4 regards de la jeune génération sur l`entreprise

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4 regards de la jeune génération sur l’entreprise
5 décembre 2012
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Illustrations
Jean-Michel Milon
Blog : lamineducoach.fr
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des illustrations
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Getty Images
JM Milon
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Les opinions exprimées dans les articles
n'engagent que leurs auteurs. Les
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LES RDV de l’Institut - BPI group
Chaque année, les RDV de l’Institut - BPI group donnent la parole à de jeunes professionnels
diplômés d’HEC - Entrepreneurs sélectionnés pour la qualité de leurs travaux et la proximité de
leurs thèmes avec ceux de BPI group.
Dans un contexte où les mondes académique et professionnel sont de plus en plus interdépendants, les RDV de l’Institut et HEC-Entrepreneurs font se rencontrer et débattre des
professionnels, en entreprise, dans les administrations et dans les cabinets de conseil, avec
de jeunes professionnels qui entrent dans le monde du travail, des étudiants, des chercheurs.
« L’entrepreneuriat social changera-t-il l’économie de demain ? »
p 08
Pour répondre à une demande croissante de régulation sociale,
les acteurs de l’entrepreneuriat social créent de nouveaux business
models dont s’inspirent les plus grands économistes. Quelle place
prendront-ils dans l’économie de demain ?
par Lola Blanc
« L’échec entrepreneurial »
p 12
Parce que l’échec est indissociable de la prise de risque n’est-il
pas le premier pas vers la réussite ? Comment apprendre à échouer ?
Comment échouer intelligemment ?
par Virginie Caplain
« Le marché de la crise en France »
p 16
Sur un marché caractérisé par la double exigence du secret et
de la confiance, comment les professionnels s’y prennent-ils pour
faire connaître leurs produits ? Comment captent-ils leurs nouveaux
clients ?
par Alexandra Carter
« Relation entre la rémunération d’un dirigeant et sa performance »
p 20
Les mesures de rémunération incitatives ont-elles un impact
sur le comportement ou la performance d’un dirigeant ou d’un trader ?
par Florian Kahn
Les Rendez-Vous de l’Institut
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Créé en 1984, BPI group s’affirme aujourd’hui comme cabinet leader de l’accompagnement RH des
transformations.
En imaginant, il y a bientôt 30 ans, une approche innovante pour démocratiser les méthodes d’outplacement
jusque-là réservées aux cadres dirigeants, et face à l’irruption du chômage de masse, nous rendions faisable
ce qui paraissait impossible.
Olivier Labarre
Président
Cet esprit pionnier nous a depuis lors conduits à un développement régulier et à un élargissement continu
de nos champs d’intervention et de notre couverture internationale, tout en restant fidèles à notre tradition
d’innovation.
L’énergie du changement, les solutions opérantes construites avec l’ensemble des acteurs au plus près des
territoires, sont notre marque de fabrique. Dans notre posture de conseil, le maître mot est l’équilibre : entre
conseil aux personnes et conseil aux organisations, appui aux directions et dialogue avec l’ensemble des
équipes et de leurs représentants, humanité et intelligence des situations.
Dans un environnement durablement incertain où les schémas traditionnels de pensée et d’action s’avèrent
caducs, BPI group s’engage au quotidien avec ses clients, partout en France et dans le monde, à construire de
nouveaux équilibres entre l’économique et le social.
Nous mobilisons nos expertises autour de 3 grands champs d’intervention :
Accompagner les restructurations
Une approche unique et globale : le Positive Restructuring Process® consiste à conseiller les comités de
direction en amont pour les aider à anticiper au mieux et à éviter autant que possible le traitement à chaud des
restructurations (GPEC, GTEC).
Un concept phare quand la restructuration s’avère incontournable : la Plateforme pour l’emploi, une réponse
simultanée aux enjeux de reclassement et de revitalisation. Basée sur une approche territoriale, elle permet de
créer les synergies nécessaires pour accroître la performance des actions réalisées et compenser les effets de
la restructuration.
Présent dans
Conseil aux comités de direction sur la stratégie sociale et de changement
Accompagnement des managers
Plan de communication interne et externe
Ingénierie sociale
Gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (entreprises, branches
ouEUROPE
territoires)
&
Canada
Russie
MÉDITERRANEE
Allemagne
Japon
Stratégie RH
Autriche
Belgique
Danemark
Espagne
USA
Dispositifs d’accompagnement du retour à l’emploi
Chine
France
Grande Bretagne
Irlande
Inde
Mexique
Revitalisation de territoires
Italie
Maroc
Norvège
Malaisie
Cession, reconversion et réindustrialisation de sites
Singapour
Pays Bas
Pologne
40 pays
Brésil
Chili
Portugal
Roumanie
Suède
Suisse
Tunisie
Ukraine
Nouvelle
Australie Zélande
Afrique du Sud
Argentine
26
40 pays
Présent dans
bureaux
en France et Dom Tom
Lille
Le Havre
Caen
Brest
Canada
USA
Mexique
Chili
EUROPE &
MÉDITERRANEE
Allemagne
Autriche
Belgique
Danemark
Espagne
France
Grande Bretagne
Irlande
Italie
Maroc
Norvège
Pays Bas
Brésil Pologne
Portugal
Roumanie
Suède
Suisse
Tunisie
Ukraine
Argentine
4
Rouen
Paris
Nancy
Rennes
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bureaux
Strasbourg
Russie
Nantes
Japon
Chine
Afrique du Sud
Dijon
Clermont-Ferrand
Inde
Singapour
Mulhouse
Tours
Bordeaux
Malaisie
Lyon
Saint Etienne
Annecy
Grenoble
Avignon
Sophia
Montpellier
Marseille
Toulouse
Nouvelle
Australie Zélande
Ile de la Réunion
Révéler et développer les talents
L’Institut du Leadership
Une palette de services couvrant l’ensemble du
cycle de vie des collaborateurs dans l’entreprise, et
au-delà dans leurs mobilités professionnelles.
Un outil d’intelligence collective
pour garder un temps d’avance
Des méthodes de pointe pour révéler les talents
par la recherche de la meilleure adéquation
possible entre les compétences individuelles et les
contextes dans lesquels ils sont le mieux à même
de s’exprimer.
Executive Search
Recrutement
Ingénierie de formation
Développement et transfert de practices et
expertises
Plateforme collaborative et université d’entreprise
Projet de gestion et de détection des potentiels
Formation management et leadership
Serious games
Evaluation, 360°, Assessment et Development
Center
Coaching individuel et Coaching collectif
Bilans dynamiques de carrières et VAE
Création d’entreprise
Outplacement
Orientation de carrière
Réussir les projets de
transformation
Un souci permanent de la préservation du capital
social des organisations souvent mis à mal par les
incertitudes de l’environnement, les changements
permanents et le sentiment d’insécurité qui les
accompagnent nécessairement.
Des méthodes d’accompagnement RH des projets
de transformation permettant d’orchestrer la mise
en œuvre des expertises requises au service de solutions sur mesure adaptées à chaque cas singulier,
avec une recherche permanente de capitalisation et
d’innovation.
Pilotage RH de projets complexes de transformation
Mobilisation des lignes managériales et des
équipes
Mise en place de nouvelles formes d’organisation (organisations apprenantes, organisations
du travail responsabilisantes)
Formation à la conduite du changement et au
management dans l’incertitude
Appui aux fonctions RH dans leur rôle d’accompagnement du changement
Optimisation des organisations et des politiques
RH
Partage du pilotage et de la fonction RH avec
les managers opérationnels
Stratégie et médiation sociale
Enquêtes de terrain, démarches d’écoute et
baromètres d’engagement professionnel
L’Institut du Leadership est un centre d’études,
de recherche et de prospective créé en 2009 par
BPI group. Il couvre l’ensemble des champs d’expertises autour de l’accompagnement RH des
transformations : le management, mais aussi les
ressources humaines, la conduite des restructurations et le social au sens large.
L’Institut place BPI group sur le champ du débat
d’idées, de la recherche de solutions innovantes
et opérantes, de la ré invention du management,
de la GRH et du fonctionnement des organisations.
Il offre un espace collaboratif, mi virtuel (via le site
de l’Institut) mi réel (rencontres, groupes de travail
et événements) avec un double ancrage géographique à Paris et à Chicago, garant d’une vision
ne se limitant pas aux frontières de l’hexagone.
L’Institut est un lieu d’échange où chacun est invité à apporter ses contributions ; c’est aussi un
centre de ressources partagées. En veille permanente sur l’actualité des marchés et champs d’intervention et de réflexion de BPI group, il draine
les bonnes idées en interne et en externe, aidant
le cabinet à innover, faire de la prospective et produire des concepts et des discours originaux, qui
lui soient propres et le distinguent.
Philippe Bigard
[email protected]
Fanny Barbier
[email protected]
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Les Rendez-Vous de l’Institut
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Entrepreneurs
HEC-Entrepreneurs est un programme destiné aux élèves d’HEC Paris, aux élèves des Grandes écoles
d’ingénieurs, aux étudiants des Universités françaises et étrangères de toutes les disciplines.
Nous souhaitons la plus grande diversité dans la qualité pour rassembler des talents, des personnalités riches
et généreuses, ayant en commun la volonté d’entreprendre.
