La Lettre du Cardiologue - n° 388 - octobre 2005
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suite de leur AVC) et diminue leur handicap. On estime que sur
1000 patients traités, 50 de plus retournent indépendants à leur
domicile ; il y a 40 décès et 10 institutionnalisations en moins, com-
parativement à une prise en charge “classique” dans un service de
neurologie, de cardiologie ou de médecine interne.
Ainsi, les Agences régionales d’hospitalisation (ARH) ont décidé
d’aider au développement d’USI-NV. Malheureusement, la période
ne s’y prête guère… On voit des projets éclore ici et là. Est-ce avec
l’opportunité d’obtenir un poste de praticien hospitalier (PH) et
quelques agents supplémentaires (très peu), souvent sans l’exper-
tise ultrasons des neurologues impliqués et sans la moindre publi-
cation dans le domaine, que l’on fera des USI-NV dynamiques,
efficaces et compétentes, participant à la recherche clinique pour
faire avancer les choses ? L’avenir le dira car le mouvement est
purement sous le contrôle et la volonté des ARH. On aurait pu
espérer éviter un saupoudrage des moyens, contre-productif, et au
contraire les concentrer sur certains sites afin d’obtenir la masse
critique nécessaire en personnel médical et non médical. Il paraît
évident qu’il vaut mieux une USI-NV de 10 lits avec 4 ou 5 méde-
cins spécialisés et le personnel non médical nécessaire, que deux
unités (souvent distantes de quelques kilomètres, au moins en Île-
de-France) de 5 lits avec 1 ou 2 médecins et la moitié du person-
nel nécessaire… Mais les choix actuels sont autres.
QUELLE PEUT ÊTRE LA PLACE
DES CARDIOLOGUES DANS L’ÉTABLISSEMENT
DES USI-NV ?
Les neurologues vasculaires partagent avec les cardiologues exac-
tement les mêmes concepts de traitement de phase aiguë et de pré-
vention ; seul l’organe cible change. Certains centres de cardio-
logie sont prêts à mutualiser des lits de leur USIC. Cela peut en
effet aider considérablement à commencer une prise en charge spé-
cifique de l’AVC. Nous en avons fait une expérience extrêmement
positive et riche à Bichat, avant d’avoir nos dix lits d’USI-NV auto-
nomes. Mais une infirmière ou une aide-soignante de cardiologie
ne peut pas passer facilement de la prise en charge du syndrome
coronarien aigu à celle de l’ischémie cérébrale aiguë sans le vou-
loir et sans s’y être formée. Cela veut dire qu’il est indispensable
que les lits d’AVC au sein de l’USIC soient pris en charge par un
personnel spécifique, sans rotation sur les autres lits d’USIC. Cela
veut dire aussi que ces lits d’USIC deviennent dans les faits des
lits d’USI-NV avec un personnel médical et paramédical qui lui
est dédié. On ne peut pas demander à l’interne, au chef ou au PH
de cardiologie de superviser la prise en charge d’un AVC, comme
il ne viendrait pas à l’idée de demander au neurologue vasculaire
de superviser la prise en charge d’un syndrome coronarien aigu.
Cela dit, dans une USI-NV, on a tous les jours besoin du cardio-
logue car nos malades ont des troubles du rythme, des insuffi-
sances cardiaques, des ischémies coronaires, des sources car-
diaques d’embolie cérébrale à dépister, etc. Cette proximité
USIC/USI-NV est donc utile, sinon souhaitable, voire même
indispensable. En termes de recherche, elle est, potentiellement,
extrêmement productive.
PRÉVENTION DE L’ACCIDENT VASCULAIRE
CÉRÉBRAL ET DÉPISTAGE DES ACCIDENTS
ISCHÉMIQUES TRANSITOIRES (AIT)
En termes de soin, la collaboration USIC/USI-NV peut aboutir
à un fonctionnement en commun de certains moyens, comme
l’optimisation de la prévention secondaire par des structures
communes de prévention ainsi que nous la mettons en place à
l’hôpital Bichat avec la cardiologie, la diabétologie et la néphro-
logie. En effet, le développement des USI-NV, de la thrombolyse
et de la prise en charge de la phase aiguë de l’hémorragie et de
l’infarctus cérébral ne doit pas faire disparaître l’importance de
la prévention de l’AVC. Nous sommes tous des “risquologues”.
Mieux vaut prévenir que guérir… Les cliniques d’AIT doivent
se développer, et les cardiologues ont aussi leur rôle de soutien
à jouer dans ces unités. Le service SOS-AIT de Bichat l’illustre,
avec une augmentation de 300 % du nombre d’AIT reçus (en
hôpital de jour et de nuit) et une diminution de la durée de séjour
à moins de un jour (comparativement à 8 jours en moyenne en
France selon le PMSI : programme de médicalisation du système
d’information). Cela est, entre autres, dû à la participation active
des services de cardiologie et de neuro-imagerie.
UN TOURNANT
La prise en charge de l’ischémie cérébrale à la phase aiguë comme
en prévention est à un tournant et ne s’improvise pas. Elle requiert
beaucoup de professionnalisme, d’organisation et de compé-
tences pour ne pas décevoir. La neurologie interventionnelle
pointe le bout de son nez et pourrait connaître un essor impor-
tant. L’expérience des cardiologues doit inspirer et accompagner
l’effort de la neurologie vasculaire. Les neurologues vasculaires
vivent une époque formidable : l’attaque cérébrale peut être pré-
venue et guérie. Les neurologues auraient tort dans ces circons-
tances de développer des structures qui s’avèreraient à terme
inopérantes parce que les compétences requises n’auraient pas
été au préalable véritablement réunies pour offrir les soins légi-
timement attendus par les patients et leurs familles. ■
ÉDITORIAL