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Demand of money in Morocco: test of
stability and its implications for the
monetary policy efficiency
Chourouk Moudine and Younes El Khattab
Universit´e Hassan II Casablanca - Mohamm´edia
January 2013
Online at https://mpra.ub.uni-muenchen.de/70167/
MPRA Paper No. 70167, posted 24 March 2016 18:05 UTC
DEMANDE DE MONNAIE AU MAROC :
ETUDE DE STABILITE ET IMPLICATIONS SUR
L’EFFICACITE DE LA POLITIQUE MONETAIRE
Younes EL KHATTAB
Doctorant à l'Université Hassan II Mohammedia Casablanca
Email : younes.master@hotmail.com
Chourouk MOUDINE
Doctorante à l'Université Hassan II Mohammedia Casablanca
Résumé
La théorie monétariste assigne à la Banque centrale la mission du maintien de la stabilité des
prix et privilégie le contrôle des agrégats monétaires pour atteindre cet objectif ultime et ce, en
retenant comme principale hypothèse la stabilité de la demande de monnaie. Inspirées par cette
approche, les autorités monétaires marocaines ont opté pour une politique axée sur la poursuite d’un
objectif intermédiaire de croissance monétaire. Ce mode d’action reste toutefois soumis à une
multitude de contraintes imposées par l’accélération du processus des réformes et des innovations sur
le marché monétaire et financier. Ces mutations structurelles alimentent la controverse sur l’hypothèse
de la stabilité de la demande de monnaie, ce qui rend nécessaire l’évaluation de l’efficacité de
l’approche monétariste retenue par l’Institut d’émission.
Mots-clés : Politique monétaire, innovations financières, stabilité de la demande de monnaie,
ciblage de l’inflation.
Summary
Monetarist theory assigns to the Central Bank's the mission of maintaining price stability and
favors the control of monetary aggregates to achieve this ultimate goal and, by taking as the main
assumption of the stability of money demand. Inspired by this approach, the Moroccan monetary
authorities have opted for a policy based on the pursuit of an intermediate target for monetary growth.
This mode of action remains subject to a variety of constraints imposed by the acceleration of reforms
and innovations in the monetary and financial markets. These structural changes feed the controversy
on the assumption of the stability of money demand, which makes it necessary to evaluate the
effectiveness of the monetarist approach adopted by the Central Bank.
Keywords : Monetary policy, financial innovations, stability of money demand, inflation targeting.
1
INTRODUCTION
La politique monétaire constitue un outil indispensable dont dispose les pouvoirs
publics pour atteindre leurs objectifs économiques majeurs. Cette politique s’appuie dans sa
mise en œuvre sur une batterie d’instruments de contrôle. L’orientation de la politique
monétaire dépend en grande partie de l’environnement institutionnel, elle tient également
compte des contraintes imposées par la conjoncture économique.
Deux principales orientations ont marqué la politique monétaire au Maroc, la première
orientation reposait sur des mécanismes de contrôle direct qui ont joué un rôle important dans
l’assèchement de la liquidité et la maîtrise de l’inflation. Toutefois, ils n’ont pas manqué de
lacunes et de défaillances, ce qui a motivé leur abolition et leur remplacement par les
mécanismes de contrôle indirect. Ce changement a marqué le début d’une deuxième phase
caractérie par une nouvelle orientation de la politique monétaire.
Inspirée par les enseignements du courant monétariste, Bank Al-Maghrib a opté pour
une politique axée sur la poursuite d’un objectif intermédiaire de croissance de l’agrégat M3
(qui a remplacé l’agrégat M1 en 2006). Cette vision est motivée par une hypothèse de stabilité
de la vitesse de circulation de la monnaie et, notamment, de la demande de monnaie. La
vérification de cette dernière conditionne l’efficacité de la politique monétaire au Maroc.
L’hypothèse de stabilité de la demande de monnaie est l’une des hypothèses les plus
importantes et les plus controversées en économie. En effet, elle a fait l’objet de plusieurs
études dont la plupart ont porté sur les économies financièrement dévelopes. Les résultats
de ces études ont confirmé la stabilité de la demande de monnaie jusqu’au milieu des années
70, date qui coïncide avec l’apparition des innovations financières et la prolifération de
nouveaux moyens de paiement et de placement. Ces deux facteurs constituent, à du
phénomène de la globalisation des marchés de capitaux, les facteurs responsables de
l’instabilité apparente des modèles standards de demande de monnaie1.
Dans le cas marocain, plusieurs études empiriques ont porté sur l’étude de la stabilité
de la demande de monnaie. Les résultats diffèrent entre validation et rejet de cette stabilité.
On pourrait citer à titre d’exemple les travaux de ZEJLY [1990], ARRAU et al. [1991],
TAHIRI et HOFFMAN [1994], NSOULI et al. [1995], et ANOUNE et M’KADDEM [1997].2
Constituant le fondement de l’approche monétariste adoptée par les autorités
monétaires marocaines, l’hypothèse de stabilité de la demande de monnaie peut être réfutable
au vu d’un contexte national marqué par l’accélération du processus de réformes et de
modernisation au niveau du marché monétaire et financier. Compte tenu de ce contexte, il
paraît légitime de poser les questions suivantes : la fonction de demande de monnaie est-elle
stable au Maroc ? Et quelles sont les implications d’une éventuelle instabilité de cette fonction
sur l’efficacité de la politique monétaire marocaine ?
Avant d’évaluer l’efficacité de la politique monétaire au Maroc, on va exposer, dans le
cadre de la première section de cet article, les principales étapes par lesquelles a passer
1 EL HAFIDI, M., et al., «La stabilité de la fonction de demande de monnaie M3 au Maroc», Revue de Droit et
d’Economie, Numéro double 21-22, janvier 2006, p 363.