Le programme HEC-Entrepreneurs a été créé pour aider et accompagner avec une exigence professionnelle
élevée, les étudiants qui ont le désir d’avoir dans leur vie un projet entrepreneurial, au-delà de celui d’accomplir un
cursus universitaire de gestion. En effet, entreprendre procède avant tout d’un état d’esprit : il est fondamental,
pour s’y préparer, de sortir de l’approche scolaire.
Pour faire éclore les talents d’entrepreneurs, nous faisons donc confiance aux entrepreneurs d’aujourd’hui : à
eux, avec HEC Paris, de former ceux de demain.
Au moyen de missions réelles tout au long de l’année, les élèves, par équipes de trois, sont accompagnés par
des dirigeants fortement impliqués dans notre programme. Le transfert d’expérience s’accompagne alors d’un
transfert de savoir-être, indispensable pour se lancer dans l’entrepreneuriat avec des chances sérieuses de succès.
De nombreux jeunes dirigeants l’ont fait en sortant de notre programme.
Certains apportent leur témoignage dans ce document. Si vous avez envie de donner un sens à votre vie
professionnelle, si vous voulez entreprendre, si l’effort ne vous fait pas peur, HEC-Entrepreneurs vous offre
une formation unique et un réseau d’hommes et de femmes pour qui l’entrepreneuriat est davantage qu’une
pratique : une philosophie de vie.
LE PROGRAMME
Ent’Raid 1
Raid d’intégration dont l’objectif est de constituer
en quatre jours la cohésion, l’esprit et le bon
fonctionnement de la promotion. Il consiste en
une marche d’orientation d’environ cent kilomètres
en quatre étapes. Outre le côté (raisonnablement)
sportif du raid, certaines soirées sont l’occasion
d’une conférence, prélude à la scolarité.
Mise à niveau
Avant le démarrage du programme, trois semaines
de mise à niveau sont prévues pour atteindre les
pré-requis en management : cours de stratégie,
de comptabilité, de contrôle de gestion, de droit
et marketing, complétés par des conférences.
Durant cette période, les étudiants peuvent faire
connaissance et travailler avec tous les Mastériens
de la promo 2012, ce qui accélère leur intégration
dans la vie du campus. Dans le même temps,
les étudiants de la majeure (Grande école HEC)
suivront une formation sur l’actualité des principales
technologies, afin de compléter leurs connaissances
et de faciliter la mise en commun des savoirs avec
les étudiants mastériens issus notamment des
écoles d’ingénieurs.
Mission « Création »
Au cours de cette mission, les étudiants accompagnés
par des entrepreneurs expérimentés, apprennent
en équipe, à travers, par exemple, la réalisation
d’un business plan à évaluer une opportunité
entrepreneuriale, à dimensionner les ressources
nécessaires à son exploitation et à « vendre » leur
projet aux parties prenantes concernées.
La découverte et l’apprentissage de la dynamique
entrepreneuriale se font essentiellement par transfert
d’expérience du professeur tuteur tout au long de
l’étude du projet au cours du séminaire. La mission
doit permettre de passer de l’idée au business plan
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dans des conditions les plus réalistes possibles.
Le jury final se déroule au siège du groupe Société
Générale (Paris - La Défense).
Séminaire « Bouygues Telecom »
Animé par la Société KeyPeople et soutenu
financièrement par Bouygues Telecom, ce module
vise à développer une réflexion sur l’orientation
professionnelle de l’étudiant. Tests de personnalité,
travail en groupe alternent avec des interventions de
personnalités proposant une réflexion sur les qualités
morales propres aux entrepreneurs.
Mission « Redressement »
Les étudiants, encadrés par un administrateur judiciaire, travaillent sur le plan de redressement d’une
entreprise en période d’observation au Tribunal de
Commerce. L’objectif est de confronter les étudiants
à une situation d’échec et de leur apprendre à y faire
face. Volontairement programmée après la mission
« Création », cette mission est destinée à leur viter
une vision exagérément « angélique » de l’entrepreneuriat. Le jury final se déroule dans les locaux du
Tribunal de Commerce de Paris.
Séminaire « Leadership »
Il se déroule à l’école Navale à Brest et aborde la
thématique de la conduite de l’action en situation extrême. L’objectif du séminaire est de faire découvrir
par les étudiants et les Officiers élèves de l’école Navale quelques-unes des aractéristiques communes
de leur problématique respective de leadership.
Séminaire « Vente »
Pendant une dizaine de jours, les étudiants
découvrent des situations réelles de vente grand
public dans les magasins Darty de la région
parisienne. Une journée de conférence du Directeur
Général de Darty Ile-de-France est consacrée à la
Distribution.
Entr’Aide 2
Ce séminaire d’aide au projet entrepreneurial
personnel a un double objectif pédagogique :
regrouper la promotion au début du deuxième
trimestre et lancer le processus de maturation des
projets personnels pour ceux qui ont choisi de se
lancer dès la sortie du programme dans un projet
entrepreneurial. Au cours du séjour, une journée est
consacrée à l’industrie de l’accueil et se concrétise
par une visite pédagogique de l’école Hôtelière de
Lausanne.
Mission « Reprise-transmission »
Il s’agit ici de préparer les étudiants à « reprendre
pour entreprendre », autant qu’à les initier aux
pratiques de croissance externe. La mission
doit ainsi permettre de pratiquer une évaluation
financière et stratégique d’une cible de reprise, aux
côtés d’un acheteur ou d’un vendeur, d’étudier son
financement, d’élaborer une stratégie de négociation
et de préparer un business plan de reprise. Le jury
final se déroule dans les locaux du Medef.
Stage « Bras droit en entreprise »
Ce stage individuel doit permettre à chaque étudiant
de vivre au quotidien « l’agenda du dirigeant », de
préférence en situation entrepreneuriale. Un « cahier
des charges » de ce stage est délivré aux étudiants
dès leur admission définitive. Ce stage fait l’objet
d’un rapport noté par la direction du programme et
d’une évaluation par l’entreprise d’accueil. Certains
projets personnels des étudiants, notamment ceux
retenus par l’incubateur HEC, peuvent constituer le
rapport de stage.
Module «Croissance rapide »
(optionnel)
La problématique de croissance, si importante pour
les jeunes entreprises en phase de développement,
est proposée aux étudiants sous la forme de
cas réels caractéristiques de la pédagogie HEC
Entrepreneurs. Ce module peut être remplacé par
l’un des Certificats proposés à tous les étudiants
inscrits en Mastère Spécialisé HEC Paris, sous
réserve d’acceptation par le responsable du
certificat. Le module « Croissance rapide » et les
certificats se déroulent entre mi-avril et mijuin et
correspondent à 100 heures de cours.
Thèse professionnelle
La thèse professionnelle est un travail de fin
d’étude qui constitue un élément fondamental pour
l’attribution du MS Entrepreneurs. La thèse doit
donner lieu à une soutenance formelle devant un jury.
Quelques exemples
de créations d’entreprise
› ABK6 : artisan-producteurs de spiritueux reconnus pour
la qualité de son savoirfaire
› Accur Recruiting Services : cabinet de chasseurs de
têtes spécialisé dans l’industrie du luxe en Floride
› Blogspirit : solution de blogging pour le grand public et
les professionnels
› Crossknowledge : e-learning
› Dermance : laboratoires dédié aux peaux matures
› Deenox : laboratoire dédié à l’énergie et au bien-être des
jeunes actifs
› émoi-émoi : premièr e boutique en ligne spécialisée
dans les vêtements de grossesse et d’allaitement
› Expernova : plateforme de mise en relation directe
Recherche / Entreprises
› Eurekey : agence de conseil en marketing et
communication, spécialisée dans l’animation de
communautés
› Filapi : centres de loisirs pour enfants et crèches en entreprise
› Gymglish : cours d’anglais par Internet
› Haut de Forme : académie de l’art de vivre, proposant
des ateliers récréatifs et des formations autour de la
dégustation, l’élégance et le savoir-vivre
› Homelidays : site de location de vacances
› Imagera : agence en ligne de photographes
› Kidexpo : salon professionnel sur la famille
› Kujjuk : solution intégrée de création de visuels produits
et de fiches produits pour le e-commerce
› Le bar à huîtres : «restaurants de haute mer»
› L’Usine à design : E-boutique d’objet déco et meubles
design de qualité, personnalisables et à petit prix
› Meilleursagents.com : plateforme d’accès aux
meilleurs éléments de la vente immobilière
› Nomino Education : service de cinéma francophone en
ligne intégrant un accompagnement pédagogique innovant
› Priceminister.com : site d’achat et de vente en ligne
entre particuliers
› Sensio : agence de communication interactive
› Spartoo : E-boutique de chaussures
› Trepo Leriguier Champagne : créateur de champagnes
› Yellow Korner : site d’achat de photos d’art en série
limitée
› Wijet : compagnie aérienne de taxi-jet en France
› Witchbird : créateurs de solutions internet pour entreprises
› ...
HEC Paris :
Gervais Johanet
[email protected]
Nouveautés 2013 :
www.hec.fr
Créativité : 18 heures de cours
Séminaire de réflexion : Collège des Bernardins
Accueil et Service : Une semaine en salle et en
cuisine dans un restaurant de luxe
Learning Expedition : Silicon Valley
Les Rendez-Vous de l’Institut
7
synthèse
L’entrepreneuriat social changera-t-il
l’économie de demain ? Lola Blanc
« Les deux choses les plus importantes n’apparaissent pas au bilan de l’entreprise :
sa réputation et ses hommes. »
Henry Ford
Le maintien d’un équilibre social est fondamental pour le développement d’une société. En fonction
de son époque, de sa culture, différents moyens sont mis en place pour maintenir cet équilibre.
