www.cotedivoire-economie.com Mensuel - Mai 2012 - N° 15 Côte d’Ivoire economie & Business Finances le périodique des dirigeants et leaders d’opinion - le périodique des dirigeants et leaders d’opinion - le périodique des dirigeants et leaders d’opinion L ’ e s s e n t i e l dossier L as er Le Comité national de la dette publique créée à l’initiative de charles Koffi diby, ministre de l’economie et des Finances, cette instance va permettre de coordonner et de suivre la mise en œuvre de la politique nationale d’endettement et de gestion de la dette publique. analyse de sa structure. Lire p. 7 L as er La crise malienne alors que le pays tente de relever la tête suite au putsch du 22 mars dernier, le point sur les conséquences économiques pour la sous-région. retour également sur le rôle des autorités ivoiriennes dans la gestion de ce conflit. Lire p. 8 développement durable Le développement durable en question & Le gouvernement est engagé dans un Plan national de développement qui suppose une capacité de financement dans laquelle les banques ont un rôle éminent à jouer. Du côté des assurances, c’est la course à l’innovation qui prévaut dans un marché très concurrentiel. Etat des lieux. Lire p. 12 environnement, économie, social, démocratie participative… cette notion dépasse largement le seul aspect environnemental auquel elle est souvent cantonnée. rappel de ses principes fondateurs. Lire p. 11 m a n a gem en t Le coaching utilisé dans le monde de l’entreprise mais aussi à titre personnel, le coaching a le vent en poupe. Mais que recouvret-il exactement ? la réponse est dans ce numéro. Lire p. 26 1 000 FCFA La stratégie de relance des banques assurances laser L’industrie du livre en Côte d’Ivoire Dans l’entretien qu’il nous a accordé, Dramane Boaré, éditeur et directeur des Classiques ivoiriens, évoque les retombées de la participation de la maison d’édition qu’il dirige au dernier Salon du livre de Paris, qui s’est tenu du 16 au 19 mars derniers. Une présence rendue possible grâce au stand mis à disposition par le ministère ivoirien de la Culture. Il revient également sur l’environnement économique et la place occupée par ce secteur de l’édition en Côte d’Ivoire. Lire p. 6 3 côte d’ivoire économie - N°15 - mai 2012 edito Sommaire Croissance ! Mis à part les pays cachés derrière l’allégorie des Tigres (Thaïlande, Malaisie, Indonésie, Philippines, Vietnam) ou des Dragons (Corée du Sud, TaÏwan, Singapour et Hong Kong) asiatiques, sans oublier bien sûr la Chine, rares sont ceux qui peuvent échapper à cette préoccupation de tous les instants. Hier fers de lance de l’économie mondiale, les Etats-Unis, le Japon et le Vieux Continent croulent sous le poids d’une dette publique qui bloque toute perspective de relance immédiate. Un nouveau monde apparaît et chaque nation fourbit ses armes dans la course à l’émergence, avide d’ajouter ses initiales au doux acronyme du Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), qui désigne aujourd’hui les champions en la matière. Tous les observateurs sont unanimes, la Côte d’Ivoire possède de belles cartes à jouer pour atteindre ses objectifs. Le point d’achèvement de l’initiative PPTE est imminent et le Plan national de développement qui vient d’être adopté suscite l’intérêt croissant d’investisseurs dont les origines géographiques dépassent la liste habituelle des partenaires commerciaux du pays. Dans ce soutien à la relance de l’économie nationale, les banques et les assurances ont un rôle essentiel à jouer ; les premières en s’associant notamment au financement de grands projets dont les retombées sont également sociales, comme en témoignent les trois axes forts de ce plan de relance : éducation, santé et infrastructures. Quant aux assurances, leur potentiel de développement est tel que leurs résultats devraient se traduire inévitablement par une contribution accrue aux richesses de la nation. Tant de raisons qui portent à croire que, bientôt, « la crise post-électorale » et ses retombées ne trouveront place que dans les livres d’histoire. La rédaction 16 19 28 12 26 Nous tenons à vous informer que, par souci de réorganisation de sa publication, Côte d’Ivoire Economie paraîtra désormais au début de chaque mois. Ainsi, ce numéro initialement prévu pour mi-avril est mis à votre disposition en ce début du mois de mai. La direction générale de Côte d’Ivoire Economie s’excuse pour les désagréments que cette courte attente a pu occasionner. Laser BRVM : analyse des tendances Entretien avec Dramane Boaré, éditeur, directeur des Classiques ivoiriens Le Comité national de la dette publique est installé Crise malienne : les banques ivoiriennes évitent un autre krach financier PPTE, une quasi-certitude pour juin 2012 Développement durable Le développement durable en question p. 4 p. 6 p. 7 p. 8 p. 9 p. 11 Dossier banques et assurances La stratégie de relance des banques et assurances Les banques commerciales au cœur du partenariat public/privé Entretien avec Daouda Coulibaly, directeur général de la Société ivoirienne de banque La double facette de la privatisation des banques nationales Quel bilan pour les banques nigérianes ? Analyse des performances bancaires 2011 Les assurances dans la course à l’innovation Entretien avec Mohamed Ba, directeur général délégué du Groupe Sunu Assurances Classement provisoire des compagnies d’assurance Management Le coaching, une autre vision de la vie p. 12 p. 14 p. 16 p. 17 p. 18 p. 19 p. 20 p. 22 p. 25 p. 26 Art et culture Le Festival des musiques urbaines d’Anoumambo Conso Le picoprojecteur H03 de Samsung p. 28 p. 30 Rédaction Gestion et administration Directeur de la rédaction : Jean-Pierre Pont ([email protected]) Directeur de la publication, responsable de l’exploitation : Ibrahim Ouattara Rédactrice en chef : Edwige H. Responsable commerciale : Anne-Sophie Bouleau, tél. : (+225) 07 820 111. 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Tirage: 10 000 exemplaires. 4 Laser côte d’ivoire économie - N°15 - mai 2012 BRVM : analyse des tendances Les entreprises les plus performantes du premier trimestre 2012 Nous sommes en pleine période de publication des états financiers 2011 et des assemblées générales. La tension devient donc de plus en plus manifeste sur le marché. La crise malienne pourrait également avoir des répercussions sur les prochaines cotations boursières selon certains observateurs aguerris. En somme, les investisseurs opérant sur ce marché sous-régional ont assez de matière pour ajuster le contenu de leur portefeuille. Etat des lieux et analyse. Q ue s’est-il passé au niveau des cotations de la BRVM depuis le début de l’année 2012 ? Quelles sont les entreprises ayant réalisé les meilleures performances ? Quel titre fait actuellement gagner beaucoup d’argent à ses détenteurs ? Autant d’interrogations qui nous amènent à dresser un bilan à mi-parcours des performances des valeurs cotées à la BRVM. Nous sommes à l’entame du deuxième trimestre et il est primordial pour chaque investisseur de mesurer les variations qui ont déjà eu lieu sur certains titres. Notre méthode analytique a consisté à comparer les cotations enregistrées à la date du vendredi 30 mars 2012 aux dernières de l’année 2011. Méthode permettant ainsi de ressortir un taux de variation qui donne la possibilité à tout un chacun de se faire une idée de la rentabilité effective du titre et de la volatilité qu’il renferme. Shell CI crée la surprise et se retrouve en tête de peloton Décidément, 2012 pourrait être une année vraiment spéciale pour tous ceux qui prennent des positions spéculatives à la BRVM. Alors que ce titre terminait 2011 sur une forte baisse annuelle de 28%, il vient de surprendre tout le monde en se retrouvant au sommet des meilleures valeurs du premier trimestre 2012. Il s’agit bien entendu de la société Shell CI, qui affiche actuellement 19 805 FCFA, soit une remarquable progression de 52.82% après seulement trois mois de cotation. Ce titre est talonné par une valeur agricole qui s’est rendue très célèbre par ses performances boursières depuis deux années consécutives. L’année dernière, cette entreprise avait fait parler d’elle grâce à la performance extraordinaire qu’elle avait réalisée sur les douze mois de cotation. En effet, la SOGB s’en était sortie en 2011 avec une performance de 100% au terme de l’année, en cotant 56 000 FCFA. A la date du vendredi 30 mars 2012, elle a encore accompli des progrès qui ne passent pas inaperçus par les intervenants du marché boursier sous-régional. Cette valeur agricole vaut désormais 78 500 FCFA, soit une hausse trimestrielle de 40.18%. Elle se retrouve donc en deuxième position place. La valeur qui occupe le troisième rang est l’entreprise CIE CI qui s’en tire avec une performance de 35.99%. Elle cote depuis fin mars 22 575 FCFA. A la quatrième place, comme il fallait s’y attendre, se trouve la valeur Sodeci qui évolue depuis le début de l’année dans la même trajectoire que la CIE. Le titre Sodeci reflète actuellement une valeur boursière de 24 115 FCFA, c’est-à-dire qu’il a évolué sur le premier trimestre de 33.97%. Parlant des entreprises les moins performantes, l’on pourrait en citer deux. La première est Uniwax, qui affiche le plus mauvais score. Ce titre a baissé de 19.12% depuis l’entame de l’année 2012, il vaut sur le marché 6450 FCFA, contrairement à l’année dernière où il s’achetait fin décembre à 7 975 FCFA. La deuxième valeur la moins performante est Bolloré Africa Logistique, qui brandit -9.38% de variation trimestrielle à la suite de ses 43 500 FCFA de cotation. Vigilance sur le marché : de gros dividendes sont annoncés ! La saison des assemblées générales dans laquelle nous sommes est toute faite pour alimenter la volatilité du marché. Les états financiers continuent d’être publiés et tous les investisseurs s’attendent à de meilleurs résultats financiers de la part des entreprises. Si tel est le cas, cela aura sûrement un impact positif sur le niveau des dividendes qui seront accordés aux différents actionnaires. 