Gertrude (le cri) & Le cas Blanche-Neige Howard Barker Maison pour le travail Des arts de la scène 2, route des Péniches CP 100 – 1211 Genève 8 www.galpon.ch | [email protected] T. +41 22 321 21 76 Studio d'Action Théâtrale Création Octobre 2015 Dossier pour le secondaire II Sommaire Le Studio d'Action théâtrale Les pièces Distribution Deux pièces, une question Allégories de la féminité L'anatomie d'un cri Howard Barker Biographies p. p. p. p. p. p. 1 3 5 6 7 8 La tragédie et l'école Rencontres-ateliers Pistes de travail en classe Bibliographies p. 10 p. 11 p. 16 Les propositions d'actions artistiques et culturelles pour et avec les écoles en lien avec Joséphine cantatrice du peuple des souris sont conçues et réalisées par le Studio d'Action Théâtrale et s'inscrivent dans l'axe formation du projet artistique du Galpon. Dossier réalisé pour le Galpon par Gabriel Alvarez et Nathalie Tacchella mai 2015 Chaque spectacle du Studio d'Action Théâtrale est conçu comme une exploration d'une ou plusieurs composantes de l'acte théâtral. L'acteur est confronté, placé devant les textes choisis, comme un tailleur de pierre devant un bloc de granit dur et froid, cherchant à lui donner une forme. Le Studio d'Action Théâtrale a réalisé une trentaine de spectacles présentés en Suisse, en Europe et en Amérique du sud. Le Studio d'Action Théâtrale est, avec la compagnie de l'estuaire et la compagnie A Hauteur des Yeux, l'une des trois compagnies permanentes et fondatrices du Galpon. Pour plus d'informations : www.studioactiontheatrale.ch Gertrude (le cri) & Le cas Blanche-Neige Howard Barker Théâtre Création Du 27 octobre Au 15 novembre 2015 Mardi au jeudi à 20h Les deux pièces en alternance Vendredi et samedi à 19h Dimanche à 18h Les deux pièces à la suite Lundi relâche A qui appartient le corps de la reine ? Que doivent et peuvent les femmesclefs du théâtre de Barker ? Réservations www.galpon.ch T. +41 22 321 21 76 Distribution Direction artistique : Gabriel Alvarez Composition musicale : Bruno de Franceschi Jeu : Souphiene Amiar, Amina Amici, Clara Brancorsini, Jordan Deschamps, Laurent Dupuy, Marcin Habela, Laura Laboureur Lumières : Francesco dell'Elba Scénographie : Gordon Higginson et Guido Buganza Maquillages : Arnaud Buchs Costumes : Toni Texeira Communication : Sara Dominguez Diffusion : Lenka Flory Administration : Laure Chapel Avec le soutien de la Ville de Genève, de la République et canton de Genève et la Loterie Romande Killers Denying it - Howard Barker Deux pièces, une question Théâtre de la catastrophe J’ai envie depuis longtemps de me plonger dans le monde de Howard Barker et son théâtre de la Catastrophe. Pour Howard Barker, la catastrophe est à prendre au sens étymologique, celui d’un renversement. Un renversement des modèles théâtraux (aristotéliciens ou brechtiens) et des valeurs (éthiques, esthétiques). Je suis attiré par la manière dont il traite la tragédie de ses personnages féminins. Je retrouve chez Barker une poétique qui nous parle des rapports entre l’État et l’individu, entre l’intime et le public. Il est stimulant et passionnant de se confronter en tant que metteur en scène à l’ambition qu’a Howard Barker de refonder le langage tragique pour l’adapter au monde d’aujourd’hui. Sa langue violente et crue, provocante et drôle m’attire car en elle coexistent poésie et trivialité, émotion tragique et obscénité. Cerner le féminin et le pouvoir En créant simultanément ces deux pièces de Barker avec une même distribution, je confronte les points de vue de trois protagonistes féminines sur la thématique du corps et du pouvoir de la femme. A qui appartient le corps de la reine ? Et en développant : A qui appartient le corps de la femme ? La Reine Gertrude, la mère de Hamlet, tient le pouvoir absolu par sa féminité et sa sexualité. Blanche-Neige est une jeune fille voulant devenir femme sans savoir encore de quoi il s’agit. La Marâtre de Blanche Neige est une reine qui s’accroche à sa beauté qui s'estompe. p. 3 Allégories de la féminité Howard Barker et la femme Dans Gertrude-Le Cri et Le Cas Blanche-Neige, Howard Barker met en scène deux personnages de Reines qu'il présente comme des