« La monnaie est pour nous comme l’eau pour les poissons. Une évidence, un acquis.
Mais de la même manière que la qualité de l’eau est cruciale pour la qualité de vie des poissons,
la qualité de la monnaie que nous utilisons détermine, en grande partie, la qualité de nos vies. »
Idée développée par Thomas Greco dans “Money understanding and creating alternatives to legal tender”
« Le processus de création monétaire est si simple que notre esprit le repousse. »
John Kenneth Galbraith, économiste
Il repose en effet aujourd’hui sur un simple jeu d’écriture, pouvoir qui est détenu par les
banques privées. « [L’entreprise] s’adresse donc à sa banque qui va pouvoir lui accorder un
crédit, moyennant intérêt bien entendu. La banque inscrit le montant du crédit au compte
de l’entreprise : la banque a créé de la monnaie [….]. Quand elle a reçu le remboursement, la
banque annule le crédit et la quantité de monnaie diminue. Au total, la masse monétaire ne
cesse de varier au rythme des créations et destructions continuelles de monnaie. »
Banque de France - La monnaie et nous, 2009
Dans la forme que nous connaissons, ce système se traduit par :
• une prépondérance démesurée des banques par leur pouvoir de crédit et donc de “liberté” dans la
décision de refus de crédit,
• un “besoin” de croissance sans fin de cette mécanique financière, rendue nécessaire par le
mécanisme des intérêts (et des intérêts composés),
• un transfert permanent d’argent vers les plus riches (qui détiennent déjà un accès facilité à la
monnaie et à qui les banques prêtent pourtant plus volontairement),
• un manque d’approvisionnement en monnaie de certains territoires ou populations
(l’investissement y étant moins “valorisable” suivant les critères financiers).
Comment fonctionne la monnaie
aujourd’hui ?
« L’émergence et la diffusion de monnaies sociales et complémentaires dans le
monde, et notamment en Europe, depuis les années 1980, ne s’est pas déroulée
selon un modèle unique qui se serait dupliqué à l’infini, mais à partir d’un
processus d’essaimage et de différenciation. Ce double processus a donné
naissance à des modèles variés de monnaies sociales.»
Jérôme Blanc et Marie Fare de l’Université Lumière Lyon 2
Ces dispositifs se sont développés dans plus de 50 pays et il y en aurait aujourd’hui
plus de 4000 dans le monde. Leur diversité reste méconnue. Ils se déploient
autour d’un nombre de modèles d’abord restreint (SEL, banques de temps dans
les années 1980) qui s’est progressivement élargi (dans les années 1990, réseaux
de trueque sur le modèle argentin, monnaies Hour sur le modèle d’Ithaca ; dans
les années 2000, monnaies de type Regio sur le modèle allemand, monnaies et
banques communautaires sur le modèle de Fortaleza, monnaie à projets multiples
comme la monnaie SOL en France, monnaies locales de “villes en transition”, etc).
Ces monnaies sont des monnaies sociales car elles portent les germes d’un
autre modèle de développement économique et social : solidaire et inclusif, au
service de tous et de la préservation des ressources de notre planète notamment
en relocalisant l’économie, pour y remettre de l’abondance, de la diversité, de
l’humain et renforcer les liens, la démocratie.
« Les monnaies sociales et solidaires, en reposant la
question de la richesse et de la nature de la monnaie,
sont de bons outils pour montrer qu’il existe des
stratégies alternatives. » Patrick Viveret
« Il ne s’agit pas de monnaies substitutives à la
monnaie officielle, mais de monnaies complémentaires
qui renouent avec la fonction affichée de la monnaie,
celle de l’échange, et exercent une pression sur
la monnaie officielle pour qu’elle soit elle-même
davantage un vecteur de ‘’doux commerce’’ (on dirait
aujourd’hui de commerce équitable) plutôt qu’un
vecteur de violence sociale. » Patrick Viveret
A quoi servent les monnaies
complémentaires ?
Et si on créait notre
propre monnaie ?
Dans certains cas, il s’agira de développer les productions locales
dans une perspective écologique, sociale et solidaire ou de soutenir
les entreprises, dans d’autres de lutter contre la pauvreté et
l’exclusion, ou encore de favoriser l’entraide, la solidarité, les
comportements écologiques, développer la production et l’emploi…
Plusieurs méthodes et outils peuvent être utilisés pour créer
ces monnaies : billets, cartes à puces, plateformes d’échange
électroniques, mais le plus important est avant tout de changer de
regard sur la Richesse, et se reposer la question de ce qui compte
vraiment.
Quelles richesses veut-on développer ? Quels échanges, pour quoi,
entre qui ?
* www.monnaiesendebat.org site d’informations international sur les MSC (informer, diffuser, contribuer à la mise en réseau des
initiatives), où l’on trouve la mémoire de la rencontre internationale de février 2011 à Lyon
* www.scoop.it/t/social-currencies veille sur les monnaies complémentaires
* cahier.collectif-richesses.org site synthétique sur Richesse, monnaies et indicateurs réalisé à l’occasion des Etats Généraux de
l’Economie Sociale et Solidaire, en France, en juin 2012
* sur les projets en France : monnaie-locale-complementaire.net, www.sol-reseau.org, selidaire.org
* aises-fr.org site de l’association Internationale pour le Soutien aux Economies Sociétales
* www.lietaer.com et margritkennedy.de site de deux spécialistes incontournables des systèmes monétaires et des monnaies
régionales en Europe
* www.reseaufing.org réseau des innovations monétaires pour l’innovation sociale
* www.festifric.org site avec vidéos de l’événement organisé en 2012 en Région PACA