Qui a peur du loup

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DOSSIER PÉDAGOGIQUE
Qui a peur du loup ?
Cie du veilleur
Séances scolaires les mardi 8, jeudi 10, vendredi 11 janvier à 10h15 et 14h15
Du CE2 à la 4ème
Séance tous publics le mercredi 9 janvier à 18h
A partir de 8 ans
Le Manège - Durée 1h
Sommaire
I. La pièce
1.
Générique ..................................................................................................................................................... 3
2. Compagnonnage Christophe Pellet / Matthieu Roy ..................................................................... 4
3. Le projet d’écriture : Christophe Pellet ............................................................................................. 5
4. A propos de la mise en scène : Matthieu Roy ................................................................................ 6
5. Note dramaturgique : Mariette Navarro ........................................................................................... 7
6. La Cie du Veilleur, théâtre immersif .................................................................................................. 9
II. Préparation à la venue au spectacle
1.
Autour du titre.......................................................................................................................................... 10
2. Autour du texte........................................................................................................................................ 10
3. Lettre de la darmaturge aux enfants qui viennent voir le spectacle .................................. 11
III. Des prolongements en classe
1.
Du texte au spectacle ............................................................................................................................ 14
2. Des pistes de réflexion proposées par la dramaturge............................................................... 17
3. Des thématiquesà explorer.................................................................................................................. 18
LE GRAND R - SCENE NATIONALE – Esplanade Jeannie Mazurelle – Rue Pierre Bérégovoy – BP 681 – 85017 LA ROCHE-SUR-YON cedex
Accueil public : 02 51 47 83 83 – Tél. administration : 02 51 47 83 80 – Fax : 02 51 47 83 89 – site web : www.legrandr.com
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LA PIECE
1. Générique
Équipe artistique
Mise en scène : Matthieu Roy
Dramaturgie : Mariette Navarro
Scénographie : Gaspard Pinta
Costumes : Marine Roussel assistée de Kéli Alexandre
Lumières : Manuel Desfeux assisté de Thomas Cottereau
Espace sonore : Mathilde Billaud
Régie son : Baptiste Poulain
Vidéo : Marc Wetterwald
Régie générale et construction du décor : François Bancilhon
Photographies : Alain Fonteray
Chargée de production : Clémence Vergnault
Administration et production : Jean-Baptiste Pasquier – Bureau FormART
Distribution
Livia : Claire Aveline
Dimitri : Romain Chailloux
Flora : Carole Dalloul
Avec la participation d’Evelyne
Didi et de Michel Quidu
Production : La cie du veilleur soutenue par le
Ministère de la Culture et de la Communication dans le
cadre d’un compagnonnage avec Christophe Pellet.
Coproduction : Le Théâtre d’Angoulême, Scène
Nationale / Le Gallia Théâtre de Saintes, Scène
Conventionnée / Association S’il vous plaît - Théâtre
de
Thouars,
Scène
Conventionnée
/
Le
Manège.Mons/CECN / La Maison du Comédien Maria Casarès / L’Onde, Espace Culturel de Vélizy-Villacoublay.
Coréalisation : L’Echangeur-Cie Public Chéri, Bagnolet Avec l’aide du DICRéAM (aide à la production), du Centre National du Théâtre (aide à la création) et de la Région Poitou-Charentes.
Avec la participation artistique du Jeune Théâtre National (JTN) et le soutien de La Canopée de Ruffec. Remerciements à la Fabrique du Vélodrome.
La cie du veilleur est conventionnée par le Ministère de la Culture et de la Communication (DRAC Poitou-Charentes), la Région Poitou-Charentes et le Conseil Général de la Vienne.
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2. Compagnonnage Christophe Pellet / Matthieu Roy
La création contemporaine occupe La cie du veilleur depuis plusieurs années.
Les écritures d’Elfriede Jelinek, de Jean-Luc Lagarce ou encore d’Alberto Moravia ont pu être entendues
à l’aune des nouvelles technologies par la captation d’images vidéo en direct pour Drames de princesses,
la mise en scène de l’écrit pour Histoire d’amour et l’utilisation de casques audio pour les spectateurs de
L’amour conjugal.
Dans la continuité des recherches engagées avec un groupe d’acteurs et de collaborateurs artistiques,
Matthieu Roy, metteur en scène et directeur artistique de La cie du veilleur, a choisi de s’associer avec un
auteur français reconnu Christophe Pellet (L’Arche Editeur).
Soutenu et encouragé par le Ministère de la Culture et de la Communication, dans le cadre d’un
compagnonnage, Christophe Pellet a écrit au cours de l’année 2009 une œuvre originale destinée au
jeune public : Qui a peur du loup ?
Cette pièce a été créée une première fois – avec le concours de CulturesFrance, de la Fondation Zinsou et
de la Région Poitou-Charentes – à Cotonou au Bénin à la Fondation Zinsou, du 30 mars au 3 avril 2010
dans le cadre du Festival International de Théâtre du Bénin (FITHEB) avec les élèves de la deuxième
promotion de l’Ecole Internationale de Théâtre du Bénin encadrés par l’équipe artistique de La cie du
veilleur.
La pièce a été créée à nouveau au Festival La Tête dans les nuages du 15 au 17 mars 2011, au Théâtre
d’Angoulême, Scène Nationale.
Dans le cadre de ce compagnonnage, Matthieu Roy a mis en scène La Conférence – Grand Prix de
littérature dramatique 2009 – à Alloue aux 11èmes rencontres d’été de La Maison du Comédien Maria
Casarès le 2 juillet 2010 en coproduction avec le Théâtre de Thouars, Scène Conventionnée. Un doux
reniement sera également créé à l’automne 2011 au Théâtre de Thouars suite à une présentation de
maquette au Festival VIA à Mons du 24 au 26 mars 2011 et à une résidence à La Chartreuse de
Villeneuve-les-Avignon du 6 au 17 juin 2011.
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3. Le projet d’écriture : par Christophe Pellet
Ce texte s’inspire d’un fait divers, ou d’un « phénomène de société »
tristement banal en ce début de siècle : en Roumanie, comme dans beaucoup
d’autres pays de la planète, des enfants sont livrés à eux-mêmes, ou au
mieux à la garde de voisins ou de proches, quand leurs parents sont partis travailler à l’étranger.
Comment vivent ces enfants sans autorité parentale ? Comment se développe leur imaginaire… ?
Pour écrire ce texte dans de bonnes conditions, j’avais besoin d’un soutien direct : celui d’un metteur en
scène, ayant un vrai rapport au plateau. Je connais depuis quelques années le travail de Matthieu Roy, et
j’apprécie ses mises en scènes, mêlant souvent différents supports. Pour ce texte en cours d’écriture,
j’aimerais insister sur l’aspect visuel (notamment pour une séquence de rêve de l’un des enfants).
« Le compagnonnage » avec la compagnie de Matthieu Roy, m’a permis d’interroger le plateau, et les
possibilités offertes pour cette écriture jeune public nouvelle pour moi. Je tenais, pour affronter cette
terre inconnue, à ce partage d’expérience : celui de l’écriture et du plateau.
