conséquence pour la causei: le
français bénéficiait d’une prospérité
démographique, économique et
politique importante, bien que sans
commune mesure avec la situation
contemporaine.
Quelle place tiennent donc le
français et sa diffusion dans le rôle
que la France joue aujourd’hui à
l’échelle du monde ? Une place très
importantei: la preuve en est l’exis-
tence d’une association de 55ipays,
regroupés sous la bannière de
l’Organisation internationale de la
Francophonie (OIF). Le désir de
promouvoir la langue française de la
part de pays dont un grand nombre
ont longtemps été des colonies
françaises, statut que leurs élites
indépendantistes ont longtemps
combattu, le souhait de se saisir du
français pour gagner un droit
d’insertion dans le monde contem-
porain et assurer une présence dans
le concert des nations, laissent
apparaître un pouvoir d’influence
encore très important.
Malheureusement, il existe une
situation, en France même, vis-à-vis
du français, une situation qui est
dénoncée en termes paradoxaux par
Abdou Diouf. Le secrétaire général
de la Francophonie, par ailleurs
ancien président du Sénégal et
successeur d’un des illustres pères
fondateurs de l’entreprise franco-
phone, Léopold Sédar Senghor, a
récemment déclaré qu’il aimerait que
les Français soutiennent leur propre
langue autant que les membres de
l’OIF. Il faut dénoncer, à cet égard,
une pratique hélas fort répandue
dansiles entreprises françaises, et qui
consiste à imposer en leur sein
l’usage de l’anglais à leurs employés,
pourtant francophones en majorité.
Beaucoup de dirigeants, de même
qu’une partie des élites politiques,
économiques et scientifiques
s’attachent à promouvoir l’anglais,
associé à la modernité, au progrès et
au libéralisme, doctrine économique
répandue aujourd’hui dans la plus
grande partie des pays développés.
Outre qu’elle encourage une unifor-
misation des comportements et des
pensées, qui est désastreuse pour
l’esprit, cette pratique semble relever
d’un aveuglement assez surprenanti:
en effet, personne n’a pu produire la
moindre preuve du fait que l’utili-
sation de l’anglais puisse accroître
l’efficacité économique et les
bénéfices. Selon la même inspiration
erronée, de nombreuses grandes
écoles de commerce françaises dis-
pensent aujourd’hui plusieurs de
leurs cours en anglais. Les instances
bruxelloises neifont guère mieux. La
Commission européenne n’a cessé
de transgresser les statuts garan-
tissant le respect du plurilinguisme,
assuré par les textes de lois depuis
1958. On peut déplorer, notamment,
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LE FRANÇAIS DANS LE MONDE