2 BADDI, H., «La stabilité de la fonction de demande de monnaie au Maro, Actes de l’Ecole Académique,
Modélisation et prospective économique, Deuxième session 2010, Juin 2011, p 42.
2
cette politique, tout en accordant une attention particulière au cadre stratégique et opérationnel
de la politique monétaire actuelle. On va consacrer la deuxième section à la définition de la
fonction de demande de monnaie dont la stabilité sera testée par la suite. Les résultats de ce
test seront exploités dans l’évaluation de l’efficacité de la politique monétaire marocaine.
1. EVOLUTION DE LA POLITIQUE MONETAIRE AU MAROC
Après avoir privilégié pendant des décennies l’action directe sur la liquidité bancaire,
Bank Al-Maghrib a procédé, au cours des années 90, à la refonte de sa politique monétaire en
optant, notamment, pour des outils de contrôle indirect qui, en raison de leur souplesse,
permettent de répondre au mieux aux exigences que requièrent les fluctuations des trésoreries
bancaires. L’évolution du contexte économique et financier marocain pendant les années
2000, a poussé l’Institut d’émission à réviser une deuxième fois le cadre stratégique et
opérationnel de sa politique monétaire. Ces différentes étapes seront passées en revue dans le
cadre de cette première section.
1-1 La politique monétaire au Maroc jusqu’au début des années 90
La politique monétaire au Maroc était basée, jusqu’au début des années 90, sur des
instruments de contrôle direct qui permettaient à Bank Al-Maghrib d’atteindre son objectif de
croissance monétaire à travers une action directe sur la liquidité et les crédits bancaires. Cette
panoplie d’instruments était composée principalement de l’encadrement du crédit, des
emplois obligatoires et de la technique du réescompte. Les autorités monétaires ont également
adopté le principe de la sélectivité des crédits.
1.1.1. L’encadrement du crédit
L’encadrement du crédit est le procédé par lequel la Banque centrale limite l’extension
des concours bancaires en leur fixant un taux maximum d’expansion au cours d’une période
déterminée. Ce moyen coercitif très strict était particulièrement efficace pour limiter la
croissance de la masse monétaire, via un contrôle direct des crédits. Les autorités monétaires
marocaines ont abandonné définitivement cet instrument en 1991.
1.1.2. Les emplois obligatoires
En imposant aux banques un certain nombre d’emplois obligatoires, l’Institut
d’émission cherchait à limiter les liquidités bancaires et ainsi la capacité des banques à
transformer leurs disponibilités en crédits. Ces emplois permettaient également à Bank Al-
Maghrib d’orienter les concours bancaires vers le Trésor et les secteurs jugés prioritaires par
les pouvoirs publics. Parmi les principaux emplois obligatoires on peut citer :
La réserve monétaire : c’est l’instrument par lequel les autorités monétaires
agissent directement sur les liquidités bancaires, obligeant les banques à déposer
dans un compte spécial bloqué auprès de l’Institut d’émission une fraction
déterminée de leurs dépôts. Cette technique empêche ainsi les établissements
bancaires de créer autant de monnaie qu’ils désirent. En cas de dépassement, des
pénalités sous forme de réserves obligatoires supplémentaires, sont généralement
prévues.
3
Le plancher d’effets publics : c’est le portefeuille minimum que chaque
établissement bancaire devait détenir en bons du Trésor. Bank Al-Maghrib visait, à
travers cette mesure quantitative, à orienter une partie des dépôts bancaires vers le
financement du déficit budgétaire.
Le portefeuille des bons de la CNCA3 : cette mesure sélective était destinée à
promouvoir le financement des projets agricoles. En effet, les banques étaient
amenées à consacrer une partie de leurs dépôts à l’acquisition des bons de la
CNCA contribuant ainsi à l’accroissement des ressources de cet Organisme
Financier Spécialisé.
Le portefeuille des crédits à moyen terme réescomptables (CMTR) : cette
technique sélective permettait à la Banque centrale de favoriser le financement de
l’investissement particulièrement celui des PME4 et ce, en obligeant les
établissements bancaires à consacrer une partie de leurs dépôts à la distribution des
crédits à moyen terme réescomptables.
1.1.3. La technique du réescompte
Le réescompte est une technique de refinancement qui permettait aux établissements
bancaires de mobiliser leurs créances à court terme auprès de Bank Al-Maghrib pour faire
face à leurs besoins de liquidité. La manipulation des plafonds de réescompte exerçait un
effet-quantité sur la liquidité des banques permettant ainsi aux autorités monétaires de
contrôler la quantité de monnaie créée par le système bancaire. Autrement dit, en augmentant
ou en diminuant le plafond de réescompte, l’Institut d’émission cherchait à stimuler ou à
restreindre la distribution des crédits.
1.1.4. La politique sélective des crédits
Afin de favoriser le financement de certains secteurs stratégiques de l’économie
nationale, les autorités monétaires ont adopté la politique de sélectivité des crédits qui reposait
sur une multitude de mesures :
La non soumission des crédits octroyés à certains secteurs à la politique
d’encadrement du crédit, en particulier les crédits aux récoltes céréalières, les
crédits à moyen terme réescomptables et les crédits à l’exportation.
Le réescompte hors plafond pour les crédits à moyen terme réescomptables, les
crédits de préfinancement à l’exportation et les créances nées à l’exportation.
Le réescompte à taux préférentiels, notamment pour les avances sur marchandises,
les créances nées sur l’étranger et les refinancements du CIH5 et de la CNCA.
La fixation des taux d’intérêt à des niveaux relativement bas pour les crédits
destinés aux secteurs prioritaires.
3 Caisse Nationale de Crédit Agricole.
4 Petites et moyennes entreprises.
5 Crédit Immobilier et Hôtelier.
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