Christophe Pellet est diplômé de la FEMIS, section scénario. Tous ses textes sont publiés chez L’Arche Éditeur.
Encore une année pour rien a été créée au Royal Court Theater de Londres par Mary Peate avec une traduction de
Martin Crimp (1997). En délicatesse a été créé par Jean-Pierre Miquel au Théâtre de La Tempête à Paris en 2002 et au
CDN de Lorient par Madeleine Louarn en 2009, Le Garçon Girafe à Bordeaux par Jean-Louis Thamin en 2003 et en
Allemagne par Carlos Manuel en 2005. Une nuit dans la montagne au Théâtre du Soleil à Paris par Jacques David en
2008.En 2009, il a reçu le Grand prix de littérature dramatique pour La Conférence.
France Culture a diffusé plusieurs de ses textes.
Il a réalisé des films d’après ses textes, le Garçon avec les cheveux dans les yeux, interprété par Edith Scob et
Soixante-trois regards avec Mireille Perrier, Dominque Reymond, Françoise Lebrun, Katarzyna Krotki et Robert Shue.
La pièce Qui a peur du loup ? a été éditée aux éditions L’Arche, collection
Théâtre jeunesse, en mars 2010.
Vous trouverez un entretien mené par des élèves avec l’auteur, à propos de
son œuvre et de la mise en scène de Matthieu Roy, sur http://www.theatrecontemporain.net/spectacles/Qui-a-peur-du-loup/videos/.
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4. A propos de la mise en scène : Matthieu Roy
Dimitri : Je vais traverser la forêt, j’irai à pied et je n’aurais pas peur des loups, parce que je
serais un loup moi aussi, je ne serais pas un renard, les renards sautent sur les mines parce
qu’ils s’approchent trop des humains. Les loups restent entre eux, cachés dans la forêt, je
traverserai la forêt et j’irai de l’autre côté.
Dans un pays d’Europe de l’Est ravagé par une guerre qui s’achève à peine, Dimitri, un garçon de huit ans
grandit tout seul. Mira, sa mère est partie travailler en France pour gagner de l’argent tandis que Sandor,
son père, continue à faire la guerre dans un pays voisin. En l’absence de ses parents, Livia, une voisine qui
travaille de nuit à l’usine, s’occupe de lui faire à manger et de prendre soin de lui.
Souvent, dans ses rêves, Dimitri croit traverser la forêt, accompagné de Skate, sa planche à roulettes,
pour retrouver les êtres qui lui sont chers et qui lui manquent. A l’école, il reste avec Flora, sa copine qui
noircit avec ses dessins d’animaux sauvages les pages blanches de ses cahiers. Un jour, elle lui propose
de le dessiner en Foxie, un renard qui lui ressemble mais Dimitri, lui, préfère les loups. Flora décide alors
de dessiner directement sur son visage les traits d’un jeune loup. Les deux enfants se laissent prendre à
leur propre jeu et Dimitri se transformera véritablement en un loup pour rejoindre la forêt et les siens.
Christophe Pellet qui a puisé son inspiration dans un phénomène de société, transcende notre réalité en
faisant de Qui a peur du loup ? un conte moderne. Dans un univers hostile, les parents responsables
brillent par leur absence. Remplacés par une voisine qui joue son rôle de nourrice protectrice, le petit
garçon abandonné trouve refuge dans son monde imaginaire où Skate, sa planche à roulettes devient le
compagnon de ses aventures. Soutenu dans son désir de transformation par sa copine Flora, il mue en un
jeune loup, seul être capable de traverser la forêt. Cette initiation trouvera-t-elle une issue favorable ?
Le jeune homme ne sera-t-il pas rattrapé par la réalité ?
Dans cette réalité, les parents seront devenus des ombres, présences évanescentes renforçant leur
absence effective dans la vie du petit garçon. Seule la nourrice tisse encore un lien entre le monde des
enfants et celui des adultes.
Nous susciterons à l’aide d’outils numériques les sources d’angoisse que représentent pour le petit
garçon le souvenir traumatique de la guerre, la proximité de la forêt profonde et la fascination pour la
plainte des loups. L’imaginaire de nos spectateurs sera vivement sollicité pour inviter petits et grands à
prendre part au voyage de Dimitri, pour ressentir avec tous leurs sens, les étapes du processus qui
permettent à chacun de se réaliser et de s’épanouir après l’épreuve.
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Matthieu Roy est diplômé de l’Ecole Supérieure d’Art Dramatique du Théâtre National de Strasbourg (TNS) dans la
section Mise en scène/dramaturgie (groupe XXXVI, 2004/2007), Pendant ces trois années d’apprentissage, il a travaillé
avec de nombreux metteurs en scène au théâtre comme à l’opéra – Stéphane Braunschweig, Matthias Langhoff, JeanFrançois Peyret, Emmanuel Demarcy-Mota et Joël Pommerat – dans des maisons prestigieuses en France et à l’étranger. Il
a suivi une master-class avec Krystian Lupa à Cracovie au Stary Theatre. Au cours de sa scolarité, il met en espace Little
Boy de Jean-Pierre Canet et met en scène Léonce et Léna de Büchner et Drames de princesses d’Elfriede Jelinek.
Au théâtre, il a été assistant à la mise en scène de Joël Pommerat sur Je tremble (1-2) créé au Festival d’Avignon en juillet
08. À l’opéra, il collabore avec Richard Brunel sur la création de l’Opéra de Britten, Albert Herring, en 2009 et sur l’Elisir
d’Amore de Donizetti en 2011.
Matthieu Roy a créé avec La cie du veilleur le diptyque Au Temps de l’Amour à partir de Histoire d’amour (derniers
chapitres) de Jean-Luc Lagarce et de L’amour conjugal d’après le roman d’Alberto Moravia. En 2009, il engage un
compagnonnage avec l’auteur Christophe Pellet dont il crée La Conférence et Qui a peur du loup ? en 2011. Il a également
mis en scène Le Moche de Marius von Mayenburg et Notre pain quotidien de Gesine Dankwart avec les élèves de l’Ecole
Départementale de Corbeil-Essonnes (EDT 91) et a dirigé un atelier sur Macbeth de Shakespeare à l’Ecole Supérieure d’Art
Dramatique de Montpellier. En mars 2010, il a créé Qui a peur du loup ? avec les stagiaires de l’Ecole Internationale de
Théâtre du Bénin à Cotonou.
Une interview de Matthieu Roy à propos de Qui a peur du loup ? sur http://vimeo.com/29947354
5. Note dramaturgique : Mariette Navarro
Qui a peur du loup ? est la première pièce jeune public de Christophe Pellet. Elle n’en est pas moins
fortement en lien avec l’écriture de ses autres textes. Cette histoire d’enfant solitaire, qui tente d’échapper
au manque dans ses jeux et dans ses rêves d’état sauvage, est traversée par la tendresse, puis la sensualité
du rapport entre les deux enfants. Elle apparaît comme une suite, une déclinaison de plus de l’univers que
Christophe Pellet développe dans ses pièces : un univers souvent sombre, mais pourtant toujours d’une
grande douceur, d’une grande délicatesse, fait d’attirances et de bouleversements.