2011 semble avoir été une année de stabilisation financière pour bon nombre de sociétés cotées à la BRVM. A travers certains résultats financiers, cette thèse est totalement vérifiable. Prenant le cas de Solibra, l’on observe que cette société a glané un bénéfice net de 18.8 milliards de FCFA en 2011. La CIE, de son côté, à performé avec un résultat net de 6.3 milliards de FCFA. Quant à la Sodeci, ce sont 1.6 milliards de FCFA qu’elle a pu récolter comme bénéfices l’année dernière. L’entreprise burkinabée Onatel s’est également bien illustrée, elle affiche un résultat net de 2.5 milliards de FCFA et promet un dividende net de 2450 FCFA à ses actionnaires. La crise malienne va-t-elle réellement influencer les cotations ? S’il y a un aspect des choses qu’il convient de ne pas omettre, c’est l’impact probable de la crise malienne sur les cotations de la BRVM. Un débat commence à naître entre les investisseurs, analystes et gestionnaires de portefeuilles. Certains estiment que cette crise malienne n’aura aucun impact véritable sur les cotations, étant donné que le Mali ne possède pour le moment aucune entreprise cotée sur le marché boursier. D’autres, par contre, prennent le contrepied de cette argumentation pour évoquer une probable surévaluation du futur titre Sotelma, société malienne qui doit être inscrite à la BRVM vers le début du second semestre 2012. Le cours d’introduction de cette valeur pourrait être de 35 000 FCFA. Si cela est effectif, nombreux sont les observateurs du marché boursier qui jugent ce prix trop élevé en le comparant aux perspectives économiques du Mali, loin d’être rassurantes. Le scénario à ne pas écarter est aussi de voir le report pur et simple de l’introduction de ce titre en bourse. Le second bilan que nous dresserons au terme du deuxième trimestre 2012 pourra surement nous permettre de mieux appréhender cette question qui ne fait pour le moment pas l’unanimité au sein des observateurs du marché de la BRVM. Jean Sébastien Avi côte d’ivoire économie - N°15 - mai 2012 A u c œ u r d u 5 m a r c h é BIAO Finance et Associés Le Conseil régional de l’épargne publique et des marchés financiers (CREPMF) continue sa politique d’homologation de la tarification de l’ensemble des sociétés de gestion et d’intermédiation (SGI) opérant sur le marché sous-régional. En ce qui concerne la SGI BIAO Finance et Associés, les commissions de structuration et d’arrangement d’opérations financières du marché ont été plafonnés à 500 millions de FCFA. Les frais de tenue de compte sont au maximum de 15 625 FCFA. La commission de gestion sous mandat est de 0.5% de la valeur du portefeuille par trimestre, avec un montant minimal de 3 000 FCFA HT. Ceda CI De nombreux opérateurs en Bourse attendaient que cela soit effectif, c’est désormais chose faite. A l’issue de l’opération de fusion-absorption de la société Ceda CI par NEI CI, et suite à la demande de l’émetteur, le titre Ceda CI vient d’être radié des registres du Dépositaire central Banque de règlement (DC/BR). Indice BRVM 10 Comme il est de coutume au terme de chaque trimestre, la composition de l’indice BRVM 10 vient de subir une modification. Deux sociétés font leur nouvelle entrée dans ce club très restreint. Il s’agit de Shell CI et BOA CI. Les deux titres sortant de cette liste sont : Sitab CI et Filtisac CI. Les huit autres valeurs qui composent cet indice phare de la BRVM sont Ecobank, Sonatel, Saph, Palmci, SOGB, SGBCI, CIE, BOA Bénin. Onatel BF La société anonyme Onatel vient de rendre publics ses états financiers 2011. On y remarque qu’elle a réalisé un résultat net de plus 2.5 milliards de FCFA. Le résultat des activités ordinaire est estimé à 6.57 milliards de FCFA. Le dividende net qui sera distribué aux actionnaires est de 2 450 FCFA. Opti Asset Management Au terme du mois de mars 2012, la société de gestion d’actifs Opti Asset Management a publié les performances des Fonds communs de placement (FCP) dont elle assure la gestion. A cette période, le FCP OPTI Placement affichait comme valeur liquidative du jour un montant de 11 799.85 FCFA. Soit une progression journalière de 0.01% et une variation de 136% en comparaison à la valeur liquidative d’origine, qui est de 5 000 FCFA. Le FCP Opti Revenu brandissait de son côté 7 215.04 FCFA comme valeur liquidative, soit une hausse de 44.31% si on la compare à ses 5 000 FCFA, également, de valeur liquidative d’origine. Sodeci La Société de distribution d’eau de la Côte d’Ivoire (Sodeci) prévoit d’organiser son assemblée générale ordinaire le mercredi 9 mai 2012 au Palais des congrès de l’hôtel Ivoire. Plusieurs mesures sont susceptibles d’y être adoptées. Compte tenu du bénéfice de l’exercice 2011, qui s’élève à 1 699 919 559 FCFA, et du Report à nouveau antérieur de 331 447 813 FCFA, les actionnaires de cette entreprise projettent d’affecter le bénéfice disponible de 4 903 092 927 FCFA de la manière suivante : 2 430 000 000 FCFA pour la distribution de dividendes, 2 500 000 000 FCFA au titre des réserves libres et 13 092 927 FCFA comme solde du Report à nouveau. Au cours de cette assemblée générale ordinaire, il sera également proposé que les dividendes brut soient fixés à 2 700 FCFA par action, soit 2 430 FCFA net par action. 6 Laser côte d’ivoire économie - n°15 - mai 2012 Au cœur du marché Shell depuis la fin du mois de février, Vitol, Hélios et shell ont mené à terme la deuxième phase de la transaction annoncée à la même époque l’année dernière. Vitol et Helios ont donc fait l’acquisition de la plupart des actions shell en côte d’ivoire, Burkina Faso et guinée, et l’activité africa drownstream oil products, qui est l’entreprise employant les salariés de Vivo energy en afrique du sud. ceci complète l’acquisition de la plupart des actions shell dans les secteurs d’activités des pays suivants : cap-Vert, Maurice, Madagascar, Mali, Maroc, sénégal et tunisie ; et marque le début de Vivo energy et shell and Vivo lubricants. Vitol et Helios détiennent ainsi chacun 40% de Vivo energy et les 20% restants appartiennent à shell. Trituraf la société ivoirienne de trituration des graines oléagineuses et de raf raffinage d’huiles végétales (trituraf), t trituraf), par jugement prononcé depuis juin 2010, a été mise en liquidation judiciaire par le tribunal de première instance de Bouaké. dans le cadre des opérations de liquidation, le syndic a signé avec la société olheol-industrie côte d’ivoire, en date du 16 janvier 2012, une convention de reprise des activités de l’entreprise trituraf. t comme éléments essentiels contenus dans cette convention, l’on retiendra que ce document juridique recouvre en autres la cession des biens immobiliers abritant l’outil industriel à la société olheol-industrie côte d’ivoire. parlant des opérations de liquidation, le syndic informe qu’elles se poursuivent toujours. J. S. Avi Retrouvez-nous sur www.cotedivoire-economie.com Dramane Boaré, éditeur, directeur des Classiques ivoiriens « Il y a bien une industrie du livre en Côte d’Ivoire » V ous avez participé à la dernière édition du Salon du livre de Paris. Que représentait, pour les éditeurs, cette plate-forme offerte par l’Etat de Côte d’Ivoire ? Je ne peux parler qu’au nom des Classiques ivoiriens, que je dirige, et pas au nom de tous les éditeurs car je ne suis pas mandaté pour le faire. Cette plate-forme a donné à notre maison d’édition la possibilité d’être présent sur l’un des plus importants salons francophones du monde. Le coût très élevé des stands rendait difficile notre participation à ce salon, mais grâce au ministère de la Culture, nous avons pu exposer nos publications. Peut-on véritablement parler d’industrie du livre en Côte d’Ivoire en l’absence de statistiques fiables et régulières incluant le nombre de titre parus, d’exemplaires vendus, le poids des meilleures ventes et des différents secteurs éditoriaux, la part de marché des différents circuits… ? L’absence de statistiques fiables ne signifie pas qu’il n’y a pas d’industrie. Il y a bien une industrie du livre en Côte d’Ivoire, mais il n’y a pas d’études sérieuses pour le démontrer. Il existe quelques chiffres – notamment les achats de l’Etat à partir de ses propres fonds comme des fonds empruntés auprès d’organismes internationaux – qui indiquent clairement que plusieurs millions de livres sont mis chaque année entre les mains des enfants. Pour les ouvrages parascolaires, de littérature et de jeunesse, un simple coup d’œil sur les catalogues des principaux éditeurs montre bien qu’un travail important est effectué, qui, année après année, prend de l’envergure. Tout Ivoirien peut le vérifier en se rendant dans les principales librairies d’Abidjan. Justement, les manuels scolaires, grâce aux achats de l’Etat, semblent représenter la plus importante part des revenus du secteur. D’ailleurs, le catalogue de la maison d’édition que vous Ecrivains et éditeurs de Côte d’Ivoire ont participé à l’édition 2012 du Salon du livre de Paris, animant le stand mis à leur disposition par le ministère ivoirien de la Culture. Dramane Boaré, directeur des Classiques ivoiriens, revient sur les enjeux de cette première participation et nous propose sa vision de l’industrie du livre en Côte d’Ivoire. dirigez fait la part belle aux ouvrages scolaires et didactiques. L’économie du livre en Côte d’Ivoire reposerait-elle avant tout sur la commercialisation