incarnations exacerbées, voire des allégories de la féminité. Première dame au royaume des hommes, la Reine transforme l'intime en enjeu politique : plus que sa beauté, c'est sa sexualité rendue, comme le dirait Roland Barthes, éminemment "lisible" qui l'arme d'un pouvoir irrésistible. Barker place le personnage de la Reine au centre de chacune des deux pièces et s'attaque, en opérant une inversion des genres, à la problématique classique des deux corps du roi (le corps privé et le corps politique). Élisabeth Angel-Perez Le rapport de Barker avec la féminité est tout à la fois complexe et important. Dans Gertrude le Cri, il y a un déplacement par rapport à la pièce de Shakespeare. Gertrude apparaît comme un lieu de conquête et incarne le pouvoir à obtenir. Donner le premier rôle à Gertrude, la libérer des hommes dont Shakespeare l’avait fait prisonnière, est tout à fait significatif. Dans Le cas Blanche Neige, il s’agit de l’affrontement de deux femmes, une Reine et une Princesse que tout oppose : le rapport au pouvoir, aux hommes, à la sensualité, à la vie, à la beauté. Au centre, il y a la Reine et son miroir, incarnation exacerbée de la féminité, une beauté terriblement sexuée, furieusement adultère. À côté, il y a Blanche-Neige subjuguée par son modèle, enfant en passe d’être femme envers et contre tout. La subversion dramaturgique de Barker consiste à faire des personnages féminins le nouveau centre du théâtre moderne, rénovant le personnage tragique. p. 4 L'anatomie d'un cri Offrir l'ambiguïté Le théâtre doit commencer à traiter son public avec sérieux. Il doit cesser de lui raconter des histoires qu'il peut comprendre. / Ce n'est pas insulter un auditoire que de lui offrir l'ambiguïté. Le théâtre de Barker se joue et transgresse les codés du langage, du discours, avec une syntaxe particulière, poétique. Howard Barker cherche à faire surgir de ses textes le plus grand nombre d’interprétations possibles. Le théâtre n’est pas un disséminateur de vérités, mais un fournisseur de versions multiples. Ses affirmations sont provisoires. A une époque où rien n’est clair, infliger de la clarté est d’une arrogance périmée. Son but n’est pourtant pas d’embrouiller la compréhension de ses pièces, mais de donner plus de matière, de texture et de sonorité à ses textes. La dramaturgie du Gertrude -le cri s’organise sur trois cris de la protagoniste principale, un cri de jouissance, un cri de douleur au moment de l’accouchement et un cri d’horreur devant l’assassinat de son fils. "Mon cri n’est jamais faux" dit Gertrude ; et en effet la valeur du cri, avant d’être sémantique, est sensorielle. p. 5 L'anatomie d'un cri Un théâtre de la voix Je veux continuer notre recherche sur le traitement de la voix comme un symptôme. Tous ces sons qui ont marqué notre existence, notre mémoire auditive sont en rapport direct avec notre vécu organique. Ces sonorités serviront à la composition de la bande sonore du spectacle. Certaines parties du texte seront enregistrées et nous les entendrons parallèlement aux dialogues des acteurs. Selon Barker grâce au son, on peut trouver un langage qui véhicule du sens au-delà des mots afin de produire des moments de "révélation lyrique". Le théâtre d’Howard Barker est un théâtre de la voix qui cherche à entremêler la puissance émotive de la voix et celle du poème. Le langage de la Catastrophe a un rythme pulsionnel. Même si la langue de Barker est concrète, très ancrée dans les situations, elle intrigue par l’absence de ponctuation. Les seules indications sont les changements de ligne et l’écriture en lettres capitales. Nous allons traiter cette langue et ces textes de manière musicale, rythmique. En découvrant un rythme interne, une force, une énergie, une intonation affirmative qui répond à l'écriture en capitales. Chanter parlé, parler chanté ! p. 6 Howard Barker Howard Barker Né en 1946 à Dulwich en Angleterre, Howard Barker est issu d’un milieu populaire marqué par l’après-guerre de son enfance. Barker est de la même génération qu’Edward Bond. Il partage avec ce dernier une prédilection pour les situations de conflits armés, d’antagonisme de classe, mais il considère tant