En France et dans le monde, la crise a fortement bousculé l’ordre social, remettant en cause la
place de nombreux acteurs, donnant à l’Etat, aux associations et aux entreprises de nouveaux
rôles. Ainsi depuis quelques années, les limites entre l’économie classique et les actions sociales
se redéfinissent. Le schisme entre le secteur privé et les actions d’intérêt général n’est plus. De
nouveaux modèles émergent massivement, portés par une logique d’autofinancement et destinés à
servir des causes sociales. Ils forment le secteur de l’entrepreneuriat social relayé et débattu sur la
scène internationale par de grands économistes et orateurs.
Histoire et définition de
l’Entrepreneuriat Social
L’entrepreneur social, un mélange de
Richard Branson et Mère Teresa
L’entrepreneuriat social est un terme qui a connu
une forte médiatisation ces dernières années. On
le retrouve de plus en plus dans l’actualité comme
un modèle de croissance et d’avenir. Il est difficile
d’en faire une définition unique. Les structures
qui s’y rattachent n’ont pas de statut particulier.
D’après l’école de Stanford, toute définition du
terme « entrepreneuriat social » doit commencer
par une définition du mot entrepreneuriat. Un projet
à vocation sociale n’est rien sans un entrepreneur.
(Stanford Social Innovation Review, 2007). Partant
de ce principe, on peut s’attacher à trouver une
définition à l’entrepreneuriat social. Bien que ces
deux termes paraissent antagonistes, mis côte à
côte, ils définissent un secteur porté par des acteurs
dont l’ambition première est de répondre aux
problématiques sociales par un modèle économique
viable et indépendant. D’après la Fondation Schwab
pour l’Entrepreneuriat social, crée par Claud et Hilde
Schwab, les responsables du Forum Economique
de Davos, un « entrepreneur social est un visionnaire
pragmatique, qui atteint des objectifs larges de
changement social grâce à une nouvelle invention,
une approche différente, un travail rigoureux
empreint de vision stratégique […]. Il combine les
caractéristiques de Richard Branson et de Mère
Teresa. » (Fondation Schwab pour l’Entrepreneuriat
social).
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Les origines de l’entrepreneuriat social
L’entrepreneuriat social n’est pas un phénomène
nouveau. On découvre les prémices de
l’entrepreneuriat social dans les premières initiatives
émanant du secteur privé qui ont cherché à répondre
à des problématiques sociales au moment de l’ère
industrielle. En France, l’industriel des poêles en fonte
Jean-Baptiste Godin, a mis en place une expérience
de logement patronal. Plus connue sous le nom de
familistère de Guise. Outre Atlantique, les entreprises
de l’ère industrielle dressent les premiers modèles
philanthropiques. Ainsi le progrès économique se
développe avec une forme de rétribution sociale
qui anime tout un écosystème. Aujourd’hui les
nouvelles fortunes issues des réussites planétaires
portées par les secteurs des nouvelles technologies
et de l’internet amènent les fondateurs à œuvrer vers
une philanthropie qui leur ressemble. Bill Gates et
Warren Buffett, ont développé des fonds caritatifs
investissant dans des œuvres durables et mondiales.
Il faudra donc attendre les années 80 pour voir
émerger, aux Etats Unis, la première structure
destinée à l’accompagnement des entrepreneurs
sociaux, Ashoka, fondée par un ancien Directeur
associé de Mc Kinsey, Bill Drayton.
L’essor de l’entrepreneuriat social lié à
l’évolution du contexte économique, social
et culturel
Le fait de donner une dynamique sociale à un
business n’est pas un phénomène nouveau mais qui
semble particulièrement adapté au contexte socioéconomique actuel. La multiplication des crises
questionne la capacité de l’Etat à remplir certaines
Lola Blanc
Diplômée du mastère spécialisé HEC Entrepreneurs en 2011.
HEC Chaire Social Business, 2011. Ecole des Psychologues Praticiens,
diplôme de psychologue en, juin 2010
Depuis juin 2011, responsable de mission pro bono :
le prix de l’Entrepreneur social de l’année en partenariat avec la Fondation Schwab
pour l’entrepreneur social, The Boston Consulting Group.
fonctions qu’il s’était donné. L’augmentation des
inégalités, l’intensité de la pauvreté, la précarisation
des emplois dégradent le contexte social. L’évolution
de l’Etat Providence laisse la place à de nouveaux
acteurs pour répondre aux problématiques de la
société. En l’espace d’un demi-siècle, le secteur
social est passé d’une position de délégué des
affaires sociales de l’Etat, à celle de partenaire local
d’insertion, à celle de marchand de services pour
finir bras droit social des entreprises.
La crise a fortement perturbé le contexte
économique et social. D’après l’Observatoire
National de la pauvreté et de l’exclusion sociale, elle
se traduirait par un recul cumulé du PIB de 3,4 %
entre le printemps 2008 et la fin 2009. L’évolution
du contexte économique n’est pas la seule
responsable des changements d’ordre social. On
remarque également une évolution d’ordre culturel.
La crise économique a frappé les consciences
des consommateurs qui s’engagent dans une
consommation plus responsable. Laszlo Andor,
Commissaire européen en charge de l’emploi, des
affaires sociales et de l’inclusion, a déclaré lors de
la réunion de la Commission européenne du 15
novembre 2011, sur la responsabilité des entreprises
que « les entreprises socialement responsables ont
pour origine la prise de conscience que la crise n’est
pas seulement économique et financière mais aussi
éthique. » (Commission européenne, Bruxelles le
15 novembre 2011). La culture du don a également
fortement évolué avec une modernisation de la
philanthropie qui amène les grands donateurs à sortir
de leur pudeur. Face au désengagement progressif
de l’Etat, à l’évolution du secteur associatif et à la
dégradation du contexte économique, on voit de
nouveaux acteurs de l’économie sociale et solidaire
émerger. Ils apparaissent comme un modèle
innovant, porteur de sens et vecteur d’innovations.
Ils proposent une alternative aux modèles classiques
de financement afin de se prémunir de la diminution
progressive des sources de financement.
L’apparition des modèles efficaces,
représentatifs de l’entrepreneuriat
social
Le logement social, la délocalisation des activités,
la réinsertion et l’accès à l’emploi pour les jeunes
diplômés de banlieues sont de vrais sujets sensibles
auxquels s’attaquent les entrepreneurs sociaux. Ils
dépassent les frontières du terrain social et prennent
appui sur des modèles d’économie classique afin
d’assurer de façon pérenne leur impact. Ils bâtissent
leur modèle sur trois critères essentiels, l’innovation,
l’impact social et la viabilité économique. C’est le
cas de François Marty qui a créé des logements
sociaux à faible consommation énergétique, car
reloger des familles est une chose, leur permettre
de rester en diminuant les charges en est une autre.
Les Institutions HLM gèrent aujourd’hui 4,5 millions
de logements et logent près de 10 millions de
personnes en France. Le logement social représente
une part importante du parc immobilier français et
son rôle dans l’économie de l’habitat est primordial.
Cependant depuis quelques années, ce secteur
connaît une grave crise.
Les raisons sont multiples, dépréciation de son
image, paupérisation grandissante des locataires,
dégradation des bâtiments, déliquescence des liens
sociaux et enfermement social d’après Jean-Marc
Stébé, sociologue en urbanisme (2011). François
Marty propose un nouveau modèle, développé par
un montage financier innovant, pour déployer une
gamme de logements sociaux écologiques et durables. Les familles ainsi relogées bénéficieront de
faibles charges liées aux innovations écologiques
mises en place par Le Chênelet au sein de leur logement social. Comme François Marty, des entrepreneurs ont su développer des modèles efficaces pour
répondre à des problématiques sociales diverses.
Leur ambition est de créer des structures autonomes
financièrement afin de se projeter dans une logique
d’insertion durable. Ces nouveaux modèles sont de
plus en plus reconnus. Des grandes entreprises, des
économistes s’en inspirent. Ils participent à l’essor
d’un nouveau champ entre l’économique et le social.