du livre scolaire ? Vous semblez reprocher aux maisons d’éditions de ne s’intéresser qu’à l’argent à travers le livre scolaire. Vous ne devez pas oublier que ces maisons sont des entreprises privées qui ont des obligations de résultat. Elles doivent impérativement dégager des bénéfices. C’est d’ailleurs cela qui leur permet de produire des ouvrages autres que scolaires. Mieux, vous remarquerez que toutes les maisons sans exception font de la littérature, de la jeunesse en plus du scolaire, car elles sont conscientes que ces types d’ouvrages leur permettent de se faire connaître bien au-delà de leur pays. Assurément, la littérature générale n’est pas rentable en Côte d’Ivoire. Les tirages sont très limités et les écrivains peinent à vivre de leur plume. Qu’est-ce qui explique cet état de fait ? Il faut avouer que les ventes sont faibles. Elles le sont pour deux raisons principalement : l’habitude de lecture, qui n’est pas suffisamment ancrée, et le faible pouvoir d’achat. Ces faibles ventes induisent des petits tirages qui, bien évidemment, constituent l’une des causes de la non-rentabilité de la littérature. Il faut également noter que les éditeurs sont obligés de commercialiser à bas prix les rares ventes qui sont effectuées. PRoPos Recueillis Pa P R edwiGe H. Laser côte d’ivoire économie - N°15 - mai 2012 7 Finances publiques Le Comité national de la dette publique est installé Autour du ministre Charles Koffi Diby, les membres du Comité national de la dette publique sont réunis pour servir un même objectif. Le gouvernement ivoirien souhaite renforcer son action en faveur de l’assainissement des finances publiques. Présentation de l’organisme qui vient d’être mis en place pour piloter la mise en œuvre de cette politique nationale. L e ministre de l’Economie et des Finances, Charles Koffi Diby, a mis en place un Comité national de la dette publique (CNDP). Sa création concrétise la réforme du cadre institutionnel et des modalités de gestion de la dette publique dans la dynamique de l’atteinte du Point d’achèvement de l’initiative PPTE. Il a été créé pour assurer un processus efficient d’élaboration et de suivi des paiements de la dette publique qui est, dans le domaine des finances publiques, l’ensemble des engagements financiers pris sous forme d’emprunts par l’Etat, les collectivités publiques et les organismes qui en dépendent directement (certaines entreprises publiques, les organismes de Sécurité sociale, etc.). L’objectif est de coordonner, de suivre la mise en œuvre de la politique nationale d’endettement et de gestion de la dette publique, de veiller à sa mise en cohérence avec les objectifs de développement et la capacité financière de l’Etat, d’élaborer le projet de politique et de stratégie d’endettement en vue de son adoption par le Gouvernement. De façon spécifique, le CNDP propose le projet de politique nationale d’endettement public et de gestion de la dette publique intérieure et extérieure et assure sa mise en cohérence avec les objectifs de développement ; il propose et veille à l’application de la stratégie nationale d’endettement public, veille au respect de la législation et de la réglementation en matière d’endettement public et prépare les projets de textes relatifs, et propose le projet de stratégie de renégociation et de restructuration de la dette publique. A noter que le CNDP a été créé par décret le 30 novembre 2011. Un dispositif qui réunit toutes les compétences Il est composé d’une instance décisionnelle et d’orientation, d’une commission technique chargée de réaliser les études techniques d’impact en rapport avec les nouveaux emprunts, d’un secrétariat permanent chargé notamment de préparer les dossiers à soumettre à la commission technique, d’élaborer les procès-verbaux des sessions et les rapports d’activité du CNDP. Son président est le ministre de l’Economie et des Finances, le vice-président est le représentant du ministre d’Etat, ministre du Plan et du Développement, et il a comme rapporteur le directeur de cabinet du ministre de l’Economie et des Finances. Outre ces premiers membres, le CNDP comprend le représentant du président de la République, le représentant du Premier ministre, le directeur national de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest, le directeur général du Budget et des Finances, le directeur général du Trésor et de la Comptabilité publique, le directeur général du Plan, le directeur général de l’Economie, le directeur général du Bureau national d’études techniques et de développement BNETD, le directeur du département des Relations économiques et internationales au ministère d’Etat, ministère des Affaires étrangères. Wenceslas Assohou 8 Laser côte d’ivoire économie - n°15 - mai 2012 Crise malienne : les banques ivoiriennes évitent un autre krach financier Comme dans tout conflit, la situation que vit le peuple malien draine sa cohorte de drames humains, particulièrement dans le nord du pays. Au-delà, son impact économique n’est pas négligeable, notamment pour la Côte d’Ivoire. Retour sur les retombées de cette instabilité et sur la politique adoptée par les autorités sous-régionales pour tenter d’y faire face. L es autorités maliennes commencent à sortir petit à petit de la grande confusion politico-militaire qui a secoué le pays ces dernières semaines avec la prise de pouvoir d’une junte militaire et la destitution du président Ahmadou Toumani Touré. Fort heureusement l’ordre constitutionnel a été rétabli ; le président sortant étant obligé de rendre sa démission afin de céder son fauteuil au président de l’Assemblée nationale. Les chefs d’Etats de la Cedeao, refusant de cautionner le coup de force de cette junte, ont rapidement réagi de manière vigoureuse en brandissant des sanctions économiques et financières contre le Mali. Sur cette liste de mesures punitives à l’égard de ce pays, figuraient la fermeture pour le Mali de l’accès des ports des pays côtiers de la Cedeao, le gel de ses comptes à la BCEAO, le non-approvisionnement des comptes de l’Etat malien dans les banques privées à partir de la BCEAO, le gel des concours financiers à partir de la BOAD et de la BIDC. Un partenaire commercial important Un Conseil des ministres de l’Economie et des Finances de l’Uemoa s’est également réuni pour entériner ces décisions et adpter des dispositions pratiques afin que ces décisions soient effectives sur le terrain. On pouvait cependant redouter que ces dispositions prises à l’égard du Mali aient, en retour, un impact négatif sur les économies sous-régionales en relation directe avec Bamako. Pour prendre spécifiquement le cas de la Côte d’Ivoire, il est clair que si les opérateurs économiques maliens n’avaient plus eu accès aux ports d’Abidjan et de San Pedro, cela aurait constitué un gros manque à gagner pour les recettes douanières ivoiriennes. Par ailleurs, le Mali est reconnu comme grand exportateur de certains produits vers la Côte d’Ivoire. Les statistiques commerciales de l’espace Uemoa permettent de se rendre compte que ce pays expédie aux Ivoiriens chaque année d’importants volumes de mil, échalote, pois sucré, bétails, poissons fumés et séchés, etc. Comme conséquences logiques, l’on aurait pu assister à une flambée des prix de tous ces produits sur le marché ivoirien si l’embargo économique à l’égard du Mali avait été maintenu par la Cedeao. Un impact sur le système financier Au-delà de l’aspect purement économique, le volet bancaire est également à prendre en compte. La BCEAO étant l’organe régulateur du système monétaire de l’espace Uemoa, des perturbations au niveau de la masse monétaire du Mali engendreraient aussi une influence négative sur l’ensemble du secteur bancaire sous-régional en général, mais ivoirien en particulier. Des titres obligataires ont été émis par le Trésor public malien sur le marché financier sous-régional et des entreprises et institutions financières ont pu y souscrire. Une perturbation du système financier malien entrainerait le non-paiement des titres arrivés à échéances, pénalisant ainsi les éventuelles banques ivoiriennes qui y ont souscrit. Il est est vrai que le dernier Conseil des ministres des Finances de l’Uemoa autorisait la BCEAO à procéder au dénouement des opérations en suspens relatives à des échéances de règlement de titres échus d’Etat malien échus, dont l’autorisation d’approvisionnement du compte spécial de règlement a été expressément donnée à la BCEAO avant la survenue de la crise. Mais ce qu’il ne fallait pas perdre de vue, c’est que la junte, en réponse à l’embargo financier qui lui a été imposé, pouvait donner des instructions toutes particulières aux régies financières du Mali afin qu’elles fassent blocage à ces paiements. Une telle réaction aurait été très préjudiciable aux banques ivoiriennes détenant encore des titres de l’Etat malien, et si l’on ne prenait pas de dispositions particulières, cette situation aurait immédiatement affecté la solvabilité de ces banques. Pour les banques de la place, un risque en matière de trésorerie Autre aspect, il existe une forte communauté malienne vivant en Côte d’Ivoire. L’embargo économique contre le Mali donnerait à cette diaspora l’occasion de s’inquiéter sur le sort de leurs compatriotes restés au pays. En cas de forte perturbation du système financier malien, il était fort probable que les Maliens vivant en Côte d’Ivoire procèdent à des retraits massifs de liquidités dans les banques ivoiriennes pour venir en aide financièrement à leur pays. Vu l’importance de leur effectif, l’on aurait pu ainsi enregistrer une baisse de trésorerie subite au niveau de certaines agences bancaires ivoiriennes. La sensibilité des questions