Cours de prospective appliquée
Chapitre I : LES CONCEPTS DE BASE
Section I.1 : Termes et concepts de base
Introduction :
L’économie (ou économique, économie politique, science économique) est une science
sociale récente qui étudie la manière dont les hommes s’organisent pour produire, répartir,
distribuer les biens et services rares destinés à satisfaire leurs besoins.
En tant que science, l’économie possède des méthodes spécifiques au sein desquelles la
statistique, les modèles, les procédures de simplification de la réalité et le recours aux
hypothèses jouent un rôle plus ou moins important, selon les branches et l’orientation donnée
aux travaux.
La statistique est une discipline mathématique qui utilise le calcul des probabilités pour
définir les relations entre les caractéristiques d’une population et celle des échantillons qui
en sont tirés. Ces relations permettent de connaître les caractéristiques de la population en
extrapolant celle d’un échantillon comprenant un nombre suffisamment grand d’éléments :
ainsi un sondage effectué sur 2000 personnes, par exemple, donnera une estimation pertinente
sur la population d’un pays donné. De la même façon les relations entre variables évaluées sur
un échantillon pourront être utilisées pour des calculs concernant la population : on parle là
aussi d’ajustement
L’objectif des outils de Statistique descriptive élémentaire est de fournir des résumés
synthétiques de séries de valeurs, adaptés à leur type (qualitatives ou quantitatives), et
observés sur une population ou un échantillon.
Dans le cas d’une seule variable, les notions les plus classiques sont celles de médiane,
quantile, moyenne, fréquence, variance, écart-type définies parallèlement à des
représentations graphiques: diagramme en bâton, histogramme, diagramme en boite,
graphiques cumulatifs, diagrammes en colonnes, en barre ou en secteurs.
Dans le cas de deux variables, on s’intéresse à la corrélation, au rapport de corrélation ou
encore à la statistique d’un test du khi deux associé à une table de contingence. Ces notions
sont associées à différents graphiques comme le nuage de points, les diagrammes en boites
parallèles, les diagrammes de profils ou encore en mosaïque.
Faire une étude statistique à une variable, c’est étudier un caractère se déclinant de diverses
façons chez tous les individus d’une population ou d’un échantillon. Paradoxalement, cette
définition n’est compréhensible que pour quelqu’un qui sait déjà ce qu’est la statistique
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descriptive. En effet, cette formulation très académique fait appel à des termes utilisés dans le
langage courant mais qui ont un sens spécifique dans le cadre de la statistique.
Pour bien comprendre ces notions et pouvoir assimiler leur utilité dans les analyses
économiques on va donc, commencer par préciser les termes et les concepts de base
statistiques et économiques : Population et échantillon, Individu ou Unité statistique,
Caractère, Produit Intérieur Brut…
1.1. Population et individus :
L’objet de la statistique descriptive est d’étudier et de comparer les éléments d’un ensemble
de grande taille : un tel ensemble est appelé population, noté mathématiquement et ses
éléments sont des individus, notés mathématiquement ωi :
= {ω1 ; ω2 ; ω3 ; . . .}
Attention à cette terminologie : les individus ne sont pas forcément des êtres humains ou des
êtres vivants. En effet, un stock d’écrous dans un magasin d’outillage peut constituer un
ensemble de grande taille, c’est à dire une population, auquel cas les individus sont les écrous.
La taille d’une population est le nombre d’individus qui la composent. En statistique, on
s’intéresse aux populations de grande taille. Cela dit, quand une population est de très grande
taille, voire même de taille infinie, on peut être amené à restreindre l’étude a une partie
seulement de la population : il s’agit d’un échantillon de cette population.
(Ce terme a en réalité plusieurs significations suivant la branche de la statistique considérée ;
une notion assez courante, est celle d’échantillon représentatif).
1.2. Caractère :
Faire une étude statistique consiste à s’intéresser à une population de grande taille. Plus
précisément, pour chaque individu ωi de cette population, on s’attache à une même
caractéristique : c’est le caractère étudié.
Ce caractère peut être qualitatif (lorsqu’il ne peut faire l’objet d’aucune mesure) ou quantitatif
(quand il est mesurable).
1.3. Série statistique :
L’étude d’un même caractère chez tous les individus d’une population conduit au recueil de
ce que l’on appelle une série statistique : il s’agit donc de la famille des valeurs prises par un
caractère quantitatif sur l’ensemble de la population. Ces valeurs sont les modalités du
caractère étudié.