Un débat relayé au niveau
international
Le lien entre économie classique et
responsabilité sociale défendu par les
grands théoriciens
Les problématiques auxquelles s’affrontent par ces
nouveaux entrepreneurs sociaux décloisonnent les
frontières du secteur économique classique. Ils redéfinissent les lois du marché tout en s’y adaptant. Des
grands théoriciens, économistes y voient l’émergence d’une nouvelle économie. Ronald Cohen,
connu comme étant le « père du capital risque », voit
le contexte de crise comme favorable à la création
Les Rendez-Vous de l’Institut
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synthèse -
L’entrepreneuriat social changera-t-il l’économie de demain ? - Lola Blanc
d’entreprises, et particulièrement stimulant pour l’entrepreneuriat social. Selon lui, le capital risque,» sera
désormais jugé sur la manière dont il saura ou non
réagir à ces conséquences sociales. Il va être obligé
de prendre en compte le fait que la société entrepreneuriale dont il a accouché a créé des disparités
énormes». Dans un article paru dans la Harvard Business Review en février 2011, Michael Porter présente son concept intitulé « the Big Idea » ou plutôt
comment créer de la « Shared Value » (Porter et
Kramer, 2011). Selon le « pape de la stratégie », trois
points questionnent la place des entreprises dans
leur écosystème. D’une part, la frénésie consumériste des citoyens arrive à saturation, laissant sans
voix les entreprises qui espéraient pouvoir vendre
toujours plus. D’autre part, une vision à long terme
amène les entreprises à considérer la chaîne d’ensemble au lieu de sauter sur toute opportunité. Et
enfin, la capacité limitée des entreprises à agir sur
leurs effets collatéraux questionne la légitimité de
leur activité de production. Enfin pour l’économiste
et professeur en stratégie, C. K. Prahalad, il existe
un marché qui permet à la fois de répondre à une
problématique sociale tout en s’engageant dans une
démarche à long terme. C’est le marché BOP, pour
« Base Of the Pyramid ». Cette expression créée
par C. K. Prahalad a été popularisée en 2004 pour
rendre compte du potentiel marché que représentent les 4 milliards de personnes vivant avec moins
de 2 dollars par jour. Le marché BOP « désigne les
populations pauvres qui n’ont pas ou peu accès aux
biens et services proposés par le marché du fait de
la faiblesse de leur revenu » (Grouillet et al., 2011,
p 1) « pour une entreprise s’engager dans le BOP
c’est aider les populations à trouver leur place dans
l’économie de marché en tant que consommateur
et acteur de la chaîne de valeur » (Grouillet et al.,
2011, p 1).
Ces nouveaux marchés peuvent être vus comme
une source d’enrichissement à long terme pour les
entreprises, propices à l’innovation interne. Dans une
étude publiée en juillet 2011 pour le compte de l’ONG
CARE, les auteurs Julien Grouillet, Vianney Sauvage
et Louis-Marie Jacquelin affirment que « le BOP est
aussi une source de création de valeur sociale au
sein même de l’entreprise. Qu’il s’agisse de faciliter
le recrutement ou de fidéliser les collaborateurs,
le BOP fédère autour d’un projet d’entreprise qui
permet de réconcilier efficacité opérationnelle et
sentiment de dignité sociale » (Grouillet et al, 2011,
p 4).
Ainsi pour une entreprise, répondre à une
problématique peut aussi être une façon de
s’implanter sur un nouveau marché, de créer de la
valeur à long terme tout en fédérant et mobilisant
ses équipes internes. Certaines entreprises l’ont bien
compris et se sont déjà engagées dans des projets
destinés aux populations BOP.
10
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L’engagement des multinationales dans
l’économie sociale
Ainsi Essilor s’est lancé, depuis 2003 dans les régions
du sud de l’Inde dans la confection de paires de
lunette à moins de 5 euros. Danone, un des pionniers
de ce marché, a mis en place un partenariat avec
la Grameen Bank pour créer un nouveau produit, le
yaourt Shokti Doï, créé avec la volonté première de
lutter contre la malnutrition. Les entreprises répondent
aux problématiques sociales avec un tout nouvel
angle d’attaque.
Elles s’engagent pour responsabiliser les acteurs
économiques face à leur impact social. Elles créent
de nouveaux modèles vecteurs d’innovations qui bénéficient à la fois à leurs équipes en interne et aux
populations défavorisées. On peut alors se demander quelle sera la place de ces nouveaux modèles
dans l’économie de demain.
Alors quelle place dans l’économie de
demain ?
L’entrepreneuriat social prend de plus en plus de
place dans notre société. De 2000 à 2010 l’économie
sociale a créé 440 000 emplois salariés en France.
L’entrepreneuriat social salarie 10 % de la population
française (Deschamps M-P, 2010) en 2010. Le débat
suscite beaucoup d’intérêt au niveau européen car
il répond à une problématique territoriale de grande
échelle. Aujourd’hui l’économie sociale représente
10 % de toutes les entreprises européennes et
emploie plus de 11 millions de travailleurs rémunérés
dont 2,3 millions en France et continue de recruter
malgré la crise. Le discours européen semble de
plus en phase avec le concept de «shared value» de
Michael Porter, présenté précédemment.
Lors de la réunion de la Commission européenne
sur les entreprises responsables en novembre
2011, Michel Barnier, précise, que « nous devons
nous assurer que toutes les entreprises, et pas
seulement les entreprises sociales, tiennent compte
de leur impact sur la société dans son ensemble :
voilà pourquoi je souhaite aussi que les grandes
multinationales – en particulier celles qui œuvrent
dans le secteur forestier et l’extraction – soient
plus ouvertes sur ce qu’elles versent aux différents
gouvernements dans le monde » (Commission
européenne, Bruxelles, le 15 novembre 2011).
Conclusion
L’entrepreneuriat social accompagne donc un
changement global, économique, social, culturel
et dépasse les frontières actuelles entre public et
privé.
L’entrepreneuriat social semble s’imposer comme
un moyen efficace de lutte contre l’exclusion,
la désinsertion, l’isolement, la précarité. Aux
vues des mutations conjoncturelles, il apparaît
comme un secteur d’avenir à même de changer
l’économie de demain.
Les Rendez-Vous de l’Institut
11
synthèse
L’échec entrepreneurial - Et si l’échec était
le premier pas vers la réussite... ? - Virginie Caplain
L’échec est l’un des mots les plus redoutés dans notre langue. Sa pensée même est suffisante pour
arrêter la plupart des gens dans leur élan. Mais si l’échec était l’essence même du succès ?
En effet, nous pouvons emprunter de nombreux chemins dans notre poursuite vers le succès. Le
chemin le plus évident semble être celui d’un travail accompli de manière la plus infaillible possible.
Dans cette perspective, l’échec n’est pas seulement exclu de l’équation mais est évité avant tout car
semble incompatible avec l’idée même que l’on se fait du succès.
Malheureusement, ou heureusement, nous échouons tous et tout spécialement si nous prenons des
risques. Parce que l’échec n’est pas assimilé à un manque d’intelligence, parce que les personnes
possédant des capacités intellectuelles et des compétences très différentes échouent, nous devons
apprendre de l’échec et apprendre à échouer intelligemment.
La notion d’échec
Précisons ici que le terme d’échec est à prendre
dans le sens d’erreurs audacieuses et provenant de
prises de risque, et non d’erreurs issues d’un travail
manquant de professionnalisme.
Un traumatisme venu de l’enfance
Notre obsession de la réussite et notre peur de
l’échec ont des retombées néfastes sur notre bienêtre psychologique mais aussi, finalement, sur notre
capacité à être compétitifs au niveau mondial. Gilles
Babinet pense que « L’échec est une illusion créée
par l’environnement social ».
En effet, de nombreux parents ont tellement peur
que leurs enfants ne soient pas à la hauteur qu’ils
se sentent le devoir de les blâmer lorsque leurs
performances sont médiocres. Et ce, en dépit
de la créativité et de l’imagination. C’est parce
que la plupart d’entre nous ont connu la punition
systématique des erreurs, que nous devons
apprendre à surmonter notre peur de l’échec.
Le monde sportif : une autre vision de
l’échec
En général, il est reconnu que les sportifs qui
échouent sont les mêmes qui réussissent. C’est ce
que témoigne Michael Jordan : « J’ai raté plus de 9
000 tirs dans ma carrière. J’ai perdu près de 300
matchs. 26 fois, j’avais confiance d’être pris sur la
photo des vainqueurs du match ... et ai perdu. J’ai
échoué encore, encore et encore dans ma vie. Et
c’est pour cette raison que j’ai réussi. »
Les sportifs ont tous déjà souffert de la déception
de l’échec et sont désireux de prouver qu’ils sont
capables.
Le rôle des entraîneurs, de même que celui des chefs
d’entreprise, est de faire preuve de compassion,
12
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de donner de l’enthousiasme et de l’énergie pour
continuer.
Les Jeux Olympiques sont l’un des plus grands
symboles d’excellence. Cependant, au-delà de
notre admiration pour les meilleurs athlètes du
monde entier, il est important de se rappeler que la
vraie victoire est de participer au défi. C’est à juste
titre que le baron Pierre de Coubertin, fondateur des
Jeux Olympiques modernes, nous rappelle que « la
chose la plus importante dans les Jeux Olympiques
n’est pas de gagner mais de participer, tout comme
la chose la plus importante dans la vie n’est pas le
triomphe, mais la lutte. L’essentiel n’est pas d’avoir
été battu mais de s’être bien battu. »
La spécificité de l’échec entrepreneurial
Les Serial et Portfolio Entrepreneurs
Une étude menée par la Harvard Business Review
a montré qu’au lieu d’apprendre de leurs erreurs,
les Serial Entrepreneurs ont une aptitude à être
toujours trop optimistes même après un échec.
Leur excès d’optimisme peut paradoxalement être
dû à la douleur profonde, voire au traumatisme,
qu’ils ressentent quand leurs projets échouent. Leur
douleur est particulièrement aiguë, précisément
parce qu’ils s’impliquent dans la réussite d’une seule
entreprise. Au contraire, un sondage, réalisé auprès
de 576 entrepreneurs venus d’industries britanniques
différentes, montre que ceux qui détiennent plusieurs
entreprises simultanément, appelés aussi les Portfolio
Entrepreneurs, semblent être en mesure de mieux
ajuster leurs prises de décision.