La « géographie des humeurs » qui a commencé à se dessiner dès les premières répétitions entre les trois
personnages raconte cette dimension importante de l’écriture de Pellet : des relations humaines mouvantes,
changeantes, pouvant basculer à n’importe quel moment dans le rire comme dans les larmes. Qui a peur du
loup ? n’est jamais dénuée d’humour, et les personnages y suivent de vrais objectifs pleins de vivacité
(traverser la forêt, changer le monde), mais les fantômes du théâtre pour adulte de Pellet ne sont jamais loin
et observent ces enfants du coin de l’œil, avec tendresse.
Cette délicate ambivalence propre à l’auteur est mise au service des schémas du conte, et de la dimension
initiatique de l’histoire de Flora et Dimitri.
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Tout au long de la pièce, chaque personnage projette quelque chose sur la forêt qui entoure la maison et le
village, et sur les loups qui petit à petit se rapprochent des maisons. La façon dont Livia regarde par la
fenêtre avant de retourner travailler à l'usine, dont Dimitri se sent appelé par la forêt, dont Flora voudrait
changer les petits garçons en animaux, puis dont elle attend, pendant plusieurs années, le retour de Dimitri,
sont autant de rapports au monde, à un pays dont on ne peut s'échapper, avec lequel il faut composer, bordé
de terres inconnues, aussi attirantes que menaçantes. On entend aussi comme la violence du loup se
superpose dans les imaginaires à celles des hommes qui ont terminé une guerre pour aller en poursuivre une
autre ailleurs, tandis que les femmes pourvoient au quotidien et que les petites filles, avec des dessins et
beaucoup d'imagination, aimeraient rendre inoffensifs les garçons qui les entourent.
La force du texte de Christophe Pellet est de développer conjointement tous ces points de vue, et de
toujours nous donner le choix entre plusieurs visions de la réalité. Le spectateur pourra donc choisir, selon
son âge, sa propre expérience du monde et sa perception du spectacle, de suivre le point du vue de l'un ou
l'autre personnage, notamment dans la scène où Flora assure que Dimitri s'est transformé en loup avant de
s'enfuir et que Livia ne la croit pas. De la même façon, la mort du petit loup à la fin peut être lue à la fois
comme réelle et métaphorique.
Le loup est un ennemi héréditaire pour le père, un ami ou un allié pour les enfants.
Il est en tout cas l’élément par qui l’émancipation peut advenir, la vie reprendre son cours après la guerre, les
enfants grandir, les deuils se faire. Les jeunes spectateurs auront sans doute chacun une réponse différente
à nous apporter : faut-il vraiment avoir peur du loup ?
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6. La Cie du Veilleur : théâtre immersif
Matthieu Roy, metteur en scène et directeur artistique de La cie du veilleur, cherche à développer avec
l’ensemble de ses collaborateurs artistiques, un Théâtre Immersif à la portée de tous : « A l’origine de
mon désir de théâtre, il y a toujours une écriture forte, une poétique singulière : un auteur d’hier ou
d’aujourd’hui qui cherche à faire entendre son point de vue sur le monde et à interroger les relations
humaines. L’analyse fine, précise et pertinente de la dramaturgie de ce texte permet d’en démêler les
lignes de force pour mieux cerner la poétique et les problématiques de l’œuvre.
Cette étude définit le parti pris de la mise en scène : le prisme par lequel les spectateurs seront invités à
découvrir et à entendre cette écriture singulière. L’organisation du regard entre la scène et la salle
devient rapidement une des composantes majeures de mon travail qui se concrétise par la mise en œuvre
d’un dispositif scénographique multimédia qui cherche à placer le spectateur au cœur de l’action afin de
privilégier le facteur relationnel avec le plateau. L’objectif étant pour moi, de réunir toutes les conditions
d’une expérience personnelle à vivre de façon partagée.
Cette immersion peut prendre plusieurs formes comme le recours nécessaire aux casques audio et au
dispositif bi-frontal pour L’amour conjugal, d’après le roman d’Alberto Moravia (plus de 100
représentations depuis sa création en 2008 au Théâtre de Thouars) ou la création d’une installation in
situ pour Un doux reniement de Christophe Pellet (parcours déambulatoire pour un spectateur muni d’un
casque audio). Mais cette immersion peut également s’accommoder avec la scène frontale en modifiant
son usage par le recours aux arts numériques comme dans Drames de Princesses d’Elfriede Jelinek,
Histoire d’amour de Jean-Luc Lagarce ou La Conférence et Qui a peur du loup ? de Christophe Pellet.
Je défends l’idée d’un théâtre de textes et la notion de répertoire. Ce répertoire, je le désire ouvert et
éclectique, passant d’un format de spectacle à un autre (lectures, petites formes, grands plateaux,
formes hybrides et inclassables) mais dont la ligne artistique serait définie par ces 3 termes : Exigence,
Nécessité et Accessibilité. Depuis toujours, cette éthique guide mon travail de metteur en scène et de
directeur artistique de compagnie. »
La cie du veilleur a été associée à La Comédie de Reims (2007-2009) puis à La Maison du Comédien Maria Casarès (2009-2010). Toutes les
créations ont été coproduites et accueillies par le Théâtre de Thouars, Scène Conventionnée. Avec 4 créations et plus de 130 représentations entre
2008 et 2010, La cie du veilleur est conventionnée par le Ministère de la Culture et de la Communication (DRAC Poitou-Charentes), la Région
Poitou-Charentes et le Conseil Général de la Vienne sur les années 2011/2013.
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PREPARATION A LA VENUE AU SPECTACLE
Il n’est pas forcément nécessaire de prendre beaucoup de temps pour préparer sa venue au spectacle avec ses
élèves. C’est même tout le contraire : il s’agit de mettre en appétit… sans couper la faim ! C’est « juste » susciter
l’envie, éveiller la curiosité, pour permettre aux jeunes spectateurs de faire une vraie rencontre : avec une
œuvre, des artistes, des sensations, des sentiments… Alors pour ceux qui le souhaitent, voici quelques pistes
toutes simples pour faciliter le plaisir sans altérer la surprise.
1. Autour du titre
La compagnie n’a pas édité d’affiche à ce jour pour le spectacle. Néanmoins, il est intéressant de prendre le temps de
réfléchir avec les futurs jeunes spectateurs sur le titre de la pièce : en ce qui concerne Qui a peur du loup ?,
immanquablement ceux-ci évoqueront l’univers des tout petits avec les comptines, chansons et histoires qui traitent
abondamment cette thématique… et peut-être même le souvenir du plaisir de jouer à avoir peur. Mais leur indiquer que le
public ciblé n’est pas celui de la petite enfance peut les amener à réfléchir à d’autres pistes : Qui a peur du loup ? recèlerait
donc autre chose. Et si on grignotait un petit bout du texte, juste pour y goûter un peu avant d’y aller, et ouvrir les
perspectives ?