le théâtre de Brecht comme de Bond comme manichéiste. Pour lui, le théâtre n’est ni leçon, ni divertissement, il est expérience de la douleur et de la beauté qu’elle révèle. Retravaillant le genre de la tragédie, ce théâtre a pour ambition de dire la complexité de l’homme. Dramaturge, poète, peintre, théoricien du drame, metteur en scène, il écrit pour la scène (théâtre, opéra, marionnettes), mais également pour la télévision, la radio et le cinéma. Howard Barker a écrit plus de 50 pièces éditées chez Calder Publication à Londres ; en France, ses textes sont principalement publiés aux Éditions Théâtrales. Le théâtre de la catastrophe Il s'agit de faire vivre au spectateur une expérience "décivilisante" en le plaçant dans un monde où la moralité conventionnelle n'existe plus. Chaque spectateur, confronté à une recherche poétique et esthétique qui fait appel à l'imaginaire, doit tirer seul les conclusions de ce qu’il voit et entend. Pour Barker, "Le théâtre de la Catastrophe est plus douloureux que la tragédie, car la tragédie console avec un retour à l'ordre, avec la réaffirmation des valeurs morales existantes." Avec Barker, il n’y a pas de réconciliation finale, pas de catharsis, pas de morale. p. 7 Biographies Gabriel Alvarez Metteur en scène et pédagogue théâtral Gabriel Alvarez est né en Colombie. Il commence sa vie universitaire en biologie et en économie politique à l’Université d’Antioquia de Medellin. Parallèlement, il donne des cours à la faculté d’éducation de l’Université Pontifice Bolivariana, en travaillant sur l’Introduction à l’économie politique de Karl Marx. Plus tard, lassé du monde académique, il décide d’abandonner ses études universitaires. Il part au Pérou et travaille dans une coopérative indienne à Huaras, dans les Andes. Sa démarche artistique est orientée vers un travail où l'acteur est considéré comme le centre de l'acte théâtral. C'est dans cette optique qu'il s'est laissé imprégner par les travaux et les questions clés posées par des maîtres tels que Stanislavski, Meyerhold, Vassiliev, Grotowski, Barba et autres. Leurs questions et leurs réponses ont été confrontées à ses propres besoins et exigences théâtrales. Récentes créations : Au théâtre du Grütli, Horace de Heiner Müller en mars 2009, et Anatomie Titus Fall of Rome de Heiner Müller en juin 2009. Au théâtre de la Parfumerie, Jocaste de Michèle Fabien en octobre 2009. Au théâtre du Galpon, M...L’hypocondriaque en 2010, Marie Stuart en 2011. Mack Is Coming Back présenté au théâtre du Galpon, au teatro Due di Parma et au teatro stabile du Turin. Nous Sommes Tous Des Petits Suisses Dadaïstes au théâtre du Galpon en janvier 2014. Joséphine, Cantatrice du peuple des souris au théâtre du Galpon en novembre 2014. p. 8 Biographies Bruno de Franceschi Compositeur Bruno de Francesci a suivi ses études de compositeur à Freibourg, Paris, et Lausanne. Il est diplômé du DAMS de Bologne. Son travail privilégie la relation entre la musique et le théâtre et il réalise des compositions pour la scène et pour des textes en prose. Il réalise aussi des mises en scène et des performances avec des partitions musicales et corporelles d’une grande précision. Son activité de directeur d’orchestre s’oriente vers le répertoire du 20ème siècle et en particulier sur le répertoire moderne et expérimental. Il a écrit des pièces musicales pour une cinquantaine de spectacles de théâtre, pour des films, ainsi que de la musique de chambre. Depuis 1985 et après sa rencontre avec K. Berberian, T. Kantor, Tran Quang Hi, il commence une recherche sur l’utilisation de la voix à travers les arts martiaux et le langage utilisé par les sourds. Il a créé et dirige Tacitevoci Ensemble, un collectif de recherche et d’interprétation vocale. Il a travaillé entre autre avec M. Castri, T. Kantor, E. De Capitani, Cristina Pezzoli, G. Solari, M. Navone (théâtre), Raffaella Giordano, Giorgio Rossi, Caterina Sagna , Simone Sandroni (danse), A. Guzzetti e Marco Bagnoli (arts visuels) et avec les poètes Giancarlo Majorino et Antonio Porta. Il développe un travail pédagogique à l’Ecole d’Art Dramatique du Piccolo Teatro de Milan. En 2006, il produit Sunballein, une