Le cas des nouvelles entreprises
Face au fait que 20 % des nouvelles entreprises
échouent la première année de leur création et 66
% dans les six années suivantes, nous pouvons
identifier certains facteurs inhibant le succès de
Virginie Caplain
Diplômée du mastère spécialisé HEC Entrepreneurs en 2011. Diplômée de l’Ecole
Spéciale des Travaux Publics, du Bâtiment et de l’Industrie, ESTP, en 2010.
Responsable du déménagement du siège d’Astrium, groupe EADS, 2011-12. Depuis
2012, associée de la S.A.R.L. Ker Expert, entreprise spécialisée dans l’assistance
environnementale à Maîtrise d’ouvrage, l’ingenierie conseil dans le domaine des
économies d’énergie, bureau d’études thermiques et techniques.
nouvelles entreprises. Il s’agit de facteurs internes,
tels que la mauvaise gestion, mais aussi externes,
tels que des facteurs de marché défavorables.
Quand l’entreprise progresse dans son cycle de vie,
les aptitudes de gestion deviennent plus importantes
que les compétences entrepreneuriales. Dans
de tels cas, les entrepreneurs qui ne se sont pas
associés avec un gestionnaire professionnel sont
plus susceptibles d’échouer.
La politique et l’échec
De nombreux pays découragent par inadvertance
l’entrepreneuriat en punissant la faillite. Ils empêchent
les entrepreneurs qui ont déjà échoué de se lancer
dans une nouvelle création, et dans certains cas
traitent la faillite comme un crime. Mais, pour de
nombreux entrepreneurs, après un échec se trouve
la prochaine opportunité.
Une entreprise véritablement risquée est
une preuve certaine de la promotion de
l’innovation. C’est pourquoi le rôle des politiques
serait de soutenir la formation des entrepreneurs
dans les stratégies d’atténuation des risques et
dans le développement de leurs compétences. En
effet, s’il est important de former les entrepreneurs
à échouer petitement, rapidement et à bon marché,
il est important également de ne pas les décourager
dans leurs tentatives.
Traiter l’échec comme un aspect normal dans les
nouvelles entreprises, et développer leurs perspectives
en fonction de leurs valeurs permettront de diminuer
cette peur de l’échec. Pour Gilles Babinet, un
entrepreneur qui a échoué est quelqu’un qui « connaît
quelque chose que vous ne savez pas ».
Les échecs intelligents, à la frontière entre les deux
premiers, sont consécutifs soit d’un « test d’hypothèse »
soit d’un « test d’exploration ». Ces échecs sont le fruit
d’une expérimentation nécessaire car ils fournissent de
nouvelles connaissances précieuses. Tolérer l’échec
de processus inévitable dans des systèmes complexes
et tolérer des échecs intelligents aux frontières de la
connaissance est essentiel pour toute organisation qui
souhaite en tirer une connaissance nouvelle et faire un
bond en avant dans l’innovation.
Un regard psychanalytique
Le Dr. Albert Ellis, thérapeute dans le développement
personnel, pense que nos convictions peuvent
être à l’origine de l’échec. En effet, une personne
peut avoir des difficultés à faire face à certaines
situations car elle est submergée de convictions
irrationnelles. C’est seulement en s’opposant à de
telles convictions qu’une personne peut avec succès
traiter les problèmes.
L’appropriation de l’échec
La Théorie de la Résilience
Les sciences sociales définissent la résilience comme
la capacité à réussir, à vivre et à se développer
positivement, de manière socialement acceptable,
en dépit d’une adversité. D’après la théorie de Boris
Cyrulnik, s’il est vrai qu’après un traumatisme rien ne
pourra revenir comme avant, il est vrai aussi que tout
enfant blessé (et par extension tout homme) peut
trouver dans ses ressources internes le moyen de se
reconstruire, de créer des liens de résilience.
Les processus de l’échec
Promouvoir la résilience signifie avoir confiance dans
la capacité de l’individu à se réinventer et à aller de
l’avant.
Les raisons de l’échec
Transformer l’échec en valeur positive
Amy C. Edmondson dans son article « Strategies for
Learning From Failure », nous propose un éventail
de causes menant à l’échec, qui peuvent se répartir
en trois grandes catégories : prévisibles, complexes
et intelligentes.
Lorsque nous arrêtons de faire des erreurs, c’est
principalement pour deux raisons : soit nous avons
appris de nos erreurs passées et sommes dès lors
devenus plus intelligents, soit nous avons renoncé à
prendre des risques.
Les erreurs prévisibles correspondent aux causes
de « déviance », « d’inattention », de « manque de
capacité » et « d’inadéquation du processus ». Elles
sont causées par un écart par rapport au processus
opérationnel bien défini ou au processus routinier.
Les cadres, les managers et la société, d’un point
de vue général, ne devraient pas reprocher à leurs
employés de faire des erreurs car la meilleure raison
pour en faire est d’avoir voulu tenter quelque chose
d’innovant.
Les échecs complexes ou inévitables sont causés
soit par une « difficulté », une « complexité » ou
encore une « incertitude » dans le processus.
Mais l’échec est toujours intrinsèquement chargé
d’émotion. Faire en sorte qu’une organisation
l’accepte nécessite un fort leadership.
Les Rendez-Vous de l’Institut
13
synthèse -
L’échec entrepreneurial - Virginie Caplain
Accueillir de nouvelles idées
Les dirigeants se doivent d’être les protecteurs
des idées nouvelles. Tel Bill Bernbach, un des cofondateurs de l’agence Doyle Dane Bernbach (DDB),
nous devrions toujours avoir dans nos poches, lors des
réunions, un bout de papier sur lequel était écrit : « Il se
peut qu’il ait raison ».
Pouvez-vous imaginer un instant ce qui se serait
produit si Jonas Salk avait soumis son idée de vaccin
dans une réunion du marketing en disant : « On va
injecter aux gens le virus de la polio ! » ?
Acceptons le changement. Si nous échouons,
profitons de l’occasion pour changer notre vision,
notre manière de procéder et notre environnement.
Sortir de notre zone de confort et élargir
notre pensée
Pour Alexandre Graham Bell, « Quand une porte
se ferme, une autre s’ouvre ; mais nous regardons
souvent trop longtemps et avec tant de regrets les
portes fermées que nous ne voyons pas celles qui
s’ouvrent devant nous. » Accompagner les gens
pour les amener progressivement à accepter le
changement, à prendre des risques, à élever leur
niveau de pensée, à travailler en dehors de leur zone
de confort est un réel et ambitieux défi.
Les personnes qui voient grand et risquent beaucoup
sont aussi celles qui gagnent le plus. Elles ne se
contentent pas de sortir des sentiers battus, mais
tracent leur propre chemin en défrichant là où il n’y
avait rien avant.
Le principe d’amélioration continue
Ed Land, l’inventeur de la photographie instantanée
et fondateur de Polaroïd, avait accroché au mur de
son bureau une plaque sur laquelle on pouvait lire :
« Une erreur est un événement dont vous n’avez pas
encore retiré tout le bénéfice à votre profit. »
En revanche, les personnes qui refusent d’essayer
de s’améliorer sont condamnées à vivre dans la
médiocrité. Si elles ont un rôle de leadership dans
une organisation, elles ne lui permettront pas
de se développer et de s’améliorer. Tout ce que
nous faisons doit évoluer, changer et continuer à
s’améliorer.
Patience et persévérance : les clefs
du succès
Steve Ballmer, PDG de Microsoft, souligne
l’importance de la patience pour réussir en affaires
en expliquant que les produits et les entreprises
passent par trois phases : la vision, la patience et
l’exécution. Le logiciel Microsoft Windows n’a pas
fait exception à ce schéma. « Windows 1.0 n’a pas
été un succès. Windows 2.0 n’a pas été un succès.
Ça ne l’était pas jusqu’à ce que nous sortions le
Windows 3. Nous avions enfin là un grand gagnant. »
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Mais attention, pour Jeffrey Schwartz, psychiatre
américain, « la mentalité de la réalisation coûte que
coûte paraît bien fondée et semble motiver les gens.
Mais la triste vérité est que ‘ne jamais abandonner’
n’est pas toujours la bonne chose à faire. » Nous
sommes habitués à penser que la persistance et la
détermination sont des qualités personnelles, mais
parfois il arrive que nous menons la persistance
jusqu’à l’échec du projet. En d’autres termes, la
persistance n’est pas la persévérance…
Savoir reconnaître un vrai échec
Il arrive que l’échec soit malheureusement un vrai
échec et nous devons l’accepter comme tel. Nous
avons donc besoin d’y faire face honnêtement, de
prendre du recul et de le dépasser. La question est
de savoir quand que l’échec en est-il réellement un.
La réponse n’est pas si facile mais voici quelques
critères de discernement :
ƒƒ Lorsque nous choisissons de faire un acte
contraire à l’éthique ou à la morale
ƒƒ Lorsque nous agissons égoïstement d’une
manière qui nuit à d’autres
ƒƒ Lorsque nous décevons intentionnellement les
autres et savons que cela est destructeur
ƒƒ Lorsque nous ne faisons pas un effort sincère
pour honorer notre engagement.
Apprendre de ses erreurs
Nous avons besoin de temps pour réussir à
comprendre, à apprendre et à maximiser les
avantages d’un échec. Plus celui-ci nous touche
profondément, plus il représente un défi et une
opportunité d’apprendre. Il faut un certain niveau
de compréhension et de confiance en soi pour
savoir examiner nos propres erreurs. Pour favoriser
cette confiance, les dirigeants doivent créer un
environnement où les salariés puissent comprendre
qu’il est non seulement normal, mais indispensable,
de faire des erreurs dans leur recherche d’évolution.
