en collaboration avec les laboratoires Ipsen-Beaufour. Les résultats semblent
encourageants.
Réparer les circuits endommagés.
La section de la moelle est rarement complète. Dans la plupart des cas, certains
neurones demeurés intacts pourraient rétablir le contact si leurs axones ne se heurtaient
au mur de la cicatrice gliale, cet amas de cellules qui se forme au niveau de la lésion.
Bon nombre de chercheurs tentent de réduire cet obstacle. Au Canada, le Dr Stéphane
Woerly a mis au point une substance, le Neurogel, capable de former un pont entre les
deux sections de la moelle lésée (après retrait chirurgical du tissu cicatriciel) et d'offrir
ainsi un support de guidage à la repousse des fibres nerveuses (voir Faire Face n° 574,
"Un gel porteur d'espoir"). Repousse permise et accélérée par différents médiateurs
chimiques et/ou cellules souches. C'est une des rares voies de recherche sur la moelle
épinière qui en arrive au stade des premiers essais chez l'homme. Elle concerne
également des lésions anciennes, pour autant que le sujet soit encore jeune, en bon état
général et sans atrophie musculaire.
Régénérer les cellules nerveuses. C'est aujourd'hui possible, du moins chez l'animal.
Les approches sont nombreuses : greffes de cellules souches embryonnaires, fœtales ou
adultes activées par des facteurs de croissance, injections directes de facteurs de
croissance aux endroits lésés pour stimuler la régénération des cellules, l'allongement
des axones, leur remyélinisation…Une méthode séduisante, et qui a le mérite de ne pas
soulever de débat éthique, consiste à utiliser le pouvoir particulièrement régénérant de
certaines cellules du système nerveux périphérique, les cellules de Schwann, prélevées
chez le sujet, multipliées en laboratoire, puis implantées dans la moelle épinière. Des
améliorations motrices ont été constatées chez les rats qui ont bénéficié de telles
transplantations. Une approche parallèle défraie actuellement la chronique : la possibilité
d'utiliser des cellules olfactives, cellules nerveuses qui ont la capacité de se renouveler
constamment.
La stimulation d'un "générateur de marche" qui serait opérationnel, même quand la
liaison avec le cerveau est coupée, constitue également une approche intéressante. Tous
les mammifères posséderaient, à un certain niveau de la moelle, une commande sensible
aux incitations du système nerveux périphérique. Elle serait capable d'agir sur la
motricité des membres inférieurs et de produire une marche réflexe, même en l'absence
de contrôle du cerveau. Marche réflexe que l'on observe chez le nouveau-né, bien avant
que les circuits de la motricité commandés par le cerveau ne soient arrivés à maturité.
L'équipe du Dr Privat, en collaboration avec des chercheurs québécois (Pr Rossignol, de
Montréal) et avec le Dr Jacques Mallet (CNRS - Pitié-Salpêtrière), a rétabli une
locomotion des membres postérieurs chez des rats, après section de la moelle, en
stimulant ce générateur de marche par une greffe de neurones embryonnaires
producteurs de sérotonine, un puissant neuromédiateur. Greffe réalisée au-dessous de la
lésion, sur le site précis de ce générateur de marche (L1-L2 chez le rat).
On devrait savoir si cette expérience est transposable à l'homme dans quelques années.
Les greffes embryonnaires se heurtant, chez l'homme, à des problèmes d'ordre éthique,
l'équipe étudie actuellement la possibilité d'utiliser des cellules non nerveuses, auxquelles
ont incorporerait un gène conduisant à la synthèse d'un neuromédiateur. Lorsque ces
cellules seront prêtes, il restera à résoudre le délicat problème de leur implantation : pas
question de provoquer un traumatisme supplémentaire chez un patient à la moelle déjà
lésée.
Marcher par électrostimulation : le projet Stand Up and Walk (SUAW)
D'autres recherches, cliniques cette fois, tentent de réactiver les muscles déficients, en
utilisant les ressources des nouvelles technologies. "Lève-toi et marche", tel est le nom
français du projet européen lancé en 1999 (six pays, dont la France) et coordonné par le