que le projet de loi de Finances rectificatif - qui doit être présenté en Conseil
des ministres le 11 juin - « ancrera la trajectoire de baisse du coût du travail et de la fiscalité ». Il
préconise même une accélération car le différentiel entre ce qui pèse sur les entreprises françaises
et allemandes en termes de ponctions fiscales et sociales « était auparavant de 116 milliards
d'euros. Même avec, au mieux, les 40 milliards d'euros du pacte de responsabilité, on n'aura fait
que le tiers du chemin ».
Au contraire, Pierre Gattaz exprime des « inquiétudes » qui pèsent sur « la confiance » des
entreprises. Ainsi, il craint que la taxe carbone vienne alourdir de 2,5 milliards d'euros la fiscalité
sur les entreprises en 2015. Il redoute également que le futur compte pénibilité qui devra être
ouvert pour chaque salarié ne décourage les entreprises, surtout les TPE. Même charge contre
l'idée d'instaurer, à compter du 1er juillet, un plancher minimum de 24 heures hebdomadaires pour
les salariés à temps partiel. Pour lui, cela « va nuire à l'emploi »
Aller plus loin dans les coupes dans les dépenses publiques
In fine, pour Pierre Gattaz, le pacte de responsabilité doit non seulement enter rapidement dans les
faits mais de toute façon, il ne suffira pas à rétablir la compétitivité des entreprises françaises. Il
faut aller plus loin, surtout que, selon lui, « il n'y a pas de redémarrage de l'activité clair et précis ».
Et pour le Medef, la seule façon d'accentuer le pacte c'est, en contrepartie, d'aller beaucoup plus
loin que les 50 milliards d'économies prévues dans les dépenses publiques. On distingue
nettement ce que va être le nouveau cheval de bataille du Medef : toujours plus !
.
12 Économie
LA TRIBUNE 14/05/2014
CONJONCTURE > Le déficit des paiements courants de la France est ressorti à
1,5 milliard d’euros en mars, soit légèrement plus que celui de 1,4 milliard
enregistré en février, selon les données publiées mardi par la Banque de France.
latribune.fr
Le déficit courant de la France se creuse à 1,5
milliard d'euros en mars
C'est la conséquence la plus ennuyeuse du déficit de la balance commerciale de la France. En
mars, le solde des paiements courants, considéré comme la meilleure mesure de la bonne santé
d'une économie, a encore été négatif, à -1,5 milliard d'euros, selon le rapport publié mardi par la
Banque de France. Il s'est même creusé de 100 millions d'euros par rapport au mois de février.
Les échanges de marchandises, bête noire de l'économie française
Sans surprise, c'est sur son point faible, les exportations de marchandises, que l'économie
française a le plus pêché. Les échanges de biens, qui incluent depuis janvier le négoce
international autrefois classé dans les services, ont en effet été déficitaires de 3,9 milliards d'euros,
contre 3,2 milliards d'euros en février.
Par ailleurs, comme à son habitude, le solde des investissements, qui mesure la différence entre
les investissements français à l'étranger et les investissements étrangers en France, a été négatif à
hauteur de 1,4 milliard d'euros.
Les transferts courants, enfin, qui mesurent les sorties d'argent du pays de la part de résidents
13 Économie
LA TRIBUNE 14/05/2014
sans contrepartie, ont été déficitaires de 3,8 milliards d'euros, sans évolution par rapport au mois
précédent.
Bonne tenue dans les services et les investissements en portefeuille
En revanche, la France peut encore compter sur ses points forts. Le solde des services, par
exemple, a été positif de 2,9 milliards d'euros, en hausse par rapport aux 2,3 milliards engrangés
en février.
Le solde des revenus a quant à lui été excédentaire de 3,3 milliards d'euros. Et les investissements
de portefeuille ont enregistré des entrées de nets de capitaux de 46,1 milliards d'euros.
En revanche, les autres investissements (prêts et emprunts) accusent des sorties nettes de 47,3
milliards d'euros.
14 Économie
LA TRIBUNE 14/05/2014
LE CHIFFRE DU JOUR > François Rebsamen, le ministre du Travail, espère que le
nombre de chômeurs en France sera réduit d’au moins 349.000 d’ici la fin du
mandat de François Hollande.
latribune.fr
Le gouvernement veut repasser sous le seuil
des 3 millions de chômeurs d'ici 2017
Plus qu'inverser une courbe, c'est un seuil symbolique que vise désormais l'exécutif. En
l'occurence, celui des "3 millions de chômeurs". François Rebsamen, le successeur de Michel
Sapin au ministère du Travail a d'ailleurs refusé de reprendre à son compte la formule de "
l'inversion de la courbe du chômage".
Catégorie A
En revanche, le ministre du Travail s'est trouvé un nouvel objectif , exposé ce mardi sur
Radio Classique et LCI:
"Moi, je veux faire baisser le chômage, c'est-à-dire diminuer le nombre de chômeuses et de chômeurs. Il
y en 3.349.000 aujourd'hui, il faut que, quand nous arriverons vers la fin de ce quinquennat, il y ait moins
de 3 millions de chômeurs."
Il s'agit en l'occurrence des chômeurs inscrits en catégorie A en France métropolitaine, soit les
personnes sans emploi, tenus de rechercher activement un poste et qui n'ont pas exercé d'activité
15 Économie
LA TRIBUNE 14/05/2014
au cours du mois précédent. Leur nombre a officiellement passé la barre des 3 millions en
septembre 2012.
Le gouvernement mise sur la croissance
En mars, la France (hors Dom) en comptait donc 3.349.000 selon Pôle emploi, un chiffre stable par
rapport au mois précédent et en hausse de 4,1% sur un an. Au total, le nombre de demandeurs
d'emploi inscrits à Pôle emploi en catégories A, B, C s'établissait à 4.949.500 en France
métropolitaine fin mars 2014 (et 5.246.800 en France en comptant les départements d'Outre-mer).
Pour parvenir à faire baisser ce chiffre, "tous les dispositifs d'aide à l'emploi sont là, maintenant, il
faut la croissance", a jugé François Rebsamen.
16 Économie
LA TRIBUNE 14/05/2014
LA PHRASE DU JOUR > Le patron du Medef lance une campagne de promotion
des métiers mal pourvus. L’occasion d’évoquer l’exécutif, sans donner
d’engagement précis en matière d’emploi au titre des contreparties du Pacte de
responsabilité.
latribune.fr
"Hollande et Valls ont compris que les
patrons ne sont pas des salopards" (Gattaz)
Les petites phrases plus ou moins provocatrices, le patron des patrons semble avoir pris l'habitude
d'en distiller régulièrement. Dernière formule en date: "les patrons ne sont pas des salopards". Ce
que, selon Pierre Gattaz les deux têtes de l'exécutif auraient "compris".
4 millions pour promouvoir des métiers
L'actuel président du Medef l'affirme dans une interview accordée au Parisien et publiée en ligne ce
mardi . Il y annonce l'une des propositions de l'organisation patronale en matière d'emploi. En
l'occurrence: mettre en avant des métiers "où il y a du travail mais pas assez de candidats", comme
celui de chaudronnier ou de soudeur. En tout, 4 millions d'euros ont été engagés pour promouvoir
115 métiers mal pourvus.
Pas d'engagement chiffré du Pacte de responsabilité
En revanche, sur les contreparties au "Pacte de responsabilité" attendues par le gouvernement,
17 Économie
LA TRIBUNE 14/05/2014
Pierre Gattaz n'a toujours rien précisé. Il indique qu'après la réunion du 15 avril entre les
fédérations, une nouvelle réunion doit avoir lieu "dans un mois". Toutefois, il souligne:
Les entreprises, comme leurs représentants, ne peuvent pas s'engager sur des chiffres de création
d'emplois.
"J'ai baissé mon salaire de 5% en 2002 "
Et ajoute: "Ceux-ci peuvent en revanche se fixer des objectifs, en matière d'apprentissage, d'emploi
des seniors, de qualité de l'emploi... ", avant de réaffirmer son objectif de créer 1 million d'emploi
d'ici cinq ans, tout en continuant d'appeler à la modération salariale. "J'ai baissé mon salaire de 5%
en 2002 et je n'ai pas eu de bonus pendant les années de crise", se vante-t-il en outre, peu après
la polémique sur sa hausse de salaire de 29% l'an dernier.
>> Pierre Gattaz est pour la modération salariale mais augmente le sien
18 Économie
LA TRIBUNE 14/05/2014
SONDAGE > Près d’un quart de la population mondiale se déclare "plutôt
d’accord" avec une série d’assertions négatives à propos des Juifs, selon un
vaste sondage publié ce mardi par l’institut First International Resources pour la
Ligue anti-diffamation).
latribune.fr
Une personne sur quatre adhère à des
affirmations antisémites
"Les Juifs ont davantage de pouvoir que les autres dans le monde des affaires", "les Juifs sont plus
loyaux envers Israël qu'envers leur propre pays ", " les gens détestent les Juifs à cause de la
manière dont ils se comportent", "les Juifs pensent qu'il sont meilleurs que les autres"... A ce genre
de stéréotypes antisémites, près d'un quart de la population mondiale adhère.
53100 entretiens, 96 pays
C'est l'une des conclusions d'un sondage d'opinion qui doit être rendu public ce mardi par la Ligue
anti-diffamation, une association américaine de lutte contre l'antisémitisme fondée par le
philanthrope Leonard Stern. Rares sont les enquêtes d'opinion qui couvrent un aussi large espace
spectre que celle-ci: 53.100 entretiens ont été menés dans 96 langues à travers 101 pays (plus les
territoires palestiniens) entre juillet 2013 et février 2014.
Une série d'assertions dans la même veine que celles citées plus haut étaient soumises au sondés
pour mesurer leur degré d'antisémitisme. Le Wall Street Journal en a livré quelques conclusions
19 Économie
LA TRIBUNE 14/05/2014
en avant-première. Il apparaît que 26% des répondants ont exprimé leur accord avec au moins 11
d'entre elles.
Trois personnes sur quatre au Moyen-Orient...
D'un point de vue géographique, quelques clichés sur l'antisémitisme sont confirmés, d'autres
tombent. Ainsi, et sans surprise, c'est au Moyen-Orient, théâtre des affrontements
israélio-palestiniens, que le pourcentage de personnes partageant des idées antisémites est le plus
fort (75% des sondés). En dehors de cette zone, pays où le parti d'extrême-droit l 'Aube Dorée a
réalisé une percée électorale en 2012 et obtenu récemment le droit de présenter des candidats aux
élections européennes, 69% des personnes interrogées en Grèce partageaient ces vues.
Fort antisémitisme en Corée du Sud
De manière plus surprenante: en Corée du Sud, où la communauté juive est quasi inexistante, plus
de la moitié des sondés (53%) valident au moins six affirmations antisémites. Cette enquête révèle
d'ailleurs l'absence de lien entre la proximité géographique d'une communauté juive et les
sentiments antisémites. En effet, parmi tous ceux qui avouent adhérer à ces assertions négatives
envers les Juifs, 70% disent n'avoir jamais rencontré de Juif en personne.
A l'inverse, aux Etats-Unis le degré d'antisémitisme est bien moins élevé, puisque 9% de la
population souscrit à 6 affirmations antisémites (ils étaient 29% dans la première étude du même
type datant de 1964). Mais c'est au Laos que l'on trouve la plus faible proportion de personne
adhérant à des propos négatifs envers la communauté juive (0,2%).
24% des humains partagent des opinions islamophobes
A titre de comparaison, des membres de communautés religieuses ont également fait l'objet de
l'enquête. Globalement, les musulmans recevaient 47% d'opinions favorables et 24% d'opinions
défavorables, les chrétiens respectivement 62% et 15%. Les juifs en tant que membre d'un groupe
religieux sont jugés positivement par 38% des sondés et négativement par 21%.
Enfin, une autre affirmation était également suggérée: "les Juifs parlent trop de qui leur est arrivé
pendant l'Holocauste ". Si le détail du nombre de personnes adhérant à cette assertion n'est pas
encore dévoilé, un chiffre marquant ressort de ce sondage. Soixante-dix ans après le
Débarquement, 66% des sondés disent n'avoir jamais entendu parler de la Shoah, ou bien doutent
qu'elle se soit réellement produite.
20 Économie
LA TRIBUNE 14/05/2014
SANTÉ > Ce sont 3,3 millions de personnes chaque années qui décèdent suite à
la consommation d’alcool d’après le dernier rapport de l’Organisation mondiale
de la santé. Pourtant, près d’une personne sur deux n’en boit pas. Les hommes
sont particulièrement touchés.
latribune.fr
L'alcool est responsable de plus de 5% des
décès chaque année dans le monde
Une personne sur 20 en meurt. L'alcool tue chaque année dans le monde 3,3 millions de
personnes, soit plus que le sida, la tuberculose et la violence réunis, a averti lundi l'ONU qui craint
une aggravation de la situation.
Le chiffre (résultats 2012) est en nette augmentation par rapport à 2005, année pendant laquelle
2,5 millions de personnes sont décédés, mais les deux résultats ne sont pas comparables pour
l'Organisation mondiale de la santé (OMS, une agence de l'ONU) qui explique que la méthodologie
de calcul, la population mondiale et les causes de décès ont changé.
●
Plus de 200 maladies concernées
Accidents de la circulation, blessures, homicides, maladies cardiovasculaires, diabètes ou maladies
infectieuses, les causes sont variées. Selon le rapport, ce sont plus de 200 maladies liées à la
consommation d'alcool qui causent 5,9% des morts annuelles, soit "un décès toutes les dix
secondes", détaille le Dr. Shekhar Saxena, directeur du département Santé mentale et abus de
21 Économie
LA TRIBUNE 14/05/2014
substances psychoactives à l'OMS, interrogé par l'AFP.
●
Les hommes près de deux fois plus touchés que les femmes
La situation devrait empirer à mesure que des pays fortement peuplés voient leur niveau de vie
augmenter, avertit l'OMS, qui constate que les hommes sont les plus touchés par les décès liés à
l'alcool (7,6% contre 4% chez les femmes).
●
6,2 litres d'alcool par personne
En 2012, la consommation mondiale équivalait à 6,2 litres d'alcool pur par personne âgée de plus
de 15 ans. D'après le rapport, en 2010, les plus gros consommateurs d'alcool étaient la Russie, les
pays d'Europe de l'Est, le Portugal, suivi de la majorité des pays de l'UE, du Canada, de l'Australie
et de l'Afrique du Sud. Mais la consommation a surtout augmenté ces dernières années en Inde et
en Chine.
●
Près d'une personne sur deux n'a jamais bu d'alcool
Selon l'OMS, 48% de la population mondiale n'a jamais bu d'alcool, et l'abstinence est plus
fréquente chez les femmes que chez les hommes.
22 Économie
LA TRIBUNE 14/05/2014
ELECTIONS EUROPÉENNES > Le vote de chaque citoyen européen ne pèse pas
de façon équivalente au parlement européen. Tour d’horizon des différences et
des inégalités de représentation.
Romaric Godin
Parlement européen : une représentation très
inégale
On les voit partout dans les villes françaises. Des affiches incitent les citoyens à « choisir qui
gouvernera l'Europe », à l'image de sympathiques concitoyens européens. Au parlement européen,
on n'est pas peu fier de cette campagne digne de la « première élection où le président de la
commission sera élu » (affirmation un peu audacieuse). On précise, par ailleurs que, pour rendre la
campagne plus efficace, on a choisi volontairement des « représentants de petits pays. » Outre que
la logique de ce choix laisse perplexe, elle semble étrange dans la mesure où déjà, les « petits
pays » de l'UE dispose d'une surreprésentation au parlement européen, ce qui pourrait décourager
certains électeurs des « grands pays. »
Des écarts importants
Car toutes les voix ne se valent pas en Europe. Un député européen représente en moyenne
677.509 habitants de l'UE, mais les différences sont considérables selon les pays. En effet, quel
que soit le nombre de ses habitants, un Etat membre dispose de 6 élus au parlement, alors que le
nombre d'élus des grands pays a été volontairement restreint pour limiter le nombre de députés
(qui passera en 2014 à 751 contre 766 précédemment). Par ailleurs, certains « grands pays »
disposent du même nombre d'élus alors que leur population peut diverger sensiblement : avec près
23 Économie
LA TRIBUNE 14/05/2014
de deux millions d'habitants de plus que l'Italie, le Royaume-Uni compte autant d'élus (73).
La France, grande perdante
Au final, la France apparaît comme la grande perdante de cette répartition. Avec ses 66 millions
d'habitants, la France dispose de 74 élus. Un député européen français représente donc 891.892
habitants. C'est le niveau le plus élevé. Elle est suivie par l'Espagne (869.017 habitants par député)
et par le Royaume-Uni (864.880 habitants par élu). L'Allemagne, pays le plus peuplé de l'UE, arrive
en quatrième position avec un ratio de 838.541 habitants par élu. A noter cependant que, lorsque
cette répartition a été effectuée, on pensait que l'Allemagne comptait 82,5 millions d'habitants. Un
chiffre depuis revu à la baisse de 2 millions par l'office fédéral des statistiques Destatis. Mais même
avec le chiffre « supposé » de 82,5 millions d'habitants, le ratio français restait plus fort que celui de
son voisin germanique.
Un élu maltais représente 15 fois moins d'habitants qu'un élu français
Les pays les mieux représentés sont, sans surprise, les moins peuplés : Chypre, Luxembourg et
Malte. Un député maltais représente ainsi seulement 71.500 de ses compatriotes, un élu
luxembourgeois 88.396. Entre un élu maltais et un élu français, la différence de représentativité est
donc de un pour 12,4. Autrement dit : le vote d'un Français veut en moyenne 12 fois moins que
celui d'un Maltais. Et encore n'est-ce là qu'une moyenne. La France ayant opté pour une répartition
des députés par « grandes régions », l'écart peut encore être plus notable. Ainsi, l'unique élu de la
section « Océan indien » de la circonscription d'outre-mer représente seul ses 1.052.000 électeurs.
Sa représentation est alors près de 15 fois supérieure à celle d'un élu maltais.
Voici un tableau résumant la représentation :
La France, la plus sous-représentée, la Lituanie la plus sur-représentée
Pour mesurer la sur-représentation ou la sous-représentation des pays de l'UE au parlement, il faut
toutefois mettre en relation le poids relatif de chaque pays dans l'UE et dans le parlement
européen. Et là encore, la France apparaît comme le parent pauvre. L'écart négatif entre son poids
dans la population de l'UE et celui dans le parlement atteint 3,12 points. L'Allemagne suit avec un
écart de -3,04 points. Il faut cependant préciser, en revanche, que, en prenant comme base de
calcul l'ancienne estimation de la population allemande, c'est la république fédérale qui serait la
plus sous-représentée en Europe avec un écart négatif de -3,37 points, contre -3,07 point pour la
France.
En tout, six pays sont sous-représentés au parlement (Allemagne, France, Italie, Royaume-Uni,
Espagne, Pologne) et 21 sur-représentés. La Roumanie est parfaitement bien représentée : son
24 Économie
LA TRIBUNE 14/05/2014
poids dans la population de l'UE et son poids au parlement sont identiques (4,26 %). Les pays les
plus surreprésentés sont respectivement la Lituanie, la Bulgarie et la Hongrie.
Plus inégalitaire que les parlements allemand et britannique, moins que l'Assemblée
nationale française
Reste évidemment qu'une représentation parfaite n'existe pas. Ces écarts territoriaux existent dans
tous les pays. Reste à savoir si ces défauts sont plus élevés dans le cas du parlement européen
que dans celui des parlements nationaux. Pour s'en tenir aux trois plus grands pays de l'UE, on
remarque que la différence de représentation est souvent plus faible. Ainsi, en Allemagne , la
circonscription la moins peuplée pour l'élection au Bundestag est celle de Prignitz
(Mecklembourg-Poméranie Occidentale) avec 193.300 habitants, tandis que la plus peuplée est
celle de Munich Est (Bavière) avec 363.700 habitants. Soit un écart de 1,88, inférieur de 6,7 fois à
celui du parlement européen.
Au Royaume-Uni, l'élu de la circonscription de Na h-Eileann an Iar, dans les Hébrides extérieures,
en Ecosse, représente 26.100 habitants. Celui de l'Ile de Wright, dans le sud du pays, 140.000
habitants. Soit 5,63 fois de plus. C'est encore plus de deux fois moins qu'au parlement européen.
En France, la situation est un peu différente : la communauté de Saint-Pierre-et-Miquelon et ses
6.100 habitants envoie un député à l'Assemblée Nationale. C'est 24,16 fois moins que la
circonscription la plus peuplée de France, la 6ème circonscription de Seine-Maritime (146.866
habitants). Le parlement européen est donc moins inégalitaire que l'Assemblée nationale française.
Néanmoins, la question de l'inégalité de représentation mérite d'être posée. Elle s'ajoute, du reste,
à celle des pouvoirs réels du parlement et, au final, n'incite guère les citoyens dans les grands pays
à se déplacer. Car, au final, leur voix porte peu.
25 Économie
LA TRIBUNE 14/05/2014
SONDAGE > C’est ce que montrent deux sondages publiés mardi.
latribune.fr
Les Européens ne sont pas eurosceptiques,
mais voudraient être entendus
Les Européens sont-ils... anti-européens? A une dizaine de jours des élections législatives
européennes, la question est sur toutes les lèvres, alors que les partis eurosceptiques sont promis
à des scores historiques. Deux sondages publiés mardi apportent un éclairage nouveau.
Pas de rejet de l'Union européenne
Non, les habitants de l'Union européenne ne souffrent pas d'un désamour en soit pour l'Europe des
Vingt-huit. C'est ce que montre une étude du Pew Research Center, selon laquelle 52% des
sondés disent avoir une opinion positive de l'Union. C'est mieux que l'an dernier, lorsque seulement
46% des personnes interrogées en avaient une opinion positive.
Mais le sentiment d'un déficit démocratique
En revanche, comme le montre l'enquête de Pew, mais aussi celle de l'Eurobaromètre, les citoyens
européens ne se sentent pas entendus par Bruxelles. D'après l'Eurobaromètre, un ensemble
d'études menées au sein de l'UE, seules 37% des personnes interrogées estiment que leur vote
compte auprès des institutions européennes.
26 Économie
LA TRIBUNE 14/05/2014
Les conclusions de Pew sont encore plus alarmantes. Selon l'institut américain, seuls 29% des
européens pensent que leur vote aura une influence sur les décisions prises à Bruxelles. En clair,
ce dont souffrent les européens, ce n'est pas d'un désamour pour l'Europe, mais d'un manque
démocratique.
27 Économie
LA TRIBUNE 14/05/2014
INDICATEUR CONJONCTUREL > L’indice ZEW recule pour le cinquième mois
consécutif à 33,1 points et retombe à son niveau le plus bas depuis janvier 2013.
Une chute inégalée depuis deux ans.
latribune.fr
Allemagne: le moral des investisseurs
dégringole encore un peu plus en mai
Les attentes des milieux d'affaires allemands concernant la conjoncture outre-Rhin, mesurées par
le baromètre mensuel ZEW, sont au plus bas. L'indicateur publié mardi par l'institut du même nom,
s'est en effet replié de 10,1 points à 33,1 points contre 43,2 points enregistrés en avril, signant son
cinquième recul de suite. Il s'agit de son niveau le plus bas depuis janvier 2013.
Les analystes interrogés par l'agence Dow Jones Newswires misaient certes sur une baisse du
ZEW mais bien moins prononcée, tablant sur 41 points (- 2,2 points).
Une reprise plus modérée
Cette baisse signifie que les investisseurs ne s'attendent pas à ce que l'économie allemande
maintienne le rythme élevé de croissance enregistré au premier trimestre, a expliqué l'institut. "
Pour autant, il est escompté une évolution conjoncturelle positive en 2014", a précisé le président
du ZEW, Clemens Fuest.
Alors que le chiffre de la croissance allemande pour le premier trimestre est attendu jeudi, dans son
28 Économie
LA TRIBUNE 14/05/2014
rapport mensuel publié ce mardi, le ministère de l'Economie estime aussi qu' "après un premier
trimestre solide la reprise de printemps sera certainement plus modérée que d'habitude".
"Les perspectives économiques mondiales restent globalement en voie d'éclaircissement mais les
tensions géopolitiques constituent un facteur de risque supplémentaire. On ne peut pas s'attendre
à ce que le commerce extérieur fournisse d'impulsion (à la croissance)", selon Berlin.