Et bien qu’il soit possible d’apprendre des erreurs
des autres, les leçons que nous apprenons de nos
propres erreurs sont plus marquantes pour notre
psychisme, pour le meilleur ou pour le pire.
Quand l’intelligence émotionnelle nous
aide à surmonter l’échec
Dans son livre L’intelligence émotionnelle,
Daniel Goleman nous rappelle que l’intelligence
émotionnelle (IE) peut être plus importante que le
quotient intellectuel. En effet, les personnes avec
une IE élevée ont tendance à être plus attentives
aux opportunités cachées et plus aptes à relever des
défis personnels car l’IE englobe deux aspects de
l’intelligence : la compréhension de nous-mêmes,
nos objectifs, nos intentions, nos comportements et
la compréhension des autres et de leurs sentiments.
Ainsi, l’intelligence émotionnelle, grâce à notre
énergie et notre intuition, peut nous permettre
d’aller au-delà de notre capacité à réussir basée
uniquement sur notre intelligence rationnelle et
intellectuelle.
Savoir perdre
En reconnaissant la logique du point de vue de nos
interlocuteurs, et en permettant à leur argument
de voir le jour, nous leur offrons quelque chose de
vraiment spécial et apprécié. Nous devons apprendre
à freiner notre tendance naturelle à argumenter
inlassablement notre point de vue afin de passer
plus de temps à essayer d’écouter et de comprendre
les autres même si nous sommes convaincus que
nous avons plus raison qu’eux. L’idée n’est pas de
toujours se « dégonfler » mais plutôt de choisir nos
victoires et nos défaites. Parce que, parfois, perdre
un désaccord de court terme avec quelqu’un est un
élément constitutif de la réussite à long terme de nos
relations avec cette personne.
L’humilité avant tout
Comme le dit si bien un proverbe arabe « l’arrogance
diminue la sagesse ».
Dans l’étude Arrogance: a Formula for Failure, Stan
Silverman, le doyen de l’Université d’Akron, note le
lien étroit entre l’arrogance, le mauvais rendement,
et le négativisme au travail. Il a développé une
échelle de l’arrogance au travail, qu’il nomme
WARS (Workplace Arrogance Scale), prenant en
compte le fait que quelqu’un qui est arrogant affecte
l’ambiance de son lieu de travail et la rentabilité en
discréditant publiquement ses subordonnés, en
prenant des décisions qui ont un effet sur les autres
sans écouter leurs commentaires, en n’accueillant
pas une remarque constructive et en ne prenant pas
la responsabilité de ses propres erreurs.
Le défi de la jeunesse
Il y a sûrement une raison qui explique que les
jeunes gens soient traditionnellement à l’origine
des changements de ce monde. Les jeunes ont le
courage de défier le statu quo. Ils ont la conviction
que leur voix sera entendue, leurs idées et leurs
passions seront respectées. Tavis Smiley encourage
les jeunes à ne pas chercher un emploi, mais à être
entrepreneurs de leur propre vie, de trouver leurs
propres talents et le travail comme un cadeau. Pour
lui, et pour la plupart des entrepreneurs, notre monde
a besoin de visionnaires. Avec la crise économique
mondiale, la poursuite de l’argent ne suffit plus
pour vivre pleinement ; bien que ce soit nécessaire,
ce n’est pas suffisant. La nouvelle génération, la
génération Y, est à la recherche de sa vocation, sa
destinée.
Le pouvoir du rêve
J. K. Rowling, auteur du best-seller Harry Potter,
lors d’un discours prononcé à Harvard en 2008,
a décidé de parler des avantages de l’échec et
également de l’importance cruciale de l’imagination
en ces termes : « L’imagination n’est pas seulement
la capacité proprement humaine d’imaginer ce qui
n’est pas, elle est aussi à la source de toute invention
et innovation. (…) Si vous choisissez d’utiliser votre
statut et votre influence pour élever la voix au nom
de ceux qui n’ont pas de voix, si vous choisissez
de vous identifier non seulement aux puissants,
mais aux impuissants, si vous avez la faculté de
vous imaginer dans la vie de ceux qui n’ont pas
votre chance, alors ce ne seront pas seulement vos
familles qui seront fières de votre existence, mais
des milliers et des millions de personnes dont vous
avez contribué à changer la réalité. Nous n’avons
pas besoin de magie pour changer le monde, nous
avons déjà tout le pouvoir dont nous avons besoin à
l’intérieur de nous : nous avons le pouvoir d’imaginer
mieux ».
Conclusion
Relever des défis, lutter avec eux et se développer
personnellement, tout en aidant les autres à
grandir, peut-être est-ce le secret pour atteindre
de grands succès.
Je nourris le profond désir que l’échec soit
un sujet abordé plus librement au sein de
l’entrepreneuriat. Loin d’attiser cette peur
paralysante qui prive le monde de nouvelles
entreprises, et par là de nouveaux emplois,
d’innovations, de facteurs d’amélioration de la
qualité de vie et d’épanouissement personnel,
cette problématique nous ouvre d’autres horizons
en nous exhortant à prendre des risques et à
mettre en œuvre nos projets les plus ambitieux.
Les Rendez-Vous de l’Institut
15
synthèse
Le marché de la crise en France - Ressources
invisibles à l’usage des décideurs - Alexandra Carter
La crise surgit dès lors qu’une organisation se trouve confrontée à une situation qui menace
potentiellement sa pérennité, et échappe à son répertoire traditionnel de réponses. Contrairement à la
perception communément répandue, les crises ne sont donc pas nécessairement des catastrophes
exceptionnelles, elles peuvent même surgir des situations les plus banales pour une organisation, et
la mener de façon foudroyante à une issue fatale.
La menace de voir les réactions s’emballer et toute maîtrise leur échapper sur les processus à
l’œuvre, notamment au sein de l’opinion publique, a rendu d’autant plus cruciale la nécessité pour
les organisations de réagir rapidement pour circonscrire la déstabilisation. Ce qui implique de pouvoir
accéder rapidement à une expertise de la gestion de crise, en interne ou sur le marché. Ainsi a
émergé un marché de la crise, qui est monté en puissance et s’est structuré en France depuis le
début des années 1990, avec une multiplication et une diversification des acteurs et des offres.
Cependant, parce que la crise menace par essence le cœur des enjeux stratégique de l’organisation,
les professionnels de la crise se heurtent à une contradiction fondamentale pour convaincre leurs
clients : susciter la confiance, et ce parfois dans des délais très courts, tout en maintenant le secret
sur leur activité, ou du moins sur leurs résultats passés. Le marché de la crise est ainsi par essence
un marché qui « avance masqué ». Comment dès lors exister sur le marché de la crise ?
Les défis d’un marché qui avance
masqué
Un besoin introuvable sur le marché de la
crise
Face à l’incertitude radicale et aux menaces
essentielles que véhicule une crise, les
organisations se retranchent derrière des
mythes d’immunité, qui justifient l’absence de
mesures préparatoires et donnent aux organisations
un sentiment illusoire de sécurité. Or la crise peut
frapper même les entreprises qui s’y préparent
du fait de la nature risquée de leurs activités, et
ce en surgissant dans un champ inconnu et donc
déstabilisateur pour l’organisation (cf. Nestlé,
confronté en 2010 non à une crise sanitaire, mais
à une crise de réputation à cause d’une campagne
Greenpeace incriminant l’entreprise dans la
déforestation liée à la culture d’huile de palme,
présente dans certains produits de la marque).
De plus, le marché de la crise se heurte à un
calcul économique défavorable. En effet, il est
déjà très difficile d’estimer de manière générale
le retour sur investissement d’opérations de
communication, à plus forte raison lorsqu’il s’agit
de communication de crise, où l’objectif n’est pas
d’être vu, bien au contraire.
Or les crises génèrent des coûts importants pour
16
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les organisations, ce qui devrait plutôt les inciter à
investir.
De plus, la crise peut avoir un impact très fort
sur la réputation des entreprises, entraînant par
exemple une baisse immédiate des ventes, mais
aussi imprimant aux organisations une marque
indélébile dans l’opinion publique, qui les pénalise
durablement.
Le paradoxe du secret et de la confiance
Les métiers de la crise se heurtent à un
paradoxe insoluble. Introduit immédiatement
au cœur même de l’organisation affectée, le
professionnel de la gestion des crises doit obéir à
une exigence intrinsèque de discrétion absolue,
garante de la confiance que peut lui accorder son
client.
Or cet impératif de discrétion est en même temps un
obstacle à l’instauration d’une relation de confiance.
Le professionnel de la crise ne peut pas se prévaloir
de résultats passés satisfaisants,
ƒƒ d’une part parce qu’une crise passée bien gérée
est une crise qui n’a pas eu d’écho médiatique et
où le professionnel était invisible,
ƒƒ et d’autre part parce qu’il ne peut pas citer de
référence précise sans risquer de relancer ces
crises passées, dont le potentiel médiatique
demeure.
Alexandra Carter
Diplômée du mastère spécialisé HEC Entrepreneurs en 2011. Diplômée de l’Ecole
Normale Supérieure. Master 2 Recherche en histoire contemporaine des relations
internationales et Master 2 Pro en droit public.
