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Economie&
société
Supplément du Journal du Jura
Jeudi 27 mai 2010
Encore prématuré d’affirmer
que l’industrie redémarre. La
sinistrose s’estompe, certes,
mais sur les marchés, la
perception de l’avenir reste
encore trouble.
NICOLE HAGER
On retient son souffle. Des
rentrées de commandes
bien timides laissent au-
gurer des jours meilleurs.
Revers de la médaille: la faiblesse
de l’euro face au franc suisse in-
quiète. La crise mettra encore du
temps avant de disparaître des
comptabilités des secteurs orien-
tés vers l’exportation. Si certaines
branches redémarrent bien,
comme la technique médicale, ce
n’est pas encore le cas pour l’in-
dustrie des machines, qui se veut
tout de même optimiste. Ainsi, le
fabricant prévôtois de machines-
outils Tornos a-t-il enregistré pen-
dant les trois premiers mois de
l’année une hausse des entrées de
commandes de 87,5% par rapport
au premier trimestre de 2009.
C’est de bon augure, même si la
firme bernoise estime que son ni-
veau absolu reste bas et ne permet
pas d’opérer sans perte en ce dé-
but d’année. Un retournement de
la situation est toutefois attendu
pour 2011.
Secteur secondaire en attente
Si le dernier SIAMS, salon pré-
vôtois des microtechniques, s’est
véritablement inscrit dans une
dynamique de reprise avec un
nombre d’exposants et de visi-
teurs record, reste désormais à sa-
voir si l’engouement affiché
n’était que de façade ou réel et si
les commandes se confirmeront.
Aux divers stands, on a constaté
un intérêt marqué des visiteurs.
«Cela a bien bougé, mais peu de
contrats ont été signés», relèvent
plusieurs participants. Pour par-
ler d’embellie manifeste, il fau-
drait que les carnets de comman-
des se garnissent davantage en-
core. Pour composer avec le fort
recul de leurs activités, beaucoup
d’entreprises ont biffé des postes.
Plus encore ont imposé le chô-
mage partiel pour sauver des em-
plois. Si reprise il y a, elle s’an-
nonce timide et ne permettra en
tout cas pas de créer des postes
dans un proche avenir.
L’horlogerie redémarre
Dans l’horlogerie, après des
sommets de croissance (2006,
2007, 2008), les exportations suis-
ses sont tombées de bien haut en
2009 (-20% en valeur, -17% en
volume). Depuis novembre der-
nier, on observe cependant un
renversement de tendance. L’es-
poir est de retour. La reprise est
amorcée, mais varie selon les mar-
chés. Fait annonciateur de jours
meilleurs, les stocks ont fondu
chez les fournisseurs. Il s’agit
donc de se remettre au boulot
pour assurer les commandes.
Ces frémissements prometteurs
attisent la confiance encore mesu-
rée d’Anton Bolliger. Le chef du
domaine marché de l’emploi au-
près de l’Office cantonal de l’éco-
nomie bernoise n’est pas en me-
sure de pronostiquer un rebond
de l’économie, la perception de
l’avenir restant encore trouble.
Mais, au regard des demandes de
réduction d’horaire de travail qui
tombent à un rythme moins sou-
tenu sur son bureau (lire ci-con-
tre), il estime «que la situation
n’empire plus». Une constatation
qui incite à l’optimisme, mais pas
encore au lyrisme. /NH
SITUATION ÉCONOMIQUE
Des signes
encourageants
ESPOIR Dans la plupart des branches économiques du pays, les
voyants sont en train de passer du rouge au vert. (LDD)
Sophie Ménard,
secrétaire générale de la
Chambre économique
Bienne-Seeland
Mondialement, la
conjoncture repart. Le
chômage partiel a permis
de sauver des emplois et des entreprises.
C’était essentiel, mais on a sous-estimé les
conséquences psychologiques de la RHT
sur les employés. Des entreprises se sont
retrouvées avec des salariés démotivés,
plus vraiment disponibles. Certaines, quitte
à y perdre un peu, ont préféré réinstaurer
un horaire normal afin de pouvoir
bénéficier d’une bonne réactivité de leurs
équipes dans l’optique d’une reprise.
“
”
«Personne ne peut dire si nous sortons
vraiment de la crise ou s'il s’agit d’un
simple soubresaut.»
Francis Koller, président du SIAMS, Le JdJ du 4 mai 2010
«Nous sommes à mi-chemin entre le
fond du gouffre et le moment où nous
dégagerons des profits.»
Philippe Maquelin, directeur financier de Tornos,
Le JdJ du 12 mai 2010
On redoutait pire encore
Le recours au chômage partiel baisse sensiblement, preuve
s’il en est que les nuages de la récession se dissipent. Le chef
du domaine marché du travail auprès de l’Office cantonal de
l’économie bernoise (Beco) constate néanmoins que nombre
d’entreprises qui terminent une période de réduction de
l’horaire de travail (RHT) de 18 mois font une demande de
prolongation à 24 mois. «Les demandes sont plus ou moins
nombreuses selon la branche, et démontrent qu’il y a encore
des entreprises qui ne voient pas le bout du tunnel.» Anton
Bolliger se veut toutefois optimiste, sous réserve du
développement de la crise grecque: «La situation est opaque,
surtout sur le marché de l’exportation. L’horlogerie a bien
récupéré, ce qui ne semble pas le cas de la machine-outils.
Dans ce secteur, on table sur une reprise à la mi-2011.» Les
derniers chiffres du chômage confirment la tendance à
l’optimisme mesuré: de mars à avril 2010, le nombre de sans-
emploi s’est réduit de 0,1% sur l’ensemble de canton de Berne
et même de 0,3% dans le Jura bernois, alors que le Beco
craignait que cette région ne souffre davantage encore. /nh