
DOSSIER
tement maintient l'économie dans une
position très vulnérable.
Comme la Jamaïque, d'autres pays sur-
endettés de la Caraïbe ont dû recourir au
réaménagement (une ou plusieurs fois)
de leur dette depuis 1983 (Cuba, Répu-
blique Dominicaine, Trinidad-et-Toba-
go) et au crédit FMI (Barbade, Républi-
que Dominicaine, Grenade, Guyana,
Haïti). Il n'est pas étonnant, qu'à l'instar
de la Jamaïque, Cuba et la République
Dominicaine jouent depuis peu la carte
du tourisme pour capter des devises et
alléger le fardeau de leur dette.
Cuba présente la particularité que les
deux tiers de sa dette concernent les
pays du CAEM (4) soit bloc de l'Est.
Outre Cuba, la plupart des pays très
endettés de la Caraïbe (République
Dominicaine, Guyana, Jamaïque, Haïti)
ont surtout une dette publique. Au con-
traire, Trinidad-et-Tobago a une dette
d'abord bancaire (à 57%). La baisse
des revenus du pétrole a conduit ce pays
dans une situation difficile : il s'est sou-
mis au rééchelonnement de sa dette
pour financer un programme sévère
d'ajustement.
Mais tout endettement ne conduit pas
dans l'ornière : les et les Ber-
ont une dette (surtout bancaire)
«naturelle» facilement supportable par
les devises du tourisme. Sainte-Lucie a
pu jusqu'à présent honorer le service de
sa dette. Antigua et Barbuda a accru son
endettement mais en anticipant sur
l'avenir par des emprunts pour des infra-
structures touristiques
LA CROISSANCE
La dette du Tiers Monde est une anoma-
lie qui entrave le développement des
pays surendettés. Dans la Caraïbe elle
limite les possibilités de coopération
régionale (85 % de la population de la
Caraïbe vit dans des Etats surendettés).
De façon plus générale, elle met les pays
débiteurs en marge du concert économi-
que mondial. Réaménager la dette ne
suffit plus ; il faut la traiter de façon à
conduire au redémarrage de la crois-
sance.
En fait, pour les pays à faible revenu (5)
(dont Haïti) l'endettement n'est qu'une
plaie de plus. Effacer leur dette est un
pas sur la voie difficile d'un moindre
sous-développement. Pour les autres
(les pays à revenus intermédiaires) le
problème est d'abord celui du finance-
ment : le sens des transferts en prove-
nance des pays riches doit redevenir en
leur
POUR EN SAVOIR PLUS :
. Statistiques de la dette extérieure.
OCDE.
. Financement et dette extérieure des
pays en développement. OCDE.
. La dette du Tiers Monde. Collection
Repères. La Découverte.
. Economie et Statistique (n° spécial
"Déséquilibres internationaux" "La
dette du Tiers
(4) Le CAEM (Conseil d'assistance économique
mutuelle) regroupe l'URSS et 6 autres pays
l'Europe de l'Est.
(5) Les pays à faible revenu ont un revenu national
par habitant inférieur à en Parmi eux,
les Nations Unies ont défini 42 "Pays moins avan-
cés" dont Haïti. Les pays à revenu intermédiaire ont
un revenu national par habitant compris entre 545 et
6 800 $.
LE TIERS MONDE DOIT-IL PAYER
SA DETTE ?
Depuis 1982 l'endettement des pays
en développement constitue la princi-
pale menace qui pèse sur le système
économique mondial. Parmi bien
d'autres, deux importantes initiatives
ont vu le jour pour essayer de sortir de
l'impasse.
Le Plan Baker (septembre 1985), qui
regroupait pays parmi les plus en-
dettés (dont la Jamaïque ), partait du
principe que l'on avait affaire à une
crise de liquidité. Une concertation
entre créanciers, débiteurs et organis-
mes internationaux devait faciliter l'ac-
cord de nouveaux crédits conduisant à
des rééchelonnements. Ces derniers
permettraient aux pays endettés d'ho-
norer le service de leur dette. Ces pays
devaient dans le même temps se
soumettre à une politique de restructura-
tion économique avec forte intervention
du FMI. Mais les banques commercia-
les, face à des pays peu solvables, n'ont
pas suivi et la situation a continué à se
dégrader.
Le Plan Brady (mars concernait 39
pays (ceux de l'initiative Baker plus 22
autres dont Haïti, la République Domini-
caine et Trinidad-et-Tobago). Il mettait
toujours l'accent sur les nécessaires
profondes réformes internes. Mais il
soulignait l'excès du fardeau de la dette.
Grande nouveauté, l'on admettait que le
montant de la dette ne pourrait jamais
être intégralement recouvré. Les pays
qui se soumettaient à d'énergiques re-
dressements économiques méritaient
une réduction de leur dette. Il s'en suivit
l'apparition de dispositifs de réduction
complexes. Malgré tous les montages fi-
nanciers, le problème demeure : un peu
moins aigu puisque la dette globale a cessé
de croître.
Alors pourquoi, comme de nombreux huma-
nistes l'ont préconisé, ne pas annuler la
dette ? Sauf pour les pays les plus pauvres
(en particulier les 42 pays les moins avancés
dont Haïti) cette solution est irréaliste. Con-
traire à toutes les règles du système finan-
cier, elle serait injuste pour les pays ayant
déjà assaini leur situation. Plus grave, elle
risquerait de fermer l'accès des pays du Tiers
Monde à des financements futurs (58 % de la
dette mondiale étant détenue par les ban-
ques privées). Le problème pour les pays dits
à revenus intermédiaires (les moins dému-
nis) est donc de retrouver la confiance des
prêteurs des pays riches, condition vitale à
développement. Un compromis doit être
trouvé entre allégement de la dette et efforts
rigoureux de redressement économique.
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