La chute la plus importante depuis mai 2012
Carsten Brzeski, économiste chez ING, constate que la chute du ZEW est la plus importante
depuis mai 2012. Ce cinquième recul d'affilée montre que " les risques pour l'Allemagne
augmentent", a-t-il ajouté, citant les risques géopolitiques aux portes de l'Allemagne, l'inquiétude au
sujet de la croissance chinoise et les indicateurs industriels décevants de la semaine dernière.
Cependant, les indicateurs allemands "solides" montrent que l'économie du pays est sur de bons
rails, estime Annalisa Piazza, du courtier Newedge, soulignant que la composante qui mesure la
situation actuelle en Allemagne a progressé pour la sixième fois de suite. Elle a pris 2,6 points à
62,1 points en mai.
29 Économie
LA TRIBUNE 14/05/2014
ISRAëL > Poursuivi pour corruption dans le cadre d’un scandale immobilier à
Jérusalem, l’ancien maire de la ville avait été reconnu coupable le 31 mars.
latribune.fr
Israël: l'ancien Premier ministre Ehud Olmert
condamné à six ans de prison
Six ans de prison et un million de shekels (210.000 euros) d'amende: c'est la peine à laquelle a été
condamné mardi Ehud Olmert, ex-Premier ministre israélien, pour corruption. La sentence du
tribunal de Tel-Aviv a été retransmise en direct par les principales radios d'Israël.
Ehud Olmert, 68 ans, était poursuivi pour le rôle joué lorsqu'il était maire de Jérusalem (1993-2003)
dans le cadre d'un scandale immobilier. La procédure durait depuis deux ans.
Déjà condamné à une peine de prison avec sursis
Le 31 mars, l'ancien maire, 68 ans, avait été reconnu coupable d'avoir touché des pots-de-vin. Il a
également été condamné pour faux témoignage, pour avoir tenté de ternir la réputation du témoin
principal de l'accusation.
Mêlé à plusieurs affaires de corruption, l'ex-Premier ministre n'avait pour l'instant été condamné
qu'à une peine de prison avec sursis en septembre 2012 pour abus de confiance.
>> Lire L'ex-Premier ministre israélien Ehud Olmert coupable de corruption
30 Économie
LA TRIBUNE 14/05/2014
31 Économie
LA TRIBUNE 14/05/2014
BUDGET > En proie à une hausse du chômage et au vieillissement de sa
population, l’Australie envisage de réduire ses dépenses publiques. Le pays a
pourtant connu une croissance positive de 2,8% en 2013, au delà des prévisions.
latribune.fr
L'Australie va découvrir l'austérité après 20
ans de croissance
Objectif : réduction de déficit. Le Premier ministre australien conservateur Tony Abbott va présenter
mardi son premier budget depuis son arrivée au pouvoir en septembre dernier. Le gouvernement
devrait annoncer une taxe pour les revenus les plus élevés, une hausse progressive de l'âge de la
retraite à 70 ans, le paiement d'une franchise à chaque visite chez le médecin et des baisses des
dépenses dans les services publics, selon la presse.
D'après les prévisions, le déficit budgétaire devrait avoir gonflé à 47 milliards de dollars australiens
(32 milliards d'euros) sur l'exercice 2013/14 et le budget sera déficitaire jusqu'en 2016/17.
20 ans de croissance ininterrompue
L'Australie a connu plus de 20 ans de croissance ininterrompue, grâce à ses matières premières
achetées en quantité massive par les pays émergents, en particulier la Chine. Mais depuis
quelques mois, la croissance marque le pas et les investissements dans le secteur minier
ralentissent, le chômage oscille entre 5,8 et 6%, après avoir longtemps évolué entre 4,5 et 5,5%.
La croissance reste néanmoins positive : au dernier trimestre 2013, elle a affiché un taux supérieur
32 Économie
LA TRIBUNE 14/05/2014
aux prévisions, à 2,8% sur un an.
"Il va y avoir de la souffrance à court terme"
Comme d'autres pays riches, l'Australie est également confrontée à un vieillissement de sa
population et une hausse des dépenses de santé et de retraite. Le Premier ministre Tony Abbott
devine que les mesures annoncées par son gouvernement ne seront pas populaires mais elles
sont selon lui nécessaires.
"Oui, il va y avoir de la souffrance sur le court terme. Mais c'est une souffrance avec un objectif"
, a-t-il déclaré sur Macquarie Radio, quelques heures avant l'annonce du budget. Et d'ajouter :
"C'est un budget qui vise à résoudre des problèmes, [...] un budget qui vise à construire le pays."
33 Économie
LA TRIBUNE 14/05/2014
CONJONCTURE > La production industrielle et les ventes au détail ont progressé
au mois d’avril en Chine. Mais moins bien que prévu. Ce qui alimente les craintes
d’un ralentissement de la deuxième économie mondiale.
latribune.fr
Chine : la production industrielle et les ventes
au détail déçoivent
Il n'y a pas de quoi s'alarmer. Mais les dernières statistiques chinoises ont tout de même de quoi
alimenter les inquiétudes quant à la bonne marche de la deuxième économie mondiale. D'après le
Bureau national des statistiques, la production industrielle (+8,7%) et les ventes au détail (+11,9%)
sont toutes deux ressorties en hausse au mois d'avril sur un an, mais en deçà des attentes. Les
économistes interrogés par Reuters prévoyaient en effet une croissance de la production
industrielle de 8,9% et des ventes au détail de 12,2%.
Ralentissement généralisé
Depuis plusieurs mois, les autorités se sont lancées dans une politique de resserrement du crédit
afin de rendre plus saine la croissance du pays, après des injections massives de liquidités dans
l'économie pour faire face au ralentissement généralisé après la crise financière de 2008.
Or,le ralentissement dans les pays émergents et la croissance encore très faible dans la zone euro
limitent les débouchés des exportations chinoises qui ont connu un creux durant les trois premiers
mois de l'année , avant de se reprendre en avril. Et la demande intérieure, que Pékin souhaite
34 Économie
LA TRIBUNE 14/05/2014
développer pour rééquilibrer son modèle de croissance, ne suffisent pas encore à compenser.
Interrogation sur un éventuel plan de soutien à la croissance
L'objectif de croissance du produit intérieur brut a été fixé cette année à 7,5%, ce qui semble déjà
raisonnable . Mais les mauvaises performances du début d'année 2014 font craindre une
contre-performance.
>> Lire Les craintes sur la croissance chinoise s'amplifient
Si bien que de nombreux analystes croient désormais à une intervention de Pékin pour favoriser
les investissements. Ces derniers ont progressé de 17,3% sur les quatre premiers mois de l'année
par rapport à la période de janvier à avril 2013. Mais c'est en dessous des 17,7% qu'attendaient en
moyenne les économistes.
35 Entreprise
LA TRIBUNE 14/05/2014
AUTOMOBILE > L’excédent se serait monté à 10 millions d’euros en avril, selon
le site spécialisé autoactu.com. Les recettes du malus grimpent fortement.
Alain-Gabriel Verdevoye
Le bonus-malus devient excédentaire:
mauvaise nouvelle pour l'automobiliste
En avril, le fameux malus prétendument écologique a généré des recettes de 28,3 millions d'euros.
Il était du coup nettement supérieur aux dépenses du bonus autour de 18,3 millions, selon les
calculs du site spécialisé autoactu.com. Pour faire cette estimation, le site automobile affirme avoir
calculé le coût des bonus en appliquant aux immatriculations des véhicules électriques le
super-bonus maximal de 6 300 euros, soit 7,6 millions d'euros en avril pour 850 voitures et 360
utilitaires légers vendus.
A utoactu.com ajoute à cela une moyenne de 2.500 euros pour les hybrides, soit 8,9 millions
d'euros en avril pour 3.569 voitures et 16 utilitaires immatriculés. A ces sommes, il faut ajouter un
peu plus de 1,5 million de bonus pour les modèles classiques thermiques ç faibles rejets de CO2,
de la tranche éligible à un bonus de 150 euros.
Le malus par voiture en forte hausse
En face, les recettes des malus ont progressé. Même si les immatriculations des modèles
concernés reculé de 24% (émissions de CO2 supérieures à 131grammes au kilomètre). Mais le
nouveau barème étant beaucoup plus sévère, une chute des ventes n'empêche pas l'Etat de
36 Entreprise
LA TRIBUNE 14/05/2014
récolter plus d'argent.
Le calcul des recettes en fonction des immatriculations montre, selon le site automobile, que le
malus a atteint 28,3 millions d'euros en avril 2014, soit une hausse de 29% par rapport à la collecte
de l'année précédente qui avait été de 21,9 millions d'euros (en avril 2013). Le montant moyen du
malus par véhicule, qui était de 565 euros en avril 2013, est en hausse de 70% à 962 euros en avril
2014, selon autoactu.com.
Une nouvelle ponction fiscale
Le solde du bonus-malus est donc positif de 10 millions pour le mois d'avril. Et ce, alors que le
système a été longtemps déficitaire. Le système de bonus-malus se transforme donc de facto en
une nouvelle ponction fiscale sur les automobilistes...
37 Entreprise
LA TRIBUNE 14/05/2014
AUTOMOBILE > Volkswagen est en passe de réussir sa totale prise de contrôle
du suédois Scania. Le groupe germanique veut pleinement rapprocher le
constructeur scandinave de camions de l’allemand MAN qu’il détient par ailleurs.
But: damer le pion à Daimler et Volvo, les deux champions du poids-lourd
mondial.
Alain-Gabriel Verdevoye
Volkswagen dispute à Daimler et Volvo la
première place dans les poids-lourds
L'OPA de Volkswagen sur le suédois Scania est en passe de réussir. Le deuxième groupe
automobile mondial, qui a battu son record de ventes à un peu plus de 3,2 millions de voitures sur
le premier quadrimestre, veut acquérir la totalité du fabricant de poids-lourds de Södertälje. Or, le
fonds de pension suédois Alecta vient d'annoncer, dans un communiqué, qu'il cèderait ses 2,04%
de Scania. Ce qui devrait suffire au consortium germanique pour atteindre le taux de 90% qu'il avait
posé comme condition au succès de son offre.
L'intégration totale de Scania est essentielle à la réussite du vieux projet de Volkswagen, consistant
à regrouper ses activités dans les poid-lourds, à savoir ses filiales Scania et MAN ainsi que sa
propre division de véhicules commerciaux. Histoire de rivaliser pleinement avec son compatriote
Daimler, premier constructeur mondial de camions, et le suédois AB Volvo, numéro deux. La firme
allemande de Basse-Saxe veut couvrir le spectre automobile entier depuis la petite Volkswagen Up
jusqu'aux plus gros camions, en passant par les sportives Porsche ou Lamborghini et les voitures
de luxe Bentley.
38 Entreprise
LA TRIBUNE 14/05/2014
Accueil mitigé
Le consortium de Wolfsburg avait offert le 21 février dernier 6,7 milliards d'euros pour mettre la
main sur les 37% environ de la firme scandinave qu'il ne possédait pas encore. L'offre, qui courait
d'abord jusqu'au 25 avril, avait reçu un accueil mitigé en Suède. La direction de Scania avait même
recommandé aux actionnaires de ne pas vendre leurs parts à ce prix (200 couronnes, soit 22 euros
par action). Volkswagen, certain de pouvoir convaincre les actionnaires sans relever son prix,
l'avait prolongée jusqu'au 16 mai.
Scania très rentable
Scania a vendu l'an dernier 75.957 camions et 6.897 cars-bus. MAN en a écoulé 125.423 et 15.788
respectivement. La division Volkswagen Véhicules commerciaux, a écoulé pour sa part 510.847
unités en 2013. Scania a une excellente marge opérationnelle (9,4% l'an passé), bien meilleure
que celle de MAN (2%). Les véhicules commerciaux de Volkswagen ont atteint 4,8%.
Daimler a écoulé 484.211 camions l'an dernier, 270.144 utilitaires légers Mercedes, 33.705 cars et
bus. La marge atteignait 5,2% pour les poids-lourds, 6,7% pour les utilitaires, 3% pour les cars et
bus. AB Volvo, possesseur de 100% de Renault Trucks (l'ancienne activité camions de Renault), a
vendu quant à lui 200.274 poids-lourds et 8.910 cars et bus, avec une marge opérationnelle pour
l'ensemble du groupe (avec les moteurs marins et le matériel de BTP) de 2,6%. AB Volvo n'a rien à
voir avec Volvo Cars, son ex-branche automobile rachetée par Ford qui l'a cédée ensuite au
chinois Geely.
39 Entreprise
LA TRIBUNE 14/05/2014
AUTOMOBILE > Le prestigieux constructeur britannique de voitures sportives
prévoit de renouer avec les bénéfices après... 2016. Isolée, la firme anglaise a du
mal à s’en sortir. Mais elle a passé fin 2013 des accords avec Mercedes.
Alain-Gabriel Verdevoye
Aston Martin dans le rouge: le luxe auto ne
rapporte pas toujours
Aston Martin, le prestigieux constructeur britannique de voitures sportives et luxueuses, prévoit de
renouer avec les bénéfices après... 2016, a déclaré lundi le Directeur financier Hanno Kirner, dans
un entretien à l'agence Reuters. Pas avant! La firme à l'histoire mouvementée, qui existe depuis
101 ans, commencera alors à recueillir les fruits d'un programme d'investissements de 500 millions
de livres (613 millions d'euros) étalé sur cinq ans. Aston Martin est le seul constructeur de modèles
à hautes performances de très haut de gamme à rester indépendant. Porsche et Lamborghini sont
intégrés à l'allemand Volkswagen, Maserati et Ferrai à l'italien Fiat. Jaguar est la possession de
l'indien Tata. Tout seul, Aston Martin a justement du mal...
Accord avec Mercedes
En décembre 2013, Aston Martin avait du coup annoncé une association avec la division
Mercedes-AMG de l'allemand Daimler, qui lui livrera des moteurs V8. A cette occasion, Daimler a
pris une participation de 5% dans le fabricant anglais. Un projet de "SUV" (4x4) avec Mercedes est
à l'étude, selon l'agence Bloomberg. Ce véhicule n'arriverait pas toutefois avant trois ans.
Pas de chance: au début du mois de février, le constructeur a dû annoncer le rappel en atelier de
40 Entreprise
LA TRIBUNE 14/05/2014
17.590 voitures, soit la majorité de sa production des six dernières années, après avoir découvert
qu'un sous-traitant d'un fournisseur chinois utilisait du plastique de contrefaçon pour fabriquer un
composant.
Cette vieille marque centenaire au passé tumultueux a été créée en 1913 par Lionel Martin. Le
nom provient du nom de son créateur combiné à celui de la course de côte d'Aston Clinton, que
remporta en 1913 Lionel Martin. En 1947, la firme fait face à des difficultés financières et est
rachetée par David Brown qui la fusionne avec sa marque Lagonda. Il installe l'usine à Newport
Pagnell. En 1959, sortent les DBR, ces voitures de course qui feront la renommée de l'entreprise.
Elle gagneront au Nürburgring, au Mans... Cette même année apparait la somptueuse DB5, la
voiture de James Bond...
Un peu plus de 3.000 unités par an
La marque passe sous le contrôle d'investisseurs américains au début des années 70, puis
d'armateurs grecs la décennie suivante. En 1987, c'est l'américain Ford qui reprend la majorité des
actions. Mais le groupe de Detroit la revendra en 2007. C'est un consortium mené par David
Richards, John Sinders et deux sociétés koweitiennes qui acquièrent alors l'emblèmatique société.
Le fonds de capital investissement italien Investindustrial a enfin annoncé en décembre dernier
qu'il reprenait 37,5% du constructeur, pour 150 millions de livres (186 millions d'euros)...
La firme produit les Vantage, DB9 (à partir de 175.000 euros), Vanquish (250.000 euros) ou la
limousine Rapide. Elle écoule un peu plus de 3.000 unités annuelles en moyenne (4.200 en 2011.
15% des ventes sont réalisée en Asie, mais Aston Martin n'est pas encore assez implanté dans les
pays émergents, contrairement à Porsche ou Ferrari. Aston Martin affirme vouloir doubler ses
livraisons d'ici à 2016,
41 Entreprise
LA TRIBUNE 14/05/2014
AÉRIEN > Une contre-expertise assure que l’accident de l’AF447 survenu en 2009
dans l’océan Atlantique aurait pour origine une défaillance humaine.
latribune.fr
Vol Rio-Paris, une contre-expertise charge
l'équipage
Après l'accident du MH 370, c'est le vol Rio-Paris qui revient sur le devant de la scène. Selon le
rapport de la contre-expertise ordonnée dans l'enquête judiciaire, dont l'AFP a eu connaissance
mardi, la catastrophe du vol Rio-Paris d'Air France en juin 2009 serait due à " une réaction
inappropriée de l'équipage après la perte momentanée des indications de vitesse".
"L'accident aurait pu être évité" par des actions "appropriées"
Les simulations et les expertises "ont clairement établi la prédominance des facteurs humains dans
les causes de l'accident et dans les facteurs contributifs ", affirment les cinq experts dans leurs
conclusions. "Nous avons aussi déterminé que l'accident aurait pu être évité, et ceci par quelques
actions appropriées de l'équipage", ajoutent-ils.
L'accident de l'Airbus A330 d'Air France, qui s'était abîmé le 1er juin 2009 dans l'océan Atlantique
au large du Brésil, avait coûté la vie aux 228 passagers et membres d'équipage.
L'équipage aurait mal réagi à la situation
42 Entreprise
LA TRIBUNE 14/05/2014
Cette contre-expertise, datée du 30 avril, avait été ordonnée un an plus tôt par les juges Sylvia
Zimmermann et Sabine Kheris, après une première expertise qui avait été présentée en juillet 2012
aux familles des victimes.
Dans cette enquête, Air France et Airbus sont mis en examen depuis 2011 pour homicides
involontaires. Les auteurs de la contre-expertise, qui dressent une liste de 14 facteurs contributifs
par ordre d'importance, écrivent :
"Il a été déterminé par notre collège d'experts que l'accident est dû à la perte de contrôle de l'avion suite
à la réaction inappropriée de l'équipage après la perte momentanée des indications de vitesse"
Ils citent d'abord la responsabilité de l'équipage, en évoquant "l'absence d'analyse structurée de la
panne présente ", " la non compréhension de la situation " et " la répartition des tâches dans le
cockpit qui n'a pas été appliquée de manière rigoureuse".
Sondes Pitot
Mais ils mettent également en cause la compagnie aérienne, en déplorant une " absence de
directives claires de la part d'Air France malgré plusieurs cas analogues faisant suite à des
givrages des sondes Pitot et donc un retour d'expérience insuffisant ". Ils pointent par ailleurs
"l'insuffisance de la formation des pilotes dans l'application de la procédure +IAS douteuses+
", requise lors du givrage des sondes et sur le comportement de l'avion lors de la perte des
indications de vitesse.
Contacté par l'AFP, un des avocats des proches des victimes, Maître Yassine Bouzrou, a jugé le
rapport "plein de contradictions et d'imprécisions". "Les experts se contentent de blâmer les pilotes
tout en éludant la question centrale des défaillances techniques", a-t-il réagi.
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43 Entreprise
LA TRIBUNE 14/05/2014
CATASTROPHE AÉRIENNE > Les experts organisation mondiale de l’aviation
civile cherchent un moyen de suivre à la trace des avions afin que ne se
reproduise un épisode comme celui de la perte du Boeing de Malaysia Airlines
disparu le 8 mars. Des propositions originales leur ont déjà été soumises.
latribune.fr
MH370: comment éviter de "perdre" un avion
?
Le MH370 n'est pas encore retrouvé, mais, déjà, l'Organisation mondiale de l'aviation civile (OACI)
tire les leçons de cette catastrophe. Une réunion d'experts de l'organisation se tenait jusqu'à ce
mardi à Montréal. Leur objectif: "examiner l'utilisation de technologies existantes pouvant fournir les
moyens d'assurer un suivi mondial des avions, à un coût raisonnable".
Pour y parvenir, ils comptent répertorier toutes les technologies existantes, notamment satellitaires,
afin d'évaluer celles qui seraient plus à même de transmettre des données de base comme la
position, l'altitude, la vitesse, le cap etc.
Moins de 100.000 euros
D'après le document de travail de l'OACI que s'est procuré l'AFP, il existerait des
"solutions commerciales insoupçonnées fournissant une couverture globale pour moins de 100.000
dollars" . Des entreprises comme Globalstar, Inmarsat, Rockwell, Thales Alenia ont déjà été
consultées.
44 Entreprise
LA TRIBUNE 14/05/2014
Certaines compagnies équipent déjà leurs avions d'un système de suivi, un peu comme les flottes
de camions ou les transporteurs maritimes , capables de suivre leur navires sur les océans en
temps réel.
Systèmes de communication éteints
Lundi, l'un de ces industriels, le britannique Inmarsat, a proposé ce suivi gratuitement pour "
11.000 avions de ligne qui sont déjà équipés d'une connexion par satellite", soit la quasi totalité de
la flotte commerciale long courrier. Avant de déployer ce service, Inmarsat a déjà utilisé ses
satellites afin de tenter de reconstituer la route du Boeing 777 de la Malaysia Airlines. Même
éteints, les systèmes de communication pourraient être repéré grâce à des sons émis par des
stations et relayés par des satellites.
Boîte noire dans le cloud
Autre proposition, plus audacieuse encore : créer des boîtes noires "dans le 'cloud' ", c'est à dire
immatérielles. En clair : deux systèmes embarqués dans chaque avion enregistrent tous les
paramètres de vol ainsi les conversations dans le cockpit et les données sont dupliquées sur des
serveurs distants. En cas de problème, ces données pourraient être mises à disposition par les
compagnies.
Le précédent Air France
Outre le précédent tout récent que représente la disparition de l'avion de Malaysia Airlines disparu
le 8 mars avec 239 personnes à bord, les experts de l'OACI s'appuient aussi sur l'expérience du vol
AF447. Après la disparition de l'avion qui effectuait le trajet Rio-Paris, le Bureau français
d'enquêtes et d'analyse avait formulé une série de recommandations, dont celle de créer un
système de suivi du parcours des avions.
Ce mardi, les compagnies aériennes - regroupées au sein de l'Association internationale des
transporteurs aériens (IATA) - devraient décider de créer un groupe de travail sur le suivi des
avions de ligne, avec l'objectif de formuler des recommandations d'ici cinq mois au plus tard.
45 Entreprise
LA TRIBUNE 14/05/2014
TRANSPORT > Dans le rouge en 2013, la compagnie ferroviaire française se
préparerait à proposer un départ à la retraite anticipée notamment aux cheminots
nés entre 1959 et 1961. Cela concernerait plusieurs milliers des 165.000
cheminots.
latribune.fr
SNCF: les syndicats craignent un plan de
départs volontaires portant sur "plusieurs
milliers" d'emplois
Plusieurs milliers de cheminots concernés. La SNCF va annoncer un plan de départs volontaires
lors d'un comité central d'entreprise (CCE) prévu mardi, a indiqué lundi à l'AFP l'Unsa-Cheminots,
confirmant une information de Challenges.fr pourtant démentie par la compagnie ferroviaire.
Selon le site internet du magazine, "le plan devrait générer plusieurs milliers de départs" et
concernerait les salariés nés entre 1959 et 1961.
Le public concerné sera "plus large" , indique l'Unsa-Cheminots, sans confirmer le nombre de
départs potentiels, précisant que la SNCF va annoncer mardi "les conditions de départs, il restera à
déterminer quels postes seront concernés". La SNCF compte quelque 165.000 cheminots.
La SNCF dément
"Les organisations syndicales ont reçu un document détaillant les conditions, qui demeure
46 Entreprise
LA TRIBUNE 14/05/2014
confidentiel jusqu'au CCE de demain", a expliqué à l'AFP l'Unsa-Cheminots, qui n'a pas souhaité
en donner les détails. Dans un communiqué, la SNCF a quant à elle démenti
"catégoriquement l'existence d'un quelconque plan de départs volontaires" , évoqué sur le site Challenge
"Le CCE du 13 mai examinera entre autres (...) une mise à jour du référentiel RH 0281 qui définit,
depuis 1954, les conditions d'indemnisation de tout agent qui choisit volontairement de quitter
l'entreprise", a précisé l'entreprise.
"C'est exactement le même référentiel qui a été utilisé lors des précédents plans de départs
volontaires", a-t-on réagi à l'Unsa-Cheminots.
La SNCF dans le rouge en 2013
La SNCF a plongé dans le rouge en 2013 et enregistré une perte nette de 180 millions d'euros, en
raison d'une révision en baisse drastique de la valeur comptable de son parc de rames TGV,
diminuée de 1,4 milliard.
Hors éléments exceptionnels, les résultats de la SNCF ont toutefois été bons.
L'entreprise ferroviaire affichait l'année passée un bénéfice de 582 millions d'euros, avec une
marge opérationnelle établie à 2,8 milliards.