vidéo pour l’Instituto Serafico di Assisi, qui travaille avec des personnes sourdes ou porteuses de lourds handicaps mentaux. En 2007, il dirige un atelier “Corpo vocale voce corporale” au Palazzo Francisci di Todi, institut qui travaille avec des personnes souffrant de troubles alimentaires. p. 9 Ateliers-rencontres le Studio d'action théâtrale propose des ateliers-rencontres qui complètent les représentations. Pour les enseignant.e.s passionné.e.s qui souhaitent approfondir la thématique de la tragédie moderne d'Howard Barker. Plonger dans la modernité de la tragédie. Découvrir Barker. Atelier Barker Dates et horaires 28, 29 Le son, les mots et les sens Découvrir la réécriture moderne par l'auteur anglais Howard Barker du Hamlet de Shakespeare, dans la perspective de Gertrude, sa mère, et une nouvelle vision du conte de Blanche-Neige. Lors de cette rencontre, les intervenants inviteront les élèves à découvrir le travail vocal qui a nourri le processus de création. Pour les participant.e.s à l’atelier il s'agira d'explorer une palette de ses propres sons et mots, de leur donner un sens inédit. p. 10 octobre, 3, 4, 5, 10 et 11 novembre 2015. Mercredi matin, les autres jours après-midi. Durée 1h30 Publics sec. II dès la 1ère Collège – ECG. Disciplines langues | littérature et poésie | musique | sciences humaines | éducation citoyenne Thématiques la tragédie moderne | la femme, le corps et sa représentation Intervenants Gabriel Alvarez et l'équipe artistique. Inscriptions Le Galpon [email protected] T. +41 22 321 21 76 Incitation Une façon active et formative de se préparer à assister à une représentation de Gertrude (le cri) et/ou Le cas BlancheNeige. PIstes de travail en classe Chacun des thèmes présentés ci-après peut être abordé dans différentes disciplines. Ces différentes pistes sont à prendre comme point de départ de réflexion, discussion, confrontation, sans auto-censure ! De la tragédie à la catastrophe Comparer Hamlet de Shakespeare et Gertrude (le Cri). Comparer Blanche-Neige des frères Grimm et Le cas Blanche-neige, Comment le savoir vient aux jeunes filles. Tragédie moderne Aborder cette question de la tragédie moderne à partir de deux citations de Howard Barker. (…) Un théâtre tragique révèle toute la palette des émotions humaines et tente de l'étendre, et il implique une obligation d'explorer, de décrire tous les domaines de l'expérience humaine et de spéculer sur eux (…) (…) La stérilité du théâtre contemporain, et son extinction imminente, tiennent au fait que le théâtre se perçoive, d'un côté, comme une industrie soumise au marché ou, de l'autre, comme un service social avec une obligation populaire. Appelons cela la droite et la gauche, s'il faut employer des formulations politiques. Chacune de ces positions impose à l'auteur dramatique de satisfaire un public dans ce qu'il perçoit de ses attentes divertissement ou éducation. En s'efforçant de combler ces attentes, le théâtre remplit servilement des tâches remplies plus efficacement ailleurs et amoindrit les pouvoirs qui lui sont propres, la poésie, la voix parlée, la magie de l'acteur. Le théâtre Catastrophique en revanche, ne se plie pas le moins du monde à des exigences. Il n'invoque pas le public pour justifier son existence. II assume le public, et paradoxalement, c'est en l'assumant qu'il existe. Pourquoi existe-t-il ? Parce que le théâtre tragique s'adresse à des besoins qui ne sont pas formulés dans la culture plus vaste, avant tout le besoin de souffrance, et la souffrance est la nécessité secrète sur - laquelle la tragédie fonde son imaginaire.