2. Autour du texte
1. « NON, LA GUERRE N'EST PAS FINIE. »
Ton skate-board : s'il pouvait se briser une bonne
J'ai promis à ta mère de manger avec toi au moins
Chez Dimitri. L'ameublement est sommaire : une
fois pour toutes!
deux fois par semaine.
table, un lit, un fauteuil, une gazinière. Posé au
centre de la pièce, un skate-board bleu dégage une
DIMITRI.
Il ne se cassera jamais, il est toujours avec moi.
lumière intense. Tout le reste n'est que grisaille.
DIMITRI.
Je mangerai, mais plus tard.
LIVIA.
Dimitri est assis sur le sol, à cote du skate-board
LIVIA.
auquel il s'adresse.
C’est toi qui risques de te casser quelque chose avec
DIMITRI.
lui. Le genou, le coude, et même le bras tout entier.
Flora ne pourra jamais nous accompagner, sa mère
Ce serait idiot maintenant que la guerre est finie.
l'oblige à mettre des talons.
DIMITRI.
LIVIA.
Livia entre avec un panier recouvert d'un torchon
Non, la guerre n'est pas finie.
Tu n'as pas un peu maigri depuis quelques jours ?
blanc. Dimitri se lève. Le skate-board retrouve un
LIVIA.
éclat normal. Livia dépose le panier sur la table et
Qu'est-ce que tu racontes Dimitri ?
donne un baiser sur le front de Dimitri.
Tu n'oublieras pas comme la dernière fois ?
DIMITRI.
Non.
C'est vrai que ton père n'est pas bien gros. Tu tiens
de lui. Il exagère : pas un coup de fil pour prendre de
tes nouvelles.
DIMITRI.
DIMITRI.
LIVIA.
La guerre n'est pas finie. Tout est détruit. Les routes
Tout va bien Dimitri ?
sont défoncées et les gens sont méchants : ils sont
DIMITRI.
rien qu'avec eux-mêmes. Et tristes tout en même
LIVIA.
Super.
temps.
Un skate-board ne remplace pas un papa, Dimitri.
LIVIA, distraitement.
LIVIA, elle soupire.
L'école ?
Tu as peut-être raison, à force de travailler la nuit, je
ne m'en rends même plus compte. Je fais une lessive
DIMITRI.
demain matin, en rentrant du travail. Mets tes
Super.
LIVIA.
.
As-tu besoin de quelque chose pour ce soir ?
DIMITRI.
J'ai Skate.
Ça m'est égal, j'ai Skate.
Même si parfois certains papas sont aussi froids
qu'un morceau de bois. Dimitri, tu vas manger ?
Promis ? J'ai trouvé des biscuits, ceux que tu aimes
bien. Ils arrivent de nouveau jusqu'ici.
vêtements sales au panier avant de te coucher.
DIMITRI.
Maintenant, tu vas manger.
Super.
DIMITRI.
LIVIA.
J'ai pas faim.
Demain matin, je te réveillerai avec un bon chocolat
LIVIA.
chaud.
LIVIA.
DIMITRI.
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Super.
« super ». À demain matin Dimitri. Passe une bonne
nuit.
DIMITRI.
Woolfie! Gentil, gentil chien. Tiens, tout ça pour toi !
LIVIA.
Elle sort. Aboiements de Woolfie. On entend Livia
Ta mère se saigne les veines en France pour que tu
s'éloigner, la grille se refermer. Dimitri prend le
ailles à l'école et c'est tout ce que tu trouves à dire :
panier de nourriture laissé par Livia, ouvre la porte et
Jappements de joie de Woolfie.
appelle.
Pellet Christophe, Qui a peur du loup ?, ed. L’Arche, collec Théâtre jeunesse, 2010
La lecture de cet extrait met à jour des thématiques inattendues : la guerre, l’abandon des parents, la difficulté de
communiquer, le désespoir qui coupe l’appétit… Elle permet aussi de situer le contexte (un pays en guerre) et une époque
(Dimitri a un skate-board). Si les propos sont très réalistes, on peut cependant déceler un indice concernant la dimension
magique, fantastique de ce conte moderne : le skate semble doté d’une vie propre… Enfin, pour les lecteurs les plus
aguerris, l’ombre du loup est déjà là : le nom du chien et l’affection que Dimitri lui porte peuvent laisser imaginer que ce
n’est peut-être pas lui qui a peur du loup…
3. Lettre de la dramaturge aux enfants qui verront le spectacle, ou « Qui a peur
du théâtre ? »
« 1- Tu arrives au théâtre. C’est la première fois que tu viens. On t’en a déjà parlé à l’école. Ou bien tu es déjà venu, tu t’en
souviens, tu avais beaucoup ri, ou tu avais eu peur. Tu t’étais peut-être ennuyé, tu avais peut-être rêvé à autre chose. Tu
t’étais identifié au personnage, tu avais ressenti les choses avec lui, ou bien tu n’étais pas du tout d’accord. Tu as eu
l’impression qu’on te parlait à toi, rien qu’à toi. Ou même qu’on parlait de toi. Ou bien tu n’as pas très bien compris. Ou bien
tu ne t’en souviens plus très bien. Ou bien tu te souviens seulement des fauteuils rouges, ou bleus, un peu trop durs, un
peu trop grands, ou tellement confortables que tu aurais voulu rester dedans longtemps après la fin du spectacle. Qu’on
t’oublie dedans, que le car de l’école reparte sans toi, et que tu puisses ensuite en secret entrer dans le décor, te rejouer
l’histoire.
2- Le spectacle que tu vas voir, il n’y a que toi qui le verras comme ça. Quand tu en reparleras à la sortie avec tes copains,
vous n’aurez peut-être pas compris la même chose. Vous n’aurez pas été intéressés par les mêmes aspects de l’histoire.
Vous n’aurez pas toujours regardé au même endroit. Tu auras envie d’en parler, de raconter aux autres ta version des faits.
Il n’y aura pas de bonnes ou de mauvaises réponses. Il y aura autant d’histoires que d’enfants assis face à la scène. Parce
que le théâtre, c’est à la fois vous et nous. C’est notre rencontre, et elle est différente à chaque représentation.
3- Ton écoute sera importante. Plus tu seras attentif et respectueux, plus les comédiens prendront plaisir à jouer. Et plus
ils prendront du plaisir à jouer, plus tu prendras du plaisir à les voir jouer ! Souviens-toi aussi que si tu vois et entends les
comédiens sur scène, eux aussi peuvent te voir et t’entendre ! Il n’y a pas d’écran entre eux et toi !
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4- Mais avant que tu n’arrives, je vais te raconter comment nous avons fabriqué Qui a peur du loup ?
D’abord, il y a deux personnes : Matthieu Roy et Christophe Pellet : Matthieu est le metteur en scène : il fabrique des
spectacles, en décidant de la façon dont il va raconter, sur une scène, l’histoire qu’il veut au spectateur. Christophe est un
auteur de théâtre. Il écrit des textes que les acteurs devront ensuite apprendre et jouer.