>> EXPLICATIONS : Pourquoi le TGV fait plonger la SNCF dans le rouge
47 Entreprise
LA TRIBUNE 14/05/2014
TRANSPORTS MARITIMES > Le conseil de surveillance de la compagnie maritime
marseillaise, qui s’est déroulé au Parc Chanot à Marseille ce lundi 12 mai, a
débarqué le président du directoire Marc Dufour, dont le mandat arrivait à
échéance le 31 mai. En s’abstenant, l’État a indirectement donné carte blanche
aux actionnaires privés. Transdev rassure. Le ministère des Transports apaise.
Les élus grondent. Les salariés se sentent en danger. Prochain conseil de
surveillance le 28 mai.
Adeline Descamps, à Marseille, Méridien Mag
SNCM : L'État condamne Marc Dufour
Le choix du conseil de surveillance de ne pas reconduire Marc Dufour, le patron de la SNCM dont
le mandat arrive à échéance le 31 mai, est lourde de sens pour l'avenir de la société tant l'homme,
qui a été débarqué du directoire ce lundi 12 mai, incarnait la possibilité d'une continuité et d'une
relance pérenne pour la compagnie maritime marseillaise.
Dans le nouvel affrontement qui s'est joué au Parc Chanot entre les 14 membres du conseil de
surveillance de la SNCM - sept représentants de Transdev, quatre pour les salariés et trois pour
l'État - ce sont ces derniers qui détenaient le rôle du juge de paix et d'arbitre.
Hostilité de Transdev à la stratégie portée par la direction
La position des salariés quant à leur soutien accordé à Marc Dufour ne faisait aucun doute, pas
davantage celle de Transdev, l'actionnaire principal de l'entreprise (à 66 %), qui ne cachait plus son
48 Entreprise
LA TRIBUNE 14/05/2014
hostilité à la stratégie portée par la direction. En s'abstenant, l'État a condamné Marc Dufour et
indirectement donné carte blanche aux actionnaires privés. Le non renouvellement du directoire
n'est pas sans conséquence pour l'avenir de l'entreprise. La composition et l'identité du nouveau
directoire seront à l'ordre du jour d'un conseil de surveillance, prévu le 28 mai.
Dossier complexe et épineux
Cette nouvelle étape dans le processus de réorganisation de la compagnie maritime, qui peine à
trouver un nouvel horizon, clôt une phase d'affrontements entre la direction de la société et ses
actionnaires, lesquels récupèrent la main après avoir, ces dernières semaines, tenté vainement de
le faire, notamment en cherchant à destituer le président du conseil de surveillance, Gérard
Couturier. Reste à savoir quelles sont désormais les intentions de l'actionnaire majoritaire Transdev
et surtout de l'État (25 % du capital), dont les valses hésitations et tergiversations sur ce dossier
complexe et épineux (compte tenu des contentieux aussi à l'égard de l'Europe) sont nombreuses.
« Ni liquidation, ni fuite en avant »
Le PDG de Transdev, Jean-Marc Janaillac, a voulu rassurer à l'issue du conseil de surveillance : «
Nous souhaitons permettre à la SNCM de se construire un avenir, qui ne soit ni la liquidation, ni la
fuite en avant. Nous allons donc désormais pouvoir travailler sereinement dans l'intérêt de la
compagnie, de ses salariés et de ses clients », précisant que « l'état actuel de sa trésorerie, et
compte tenu des prévisions qui ont été communiquées, la question n'est pas de placer la SNCM en
redressement judiciaire, mais de réunir l'ensemble des conditions qui lui permettront d'assurer son
avenir ».
« Diagnostic réaliste »
Le représentant de Transdev, filiale de la Caisse des Dépôts et Veolia, qui avait pourtant rallié, dès
les débuts, la stratégie de Marc Dufour préconisant un nouveau schéma d'exploitation au moyen
d'une nouvelle flotte, a ajouté vouloir « construire un projet industriel reposant sur un diagnostic
réaliste de la situation économique et juridique de la compagnie ».
Comprendre la position de l'État
Roland Blum, adjoint au maire de Marseille, en charge notamment du port, ne la justifie pas à
défaut de la comprendre : « Cet acte signe la disparition de la SNCM et avec elle, la suppression
de 4 000 emplois directs et indirects à Marseille. Une fois de plus, le gouvernement a capitulé sous
la pression de l 'actionnaire majoritaire. Une fois de plus, il a montré son incapacité à gérer le
dossier de la SNCM dont il a volontairement différé la résolution, pour des raisons bassement
électoralistes (...). D'ailleurs cette décision était acquise avant les municipales. »
49 Entreprise
LA TRIBUNE 14/05/2014
« Cette décision précipite un dépôt de bilan… »
La sénateur-maire PS du 8e secteur de la ville de Marseille ne comprend pas davantage : «
Le propriétaire de la SNCM et filiale de la Caisse des Dépôts dont l'État est l'actionnaire de
référence a fait le choix incompréhensible de se séparer d'une équipe de direction qui se battait
pour son entreprise. La SNCM avait pourtant mis en œuvre un plan de restructuration exigeant,
engagé la nécessaire rénovation de la flotte et travailler à la cession éventuelle de la compagnie.
La SNCM et ses 2 600 salariés mais aussi les collectivités qu'elle dessert, ne méritent pas d'être
traités avec un tel cynisme. Cette décision précipite un dépôt de bilan que le gouvernement avait
annoncé vouloir éviter. Comme élue marseillaise, comme sénatrice des Bouches-du-Rhône, j'en
appelle au président de la République, au Premier ministre, au ministre Cuvillier pour que
l'irréparable ne soit pas commis ». Le secrétaire d'État aux Transports, Frédéric Cuvillier, a pour sa
part justifié la position de l'État en annonçant qu' « il était important de mettre un terme à la quasi
paralysie qui menaçait la société ».
Propositions pour le financement de la future flotte
En marquant la défiance à l'égard de Marc Dufour - une défiance toutefois non assumée par les
protagonistes - c'est aussi le plan d'avenir de la société qui semblait remis en cause, avec pour
pièce maîtresse, le renouvellement de la flotte. Cela n'a pas été visiblement le cas puisque le
conseil de surveillance a bel et bien consacré une partie de la réunion aux solutions de
financement pour acquérir quatre bateaux en plusieurs phases et confirmé que le sujet n'est pas
devenu pas caduc. Il devait examiner les propositions de financement de la future flotte au GNL sur
la base d'un rapport établi par le cabinet d'avocats Linklaters pour le compte de la BPI et de la
Caisse des Dépôts.
Deux hypothèses privilégiées
Le rapport présente notamment trois pistes : le financement direct de la SNCM par les banques ; le
financement des navires par des crédits-bails fiscaux ; et l'acquisition de navires par des
collectivités territoriales concernées par la DSP en vue de mettre les navires à disposition du
délégataire de la DSP. Deux hypothèses semblaient privilégiées par les consultants : une société
d'économie mixte (SEM) avec des partenaires privés ou une société publique locale (SPL) 100 %
publique. Les actionnaires auraient marqué une préférence pour une société à actionnariat mixte
(Caisse des dépôts et société privée).
Dichotomie entre les faits et les actes
Une dichotomie entre les faits et les actes qui n'a pas échappé aux salariés. Eux qui ne voient pas
la non reconduction du directoire comme un signal d'apaisement : « La SNCM se retrouve donc à
un tournant particulièrement dangereux de son histoire par la seule responsabilité de l'État
actionnaire qui, après avoir perdu un temps considérable, avait encore les moyens de garder le
50 Entreprise
LA TRIBUNE 14/05/2014
contrôle quelques semaines pour organiser l'évolution actionnariale, seul gage de pérennité de la
SNCM. »
Reniements et revirements désordonnés et successifs
Pour sa part, Marc Dufour restera l'homme de la résilience. Après des débuts difficiles et rugueux
ponctués par 47 jours de grèves et des affiches cégétistes saluant son arrivée sous la douce
incantation « Dufour, on aura ta peau », le dirigeant aura en effet beaucoup manœuvré à la barre
de cette entreprise pour obtenir le renouvellement de la DSP (accordé aux prix de concessions
importantes) et déjouer les tentatives de mise en défaillance préconisée par ses actionnaires
privés. Il aura aussi évité moult écueils entre les reniements et revirements désordonnés et
successifs de son actionnaire public, les coups de butoir de la collectivité territoriale corse qui
défend l'idée de création d'une SEM avec ses propres navires, la pression (parfois à raison) de son
rival Corsica Ferries, sans oublier les condamnations juridiques de l'Europe qui lui reproche les
soultes versées par l'État.
Une révolution sur le port
Dans une entreprise réputée pour son dialogue social impossible, il est parvenu à obtenir
l'adhésion de 57 % des salariés à son plan de restructuration qui induisait la suppression de 515
postes. Une révolution sur le port de Marseille puisque les organisations syndicales ne
demandaient pas, cette fois, de l'argent pour en continuer à en perdre mais pour « faire le job » en
s'alignant sur le plan industriel présenté… par la direction !
51 Entreprise
LA TRIBUNE 14/05/2014
RECYCLAGE > Ces opérations assurées par Bartin Recycling Group permettront
de recycler et de valoriser 97% des matériaux des voitures voyageurs de 25
mètres de long et pesant plus de 30 tonnes. Les détails financiers du contrat
n’ont pas été révélés.
latribune.fr
RATP: Veolia va recycler les wagons du RER
A pendant 4 ans
Opération recyclage pour la RATP. La régie a choisi Veolia Environnement pour démanteler et
recycler 317 voitures voyageurs du RER A, annonce le numéro un mondial du traitement de l'eau
et des déchets dans un communiqué.
"Il s'agit d'une première en France pour une opération de cette envergure" , assure Veolia, qui
s'occupe déjà du démantèlement de centrales nucléaires, de bateaux militaires et de plateformes
pétrolières, au sujet de ce contrat d'une durée d'environ 4 ans, mais dont les détails financiers du
contrat n'ont pas été révélés.
Valoriser 97% des matériaux
Les opérations assurées par Bartin Recycling Group, filiale de Veolia Propreté , permettront de
recycler et de valoriser 97% des matériaux des voitures voyageurs mesurant chacune 25 mètres de
long et pesant plus de 30 tonnes.
52 Entreprise
LA TRIBUNE 14/05/2014
Le communiqué précise:
"Pour parvenir à ce taux très élevé de valorisation, Veolia a mis en œuvre un savoir-faire qui permet de
gérer le transfert des rames MS61, leur désamiantage et leur déconstruction, de valoriser les matériaux
qui composent les voitures et de traiter les éléments non valorisables"
Un site dédié a été implanté à Torvilliers, dans l'Aube, qui traitera neuf rames par mois. Il comprend
"une salle blanche sous dépression qui permet de traiter, sous confinement total et avec les plus
hauts standards de sécurité, les matériaux polluants comme l'amiante et éviter toute dispersion de
particules", souligne Veolia.
Tous les jeudis, un convoi exceptionnel ralliera cette installation depuis Sucy-en-Brie, dans le
Val-de-Marne, avec trois wagons à démanteler.
53 Entreprise
LA TRIBUNE 14/05/2014
L'ENTREPRISE > Le Brésil a lancé la construction d’une sixième ligne de métro à
São Paulo, la plus grande ville du pays, pour une mise en ligne prévue en 2020.
La société française Setec doit s’assurer de la bonne exécution du contrat de
concession.
latribune.fr
Des ingénieurs français pour la construction
d'une ligne de métro à São Paulo
La société française d'ingénierie Setec a annoncé mardi avoir remporté, en association avec son
homologue brésilienne Concremat, un contrat de 21,5 millions d'euros pour contrôler au cours
d'une mission de 78 mois (soit 6 ans et demi) la bonne réalisation de la ligne 6 du métro de São
Paulo.
Mise en service pour en 2020
Le groupement "Concremat - Setec" devra veiller à la bonne exécution du contrat de concession
remporté par le consortium Move São Paulo et s'assurer du respect des dispositions contractuelles,
"notamment en termes de planning […] et de démarrage de l'exploitation" , indique dans un
communiqué de presse Setec (pour Société d'études techniques et économiques), dont le capital
social est détenu à 100% par ses ingénieurs.
La mise en service de cette nouvelle ligne de métro à São Paulo, la plus grande ville du Brésil est
54 Entreprise
LA TRIBUNE 14/05/2014
prévue en 2020. Longue de 15,9 kilomètres, elle comptera 15 stations.
Du tunnel sous la manche au Grand Paris
Le groupe d'ingénierie français est présent au Brésil avec "Setec hidrobrasileira" depuis 2012,
année où il a racheté la filiale brésilienne de l'américain MWH, spécialiste de la distribution d'eau
Outre São Paulo, la société Setec travaille pour le Grand Paris Express et trois des quatre lignes à
grande vitesse actuellement en construction en France. L'entreprise a également participé au projet
du tunnel sous la Manche côté français et au viaduc de Millau.
Elle comptait en 2012 plus de 2.200 employés avec un chiffre d'affaires de 250 millions d'euros.
55 Entreprise
LA TRIBUNE 14/05/2014
GOUVERNANCE > Dans un Inventaire sans concession, les "Sages" de la rue
Cambon critiquent le système de gouvernance du groupe dont Anne Lauvergeon
a présidé le directoire pendant 10 ans. Outre l’affaire Uramin, c’est la personnalité
de la dirigeante qui est critiquée.
latribune.fr
Areva: la Cour des comptes dresse un bilan
au vitriol des années Lauvergeon
"Atomic Anne" en prend pour son grade. Dans un rapport préliminaire, la Cour des Comptes
critique sévèrement la gestion d'Areva à l'époque où Anne Lauvergeon dirigeait l'entreprise, entre
2001 et 2011. Des extraits de ce rapport ont été publiés ce mardi par Les Echos.
Uramin: des défauts de surveillance pointés
Celui-ci s'attarde notamment sur l'affaire Uramin . A ce sujet, les conclusions de la Cour des
comptes attendues à la fin du mois risquent de se révéler explosives. "Celles-ci laissent apparaître
des fautes individuelles ou des manquements, ne serait-ce que des défauts de surveillance, voire
de la dissimulation", écrivent les rapporteurs. D'ailleurs des éléments ont été communiqué début
mai au parquet de Paris à propos de l'achat de cette société minière canadienne qui détenait des
gisements d'uranium en Afrique.
Un question de personnalité
56 Entreprise
LA TRIBUNE 14/05/2014
Plus largement, les Sages de la rue Cambon attribuent certaines difficultés du groupe à "l a forte
personnalité de la présidente du directoire". Ils lui reprochent notamment une trop forte
concentration des pouvoirs, une rémunération injustifiée... Ainsi, ils blâment la direction du groupe
de lui avoir accordé des augmentations de salaires bien plus élevées que pour le reste des patron
du CAC 40 au cours de son deuxième mandat et ce, alors que la gestion de l'entreprise laissait à
désirer. Ils écrivent ainsi:
La découverte tardive de dossiers dont la mauvaise gestion coûte aujourd'hui très cher au groupe
amène à critiquer une telle progression, fondée pour une large part sur des taux de réussite faussement
précis.
Problème de gouvernance
Plus que le caractère d'Anne Lauvergeon, qui elle-même se défend en affirmant qu'il fallait à Areva
une " personnalité forte et dynamique ", c'est le système de gouvernance du groupe lui-même qui
serait dépassé selon la Cour des comptes. Il attribue ainsi en grande partie le fiasco de l'EPR
Finlandais OL3 - 3 milliards d'euros de pertes pour Areva - au fait que seul son directoire ait pu
signer le contrat.
57 Entreprise
LA TRIBUNE 14/05/2014
LA PHRASE DU JOUR > Le ministre de l’Economie, du Redressement productif et
du Numérique persiste et signe. Il a répété mardi qu’il souhaite que le marché
passe de quatre à trois acteurs pour qu’ils investissent, alors que les rumeurs de
rachat de Bouygues Telecom par Free reprennent.
Delphine Cuny
Mobile : « Nous ferons trois opérateurs », dit
Montebourg
Après avoir « invité », la veille, Bouygues Telecom à fusionner avec un autre opérateur, plutôt que
de supprimer des emplois , Arnaud Montebourg persiste et signe. Le ministre de l'Economie, du
Redressement productif et du Numérique a de nouveau milité pour un retour du marché de la
téléphonie mobile à trois acteurs ce mardi, lors du colloque sur le déploiement du très haut débit
organisé par l'Avicca (association des villes et collectivités pour les communications électroniques
et l'audiovisuel).
« Nous y arriverons, nous ferons trois opérateurs capables d'investir, qui cessent de détruire de l'emploi,
de s'entretuer - et pas seulement dans les colonnes des journaux mais également dans des batailles
spéculatives - pour enfin construire avec l'Etat une stratégie de révolution numérique » a déclaré le
ministre.
Actionnaire d'Orange donc intéressé au chantier de la fibre
« La consolidation des opérateurs, on s'en occupe. On n'a pas toujours réussi, parce que vous le
58 Entreprise
LA TRIBUNE 14/05/2014
savez le marché est libre, les conseils d'administration sont libres » a-t-il ajouté, en référence à ses
prises de position en faveur de l'offre de Bouygues sur SFR plutôt que celle de Numericable choisie
par Vivendi. « l'Etat aussi [est libre], mais il prend ses responsabilités et il dit ses préférences
» a-t-il justifié. Sur le sujet du très haut débit, il fait valoir que l'Etat est « actionnaire d'un opérateur
et pas le moindre [Orange à 27% du capital] donc nous sommes parfaitement intéressés au bon
achèvement de ce grand chantier national. »
59 Entreprise
LA TRIBUNE 14/05/2014
TÉLÉCOMS > Arnaud Montebourg a appelé Bouygues à fusionner avec un autre
opérateur, après l’échec avec SFR, pour éviter les licenciements.
latribune.fr
Montebourg veut faire fusionner Bouygues
Télécom avec un autre opérateur
Le ministre de l'Économie Arnaud Montebourg a invité lundi Bouygues Télécom à fusionner avec
un autre opérateur alors que des informations de presse font état de 1.500 à 2.000 suppressions
d'emplois dans le groupe de téléphonie mobile.
"Il est assez incroyable que dans un secteur en croissance nous ayons des plans sociaux", s'est
exclamé le ministre au cours d'une conférence de presse, en marge d'une visite d'usine à Faverges
(Haute-Savoie).
Après l'échec du rachat de SFR par la filiale télécom de Bouygues, " nous sommes maintenus à
quatre opérateurs qui se font une concurrence de plus en plus dure au détriment de l'emploi ", a
souligné le ministre.
"Il le sait, je le lui ai dit"
"Il est parfaitement possible aujourd'hui à deux opérateurs de fusionner et monsieur Bouygues est
parfaitement en mesure d'imaginer des solutions avec d'autres que SFR", a-t-il ajouté. "Je l'y invite, il le
60 Entreprise
LA TRIBUNE 14/05/2014
sait, je le lui ai dit", a conclu Arnaud Montebourg.
61 Entreprise
LA TRIBUNE 14/05/2014
Des licenciements expliqués par l'échec du rachat de SFR
Entre 1.500 et 2.000 postes pourraient être supprimés chez Bouygues Telecom, selon les craintes
des organisations syndicales du groupe, a assuré lundi le Figaro. Actuellement, Bouygues Telecom
emploie 9.000 salariés et les suppressions de postes représenteraient 23% des effectifs, selon le
journal.
Cette vague massive serait présentée comme la conséquence direct de l'échec récent du rachat de
SFR par la filiale télécom de Bouygues, explique le quotidien. Le groupe doit présenter jeudi ses
résultats financiers pour le premier trimestre.
62 Entreprise
LA TRIBUNE 14/05/2014
FIBRE OPTIQUE > Les concurrents du câblo-opérateur critiquent la qualité du
débit de son réseau et son régime dérogatoire, alors que le rachat de SFR
pourrait changer la donne du déploiement du très haut débit en France.
Delphine Cuny
Très haut débit : Free, Bouygues et Orange
unis contre Numericable
Le rachat de SFR par Numericable, qui devrait être effectif d'ici à la fin de l'année, va-t-il changer la
feuille de route du plan France Très haut débit, qui prévoit d'équiper tout le territoire en 2022 ?
C'est la question qui taraude les élus locaux, SFR étant le premier client des réseaux d'initiative
publique (RIP), et qui était débattue ce mardi matin lors du colloque sur le très haut débit organisé
par l'Avicca (association des villes et collectivités pour les communications électroniques et
l'audiovisuel). La nouvelle secrétaire d'Etat au Numérique Axelle Lemaire a déclaré que « le plan
France Très haut débit s'appuie sur toutes les technologies. La fibre optique est la priorité mais il y
a la montée en débit sur le cuivre, la 4G, le satellite… » Et le câble mâtiné de fibre, aurait-elle pu
ajouter.
En effet, Numericable a fait valoir que son acquisition de SFR allait « permettre d'accélérer le plan
France Très haut débit et le déploiement de la fibre optique. » Le directeur général délégué du
câblo-opérateur Jérôme Yomtov s'est lancé dans un plaidoyer pro domo qui a fait bondir ses
concurrents :
63 Entreprise
LA TRIBUNE 14/05/2014
« Le câble offre la meilleure qualité de service, selon de nombreuses études dont celle de l'Arcep, c'est
le réseau le plus fiable par rapport aux réseaux obsolètes ADSL » a déclaré le directeur général délégué
de Numericable. « Continuer à vendre de l'ADSL c'est comme vendre des TV noir et blanc en solde ! »
« Le réseau câblé fonctionne bien parce qu'il est vide ! »
De quoi mettre le feu aux poudres. Le représentant de Free, Maxime Lombardini, le directeur
général d'Iliad, sa maison-mère, a été le premier à réagir, en souhaitant « relativiser le retour en
grâce merveilleux du câble. Si l'on exclut les clients de Bouygues Telecom, le câble a le même
nombre d'abonnés qu'il y a cinq ans {1,3 million hors Bouygues]. Pour un produit incontournable qui
rend obsolète l'ADSL, c'est une performance assez remarquable » a-t-il ironisé. Avant de souligner
que sur le plan technologique, il ne fallait pas confondre avec le « FTTH », la fibre jusqu'au
domicile, et que les pouvoirs publics seraient bien inspirés de se pencher sur « la performance
réelle quand le réseau câblé sera chargé, que l'on sache bien ce que l'on achète. »
Le secrétaire général de Bouygues Telecom, Didier Casas, a poursuivi sur le même registre : «il y
a très haut débit et très haut débit, une technologie est symétrique l'autre pas. Le « FTTLA » (fibre
jusqu'au dernier amplificateur puis du câble coaxial dans l'immeuble) n'est pas le FTTH. Nous le
savons bien chez Bouygues Telecom » dont environ 20% des abonnés en haut débit sont
hébergés sur le réseau de Numericable, sous marque blanche.
Orange a enfoncé le clou en s'interrogeant sur « la poursuite du cofinancement avec SFR », prévu
dans le cadre d'un accord signé en 2011, surtout « l à où le réseau vide du câble fonctionne
d'autant mieux qu'il n'est pas très plein ! » a lancé Pierre Louette, le directeur général adjoint de
l'opérateur historique. Le secrétaire général de SFR, Olivier Henrard, a indiqué que l'opérateur allait
poursuivre ses déploiements avec Orange, tout en soulignant que « le nouvel ensemble s'appuiera
sur un package de technologies . » Arnaud Montebourg, le ministre de l'Economie, du
Redressement productif et du Numérique, a assuré plus tard au colloque que « le gouvernement
fera tenir aux opérateurs leurs engagements. »
Haro sur le régime fiscal et réglementaire du câble !
Autre angle d'attaque : il faut « un alignement du régime du câble sur celui des autres » a plaidé
Maxime Lombardini, d'Iliad-Free. « La liste est assez longue des petits privilèges tacites ou exprès
du câble Si cet acteur devient puissant, il faudra revoir les dérogations sur la TVA, la contribution
Cosip [taxe pour financer les programmes audiovisuels], la taxe Ifer [impôt forfaitaire sur les
entreprises de réseaux], mais aussi les modalités de retour des réseaux en délégation de service
public (DSP), les relations avec les bailleurs sociaux sur le service antenne, et surtout l'accès aux
chaînes. » Cet argumentaire avait été récemment développé par Stéphane Richard, le PDG
64 Entreprise
LA TRIBUNE 14/05/2014
d'Orang e : « il n'y a aucune raison de donner au câble, qui n'est pas si moribond que ça, des
avantages fiscaux et des dérogations sur l'accès aux chaînes TV » a-t-il déclaré fin avril.
