ÉDITORIAL
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Il y a bien longtemps que le théâtre n’avance plus masqué et qu’il assume pleinement le risque de
contaminer les esprits de sa nécessité, de sa force, de sa magie et de sa jubilation. Les visages des comédiens
qui chaque soir se présentent à nous dans leur vulnérable nudité, reflètent notre universelle condition humaine.
Ils sont les miroirs de nos âmes à la fois gorgées de joies et encombrées de tourments. Que ce soit par l’humour
et la légèreté, l’émotion et la beauté, la réflexion, l’exploration ou la provocation, le théâtre est un stimulant qui
renforce les défenses imaginaires et qui n’apporte jamais de réponses toutes faites. Il compte sur l’effort du
spectateur pour produire les fruits savoureux de ses ambitions: celles de permettre à chacun de lire le monde
avec la liberté, le discernement et l’intelligence qui, chaque jour, sont fragilisées par les virus des pensées uniques.
À la remarquable richesse de l'offre théâtrale de la région genevoise, répond un public nombreux, varié
et fidèle. Résultat d’un travail que les directions des théâtres ont initié il y a longtemps, aussi bien par un souci
constant de diversité dans leur programmation que par l’amélioration des conditions d’accueil. Sur le plan des
tarifs, par exemple, qui aurait imaginé il y a encore quelques années qu’il serait possible d’aller à Saint-Gervais
pour 12 francs, au Grütli pour 13 francs, ou au Poche pour 15 francs? Sans oublier la Comédie et ses places à
10 francs pour les moins de 26 ans ainsi que les mesures de la Ville de Genève en faveur des jeunes et des
personnes à revenu modeste. Grâce à des rendez-vous supplémentaires telles que les lectures publiques, les
rencontres avec les artistes, les expositions ou les publications, des liens étroits ont été tissés entre les théatres
et leurs publics. Allant même, pour deux théâtres situés géographiquement à chaque extrémité du canton
(Carouge et Forum Meyrin), jusqu’à initier une sorte de « ceva » culturel
(collaboration entre valeurs ajoutées)
par l’instauration d’un abonnement commun et d’une publication réalisée conjointement. C’est ce mélange des
publics et cette incitation à naviguer entre les scènes genevoises qui sont au cœur du projet éditorial de ce guide,
qui se veut pratique avant tout.
Vos réactions extrêmement positives aux 4 précédentes parutions nous encouragent à persévérer dans
notre rôle de stimulateur d’intérêt. UN SOIR AU THÉÂTRE a pour seule ambition de vous offrir un outil qui attise
votre curiosité et qui contribue à élargir et à éclairer vos choix. Mais cette ambition se heurte aujourd’hui à
une réalité financière implacable: celle de la crise dont on n’a pas fini de parler et qui a bien fini par produire
ses effets jusque dans ces pages. En effet, malgré la fidélité de quelques annonceurs que nous remercions
vivement, l’existence d’UN SOIR AU THÉÂTRE est menacée. C’est pourquoi nous lançons un appel à toutes celles
et à tous ceux qui estiment que cette publication a toute sa place dans le paysage culturel genevois et qui ne
veulent pas la voir disparaître. Pour qu’UN SOIR AU THÉÂTRE puisse continuer à exister, à être diffusé largement
et gratuitement, pour qu’il puisse toucher un public nombreux et diversifié, de toutes conditions économiques
D’avance, merci !
Marco Maltini
éditeur responsable
Bas les masques!