On distinguera par la suite les séries statistiques discrètes et les séries statistiques continues :
quand les modalités d’un caractère ne peuvent prendre que des valeurs bien ”isolées” les unes
des autres (mais éventuellement en nombre infini), la série est dite discrète. Au contraire, elle
est continue si les modalités peuvent prendre a priori n’importe quelle valeur dans tout un
intervalle I de IR.
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1.4. Les indices statistiques :
Un indice statistique est un outil de mesure de l’évolution d’une grandeur, il ne mesure pas le
niveau à une date donnée mais la variation entre deux valeurs. L’indice le plus célèbre est
celui des prix à la consommation, il mesure l’évolution des prix au cours du temps.
On appelle indice élémentaire d’une grandeur G à la date t par rapport à la date 0 et on note
It/0(G) le rapport Gt/G0.
En effet, la date 0 est utilisée comme date de comparaison, c’est la date de référence par
rapport à laquelle on compare. La date t qui lui est comparée est la date courante.
Généralement l’indice élémentaire est exprimé en pourcentage
It/0(G) = (Gt/G0)x100
Si G est une grandeur complexe constituée d’éléments (G1, G2,…… Gk) (exemple : G est le
niveau général des prix de détail, Gi les prix des différents articles), les indices élémentaires
des constituants Gi sont
It/0(Gi) = (Git/ Gi0)
Le problème est de trouver un indice unique qui synthétise les indices élémentaires des Gi et
qui possède si possible des propriétés analogues à celles des indices élémentaires, donc on a
recours à l’affectation du poids wit au constituant i tel que Σ wit =1.
Ce poids affecté désigne l’importance relative de ce constituant i dans la grandeur
complexe G.
Exemples : Mesure de l’inflation et indice des prix à la consommation
En 1900, le kilo de gigot en France coûtait 2,30 francs. Le boucher de 1988 demande 76
francs en moyenne pour le même morceau : soit 3300 fois plus, compte tenu du passage des
anciens francs aux nouveaux en 1959. La multiplication est de 18000 pour la coupe de
cheveux ordinaire (homme). Mais à l’inverse, le prix de la douzaine d’œufs n’a été multiplié
que par 1000 et celui du kilowattheure domestique (tarif confort) par 36. Autant de produits
autant de chiffres : hausse générale ne signifie pas hausse uniforme et l’inflation n’empêche
pas les prix relatifs (c a d les prix comparés d’un produit ou d’une gamme de produits, et d’un
autre) d’évoluer de façon différenciée. Toutefois, la mesure de l’inflation suppose d’agréger
ces évolutions différenciées en un seul chiffre exprimé sous forme d’indice. L’INS a ainsi
défini une série d’indices : produits des industries agricoles et alimentaires, prix énergétiques
et industriels, prix de gros, prix à la consommation…C’est ce dernier indice qui est le plus
connu. Il n’est évidemment pas question de mesurer les prix de tous les produits de
consommation : des millions d’objets différents sont produits chaque année, sans compter les
services qui, sous une même appellation, cachent souvent des réalités très différentes.
1.5. La production :
La production est l’activité de transformation et de combinaison de facteurs matériels et
humains débouchant sur l’offre de biens ou la prestation de services.
Pour les physiocrates et leur chef de file F.Quesney, seule la terre est productive, les autres
activités sont stériles. Pour A.Smith et la plupart des économistes classiques hors J.B Say, la
production se limite à l’obtention de biens ou produits matériels. C’est également la
conception de K.Marx qu’on retrouve encore dans la comptabilité globale des pays
socialistes. Le chef de l’école institutionnaliste américaine T.Veblen utilise, quant à lui, une
distinction en termes de catégories socioprofessionnelles : les ouvriers, les ingénieurs et les
paysans sont productifs, tandis que les entrepreneurs et les financiers forme la classe oisive.
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La conception moderne de la production est héritée de J.B Say, à ceci près que ce dernier
parle de « création d’utilité », alors que les économistes contemporains pensent que la
production n’est pas un acte de création ; elle n’apporte pas quelque chose qui n’existait pas
avant, elle est la transformation d’éléments donnés qu’elle arrange et combine.
1.6. Le Produit Intérieur Brut :
C’est une grandeur qui mesure la richesse créée par les différents agents économiques
présents dans un espace géographique déterminé que ce soit en terme de production
marchande ou de production non marchande. Il mesure la taille de l'économie et constitue un
indicateur du niveau du revenu national pour la population résidente, quelle que soit la
nationalité des producteurs, on s'en sert pour indiquer la vigueur de l'économie nationale.