Au contraire, le secrétaire général de SFR a affirmé ce mardi au colloque de l'Avicca que le
rapprochement de SFR et Numericable allait créer « dans la TV payante un véritable numéro deux
qui va challenger Canal Plus. » Ce qui a fait là encore réagir le directeur général d'Iliad : « il ne faut
pas étendre ce régime dérogatoire. Si l'on veut que la fibre optique FTTH ait sa chance, il ne faut
pas qu'elle subisse un régime fiscal et réglementaire défavorable. » La balle est désormais dans le
camp de l'Autorité de la concurrence qui va examiner le projet de rapprochement. « L'histoire n'est
pas écrite : il y aura des remèdes et des engagements » a souligné Pierre Louette d'Orange.
Appui de Montebourg contre « le câble des années 1980 »
Arnaud Montebourg, le ministre de l'Economie, du Redressement productif et du Numérique, qui
est intervenu plus tard, en début d'après-midi au colloque, a apporté son soutien aux concurrents
de Numericable, évoquant « la bifurcation radicale des priorités d'un des deux principaux
opérateurs » déployant la fibre, c'est-à-dire SFR.
« Numéricable pose un défi, sous deux formes : l'investissement dans la fibre à domicile par
Numéricable sera moindre par rapport à ce qu'aurait été l'effort de SFR indépendant, et l'effort de SFR
va se porter sur un réseau qui date des années 80, le câble, qui consiste à amener la fibre au pied des
immeubles et non dans les domiciles » a fait valoir le ministre.
Or « l'Etat appuiera lui, le choix de « la fibre jusqu'à l'abonné », afin de maximiser le débit FTTH et
d'assurer les possibilités maximales pour les consommateurs et entreprises de réexpédier des
données au lieu d'en seulement recevoir » a indiqué mardi Arnaud Montebourg. Tout en prévenant
« aucun opérateur n'a intérêt à rester en dehors de la fibre à domicile dont les potentialités sont
meilleures. » A bon entendeur...
65 Entreprise
LA TRIBUNE 14/05/2014
FUSION > Le PDG de SFR a annoncé aux salariés qu’ils recevraient à la signature
du rachat par Numericable, avant fin juin, une prime de 2.000 euros brut.
Delphine Cuny
Rachat de SFR : une prime de 2.000 euros
pour les salariés
Pendant que les collaborateurs de Bouygues Telecom s'inquiètent d'un lourd plan de licenciements
, les salariés de SFR devraient recevoir une prime de 2.000 euros une fois signée la vente de
l'opérateur par sa maison-mère Vivendi à Altice, le premier actionnaire de Numericable, selon une
information de l'AFP. C'est le PDG de l'opérateur, Jean-Yves Charlier, qui le leur a annoncé dans
un message vidéo diffusé lundi soir.
« Je me réjouis de vous annoncer qu'une prime de 2.000 euros bruts, qui devrait prendre la forme d'un
supplément d'intéressement et de participation, sera attribuée à chaque collaborateur dès lors que le
+signing+ interviendra, avant fin juin » a déclaré le PDG de SFR.
17 millions aux salariés, 3,5 milliards aux actionnaires
Il a rappelé qu'il s'était engagé à demander « au conseil de surveillance de Vivendi que les
collaborateurs de SFR puissent bénéficier des fruits de la vente de SFR », pour quelque 13,5
milliards d'euros en numéraire et une participation de 20% dans le nouvel ensemble fusionné. Ces
2.000 euros représentent une somme totale de 17 millions d'euros distribuée aux 8.500 salariés de
SFR. Pour mémoire, Vivendi va redistribuer 3,5 milliards d'euros à ses actionnaires après la vente
66 Entreprise
LA TRIBUNE 14/05/2014
de SFR, sous la forme de dividende et/ou de rachat d'actions. Le PDG de SFR a précisé que les
deux groupes étaient dans la phase dite de « pré-notification » devant l'Autorité de la concurrence.
Ils espèrent boucler l'opération fin 2014 ou début 2015. Le processus de consultation des instances
représentatives du personnel a d'ores et déjà commencé fin avril.
Le rapprochement ne devrait avoir de conséquences « ni sur le statut collectif en vigueur » a répété
le dirigeant, « ni sur l'emploi pendant une durée de 36 mois pour les collaborateurs . » Ce délai
débutera au plus tard le 1er juillet 2014, alors qu'il était envisagé par Altice qu'il court dès la fin des
négociations exclusives, le 4 avril.
67 Entreprise
LA TRIBUNE 14/05/2014
LE DEAL > Le géant de la téléphonie américain cherche à s’offrir le plus grand
fournisseur de services de télévision par satellite des Etats-Unis, selon
Bloomberg et le Wall Street Journal.
latribune.fr
AT&T en passe d'acheter Direct TV pour 50
milliards de dollars
Une nouvelle méga-fusion en perspective. L'opérateur de téléphonie américaine AT&T serait en
discussions avancées afin d'acquérir le plus grand fournisseur de services de télévision par satellite
des Etats-Unis, Direct TV, pour environ 50 milliards de dollars (36 milliards d'euros), rapporte lundi
l'agence Bloomberg. The Wall Street Journal écrit de son côté que les deux sociétés discutent d'un
rapprochement via une transaction qui combinerait numéraire et actions.
Un accord d'ici deux semaines?
L'accord qui permettrait à AT&T de se consolider, ajoutant des services de télévision via satellite à
ses activités dans les secteurs des téléphones et d'internet, pourrait être conclu dans les deux
semaines à venir, selon The Wall Street Journal. Dans la même perspective, le groupe Comcast
avait annoncé au mois de février l'acquisition de Time Warner Cable (TWC) pour un peu plus de 45
milliards de dollars.
Lire aussi : L'achat de Time Warner par Comcast donnera naissance à un géant de la télé
câblée aux Etats-Unis
68 Entreprise
LA TRIBUNE 14/05/2014
Direct TV et AT&T se sont abstenus toutefois abstenus de confirmer ou infirmer l'information,
soulignent le WSJ comme Bloomberg.
100 dollars l'action?
Les négociations en cours prévoient que la direction de Direct TV continuerait de gérer l'entreprise
en tant que division d'AT&T, alors que le PDG de Direct TV, Mike White, envisagerait de se retirer
après 2015, précise Bloomberg. Le prix pourrait même atteindre 100 dollars l'action, selon les
proportions du paiement en numéraire ou en actions.
Si un accord était trouvé, l'opération resterait néanmoins suspendue à l'autorisation des autorités
de régulation compétentes.
Le titre DirecTV, qui a terminé lundi à 87,16 dollars (-0,97%), affichait une progression de près de
6% dans des échanges d'après-Bourse.
69 Entreprise
LA TRIBUNE 14/05/2014
LUNETTES CONNECTÉES > Le coût des composants et de l’assemblage serait
de 152 dollars selon le cabinet IHS qui souligne les frais de développement
logiciel et autres outils nécessaires au lancement de ce prototype.
Delphine Cuny
Pourquoi les Google Glass sont vendues 10
fois leur coût de revient
Google réalise-t-il une marge de 90% sur ses lunettes connectées, les fameuses Google Glass ?
Ces lunettes de réalité augmentée, vendues 1.500 dollars (hors taxes) à des « explorateurs » triés
sur le volet et uniquement américains pour le moment (le programme affiche complet
), présenteraient un coût de revient de seulement 152,47 dollars si l'on s'en tient aux composants et
à l'assemblage, selon le cabinet IHS qui s'est fait une spécialité du « désossage » des appareils
électroniques. A titre de comparaison, l'iPhone 5c, smartphone milieu de gamme d'Apple, aurait un
coût de revient de 166 dollars. « Comme dans tout nouveau produit, en particulier un appareil
particulièrement avant-gardiste, la facture des composants des Google Glass ne représente qu'une
partie de la valeur réelle du système » souligne Andrew Rassweiler, du cabinet IHS, qui répond par
la négative sur la marge bénéficiaire.
« Nous l'avons déjà relevé pour d'autres appareils mais cela apparaît de façon spectaculaire avec les
Google Glass dont la grande majorité des coûts n'a pas trait au matériel mais à des dépenses
d'ingénierie non-récurrentes, des frais de développement logiciel, des coûts de démarrage et d'outillage.
Quand vous achetez des Google Glass, vous obtenez bien plus que 152,47 dollars de pièces et de
montage » estime l'expert du cabinet californien.
70 Entreprise
LA TRIBUNE 14/05/2014
Un prototype mais un design et un packaging haut de gamme
Dans les 132 dollars de matériaux, auxquels s'ajoutent 20 dollars de fabrication, le premier poste
concerne le cadre en titane, estimé à 22 dollars, suivi de son écran emblématique avec système de
vidéo-projection miniature en cristaux liquides de silicone qui fait apparaître une image en
surimpression sur le verre, provenant du taïwanais Himax (20 dollars), puis l'ensemble des
accessoires du coffret (écouteurs, chargeur, câble USB, pochon, notice, pour 12,50 dollars), la
mémoire flash 16 Go (10 dollars), le processeur (8,85 dollars), la fameuse caméra (5,25 dollars)
etc. Les principaux composants viennent du fabricant de semi-conducteurs Texas Instruments et
les Glass intègrent deux accéléromètres, l'un du français STMicro l'autre d'InvenSense, selon IHS.
« Les Google Glass d'aujourd'hui donne l'impression d'un prototype » considère Andrew Rassweiler,
notamment parce que « la conception a recours à de nombreux composants standards alors qu'ils
pourraient être davantage optimisés. Si un marché de masse venait à émerger, les industriels pourraient
fabriquer des puces plus intégrées qui amélioreraient les performances en matière de vitesse, de
consommation d'énergie, de poids et de taille. »
Cependant, visiblement séduit, l'expert d'IHS souligne que le solide cadre en titane, la qualité du
packaging et des accessoires, la présentation en coffret, confèrent à « l'ensemble de l'expérience
Google Glass un attrait et une impression d'expérience très haut de gamme. »
Ecosystème d'applications et un modèle Ray-Ban à venir
Il existe d'ailleurs d'autres lunettes connectées moins chères, notamment l es ORA du français
Optinvent vendues 699 euros dans sa version pour les développeurs. Mais au-delà des lunettes
elles-mêmes, ce sont l'écosystème d'applications qui seront développées et la compatibilité avec
d'autres appareils qui risquent de faire la différence sur le succès ou non de ces appareils
futuristes. Aux Etats-Unis, Google tient des ateliers de démonstration des Google Glass à San
Francisco, Los Angeles et New York. En France, le site Qoqa s'est fait un bon coup de pub en
vendant quelques exemplaires de Google Glass à 1.799 euros début avril, et ce sans l'accord de
Google, alors que la firme de Mountain View a formellement interdit de revendre ses lunettes,
menaçant même un temps de les bloquer à distance. Le 15 avril, le géant de l'Internet a réalisé une
opération exceptionnelle en ouvrant l'achat en ligne à tous (les Américains) pour 24 heures. Google
a évoqué « un lancement plus large pour le grand public vers la fin de 2014 » et a signé un
partenariat avec le lunettier italien Luxoticca pour développer des paires connectées sous la
marque Oakley et Ray-Ban.
71 Entreprise
LA TRIBUNE 14/05/2014
72 Entreprise
LA TRIBUNE 14/05/2014
VIE PRIVÉE > Dans une décision publiée mardi, la Cour de Justice de l’Union
européenne a admis le droit des particuliers de demander à l’exploitant d’un
moteur de recherche la suppression des liens vers des pages internet qui les
concernent. Google, partie à l’affaire, a été débouté.
latribune.fr
Google: l'Union européenne reconnaît le droit
à l'oubli
L'exploitant d'un moteur de recherche est responsable du traitement des données personnelles
qu'il collecte. Les particuliers peuvent ainsi le saisir directement pour obtenir, sous certaines
conditions, la suppression des liens vers des pages internet qui les concernent, a reconnu mardi la
Cour de justice de l'Union européenne (CJUE), déboutant Google dans une affaire relative au "droit
à l'oubli" numérique.
Une exception: l'intérêt prépondérant du public d'accéder aux informations
La décision constitue une surprise, car elle va à l'encontre de l'avis de l'avocat général,
généralement suivi par la CJUE. Celui-ci avait estimé en juin 2013 que Google n'était pas
responsable des données personnelles apparaissant sur ses pages et que le "droit à l'oubli"
numérique ne pouvait donc pas être invoqué à son encontre.
Toutefois, selon la CJUE, la directive européenne sur la protection des données personnelles
adoptée en 1995 garantit dans certains cas à l'individu, lorsque la recherche a été effectuée à partir
73 Entreprise
LA TRIBUNE 14/05/2014
de son nom, le droit à ce que des informations le concernant, publiées par des tiers, ne soient plus
liées à celui-ci dans la liste de résultats.
"Les liens vers des pages web contenant ces informations doivent être supprimés de cette liste de
résultats, à moins qu'il existe des raisons particulières, telles que le rôle joué par cette personne dans la
vie publique, justifiant un intérêt prépondérant du public à avoir, dans le cadre d'une telle recherche,
accès à ces informations", a tranché la Cour.
La Cour a déclaré que le particulier pouvait demander à Google cette suppression, ou se tourner
vers l'autorité compétente de son pays si le moteur de recherche ne se conformait pas à sa
requête.
Une affaire de plus de 15 ans
L'affaire remonte à 1998. Le journal espagnol La Vanguardia avait publié dans son édition papier
des annonces concernant une adjudication sur saisie immobilière pour recouvrement de dette
visant une personne dont le nom était mentionné (Mario Costeja Gonzalez). Une version
électronique du journal avait par la suite été mise en ligne.
En novembre 2009, l'intéressé, estimant que la mention de son nom portait atteinte à sa vie privée,
puisque la procédure relative à ses dettes avait été réglée depuis des années, avait déposé une
réclamation auprès de l'Agence espagnole de protection des données visant Google. L'agence
avait aussi été saisie par Google Spain et Google Inc. et l'affaire était remontée jusqu'à la Cour de
justice.
« Cet arrêt est décevant pour les moteurs de recherche et pour tous ceux qui publient du contenu en
ligne. Nous sommes très surpris qu'il s'éloigne si profondément des conclusions de l'Avocat Général
ainsi que des avertissements et des conséquences qu'il y formulait. Nous devons désormais prendre le
temps d'analyser les implications de cet arrêt » a réagi un porte-parole de Google.
74 Entreprise
LA TRIBUNE 14/05/2014
FIBRE OPTIQUE > Les concurrents du câblo-opérateur critiquent la qualité du
débit de son réseau et son régime dérogatoire, alors que le rachat de SFR
pourrait changer la donne du déploiement du très haut débit en France.
Delphine Cuny
Très haut débit : Free, Bouygues et Orange
unis contre Numericable
Le rachat de SFR par Numericable, qui devrait être effectif d'ici à la fin de l'année, va-t-il changer la
feuille de route du plan France Très haut débit, qui prévoit d'équiper tout le territoire en 2022 ?
C'est la question qui taraude les élus locaux, SFR étant le premier client des réseaux d'initiative
publique (RIP), et qui était débattue ce mardi matin lors du colloque sur le très haut débit organisé
par l'Avicca (association des villes et collectivités pour les communications électroniques et
l'audiovisuel). La nouvelle secrétaire d'Etat au Numérique Axelle Lemaire a déclaré que « le plan
France Très haut débit s'appuie sur toutes les technologies. La fibre optique est la priorité mais il y
a la montée en débit sur le cuivre, la 4G, le satellite… » Et le câble mâtiné de fibre, aurait-elle pu
ajouter.
En effet, Numericable a fait valoir que son acquisition de SFR allait « permettre d'accélérer le plan
France Très haut débit et le déploiement de la fibre optique. » Le directeur général délégué du
câblo-opérateur Jérôme Yomtov s'est lancé dans un plaidoyer pro domo qui a fait bondir ses
concurrents :
75 Entreprise
LA TRIBUNE 14/05/2014
« Le câble offre la meilleure qualité de service, selon de nombreuses études dont celle de l'Arcep, c'est
le réseau le plus fiable par rapport aux réseaux obsolètes ADSL » a déclaré le directeur général délégué
de Numericable. « Continuer à vendre de l'ADSL c'est comme vendre des TV noir et blanc en solde ! »
« Le réseau câblé fonctionne bien parce qu'il est vide ! »
De quoi mettre le feu aux poudres. Le représentant de Free, Maxime Lombardini, le directeur
général d'Iliad, sa maison-mère, a été le premier à réagir, en souhaitant « relativiser le retour en
grâce merveilleux du câble. Si l'on exclut les clients de Bouygues Telecom, le câble a le même
nombre d'abonnés qu'il y a cinq ans {1,3 million hors Bouygues]. Pour un produit incontournable qui
rend obsolète l'ADSL, c'est une performance assez remarquable » a-t-il ironisé. Avant de souligner
que sur le plan technologique, il ne fallait pas confondre avec le « FTTH », la fibre jusqu'au
domicile, et que les pouvoirs publics seraient bien inspirés de se pencher sur « la performance
réelle quand le réseau câblé sera chargé, que l'on sache bien ce que l'on achète. »
Le secrétaire général de Bouygues Telecom, Didier Casas, a poursuivi sur le même registre : «il y
a très haut débit et très haut débit, une technologie est symétrique l'autre pas. Le « FTTLA » (fibre
jusqu'au dernier amplificateur puis du câble coaxial dans l'immeuble) n'est pas le FTTH. Nous le
savons bien chez Bouygues Telecom » dont environ 20% des abonnés en haut débit sont
hébergés sur le réseau de Numericable, sous marque blanche.
Orange a enfoncé le clou en s'interrogeant sur « la poursuite du cofinancement avec SFR », prévu
dans le cadre d'un accord signé en 2011, surtout « l à où le réseau vide du câble fonctionne
d'autant mieux qu'il n'est pas très plein ! » a lancé Pierre Louette, le directeur général adjoint de
l'opérateur historique. Le secrétaire général de SFR, Olivier Henrard, a indiqué que l'opérateur allait
poursuivre ses déploiements avec Orange, tout en soulignant que « le nouvel ensemble s'appuiera
sur un package de technologies . » Arnaud Montebourg, le ministre de l'Economie, du
Redressement productif et du Numérique, a assuré plus tard au colloque que « le gouvernement
fera tenir aux opérateurs leurs engagements. »
Haro sur le régime fiscal et réglementaire du câble !
Autre angle d'attaque : il faut « un alignement du régime du câble sur celui des autres » a plaidé
Maxime Lombardini, d'Iliad-Free. « La liste est assez longue des petits privilèges tacites ou exprès
du câble Si cet acteur devient puissant, il faudra revoir les dérogations sur la TVA, la contribution
Cosip [taxe pour financer les programmes audiovisuels], la taxe Ifer [impôt forfaitaire sur les
entreprises de réseaux], mais aussi les modalités de retour des réseaux en délégation de service
public (DSP), les relations avec les bailleurs sociaux sur le service antenne, et surtout l'accès aux
chaînes. » Cet argumentaire avait été récemment développé par Stéphane Richard, le PDG
76 Entreprise
LA TRIBUNE 14/05/2014
d'Orang e : « il n'y a aucune raison de donner au câble, qui n'est pas si moribond que ça, des
avantages fiscaux et des dérogations sur l'accès aux chaînes TV » a-t-il déclaré fin avril.
Au contraire, le secrétaire général de SFR a affirmé ce mardi au colloque de l'Avicca que le
rapprochement de SFR et Numericable allait créer « dans la TV payante un véritable numéro deux
qui va challenger Canal Plus. » Ce qui a fait là encore réagir le directeur général d'Iliad : « il ne faut
pas étendre ce régime dérogatoire. Si l'on veut que la fibre optique FTTH ait sa chance, il ne faut
pas qu'elle subisse un régime fiscal et réglementaire défavorable. » La balle est désormais dans le
camp de l'Autorité de la concurrence qui va examiner le projet de rapprochement. « L'histoire n'est
pas écrite : il y aura des remèdes et des engagements » a souligné Pierre Louette d'Orange.
Appui de Montebourg contre « le câble des années 1980 »
Arnaud Montebourg, le ministre de l'Economie, du Redressement productif et du Numérique, qui
est intervenu plus tard, en début d'après-midi au colloque, a apporté son soutien aux concurrents
de Numericable, évoquant « la bifurcation radicale des priorités d'un des deux principaux
opérateurs » déployant la fibre, c'est-à-dire SFR.
« Numéricable pose un défi, sous deux formes : l'investissement dans la fibre à domicile par
Numéricable sera moindre par rapport à ce qu'aurait été l'effort de SFR indépendant, et l'effort de SFR
va se porter sur un réseau qui date des années 80, le câble, qui consiste à amener la fibre au pied des
immeubles et non dans les domiciles » a fait valoir le ministre.
Or « l'Etat appuiera lui, le choix de « la fibre jusqu'à l'abonné », afin de maximiser le débit FTTH et
d'assurer les possibilités maximales pour les consommateurs et entreprises de réexpédier des
données au lieu d'en seulement recevoir » a indiqué mardi Arnaud Montebourg. Tout en prévenant
« aucun opérateur n'a intérêt à rester en dehors de la fibre à domicile dont les potentialités sont
meilleures. » A bon entendeur...
77 Entreprise
LA TRIBUNE 14/05/2014
CRASH > Ce n’est pas la première fois, mais les crash de drones civils restent
rares. Un de ces appareils volants téléguidés s’est écrasé vendredi dernier sur
une plage de Nice, probablement suite à une perte de contrôle de son pilote.
Tiphaine Honoré
Un nouveau drone s'écrase à Nice
Les aéronefs télépilotés peuvent-ils être dangereux? Vendredi, aux alentours de 9h30, un touriste
Sud-coréen, amateur de drones, a lancé son engin depuis le sommet du château de Nice. Il aurait
rapidement perdu le contrôle de cet Octopter S 1000 DJI (un matériel de type professionnel) qui
s'est écrasé et a pris feu sur la plage du Castel.
Des règles pourtant très strictes
Personne n'a été blessé, mais une enquête est ouverte pour déterminer les causes de
l'incident. Pour la Fédération professionnelle du drone civil (FPDC), elles sont claires: le pilote n'a
pas respecté ni les règles établies ni les lois en la matière. D'abord le pilote n'était pas enregistré
auprès de la Direction générale de l'aviation civile (DGAC), ensuite il n'avait pas d'autorisation
préfectorale, enfin il n'était pas censé survoler une agglomération avec ce type d'appareil.
Le président de la FPDC Emmanuel de Maistre dit s'inquiéter de "ces dérives" et veut "alerter sur
les potentiels dangers des drones", qui ne sont pas des engins anodins.
78 Entreprise
LA TRIBUNE 14/05/2014
"C'est très bien que les drones se démocratisent, mais il faut veiller à une expansion raisonnée de cette
nouvelle technologie" explique-t-il. "Pour prévenir ce type d'incident, il faut bien faire connaître les règles,
chose que nous tentons de faire depuis notre création. Par ailleurs, les fabricants et les vendeurs
doivent aussi alerter leurs clients sur les risques potentiels".
Car même si le survol de personnes ou d'agglomérations est interdit, il est parfois ardu de
connaître les limites exactes. Pour cela, la FPDC est en train de mettre en place un logiciel de
partage aérien afin que chaque pilote puisse vérifier sur internet si la zone géographique qu'il
compte survoler est autorisée.
79 Entreprise
LA TRIBUNE 14/05/2014
INNOVATION > A en croire les acteurs du concept de l’économie du partage, ou
"sharing economy", la production de nourriture, sa distribution et sa
consommation vivent une révolution. Si les modèles développés sont encore à
l’état de marché de niche, leurs créateurs entendent étendre leurs systèmes, où
respect de l’agriculteur, de l’aliment et de l’acheteur est la priorité.
Tiphaine Honoré
L'agriculture, un terreau fertile pour
l'économie collaborative
Yes, Oui share! Le partage et l'échange, ce sont bien les deux valeurs du phénomène de
l'économie collaborative. Un concept qui propose de nouveaux modèles de production et de
consommation en prenant en compte l'équité, la durabilité, l'accès à la qualité pour tous et dans le
cas de l'agriculture, l'impact sur l'environnement.
La semaine qui y était consacrée vient de s'achever, sous les auspices du collectif OuiShare , la
communauté de l'économie collaborative. L'occasion pour ceux qui se penchent sur les
problématiques agricoles et alimentaires de faire connaître leurs innovations. Supermarché
collaboratif, fondation pour connecter les producteurs locaux, marchés au bord de l'eau ou encore
ruches de consommateurs, tour d'horizons des initiatives déjà sur les rails.
