Sujet : « Mr. KEYNES and the classics »

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Sujet : « Mr. KEYNES and the classics »
La Théorie générale a été publiée en 1936 dans le contexte de la crise des années 1930 avec son cortège de
chômage, de faillites et de dérèglement du SMI. Son objectif est de mettre en avant la possibilité d’un
dysfonctionnement de l’économie de marché, d’en analyser les causes, en particulier le rôle de la monnaie, et de
souligner que le chômage de masse ne peut être attribué à des exigences salariales trop élevées.
En 1937, John HICKS publie dans la revue Econometrica un article intitulé : « Mr. KEYNES and the Classics,
a suggested interpretation », où il tente de reformuler mathématiquement la pensée keynésienne et en propose une
interprétation : c’est le schéma IS/LM, montrant l’interaction entre le marché de la monnaie et le marché des biens et
services, et permettant de comprendre comment se fixe le niveau du produit global.
Le courant de la synthèse cherche à concilier la macroéconomie keynésienne et la microéconomie
néoclassique ; les idées de Keynes ont été traduites en équation dans le célèbre schéma IS/LM, censé aider les
décideurs à choisir des recettes budgétaires et monétaires permettant d’atteindre certains objectifs macroéconomiques.
KEYNES s’était résolu à ne pas vouloir rejeter l’approche néoclassique, qu’il qualifie de « classique ». Il
s’agissait plutôt dans son esprit de l’appréhender comme un cas particulier d’une théorie plus générale
Problématique : En quoi J.M. KEYNES a-t-il révolutionné la pensée économique ?
I- KEYNES réfute nombre de postulats de la pensée « classique » :
A- Le refus de la conception classique du marché du travail : le chômage involontaire
* Les « Classiques » : le salaire réel se fixe par confrontation de l’offre et de la demande de travail ; offreurs et
demandeurs de travail ont un comportement de maximisation de l’utilité ou du profit ; le chômage est volontaire. Le
marché est autorégulateur via la flexibilité du salaire.
* KEYNES : la marché du travail n’existe pas véritablement car les salariés n’ont pas un comportement
d’optimisation, l’offre de travail n’est pas toujours satisfaite, le salaire nominal est rigide à la baisse, il existe un
phénomène d’illusion monétaire. Un chômage involontaire durable est possible en cas de faiblesse de la demande de
biens et services ; il l’appelle équilibre de sous emploi car O = D sur le marché des biens.
B- Le refus de la conception classique de la monnaie et du taux d’intérêt : la préférence pour la liquidité
* Les « Classiques » : la monnaie a un rôle passif : elle n’est demandée que pour les transactions, le taux d’intérêt est
la rémunération de l’abstinence, sa variation égalise l’offre et la demande de fonds prêtables.
* KEYNES : la monnaie a un rôle actif : elle est demandée pour deux autres motifs, précaution et spéculation, le taux
d’intérêt est le prix de la renonciation à la liquidité et assure l’équilibre sur le marché de la monnaie. La courbe LM
(« Liquidity Money ») est une relation croissante entre le revenu et le taux d’intérêt donnant l’équilibre entre l’offre et
la demande de monnaie.
II- KEYNES propose une nouvelle vision de l’équilibre macro-économique :
A- KEYNES met l’accent sur la demande plutôt que sur l’offre :
Pour les « Classiques », le niveau de production dépend des conditions d’offre et la loi de SAY interdit toute
surproduction généralisée.
KEYNES critique la loi de SAY (à cause du rôle de la monnaie) et montre que les entreprises produisent en fonction
du niveau de la demande effective (Consommation + Investissement) que les entreprises sont toujours en mesure de
satisfaire. L’épargne est un résidu. La courbe IS (« Investment/Saving ») est une relation décroissante entre le revenu
et le taux d’intérêt donnant l’équilibre sur le marché des biens et services. L’investissement privé est fonction du taux
d’intérêt et de l’efficacité marginale du capital.
B- KEYNES montre que l’ajustement se fait par les quantités et non par les prix :
Pour les « Classiques », la flexibilité des prix assure l’équilibre sur tous les marchés (biens et services, travail, fonds
prêtables).
Pour KEYNES, les prix sont fixes, au moins à court terme, et l’ajustement se fait (ou doit se faire) par les quantités.
Que faire en cas d’équilibre de sous-emploi, situation où les entreprises produisent assez pour satisfaire la demande de
biens et services, mais sans que cela assure le plein emploi ? Les remèdes classiques aggravent le mal : la hausse de
l’épargne diminue la consommation et donc le demande effective ; la baisse des salaires a le même effet.
La résorption du chômage se trouve dans la hausse du revenu obtenue grâce à l’intervention des pouvoirs publics, soit
par la hausse des dépenses publiques (déplacement de la courbe IS vers la droite ayant un effet multiplicateur) soit par
la création monétaire (déplacement de LM vers la droite). Il raisonne plus en termes de circuit qu’en termes
d’équilibre.
Conclusion : Par le biais de ces politiques budgétaires et monétaires, KEYNES a puissamment contribué à justifier
l’extension du rôle de l’Etat dans les économies occidentales, alors que les économistes d’avant guerre étaient plutôt
favorables à l’ajustement spontané du marché.
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