Il y a trois façons complémentaires de calculer le P.I.B. :
9 1ère optique : par la production des unités résidentes. Dans ce cas :
P.I.B. aux prix du marché = Valeurs ajoutées + Impôts sur les produits -
Subventions sur les produits
La valeur ajoutée par une entreprise se calcule en soustrayant la totalité des consommations
intermédiaires (c'est-à-dire tous les achats faits à l'extérieur de l'entreprise et incorporés dans
le produit fini) à la valeur de la production vendue. Faire la somme des valeurs ajoutées, c'est
ajouter la production réellement réalisée par tous les agents économiques. Cela permet donc
de connaître la production totale réalisée dans l'année. Cependant, les valeurs ajoutées sont
évaluées aux prix de base, c'est-à-dire sans les impôts sur les produits dont, notamment, la
TVA. Les valeurs ajoutées étant calculées hors taxes, il faut ajouter les impôts sur les produits
pour avoir le P.I.B. « aux prix du marché ». On soustrait le montant des subventions car ces
subventions permettent aux entreprises de modifier leurs prix.
9 2ème optique : par la demande adressée aux unités de production résidentes. Dans ce
cas :
PIB aux prix du marché = Dépenses de consommation finale + F.B.C.F. +
Exportations - Importations
En effet, la demande provient soit des unités résidentes pour la consommation ou pour
l'investissement, soit des unités non résidentes (cette demande correspond donc à l'exportation
qu'il faut ajouter à la demande intérieure). Cependant, une partie de la demande intérieure
peut être satisfaite par des unités non résidentes (il s'agit donc des importations qu'il faut
enlever de la richesse créée par les unités résidentes).
9 3ème optique : par les revenus distribués par les unités de production résidentes. Dans
ce cas :
PIB aux prix du marché = Rémunération de salariés + E.B.E. (et revenus mixtes)
+ Impôts sur la production et les importations - subventions.
En effet, toute la richesse créée est redistribuée sous forme de revenus primaires (salaires pour
les salariés, excédent brut d’exploitation (EBE) pour les sociétés, revenus mixtes pour les
indépendants) ; la différence entre les impôts sur la production et les importations et les
subventions correspond à une sorte de revenu primaire puisqu'elle est prélevée sur la valeur
ajoutée créée comme la rémunération des salariés pour calculer l'EBE. Autre explication : les
revenus primaires proviennent du partage de la valeur ajoutée calculée au prix de base ; pour
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obtenir la somme des valeurs ajoutées au prix du marché, il faut rajouter à la somme des
revenus primaires le supplément payé du fait de ces impôts (nets des subventions) sur la
production et les importations.
1.7. Le Revenu National Brut
Le RNB (autrefois PNB) = PIB + revenus reçus du reste du monde - revenus
versés au reste du monde + subventions reçues du reste du monde - impôts sur la
production versés au reste du monde.
Il s'agit donc d'un indicateur de revenu national souvent utilisé dans les comparaisons
internationales de niveau de vie car il regroupe l'ensemble des revenus reçus par les unités
résidentes (le PIB étant, dans l'optique des revenus, un agrégat des revenus versés par les
unités résidentes y compris donc à des unités non résidentes).
Exercices d’application
1- Le PIB d’une économie est
- l’ensemble des profits distribués au cours d’une année donnée.
- la valeur de tous les biens et services produits dans le pays au cours d’une année donnée.
- la valeur de tous les biens et services produits par les agents économiques d’une nationalité
donnée au cours d’une année donnée.
-la valeur des tous les biens (sans les services) produits au cours d’une année donnée.
Parmi ces quatre affirmations, laquelle est correcte ?
2- Calculez à partir des données suivantes, le PIB aux prix du marché selon deux optiques
différentes que vous devez spécifier.
Exportations (X) = 16439 MDT
Importations (M) = 17469 MDT
Rémunération des salariés (RS) = 12878,5 MDT
Formation Brute de Capital Fixe (FBCF) = 7987 MDT
Dépenses de Consommation Finale (CF) = 27600 MDT
Excédent Brut d’Exploitation (EBE) = 19110.5 MDT
Impôts sur la production et les importations nets de subventions (In) = 2568 MDT
3- Concernant la différence entre le PIB et le RNB :
- Le Revenu National Brut est plus grand que le PIB dans les pays qui possèdent beaucoup
d’entreprises installées à l’étranger.
- Le Revenu National Brut est toujours plus grand que le PIB.
- Le PIB est plus grand que le Revenu National Brut dans les pays qui possèdent beaucoup
d’entreprises installées à l’étranger.
- Le Revenu National Brut est toujours plus petit que le PIB.
Laquelle de ces quatre affirmations est correcte ?
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