●
La Louve, le supermarché collaboratif ou "hippie coop" pour les intimes
"De la bonne nourriture à pas cher", ce pourrait être le slogan de La Louve, ce supermarché un peu
particulier qui doit ouvrir en 2015, dans le quartier parisien de la Goutte d'Or. En se regroupant, les
80 Entreprise
LA TRIBUNE 14/05/2014
consommateurs deviennent acheteurs de produits en plus grande quantité, ce qui permet de
réduire les marges. 1,30 euro le kilo de bananes bio, 2,20 euros le kilo de choux rouge ou encore
30 centimes la carotte, c'est l'ordre de prix que l'on peut espérer. Les produits choisis doivent être
bio, artisanaux et/ou locaux. La qualité gustative est primordiale selon ses fondateurs.
Mais pour avoir accès à cette offre à des prix raisonnables, les consommateurs membres doivent
mettre la main à la pâte... en devenant bénévole. Quelques heures par mois, les membres
assureront la gestion, l'approvisionnement et toutes les tâches du magasin. Un modèle
d'autogestion qui permettra de réduire encore les marges tout en payant un prix juste aux
producteurs.
Tom Boothe, l'un de ses créateurs reste modeste. "Nous ne sommes pas novateurs. Le concept de
coopérative alimentaire biologique existe depuis 30 ans à New York avec la Park Slope Food Coop
qui compte 16 000 adhérents et 75% de bénévoles. Nous nous sommes largement inspirés de cet
exemple réussi ". Il n'empêche, une telle coopérative accessible à tous dans le quartier, ça
n'existait pas encore. Et de l'autre côté de l'Atlantique, sa cousine américaine a aussi eu une idée
qui pourrait séduire à Paris : une crèche pour les enfants dont les parents font leurs courses ou
donnent un coup de main à la coopérative. Un modèle qui lui vaut déjà le surnom d'"hippie coop".
●
L'Open Food Foundation crée du lien entre producteurs et consommateurs
Kirsten Larsen a fait le voyage depuis l'Australie jusqu'à Paris pour venir présenter sa fondation
Open Food aux aficionados de l'économie collaborative, réunis au OuiShare Fest de cette année.
>>> A lire sur ce sujet : La consommation collaborative, kézaco?
"Nous venons tout juste de voir le jour, mais nous avons déjà pu lancer un premier projet pilote: la
plateforme Local Organics à Melbourne qui donne accès à une nourriture bio, locale et éthique" se
réjouit-elle, décrivant ce site d'achat de produits bio en ligne.
L'idée que cette jeune femme partage avec les co-créateurs de la fondation est de mettre en
relation et de faire connaitre les ressources, les codes, les projets et les plateformes qui
s'investissent dans les systèmes alimentaires durables, donc autres que le système agro-industriel
prédominant. La fondation veut simplifier la vie de tous les "geeks" et techniciens qui travaillent sur
des solutions alternatives promouvant une même idée : " eat local, work global " soit "manger
localement, s'aider mondialement".
Concrètement, en plus d'établir des connexions entre les acteurs de l'agriculture locale et
biologique (la plupart du temps), Open Food Foundation leur crée des interfaces ou des sites
internet pour les aider dans leur développement et permettre au citoyen sensible à ces questions
de trouver plus facilement le modèle de consommation qui lui correspond.
81 Entreprise
LA TRIBUNE 14/05/2014
"En mettant tous les acteurs de la filière et ses consommateurs en contact, nous améliorons la
logistique. Il faut décentraliser la gestion de la nourriture pour progresser vers la qualité, la fiabilité et
améliorer la transparence" explique Kirsten Larsen.
●
Le long du canal de l'Ourcq, un Marché sur l'eau
A Sevran, Pantin et Paris, des fruits et légumes du marché arrivent par le cours d'eau et sont
vendus à quai. Tous les mardis et samedis, le long du canal de l'Ourcq une association fait venir
par cette voie les produits de saison des agriculteurs du coin. Le bateau, un moyen de transport
original et écologique, est devenu le symbole et la clé de ce circuit court qui propose aux citadins
des aliments frais venus d'Île de France, et plus précisément de Seine et Marne et du Val d'Oise.
Une petite vingtaine de fermiers, labellisés bio, "agriculture raisonnée" ou n'utilisant pas d'intrants
dans leurs cultures, fournissent asperges, pommes de terre, poireaux, prunes etc selon la saison.
Les paniers "fluviaux" sont aussi dotés de fromages, d'œufs et de poules ou encore de noisettes,
de jus et de safran. Basés à Meaux, à Verdelot ou encore à Ecouen, leur production ne fait pas
plus d'une centaine de kilomètres pour trouver acquéreur. Elle est centralisée dans un même lieu
pour limiter les transports, puis acheminée dans un même convoi jusqu'au petit port où l'attend sa
navette fluviale, pour l'emmener jusqu'au marché.
L'un des fondateurs de l'association, Anselm Ibing, explique ce modèle : "En campagne, les producteurs
sont plus proches des consommateurs. Mais dans une ville nous pensons qu'un intermédiaire, un
endroit permettant aux agriculteurs de déposer leur production proche de leur ferme leur simplifie
vraiment la vie".
A terme, le Marché sur l'eau souhaite intégrer dans son circuit un système de méthanisation pour
créer de l'énergie avec les déchets récupérés des étals. Anselm Ibing et ses compagnons
voudraient aussi approvisionner les cantines scolaires alentour. Les paniers n'ont pas fini de
voguer.
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La Ruche qui dit oui! regroupe les consommateurs d'une agriculture fermière
Déjà une centaine en région parisienne, le triple dans le reste de la France, le réseau des Ruches
maille bien le territoire. Créée sous forme de start-up, La Ruche qui dit oui! va fêter ses 3 ans en
2014. Sur le même principe que les systèmes précédents, elle raccourcit les circuits de distribution
et crée des ponts entre producteurs et consommateurs en promouvant une agriculture de proximité
et biologique.
Mais la Ruche, membre du réseau international The Food Assembly, a son ADN bien particulier. "
Notre différence, c'est que c'est le fermier qui décide de ses prix, et les propose aux membres. La
distribution est plus équitable pour les deux" note Marc-David Choukrou, co-fondateur. Un groupe
de personnes liées par l'envie de manger sain et local peut ouvrir un point relais dans un café, une
82 Entreprise
LA TRIBUNE 14/05/2014
salle de spectacle, une école ou encore un jardin, permettant le commerce direct avec des
producteurs, situés dans un rayon de 250 kilomètres. Quand le minimum de commande fixé par le
producteur est atteint, la Ruche dit "oui" et l'agriculteur vient la livrer. Chaque membre vient ensuite
récupérer ses achats.
Selon Marc-David Choukrou "la logistique est un des grands défis de l'agriculture de demain. Nous
devons développer des outils pour améliorer les systèmes de peer-to-peer".
Evidemment, dans ce type de modèle, le web et ses interfaces prennent une place prépondérante
et incontournable.
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Pop-up foundation, le café ougandais qui finance les projets d'élèves anglais
Et puis dans l'agriculture collaborative, il y a aussi des circuits mondialisés. C'est le cas du système
inventé par la Pop-up Foundation . Son co-créateur anglais Paul Clarke " hacke les idées de
développement durable et les modes de vie progressistes ". Il a surtout mis sur pied le "Happy
coffee bean company" qui relie les buveurs de café anglais aux producteurs ougandais en passant
par les écoles britanniques. En clair, une coopérative ougandaise vend sa production à la Pop-up
foundation, qui la revend en sachets à des écoles anglaises qui les revendent ensuite aux parents
d'élèves ou au personnel. La marge de 20% faite par l'école lui permet de financer des projets
scolaires et du matériel éducatif, tout en proposant du café de qualité, rémunérateur pour les
cultivateurs ougandais.
Et lorsqu'on demande à Paul Clarke ce qui le différencie du commerce équitable:
"Le 'fair-trade' se concentre plus sur l'aspect économique mais ne développe pas forcément le côté
éthique et l'investissement dans les infrastructures locales".
Une version "augmentée" du commerce équitable pourrait-on dire.
Cultiver des idées pour sortir du modèle unique
Faire pousser des projets et "permettre à la diversité d'exister" sont les leitmotive des instigateurs
de cette économie appliquée à la consommation de produits agricoles. Pour Kirsten Larsen de
l'Open Food Foundation, " tout le pouvoir ne doit pas être conservé dans les mêmes mains, au
risque de dérives ". En créant des modèles différents, tous espèrent ne plus être dépendant d'un
système unique, au risque de le voir s'écrouler. Selon eux, le modèle productiviste et industriel a
vécu mais a aussi fait baisser la qualité des produits.
83 Entreprise
LA TRIBUNE 14/05/2014
"Alors qu'en étant en contact direct avec les consommateurs, qui sont très exigeants sur le goût et le
respect de l'environnement, les agriculteurs sont encouragés à améliorer leurs méthodes de production"
explique Marc-David Choukrou de la Ruche.
Dans chaque cas, les fondateurs affirment que toutes les communautés d'acheteurs et de fermiers
sont différentes et même uniques, puisqu'elles dépendent du territoire et d'une poignée de
personnes. Elles se forgent donc une identité particulière en se posant en alternative à un seul et
même modèle de consommation.
Des obstacles qui pourraient se dresser en chemin
Bien sûr, il existe des freins multiples au développement de cette économie "parallèle". En matière
de droit, certains système se voient reprocher la concurrence déloyale. Dans le domaine de
l'hôtellerie entre particuliers, le site de location Airbnb s'est retrouvé devant la justice américaine
pour avoir refusé de livrer aux autorités des données sur ses utilisateurs. A Paris ou en Corse, les
professionnels font aussi grise mine, jugeant que c'est leur clientèle qu'on leur soustrait.
Le secteur de l'agriculture n'est pour l'instant pas concerné par ces attaques, mais il n'est pas à
l'abri. Certains reprochent aussi à ces circuits courts de mettre des emplois en danger en
supprimant des intermédiaires. Mais pour l'instant, l'impact n'a pas encore été calculé, car trop
marginal. Les acteurs de l'économie collaborative se défendent en affirmant qu'ils sont au contraire
créateurs de postes. D'abord, dans chacun des exemples décrit, les agriculteurs vivraient mieux de
leur travail grâce à ces initiatives et pourraient ainsi espérer se développer et embaucher sur le
long terme. Dans le cas de La Ruche qui dit oui!, une personne peut être salariée pour gérer le
point de collecte. La fin des commerçants n'est donc pas pour demain.
Une nouvelle économie pas si marginale...
Toutes ces initiatives, même rassemblées, sont loin de détrôner les grandes marques, mais ces
dernières ne les ignorent pas pour autant. D'ailleurs, les distributeurs de taille mondiale comme
Carrefour ont-ils du souci à se faire? Si l'on en croit les estimations et les sondages, l'économie
collaborative dans l'agriculture et l'agroalimentaire sont au moins à prendre au sérieux.
Une attitude déjà adoptée aux Etats-Unis, comme l'admettait en 2013 Joe Kraus, un des directeurs
du fonds d'investissement de Google : "l'économie collaborative est une tendance bien réelle. Je ne
pense pas que ce ne soit qu'une mode passagère. Les gens sont vraiment à la recherche de ces
systèmes par souci environnemental et éthique" . Il s'exprimait en février 2013 dans un article du
magazine Forbes qui estimait à 3,5 milliards de dollars (2,6 milliards d'euros) les sommes transitant
dans la "sharing economy", soit une augmentation de 25% en un an.
En novembre dernier, une étude de TNS Sofres observait qu'un Français sur deux était "adepte de
84 Entreprise
LA TRIBUNE 14/05/2014
la consommation collaborative ". Selon ce sondage, près de 60% des interrogés affirment avoir
confiance dans les échanges entre particuliers :
"La consommation collaborative n'est plus un microphénomène et ce sont désormais 48% des Français
qui la pratiquent régulièrement et 32% qui disent vouloir s'y mettre quand 20% seulement y semblent
réfractaires. Au total ce sont 8 Français sur 10 qui pratiquent ou ont l'intention de pratiquer cette nouvelle
façon de consommer".
Loin de stagner, elle devrait continuer à s'étendre puisque 51% de ses adeptes comptent la
pratiquer davantage et 74% estiment que leurs changements de comportements seront durables.
L'institut Ipsos, sur le même sujet estimait en janvier 2013 que malgré la diversité des profils
socio-démographiques de ces consommateurs, ils étaient réunis par trois caractéristiques
communes :
- Une volonté de rencontrer régulièrement de nouvelles personnes
- Une préoccupation relative à l'évolution de la société (futur de la planète)
- Une propension à la découverte, à l'expérience
Si l'on rassemble ceux qui participent à des groupes d'achats et les adhérents des AMAP, ils
seraient même 29% des sondés à pouvoir potentiellement participer à des systèmes "d'agriculture
collaborative". Les femmes, actives, urbaines, de 25 à 50 ans, vivant en région parisienne ou dans
le sud de la France constituent le profil le plus courant. Autant dire, la ménagère d'aujourd'hui et de
demain. Les grandes marques vont devoir apprendre à partager...
85 Entreprise
LA TRIBUNE 14/05/2014
DISTRIBUTION > LVMH et la ville de Paris ont deux mois pour faire appel de ce
jugement.
latribune.fr
Coup d'arrêt au projet de rénovation de la
Samaritaine
Les défenseurs du patrimoine ont obtenu gain de cause. Le tribunal administratif de Paris a annulé
mardi l'un des permis de construire obtenu par le groupe de luxe LVMH pour rénover le grand
magasin parisien la Samaritaine qui, fermée depuis 2005, fait l'objet d'une rénovation majeure. Le
recours déposé par la Société pour la protection des paysages et de l'esthétique de la France
(SPPEF) et SOS Paris devant le tribunal concernait le côté rue de Rivoli du projet.
Les bâtiments côté Seine déjà démolis
Les deux associations requérantes dénonçaient un projet " dénaturant le centre de Paris ", et
espéraient sauver l'immeuble du côté rue de Rivoli, les trois autres bâtiments anciens situés côté
Seine ayant été déjà démolis après le rejet d'un recours contre ce projet le 11 avril dernier.
" Eu égard notamment à la nature et à la destination de cet immeuble, et en dépit de ses qualités
architecturales intrinsèques, les requérants sont fondés à soutenir que le projet, sur l'artère où il est
implanté", ne satisfait pas aux exigences de la loi, peut-on lire dans le jugement du tribunal.
Un projet de 450 millions d'euros
86 Entreprise
LA TRIBUNE 14/05/2014
Pour rappel, le groupe LVMH a obtenu en décembre 2012 le feu vert de la ville de Paris pour la
construction du site de la " nouvelle" Samaritaine, qui sera composée d'un hôtel de luxe, de
commerces, de bureaux et de logements sociaux. Le projet, de 450 millions d'euros, est
entièrement financé par le groupe, propriétaire de l'ensemble.
Pour l'heure, LVMH et la ville de Paris ont deux mois pour faire appel de ce jugement. Un éventuel
appel ne sera toutefois pas suspensif, mettant de fait un coup d'arrêt à ce projet.
87 Entreprise
LA TRIBUNE 14/05/2014
MARCHÉ DE L'ART > Christie’s a signé en ce début du mois de mai sa plus belle
vente depuis 2010. L’art moderne et impressionniste a séduit les clients les plus
fortunés...
Art Media Agency
Christie's engage les ventes de mai avec
(presque) un record
La vente d'art moderne et impressionniste, qui s'est tenue chez Christie's à New York le 6 mai
2014, a réalisé un volume de vente de 285,9 M$. Pour ce segment, c'est la meilleure vente depuis
2010, la seconde depuis 2008 - et un résultat supérieur de 80 % à celui de 2013? Cette vacation
proposait 53 lots : 18 ont dépassé les 5 M$ et seulement 6 n'ont pas trouvé acquéreur - ce qui
correspond à un taux d'invendus de 11,3 %.
Ces chiffres vertigineux pourraient cacher une seconde réalité pour cette Evening Sale. Expédiée
en 1h40, elle a réellement peiné à atteindre son estimation basse de 243 M$ et elle est demeurée
loin de son estimation haute de 359 M$. En outre, il ne faut pas omettre que le résultat de la vente
est exprimé en comptant les frais.
Frénésie
Les provenances prestigieuses des œuvres ne semblent pas avoir suffi à insuffler la frénésie qui
touche les ventes d'art moderne depuis quelques années. Effectivement, Christie's est pourtant
parvenu au coup de maître de réunir dans cette vente trois collections de choix - celles d'Huguette
Clark, d'Edgar M. Bronfman et de Marianne et Viktor Langen.
La réussite de la vente a notamment était portée par le dynamisme de la demande asiatique. Les
clients de la vente étaient originaires de 36 pays, mais 10 lots ont été remportés par des clients
asiatiques, soit 17,6 % des lots de la vente. Le record de la vacation a d'ailleurs été enlevé par
Elaine Holt pour le compte d'un client asiatique. Il s'agit des Nymphéas (1907) de Claude Monet.
Cette toile iconique de Monet, peinte à Giverny, a été acquise pour 24 M$ sans frais, en dessous
de son estimation (25 - 35 M$). Son adjudication n'a pas duré plus de deux minutes. Les
Nymphéas avaient pourtant été achetés par Huguette Clark chez Durand-Ruel à New York en 1930
et n'avaient jamais été proposés à la vente depuis.
88 Entreprise
LA TRIBUNE 14/05/2014
Les bonnes affaires de Richard Gray
Au contraire, Jeune homme roux assis (1919) d'Amedeo Modigliani a réalisé un excellent résultat.
Estimé entre 8 et 12 M$, il a été adjugé pour 17,6 M$, frais compris. Les œuvres de Picasso ont
également été très demandées hier. 13 lots issus de différentes périodes artistiques de l'artiste cubiste, surréaliste, néo-classique - ont été proposés à la vente, et un seul n'a pas trouvé
d'acquéreur. Le record a été atteint pour le Portrait de femme (Dora Maar) (1942), remporté par le
marchand Richard Gray pour 22,6 M$ avec frais. Cependant, une nouvelle fois, cette toile
marquante de la vente n'est pas parvenue à atteindre son estimation basse (25 - 35 M$).
Richard Gray a également remporté Femme de Venise IV d'Alberto Giacometti pour 12,7 M$. La
statue était estimée entre 10 et 18 M$. Elle avait été acquise en 2000 chez Sotheby's à Londres
pour 2,8 M$. Preuve que, malgré certains résultats en demi-teinte, le marché se porte toujours très
bien.
89 Entreprise
LA TRIBUNE 14/05/2014
ENVIRONNEMENT > Ce contrat d’une durée de 5 ans, "s’inscrit dans un
programme initié par les autorités de la République d’Azerbaïdjan pour améliorer
les infrastructures d’eau et d’assainissement", précise le communiqué de Suez
Environnement.
latribune.fr
Suez Environnement va former les
Azerbaïdjanais aux métiers de l'eau pour 22,5
millions d'euros
Nouveau contrat pour Suez Environnement. Le groupe français de gestion de l'eau et des déchets
a annoncé mardi avoir signé un contrat de 22,5 millions d'euros avec la société nationale des eaux
d'Azerbaïdjan.
Ce contrat d'une durée de 5 ans, signé à l'occasion de la visite lundi de François Hollande dans ce
pays du Caucase, "s'inscrit dans un programme initié par les autorités de la République
d'Azerbaïdjan pour améliorer les infrastructures d'eau et d'assainissement", précise le communiqué
de Suez Environnement.
Formation aux métiers de l'eau
Il porte sur la formation et le transfert de savoir-faire sur l'ensemble des métiers du cycle de l'eau
des 4.500 cadres de l'opérateur public azerbaïdjanais.
90 Entreprise
LA TRIBUNE 14/05/2014
Ce contrat comprend " une formation aux métiers de l'eau mise en place en Azerbaïdjan et en
France pour les cadres à haut potentiels, et une formation opérationnelle organisée également
auprès des équipes sur leurs lieux de travail", selon le communiqué.
A terme, Suez Environnement espère entamer en Azerbaïdjan " une coopération qui pourrait
s'étendre à d'autres sujets prioritaires tels que la dépollution des sols, en particulier celles des
terrains souillés par les hydrocarbures".
91 Banque & Finance
LA TRIBUNE 14/05/2014
STRATÉGIE > Dans le cadre de son plan stratégique présenté le 13 mai, la
banque vise une croissance annuelle de 3% de ses revenus, d’ici à 2016. Son
patron, Frédéric Oudéa, mise notamment sur l’international.
Christine Lejoux
La Société générale remet le cap sur la
croissance
Ce n'est pas encore le retour des grandes manœuvres, mais l'heure n'est plus au
recroquevillement pour les banques françaises en général, et pour la Société générale en
particulier. La réduction de la taille des bilans, les cessions d'actifs non stratégiques, le
désengagement de certaines activités… Cette politique de repli imposée aux banques par les
régulateurs et les marchés au plus fort de la crise de la zone euro, en 2011, a vécu. Place,
désormais, à la croissance.
Après avoir "accompli les efforts de rentrage de ses activités et de renforcement de son bilan, le
groupe est prêt dès maintenant à s'engager sur la voie d'une croissance rentable" , a ainsi lancé
Frédéric Oudéa, le PDG de la Société générale, en préambule à la présentation, le 13 mai, du plan
stratégique à trois ans de la deuxième banque française , en termes de capitalisation boursière.
Plan qui table sur une croissance annuelle moyenne de 3% des revenus -qui ont atteint 24
milliards d'euros en 2013- d'ici à 2016.
La Société générale confirme son engagement en Russie
Cette croissance, le patron de la Générale veut la " capturer." Comment ? D'abord, en allant la
92 Banque & Finance
LA TRIBUNE 14/05/2014
chercher là où elle se trouve. C'est-à-dire pas vraiment dans l'activité de banque de détail au sein
des pays matures, ni dans les activités de marché, " en phase de transition" , de l'aveu même de
Frédéric Oudéa. Qui mise en revanche beaucoup sur la banque de détail à l'international, et plus
particulièrement en Afrique, en Europe de l'Est et en Russie. Mais la Société générale n'a-t-elle pas
passé dans ses comptes du premier trimestre une dépréciation d'écart d'acquisition de 525 millions
d'euros, afin de tenir compte de l'impact de la crise ukrainienne sur ses activités en Russie ?
" Certes, la crise ralentira la croissance de l'économie russe en 2014, mais il existe là-bas
un véritable potentiel de croissance, que nous développons depuis trois ans , avec une prise de
risque très disciplinée", a rétorqué Frédéric Oudéa. Et le PDG de la Société générale d'insister :
"Nous ne sommes pas naïfs au sujet de la Russie. Nous savons que les pays émergents présentent
davantage de risques que les pays matures, comme cela avait été le cas lors du Printemps arabe. Je
suis confiant dans la volonté de toutes les parties d'éviter l'escalade des tensions, afin que l'ensemble de
l'économie ne soit pas perturbé."
Cette confiance indéfectible dans les perspectives de la Russie, couplée au "très fort potentiel de
développement" de l'Afrique, conduit la Société générale à tabler sur une progression de 5% par an
des revenus de son activité de banque de détail à l'international, d'ici à 2016. Alors que la
progression ne devrait pas excéder 1% par an en France, sur la même période.
Des synergies qui ont débouché sur 5,5 milliards d'euros de revenus
Outre la banque de détail à l'étranger, c'est dans les métiers de l'assurance, des financements
structurés et de la banque privée (gestion de patrimoine) en Europe que la Société générale
puisera sa croissance, au cours des trois prochaines années. Ainsi que dans le business en plein
essor de la banque en ligne, la Générale projetant de tripler le nombre de clients de Boursorama
d'ici à 2016, à 1,5 million.
Le groupe mise également sur les synergies entre ses trois principaux métiers - la banque de
détail en France, la banque de détail à l'international, et la banque de financement et
d'investissement -, synergies qui lui ont permis de réaliser 5,5 milliards d'euros de ventes croisées
en 2013, soit le quart de son PNB (produit net bancaire, équivalent du chiffre d'affaires) total. Afin
de faire mieux encore, la Société générale entend notamment renforcer la coopération entre son
activité de banque de détail et celle de banque privée.
Des acquisitions "ciblées, opportunistes, de petite taille"
Deux domaines qui pourraient par ailleurs faire l'objet d'acquisitions, notamment en Europe, a
précisé Frédéric Oudéa, qui dispose d'une enveloppe de 4 milliards d'euros pour financer
d'éventuelles opérations de croissance externe. Attention, celles-ci seront "ciblées, opportunistes,
93 Banque & Finance
LA TRIBUNE 14/05/2014
de petite taille." L'heure n'est pas aux investissements dispendieux.
