Sujet : les cycles économiques : explication monétaire ou explication réelle ? Introduction : Entrée en matière : Les économies connaissent certaines fluctuations du PIB, des prix, de l’emploi, etc. Quand ces fluctuations présentent une périodicité et une ampleur régulières, on parle de cycles qui se succèdent les uns aux autres. Les 3 cycles les plus connus sont : les cycles Kitchin de 3 ans (Variation des stocks), les cycles Juglar (10 ans) et les cycles Kondratiev (50 ans). Présentation du sujet : Ces deux derniers cycles semblent avoir une origine imprécise, pour ne pas dire mystérieuse. Juglar affirmait : « La seule cause de la dépression, c’est la prospérité « (1889). Encore faut-il connaître les causes de la prospérité. Deux grands types de causes sont en général mobilisées : les causes réelles concernant les flux physiques (I, C, innovation, salaires, etc.) et les causes monétaires (stock de métal précieux, masse monétaire, crédit). Problématique : Quelle est la part de responsabilité des facteurs monétaires et réels dans les cycles économiques ? I) L’explication monétaire des cycles a été la première à être proposée dans l’histoire de la pensée économique A- Le rôle du crédit Juglar (1862) de le portefeuille des banques : quand l’encaisse des banques est trop faible par rapport aux crédits accordés =< hausse du taux d’escompte et retournement Hawtrey (1928) et la contrainte de l’étalon-or : expansion monétaire => hausse des stocks (négociants plus influencés que les fabricants) => hausse des prix et de la production. La banque centrale s’inquiète pour la parité en or de la monnaie => hausse du taux de réescompte => baisse des crédits Cassel (fin des années 1920) et l’explication du Kondratiev : l’activité dépend de l’extraction de métal précieux. Découvertes pendant le creux de la phase de dépression. Phase A : abondance d’or => hausse des prix (sauf de l’or) => baisse de i => hausse production => décourage l’extraction. Phase B : rareté de l’or => hausse de i => baisse des prix (sauf de l’or) => encourage l’extraction. Critique : la monnaie scripturale a remplacé la monnaie métallique. B- Le phénomène de surcapitalisation : Hayek, 1931. Hypothèses : économie avec deux secteurs, notion de détour de production. Fonctionnement du modèle : effet d’une impulsion monétaire de la Banque centrale Explique assez bien le cycle des affaires dans les années 1920. Idée reprise par Friedman. Critique : Faible réaction de la production aux variations de prix. C- L’offre de monnaie non anticipée : Lucas, 1972. Cadre : agents rationnels, économie en équilibre, information imparfaite sur la monnaie et les prix Modèle de surprise monétaire : seule la variation de l’offre de monnaie non anticipée entraîne une perturbation dans l’économie (hausse du prix des produits => incitation à produire plus) et le début d’un cycle. L’effet sur l’activité sera d’autant plus fort que la variation est perçue comme transitoire (effet de substitution inter temporel élevé) et que les agents croient que la hausse du prix est limitée au bien qu’ils produisent. Critique de la théorie de Lucas : explique pas la persistance du cyle ; contradiction entre l’HAR et la récurrence des cycles (les agents ne devraient plus se laisser tromper par le gouvernement à la longue). II) Ensuite, d’autres explications, à caractère réel, ont été données A- L’irrégularité du progrès technique dans les cycles longs : Schumpeter, 1939 Phénomène d’innovations en grappes expliquant l’essor en phase A du Kondratiev Ensuite, destruction créatrice, faillite des firmes les plus fragiles, anticipations trop optimistes => phase B 1er K 1787-1840 : vapeur, charbon ; 2ème K : 1843-1897 : chemin de fer ; 3ème K : 1898-1939 : chimie, électricité Critique : pas d’à-coups dans l’apparition du progrès technique, dépenses régulières des Etats et des firmes en R&D. B- Le rôle de l’investissement chez les keynésiens : les causes endogènes oscillateur de Samuelson (1939) : influence des esprits animaux, des vagues d’optimisme et de pessimisme, de l’efficacité marginale du capital (Keynes) Disparités salaires/épargne à l’origine des cycles (Kaldor) Critique : ne peuvent rendre compte des fluctuations auto-entretenues. C- Les chocs de productivité dans la théorie des cycles réels : Cadre théorique : cycles à l’équilibre Fonctionnement : effets d’un choc de productivité sur l’offre de travail Enseignements : la fluctuation n’est plus un cycle mais la tendance même de l’économie Conclusion : Bilan : Très grossièrement on peut avancer le résultat suivant : monnaie => cycles de CT ; innovations, chocs de productivité => cycles de LT. Sur les cycles, la dichotomie libéraux / keynésiens n’a pas d’intérêt heuristique. Il y a conjonction de facteurs monétaires, réels, financiers => nombre élevé de facteurs => pas de cycles réguliers mais plutôt des mouvements ondulatoires de l’activité. Néanmoins, connaître l’origine des cycles peut permettre de les limiter.