Contrôle n°1 - Sujet A, « Le bilan de la guerre » - Correction
Questions
1. Avec respectivement 2, 1,7, 1,5 et 1,4 millions de morts, l’Allemagne, la Russie, l’Autriche-Hongrie et la
France enregistrent les plus fortes pertes humaines. L’impact de ces pertes sur la population totale est par-
ticulièrement élevé pour l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie et la France, qui voient leur population active mas-
culine réduite d’environ 10%.
2a. Le démembrement de l’Autriche-Hongrie contribue à la naissance de nouveaux États : Autriche, Hon-
grie, Tchécoslovaquie, Yougoslavie, Pologne, et à l’agrandissement de la Roumanie.
b. L’Allemagne perd l’Alsace-Lorraine, le Sud du Danemark, l’Ouest de la Pologne ; elle est séparée en
deux par le « corridor de Dantzig ». La Russie perd les territoires correspondant aux États baltes (Finlande,
Estonie, Lettonie, Lituanie) ainsi que l’Est de la Pologne et le Nord-Est de la Roumanie.
c. La France récupère l’Alsace et la Lorraine (perdues en 1870), alors que l’Italie gagne une partie des terri-
toires qu’elle revendiquait : le Trentin et l’Istrie.
3. Paul Valéry compare les États d’Europe à Élam, Ninive, Babylone, cités antiques abritant des civilisa-
tions disparues (« à travers l’épaisseur de l’histoire, les fantômes d’immenses navires qui furent chargés de
richesse et d’esprit »). Pour lui, la civilisation européenne « a la même fragilité qu’une vie » et pourrait bien
disparaître comme « ces empires coulés à pic […], descendus au fond inexorable des siècles ».
4. Comme Otto Dix, Paul Valéry est marqué par la guerre, et porte peu après son dénouement, un regard
douloureux sur cet période.
Mais chacun exprime le choc qu’il a ressenti de manière différente. Paul Valéry, en écrivain et intellectuel,
livre dans un article une analyse lucide et rationnelle de la situation de l’Europe en 1919. Otto Dix, quant à
lui, en tant qu’artiste et ancien combattant, offre un témoignage en représentant avec sa sensibilité, dans
une gravure très sombre, l’agonie d’un blessé, aux membres disloqués, à la grimace béante, au regard
exorbité peut-être à la vue de « l’abîme de l’histoire […] assez grand pour tout le monde »…
Synthèse
La Première Guerre mondiale, qui s’achève le 11 novembre 1918 par la victoire de l’Entente sur les
puissances centrales, a de lourdes conséquences démographiques, territoriales et morales.
Ce conflit a opposé des puissances industrielles dotées d’une force de frappe jusqu’alors inédite. Sur
60 millions d’hommes mobilisés, 9 millions y ont trouvé la mort, et 11,5 millions en sont revenus blessés.
Cela constitue un choc démographique terrible, qui affecte non seulement la population active masculine,
mais aussi l’ensemble de la population par le phénomène des « manque-à-naître ».
Une des principales motivations de la Première Guerre mondiale consistait dans des litiges territo-
riaux : tensions nationalistes dans les Balkans et en Europe centrale, revendications italiennes, litige fran-
co-allemand en Alsace-Lorraine… Dans ces conditions, la Première Guerre mondiale se solde logiquement
par un bouleversement des frontières européennes, durement négocié par une série de traités internatio-
naux, principalement celui de Versailles (1918-1919) : les empires allemand, russe, austro-hongrois (mais
aussi ottoman) ont explosé, suscitant la naissance de nouveaux États-nations et l’élargissement territorial
d’États fondés au XIXe s ; la France récupère l’Alsace et la Lorraine, et l’Italie emporte une partie des terri-
toires qu’elle revendiquait. Mais si, sous la houlette du président des États-Unis, Wilson, le principe du droit
des peuples a prévalu dans le nouveau découpage de l’Europe, ces bouleversements territoriaux n’en sus-
citent pas moins de fortes contestations et des frustrations, tant chez les vainqueurs que chez les vaincus.
Enfin, le premier conflit de cette ampleur et de ce type a fortement marqué les esprits. Les années
d’après-guerre voient se multiplier les témoignages et les analyses qui montrent combien cette expérience
combattante a été traumatisante. Ceux qui ont vécu cette guerre totale, marquée par une brutalisation iné-
dite, sont en effet convaincus d’avoir assisté à un tournant dans l’histoire de leur civilisation.
Le bilan de ce conflit meurtrier, qui a traumatisé l’Europe et redessiné ses frontières, ne s’arrête pas
au lendemain de l’armistice ni du traité de Versailles. L’Europe qui sort abasourdie de cette guerre en se
jurant que ce serait « la der des der » est presque déjà prête pour le prochain conflit mondial…