monétaires étant très évidente, une perturbation du système bancaire malien à la suite de cet embargo économique aurait visiblement pu avoir des répercussions allant au-delà des frontières maliennes. Le gouvernement ivoirien, conscient de cette corrélation et de l’intensité de la coopération économique existant depuis des années entre le Mali et la Côte d’Ivoire, avait déjà commencé à prendre certaines dispositions afin que la crise malienne n’ait pas d’impacts majeurs sur l’économie ivoirienne, et plus spécifiquement sur le secteur bancaire national. Le ministre ivoirien de l’Intégration africaine s’est donc personnellement impliqué dans les négociations entre les autorités maliennes pour un dénouement judicieux de la problématique politico-militaire de ce pays. Fort heureusement les autorités politiques maliennes et les militaires semblent avoir trouvé un terrain d’entente qui pourrait permettre à ce pays voisin de sortir de cette crise. Le secteur bancaire ivoirien peut donc pousser un ouf de soulagement, car c’est avec justesse que ses acteurs viennent de contourner un autre krach financier qu’auraient pu entraîner les tentacules économiques de la crise malienne. Jean sébastien avi Laser côte d’ivoire économie - N°15 - mai 2012 9 PPTE, une quasi-certitude pour juin 2012 L e PPTE est désormais à portée de main. En effet la mission du FMI (Fonds monétaire international), qui a séjourné à Abidjan du 29 février au 14 mars 2012 dans le cadre de la première revue du programme appuyé par la Facilité élargie du crédit (FEC), a apprécié les efforts accomplis par le gouvernement ivoirien pour y arriver. « La mission se félicite de l’achèvement du recensement dans la Fonction publique, l’approbation de la réforme du régime de retraite dans le secteur privé, la mise en place de tribunaux commerciaux, l’adoption de la loi sur l’exécution des décisions d’arbitrage et la création de centres de facilitation aux entreprises », a déclaré Mme Ross, sous- En visite le mois dernier à Abidjan, la mission du FMI conduite par Doris Ross a salué les résultats économiques et les réformes structurelles menées par les autorités ivoiriennes. De bon augure pour l’atteinte du point d’achèvement de l’initiative PPTE. directrice au département Afrique du FMI et chef de ladite mission. « Les résultats économiques en 2011 ont été mieux que prévus. (…) L’exécution du budget a aussi été mieux que prévue. Les dépenses sont restées dans la limite des objectifs fixés dans le budget et les allocations pour les dépenses d’investissement et de lutte contre la pauvreté ont été utilisées dans leur totalité. Tous les critères de réalisation quantitatifs pour fin décembre au titre de l’accord FEC ont été respectés », a-t-elle ajouté. Poursuivant pour souligner que de « bons progrès ont été réalisés dans l’avancement des réformes structurelles ». Sans omettre de louer les grandes avancées au niveau de la réforme de la filière café-cacao. La perspective d’un déboursement additionnel Aussi, suite à l’approbation de cet accord par la direction générale et par le conseil d’administration du FMI prévue pour le mois de mai, Doris Ross a révélé que la politique économique du gouvernement ivoirien pour 2012 pourrait être appuyée par un déboursement additionnel de 50 milliards de FCFA au titre du FEC. Somme toute, malgré le retard observé au niveau de certaines réformes, les perspectives pour 2012 sont positives ; de quoi prouver que toutes ces initiatives militent en faveur de l’atteinte du point d’achèvement de l’initiative PPTE pour la Côte d’Ivoire en juin prochain, d’où un allègement global de sa dette. Wenceslas Assohou Développement durable côte d’ivoire économie - N°15 - mai 2012 11 Le développement durable en question Depuis son apparition dans le rapport Bruntland en 1987, la notion de développement durable a fait son chemin dans les consciences collectives au point de s’imposer aujourd’hui, à l’échelle de la planète, comme une nécessité incontournable. Pourtant, ce concept semble encore abstrait en Côte d’Ivoire et très éloigné des préoccupations immédiates des habitants. Un retour sur ses fondements s’impose. Défini généralement comme un mode de développement qui s’efforce de répondre aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à satisfaire les leurs, le développement durable repose sur quatre piliers : l’environnement, l’économie, le social et la démocratie participative. L’environnement Sur le plan environnemental, atteindre l’objectif d’un développement durable, c’est savoir respecter les principales conditions suivantes : • l’utilisation, la gestion durable des ressources naturelles (air, eau, sol…) et des savoirs humains, • le maintien des grands équilibres naturels (climat, diversité biologique, océans, forêts…), • la maîtrise de l’énergie et l’économie des ressources non renouvelables (pétrole, gaz, charbon, minerais…). L’économie Sur le plan économique, le développement durable dépend en particulier : • d’un développement économique respectueux des milieux naturels, d’où proviennent les ressources de base (agriculture et pêche), • d’un changement profond dans les relations économiques internationales afin de promouvoir un commerce équitable (essentielle C.E.) et un tourisme solidaire (essentielle TS) et d’exiger que les entreprises prennent en compte les conditions du développement durable, • de l’annulation de la dette des pays pauvres et d’une augmentation des investissements afin qu’ils ne soient plus contraints à privilégier des profits à court terme, en contradiction avec le développement durable et celui de la planète, • d’une réflexion sur une décroissance soutenable dans les pays développés. Le social Les facteurs sociaux du développement durable sont l’accès à l’éducation, l’habitat, l’alimentation, les soins…, afin de : • satisfaire les besoins essentiels des populations, • combattre l’exclusion sous toutes ses formes (sociale, professionnelle…), • stabiliser la croissance démographique, • maîtriser la croissance urbaine et les flux migratoires. C’est au niveau local que peuvent se mettre en place les structures sociales indispensables à un développement humain harmonieux, au Nord et au Sud. La démocratie participative Le respect de l’environnement, un développement économique respectueux et la mise en place d’une justice sociale ne peuvent être atteints qu’avec la participation de tous les citoyens. Le dévelop- pement durable exige la démocratie et la participation effective à cette démocratie : c’est ce qu’on appelle la démocratie participative. Ces quatre piliers doivent être en interaction constante : développement social et économique, environnement et citoyenneté doivent être considérés comme indissociables, à toutes les échelles de l’organisation des sociétés humaines et des milieux qui sont les leurs ; le développement durable est affaire locale, nationale, internationale ; il ne se réalisera que si l’on mène de front les combats et les solidarités pour la gestion durable des ressources, la disparition des déséquilibres sociaux et économiques, et pour la démocratie. Humanisme et solidarité entre les générations Mais au-delà de ces quatre piliers admis, le développement durable est un concept d’un grand humanisme. Toute sa problématique se résume en cette question : comment satisfaire les besoins des hommes d’aujourd’hui tout en léguant la Terre en bon état aux générations qui l’habiteront après nous ? Agir pour le développement durable, c’est d’abord penser aux autres, ceux qui occuperont la planète après nous. En apprenant à économiser et à partager de manière équitable les ressources, en utilisant les technologies qui polluent moins, qui gaspillent moins d’eau et moins d’énergie, et surtout en changeant nos habitudes de consommation et nos comportements, nous vivrons sans épuiser définitivement toutes les ressources de la Terre. De la nécessité d’agir La hausse du coût de l’énergie, l’envolée des matières premières et la pénurie de pétrole annoncée montrent que, plus que jamais, nous devons nous montrer économes. Les pistes les plus évidentes peuvent être listées ici : • miser sur les nouveaux matériaux, • réserver le pétrole à des usages « nobles » (ce qui implique de favoriser la production locale), • améliorer l’efficacité énergétique, • tout doit être recyclé ! Jean Philippe Kassi Dossier côte d’ivoire économie - n°15 - mai 2012 Après la crise post-électorale La stratégie de relance des banques et assurances Des pans entiers de l’économie ivoirienne ont payé un lourd tribut aux événements qui ont récemment secoué le pays. S’ils ont également souffert de cette situation, les secteurs de la banque et de l’assurance sont en passe d’inverser la tendance. Etat des lieux. L es banques ivoiriennes et toutes celles qui sont présentes en Côte d’Ivoire ont subi les affres de la crise post-électorale. Certaines ont été pillées, perdant des fonds et du matériel, quand d’autres, en raison de la nationalisation intervenue en février 2011, ont connu de très grands dysfonctionnements en leur sein. Phénomène plus grave, elles ont toutes été obligées de fermer leurs portes à cause des injonctions de la BCEAO qui n’était plus prête à garantir leurs opérations sous l’ancien régime. Parmi les établissements affectés, la Banque internationale pour le commerce et l’industrie de la Côte d’Ivoire (Bicici) a récemment indiqué avoir été très perturbée pendant ces mois d’inactivité. En présentant son tableau d’activités du premier semestre de l’exercice 2011, ses responsables rappelaient que « la grave crise consécutive aux élections présidentielles a entraîné une forte perturbation de l’activité économique nationale, avec la