(…) Howard Barker p. 11 PIstes de travail en classe On peut aussi s'appuyer sur cette comparaison plus systématique : Tragédie (grecque et classique) Mimesis ou imitation de la réalité Le possible dans la probabilité Le héros commet l'hamartia (la faute) par erreur de jugement et non par malignité. Il est contrôlé par ses passions. L'hybris (la fierté, l'arrogance funeste) amène le héros à agir malgré les avertissements des dieux. Le héros prend conscience de sa faute lorsqu'il est trop tard pour réparer ses torts. La tragédie se termine par la mort du héros, ce qui ramène la paix sociale. Catharsis : la tragédie suscite crainte et pitié chez le spectateur qui s'identifie au héros et purge ses passions à travers les actes de celui-ci. Tragédie moderne Création d'un univers qui n'est géré ni par la moralité ni par la rationalité Le possible dans l'improbabilité Le héros commet l'hamartia principalement par erreur de jugement, mais il se peut qu'il y ait aussi une certaine présence de malignité. Il est contrôlé par ses passions. L'hybris pousse le héros à agir dans un but de réalisation personnelle sans tenir compte de la moralité. Qu'il s'en sorte ou non, le hros ne vit aucune rédemption. Que le héros meure ou non, la paix sociale ne sera jamais entièrement rétablie. La tragédie moderne trouble et fascine. Il n'y a pas de volonté de catharsis mais plutôt intention de révéler. Source : uqam – programme Le cas Blanche-Neige Repères sur un processus de création Le théâtre tel qui est pratiqué par le Studio d’Action Théâtrale est conçu comme un processus complexe, une aventure artistique et existentielle, un questionnement permanent sur la manière de le pratiquer, l’organiser et le produire. Nous ne considérons pas la pratique théâtrale comme un simple produit dans la circulation du marché du divertissement. p. 12 PIstes de travail en classe L’élaboration d’un spectacle est un processus jalonné par des tensions, des intensités. Il se fonde sur des relations multiples, telles l'abstrait et le concret, le texte et les acteurs, le metteur en scène et les acteurs, et dans ce cas les élèves et les artistes. Ce processus ne cherche pas à réaliser ou interpréter un texte, mais à recréer une relation dialectique, critique où l'on s’interroge, se confronte, où l'on doute afin de trouver un accord et une justesse dans les relations qui seront présentés au moment de la représentation. De mon point de vue, le théâtre doit devenir le lieu de tous les possibles d’un être. Voir le spectacle – aller au théâtre Découvrir sur scène Gertrude (le Cri) et/ou Le Cas Blanche-Neige, c’est ce confronter à une manière de faire dans laquelle la musique, la danse et le texte interagissent en permanence et constituent la matière que façonne l'équipe artistique. Notre travail fait appel aux sens visuels, auditifs et quelques fois aussi gustatifs ! Il n'est pas besoin d'autre préparation, comme dans tout acte "d'aller vers", que de se mettre dans un état de curiosité. Être curieux du point de vue de l'autre, accepter de perdre nos propres repères, ne pas chercher à tout raccorder à une compréhension logique, cognitive, mais comprendre dans le sens "prendre avec". Selon les habitudes culturelles des élèves, il peut cependant être utile de les sensibiliser à la forme pluridisciplinaire (théâtre, danse et musique) choisie par le metteur en scène. Il ne s'agit pas d'un seul texte théâtral mis en scène, mais d'une création totale qui entrelace des textes, des images, proposant un univers complexe. p. 13 PIstes de travail en classe A qui appartient le corps de la Reine ? Très vite, cette question posée dans Gertrude - le cri et Le Cas Blanche Neige déborde le contexte aristocratique et historique dans lequel peuvent se placer les pièces. Elle amène une question plus large : À qui appartient le corps de la femme ? À la nation, la famille, à l’État, à son mari, son amant, ses enfants, son père, sa mère, ses ancêtres ou à la culture nationale ? La réponse commune, celle de la quotidienneté de notre monde est "à tous et à tout le monde, sauf à elle-même". Dans les pièces de Barker il y a renversement. Le corps de la femme, sa corporéité, devient le lieu de l’histoire, devient en quelque sorte l’enjeu de la tragédie, le lieu ou elle perd ou gagne son identité mais surtout le lieu où elle affirme sa différence. Les corps des protagonistes ne se soumettent pas aux lois patriarcales et sont possédés lorsque les femmes le décident. Elles sont les gardiennes de leur propre corps. Leur nudité est le dévoilement de l’autre, du regard de l’autre. Une femme est femme pour tous, sauf pour elle-même. Elle erre comme un bien d’autrui, un objet. Son propre corps, peut-elle le toucher sans se dévoiler, l'aimer