En témoigne également la volonté du patron de la Générale de " gérer cette banque comme une
entreprise industrielle" , avec un contrôle strict des investissements ainsi que des déplacements,
frais de bouche et autres dépenses discrétionnaires. L'objectif : limiter à 1% par an la hausse des
frais de gestion d'ici à 2016, afin de ramener à cet horizon le coefficient d'exploitation (charges
d'exploitation rapportées aux revenus) à 62%, contre 66% en 2013.
Distribuer la moitié des bénéfices aux actionnaires en 2015 et 2016
Conséquence, la rentabilité des fonds propres devrait passer de 8,3% l'an dernier à 10% environ
trois ans plus tard. Plus rentable, la Société générale n'en sera que plus généreuse avec ses
actionnaires : la banque leur versera la moitié de ses bénéfices en 2015 et en 2016, intégralement
en numéraire, alors qu'elle leur avait distribué 27% de ses profits l'an dernier, au titre de l'exercice
2012.
Pour autant, le groupe n'en perd pas de vue son ratio de solvabilité (fonds propres rapportés à la
somme des risques pondérés enregistrés au bilan), qui se maintiendra à 10% au moins en 2016,
au-dessus des 9% exigés par la nouvelle réglementation de Bâle III. Bref, voilà une Société
générale qui ne joue plus en défense mais en attaque.
94 Banque & Finance
LA TRIBUNE 14/05/2014
CONTENTIEUX > Objet d’une enquête pour évasion fiscale, la banque helvète
devrait dépenser plus de 2 milliards de dollars pour mettre fin aux poursuites.
latribune.fr
Credit Suisse: le litige fiscal aux États-Unis
pourrait coûter 2 milliards de dollars
Le prix d'un règlement pour mettre fin aux enquêtes visant le Credit Suisse pour évasion fiscale aux
Etats-Unis pourrait dépasser les deux milliards de dollars (1,45 milliard d'euros) pour la banque
helvétique, selon des sources proches du dossier évoquées par l'agence Reuters.
Le régulateur du secteur bancaire dans l'Etat de New York demande à lui seul un milliard de
dollars, somme qui devrait cependant être revue à la baisse dans les négociations en cours, a dit
une des sources. Ce règlement s'ajouterait à celui en cours de négociation avec le département
fédéral de la Justice, qui pourrait atteindre les 1,6 milliard de dollars.
Credit Suisse met "tout en oeuvre"
Les autorités fédérales cherchent aussi à obtenir du Credit Suisse qu'il plaide coupable des faits
qui lui sont reprochés, tout comme la BNP accusée, elle, d'avoir fait affaire avec des pays sous
embargo.
>> LIRE : BNP Paribas redoute le cauchemar américain
95 Banque & Finance
LA TRIBUNE 14/05/2014
La banque suisse a dit la semaine dernière faire tout son possible pour régler cette affaire au plus
vite. Les autorités de New York ont ouvert leur enquête après la publication d'un rapport du Sénat
américain accusant des représentants de Credit Suisse d'avoir voyagé en secret aux Etats-Unis
pour recruter des clients.
196 millions d'euros déjà versés pour un cas similaire
Selon le rapport, la banque a ouvert des comptes en Suisse pour plus de 22.000 clients
américains, avec des actifs cumulés allant jusqu'à 12 milliards de dollars.
La banque a accepté en février de verser 196 millions de dollars pour régler un cas similaire avec
la Securities and Exchange Commission (SEC), le gendarme de Wall Street.
96 Banque & Finance
LA TRIBUNE 14/05/2014
ZONE EURO > L’agence de notation Fitch a estimé dans un rapport publié lundi
que le risque de crédit restait "bien vivant" en zone euro et que son scénario
restait celui d’une "reprise à faible croissance".
latribune.fr
Le risque de crédit "reste bien vivant" en zone
euro selon Fitch
L'agence de notation Fitch s'est employée lundi à casser les espoirs de ceux qui pensent que la
crise de la zone euro est désormais derrière nous. Pour elle, malgré ses "nombreuses décisions de
notation positives ", pour l'Espagne, le Portugal, l'Italie, Chypre ou encore la Slovénie, " la
perspective de notation pour l'ensemble de la région est stable plutôt que positive".
Les risques restent conséquents
"Ce constat contraste avec les évolutions de la perception des marchés, qui a continué à s'améliorer de
manière spectaculaire", s'inquiète l'agence.
De fait, en six mois le taux à 10 ans de la Grèce sur le marché a chuté de 10% à 7%, celui du
Portugal de 7% à 4% et celui de l'Irlande de 4% à 3%, rappelle-t-elle dans son rapport.
Ainsi l'agence s'interroge-t-elle sur " l'interprétation selon laquelle cette baisse correspond à un
déclin dans les mêmes proportions du risque de crédit". Et d'asséner : "le risque de crédit est bien
vivant". Tout en ajoutant que "les risques budgétaires et économiques restent conséquents", même
97 Banque & Finance
LA TRIBUNE 14/05/2014
si le paroxysme de la crise est passé.
Pour les économistes, l'attrait des pays du sud de l'Europe auprès des investisseurs ne s'explique
qu'en partie par leur meilleure santé économique, et beaucoup par d'autres phénomènes tels que
la recherche de placements pour les abondantes liquidités ayant quitté les pays émergents ces
derniers mois.
>> Lire "Les dirigeants européens ont en tête un nouveau 'haircut' pour la Grèce"
>> Lire En zone euro, le "fardeau" des créances douteuses inquiète le FMI
La faible inflation rend l'ajustement plus difficile
L'agence signale aussi que ses prévisions pour le ratio dette sur produit intérieur brut des pays de
la zone euro se sont détériorées, en particulier en raison de la très faible inflation, qui maintient la
dette à un niveau élevé en valeur. " Il y a eu de nombreux débats sur le risque de déflation
", souligne Fitch, qui juge que "le risque d'une déflation prolongée est faible".
Elle avertit toutefois que "les bas niveaux d'inflation (...) auront un effet pervers sur l'évolution de
l'endettement et rendront les ajustements de compétitivité entre les différentes économies encore plus
difficiles".
Une inflation plus poussée en zone euro et notamment dans le coeur de la région pourrait
permettre aux pays du Sud de l'Europe de jouer sur des différences de prix pour regagner
quelques parts de marché, à défaut de pouvoir dévaluer. La persistance d'une faible inflation
partout, et notamment en Allemagne, rend tout rééquilibrage difficile.
>> Lire Sept pays de la zone euro dépasseront les 100% de dette publique cette année
98 Banque & Finance
LA TRIBUNE 14/05/2014
LA PHRASE DU JOUR > L’ancien président de la Deutsche Bundesbank juge
prématurés les "stress tests" de la fin mai. Selon lui, les banques européennes,
encore convalescentes, doivent se concentrer sur leur augmentation de capital.
latribune.fr
Stress-tests: "la recapitalisation des banques
avant tout" (Buba)
Axel Weber, l'ancien numéro un de la Deutsche Bundesbank (Buba) ne voit pas les "stress tests"
(tests de résistance) des banques européennes d'un bon œil, rapporte l'agence Bloomberg . Cet
exercice vise à savoir dans quelle mesure les 124 banques les plus importantes de la zone euro
seraient aujourd'hui capables de résister à un choc de même ampleur que la crise financière de
2008 ou celle des dettes souveraines de la zone euro en 2011.
Les banques qui échoueront à ces tests devront alors dévoiler les plans qu'elles comptent mettre
en place pour rentrer dans le rang, qu'il s'agisse d'augmentations de capital, de cessions d'actifs ou
de la mise en réserve de bénéfices.
Demander un effort physique à un patient convalescent
Mais voilà. Pour Axel Weber, tester des banques qui ont perdu de leur capital reviendrait à faire
passer un examen physiquement éprouvant à un patient qui se remettrait tout juste d'une attaque
cardiaque. C'est ce qu'il a expliqué lors d'une conférence organisée par la banque centrale
autrichienne à Vienne:
99 Banque & Finance
LA TRIBUNE 14/05/2014
"Si des patients sortent tout juste de soins intensifs après un arrêt cardiaque, leur bilan de santé est bon,
mais les stresser sera moins bon pour eux"
Aussi l'économiste estime-t-il que les banques doivent en priorité se consacrer à leur
recapitalisation. Filant la métaphore médicale, il explique:
"Ce qui est nécessaire de prime abord, c'est une recapitalisation. Une fois les données médicales
récoltées et le diagnostic établi, il sera toujours difficile de trouver de l'argent sur le marché".
Pour aller plus loin: les grands enjeux de 2014 (1/4): la zone euro à l'heure du crash test
100 Banque & Finance
LA TRIBUNE 14/05/2014
POLITIQUE MONÉTAIRE > Selon le Wall Street Journal, la banque centrale
allemande accepterait une action de la BCE en juin si les perspectives d’inflation
sont décevantes. L’euro a atteint 1,37 dollar.
Romaric Godin
La Buba ouvre les portes à une action de la
BCE en juin : l'euro plonge
Cette fois, tout semble en place pour une action d'envergure de la BCE le mois prochain. Selon les
informations du Wall Street Journal (WSJ) parues à la mi-journée , ce mardi 13 mars, la banque
centrale allemande, la Bundesbank a donné son feu vert à la mise en place de mesures
exceptionnelles pour lutter contre le risque déflationniste. Selon le journal américain, les prévisions
d'inflation pour 2016 des équipes de la BCE seront cruciales. Si elles se révèlent encore
décevantes, si elles sont revues à nouveau à la baisse, alors la Buba laissera Mario Draghi agir.
Pas de QE, mais une action d'envergure
Selon le Wall Street Journal, qui cite une « personne familière avec le dossier », la Buba serait
alors prête à accepter des rachats significatifs d'actifs, notamment des prêts bancaires titrisés, mais
aussi un taux de dépôt négatif. Pour autant, la Buba ne veut toujours pas entendre parler de
véritable assouplissement quantitatif (quantatitative easing, QE), autrement dit de rachat massif de
dette privée et publique, à l'image de ce qui s'est fait aux Etats-Unis. Selon le WSJ, la banque
centrale allemande a considéré, en interne, que cela représenterait un risque pour la stabilité
financière de la zone euro. Il est vrai que les taux souverains sont à présent fort bas et que, pour
certains pays encore très endettés, cette décrue des taux pourrait prendre des allures de bulles.
101 Banque & Finance
LA TRIBUNE 14/05/2014
Reste que ce « feu vert » de la Buba lève sans doute le dernier obstacle à ce type d'action pour la
réunion de juin du conseil des gouverneurs, le 5 de ce mois. Lors de sa réunion du 8 mai, Mario
Draghi avait affirmé qu'il « était à l'aise avec l'idée d'agir la fois prochaine », confirmant ainsi son
intention. Lui aussi avait cependant indiqué qu'il fallait observer les prévisions d'inflation
auparavant.
Une politique économique déflationniste
Sans doute ces prévisions seront-elles mauvaises. Les forces déflationnistes restent en effet à
l'œuvre en zone euro, malgré une reprise modeste de l'économie. La stratégie économique de la
région, basée sur l'austérité et l'amélioration de la compétitivité externe, comprime la demande et
conduit à dégager des excédents. Tout ceci est source de monnaie forte et d'inflation faible.
Comme, par ailleurs, la dynamique externe est faible, rien ne laisse présager de vraie reprise
capable d'alimenter les prix. A terme, le risque de déflation n'est pas à exclure, ce qui replongerait
la région en récession et rendrait le désendettement public impossible.
Des actions efficaces ?
La BCE doit donc agir. Elle est la seule à pouvoir « compenser » les effets déflationnistes
actuellement à l'œuvre. Mais sa capacité d'action demeure très limitée. Le rachat de prêts titrisés
reste une mesure théorique, dont l'effet ne peut être qu'anecdotique puisqu'il n'y a plus de marché
de ce type, ou presque, notamment dans les pays périphériques. Quant au taux de dépôt négatif, là
encore, son efficacité demeure incertaine. Actuellement, il n'y a « que » 39 milliards d'euros sur la
facilité de dépôt de la BCE. Si les banques ne peuvent plus utiliser cette facilité, elles déposeront
cet argent sur leurs comptes courant auprès de la BCE, tout simplement. Mais rien ne les
contraindra à prêter si elles ne le veulent pas. Et si les perspectives économiques restent moroses,
elles ne prêteront pas. Bref, l'action de la BCE est loin d'être la panacée.
L'euro plonge
En attendant, pourtant, l'annonce du WSJ, dont la Bundesbank a affirmé qu'elle ne contenait « rien
de nouveau », a eu la vertu de faire plonger l'euro. C'est sans doute sur cela que compte le plus la
BCE. La monnaie unique est passée de 1,3770 dollar à 1,37 dollar en quelques instants, avant de
se reprendre. Elle avait déjà chuté de près de 1 cent après la réunion du 8 mai. Pour la BCE, c'est
une bonne nouvelle, car tout affaiblissement de l'euro est synonyme de plus d'inflation. Mais
attention : au-delà de ces réactions de marché, les fondamentaux jouent encore en faveur de
l'euro. Il faudra donc observer si cet affaiblissement est durable.
102 Banque & Finance
LA TRIBUNE 14/05/2014
LE DEAL > Le groupe pétrolier espagnol Repsol a vendu la quasi-totalité de sa
participation dans son ex-filiale YPF nationalisée en 2012, pour un peu plus de
900 millions d’euros.
latribune.fr
Morgan Stanley vend sa participation dans le
groupe pétrolier argentin YPF
La banque d'affaires américaine Morgan Stanley a indiqué mardi à l'AFP avoir vendu la part de
11,86% du groupe pétrolier argentin YPF, rachetée le 7 mai à l'Espagnol Repsol. "Les parts d'YPF
ont été placées auprès d'investisseurs en Europe, en Amérique Latine et aux Etats-Unis", a précisé
un porte-parole de Morgan Stanley.
Une plus-value de 450 millions d'euros
Comme prévu dans l'accord conclu en février avec l'Argentine, le groupe pétrolier espagnol Repsol
a vendu le 7 mai la quasi-totalité de sa participation dans son ex-filiale YPF nationalisée en 2012,
pour 1,256 milliard de dollars (un peu plus de 900 millions d'euros). Une vente qui "a généré une
plus-value de 622 millions de dollars" (453,593 millions d'euros), avait alors précisé Repsol, dont la
part restante est désormais "inférieure à 0,5%".
Après plusieurs mois de conflit et la menace de longues poursuites judiciaires, Repsol a conclu le
25 février avec l'Argentine un accord lui "garantissant" une compensation financière de 5 milliards
de dollars (3,6 milliards d'euros) après la nationalisation en 2012 par Buenos Aires de sa filiale
103 Banque & Finance
LA TRIBUNE 14/05/2014
YPF.
Vente d'obligations argentines
Le groupe pétrolier a par ailleurs accordé vendredi la vente à JP Morgan de 2,8 milliards de dollars
américains en obligations argentines provenant de cette compensation.
104 Banque & Finance
LA TRIBUNE 14/05/2014
LE CHIFFRE DU JOUR > C’est la nouvelle estimation du système bancaire
parallèle faite par l’Académie chinoise des Sciences sociales, qui met en garde
contre les risques qu’il représente pour le système financier du pays.
Romain Renier
Le shadow banking, un casse-tête chinois
estimé à 3.100 milliards d'euros
La "finance de l'ombre" fait-elle planer un risque systémique sur l'économie chinoise ? Avec un
poids de plus de 3.100 milliards d'euros, selon une nouvelle estimation de l'Académie chinoise des
Sciences sociales citée par l'AFP, on est en droit de se poser la question. L'organisme de
recherche gouvernemental met d'ailleurs lui-même en garde contre le risque que le système
bancaire parallèle, non régulé, fait courir au système financier chinois.
Près de la moitié du PIB de la Chine
En tout, ce système financier parallèle, aussi connu sous le nom de "shadow banking", représente
pas loin de la moitié du produit intérieur brut du pays, et 20% des actifs détenus par le secteur
bancaire chinois régulé, selon cette estimation.
C'est un peu moins que ce qu'avaient calculé l'agence de notation Moody's et la Réserve Fédérale
américaine dans des études publiées en 2013. Mais c'est bien plus que l'estimation de 1.300
milliards d'euros l'an dernier, publiée par la China Trustee Association, un organisme sous la coupe
de la banque centrale chinoise (PBOC) qui réunit les opérateurs de ce système bancaire parallèle.
105 Banque & Finance
LA TRIBUNE 14/05/2014
Un pas vers la libéralisation des taux
Selon certains analystes, la montée en puissance du "shadow banking", un temps encouragée par
les autorités elles-mêmes, n'est pas un mal en soit. C'est en effet un pas vers la libéralisation des
taux de crédit et de dépôt, dans un pays où ceux-ci ne peuvent sortir d'une tranche fixée par la
PBOC.
Il permet d'une part d'offrir un taux de rendement plus élevé aux épargnants chinois. D'autre part, il
permet aux entreprises privées de se financer, alors qu'elles sont exclues du système de crédit
classique en raison d'un risque trop élevé par rapport au taux maximum fixé par la PBOC.
Risque de contagion
" Ce qui importe le plus, ce n'est pas la taille du secteur bancaire parallèle ", relève de son côté
l'Académie chinoise des Sciences sociales, mais plutôt l'apparition de défauts qui remettraient en
cause la solvabilité des emprunteurs informels et donc des prêteurs en bout de chaîne.
"A partir du moment où de gros risques apparaissent dans le secteur bancaire parallèle, ils peuvent se
propager rapidement au secteur bancaire et à l'économie réelle, à travers les marchés monétaires et de
crédit, faisant courir des risques financiers systémiques", alerte ainsi l'organisme.
Les épargnants chinois qui financent, pour beaucoup sans le savoir, ce système de financement
informel, pourraient eux aussi se retrouver en première ligne pour payer les pots cassés en cas de
défauts qui se multiplieraient.
Or les premiers défauts d'entreprises chinoises ont fait leur apparition ces dernières semaines en
raison d'un assèchement volontaire du crédit par la PBOC, sous l'impulsion de Pékin. Le but est en
effet d'endiguer la mauvaise allocation du crédit provoquée par les afflux de liquidités déversées
sur l'économie chinoise pour soutenir la croissance après la crise financière de 2008.
>> Lire Le shadow banking, ou la découverte du libéralisme par les épargnants chinois
Double enjeu pour Pékin
Le Premier ministre Li Keqiang a d'ailleurs prévenu plusieurs fois ces dernières semaines que de
plus en plus de défauts auront lieu. Pékin souhaite en effet réduire la taille des secteurs en
surcapacité afin de rendre la croissance plus efficiente. Les investisseurs, qui espèrent ainsi avoir
une meilleure vue de la santé des entreprises chinoises, ont tendance à bien accueillir ce
mouvement. Mais cet assèchement du crédit n'est pas sans conséquence sur la croissance du
106 Banque & Finance
LA TRIBUNE 14/05/2014
pays, et les premiers signes de ralentissement inquiétants sont déjà perceptibles.
Il est communément admis qu'une croissance du produit intérieur brut à 5%, mais reposant sur des
bases saines, permettrait à la machine chinoise de tourner de manière satisfaisante. Mais Pékin,
conscient des déséquilibres de son économie, a fixé l'objectif à 7,5% pour cette année , ce qui
serait un plus bas depuis les années 1990. Et les analystes, qui craignent que celui-ci ne soit pas
atteint, spéculent déjà sur un nouveau plan de soutien à la croissance par la PBOC, qui aurait pour
effet de nourrir encore la finance de l'ombre.
>> Lire La Chine malade de son système bancaire
107 Territoires
LA TRIBUNE 14/05/2014
ORGANISATION ADMINISTRATIVE > 36 681 communes, 17 242
intercommunalités, 4 055 cantons, 342 arrondissements, 101 départements, 26
régions, 238 sous-préfectures... Trop d’échelons, trop de dépenses de
fonctionnement, trop d’inefficacité, dénonce dans une note publiée fin avril le
Medef PACA, à l’origine cette initiative « inédite ». Membre du Conseil exécutif de
l’organisation nationale, Jean-Luc Monteil explique.
Propos recueillis par Adeline Descamps, à Marseille, Méridien Mag
Jean-Luc Monteil, président du Medef Paca : «
Il est urgent de dégraisser le mammouth
territorial »
En produisant ce document en forme de pamphlet (ou de ras-le-bol) contre l'organisation
institutionnelle et administrative de la France, vous voulez surfer sur l'un des axes de la
politique générale de Manuel Valls ?
Jean-Luc Monteil : Et bien non puisque cela fait quelques mois que nous préparons cette note et il
s'avère - c'est un pur hasard - que notre document est prêt au moment où le législateur s'empare
de ce sujet. J'ai été élu en juillet dernier, ai renouvelé une bonne partie de l'équipe et nous avons
décidé d'inscrire, pour partie, nos trois ans de mandature dans la réflexion. Nous avons identifié un
certain nombre de sujets transversaux sur lesquels nous voulons agir. Pour être audible et crédible,
il faut savoir dans quel écosystème on évolue. Il faut donc prendre le temps de comprendre les
choses. Nous avons décidé de nous atteler à un des grands maux du pays : son maillage territorial
à étages que les différentes lois n'ont eu de cesse d'étoffer et que nous n'avons plus les moyens
108 Territoires
LA TRIBUNE 14/05/2014
d'assumer dans un contexte de déficits abyssaux de nos comptes publics et à l'aune des efforts
demandés aux Français. Il est temps que les collectivités locales réajustent leur train de vie à celui
de nos concitoyens. Il est urgent de dégraisser ce mammouth territorial.
Le Medef découvre qu'il y a en France 36 681 communes, 17 242 intercommunalités dont 2
581 communautés de communes, 101 départements, 26 régions, 600 000 élus… ? Il en est
question depuis des décennies et l'on ne compte plus les tentatives de simplification qui
n'ont jamais abouti.
J-L.M. : Justement, cela fait des années où rien ne se passe et cela ne peut plus durer car sur un
plan politique, à force de ne pas faire les réformes nécessaires, on fait le jeu des extrêmes. Il suffit
de lire dans les urnes. Mais avant tout, le premier objectif de ce travail était d'établir un diagnostic
sur la base d'une grande somme d'études et audits, que nous avons sourcés auprès de ceux qui
font autorité en la matière. Ce n'est pas un document de plus : cela n'avait jamais été fait. Il y avait
nécessité par pédagogie et pour servir de socle commun en vue d'accompagner les élus à l'orée
d'une grande réforme, véritable effet d'aubaine s'il en est. Il est une initiative de notre mouvement
en région mais ce travail doit alimenter la réflexion du Medef au niveau national. Pour notre part, je
commence dès le lundi 28 avril un tour régional à la rencontre des élus et nous organiserons le 12
juin des assises (non ouvertes au public, ndlr). Qu'ils soient d'accord ou pas, ils vont devoir
composer avec le Medef. On s'est saisi de ce sujet pour créer l'électrochoc et l'on a bien compris
pourquoi les élus renâclaient à le faire.
Qu'est-ce que vous retiendrez de cette compilation ?
J-L.M. : La question n'est pas tant aujourd'hui de préférer l'une à l'autre, mais plutôt d'avancer de
manière constructive afin de dessiner la carte administrative la plus pertinente et efficiente possible.
L'OCDE suggère de fusionner les petites communes arguant d'économies substantielles. La
Commission Attali préconisait la suppression de l'échelon départemental. Le rapport
Raffarin-Krattinger proposait de créer entre huit et dix super régions, taillées pour se livrer à la
concurrence européenne. Le comité Balladur prônait la réduction d'un tiers du nombre de régions
ainsi qu'un abandon définitif de la clause générale de compétence. Il préconisait déjà d'ériger les
métropoles en véritables collectivités territoriales exerçant la totalité des compétences
départementales : une proposition finalement rejetée par les parlementaires lors du vote de la loi du
16 décembre 2010 et écartée par le gouvernement Ayrault dans le projet de loi de Modernisation
de l'action publique territoriale. Allant encore plus loin, Christian Saint-Étienne propose de faire
émerger sept à douze grandes régions adossées à une douzaine de métropoles de niveau
européen et à une cinquantaine de rang national, lesquelles cohabiteraient avec les départements,
passés de 101 à 70. Sur le plan budgétaire, la Fondation Concorde préconise de conditionner les
dépenses de fonctionnement des communes et des communautés à des économies significatives
préalablement réalisées. L'économiste Ronald McKinnon suggère de permettre aux collectivités
locales d'emprunter uniquement pour des dépenses d'investissement.
Comparaison n'est pas raison. Est-il pertinent de comparer l'architecture territoriale
109 Territoires
LA TRIBUNE 14/05/2014
française à celle de ses voisins ?