fermeture pendant deux mois et demi de la plupart des établissements bancaires ». Et de souligner que « malgré la pr progression de 4,71% de la valeur ajoutée sur capitaux, le produit net bancaire au 30 juin 2011 accuse une baisse de 18,7% à 11,404 milliards de FCFA comparé à l’exercice dernier… En conséquence, le résultat brut d’exploitation recule de 85,36% et s’affiche à 580 millions, contre 3,962 milliards de FCFA en 2010 ». Une reprise économique porteuse pour les banques A l’instar de la Bicici, toutes les autres banques ont payé les conséquences de la crise post-électorale, affichant des résultats négatifs par rapport à l’année 2010, mais à des degrés divers selon leur trésorerie, leur chiffre d’affaires et leur aura sur le marché bancaire ivoirien. Et le retour M. Diarrassouba, président de l’APBEF-CI, se félicite de la progression du secteur bancaire en Côte d'Ivoire. à la normalité leur permet d’entrevoir l’avenir sous de bons auspices. Ainsi, comme le note la direction de la Bicici dans ce rapport d’activité du premier semestre 2011, « les actions commer commerciales engagées auprès de la clientèle dans le cadre de la reprise progressive de l’activité économique et l’implication habituelle de la banque dans le financement de la prochaine campagne café-cacao devraient contribuer à améliorer nos comptes d’ici la fin de l’exercice 2011 ». Ce qui semble-t-il, n’a pas été une vaine prémonition. En effet, M. Diarrassouba, le président de l’Association professionnelle des banques et établissements financiers de Côte d’Ivoire (APBEF-CI), faisant le dossier 12 bilan des activités des banques dans le courant du mois de mars dernier, a révélé que les banques ivoiriennes avaient mobilisé 3 694 milliards FCFA au titre de l’année 2011, contre 3 136 milliards FCFA en 2010 et 2 395 milliards FCFA en 2008 ; soit une envolée de 54%. «T Tous les jours, des milliers de comptes sont ouverts dans toutes les banques de Côte d’Ivoire », s’est félicité M. Diarrassouba. Ainsi les banques commerciales ivoiriennes (privées et publiques) ont réalisé un bilan cumulé de près de 4 000 milliards de FCFA en 2011, en augmentation de 37% depuis quatre ans. Cette « bonne performance » a été réalisée en dépit de la crise post-électorale. Il faut dire que la plupart des banques ont repris du poil de la bête en stabilisant leur trésorerie et en repartant à la conquête de leur clientèle dès la réouverture de leurs portes. Avec la reprise de la campagne cafécacao, mais aussi de l’économie tout entière, ces banques ont pu tourner la page de cette période néfaste. Et se sont dès lors attelées à redresser leur trésorerie et à faire un état des lieux dans un premier temps, avant de penser aux services à offrir à leur clientèle. L’on se rappelle qu’avant la réouverture, les banques avaient certes repris le service, mais n’étaient pas encore ouvertes au public puisqu’elles devaient faire l’état des lieux des dégâts, de l’encaisse disponible, des éventuelles compensations et des modalités selon lesquelles elles devaient être conduites, avant de s’attaquer à toutes autres activités comme l’octroi de crédits, la possibilité de retrait d’argent des clients… La Loyale, un cas d’espèces dans le secteur des assurances Concernant les assurances, elles n’ont pas moins souffert de la crise post-électorale. Certes elles n’ont pas été Dossier côte d’ivoire économie - N°15 - mai 2012 13 14 Dossier côte d’ivoire économie - N°15 - mai 2012 La stratégie de relance des banques et assurances (suite) nationalisées comme le furent certaines banques, mais elles ont réellement été impactées. L’agence de notation financière Bloomfield Investment a ainsi indiqué un bilan en dents de scie concernant la performance financière de la société d’assurances La Loyale SA pour l’année 2011 : « La crise post-électorale a entraîné le report de la mise en œuvre de projets dont la reprise dépend en partie de la capacité de la Loyale à générer, à moyen terme, suffisamment de liquidités par ses activités. » Et selon l’agence de notation, cette note se justifie par le fait que « sur le court terme, la liquidité n’est pas suffisante pour prémunir contre une perturbation du service de la dette. La crise post-électorale en Côte d’Ivoire a réduit les capacités d’une trésorerie nette soumise à tension », alors que sur le long terme, « les facteurs de protection sont appropriés et considérés suffisants pour des investissements prudents ». D’où le fait que la Loyale Assurances ne dispose pas de trésorerie suffisante pour pouvoir reprendre du poil de la bête en un temps assez court. Notons que l’actif disponible était respectivement de 11 milliards 843 millions de FCFA et 14 milliards 446 millions de FCFA en 2009 et 2010 pour un actif sur la même période des mêmes montants. Soit un bilan qui n’est ni excédentaire, ni déficitaire. Il est certes vrai que « la crise post-électorale a entraîné le report de la mise en œuvre de projets dont la reprise dépend en partie de la capacité de la Loyale à générer, à moyen terme, suffisamment de liquidités par ses activités ». Toutefois, la Loyale Assurances, malgré cette incapacité à pouvoir disposer de fonds à moyen terme et qui influent sur ses projets de développement, a les potentialités pour pouvoir rebondir et amorcer son développement. L’aide de l’Etat plus que jamais sollicitée A cette capacité d’adaptation des banques et assurances qui ont eu les coudées franches pour rebondir, il faut noter les mesures salutaires promises par les autorités dans l’annexe fiscale 2011, qui donnent de réelles raisons d’espérer à ces entreprises, leur permettant de combler les trous du passage à vide subi pendant la crise post-électorale. Ces mesures se déclinent en la réduction de la base de la retenue de l’impôt sur les bénéfices non commerciaux au titre des sommes versées aux compagnies de réassurance n’ayant pas d’installations professionnelles en Côte d’Ivoire, et l’exonération de la taxe sur la valeur ajoutée et de la taxe sur les opérations bancaires. La santé des banques serait au beau fixe si les mesures promises étaient appliquées effectivement. L’on se rappelle qu’à sa conférence de mars, Souleymane Diarassouba réclamait à l’Etat les 100 milliards de FCFA promis au secteur bancaire pour sa relance. En attendant cette aide, finis les couacs pour le secteur des banques et assurances, cap sur la relance économique, et l’accroissement de leurs activités. Wenceslas Assohou Financement du programme économique Les banques commerciales au cœur du partenariat public/privé Que ce soit dans le domaine des transports, des grands projets d’infrastructures ou dans une logique d’appui budgétaire, les banques ont décidé de participer au financement du programme économique du gouvernement. Revue de détail. Les banques ivoiriennes ont décidé de s’impliquer dans la relance économique en Côte d’Ivoire. Elles ont commencé depuis quelque temps à signer des partenariats avec les structures étatiques en vue de redresser l’économie ivoirienne. Une façon de traduire en actes la volonté du gouvernement actuel qui veut faire du partenariat public-privé l’un des fers de lance de l’économie nationale. Concernant les transports, les banques avaient depuis belle lurette été réticentes à apporter leur appui à ce secteur rentable à cause de son inorganisation et de l’obligation par les banques du paiement intégral de la TVA dès le début du prêt ; sans oublier les complicités des transporteurs avec certains agents de l’Etat pour dénantir les véhicules avant le terme du remboursement. Après dissipation de ces différends par le ministère du Commerce, la confiance des établissements banquiers est revenue et le projet de renouvellement du parc automobile ivoirien, initié par le ministre Gaoussou Touré, est en marche. Ce sont donc la SIB, Ecobank, Bicici, Alios Finance et BIAO-Côte d’Ivoire qui ont mis à la disposition des transporteurs des lignes de crédits pour un montant global avoisinant 50 milliards de francs CFA. Quand on sait que, selon ce ministère, il faut 150 milliards de FCFA pour le secteur du transport pour l’année 2012, les banques n’ont certes pas fini de mettre la main à la poche, vu les assurances données par les nouvelles autorités quant au remboursement de ces prêts octroyés aux transporteurs pour le renouvellement de leur parc automobile. Afreximbank et BIAO-CI en soutien de la SIR A côté du secteur du transport, il faut noter que les banques ivoiriennes, depuis quelque temps, facilitent l’octroi de crédits au gouvernement ivoirien pour la conduite de grands projets. C’est le cas de l’approvisionnement de la Société ivoirienne de raffinage (SIR) à travers une « opération sans précédent dans le domaine bancaire et financier en Côte d’Ivoire ». En effet, la SIR a bénéficié en octobre dernier d’une ligne de crédit revolving d’un montant de près de 160 milliards de FCFA octroyé par la banque africaine d’import-export, Afreximbank, qui a co-arrangé ce financement avec la BIAO-CI. La signature de la convention de prêt a eu lieu le 3 août 2011 entre le président de Afreximbank, Jean-Louis Ekra, et l’ex-directeur général de la SIR, Joël Dervain, au ministère de l’Economie et des Finances. Cela en présence d’Adama Toungara, ministre des Mines, du Pétrole et de l’Energie, et Charles Diby Koffi, ministre de l’Economie et des FiLa BIAO-CI fait partie des banques qui ont débloqué des lignes de crédit dans le cadre du partenariat avec l'Etat. nances. Ledit financement avait pour objectif de permettre à la SIR d’importer du pétrole brut et autres produits dérivés pour le marché ivoirien et celui de la sous-région, sur une période de vingtquatre mois, soit jusqu’en août 2013. Un