PANORAMA DES LEISHMANIOSES EN ALGERIE
Z. HARRAT1, A. BOUDRISSA1, N. BENHABYLES2, D. HARRAT-HAMMADI2,
M. BELKAID1.
1Institut Pasteur d’Algérie.
2 Institut National de Santé Publique.
Deux formes de leishmaniose coexistent à l’état endémique en Algérie : la leishmaniose
viscérale à
Leishmania infantum
(LV) et la leishmaniose cutanée (LC). Cette dernière est
observée dans nos régions sous deux formes cliniques et épidémiologiques distinctes la
forme cutanée sporadique du nord à
Leishmania infantum
et la forme cutanée zoonotique
à
Leishmania major
. Ces zoonoses sont observées dans 41 wilaya sur les 48 que compte
le pays .
D’après les déclarations de cas enregistrées à l’Institut National de Santé Publique, ces
cinq dernières années (2000-2004), on relève 30541 cas de LC et 584 cas de LV. Ces
chiffres , bien qu’ils révèlent une augmentation du nombre de cas par rapport aux
années précédentes sont en réalité en deçà de la fréquence réelle de la maladie.
La fréquence de la leishmaniose canine varie d’un foyer à l’autre, elle est estimée entre
de 11% et 37 % et ne semble pas en rapport avec la fréquence de la leishmaniose
viscérale humaine.
Ces zoonoses connaissent depuis une vingtaine d’années un bouleversement
épidémiologique avec apparition de nouveaux foyers d’infection à
leishmania maj
or et sa
progression vers le nord, et une urbanisation de la maladie, ces modification semblent
avoir un lien avec les facteur anthropiques notamment l’impact des activités humaines
sur l’environnement mais également aux changements climatiques enregistrés
récemment à l’échelle continentale .
Les enquêtes menées sur le terrain par différentes équipes ont permis de caractériser
les foyers majeurs : ainsi pour la forme viscérale humaine le chien est le principal
réservoir et
Phlebotomus perniciosus
en est le vecteur confirmé. Pour la forme cutanée
du nord le vecteur est
P. perfiliewi
et le réservoir est représenté par le chien. En ce qui
concerne la forme cutanée à
L major
, les rongeurs gerbillidés
Meriones shawi
et
Psammomys obesus
constituent les principaux réservoirs et,
Phlebotomus papatasi
en
est le vecteur majeur.
Le Centre National de Référence des
Leishmania
à l’IPA relève une augmentation
inquiétante du nombre de cas de résistance au Glucantime®, administré à tord pour les
formes cutanées bénignes. Il constate également la grande variabilité de
L infantum
(7
zymodèmes décrits jusqu’à présent) contrastant à celle de
L. major
(un seul variant)
Quant à
leishmania tropica,
signalé en Tunisie et au Maroc, des indices épidémiologiques
nous font penser qu’il est effectivement présent en Algérie mais les investigations
menées jusqu’à présent ont été vaines.
Devant la recrudescence importante du nombre de cas de la maladie, des campagnes de
lutte antivectorielle ont été menées dans de nombreux foyers actifs, l’impact des
aspersions intra et péridomiciliares de Deltamethrine à 0.25% sur la réduction du
nombre de cas de la maladie reste cependant faible.