J-L.M. : Le benchmark européen est pourtant éclairant. Avec près de 60 000 entités territoriales et
plus de 600 000 mandats locaux, l'émiettement administratif hexagonal est une exception. Nous
sommes le seul pays qui n'a pas rationalisé. En 30 ans, l'Allemagne a divisé par deux le nombre de
ses municipalités en fusionnant une grande partie d'entre elles pour n'en conserver, in fine, que 12
196 pour une population de 80 millions d'habitants. En 20 ans, la Suède et la Belgique sont
passées respectivement de 2 532 à 290 communes et de 2 739 municipalités à 589. En Grèce, le
nombre de communes a été divisé par trois. Au Royaume-Uni, le législateur a récemment supprimé
les régions et les comtés. En Italie, le Parlement a vidé de sa substance les provinces. En 40 ans,
le Danemark a divisé par dix le nombre de ses communes et par cinq le nombre de ses régions. En
parallèle de cette rationalisation, les métropoles ont peu à peu émergé dans la majorité des pays
européens, pour être des moteurs du développement économique dans la compétition européenne
et internationale. La France compte un mandat électif pour 104 habitants alors qu'il y en a un pour
2 336 administrés en Irlande et un pour 2 603 au Royaume-Uni !
Vous êtes donc satisfait par les propositions de Manuel Valls ?
J-L.M. : Réduire le nombre de régions, réviser la carte intercommunale et supprimer les conseils
départementaux et la clause générale de compétence vont dans le bon sens. Elles ont trouvé une
première traduction encourageante dans le projet de loi du gouvernement clarifiant l'organisation
territoriale de la République, envoyé le 23 avril dernier pour avis au Conseil d'État. Ainsi, les
régions auront jusqu'au 30 juin 2015 pour soumettre un projet de regroupement au gouvernement,
auquel cas, le découpage sera effectué par l'exécutif avant le 31 mars 2016 avec une entrée en
vigueur fixée à l'horizon 2017. Il s'est mis en danger politiquement. Et les entrepreneurs, que nous
sommes, restons sensibles à cette prise de risques. Maintenant, il faut que nous soyons dans une
politique de grands pas.
Vous croyez que cette fois est actée la suppression de la clause de compétence générale
(qui permet à une collectivité d'intervenir dans tous les domaines d'intérêt local qu'elle juge
nécessaires, ndlr), alors que c'est la majorité actuelle qui l'a rétablie ?
J-L.M. : Sa suppression éviterait les doublons et bien des dépenses superflues. On défend aussi le
principe de subsidiarité, qui veut que l'action publique soit allouée à la plus petite institution en
capacité de l'accomplir. Nous préconisons le modèle : 1 acteur = 1 compétence, ce qui
économiserait 20 Md€/an.
Le calendrier - fusion des régions à l'horizon 2017, refonte de la carte intercommunale en
2018 et suppression des départements en 2021 - vous satisfait ?
J-L.M. : Clairement non. Le planning électoral qui s'annonce est un risque pour la mise en œuvre
effective de ces mesures.
110 Territoires
LA TRIBUNE 14/05/2014
Si Manuel Valls réussissait là où un grand nombre d'élus, de droite et de gauche, ont
échoué, la France serait donc plus économe d'argent public ?
J-L.M. : Le poids des collectivités locales dans la dette publique a augmenté de 67 % en dix ans,
soit 9,4 % du total national en 2013. Les dépenses d'investissement représentent 32,2 % des
dépenses totales des régions, 25,8 % pour les communes et 17,2 % pour les départements. Les
dépenses totales des collectivités locales ont atteint 240 Md€ en 2012, soit + 60 % en dix ans, avec
un déficit de 3,1 Md€, jumelé à une dette s'élevant à 182,3 Md€ soit 9,4% du stock total national.
Les dépenses de fonctionnement étaient de 152,86 Md€ en 2011. Un quart est lié aux personnels
(en progression de près de 50 % depuis 2004). Selon l'Insee, entre 1996 et 2011, 440 000
nouveaux agents publics territoriaux ont été recrutés (soit une augmentation de 44 % sur la période
1998-2011), dont moins de 50 000 au titre des transferts de compétences de l'État, et ce, sans que
ce dernier ne réduise significativement ses effectifs.
Et serait donc plus douce pour le contribuable ?
J-L.M. : Le développement de l'intercommunalité s'est accompagné d'une augmentation
exponentielle des impôts locaux : + 96 % pour la taxe d'habitation et + 72 % pour la taxe foncière
en moyenne depuis 2000. Côté entreprises, la France détient ainsi le record européen du taux
d'imposition des sociétés avec un taux légal culminant à 36,1 % en 2013. Depuis 1998, cinq des
sept nouvelles taxes créées chaque année concernent la fiscalité locale et elles ont progressé de
6,3% en 2013 par rapport à 2012. Les prélèvements obligatoires aux agents économiques ont
représenté 876,3 Md€ en 2011 et ont suivi une courbe ascendante qui devrait se confirmer en 2012
et 2013. Ces chiffres doivent être mis en regard avec le taux de marge moyen des entreprises
hexagonales de 28,1 % en 2013. Là aussi, c'est un autre record dans la zone euro !
(*)La loi du 16 décembre 2010 portait la suppression de la clause générale de compétence.
111 Opinions
LA TRIBUNE 14/05/2014
OPINIONS > La décision du gouvernement de plafonner le remboursement des
lunettes va déstabiliser de façon grossière ce marché qui fonctionne. Par Marc
Guyot, Professeur d’économie à l’Essec Business School
Marc Guyot
Limiter le remboursement des lunettes: une
décision idéologique et inefficace
Arguant du fait que le prix des lunettes serait trop élevé en France et que 2 millions de Français
affirment ne pouvoir changer de lunettes pour cette raison, le gouvernement a décidé de
contraindre les mutuelles à limiter le remboursement des lunettes à 450 euros à partir du 1er
janvier 2015 et à 700 euros pour les verres complexes. Cette intervention autoritaire du
gouvernement va perturber de la façon la plus arbitraire et sans évaluation d'impact un marché qui
se porte bien et qui est en phase de dynamique vertueuse.
Des entreprises qui excellent au niveau mondial
En effet, l'optique est un domaine du secteur de la santé qui se porte particulièrement bien en
France à tous les niveaux et où les entreprises françaises excellent au niveau mondial. En terme
de demande, celle-ci est élevée, exigeante et en croissance. Plus de 8 millions de paires de
lunettes de vue sont vendues chaque année et le taux de changement de lunettes est plus élevé en
France que dans le reste de l'Europe (mais deux fois moins élevé qu'aux USA).
112 Opinions
LA TRIBUNE 14/05/2014
A cette demande de qualité, répond une offre de qualité au niveau du verre, de la monture et du
service d'accompagnement. En effet, le verre français est au-dessus de la moyenne, porté par
Essilor le leader mondial, inventeur notamment du verre progressif Varilux. Les fabricants français
de montures ont réussi remarquablement à se différencier dans la qualité et le haut de gamme ce
qui leur permet de résister à la concurrence asiatique et d'offrir des montures, certes plus chères,
mais sans commune mesure avec l'entrée de gamme dont la production est délocalisée en Asie.
Enfin, il existe en aval une forte concurrence au niveau de la distribution avec plus de 11 000
magasins d'optique, une moitié étant composée d'indépendants et l'autre moitié de chaînes
nationales, les 3 principales chaines (Kris, Afflelou et Optique 2000) contrôlant 40% du marché de
la lunettes.
L'Etat ne soutient pas le secteur: la sécu rembourse très peu
Si ce secteur se porte bien, tant au niveau des consommateurs que des producteurs et du produit
lui-même, ce n'est pas grâce au gouvernement puisque celui-ci l'avait quasiment abandonné, bien
qu'il s'agisse d'un domaine de santé publique. En effet, la part remboursée par la Sécurité Sociale
sur une paire de lunettes est très faible. Selon les chiffres du ministère de la Santé, en termes de
couverture de la dépense, la Sécurité Sociale et la CMU couvrent 5%, les mutuelles, assurances et
instituts de prévoyances couvrent 66%, le reste à charge des ménages se montant à 29%.
Le prix des lunettes est plus élevé en France, mais pour une meilleure qualité
Le gouvernement justifie cet oukase par des prix trop élevés qu'il s'agirait d'urgence de combattre.
Le prix moyen des lunettes en France est de 277 euros pour des verres unifocaux et de 591 euros
pour des verres progressifs. Le prix moyen de la monture est de 120 euros. De fait, si on se limite à
comparer des moyennes de prix, le prix des lunettes est plus élevé en France que dans le reste de
l'Europe. Cependant, ce type de comparaison est très limité car il ne s'agit pas des mêmes
lunettes. La qualité des verres et des montures est plus élevée en France et le rythme d'achat plus
fréquent. Il est plus juste de dire que la somme consacrée aux lunettes est plus élevée. De fait, elle
serait plus élevée de 50% comparé aux autres pays européens et se situerait à 75 euros par an
contre 51 euros.
Les mutuelles organisent la baisse des prix
Même si cela s'explique par une gamme de produits extrêmement large, allant de la monture
simple à la monture de luxe avec griffe de grands couturiers et de verres allant du basique au très
sophistiqué, cette situation de prix élevé génère une dynamique d'ajustement des acteurs.
En effet, les mutuelles, du fait de la désertion de l'Etat, ont fait du montant des remboursements de
lunettes un de leurs arguments différenciants auprès de leurs bénéficiaires. En conséquence, elles
sont naturellement amenées à s'organiser pour faire baisser les prix en amont au niveau des
113 Opinions
LA TRIBUNE 14/05/2014
opticiens. Certaines mutuelles affirment qu'elles obtiennent des baisses de prix de 20% à 40% au
travers d'un système d'opticiens partenaires.
Le conventionnement des opticiens consiste à garantir un volume plus élevé en échange de prix
plus faibles et une qualité de prestation spécifiée. Six grands réseaux de mutuelles (Carte blanche,
Itelis, Santéclair, Kalivia, Sévéane Optistya) touchant plus de 30 millions de Français, ont poussé la
concurrence encore plus loin et offrent une prise en charge à 100% des frais, à condition que les
bénéficiaires commandent leur lunettes chez des opticiens partenaires.
Une concurrence accrue côté opticiens
Côté opticiens, la concurrence s'intensifie également de deux façons. Le nombre de magasins
augmente avec, en 2012, 11400 magasins en France contre 9500 en 2006. Ces magasins
subissent la concurrence de nombreux offreurs en lignes qui proposent des prix considérablement
plus bas. Le fondateur du site Meetic, qui s'est lancé sur la lunette en ligne avec le site Sensee,
affirme que la pression concurrentielle qu'il va exercer va faire baisser les prix de 30% en magasin
et de 70% sur internet par rapport aux prix existant. Il existe également des offres mixtes avec
commandes en lignes et montages chez un opticien partenaire. En Grande Bretagne, les ventes en
lignes ne représentent encore que 6% des ventes mais ont augmenté de 20% en 2012.
Côté montures, la concurrence est permanente puisque les PME françaises du secteur sont
exposées à la concurrence mondiale et n'ont pas d'autre choix que d'innover en permanence et de
se positionner sur le haut de gamme.
Le nouveau plafond de remboursement en fera pas baisser les prix
Il apparaît donc que le secteurs des lunettes offre une situation où l'on peut trouver des lunettes à
tous les prix, de l'offre de base sur internet sans aucune interface avec un opticien, à l'offre haut de
gamme avec des montures griffées, des verres de haute qualité et travaillés et un opticien conseil
disposant d'un appareillage permettant un réglage précis. Dans ce contexte, quel est donc le sens
de l'intervention du gouvernement sur ce marché ? Il n'y a objectivement aucune raison pour que la
baisse du plafond de remboursement se traduise par une baisse des prix des lunettes.
Elle va donc entraîner une hausse du reste à charge des ménages, le gouvernement comptant
cyniquement sur cette hausse pour générer une pression à la baisse sur la qualité des lunettes
commandées par les Français, et donc sur le prix payé. Cela ne devrait pas fonctionner dans la
mesure où les Français ne semblent pas très sensibles au prix et réclament plutôt de la qualité et
des verres travaillés plutôt que des prix faibles.
Les Français vont donc payer plus cher leurs lunettes, ce qui est antisocial, mais également
absurde si le but de la manœuvre est de faciliter l'accès aux lunettes. Par ailleurs, comme il est peu
114 Opinions
LA TRIBUNE 14/05/2014
probable que le prix des mutuelles diminue, les Français vont donc être doublement perdants.
Le marché sera perturbé de manière grossière
En revanche cette mesure va perturber de la façon la plus grossière un marché qui génère de fait
une dynamique d'innovation et de baisse des prix avec un outil idéologique à courte vue, le
contrôle des prix. Dans le cas des lunettes, il y a une telle variété d'offre (qui répond à la variété de
la demande) qu'il est absurde de placer un prix maximum, à moins de vouloir également fortement
réduire les types de lunettes offertes.
Les entreprises françaises vont également être perdantes puisqu'elles sont innovantes et
différenciées dans le haut de gamme alors que l'idéologie immédiate de la mesure
gouvernementale est celle du produit unique, de masse, peu cher, c'est à dire produit en Asie.
Cette mesure, qui met en danger l'emploi dans des PME françaises innovantes à l'heure où le
gouvernement se targue du made in France, outre inefficace, est également incompréhensible de
ce point de vue.
Jouer un rôle régulateur
Au lieu d'intervenir inutilement là où on n'a pas besoin de lui, le gouvernement ferait mieux de jouer
son vrai rôle de régulateur et de résoudre les vrais problèmes du secteur à savoir, la délimitation
claire et le contrôle du partage des actes entre ophtalmologistes et opticiens, la définition d'une
norme minimale concernant l'ajustement des lunettes achetées sur internet, le contrôle de la
transparence des devis des opticiens et leur bonne exécution en termes de qualité et spécificité
des verres.
115 Opinions
LA TRIBUNE 14/05/2014
OPINIONS > Plusieurs pays européens le font, il n’y aucune raison de ne pas
soutenir les ménages en situation de précarité énergétique qui se chauffent au
fuel. Par Guillaume Bort, président de FioulReduc
Guillaume Bort
Précarité énergétique: pourquoi punir
davantage les pauvres ?
La question de la précarité énergétique est, depuis plusieurs années, prise en compte par les
pouvoirs publics. Les analyses abondent, les acteurs référents sur le sujet [i] sont toujours plus
nombreux et des propositions sont régulièrement faites en vue de l'amélioration des dispositifs
existants. Et pourtant, en dépit de cet activisme, nous continuons d'ignorer l'évidence et nous
contentons d'une politique d'aide aux plus démunis profondément inéquitable.
Un précaire sur trois se chauffe au fuel et n'a aucune aide
Rapide retour en arrière. Il y a 14 ans déjà, dans le cadre de la loi du 10 février 2000, naissait le
Tarif de Première Nécessité (TPN) pour les ménages en difficulté chauffés à l'électricité. En 2006,
naissait à son tour, pour les ménages chauffés au gaz de réseau, le Tarif Spécial de Solidarité
(TSS). Bien qu'il apparaisse nécessaire de reconsidérer le montant de l'aide annuelle octroyée aux
ménages français (en moyenne 90 euros pour l'électricité et 102 euros pour le gaz), ces dispositifs
ont la vertu d'exister et d'aider les ménages économiquement vulnérables à disposer d'une aide au
paiement de leur facture d'énergie. Concernant le fioul domestique qui, faut-il le rappeler, est la
troisième énergie permettant à 10 millions de Français de se chauffer - que proposent les pouvoirs
publics ? Rien. Aucune aide. Et pourtant, aujourd'hui en France, un précaire énergétique sur trois
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se chauffe au fioul domestique. Une injustice que rien ne justifie.
Entre 3,5 et 4,5 millions de ménages en situation de précarité énergétique
La précarité énergétique est un phénomène complexe et multiforme résultant de la combinaison
de trois principaux facteurs : faiblesse des revenus, mauvaise performance énergétique du
logement et difficultés à payer les factures d'énergie. Il est également communément admis que la
France compte aujourd'hui entre 3,5 [ii] et 4,5 [iii] millions de ménages en situation de précarité
énergétique et la situation économique laisse à penser que le phénomène devrait s'aggraver dans
les années à venir.
Un sur trois se chauffe au fuel, souvent en zone rurale
Si l'on s'en tient aux seules données de l'INSEE (2006), sur les 3,5 millions de ménages en
situation de précarité énergétique, un sur trois se chauffe au fioul domestique[iv]. Bien qu'il soit peu
aisé de définir le profil type, on sait que 46% des précaires chauffés au fioul ont plus de 65 ans[v],
qu'ils sont majoritairement propriétaires (62%) et vivent en milieu rural dans des maisons
individuelles construites avant 1975 [vi] . Enfin, si l'on se concentre uniquement sur les ménages
appartenant au quartile inférieur du niveau de vie, on compte 550 000 [vii] ménages chauffés au
fioul domestique en situation de grande détresse. C'est cette population, faut-il le préciser, qui
compte tenu de son âge avancé est la plus exposée à une surmortalité hivernale, moins
spectaculaire que celle des grandes canicules mais tout aussi, et si ce n'est plus meurtrière :
pathologies respiratoires dues à l'humidité, intoxications liées à l'utilisation de chauffage d'appoint
défectueux, pathologies psycho-sociales causées par un environnement délabré[viii], etc.
Et pourtant, en France comme chez nos voisins européens, des solutions existent …
Sur la période 2005-2009, l'Etat français a proposé une aide annuelle exceptionnelle aux ménages
non-imposables impactés par l'augmentation du prix du fioul domestique. Cette « prime à la cuve »
a même été portée à 200 euros en 2009 alors que le prix du baril venait d'atteindre un plus haut
historique (143 dollars en juillet 2008). Par la suite, du fait de l'effondrement du prix du baril de
pétrole (34 dollars en janvier 2009), la mesure ne fut pas renouvelée. Seulement voilà, depuis cette
date, le prix du baril de pétrole est repassé au-dessus des 100 dollars, ce qui aurait dû conduire au
retour d'un dispositif d'aide.
En Grande-Bretagne, en Belgique, des aides non négligeables
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LA TRIBUNE 14/05/2014
Il ne faut d'ailleurs pas aller très loin chez nos voisins européens pour se rendre compte que la
France a fait preuve d'une grande négligence sur le sujet. En Angleterre, les pouvoirs publics, via le
programme Winter Fuel Payment, allouent une aide annuelle de 120 à 360 euros pour les ménages
fuel poor de plus de 60 ans se chauffant au fioul domestique. En Belgique, le Fonds Social
Chauffage - fruit de la collaboration entre les pouvoirs publics, les CPAS[ix] et le secteur pétrolier alloue depuis 10 ans une aide de 210 à 300 euros aux ménages chauffés au fioul en situation de
précarité énergétique.
140 millions d'euros nécessaires
Selon la définition retenue et sur la base des chiffres INSEE de 2006, le nombre de précaires
énergétiques chauffés au fioul domestique se situe entre 550 000 et 1 100 000. En 2009, et à la
demande du Gouvernement, le Groupe pétrolier Total avait financé sur ses propres fonds la prime
à la cuve et 700 000 familles avaient ainsi été aidées. Si l'on s'en tient à ce chiffre et sur la base
d'une aide annuelle de 200 euros, le financement annuel nécessaire pour venir en aide aux
ménages chauffés au fioul en situation de précarité énergétique, est de 140 millions d'euros.
Toutefois, et alors que le fioul domestique va connaître une nouvelle taxation en 2015 du fait de la
mise en place de la Contribution Climat Energie (CCE), il n'est pas soutenable - comme ce fut le
cas précédemment - de faire supporter ce financement par les professionnels du secteur pétrolier !
D'autant moins acceptable que le TPN via la CSPE[x], et le TSS via la CTSS[xi], sont entièrement
financés par l'ensemble des consommateurs français (y compris ceux chauffés au fioul) et que les
frais de gestion liés à la mise en œuvre des tarifs sociaux par les fournisseurs d'électricité et de
gaz, sont, eux aussi, entièrement compensés.
L'écologie ne doit pas devenir un obstacle à la solidarité !
Sous l'impulsion notamment de l'ADEME [xii] et du MNE, la mise en place d'un fonds commun
alimenté par l'ensemble des énergéticiens (Gaz, électricité, fioul, GPL, etc.) fait son chemin. Le
financement de ce fonds pourrait se faire soit par la création d'une nouvelle taxe sur les énergies
n'en disposant pas (sorte de «CSPE, du fioul » permettant de faire financer l'aide au paiement de la
facture d'énergie par l'ensemble des français), soit par la réaffectation d'une partie du produit de
taxes existantes. Rappelons à ce titre, que la Contribution Climat énergie qui va notamment taxer le
fioul domestique, devrait rapporter à l'Etat 2,5 milliards en 2015 et 4 milliards en 2016.
Par ailleurs, et depuis la disparition de la prime à la cuve, l'augmentation du prix du fioul représente
pour l'Etat français une véritable aubaine. Ainsi, depuis 2010, les excédents dégagés par les
recettes supplémentaires de TVA assise sur le fioul domestique représentent plus d'un
demi-milliard d'euros. Le fruit de cette recette fiscale exceptionnelle aurait permis de financer la
totalité des 140 millions d'euros annuels nécessaires pour aider les ménages les plus vulnérables.
Nous pourrions enfin mentionner ici la Taxe Intérieure de Consommation (ex-TIPP), importante
source de recettes fiscales pour l'Etat et à laquelle les autres énergies de chauffage échappent.
118 Opinions
LA TRIBUNE 14/05/2014
Il y a urgence à aider les plus nécessiteux
Baisse du pouvoir d'achat pour les français, hiver 2013-14 désastreux pour les professionnels du
secteur de l'énergie, coupes budgétaires ambitieuses pour l'Etat. Le moment est bien mal choisi
pour demander à chacun un effort supplémentaire. Et pourtant, c'est bien parce que la situation
socio-économique actuelle accentue le phénomène de précarité, qu'il y a urgence à aider
davantage les plus nécessiteux. Compte tenu donc de l'ampleur du phénomène, une action
collective, associant les pouvoirs publics, les associations locales et les professionnels du secteur,
doit être engagée. Afin d'en garantir le succès, les pouvoirs publics doivent ouvrir la voie et faire en
sorte que le fruit de l'importante pression fiscale dont fait l'objet l'énergie fioul soit affecté au
financement d'une politique de lutte contre la précarité énergétique ambitieuse et équitable.
La nécessité de combler la dette publique et les principes écologiques, si nobles et vertueux
soient-ils, ne doivent pas devenir le prétexte d'une confiscation de ce qui doit rester l'une des
valeurs intangibles de notre République : la solidarité.
Par Guillaume Bort, Président FioulReduc
[i] MNE, ADEME, CRE, ANAH, Observatoire national de la précarité énergétique, Secours
Catholique, Fondation Abbé Pierre, EDF, GDF Suez, Union Fédérale des Consommateurs Que
Choisir, CLER, UFE, ATD Quart Monde, Terra Nova, etc.
[ii] 3,5M de ménages français disposent d'un Taux d'Effort Energétique (TEE) > 10% (Source
INSEE 2066)
[iii] Les récentes études du rapport Pelletier (2009) et du Médiateur National de l'Energie (2011)
confirment une tendance haussière du phénomène laissant à penser que nous pourrions à ce jour
avoir atteint le chiffre de 4,5M de ménages touchés par le phénomène.
[iv] On recense 1,1M de ménages chauffés au fioul disposant d'un TEE > 10%, sur un total de 3,5M
de ménages français disposant d'un TEE > 10% (INSEE 2006).
[v] La probabilité de se chauffer au fioul domestique est de 12,5% pour la tranche d'âge moins de
40 ans, alors qu'elle est de 26% pour les plus de 70 ans (source : Enquête « Budget de famille
2006 », INSEE).
119 Opinions
LA TRIBUNE 14/05/2014
[vi] 67% des propriétaires de logements chauffés au fioul habitent un logement construit avant 1975
(Source FioulReduc 2014).
[vii] On compte en France 711 000 ménages français chauffés au fioul domestique appartenant au
quartile inférieur de niveau de vie, dont 550 314 disposent d'un TEE > 10%, soit près de 80%
(source INSEE 2006).
[viii] Bafoil (François), Fodor (Ferenc), Le Roux (Dominique), Accès à l'énergie en Europe : les
précaires invisibles, Presse de la Fondation nationale des sciences politiques, 2014, p. 222.
[ix] Centre Public d'Action Sociale (CPAS).
[x] Contribution au Service Public de l'Electricité (CSPE)
[xi] Contribution au Tarif Spéciale de Solidarité (CTSS)
[xii] Rapport d'audit sur les tarifs sociaux de l'énergie, ADEME, Juillet 2013.