Matthieu, qui connaissait d’autres textes écrits par Christophe, a décidé de lui commander Qui a peur du loup ?, c’est-àdire qu’il lui a demandé d’écrire pour lui et pour vous une pièce qu’il mettrait ensuite en scène.
Christophe a écrit chez lui cette pièce et l’a ensuite donnée à Matthieu.
5- Quand la pièce a été écrite, Matthieu a commencé à constituer une équipe, et à réfléchir à la façon dont nous allions te
la montrer. Il a choisi les comédiens que tu verras sur scène : Romain, qui joue Dimitri, Carole, qui joue Flora, et Claire, qui
joue Livia.
Pendant plusieurs jours, ils ont lu le texte à voix haute, comme tu peux parfois le faire à l’école, et en ont beaucoup parlé,
en posant toutes les questions qui leur passaient par la tête, en racontant, chacun, à quoi cette histoire leur faisait penser.
Mariette a discuté avec eux, a noté et organisé toutes les idées. C’est la dramaturge du spectacle, elle aide Matthieu à
raconter l’histoire et à fabriquer le spectacle à partir du texte de Christophe.
Chacun a apporté son point de vue sur l’histoire et les personnages.
Et maintenant c’est à ton tour, comme eux, de rêver sur le spectacle et l’histoire de Qui a peur de loup ?, de raconter à tes
copains, à ton maître ou ta maîtresse, à tes parents, ce que tu en as compris et à quoi ça t’a fait penser.
Le théâtre, tu verras, est un endroit fait pour rêver, et comme on rêve à plusieurs, c’est aussi un endroit où on parle
beaucoup de nos rêves et de nos idées.
6- Mais Matthieu a aussi dû très vite demander à l’équipe technique de l’aider à imaginer et construire ce que tu vas voir
et entendre : Gaspar a imaginé le décor. Il est le scénographe du spectacle. Il a dessiné la maison de Dimitri et imaginé
comment la construire. Comme un architecte, il a fait des plans, des dessins, une maquette pour qu’on se rende compte à
quoi ressemblerait la scène, et puis ensuite il l’a construite telle que tu la vois sur scène.
Marine est la costumière, comme tu peux l’entendre dans ce mot, c’est elle qui a imaginé et fabriqué les costumes, elle a
imaginé pour chaque personnage comment il pouvait s’habiller, en fonction de leur âge, de leur personnalité, et de leur
histoire. Tu verras en regardant le spectacle qu’on peut aussi beaucoup apprendre sur les personnages à la façon dont ils
sont habillés, et pas seulement à ce qu’ils se disent.
Mathilde a fait la création sonore. C’est un aspect très important de notre travail, et je t’invite à y prêter une attention
particulière. Plusieurs micros sont dissimulés dans le décor pour amplifier les voix et les pas des personnages. Sauras-tu
deviner où ils se trouvent ?
Marc a fait, lui, la création vidéo : de temps en temps, les murs de la maison de Dimitri se transforment en écran, et nous
voyons ce qui se passe dehors ou bien dans la tête des deux enfants.
Maëlle, enfin, a fait la régie générale, elle s’est occupée de l’organisation des répétitions et de coordonner tout ce travail
technique qui demande beaucoup de précision, d’écoute et de dialogue.
En sortant du spectacle, tu pourras essayer de te souvenir de ce que tu as vu ou entendu sur scène, dans tous les détails,
et tu verras que tu comprendras, après-coup, encore de nouvelles choses sur l’histoire en y repensant, en en discutant
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avec les copains et la maîtresse : certains auront sûrement plus remarqué les costumes, d’autres le son, et vous n’aurez
sûrement pas toujours regardé tous ensemble au même endroit.
7- Après avoir pris toutes ces décisions, les répétitions ont commencé pendant plusieurs semaines. Tout ce dont je viens
de te parler a continué à se décider et à se fabriquer, pendant que les acteurs ont commencé à jouer dans le décor. Ils ont
appris le texte écrit par Christophe, et Matthieu était là pour les diriger, c’est-à-dire pour leur indiquer comment jouer, où
aller, quoi faire. Ils ont essayé, pour chaque scène, plusieurs façons de la jouer, parfois c’est Matthieu qui avait une idée,
parfois c’était plutôt un des comédiens. Le spectacle s’est construit comme ça, en recommençant plein de fois chaque
scène, pour préciser à chaque fois un peu plus la façon de la jouer.
Le théâtre est une affaire de patience, parfois on ne sait plus ce qu’on doit faire, on n’a plus d’idées. D’autres fois, les idées
viennent toutes seules, et on s’amuse comme quand tu joues. Mais dans tous les cas, il faut recommencer souvent : c’est
pour ça qu’on dit qu’on répète !
8- Au bout d’un moment, on commence à voir à quoi va ressembler le spectacle, et on a joué toutes les scènes. Il est
temps, pour la première fois, de les jouer les unes à la suite des autres sans s’arrêter. Ça s’appelle un filage. A quoi te fait
penser ce mot ?
9- Maintenant nous sommes prêts. Bien sûr, jusqu’au dernier
moment, jusqu’à ce que tu entres dans la salle, il y aura des
choses à régler, et du travail pour te présenter le spectacle.
Nous aurons le trac aussi, même si nous avons tout fait pour
que ça t’intéresse et te plaise, et que nous sommes sûrs que
l’histoire de Dimitri ne te laissera pas indifférent. Nous avons
hâte des questions que tu nous poseras à la fin du spectacle, et
nous sommes sûrs aussi que tu auras beaucoup à nous
apprendre sur Dimitri, sur le petit loup, sur ce qui peut arriver
aux personnages, parce que nous ne pensons jamais à tout, et
que cette histoire est devenue la tienne, maintenant ! »
Mariette Navarro, dramaturge
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DES PROLONGEMENTS EN CLASSE
Après le spectacle, plusieurs activités peuvent être proposées afin de mettre en avant le travail du metteur en
scène, les spécificités de la scénographie, le jeu des comédiens, l’utilisation du numérique etc. Voici dans les
pages suivantes quelques pistes d’exploration.
1. Du texte au spectacle : le parti pris du metteur en scène
La lecture de cet autre extrait du texte de Christophe Pellet (édité à L’Arche) aura pour objectif de repérer que si le texte
est un support fondamental pour le metteur en scène, ce dernier peut prendre avec lui quelques libertés pour faire
entendre une « autre » histoire. Ainsi, tous les personnages de la pièce écrite ne sont pas représentés par des comédiens
en chair et en os : dans la mise en scène de Matthieu Roy, Sandor et Mira (les parents de Dimitri), n’apparaissent qu’au
travers des images vidéo ; ils sont comme des fantômes qui ne sont accessibles que par la magie d’un skate et de
l’imagination. Jamais ils ne prennent « corps », et jamais ne se retrouvent, ni entre eux ni avec les autres personnages
(contrairement à ce que dit le texte ci-dessous). Ceci a également une incidence sur le traitement de la chronologie des
évènements et la succession des scènes : la lecture de l’intégralité de la pièce peut s’avérer à cet effet très significative.
