Le Mariage de Figaro - Mise en scène : François Ha Van
Mise en scène
François Ha Van : « Ces cinq dernières années Le Vélo Volé a exploré deux
comédies, Le jeu de l’amour et du hasard et Tartuffe, une comédie dramatique, Roméo
et Juliette, un vaudeville, Autour de Feydeau, avant d’explorer la tragédie avec
Andromaque en 2006. A ce moment de mon parcours, mon coup de cœur pour Le
Mariage de Figaro est évident. Cette pièce allie la beauté d’une langue, la vivacité des
intrigues et des rebondissements, le comique des situations farcesques, ainsi que le
plaisir de l’alliance de la musique et du texte. De plus, c’est avec joie que je reviens à
mes premières amours : la comédie !
Dans le rythme effréné de cette folle journée que nous
condensons en deux heures de spectacle, les jeux de cache-
cache derrière les fauteuils ou les portes, derrière les fausses
confidences, les faux billets, les faux rendez-vous sont autant
de matières fécondes pour mes idées de mise en scène, ainsi
que pour mon plaisir d’entendre rire un théâtre entier. En effet,
susciter les réactions d’un public est une des maximes de
notre compagnie. Faire le pari de provoquer les rires et la
jubilation avec un texte dense au travers de toute l’épaisseur des personnages est une
manière de concerner le spectateur et de rendre l’intégralité de l’oeuvre accessible.
A l’esprit festif de la pièce se joint un travail musical auquel je m’attelle avec
des musiciens professionnels, alliant une adaptation de la musique de Mozart à une
création surprenante qui rassemble une violoniste, une accordéoniste et un bassiste.
La dimension politique du théâtre que je défends fait partie intégrante de
l’œuvre de Beaumarchais avec une exposition sans précédent de la guerre des classes
et de la guerre des sexes avec dans le même temps l’âpreté et la jouissance de ce
conflit. Ainsi, dans le contexte actuel, il est intéressant d’aborder des thèmes comme celui
des inégalités de classe sociales et les tensions qu’elles continuent d’attiser.
Enfin, je ne saurais cacher dans ma mise en scène mon infinie tendresse
pour les personnages féminins, pour leur vivacité d esprit, à la limite de l’insolence, ou
encore pour Figaro car bien qu’il puisse être comparé aux valets de la comédie italienne,
ou à Scapin, il montre dans certaines scènes par son regard philosophe ou révolté une
dimension étrangère aux valets « classiques » des comédies.
A travers ce texte, ses enjeux, ses finesses et son humour, je pense pouvoir
entrer dans les « missions pédagogiques » que j’ai l’habitude de réaliser en réveillant
concrètement la réflexion et la sensibilité des jeunes, et ce notamment à l’occasion des
rencontres organisées dans les lycées.
Ce projet est donc pour moi éminemment exaltant, tant du point de vue de la
réflexion que de la créativité. Ceux qui connaissent notre travail se doutent que, bien que
respectant à la lettre le texte de Beaumarchais, c’est une vision contemporaine que nous
donnerons de cette folle journée. »
« Les vices, les abus, voilà ce qui ne change point, mais se déguise en mille formes sous le masque
des moeurs dominantes; leur arracher ce masque et les montrer à découvert, telle est la noble
tâche de l'homme qui se voue au théâtre. »
Beaumarchais - Préface de La folle journée ou Le mariage de Figaro
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