120 Opinions
LA TRIBUNE 14/05/2014
OPINIONS > Les pays du Sud, comme le Maroc, entendent bien profiter du
potentiel qu’offre l’Afrique. L’exemple probant de la téléphonie et d’internet, par
Alexandre Kateb économiste et directeur du cabinet Compétence Finance. Il est
l’auteur de "Les nouvelles puissances mondiales. Pourquoi les BRIC changent le
monde" (Ellipses, 2011).
Alexandre Kateb
Télécoms en Afrique : les acteurs régionaux
ont droit à une part du gâteau!
En février 2001, lorsque Jean-Marie Messier, alors PDG de l'ancienne Compagnie Générale des
Eaux rebaptisée Vivendi, avait accepté de débourser 2,3 milliards d'euros pour acquérir 35% du
capital de Maroc Telecom, beaucoup d'analystes et d'observateurs avaient critiqué cette opération,
jugée hors normes. Treize ans plus tard, le groupe Vivendi désormais dirigé par Jean-René
Fourtou, cède pour 4,2 milliards d'euros au groupe émirati Etisalat la totalité de sa part dans le
capital de l'opérateur historique marocain, qui avait été portée entre temps à 51% en novembre
2004 puis à 53% en décembre 2007.
C'est la fin d'une belle histoire franco-marocaine, qui a vu au fil des années l'ancienne « spin-off »
de l'Office Marocain des Postes et Télécommunications se transformer, s'internationaliser et
devenir l'une des entreprises les plus modernes et les plus prospères en Afrique, avec une marge
brute opérationnelle comprise entre 50% et 60% du chiffre d'affaires, et des dividendes qui ont
alimenté avec la régularité d'un métronome les caisses de son actionnaire français de référence, et
celles de l'Etat marocain.
121 Opinions
LA TRIBUNE 14/05/2014
Mais plus qu'un simple passage de relai ou qu'un jeu de mécano capitalistique, le départ du
français et l'arrivée de l'émirati au capital de Maroc Télécom illustre aussi un changement
d'époque, et s'inscrit pleinement dans la recomposition en cours au sein du secteur des
télécommunications en Afrique et au Moyen-Orient. En effet, avec un chiffre d'affaires d'une dizaine
de milliards de dollars en 2013 pas très éloigné de celui du leader africain MTN, et une base de
148 millions clients (contre 208 millions pour MTN), le groupe d'Abu Dhabi, lui aussi opérateur
historique dans son pays d'origine, et présent en Afrique, au Moyen-Orient et en Asie, a des
ambitions considérables. Il veut devenir «le groupe de télécommunications leader et le plus admiré
sur les marchés émergents ».
Quand les émergents aident les émergents
L'acquisition de la majorité de contrôle dans l'opérateur marocain permet ainsi à Etisalat de
développer sa présence en Afrique francophone, en s'appuyant sur un acteur de référence déjà
présent dans cinq pays de la zone. En cédant pour 650 millions de dollars. ses six filiales en
Afrique de l'Ouest et du Centre à son nouveau partenaire marocain, il permet à Maroc Telecom de
devenir un leader régional avec une base de 50 millions de clients, en augmentation constante, et
de concurrencer le groupe français Orange dans cette zone. Pour le Maroc, c'est aussi une étape
supplémentaire dans la concrétisation de la vision et de la politique africaine du roi Mohammed VI,
qui veut faire de son pays un moteur de l'intégration africaine et un hub de l'investissement et des
affaires entre l'Afrique et le reste du monde.
On assiste donc bel et bien à l'apparition d'une dynamique Sud-Sud dans le secteur des télécom
africain, avec l'émergence d'acteurs régionaux, qui sont en concurrence avec les grands
opérateurs issus du Nord, comme Orange ou Vodacom, la filiale sud-africaine du groupe
britannique Vodafone, mais aussi avec des acteurs issus d'autres zones émergentes, à l'instar de
l'indien Bharti Airtel. Ce dernier, déjà leader en Inde avec une part de marché de 30% et une base
de près de 200 millions de clients, a mis le pied de manière fracassante sur le continent africain, en
rachetant en mars 2010 pour plus de dix milliards de dollars quinze filiales africaines de l'opérateur
koweitien Zain, et en s'offrant par la même occasion une base de clients africains qui s'élève
aujourd'hui à 70 millions.
L'enjeu de la 3G
Ces opérations de fusions-acquisitions transfrontalières Sud-Sud devraient s'accélérer dans les
années à venir, car le niveau des dépenses d'investissement (CAPEX) devrait rester élevé - entre
15% et 20% du chiffre d'affaires - pour faire face aux besoins de maintenance et de développement
des infrastructures, alors que dans le même temps le prix unitaire des services (minutes de
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LA TRIBUNE 14/05/2014
communication, mégabits de données) a tendance à chuter avec l'intensification de la concurrence.
Les opérateurs font face à deux défis commerciaux et technologiques majeurs.
D'une part, lorsque le taux de pénétration de la téléphonie mobile atteint la saturation dans les
zones urbaines, ils faut cibler des clients beaucoup moins solvables situés dans des zones rurales
isolées, avec des coûts d'exploitation (OPEX) beaucoup plus élevés. D'autre part, pour maintenir
leurs parts de marché dans les zones déjà couvertes, les opérateurs doivent rivaliser d'imagination
pour proposer toujours plus de services à un prix toujours plus abordable. Sur le segment de la
clientèle urbaine au pouvoir d'achat le plus élevé, l'enjeu est aujourd'hui l'extension de la
couverture en internet à haut débit (3G), à mesure que l'équipement en smartphones gagne du
terrain, ce qui entraîne de nouvelles dépenses d'investissement en infrastructures.
Un développement stratégique
Selon la maturité des différents marchés et l'intensité de la concurrence, l'accent sera donc plutôt
mis sur l'extension du réseau 2G ou sur le développement du réseau 3G, voire du lancement de la
4G, comme c'est le cas dans les métropoles urbaines en Afrique du Sud, en Afrique du Nord
(Algérie, Maroc, Tunisie) et dans quelques autres pays (Nigéria, Kenya, Côte d'Ivoire, …).
Bien souvent, il s'agit de conduire de front ces différents développements en réalisant une
segmentation stratégique et commerciale très fine des clients, et en confrontant le potentiel de la
demande à la faisabilité de l'offre. Dans ce contexte, un paradigme innovant émerge en Afrique
autour de l'externalisation des antennes-relais à des sociétés spécialisées (IHS Africa, HTA, Eaton,
…), qui relouent ensuite ces équipements aux opérateurs sur un mode mutualisé. On passe ainsi
d'une situation de concurrence destructrice pour tous à un modèle de coopération
gagnant-gagnant, à la fois pour les opérateurs qui n'ont plus à assurer les coûts d'exploitation
élevés de ces infrastructures (notamment en énergie électrique), et pour ces sociétés spécialisées
dont cela devient le cœur de métier. Cela permet aussi de réduire les barrières à l'entrée sur un
marché pour un opérateur qui ne dispose pas d'un réseau sur place, voire même de mutualiser le
développement de nouveaux réseaux comme la 3G et la 4G. Et cerise sur le gâteau, on assiste au
déploiement d'antennes-relais associés à des batteries et des panneaux solaires qui servent aussi
à alimenter les pompes à eau, les dispensaires et les écoles.
Dans 10 ans, internet aura pénétré l'Afrique
Le déplacement de l'attention de la téléphonie vers l'internet à haut débit et les réseaux de données
redonne en outre des couleurs aux opérateurs historiques, comme Maroc Télécom ou Telkom, qui
contrôlent les interconnexions internationales à travers leur participation au déploiement de grands
câbles sous-marins transcontinentaux entre l'Europe, l'Asie et l'Afrique. Si on ajoute à cela la
123 Opinions
LA TRIBUNE 14/05/2014
diffusion des liaisons satellitaires dont le coût a tendance à baisser, avec l'arrivée dans ce secteur
de nouveaux acteurs low cost issus du Sud (émiratis, singapouriens, indiens, sud-africains), le
comblement de la fracture numérique entre l'Afrique et le reste du monde s'annonce imminent.
C'est l'affaire de dix à quinze ans tout au plus avant que le taux de pénétration de l'internet en
Afrique subsaharienne (actuellement autour de 10% de la population, hors Afrique du Sud) ne
rejoigne les standards mondiaux.
De plus, l'Afrique n'est pas seulement un « continent suiveur » en matière de nouvelles
technologies. Un foisonnement d'initiatives pionnières utilisant l'internet mobile pourrait transformer
la vie des Africains et inspirer le reste du monde.
L'innovation, accélérateur de croissance
C'est le cas avec le développement fulgurant des applications de banque mobile, illustré par le
succès du système M-Pesa de Safaricom au Kenya et de la solution GIM-Mobile, déployée dans
toute l'UEMOA dans le cadre d'un partenariat public-privé unique en son genre, ou encore avec la
diffusion d'applications dans la santé (le programme DJOBI soutenu par Orange vise ainsi à réduire
de 30% la mortalité infantile en Afrique de l'Ouest), l'éducation (l'opérateur MTN, associé à Intel au
Nigéria, a conçu un service très apprécié de préparation aux examens sur mobile), et l'agriculture
(Maroc Telecom a ainsi déployé une solution mobile innovante pour aider les éleveurs à déterminer
la capacité de charge de leurs pâturages).
Selon différentes études (BAD, GSMA, etc.) la généralisation de ces initiatives d' «innovation
frugale» et plus généralement la diffusion des usages sociaux associés aux nouvelles technologies,
pourraient permettre de réaliser des gains de productivité considérables et d'accélérer l'émergence
de l'Afrique. Au delà des considérations financières, commerciales et technologiques, c'est l'enjeu
principal de la bataille des télécom en Afrique, et les acteurs issus du Sud en sont bien conscients.
Ils sont bien placés, compte tenu de leur propre expérience historique, pour réconcilier ces
différentes dimensions, et pour les mettre au service d'une croissance toujours plus inclusive, et
d'un développement toujours plus solidaire.
124 Opinions
LA TRIBUNE 14/05/2014
OPINIONS > Alors que les élections viennent de conforter le pouvoir de l’ANC, un
chômage massif, des grèves violentes dans les mines, marquent le pays, qui ne
pourrait ne plus être la première économie africaine par Quentin Gollier,
consultant
Quentin Gollier
L'Afrique du Sud en plein doute
« Quelle que soit la façon dont vous la regardiez, l'Afrique du Sud est une nation de contradictions
massives entre les riches et les pauvres, modernité et arriération, espoir et réalisme » observait
Geoff Gallop en octobre 2013. La « nation arc-en-ciel », qui vient de réélire à près de 60% l'African
National Congress (ANC) de Nelson Mandela, subit aujourd'hui un chômage touchant un tiers des
actifs et une fracture sociale marquée par des grèves extrêmement violentes, notamment dans le
secteur minier. Menacée par une montée angoissante des populismes due à la corruption
rampante des cadres régionaux et du président de l'ANC, Jacob Zuma, le pays traverse aujourd'hui
une phase de doute sur sa capacité à relever ses défis internes au moment où d'autres pays
africains tel que le Nigéria commencent à réclamer leur place au sommet de la hiérarchie du
continent.
Sortir de la tutelle corrompue et inefficace de l'ANC
Marquée principalement par l'absence totale de suspense, l'élection nationale qui s'achève
reconduira à peu de chose près l'équilibre des forces la précédente Assemblée Nationale, l'ANC
occupant environ 250 des 400 sièges. L'Alliance Démocratique, de droite libérale, menée par
l'énergique Hellen Zille, demeure le parti d'opposition le plus crédible avec 22,2% des voix et le
125 Opinions
LA TRIBUNE 14/05/2014
seul gouverneur non-ANC du pays, dans la province du Cap Occidental. Malgré un écho
considérable dans les médias et une certaine fascination des reporters étrangers sur place, les
Economic Freedom Fighters (EEF) de Julius Malema - maoïste et cachant mal son racisme
anti-blanc - se traînent péniblement à 6,3% des voix, en dépit d'une campagne de masse et des
promesses de nationalisations massives. Reflétant l'immobilisme politique qui prévaut en Afrique
du Sud depuis la fin de l'apartheid, cette élection réitère les doutes de nombreux observateurs sur
la capacité du pays à se sortir de la tutelle corrompue et inefficace de l'ANC, encore nimbé de
l'aura du défunt « Madiba ».
Une idéologie anti-business
Malgré une tentative de libéralisation limitée avec le Plan de Développement National (NDP), l'ANC
reste en effet engoncée dans une idéologie redistributive et anti-business qui empêche la sortie du
sous-développement de larges pans de la société. Critiqué par l'aile gauche du parti, le NDP a déjà
été expurgé de nombre de ses composantes principales et, malgré plusieurs zones d'essai
concluantes, sera probablement abandonné dans les prochains semestres. « Zuma continuera-t-il
à soutenir le NDP ou opérera-t-il en zigzag selon les besoins expédients de la journée, comme il le
fait déjà dans sa gestion des politiques publiques ? » résume ainsi Richard Calland de l'Université
du Cap. Alors même qu'il est empêtré dans un scandale autour du financement par l'Etat de
travaux réalisés dans sa propriété à hauteur de 25 millions de dollars, Jacob Zuma apparait de plus
en plus mal placé pour mener les réformes d'envergures dont le pays a pourtant dramatiquement
besoin.
Des barrières aux investissements étrangers, une réglementation absconse
Un droit du travail rigide et de véritables barrières aux investissements étrangers sont les
problèmes les plus fréquemment cités pour expliquer le taux de chômage massif qui ronge le pays,
alors que seulement 43% des adultes en âge de travailler ont un emploi. Attirées par les
promesses d'un large marché de 55 millions d'habitants soutenu par un généreux système de
subventions, de nombreuses entreprises étrangères se trouvent piégées par par un système de
réglementations absconses et une difficulté récurrente à trouver des ressortissants sud-africains
qualifiés pour occuper les postes de responsabilité.
Les PME, locales ou internationales, sont les plus touchées par ces rigidités légales, et ont des
difficultés considérables à s'élargir. Cette situation rend très difficile l'assimilation économique des
masses pauvres se tassant dans les townships des périphéries urbaines, les obligeant à se tourner
vers une économie informelle aux fondamentaux fragiles et sans aucune perspective d'avenir.
Des tensions sociales, revendications pour plus de services publics
Cette contraction des opportunités a créée des tensions sociales qui se sont cristallisées de façon
tragique en août 2012 pendant le massacre de Marikana, qui a vu la mort de 34 mineurs en grève
126 Opinions
LA TRIBUNE 14/05/2014
au cours d'une véritable bataille rangée avec les forces de police venues les déloger. La
contestation générale contre l'administration prend également une ampleur inégalée depuis deux
ans : selon les chiffres du South African Institute of Race Relations, le nombre de manifestations
majeures revendiquant davantage de services publics a doublé entre 2011 et 2013.
Ce climat tendu est propice à l'émergence d'hommes politiques opportunistes cherchant à
instrumentaliser les problèmes raciaux pour leur propre gain électoral. Si l'EEF de Mr. Malema n'a
pour l'instant pas réussi à réunir un corps électoral important, ses déclarations enflammées prenant
le Zimbabwe de Mr. Mugabe en exemple pourraient progressivement lui apporter une base de
soutiens suffisante pour lui permettre d'entrer au gouvernement. « Les fermiers Afrikaners n'ont
qu'un seul passeport » a un jour déclaré Mr. Malema, « ils n'ont nulle part où aller »…
Pourtant, de nombreuses opportunités existent...
Ce retour sur le devant de la scène des divisions raciales que l'on croyait enterrées depuis la fin de
l'apartheid ne doit pas faire oublier que l'Afrique du Sud dispose toujours d'importants atouts à
jouer sur la scène internationale. Son système minier demeure dynamique, elle profite de marchés
captifs dans le cône sud du continent qu'elle domine sans partage et dispose toujours d'une classe
aisée dynamique et bien connectée aux flux économiques mondiaux.
Le principal défi du pays sur les prochaines années sera donc d'ouvrir des opportunités à toutes les
catégories sociales, ce qui passera nécessairement par une limitation du pouvoir des syndicats aux
prérogatives extrêmement étendues en matière de négociations salariales. Leur connexion avec
tous les étages de l'ANC rend cette perspective peu probable. A l'heure actuelle, seule une crise
économique ou un déclin visible de la popularité de ce parti ouvrirait la voie à ce genre d'action
politique, peu populaire auprès d'importantes couches de la population, mais pourtant si
nécessaire.
L'Afrique du Sud reléguée au second rang des nations africaines?
Le doublement instantané du PIB du Nigeria suite au changement de son mode de calcul a été
accueilli avec un certain scepticisme par la presse johannesbourgeoise. L'Afrique du Sud s'est en
effet brusquement retrouvée reléguée en seconde place sur l'échelle économique d'un continent
qu'elle est si habituée à dominer par son dynamisme. « La proportion réelle de l'ajustement sera
probablement moins importante que l'effet psychologique qu'elle aura sur la perception de
l'Afrique » pronostiquait le Mail & Guardian le 6 avril. Face à l'ascension de rivaux à l'appétit
régional aiguisé, l'Afrique du Sud aura fort à faire pour conserver son statut de première puissance
africaine tout en apaisant ses tensions internes.
127 Opinions
LA TRIBUNE 14/05/2014
OPINIONS > Les entreprises de taille intermédiaires (gazelles) sont la seule
chance de la France de renouer avec la croissance. Pour Guillaume Cairou
président directeur général de Didaxis, il faut leur redonner certains avantages...
Guillaume Cairou
Croissance recherche gazelles
L'innovation détermine notre niveau de croissance. Soutenir l'innovation c'est avant tout soutenir
l'entrepreneuriat. Si la France a besoin de soutenir la création d'entreprises, c'est avant tout parce
que plus les entreprises seront nombreuses, plus il y a de chance que s'y trouvent une pépite
précieuse susceptible de devenir une gazelle.
Rendre aux ETI leurs avantages
Nous y voilà. Une gazelle c'est une entreprise de taille intermédiaire (ETI), qui compte entre 250 et
5000 employés et un chiffre d'affaire compris entre 10 millions et 70 millions d'euros par an. C'est
de ce genre d'entreprises dont notre économie a grand besoin pour
redémarrer. Nous souffrons de ne pas identifier nos PME prometteuses car elles ont besoin d'être
aidé pour être propulsées à l'international.
Ce sont les PME en croissance qui font l'attractivité d'une économie grâce à leur forte compétitivité.
128 Opinions
LA TRIBUNE 14/05/2014
Nous devons mener une politique de soutien à ces PME afin de les aider à poursuivre leur
croissance. Si notre gouvernement a enfin compris qu'il fallait encourager la création d'entreprises,
il doit désormais mesurer l'importance de s'engager auprès de ces PME de croissance. Il ne s'agit
pas simplement de les valoriser. Il faut rendre à ces gazelles, le dispositif instauré par la loi de
finances pour 2007 qui leur apportait des avantages fiscaux spécifiques comme le gel partiel de
l'impôt sur les sociétés, le décalage de paiement des cotisations sociales des salariés
nouvellement embauchés ainsi que le remboursement anticipé du crédit d'impôt recherche.
Une bouffée d'oxygène
La restauration de ces dispositifs est essentielle. Les entrepreneurs qui prennent des risques et
réussissent en obtenant une belle croissance ont besoin d'être encouragés. La politique fiscale est
un puissant levier en la matière même si l'on a encore trop tendance à
entendre le contraire. Les débats souvent animés de ces deux dernières années ont rappelé
que les lourdeurs de la bureaucratie, la pression fiscale et le droit du travail sont des obstacles à la
croissance des petites entreprises.
Les gazelles sont les véritables moteurs du progrès économique et social. En leur offrant une
charge fiscale allégée, et des dispositifs fiscaux incitatifs leur permettant d'accroître leurs fonds
propres, nous contribuerons à les solidifier tout en leur permettant d'innover encore plus. Les
allègements fiscaux et sociaux que nous leur accorderons leur offriront la bouffée d'oxygène dont
ces entreprises,malgré leur dynamisme, manquent.
Un coup d'accélérateur nécessaire
Le déficit commercial record de la France doit nous pousser à relancer le débat sur le rôle des PME
dans notre croissance. Le retour du dispositif gazelles permettra de donner un coup d'accélérateur
à la création d'entreprises dont nous avons terriblement besoin.
Nos entreprises de croissance ont besoin de ce statut adapté. Offrons-leur… et rappelons à nos
hommes et à nos femmes politiques qui aiment tant visiter nos entreprises en période électorale,
cette citation de Peter Drucker : « Chaque fois que vous voyez une entreprise qui
réussit, dites-vous que c'est parce qu'un jour quelqu'un a pris une décision courageuse ».
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LA TRIBUNE 14/05/2014
OPINIONS > La Tribune publie chaque jour des extraits issus des analyses
diffusées sur Xerfi Canal. Aujourd’hui, Matteo Renzi et... la relance à l’italienne
Alexandre Mirlicourtois, Xerfi
Matteo Renzi et... la relance à l'italienne
Croissance d'abord, respect du pacte de stabilité ensuite. C'est bien le sens des premières
mesures du nouveau 1er ministre Italien.
Matteo Renzi a ainsi annoncé un plan de relance de 90 milliards d'euros dont les 3 volets
principaux sont, du côté des ménages, un allégement de la fiscalité sur les bas revenus de 10
milliards d'euros.
Du côté des entreprises, il s'agit une réduction de 10% de la taxe professionnelle, un allègement de
la facture énergétique et surtout le paiement des 68 milliards d'arriérés du secteur public.
Le dernier volet concerne l'investissement public avec le déblocage d'une enveloppe de 5 milliards
d'euros pour la rénovation des bâtiments scolaires et l'aménagement du territoire. Si le financement
de ce plan reste flou, il est clair que le déficit public va déraper. Mais à la grande différence de la
France, l'Italie dispose de petites marges de manœuvre budgétaire avec seulement 3% de déficit
public.
Non, l'Italie ne souffre pas de son déficit public mais bien plus de son déficit de croissance.
Avec une hausse de 0,1% de son PIB au 4ème trimestre, elle vient à peine de sortir de plus de 2
années consécutives de récession, la plus longue période connue depuis l'après-guerre. Mais ce
retour très timide de la croissance ne laisse pas espérer d'une bonne année 2014 avec un acquis
de croissance légèrement négatif (-0,1%).
Surtout, le PIB italien vient juste de retrouver son niveau du 2ème trimestre 2000 : c'est 14 ans de
perdus. On comprend donc mieux la volonté du gouvernement italien d'entretenir et de pousser la
croissance naissante. Une croissance qui ne tient qu'au fil très ténu des exportations.
Des exportations qui ont renoué avec leurs meilleurs niveaux mais qui ont tendance maintenant à
faire du surplace et campent sous le plafond des 400 milliards d'euros. Bref, l'Italie ne peut s'en
remettre à la seule demande externe pour se relancer. Cela se voit, dans le décalage croissant
entre les succès extérieurs italiens et la production industrielle qui ne se relève toujours pas et
reste très loin de ses niveaux d'avant crise.
Pour bien comprendre cette différence, il faut se pencher sur les particularités du tissu productif de
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LA TRIBUNE 14/05/2014
la péninsule. L'Italie, c'est le royaume des PME et des micro-entreprises. Elles forment la
quasi-totalité d'un parc fort de plus de 6 millions d'entreprises, deux fois plus que celui de la France
!
Or, par nature ces petites unités sont branchées sur la demande intérieure. Ce n'est d'ailleurs
pas un hasard si la Lombardie, siège des grandes entreprises italiennes et des ETI tournées vers le
grand large a relativement peu souffert, même au moment les plus sombres de la grande récession
avec un PIB régional en repli de 2,6% entre 2008 et 2012. De son côté, la Vénétie, emblème de
cette tradition industrielle portée par les petites entreprises chutait elle de 8,1%.
Les arbitrages du gouvernement Renzi sont donc bien moins paradoxaux qu'il n'y paraît : le
problème crucial dont souffre l'économie italienne c'est celui de l'endettement public qui atteint
130% du PIB et dont la dérive reste préoccupante. Or ce n'est pas le déficit public, sous contrôle à
3% du PIB qui en est la cause mais bien le déficit de croissance.
Et avec un excédent courant de plus 12 milliards d'euros dégagés en 2013, la relance de la
demande constitue bien l'arme la plus efficace pour stabiliser la dette : il suffirait juste pour cela que
l'Italie accroche 2,5% de croissance en valeur soit 1,5% environ en volume. C'est largement à sa
portée.
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