17. « IL NE REVIENDRA PLUS MON ENFANT ? »
Chez Dimitri. L’ameublement est toujours aussi sommaire. Le skate-board de
Dimitri est posé contre le mur, comme une relique. Flora a seize ans, Mira et
Livia se servent une tasse de café.[…] Flora est […] devant la fenêtre absent,
[l’air absent].
LIVIA.
Flora ?
MIRA.
Elle ne nous entend pas. Quand je la vois devant cette fenêtre, scrutant la forêt,
cela me brise le cœur. Elle attend les premiers hurlements des loups, et puis
elle s'en va, et elle me laisse là, et alors, moi aussi je les entends, comme je les
entends ! Heureusement, je m'en vais à l’usine... Heureusement, je ne reste
pas seule la nuit, dans cette maison...
Mira sort précipitamment, suivie de Livia. Flora reste immobile devant la fenêtre,
le regard perdu dans la nuit. On entend les premiers hurlements des loups.
Brusquement Flora semble découvrir quelque chose dans le jardin : elle ouvre la
fenêtre, se penche, scrute la nuit.
On entend des craquements, quelque chose tombe sur le sol.
FLORA.
Qui est là ?
Woolfie aboie, des aboiements joyeux.
Woolfie ! Tais-toi ! Couché !
Woolfie arrête d'aboyer. On entend un gémissement.
Ces yeux, ces yeux qui brillent dans la nuit ! C'est toi ! Dimitri ! Ce sont tes yeux.
C'est ton regard. Je le reconnais. Il ne me trompe pas. Et ton visage, derrière ce
masque de loup que j'ai créé... Viens ! N'aie pas peur ! Je te reconnais ! Pourvu
qu'ils ne t'attrapent jamais. S'ils te surprenaient ici, dans le village ! J'ai tellement
eu peur pour toi. Chaque fois qu'ils partaient en chasse, je tremblais pour toi.
Maintenant on ne peut plus te chasser, c'est interdit. Tu es une espèce protégée
: comme tu es beau. Un beau loup, maintenant. Tu es vivant! Dimitri ?
Une forme animale saute sur le rebord de la fenêtre. Flora ouvre. L'animal se
blottit dans les bras de Flora : on distingue la silhouette d'un jeune loup.
Tu es allé de l'autre côté de la forêt? Regarde, Dimitri, ton Skate, il est toujours
là, inutile, il t'attend. Peut-être qu'un jour tu reprendras forme humaine ? Tu
redeviendras mon Dimitri ? Tu sais, tous les autres ont grandi. Gerar est parti et
Moritz est toujours là. Il est très triste, il ne s'est jamais remis de ton départ.
Le loup lèche le visage de Flora, tout en restant sur la défensive, aux aguets. On
entend des bruits de pas, la porte s'ouvre sur Mira. Elle découvre stupéfaite Flora
et le jeune loup. Le loup s'échappe des bras de Flora et disparaît dans le jardin.
FLORA.
File vite avant qu'ils ne t'attrapent ! Retourne au cœur de la forêt ! Et reviens me
voir Dimitri !
Heureuse.
C'est lui, c'est bien lui !
Elle le regarde s éloigner.
II est reparti dans la forêt !
Mira perd connaissance et tombe sur le sol.
18. « DIMITRI EST VIVANT. IL EST PARMI EUX ! »
Sandor, le père de Dimitri, est de retour. Assis à la table, il astique un fusil. Debout
près de lui, Mira.
MIRA.
Ça ne servira à rien. Et c'est interdit.
SANDOR.
Je suis au-dessus des lois. Je suis ici chez moi, sur mon territoire.
MIRA.
C'est pour cela que tu es revenu ? Tuer des loups ?
SANDOR.
Nettoyer la forêt. La rendre propre. Mira. Et venger notre fils.
MIRA.
Cela ne nous rendra pas Dimitri.
SANDOR.
Ils ont l'âme et le corps de Dimitri dans le sang. Nous les tuerons tous. Ils ne sont
plus si nombreux, quelques jours devraient suffire.
MIRA.
Tu vas rester ici après ?
Silence.
Tu es juste revenu pour tuer.
SANDOR.
Il n'en restera plus un seul, je te le dis. C'est la mission que je me suis donnée.
Pellet Christophe, Qui a peur du loup ?, ed. L’Arche, collec Théâtre jeunesse, 2010
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De même, la thématique écologique évoquée par Christophe Pellet dans l’interview précitée (cf http://www.theatrevideo.net/video/Qui-a-peur-du-loup-entretien-avec-Christophe-Pellet ) - et qu’on retrouve dans le texte ci-dessus lorsque
Flora évoque le fait que les loups sont dorénavant une espèce protégée - disparait dans cette mise en scène : on pourra
amener les élèves les plus grands à réfléchir là-dessus : métaphoriquement, que représente donc ce loup, si ce n’est plus
seulement un animal protégé…
20. « QUELLE PAIX DANS LA FORÊT CE SOIR ! »
On peut encore conduire avec les élèves une réflexion sur
Flora est agenouillée devant le corps du loup.
FLORA.
Comme tu es beau Dimitri, ton poil est doux, et tes yeux
sont deux ciels nocturnes, j'y vois les étoiles et les
planètes, je les vois encore, avant que tout ne s’éteigne
en toi... Tu me vois, Dimitri ? Tout est fini... là... Tout est
fini. Quelle paix dans la forêt ce soir ! Maintenant je vais
enfin grandir, je vais laisser le petit garçon à son long
sommeil.
Elle caresse le pelage ensanglanté.
Tu t'en souviens peut-être encore, pauvre animal dans tes
pensées de plus en plus obscures, te souviens-tu d'avoir
été un jour un petit garçon ?
Noir.
la comparaison des dernières scènes, selon la version
du texte de Christophe Pellet et celle retenue dans la
mise en scène de Matthieu Roy. Cette comparaison est
une nouvelle occasion de montrer que le metteur en
scène n’a pas pour mission de ne faire « que » entendre
un texte : par ses choix, il raconte aussi sa propre histoire.
Ainsi, en faisant disparaître la scène ci-contre, Matthieu
Roy fait un choix important : il laisse le spectateur décider
de ce qu’est devenu Dimitri. Est-il vraiment mort ? Etaitce ce loup ? Il n’y a pas de corps mort pour le dire...
Il sera encore intéressant de revenir sur le jeu des acteurs : les déplacements de ceux-ci sur le plateau (les trajectoires
rectilignes quand ils quittent la maison pour aller vers la ville), les mouvements de Livia par exemple quand elle marche
(saccadés et presque automatiques), la façon pour chacun des personnages de parler (presque monocorde) ne peuvent
passer inaperçus. En effet, complètement irréalistes, ils contribuent à camper un personnage de fiction en tenant à
distance le pathos. Nous sommes dans une fable, même si le propos est parfois grave. Il est là question de jeu, au sens
propre, et la place est laissée au spectateur pour prêter vie et réalité aux marionnettes.
De même, une réflexion sur la non-représentation visuelle de Woolfie est intéressante : cependant, il est présent par ses
gémissements… et on finit par le « voir », tout comme Dimitri fuyant vers la forêt, alors qu’il n’y a plus que le regard de
Flora pour « l’imaginer ».