consortium local au chevet du Fonds d’entretien routier Dans le même ordre d’idées, la Banque internationale du commerce et de l’industrie en Côte d’Ivoire (Bicici), filiale de BNP Paribas, et Bank of Africa Côte d’Ivoire (BOA-CI) ont engagé en décembre dernier un prêt de 32,8 milliards de FCFA sous forme d’appui budgétaire qui devait « permettre au gouvernement de poursuivre l’apurement de ses arriérés intérieurs et contribuer à la relance économique après la crise post-électorale ». Les deux banques, qui apportent chacune 16,4 milliards FCFA, bénéficient pour ce faire d’une garantie de l’Agence française de développement (AFD). En janvier dernier, ce fut au tour d’un consortium de banques locales composé d’Ecobank, de la Société générale de banque en Côte d’Ivoire (SGBCI) et de la Banque internationale pour l’Afrique de l’Ouest (BIAO) de consentir un prêt de 25 milliards de FCFA à l’Etat ivoirien pour le compte du Fonds d’entretien routier (FER). La convention de crédit, signée par le ministre de l’Economie et des Finances et les responsables de ces banques, visait à permettre la réhabilitation des routes sur l’année 2012, afin d’offrir aux opérateurs économiques et aux automobilistes un réseau routier adéquat. Des partenaires financiers, piliers du troisième pont Toujours sur le plan des infrastructures économiques et particulièrement à propos du troisième pont – sans que l’on puisse savoir en filigrane la part dégagée par chaque partenaire financier d’ici et d’ailleurs –, il faut noter néanmoins que plusieurs structures bancaires nationales et internationales se sont impliquées dans le projet. Aussi, les partenaires financiers impliqués dans ce pont sont Socoprim (Bouygues), Groupe de la Banque mondiale, BAD, BIDC, BOAD, AFC, UBA, etc. A ce sujet, le ministre Diby avait annoncé, avant le lancement des travaux du troisième pont, dit « pont Henri-Konan-Bédié », en novembre dernier, que la part de l’Etat de Côte d’Ivoire, estimée à 50 milliards de FCFA, était déjà bouclée avec 42 milliards de FCFA d’ores et déjà dis- Dossier côte d’ivoire économie - n°15 - mai 2012 Les PME, parents pauvres des financements bancaires ponibles. Les 8 milliards de FCFA restants devaient être décaissés automatiquement lorsque Bouygues, à travers la Socoprim (Société concessionnaire du pont Riviera-Marcory), le demanderait. Le ministre Patrick Achi, avait indiqué, il faut le souligner, que les travaux avoisinent 148,902 milliards de FCFA, dont 50 milliards de FCFA de l’Etat ivoirien, et près de 100 milliards de FCFA de la part de tous les partenaires financiers impliqués dans le projet. De quoi affirmer qu’au regard de toutes ces initiatives – qui, à voir la dynamique actuelle, n’en sont qu’à leur début –, les banques sont vraiment au chevet du malade appelé Côte d’Ivoire. wenceslas assoHou C’est un fait, les PME/PMI rencontrent en Côte d’Ivoire des difficultés de financement qui annihilent leur essor. Selon une étude de la Banque mondiale intitulée « Quelle spécificité de financement des PME en Afrique ? », l’on remarque que les volumes de financement offerts par les banques aux PME sont plus limités dans les pays africains que dans les autres pays en développement et que ces financements ont, de surcroît, des maturités plus courtes en Afrique. Ceci se vérifie tout particulièrement dans le cas des petites entreprises. Dans l’échantillon de pays en développement non africains, les prêts destinés au financement des petites entreprises représentent en moyenne 13,1% du total des prêts bancaires, tandis qu’en Afrique cette proportion n’est que de 5,4%. De même, les banques acceptent en moyenne 81,4% des demandes de prêts des petites entreprises dans les pays en développement non africains, contre seulement 68,7% en Afrique. Dans les pays en développement hors Afrique, plus des trois-quarts des banques affirment que la rentabilité attendue sur le segment des PME constitue un motif majeur de leur engagement auprès de ces entreprises, tandis que seulement deux tiers des banques en Afrique citent ce facteur parmi les critères décisifs. Dans le même temps, moins de 40% des banques dans les pays en développement non africains considèrent l’environnement macroéconomique comme un obstacle important à leur engagement sur les PME, alors que 60% des banques d’Afrique mentionnent ce facteur parmi les freins au développement de leurs opérations sur ce segment. En Côte d’Ivoire, les banques commerciales hésitent à épauler le secteur des PME/PMI qui, il faut le dire, n’ont pas suffisamment de garanties à accorder en retour des crédits octroyés, contrairement aux grandes entreprises, ou même à l’Etat de Côte d’Ivoire. L’Autorité nationale de régulation des marchés publics (ANRMP), évoquant le quota de marchés octroyés aux PME/PMI, a fait savoir que sur environ 300 milliards FCFA de marchés passés en moyenne en Côte d’Ivoire, seulement 9% à 13% d’entre eux sont attribués aux PME. Une information apportée par le président de ladite autorité, Coulibaly Non Karna, lors du déjeuner-débat organisé par la Chambre de commerce et d’industrie française en Côte d’Ivoire en janvier dernier, sur le thème : « La participation des PME/PMI nationales et françaises aux marchés publics en Côte d’Ivoire ». Il reste qu’en Côte d’Ivoire les autorités devraient prendre des mesures permettant de rassurer le secteur bancaire en vue de réduire les risques liés au financement des PME par les banques. A cet effet, des structures telles que le Fiden (Fonds ivoirien pour le développement de l’entreprise nationale), qui est un fonds de financement au profit des PME et PMI, et l’Institut ivoirien de l’entreprise (INIE), existent. Par ailleurs, au niveau de l’ANRMP, des dispositions réglementaires favorisant les PME par la réduction des cas de gré à gré, les allotissements, la sous-traitance, la cotraitance et la suppression de la préférence nationale, sont prônées. W. A. 15 16 Dossier côte d’ivoire économie - N°15 - mai 2012 Daouda Coulibaly, directeur général de la Société ivoirienne de banque « La SIB croit en la Côte d’Ivoire » Daouda Coulibaly dirige depuis février dernier la Société ivoirienne de banque, une filiale du groupe Attijariwafa Bank. Premier ressortissant africain sub-saharien à diriger un poste de directeur au sein du groupe marocain, il définit ici ses priorités. Vous avez été nommé en février directeur général de la Société ivoirienne de banque (SIB). Quelles seront vos priorités à court, à moyen et à long ? Mes priorités à court terme sont simples et claires : poursuivre le plan stratégique qui a été mis en place par l’équipe de direction de la SIB – à laquelle j’appartenais et que je conduis maintenant – à l’arrivée du Groupe Attijariwafa Bank comme actionnaire de référence en 2009. A moyen terme, nous travaillons à l’image du Groupe sur un plan stratégique 20122015 ; le précédent a été atteint avec une année d’avance. Le Groupe a déjà bâti son plan quinquennal 2012-2015. Il appartient à la SIB de le décliner localement. Les équipes en interne ont déjà commencé à réfléchir sur ce que doit être la SIB à l’horizon 2015. Quant au long terme, il sera abordé une fois le plan 2015 validé. Toutefois, vous savez que nous sommes dans un contexte difficile et mouvant, si bien qu’il est difficile de se projeter au-delà de cinq ans. Le plus important pour nous, c’est de développer une résilience à toute épreuve, et je pense que la SIB a montré cette qualité avec la crise post-électorale. Le système bancaire ivoirien est l’un des plus denses de la zone Uemoa. Quelles seront vos initiatives pour reconquérir la place de leader que vous avez perdue depuis plusieurs années ? Aujourd’hui la SIB est un acteur de référence dans le paysage bancaire ivoirien. Le plan 2012-2015 sur lequel les équipes travaillent a pour but de renforcer cette position, voire de l’améliorer. Nous voulons développer un modèle de banque universelle avec l’aide de notre groupe, qui a fait ses preuves au Maroc et dans tous les pays où il s’est installé. Cette stratégie consiste à s’adresser à tous les segments de marché, c’est-à-dire les particuliers, les professionnels, les artisans, les très petites entreprises, les commerçants, les PME/PMI et les grandes entreprises. Pour certains marchés, cela passe par l’innovation en termes de produits et de services, que nous jugeons capitale pour notre développement. Nous comptons aussi développer en Côte d’Ivoire l’ensemble des services qu’offre notre Groupe, à savoir les financements structurés, le conseil financier, l’immigrant banking, le cash to cash... et d’autres métiers que je ne dévoilerais pas pour l’instant. Ce volet a pris du retard en raison de la crise que le pays à connue. Nous continuerons à améliorer notre qualité du service et notre proximité afin d’être à l’écoute de nos clients et de nos partenaires. Nous voulons aussi un développement équilibré qui allie croissance et rentabilité, de sorte que nos clients, nos effectifs et nos actionnaires soient tous satisfaits! La Côte d’Ivoire est en pleine reconstruction. Quelle place la SIB se réservet-elle dans ce processus, en termes de financement ? La nouvelle signature, « Comptez sur nous, vous comptez pour nous », mise en œuvre depuis plus d’un an, témoigne de notre engagement à accompagner nos clients et notre pays dans cette phase de reconstruction. Nous étions au quatrième rang en fin d’année 2011 pour ce qui concerne la distribution de crédit, et nous ne comptons pas nous arrêter en si bon chemin. La SIB va être accompagnée par le Groupe AWB et par l’ensemble de ses filiales spécialisées afin de jouer pleinement notre rôle de financement de l’économie, mais également de banque citoyenne. Le