Consultante en communication de crise chez TBWA Corporate en 2011. Lauréate du
Graduate Programme d’Orange en 2012. Depuis juin 2012, consultante marketing
chez Sofrecom, filiale du groupe Orange.
Comment capter des clients sur un
marché invisible ?
lançant une réflexion interne qui a débouché sur la
promotion de produits dits « sains » dans sa gamme,
améliorant ainsi son image).
Sortir de l’urgence pour promouvoir la
relation dans la durée
La crise devient ainsi le moyen d’identifier des
dysfonctionnements, des externalités négatives.
On a pu observer dans la recherche et sur le terrain
une évolution concomitante sur la conception de
la crise autrefois considérée comme un événement, pris dans l’instantanéité et isolé, et
envisagée davantage aujourd’hui comme un
processus, où l’événement déclencheur n’est que
le symptôme et la manifestation de dysfonctionnements de fond. Cette évolution a amené les professionnels du secteur à récuser les mécaniques trop
enfermantes inscrites dans les schémas préconçus
de gestion de crise mis à disposition de leurs clients,
qui risquent d’entraver la capacité d’innovation et
d’adaptation des organisations face aux défis que
représentent les crises.
A travers sa résolution, on ne vise dès lors plus au
retour du statu quo, mais à la progression vers un
nouvel état, plus favorable.
Les professionnels du secteur ont donc promu une
approche plus durable de la crise, avec comme axes
majeurs la gestion à 360° (accompagnement non
seulement en crise ouverte, mais en sortie de crise),
la formation, l’anticipation des crises (préparées
en amont avec des dispositifs de prévention, de
communication et d’information). Il ne s’agit plus
aujourd’hui de faire intervenir un commando de
spécialistes dépêché sur les lieux pour circonscrire
un événement, mais de travailler à la construction
d’une relation inscrite dans la durée avec un
partenaire à même de conseiller une organisation
qu’il connaît bien.
Cette définition plus élargie, réinscrivant la crise
dans la durée, permet également de mettre en
avant la notion d’opportunité qu’elle contient de
façon essentielle. Conformément à l’idéogramme
chinois qui la représente, la crise est à la fois menace
et opportunité, elle inclut à la fois des dimensions
négatives telles que la déstabilisation, la confusion,
la paralysie, le stress, et des dimensions positives
comme la mobilisation collective, l’innovation, la
prise de conscience. Sur le terrain, cette conception
de la crise comme opportunité est également un
levier très efficace de réponse à la crise, puisqu’elle
permet à l’organisation d’adopter une posture de
responsabilité et de renverser ainsi potentiellement la
donne quant à l’impact de la crise sur sa réputation
(cf. cas du film Supersize Me, attaquant le régime
McDonald et face auquel l’entreprise a réagi en
L’agence TBWA a ainsi organisé son offre de crise
autour de son concept phare de « disruption »,
particulièrement adapté à la gestion des crises : la
crise est envisagée comme le catalyseur d’idées
nouvelles pour l’organisation.
Innover pour asseoir sa légitimité
Face à la multiplication des crises, du fait à la fois
de l’obsession moderne de sécurité, de l’essor de
l’information continue et de la quête du scoop, de
l’explosion des réseaux sociaux et des phénomènes
de viralité, face également à la structuration
du marché et des acteurs en présence, les
professionnels de la crise ont développé de multiples
innovations pour pouvoir se distinguer sur ce marché
tout en respectant ses contraintes fortes.
ƒƒ Evolution du recrutement :
au-delà des professionnels de la crise et des
relations publiques, les agences intervenant dans
le domaine de la crise se sont ouvertes à des
compétences spécifiques leur permettant de se
différencier et de disposer d’atouts déterminants
pour accompagner des types de crise particuliers
(anciens activistes pour les crises médiatiques,
juristes spécialisés dans le droit social...).
ƒƒ Le contournement de l’exigence de confidentialité par la mise en scène de l’expertise :
mise en avant de cautions externes (institutions
partenaires), publication d’articles et d’ouvrages,
réalisation d’études, organisation de colloques et
mise en place de plateformes d’experts…
ƒƒ Innovations produits :
mise en avant de « packs de crise » (par exemple
un pack « H5N1 » pour les organisations en cas
de pandémie), campagnes publicitaires de sortie
de crise (ex : campagne sur la tenue de route de
la Mercedes Classe A « révisée »), serious games
et plateformes participatives (jeu Astreintor
développé pour la SNCF).
Les Rendez-Vous de l’Institut
17
synthèse -
Le marché de la crise en France - Alexandra Carter
ƒƒ Innovations dans les méthodes de mise en
relation :
auparavant fondée principalement sur le
bouche-à-oreille ou la relation contractuelle préexistante (contrat de RP), la mise en relation des
clients et des professionnels de la crise s’opère
également aujourd’hui par internet (sites web
des agences), par des partenariats externes
(cabinets d’avocats, …), voire par des appels
d’offre formalisés avec des exigences strictes de
confidentialité pour garantir au client le respect
de cet impératif fondamental tout en faisant jouer
la concurrence.
Conclusion
Trois grands enseignements peuvent être retirés de l’analyse du marché de la crise en France aujourd’hui :
1. Il y a une étroite correspondance entre la théorie et le terrain sur la façon de concevoir la crise, qui
cherche à sortir de la crise perçue comme événement pour aborder la crise comme un processus, inscrit
dans la durée.
2. La contrainte très lourde qui pèse sur le secteur, à savoir la double exigence du secret et de la confiance,
a stimulé la créativité des professionnels, qui ont commencé à développer des innovations multiples pour
répondre à ce défi et exister sur ce marché invisible. Le terrain reste d’ailleurs encore largement ouvert dans
ce marché encore jeune et qui monte en puissance.
3. L’horizon principal d’expansion pour ce marché de la crise est le segment des PME, qui sont elles aussi
confrontées aux crises, et se trouvent plus vulnérables du fait de leur taille et de leur impréparation. L’offre de
crise n’est pas nécessairement une offre de luxe, et la contrainte de ressources limitées de ces entreprises
peut être un nouveau catalyseur d’innovation pour ce marché.
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Les Rendez-Vous de l’Institut
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synthèse
Les mesures de rémunération incitatives
ont-elles un impact sur le comportement ou
la performance d’un dirigeant ou d’un trader ? Florian Kahn
Dans la période de crise actuelle, nombre des fondements sur lesquels l’économie évoluait depuis
quelques années sont attaqués. Un des piliers majeurs remis en cause demeure la rémunération
des directeurs d’entreprises et des traders, qui a récemment atteint des sommes vertigineuses. La
question a été ravivée par les 2 millions d’euros annuels réclamés par Henri Proglio ou les bonus
astronomiques des traders, jugés directement responsables de l’état de santé de l’économie.
Plus que son volume, c’est en réalité la structure de la rémunération qui est remise en cause, et
particulièrement sa composante variable indexée sur la performance. Ces mesures de rémunération
incitatives ont-elles un impact sur le comportement ou la performance d’un dirigeant ou d’un trader ?
Le cas des dirigeants d’entreprises
Immersion économique, théorie
contrats et problème d’agence
des
Figure de proue de l’entreprise, le dirigeant doit
gérer une structure tentaculaire où se mêlent intérêts
financiers, économiques et personnels. Une analyse
basique stipule qu’un bon PDG se reconnaît par
sa faculté à garder de bons résultats ou par son
aptitude à renverser une mauvaise situation, et
doit être payé comme tel. Mais cette approche
n’explique pas l’envolée de salaires, qui nécessite
l’intervention de la relation d’agence. Le directeur
général (agent), caractérisé par une préférence pour
le présent et une aversion pour le risque, a plutôt
tendance à valoriser une rémunération instantanée
et certaine. Les actionnaires (principal) tendent plutôt
à indicer la valorisation d’un manager en fonction
des performances de l’entreprise, ce qui se traduit
par un ensemble de primes à long terme.
Les intérêts des parties prenantes ne sont ainsi
pas alignés, et, pire encore, il existe une asymétrie
d’information qui rend très complexe le contrôle par
les actionnaires de l’activité du dirigeant. Poussée à
son paroxysme, cette asymétrie peut entraîner des
effets de distorsion sur le marché et des fraudes
comptables ayant pour but de manipuler le cours de
bourse, comme dans le cas de l’affaire Enron.
La solution est de lier la rémunération de l’agent
avec les intérêts du principal, pour corriger l’aversion
au risque de l’agent par une prime de risque. Cela
suppose une division entre une partie fixe et une
partie variable, ainsi que différentes formes de primes
à court et long terme (bonus, stock-options, retraite
chapeau...). Cela nécessite également des objectifs
clairement établis et des indicateurs qui doivent filtrer
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des facteurs non observables, mais également la
chance.
Mise en évidence de la paie pour la chance
et filtrage par la skimming view
Un PDG est chanceux s’il a des résultats similaires à
ses pairs tout en étant mieux payé. La chance peut
prendre deux formes. Celle de l’entreprise repose
sur un facteur extérieur qui va influencer également
un certain nombre d’entreprises de l’industrie
indépendamment de leurs actions (prix du pétrole
par exemple). La chance du PDG provient de ses
facteurs propres favorisant son augmentation :
nombres d’amis dans le board, ancienneté
dans l’entreprise, renommée… Ces paramètres
affaiblissent la gouvernance de l’entreprise et
favorisent ainsi la paie pour la chance.