Comme le dit Matthieu Roy dans sa note d’intention,
« L’imaginaire de nos spectateurs sera vivement
sollicité pour inviter petits et grands à prendre part au
voyage de Dimitri, pour ressentir avec tous leurs sens,
les étapes du processus qui permettent à chacun de
se réaliser et de s’épanouir après l’épreuve. »
On pourra d’ailleurs réfléchir avec les jeunes
spectateurs à l’apport de la vidéo : elle contribue à
créer un univers onirique, permettant de traverser le
temps et l’espace mais aussi de faire des « gros
plans » sur des personnages ou des évènements.
Enfin, dans les éléments remarquables de ce spectacle jeune public, on notera la richesse de la scénographie : un gros
dispositif pour le décor, avec un « dedans » et un « dehors ». La maison, sorte de grand parallélépipède à structure de
métal entouré de voile, permet la projection de vidéo : c’est l’émergence du merveilleux et de l’imaginaire dans l’espace
clos, mais c’est aussi l’angoisse ou le danger qui assaille Dimitri.
On notera la sobriété de l’ameublement de la maison : celle-ci a perdu toute « âme », tout est ordonné et lisse comme
dans une maison que l’on a quitté et dont on a pris soin. Cette maison dit l’absence de la mère, la dissolution de la famille.
Seul le bouquet de Livia met un peu de vivant dans ce qui semble être devenu la cage de Dimitri.
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2. Des pistes de réflexion proposées par Mariette Navarro, dramaturge :
« Faut-il avoir peur du loup ?
Dans la pièce, les personnages ne partagent pas le même point de vue sur le loup. Les enfants sont attirés par lui, par la
liberté qu’il représente, sa force. Devenir un loup est la seule chose qui peut permettre à Dimitri de quitter la forêt, de
s’extraire de sa réalité. A la fin de la pièce, Flora se réjouit que les loups soient devenus une espèce protégée, elle garde
ainsi espoir de retrouver son ami disparu. Mais les adultes ne voient pas les choses de la même façon. Ils sont encore dans
une logique de guerre. Pour Sandor, le père de Dimitri, le loup reste l’ennemi héréditaire. Il ne comprend pas que c’est son
propre fils qu’il tue en tuant le petit loup.
Il sera intéressant de débattre avec les jeunes spectateurs de la pièce, à l’issue de notre travail, sur cette fameuse peur du
loup, et de voir de quel côté ils se placent : peur ancestrale ressurgissant dans les cauchemars, ou réhabilitation soustendue de discours écologique… Sans doute un trouble mélange des deux, qui fait que cette attraction-répulsion n’est pas
encore prête de déserter les inconscients humains, et la pièce de Pellet d’en brasser les contradictions…
Il serait intéressant, en classe, de faire un inventaire de ce qui nous fait peur chez le loup et de ce qui nous attire chez lui,
et à reparcourir les histoires de loup qui nous ont bercées pendant notre enfance…
Les contes et le monde d’aujourd’hui
Dans le blog que j’ai tenu pendant les répétitions du spectacle, j’avais écrit un petit billet sur le lien entre le texte de
Christophe Pellet, qui prend place dans le monde d’aujourd’hui, et certains contes connus de tous. Voici ces quelques
lignes, elles pourront être prolongées avec les enfants, par des discussions autour des différents contes qu’ils auront euxmêmes identifié dans le texte ou dans le spectacle.
Quand le spectacle s'ouvre, Dimitri est dans sa chambre, boîte dans la boîte, recoin de l'appartement qui lui appartient en
propre, endroit de son intimité. Livia arrive du fond du plateau pour lui rendre visite, lui préparer à manger. Et j'ai l'image
furtive, avec le blouson en cuir rouge que nous essayons pour les répétitions, que c'est un petit chaperon rouge qui
s'approche de la maison où sommeille le futur loup, avec son panier à provisions, son pas énergique et son enthousiasme.
Je me dis qu'il serait amusant de continuer à creuser, comme ça, par petites touches, des échos et des références à
d'autres contes connus des enfants. D'autant plus qu'ils viennent voir un spectacle qui s'intitule Qui a peur du loup? et
qu'ils auront déjà convoqué, consciemment ou non, tout leur imaginaire autour de la question.
Plus tard, dans la scène où Dimitri va rejoindre la mère en France par delà la forêt, il se retrouve en plein conte de
Cendrillon: bombardée par les ordres qui fusent de toute part, la femme de ménage qu'elle est devenue a à peine le
temps de rêver quelques minutes à l'apparition de son petit garçon...
Ainsi, comme deux têtes sondeuses de notre recherche, nous pourrions aller creuser du côté des échos au monde
contemporain tout en tissant des liens vers les contes qui sous-tendent nos imaginaires et ceux des enfants. »
Mariette Navarro vous renvoie également au blog http://petit-oiseau-de-revolution.eklablog.com/qui-a-peur-du-loup-c291620
pour trouver des photos de répétitions, et d’autres sujets de réflexion qui les ont occupés pendant la création. Vous
trouverez également des vidéos où l’équipe échange avec les enfants présents, etc. Une ressource riche !
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3. Des thématiques à explorer
Quelque soit l’âge de ses élèves, chacun pourra puiser dans ce spectacle de nombreuses idées pour poursuivre le plaisir en
classe. En effet, la richesse du texte comme de la mise en scène permet différents niveaux de lecture, et pour chacun les
pistes d’exploitation sont nombreuses, que ce soit dans le cadre de l’histoire des arts ou du cours de Français. A titre
d’exemple, en voici quelques-unes ci-après !
Avec des élèves de primaire, cycle 3 : « Des enfants parmi les loups »
Ce spectacle peut être un point de départ pour chercher dans notre
patrimoine culturel toutes les histoires (de la mythologie au conte,
en passant par le cinéma ou le dessin animé) où un enfant trouve
refuge parmi ceux qu’il pense être ses semblables, suite à un
abandon de ses parents : ainsi, le Mowgli de Rudyard Kipling (Le Livre
de la jungle, 1894) par exemple, ou les jumeaux Romulus et Remus
de la Rome antique.
On pourra également proposer à la lecture l’histoire de L'enfant
sauvage : d'après l'histoire vraie de l'enfant sauvage de l'Aveyron, de
Mordicai Gerstein, paru à l’Ecole des loisirs en 1998 (et pourquoi pas, projeter un extrait du film L'Enfant sauvage, de
François Truffaut, sorti en 1970 ?).
Toujours en littérature jeunesse, et du même auteur, nous vous recommandons particulièrement Gisella et le
Pays d’Avant, paru aux éditions Naïve en 2006 : comme vous pourrez le lire dans le synopsis ci-dessous, ce
livre fait magnifiquement écho à la thématique de Qui a peur du loup ?.