sans passer par tous les autres de ce monde ? Le corps d'une femme est-il un enjeu auquel elle participe librement ? Est-il sacralisé sans respecter sa propre personne ? En se dénudant, elle met à nu le monde, plus que son propre corps. Le corps de la femme peut devenir butin de guerre, un espace de violence des autres contre sa maternité à elle. Là où elle donne vie au monde, le monde lui donne mort. Elle est l’objet de jalousies des dieux d’autrefois et des névroses d’aujourd’hui. Ses seins nus peuvent devenir un crime de société autant qu'une banalité de l’actualité. p. 14 PIstes de travail en classe Le Pouvoir des mots Comment l’utilisation des mots peut être subversif, en allant au delà de la norme, ou en étant au service de certaines pouvoirs ? Comment et avec quelles valeurs peut-on déterminer ce qui est dicible et ce qui ne l'est pas ? Il est possible de s'appuyer sur les pièces de Barker pour analyser avec les élèves ce qui fonde la violence verbale. Barker développe le caractère performatif de la langue, connaissant tous les secrets du langage injurieux. Il l’utilise pour déconstruire une quotidienneté ou un certaine naturalisme de la langue et du parler à l’intérieur du théâtre. Les actes de discours : Quand la parole accomplit-elle un acte et/ou incarne une revendication ? Quel est le pouvoir des paroles et des discours ? Dans quelle mesure certains mots et techniques du langage influencent-ils et délimitent-ils nos possibilités d'action et notre conception du monde ? Une parole peut briser les personnes auxquelles elle est adressée. Women Squabbling at a Funeral- Howard Barker p. 15 Bibliographie Œuvres d'Howard Barker, traduites aux éditions Théâtrales 13 objets (Études sur la servitude) traduction Jean-Michel Deprats, 2004 Gertrude (Le Cri), traduction Jean-Michel Deprats et Elisabeth Angel-Perez, 2003 Le cas Blanche-Neige (Comment le savoir vient aux jeunes filles), traduction Cécile Menon La Douzième Bataille d'Isonzo, traduction Mike Sens, 2002 Les Possibilités, traduction Sarah Hirschmuller et Sinéad Rushe, 2001 Judith (Le corps séparé), traduction Jean-Michel Deprats, 2007 Œuvre d'Howard Barker, traduite aux éditions Lansman Les Européens, combats pour l'amour, traduction Mike Sens, 1998 Ouvrages sur Howard Barker Howard Barker et le théâtre de la Catastrophe ouvrage collectif sous la direction d'Elisabeth Angel-Perez, éditions théâtrales, 2006 Howard Barker, Arguments pour un théâtre, traduit de l’Anglais par Elisabeth Angel-Perez, Ivan Bertoux, Isabelle Famchon, Sarah Hirschmuller, Mike Sens, éditions Les Solitaires Intempestifs, 2006. p. 16 Sommaire LA pièce Les pièces Le Studio d'Action théâtrale Distribution Deux pièces, une question Allégories de la féminité L'anatomie d'un cri Howard Barker Biographies p. p. p. p. p. p. 1 3 5 6 7 8 La tragédie et l'école Rencontres-ateliers Pistes de travail en classe Bibliographies p. 10 p. 11 p. 16 Les propositions d'actions artistiques et culturelles pour et avec les écoles en lien avec Joséphine cantatrice du peuple des souris sont conçues et réalisées par le Studio d'Action Théâtrale et s'inscrivent dans l'axe formation du projet artistique du Galpon. Dossier réalisé pour le Galpon par Gabriel Alvarez et Nathalie Tacchella mai 2015 Chaque spectacle du Studio d'Action Théâtrale est conçu comme une exploration d'une ou plusieurs composantes de l'acte théâtral. L'acteur est confronté, placé devant les textes choisis, comme un tailleur de pierre devant un bloc de granit dur et froid, cherchant à lui donner une forme. Le Studio d'Action Théâtrale a réalisé une trentaine de spectacles présentés en Suisse, en Europe et en Amérique du sud. Le Studio d'Action Théâtrale est, avec la compagnie de l'estuaire et la compagnie A Hauteur des Yeux, l'une des trois compagnies permanentes et fondatrices du Galpon. Pour plus d'informations : www.studioactiontheatrale.ch Gertrude (le cri) & Le cas Blanche-Neige Howard Barker Maison pour le travail Des arts de la scène 2, route des Péniches CP 100 – 1211 Genève 8 www.galpon.ch | [email protected] T. +41 22 321 21 76 Studio d'Action Théâtrale Création Octobre 2015 Dossier pour le secondaire II