Les fruits et les légumes cueillis par les douaniers

Les fruits et les légumes
cueillis par les douaniers
En cette période de voyages, les douaniers de Gillot multiplient les contrôles de voyageurs à l’arrivée.
Ils traquent ainsi les produits végétaux, les produits laitiers ou la viande dont l’importation est interdite.
Hier après-midi, ils ont scruté les bagages de passagers en provenance de Maurice.
Le vol UU107, un ATR 72 en
provenance de Maurice vient de
toucher le tarmac avec un quart
d’heure de retard. Il est un peu
plus de 15h05 hier quand les 48
passagers débarquent loin de se
douter qu’ils vont faire l’objet
d’un contrôle renforcé de la part
des douaniers. Clic, clic, clic. Les
photographes tirent à vue sur des
voyageurs qui ne savent pas réel-
lement ce qui leur arrive. Les
agents des douanes ont décidé de
communiquer sur les importa-
tions de denrées depuis la zone
océan Indien ou depuis la métro-
pole. En cette période de fête de
fin d’années, l’aéroport Roland-
Garros va être très fréquenté. La
douane veut donc informer. Ra-
mener des produits locaux de sé-
jours à Maurice ou à Madagascar
est tentant. Mais attention, c’est
peut-être aussi interdit.
C’est le cas pour tout ce qui est
végétal. Tous les fruits frais, tous
les légumes, toutes les fleurs (sauf
les fleurs séchées), toutes les
plantes et tous les bulbes sont in-
terdits d’accès à la Réunion. Et
c’est valable pour tous les passa-
gers qui entrent sur notre île
qu’ils viennent d’Europe ou
d’ailleurs.
“L’environnement de
Réunion est plus fragile. Pendant
plusieurs millions d’années, il a été
protégé. Nous sommes plus exposés
aux nuisibles venants de l’exté-
rieur”
, explique Olivier Pinguet,
responsable des postes frontaliers
phytosanitaires et vétérinaires.
2 KILOS DE CAMARONS
SANS CONDITIONNEMENT
L’idée est d’éviter que des ma-
ladies se développent sur notre
île comme ça a déjà été le cas par
le passé. Une brochure distri-
buée dans l’aérogare rappelle
d’ailleurs quelques dates. En
1846, la vigne marronne en pro-
venance d’Asie est introduite et
envahit les milieux naturels et
les sentiers de randonnée. En
1972, le ver blanc arrive de la
Grande Ile. L’impact est consi-
dérable et coûte plus de 600 000
euros à la filière canne à sucre.
En 2004, c’est la mouche blan-
che qui débarque de Maurice.
L’ensemble de l’île est envahi en
4 mois seulement.
Pour beaucoup de cas, ce sont
les maladies végétales qui sont
redoutées. Actuellement, une
mouche des fruits sévissant à
Madagascar est particulièrement
surveillée. Elle s’attaque aux
mangues et aux agrumes. Mais
les douaniers et les services de
l’alimentation ont aussi dans le
collimateur la viande. Si on peut
ramener son steak d’Europe sans
problème, c’est beaucoup plus
risqué de voyager avec son pavé
de zébu acheté sur le marché de
Tana. Car des maladies animales
peuvent en effet être introduites
par ce biais. Si la peine maximale
encourue est de deux ans de pri-
son et 75 000 euros d’amende,
dans les faits, les douaniers sé-
vissent principalement par la dé-
possession.
“C’est déjà lourd
note Gildas Guillemot, division-
naire des douanes.
“Une personne
qui transporte des stupéfiants sait
ce qu’elle fait. Pour ces produits,
c’est différent. Nous ne trouvons
pas non plus de très grosses quan-
tités”
En 2010, les douaniers de
Gillot ont ainsi procédé à 350
dépossessions. Cette année, à ce
stade, il y en a déjà eu 450.
Sur un carnet, on découvre les
dernières saisies : 3 kilos de pi-
ments en provenance de
Mayotte, 2 kilos de gingembre,
2 kilos de fruits à pain et des brè-
des, 2 kilos de camarons sans
conditionnement, tout ça ve-
nant de Madagascar. Il y a aussi
des tomates arbustes ou des
pommes de terre. Les destruc-
tions se font dans des congéla-
teurs coffres où les agents déver-
sent du bleu de méthylène sur
les produits interdits. Quelques
voyageurs fraîchement débar-
qués de Maurice en ont fait les
frais. Cette dame transportant
une main de bananes et des
mangues dans un panier made
in Mauritius a dû laisser ses
fruits aux agents. Mais ce
contrôle renforcé et le passage
au rayon X de quelques valises
n’a pas permis de dénicher une
cargaison des fruits et légumes
provenant de l’île Sœur
Nicolas Goinard
Les douaniers ont visé hier après-midi les voyageurs d’un vol en provenance de Maurice. (Photos Frédéric Laï-Yu)
Quand ce n’est pas interdit
tout est question de quantité
Si tous les produits végétaux se font refouler à l’entrée du territoire, il
n’en est pas de même de la viande qui peut être transportée depuis
l’Europe. En revanche, elle est bannie quand elle provient de chez nos
voisins tout comme les produits laitiers. Impossible de ramener son
cheddar préféré de Maurice. Quant aux crustacés et poissons, bien
conditionnés, ils peuvent voyager dans les valises dans la limite d’un
poids total de 20 kilos. Si vous ne pouvez pas ramener du zébu de Ma-
dagascar, ramenez des langoustes ! Quant aux alcools et autres pro-
duits, ils sont autorisés à condition de ne pas dépasser une certaine
quantité. Ainsi, on peut voyager avec 200 cigarettes ou 100 cigarillos
ou 50 cigares ou 250 g de tabac à fumer. On peut transporter 1 litre
d’alcool titrant plus de 22° (rhum…) ou 2 litres d’alcool à moins de 22°
(punch…). Ce à quoi on peut ajouter 4 litres de vin et 16 litres de bière.
Le total des produits ne doit pas dépasser en valeur les 430 euros.
Certains bagages ont été passés aux rayons X.
GILLOT
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