La skimming view intervient pour nuancer cet effet.
Ce modèle affirme qu’en temps prospère pour
l’entreprise (chance favorable), les actionnaires ne
sont pas attentifs aux rémunérations des PDG qui
en profitent pour s’augmenter et biaisent ainsi le
jugement du conseil d’administration. Il établit un
lien entre la force de gouvernance de l’entreprise par
le conseil d’administration (modulée par le nombre
d’insiders, la durée du mandat…) et la rémunération
du PDG, et permet de comprendre la raison de la
corrélation positive et asymétrique entre chance de
l’entreprise et rémunération des PDGs.
Limites pratiques du modèle
En pratique, les problèmes de rémunération, de
par leur importance, leur complexité et le fait qu’ils
échappent à toute règle établie, sont très souvent
largement dépendants des personnes, du contexte,
et des caractéristiques de l’entreprise. Un modèle
Florian Kahn
Diplômé du mastère spécialisé HEC Entrepreneurs en 2011. Diplômé de l’Ecole
Polythechnique, spécialisation Innovation Technologique, 2010.
Depuis octobre 2011 : Associate Consultant, The Boston Consulting Group, conseil
en stratégie ; secteurs : banque d’investissement, énergie, banque de détail, santé
publique. Loisirs : philosophie, sports extrêmes (parachutisme)
théorique ne suffit pas, et d’autres paramètres
intangibles sont à prendre en compte :
ƒƒ considérations politiques – relations de pouvoir
entre les différents acteurs d’une entreprise et
ses organes de contrôle ;
ƒƒ indépendance du conseil d’administration –
relation décroissante entre la dépendance
entre le conseil d’administration et l’agent, et la
sensibilité entre la rémunération de l’agent et la
performance de l’entreprise ;
ƒƒ aspects sociaux – nécessité d’équilibrer la compétitivité externe de la rémunération avec les
sentiments d’inégalité internes à l’entreprise ;
ƒƒ influence du recrutement – impact des cibles de
recrutement externe par rapport au recrutement
interne.
Le principal problème au vu de l’analyse des salaires
des dirigeants repose ainsi sur la structure complexe
de l’entreprise et l’asymétrie globale d’information. Il
convient donc de s’intéresser à une autre population
à forts salaires, mais dont les employeurs ont
facilement accès à l’évaluation de leur performance :
les traders.
Le cas des traders
Immersion dans le monde de la finance
Les bonus ne sont apparus que tardivement dans
le milieu bancaire. La conjonction de plusieurs
éléments va faire évoluer le mode de rémunération
des acteurs de la finance pour aboutir au système
actuel : Bretton Woods, change flottant, produits
dérivés et modèle de Black-Scholes... La nouvelle
ampleur des marchés et les nouveaux profils vont
alors donner naissance à un système de bonus
institutionnalisés dans l’industrie financière, qui n’ont
fait qu’augmenter jusqu’à la crise financière des
années 2007.
Deux métriques marquent cette évolution
astronomique, sans commune mesure avec
l’évolution des taux d’inflation. Entre 1979 et 2007, les
salaires ont connu une hausse moyenne annuelle de
16,5 % à la Société Générale et de 12,8 % à la BNP.
Le coefficient de Gini (mesure du degré d’inégalité de
la distribution des revenus) a augmenté 40% entre
1978 et 2007 à la BNP, suggérant également une
forte concentration des richesses. Mais pourquoi le
niveau de vie d’un trader serait dix fois supérieur à
celui d’un chercheur ayant le même niveau d’étude
et la même charge de travail ? L’explication réside
dans les modalités de rémunération du trader.
Rôle incitatif des rémunérations
Un trader choisit une stratégie en fonction de ses
propres intérêts. Néanmoins, ceux-ci ne correspondent
pas forcément aux intérêts de la banque. Si le trader
préfère utiliser une stratégie sous-optimale du point
de vue de la banque, cette dernière doit trouver un
moyen de la lui faire modifier. Elle dispose pour cela
de deux instruments : une incitation négative qu’est
le licenciement en cas de mauvais résultats ; une
incitation positive qui consiste à proposer un bonus
en cas de bons résultats. Il s’agit donc de trouver un
arbitrage entre le partage des risques qui suppose
que le salaire de l’agent dépende peu des résultats,
et la maximisation du profit du principal qui suppose
que l’agent soit intéressé au résultat.
Une partie du mémoire est consacrée à l’étude
d’un modèle mathématique maximisant l’espérance
d’utilité d’un agent sous contraintes d’incitation et
de participation. Celle-ci montre notamment que
le bonus est croissant en la productivité marginale
de l’effort et décroissant en l’aversion au risque de
l’individu, ainsi qu’en l’écart-type de l’aléa. C’est
en cela qu’il peut devenir explosif et influer sur le
comportement du trader.
Démarche théorique et modélisation du
trader et de la banque
Dans cette étude, nous tentons de modéliser les
comportements du trader, en contournant les
limites théoriques intrinsèques (distribution exacte
des comportements), et même si seuls 31 % des
établissements financiers utilisent une formule pour
calculer les bonus reversés à leurs employés. Le
trader est en charge d’un portefeuille. Il place cet
argent en le répartissant entre 2 actifs : un sûr et
un risqué. Les actions du trader sont discrétisées,
pour rendre le modèle plus réaliste. A chaque étape,
celui-ci va choisir la proportion du portefeuille qu’il
souhaite investir dans l’actif risqué, de manière à
maximiser l’espérance de son utilité. A la fin du mois,
le trader reçoit un salaire.
Les Rendez-Vous de l’Institut
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synthèse -
Relation entre la rémunération d’un dirigeant et sa performance - Florian Khan
La première composante du revenu est un salaire
fixe. On peut également inciter le trader en lui offrant
une portion de la valeur du portefeuille (assimilable
à des stocks-options) si celui-ci n’a pas été licencié
avant la fin de la période: c’est la partie variable. Ces
bonus sont une fonction croissante du portefeuille,
choisie de manière linéaire ou avec une double
ou triple pente. Le salaire du trader est également
actualisé en euros de l’étape finale. C’est essentiel,
car si l’indemnité de licenciement était constante au
cours du temps, cela inciterait le trader à prendre
des risques rapidement.
L’unique influence de la banque se trouve dans
le choix des différents paramètres constituant la
rémunération du trader: part du portefeuille détenue
par le trader, salaire et bonus. Ce choix est toutefois
primordial, car il détermine entièrement la prise
de risque du trader. La banque est assimilée à un
observateur extérieur. De cette manière, tout ce
passe comme si un agent, dont l’utilité est modélisée
par la même fonction que pour le trader, engageait le
trader pour placer son propre agent. Un algorithme
a été étudié pour connaître la réponse du trader en
fonction de ces paramètres.
Eléments d’algorithmie
Ce premier algorithme ne prend pas en compte
le temps, et maximise l’utilité du trader comme si
chaque étape était la dernière. L’idée est de réduire
l’horizon de temps du trader, pour rendre le calcul
plus aisé. Dans un second algorithme où le temps
est pris en compte, le trader peut miser sur un
rétablissement futur de son portefeuille, et a donc
tendance à augmenter son choix de répartition pour
des temps proches du temps initial. Toutefois, cette
tendance est atténuée par le choix de rémunération
choisie. L’indemnité de licenciement est croissante
dans le temps, ce qui a pour effet d’inciter le trader à
diminuer sa prise de risque dans ses premiers choix.
Les deux effets se compensent alors et équilibrent le
comportement.
Les résultats prouvent que pour que le mode de
rémunération incitatif marche correctement, il faut
que la part de bonus dans la rémunération totale soit
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très importante (de l’ordre de 90 %). En comparant
avec les données moyennes, il est aisé de conclure
que la part fixe du salaire des traders est de manière
générale trop importante. De plus, un mode de
rémunération légèrement plus complexe, c’est-à-dire
avec une pente non constante, permet d’augmenter
de manière significative l’utilité de la banque.
Conclusion
En réalité, une entreprise est comparable à une
grande équipe de football qui va rémunérer le plus
possible ses meilleurs éléments pour les inciter à
jouer mieux, et pour dissuader les concurrents
de venir acheter le joueur (et celui-ci de partir).
A l’identique, un bon PDG est une denrée rare
sur le marché du travail, surtout en temps de
crise, et les entreprises se les arrachent à prix
d’or. Pour pallier d’éventuelles envies d’ailleurs
chez leurs dirigeants, les firmes possédant déjà
un PDG talentueux dans leurs rangs vont de fait
augmenter son salaire, comme chez les sportifs.
Par conséquent, même si la paie est dans un
premier temps liée aux compétences reconnues
du PDG, elle fluctue ensuite selon la conjoncture,
parfois à l’inverse de ce que l’on pourrait penser,
du fait de la loi de l’offre et de la demande dans
le marché des chefs d’entreprise. Ainsi, un PDG
ayant ponctuellement de mauvais résultats,
quelles qu’en soient les causes, ne sera pas
forcément puni. S’il a bonne réputation, s’il est
reconnu comme talentueux, la traversée d’une
crise de son secteur ne se fera pas forcément à
ses dépens.
Il y a donc des mécanismes bien plus complexes
que la simple performance pour expliquer la
rémunération des chefs d’entreprises et des
traders, même si elle se retrouve finalement juste
comparativement aux résultats obtenus.
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