« Il y a longtemps, très longtemps, Gisella vivait dans le pays d’Avant, un pays où sont nés tous les contes de fées, où la magie est partout – et où
la guerre faisait rage. A la poursuite du renard qui décime les volailles du poulailler familial, Gisella oublie le conseil de sa tante : Ne plonge
jamais ton regard dans celui d’un renard . Elle se retrouve prisonnière de la peau de l’animal et le renard prend sa place. La quête de Gisella pour
récupérer son corps – et retrouver sa famille disparue - la mène à travers un pays dévasté par la guerre, qui lui non plus ne se ressemble plus. Sur
son chemin : magie, animaux qui parlent, et carnage. Tandis qu’avec ses nouveaux amis de la forêt, l’enfant découvre peu à peu la noirceur de l’âme
humaine, et qu’elle s’éloigne de son passé, s’offre à elle un choix crucial : sauver les siens et retrouver sa forme humaine, ou laisser au renard le
soin d’être Gisella ? »
Plus généralement, sur la thématique du loup, de nombreuses bibliographies sont parues pour la jeunesse ; voici ici le
lien vers celle, très riche, proposée par le CRDP de Nantes :
http://intranet.crdp-nantes.fr/InfoIntra/upload/44/00002563_loup.pdf
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Avec des élèves de collège, classes de 6ème/5ème : « le loup dans la culture occidentale »
Le loup et l’homme ont une histoire très ancienne : tour à tour adulé ou redouté, défendu ou pourchassé, l’animal ne laisse
pas indifférent. Si la Rome antique lui voue un véritable culte, louant sa force et son adresse (et d’ailleurs, n’est-ce pas à
une louve que l’on doit la fondation de Rome !), si certaines peuplades puisent en sa chair pour y trouver la force et la
puissance admirées, le Moyen Age au contraire voit en lui le diable en personne : le loup cruel et sournois hante
l’imaginaire et investit les contes et croyances... jusqu’au milieu du XXème siècle environ. Aujourd’hui les choses ont
évolué et paraissent moins tranchées : même s’il peut être symbole de cruauté, le loup est aussi celui de la nature et de la
liberté à protéger. Il figure de plus souvent dans les contes comme l’animal mal connu et redouté à tort, victime de son
image. Cependant, à travers chaque époque, on peut trouver des images contrastées du loup : les quelques références ciaprès permettent d’en avoir une idée et de traverser la thématique en image, poésie, littérature ou musique.
- Monique Perriault, Fabienne Treille, Histoires de loups, ed. SCÉRÉN-CNDP, 2004. (DVD : le loup vu par des auteursillustrateurs, des poètes, des conteurs, des metteurs en scène de théâtre).
- Serge Prokofiev, Pierre et le loup, éditions Le chant du monde, 2005 (Conte musical écrit en 1936 et raconté par Gérard
Philipe).
- Jean de la Fontaine, « Le loup et le chien », Les Fables, livre I, 1668 (intéressant pour la symbolique de la liberté qu’on y
trouve).
- Serge Reggiani, « Les loups », 1976 (sur le loup comme symbole de la cruauté et du danger, représentant l’entrée des
nazis dans Paris : www.youtube.com/watch?v=8v77VIxElwM )
Bien sûr, on pourra compléter par les contes de Grimm ou Perrault… Et pour le plaisir, comment ne pas parler de loup et
d’amour avec l’inénarrable Tex Avery ? (cf http://www.youtube.com/watch?v=o4Q91JQ_od8 ).
Sur Weblettres, des propositions de lectures cursives sur le thème du loup :
http://www.weblettres.net/spip/article.php3?id_article=937
Avec des élèves de collège, classes de 4ème : « le lycanthrope ou loup-garou dans la culture
occidentale »
Initialement proposé du CE2 à la 5ème, nous avons décidé d’étendre la proposition de ce spectacle aux 4èmes. En effet,
outre la qualité de la scénographie et la richesse de la mise en scène, la thématique de la métamorphose d’un enfant en
loup propose une lecture très intéressante et métaphorique de ce qu’est l’adolescence (envie et peur de quitter une
certaine innocence doublée d’une fascination pour la liberté et l’étrangeté (la sauvagerie ?) du loup). Si la lecture seule du
texte de Christophe Pellet ne met pas forcément en avant cette interprétation, le parti pris du metteur en scène en ouvre
clairement la voie. Le merveilleux du conte ici n’exclut pas la dureté d’un monde réel où les enfants côtoient la guerre et
l’abandon des adultes, où la communication avec les adultes semble si difficile qu’on se prête à rêver de rejoindre ceux qui
semblent désormais être notre « meute »…
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Mais le fantastique étant au programme de 4ème, pourquoi ne pas s’aventurer sur les traces de ces fascinants loupsgarous, héros récurrents de la littérature fantastique, de la littérature jeunesse, de la bande-dessinée comme du cinéma.
Et on pourra opposé ces loups-garous (terme qui signifie loup dont il faut se garder») à celui qu’est devenu Dimitri : car si
le traditionnel loup-garou est victime d’un maléfice et ne maîtrise pas sa transformation ni ses actes une fois loup, il n’en
est pas de même de Dimitri : le premier mue à la pleine lune, puis se retransforme (ou pas ) en homme ensuite, est d’une
grande férocité et devient bourreau sans qu’il le veuille ; à l’opposé, le loup-Dimitri est demandeur de la métamorphose et
n’est pas victime d’un maléfice ; au contraire, il devient loup par la magie du dessin et de l’amour de Flora… pour ne pas
devenir bourreau comme son père.
Ainsi, ce voyage dans le temps et la littérature permettra de découvrir que les loups garous trouvent leurs origines dans
les temps anciens. On pourra proposer par exemple la lecture d’un extrait des Métamorphoses (Livre I) d’Ovide, où Lycaon
est
puni
par
les
Dieux
pour
son
crime
et
transformé
en
loup !
(cf
http://agoraclass.fltr.ucl.ac.be/concordances/ovideI/lecture/7.htm ). On pourra aussi découvrir un loup-garou victime de
l’amour
au
Moyen-Âge,
avec
le
lai
de
Marie
de
France
(cf
« Le
Lai
du
Bisclavret » :
http://jacques.prevost.free.fr/moyen_age/laibisclavret_FR.htm ). On pourra encore proposer à la lecture un extrait des
aventures du célébrissime Harry Potter (cf Harry Potter et le prisonnier d’Azkaban, J.K.Rowling, ed. Gallimard
Jeunesse, 1999, pages 405 à 407) : on y voit la transformation terrible du professeur Lupin, ne contrôlant pas sa
métamorphose.
Mais on pourra également puiser dans tout ce qui fait l’actualité cinématographique des jeunes gens (les loups-garous
sont aussi dans Twilight !) ou encore la BD fantastique, riche de ces mutations-là.
Pour finir, un lien vers la bibliographie proposée sur le site Weblettres, sur la thématique « Le loup en Quatrième »,
avec des références pour une séquence « réalisme et fantastique » :
http://www.weblettres.net/spip/article.php3?id_article=1276
LE GRAND R - SCENE NATIONALE – Esplanade Jeannie Mazurelle – Rue Pierre Bérégovoy – BP 681 – 85017 LA ROCHE-SUR-YON cedex
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Chargée des relations publiques - jeune public / vie scolaire
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