La pensée de Montesquieu (1689-1755)
Un homme libre, un esprit libre
Il s’insurge contre le conformisme officiel, la chape de plomb des certitudes révélées et d’une certaine manière
contre ce qu’on appelle aujourd’hui la pensée unique. Il est un farouche défenseur de la liberté qu’il définit ainsi :
« La liberté politique ne consiste point à faire ce que l’on veut. Dans une société où il y a des lois, la liberté ne peut
consister qu’à pouvoir faire ce que l’on doit vouloir et à n’être point contraint de faire ce que l’on ne doit pas
vouloir ».
Un homme qui se plait sur ses terres
C’est là qu’il se sent vraiment à l’aise : « Ce qui fait que j’aime être à La Brède, c’est qu’à La Brède il me
semble que mon argent est sous mes pieds. A Paris, il me semble que je l’ai sur les épaules. A Paris, je dis : « il
ne faut dépenser que cela » ; à ma campagne, je dis : « Il faut que je dépense tout cela ».
Quand j’ai été dans le monde, je l’ai aimé comme si je ne pouvais souffrir la retraite ; quand j’ai été dans
mes terres, je n’ai plus songé au monde ».
Un libéral moderne
Il est convaincu que la liberté favorise le commerce international et la croissance économique, que la stabilité de
la monnaie est d’autant mieux assurée que l’économie produit des recettes abondantes, que la concurrence garantit
le juste prix, que la modération fiscale encourage l’initiative privée. Mais ce libéralisme s’accompagne d’une forte
exigence morale et sociale.
L’esprit de modération
Le fil conducteur de sa vie, de son oeuvre, de sa pensée, c’est le sens de la mesure. Il en fait sa règle de vie
personnelle et théorise cette sagesse. L’esprit de modération est pour lui le fondement et le garant de la liberté. Ainsi
sa méthode pour réussir les réformes : « En général les Peuples sont très attachés à leurs coutumes ; les leur ôter
violemment, c’est les rendre malheureux ; il ne faut donc pas les changer mais les engager à les changer eux-
mêmes ».
L’esprit des lois
Pour lui : « Une chose n’est pas juste parce qu’elle est la loi ; mais elle doit être la loi parce qu’elle est juste...
Les lois ont besoin d’esprit, si elles en sont privées, si elles ne se fondent pas sur l’idéalité du juste, elles ne sont
plus que le produit, sans âme, de l’activité bureaucratique de quelques experts ou de la volonté de puissance de
quelques politiques. »
L’initiateur de la sociologie
Comme les sociologues, il distingue ce qui est décrété par l’Etat (les lois) et ce qui est imposé par la société
(les moeurs). Pour lui : « les moeurs font toujours de meilleurs citoyens que les lois ».
Le stoïcien
«
Je touche presque au moment où je dois commencer et finir, au moment qui dévoile et dérobe tout, au
moment mêlé d’amertume et de joie, au moment où je perdrai mes faiblesses mêmes ». (Écrit avant sa mort)
Références : Louis Desgraves – Pensées – Laffont – 1995 & Alain Juppé – Montesquieu – Perrin-Mollat - 1999