Groupe croit en la Côte d’Ivoire, la SIB croit en ce pays, et nous allons le démontrer. Propos recueillis par B. Mieu Dossier côte d’ivoire économie - N°15 - mai 2012 17 La double facette de la privatisation des banques nationales Depuis son dernier voyage en France, le président de la République a exprimé sa volonté de privatiser les banques nationales. Il est donc probable que les capitaux d’établissements comme BHCI, CNCE, Versus Bank, BNI et la BFA seront détenus en majorité par des privés. Le Président a également employé l’expression de « liquidation », ce qui sous-entend que certaines d’entre elles pourraient même ne plus exister à la suite de cette grande reforme attendue par les institutions financières internationales. U ne éventuelle privatisation, partielle ou totale, de ces établissements bancaires nationaux pourrait avoir des conséquences positives et négatives sur l’économie nationale. C’est donc un couteau à double tranchant que le gouvernement ivoirien devra savoir manipuler. Ceci afin qu’au terme de ce processus de privation, la population et tous les observateurs de la vie économique ivoirienne puissent estimer qu’elle valait la peine d’être menée. Avantages et inconvénients Comme avantages, l’on peut dans un premier temps faire cas de l’assainissement des états financiers. En tant qu’entreprises détenues à majorité par l’Etat de Côte d’Ivoire, ces banques nationales auraient servi à des financements occultes d’hommes politiques et de hauts responsables de la filière café-cacao. Un assainissement de certaines d’entre elles est donc nécessaire, et la piste que le gouvernement compte explorer consiste à introduire des groupes privés dans les capitaux de ces banques commerciales afin d’instaurer davantage de rigueur dans leur gestion. Le renflouement du capital social de ces banques permettra également d’augmenter leur trésorerie, d’où un potentiel accroissement de leur capacité de financement de l’économie nationale. Les inconvénients qu’on pourrait discerner dans cette opération de privation reposent sur le risque de chômage à l’endroit de tous les agents exerçant dans ces établissements bancaires. L’expérience montre qu’en cas de privation d’une entreprise, le repreneur n’est pas obligé de conserver l’ensemble de l’effectif qu’il trouve en place. L’avènement d’une nouvelle classe dirigeante peut entraîner de nouvelles nominations et, plus encore, des mesures drastiques de réduction des charges de l’entreprise, surtout si celle-ci se portait mal sur le plan financier avant sa privatisation. L’Association professionnelle des banques et établissements financiers de Côte d’Ivoire (APBEF-CI), par la voie de son président Souleymane Diarrassouba, a déjà relevé cette inquiétude publiquement. Des conséquences de plusieurs natures Nous n’oublierons pas que la politique du chef de l’Etat inclut le financement du secteur de logement et celui des PME. Si des banques comme la BHCI et Versus Bank, qui se sont déjà bien illustrées dans ce domaine, venaient à être privatisées ou liquidées, cela pourrait ralentir le plan de redressement économique du gouvernement. En cas de fortes acquisitions des banques locales ivoiriennes par des groupes bancaires internationaux, le risque d’exportations de produits bancaires non adaptés au contexte ivoirien pourrait aussi faire surface. La comparaison de ces conséquences suscite un débat passionné autour de ce projet de privatisation des banques nationales. La formule idéale est attendue, afin qu’in fine, l’économie ivoirienne n’en sorte pas perdante. Jean Sébastien AVI 18 Dossier côte d’ivoire économie - n°15 - mai 2012 Quel bilan pour les banques nigérianes ? Trois ans après avoir intégré le marché ivoirien, elles affichent aujourd'hui des résultats mitigés. Retour sur les raisons de cette difficulté au décollage. D epuis leur récente implantation en Côte d’Ivoire, le positionnement des banques nigérianes sur le marché bancaire ivoirien laisse à désirer. Sur les 20 établissements bancaires en activité depuis 2009, les deux nigérianes, Access-Bank et UBA, ressortent respectivement 17e et 18e en termes d’emplois et inversent leurs positions en termes de ressources à fin 2011. En pourcentage de ressources, Access-Bank ne représente que 0,9% du total du marché, soit 34,5 M FCFA, contre 1,1% pour UBA. En emplois, Access ne vaut que 0,8% du total soit 25 M FCFA, tandis que UBA représente 0,7%, soit 21 M FCFA. Des chiffres largement en deçà des ambitions affichées par ces institutions lors de leur avènement sur le marché ivoirien. L’on s’interroge donc sur les raisons de ces résultats très peu reluisants pour des banques pourtant bien capitalisées comparativement à nombre de leurs concurrents. L’intérêt suscité par le marché ivoirien se justifie pourtant aisément. En effet, l’économie ivoirienne est demeurée la plus forte de la zone Uemoa(1) malgré dix années de crise socio-politique, avec un PIB au-delà d’un tiers du niveau global, 60% des exportations agricoles et 30% des crédits à l’économie de la zone. Ces atouts ont attiré ces banques nigérianes qui sont sorties renforcées de la « cure de nettoyage » opérée sur leur système bancaire par les autori- tés du pays en 2005. Malgré cet avantage sur les banques déjà implantées en Côte d’Ivoire, les banques nigérianes éprouvent pourtant d’énormes difficultés à développer leurs activités sur le marché local comme en attestent leurs performances chiffrées. Trois raisons pourraient en grande partie justifier cette stagnation : la difficile adaptation structurelle et culturelle au marché ; le manque d’innovation et la lourdeur dans le déblocage des dossiers de prêts ; ainsi que la frilosité des épargnants. Un environnement structurellement hostile L’intégration des banques nigérianes se heurte en premier lieu à un environnement hostile, dû à une différence de culture : l’une, anglophone, celle des banques ; l’autre, francophone, celle du marché. A cela s’ajoute une caractéristique plutôt structurelle malgré une faible bancarisation (environ 10%). En effet, le marché ivoirien est dominé par des filiales de banques françaises – BNP-Paribas (Bicici) et la Société générale (SGBCI) – et des Groupes régionaux (Ecobank, Atlantique, BOA…). Les filiales françaises disposent de deux avantages, l’ancienneté et l’héritage des filiales des grands clients de leurs maisons mères. Quant aux groupes régionaux, leurs dirigeants disposent d’une longue expérience et d’une bonne connaissance du marché, ainsi qu’une proximité culturelle qui leur permet d’attirer les entreprises à capitaux régionaux et d’intervenir en sur d’importantes opérations. Ils élargissent également leurs financements au PME/PMI abandonnées par les filiales françaises. Dans ce contexte plus ou moins défavorable, l’originalité des banques nigérianes devrait se retrouver dans leur capacité à capter de l’épargne, et dans la force de proposition de produits innovants en faveur du financement des PME/PMI, voire du secteur dit informel. Un manque d’innovation et la lourdeur dans le déblocage des dossiers Si les banques nigérianes ont abordé le marché ivoirien avec des produits dirigés vers l’attraction de l’épargne des particuliers, elles ont manqué d’imagination pour fidéliser ces nouveaux épargnants en leur proposant des produits différents de leurs concurrents. En effet, en réduisant les frais d’ouverture de compte, une banque comme UBA a pu mobiliser d’importantes épargnes à l’ouverture. Toutefois, ces épargnants des premières heures ont été déçus de voir inaboutis leurs demandes de crédits. Dans le même temps, les PME/PMI, faisant face à la lenteur des procédures de déblocage de dossiers de prêts, ont été démotivées par ces institutions dont elles espéraient beaucoup. En effet, un dossier de prêt particulier auprès d’une banque ordinaire n’excède pas, en moyenne, les dix jours ouvrés. De leur côté, les banques nigérianes multiplient ce délai par deux, en raison notamment des allers et retours entre Abidjan en Lagos, où se trouvent les sièges de ces institutions. De même, pour les entreprises, selon qu’il s’agisse d’un crédit spot, moyen long terme, le délai demandé par les banques nigérianes est deux fois plus long que celui de leurs concurrentes. Cette lourdeur est en partie à l’origine de la perte de confiance vis-à-vis des emprunteurs et des déposants, ce qui renforce le sentiment de réticence dont sont victime les produits « made in Nigeria ». La frilosité des épargnants Les activités des banques nigérianes sont en partie plombées par le peu de confiance accordée aux produits d’origine nigériane dans le monde francophone en général. Plus particulièrement en Côte d’Ivoire où la qualité des produits émanant de ce pays est réputée mauvaise. Les épargnants ont appliqué le même raisonnement aux institutions financières dont les capitaux propres émanent du Nigeria. Toutefois, ce sentiment s’était atténué avec l’innovation sur le coût de l’épargne, avant de s’estomper avec la lourdeur du système d’octroi de crédit, dont le seul avantage pour la banque reste un portefeuille plus ou moins sain. Les banques nigérianes – Access-Bank, UBA (depuis 2009), Diamond Bank et Guaranty Trust Bank (depuis 2011) – opérant sur le marché monétaire et financier de l’Uemoa, peuvent se faire une place prépondérante dans un environnement encore caractérisé par un faible de taux de bancarisation, une aversion avérée pour le risque des concurrents implantés longtemps avant elles. La clé de leur réussite se trouvera dans leur faculté à proposer des produits innovants, dans une plus grande capacité de financement de l’économie et dans la mobilisation de l’épargne, surtout lorsqu’on sait que les