crise des subprimes de sorte que l’on paraît être revenu à la case départ avec le
retour en force de la politique budgétaire. L’objet de cet article est de montrer qu’il
n’en est rien. La politique budgétaire mise en place dans les années 1960 aux Etats-
Unis, 1970 en France relevait d’une sorte de keynésianisme, systématisation de la
pensée de John M. Keynes pour un contexte où il ne se serait pas nécessairement
reconnu. La politique budgétaire qui a été mise en place depuis 2008 relève bien de
la situation que notre auteur étudie dans la Théorie générale. En s’appuyant sur les
quelques formules paradoxales dont il avait le secret, on vérifiera qu’il était lui-même
très prudent sur la possibilité d’une sortie de crise, c’est-à-dire d’une situation où
l’économie privée pourrait se passer du soutien de la dépense publique.
De quelques écartèlements…
Il est vrai que l’étudiant standard en macroéconomie devait tolérer quelques
écartèlements lorsqu’il voulait faire coïncider sa lecture de la théorie générale avec
les données macroéconomiques du moment.
Prenons l’exemple de la fameuse loi psychologique fondamentale, qui veut que « en
moyenne et la plupart du temps, les hommes tendent à accroître leur consommation
à mesure que leur revenu croît, mais non d’une quantité aussi grande que
l’accroissement de leur revenu »2 (8-III, p. 114). Littéralement, elle signifie que la
propension marginale à consommer est inférieure à 1. Pourtant, dans le fameux
diagramme à 45°, elle est représentée d’une façon telle que la propension marginale
à consommer est inférieure à la propension moyenne. En termes dynamiques, cela
signifie une diminution de la propension moyenne à consommer. Ceci est d’ailleurs
conforme avec ce que dit J. M. Keynes lui-même : « en général, une proportion de
plus en plus importante du revenu est épargnée à mesure que le revenu réel croît »
(ibidem). En transformant cette coupe instantanée en évolution diachronique, on