fuites de capitaux pour la seule Côte d’Ivoire avoisinent les 300 Mds FCFA/an, et ce depuis plus de vingt ans. fRédéRic milton (1) Pour rappel, l’Uemoa est l’Union économique et monétaire qui regroupe huit pays de l’Afrique de l’Ouest : le Bénin, le Burkina-Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée-Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo. Ces pays partagent une monnaie commune (le franc CFA), dont l’émission est assurée par une banque centrale commune (BCEAO) qui pilote la politique monétaire de la zone. Dossier côte d’ivoire économie - n°15 - mai 2012 19 performances bancaires La SGBCI conserve la première place Le marché bancaire ivoirien continue chaque année de faire la preuve de son dynamisme. Au terme de l’exercice 2011, le tableau des ressources et emplois de ce secteur permet de vérifier que les établissements bancaires contribuent fortement à la relance économique tant attendue. Analyse de leurs performances à travers la part de marché détenue par chacun d’entre eux. Le secteur bancaire ivoirien pourrait être réparti en trois grandes catégories. Tout d’abord les banques à capitaux français, puis les banques nationales, et enfin toutes les autres banques. Dans la première catégorie l’on enregistre la prédominance de la Bicici et de la SGBCI. A travers le total des ressources, le tableau ci-dessous nous montre qu’elles occupent à elles seules au moins 27% de part de marché, soit plus du quart de l’environnement bancaire ivoirien. Les banques nationales, représentées par la BNI, Versus Bank, la BHCI, la CNCE et la BFA s’en sortent avec 16.4%. Les autres banques – Ecobank, SIB, BOA CI, BIAO, BACI, Bridge Bank, BSIC, UBA, Access, Cofipa et BRS – cumulent une part de marché estimée à 56.6% au niveau des ressources. En ce qui concerne le total des emplois, le constat est pratiquement le même. Les banques à capitaux français occupent encore une grande part de marché avec 28.4%. Les banques nationales brandissent quant à elles 14%. Les autres banques détiennent évidemment les 57.6% restants. De probables privatisations à venir La banque qui se distingue du lot et qui occupe la plus grosse part de marché en Côte d’Ivoire est donc la SGBCI, avec 2.9% de total ressources accordées par les banques et établissements de crédits, et 19.4% de total ressources fournies par sa clientèle. Elle est suivie de très prêt par Ecobank, qui totalise 28.1% au niveau des ressources en provenance des banques, et 10.3% du côté des ressources de la clientèle. Par contre, la banque qui semble la moins représentative sur le marché est la Banque régionale de la solidarité (BRS). Le pourcentage des emplois clientèles est chiffré à 0.3%, pendant que celui des emplois à l’égard des banques et établissements de crédits est de 0.1%. L’Etat de Côte d’Ivoire envisage la privatisation de certaines banques nationales (lire p. 17). Si ce projet devenait réalité, la configuration actuelle du marché bancaire changera certainement et les 14% de part de marché détenues par les banques nationales actuelles seront probablement revues à la baisse. On annonce également l’arrivée de nouveaux établissements bancaires tels que la BGFI Bank en cette année 2012. Quelle part de marché arrachera-t-elle, d’autant que ses dirigeants espèrent beaucoup des agences qui seront déployées sur le territoire ivoirien ? Une façon de dire que l’on devra s’attendre à de fortes variations au cours de cette année en ce qui concerne le partage de ces parts de marché… Jean sébastien avi Les chiffres des établissements bancaires ivoiriens RESSOURCES BANQUES Total Montant Banques & EC % Montant % EMPLOIS Clientèle Montant Total % Montant Banques & EC % Montant % Clientèle Montant % sgBci 663,35 18,0 9,33 2,9 654,02 19,4 565,74 18,2 113,29 11,6 452,45 21,2 ecoBanK-ci 439,69 11,9 90,90 28,1 348,80 10,3 412,77 13,3 87,90 9,0 324,87 15,2 Baci 386,06 10,5 9,54 3,0 376,52 11,2 245,89 7,9 111,34 11,4 134,55 6,3 Biao-ci 367,95 10,0 35,42 11,0 332,53 9,9 344,74 11,1 119,97 12,3 224,77 10,5 Bni 335,05 9,1 0,50 0,2 334,56 9,9 272,91 8,8 130,44 13,3 142,47 6,7 Bicici 331,13 9,0 21,91 6,8 309,23 9,2 318,00 10,2 104,84 10,7 213,16 10,0 siB 294,44 8,0 7,80 2,4 286,64 8,5 303,12 9,7 93,86 9,6 209,26 9,8 Boa-ci 195,64 5,3 31,83 9,8 163,81 4,9 163,68 5,3 47,86 4,9 115,82 5,4 cnce 119,72 3,2 12,89 4,0 106,84 3,2 38,00 1,2 22,09 2,3 15,91 0,7 citiBanK 96,83 2,6 5,18 1,6 91,64 2,7 94,52 3,0 53,04 5,4 41,48 1,9 standard 82,37 2,2 15,54 4,8 66,83 2,0 59,80 1,9 14,85 1,5 44,94 2,1 Bridge BK group 76,16 2,1 18,30 5,7 57,86 1,7 54,63 1,8 9,33 1,0 45,30 2,1 BFa 58,62 1,6 11,27 3,5 47,35 1,4 51,15 1,6 9,83 1,0 41,33 1,9 BHci 52,55 1,4 0,50 0,2 52,05 1,5 40,11 1,3 14,84 1,5 25,28 1,2 Bsic 46,09 1,2 21,57 6,7 24,53 0,7 40,79 1,3 15,71 1,6 25,08 1,2 Versus BanK 41,99 1,1 1,07 0,3 40,93 1,2 33,07 1,1 5,36 0,5 27,71 1,3 uBa 39,99 1,1 12,31 3,8 27,68 0,8 21,39 0,7 3,92 0,4 17,48 0,8 access BanK 34,51 0,9 10,96 3,4 23,55 0,7 25,24 0,8 16,10 1,6 9,15 0,4 coFipa-ci 16,12 0,4 0,02 0,0 16,10 0,5 20,62 0,7 2,58 0,3 18,04 0,8 Brs 15,61 0,4 6,44 2,0 9,17 0,3 6,57 0,2 0,73 0,1 5,83 0,3 3 693,87 100 323,26 100 3 370,6 100 3 112,74 100 977,9 100 2 134,9 100 TOT TOTAL 20 Dossier côte d’ivoire économie - N°15 - mai 2012 Les assurances dans la course à l’innovation Les sociétés d’assurance sont nombreuses sur le marché ivoirien, avec une conséquence classique en économie : la possibilité pour le consommateur de faire jouer cette concurrence à son profit. Au sein de ce secteur d'activité, on note également une volonté de développer des produits spécifiques pour se démarquer de l’offre classique. En Côte d’Ivoire comme partout ailleurs dans le monde, les sociétés d’assurance rivalisent d’ardeur pour capter le maximum de clients afin d’augmenter leurs bénéfices. En Côte d’Ivoire il existe une vingtaine de sociétés d’assurances dont Atlantique Assurances, Veni-Re, Allianz, Amsa Assurances, Axa, Colina, CEA Assurances, Le Fonds de garantie automobile, GNA Assurances, FedasCI, La Loyale, LMAI, Matca, NSIA, Somavie, Sidam, Sonar-CI, Stamvie Atlantique Multirisques, Safa… La loyale, toujours à l’affût Le cas de la Loyale Vie est assez emblématique. Membre du groupe Globus depuis 2007, elle fait partie des leaders du marché des assurances en Côte d’Ivoire et poursuit sa conquête du marché national. Cette progression a été facilitée par sa grande capacité d’innovation et son originalité, incarnée par des produits innovants qui répondent aux attentes des populations. Tous les Ivoiriens se souviennent notamment de son produit « Yako », qui a, selon certaines indiscrétions dans ce secteur, connu un succès en Côte d’Ivoire. Un produit qui a été copié sous diverses formes par les sociétés d’assurance concurrentes. Pour prendre une longueur d’avance, la Loyale Assurances a remis le couvert pour présenter une nouvelle innovation, lançant en janvier dernier le produit « Performa ». Ce produit d’assurance multisupports permet de fructifier l’épargne des clients grâce aux Organismes de placement collectif en valeurs mobilières (OPCVM). Lors de la souscription à ce produit le client accède à une prime mensuelle minimum de 15 000 FCFA, voit 60% de la prime payée (hors frais) en fonds garanti en FCFA, et 40% de la prime payée (hors frais) investie dans le fonds commun de placement capital croissance de BNI Gestion. Selon les responsables de ce produit, cette offre permet plus de renta- coup. Dans un souci d’innovation et d’augmentation de sa clientèle, la société d’assurance Allianz Côte d’Ivoire a, quant à elle, récemment signé une convention avec la société de téléphonie mobile MTN pour favoriser l’accès aux populations qui sont généralement hors du réseau de l’assurance (secteur informel, paysans, artisans). A travers leur téléphone mobile, les clients d’Allianz et abonnés MTN, ont désormais à portée de main l’assurance épargne et l’assurance obsèques. Un partenariat qui prend pied dans la micro-assurance et vise à positionner Allianz face à ses concurrents du même secteur d’activité. Comme réplique à ce partenariat entre Allianz et MTN, LMAI-Vie a pris langue avec Orange Côte d’Ivoire pour un produit d’assurance vie. Selon les modalités de cette nouvelle offre, ce contrat est destiné à toute personne physique détentrice d’un compte Orange Money et âgée de plus de 14 ans. Il donne la bilité, plus de sécurité, la prévoyance, et un maximum de gains fiscaux. Cela est d’autant plus avantageux qu’au lieu de bénéficier seulement des 3,5% habituels de l’assurance vie, le client fait un placement en Bourse avec le professionnel qu’est BNI Gestion. possibilité de recevoir 4 millions de FCFA tous les trimestres par tirage au sort. Le client peut sortir du contrat à tout moment et disposer de l’épargne acquise au bout d’un an de cotisations effectives. La souscription se fait exclusivement via son compte Orange Money. Il suffit pour cela de remplir un bulletin d’adhésion, de garder la souche client de couleur blanche et les conditions générales comme preuve du contrat, puis déposer les autres souches (couleur orange et grise) dans une des agences Orange Côte d’Ivoire Télécom, dans les points de vente agréés Orange Money, ou chez LMAI-Vie. Ou simplement composer la touche dièse de son portable, suivie du chiffre 144, de l’étoile, du chiffre 14, et terminer par la touche dièse. Le premier Des stratégies de ciblage des besoins On peut également noter l’audace de la Fedas qui a osé, dans l’objectif de prendre une part de marché considérable en Côte d’Ivoire, s’aboucher avec le monde agricole. En signant récemment une convention avec la Fédération des producteurs de café et cacao de Côte d’Ivoire (FIPCC), cette société d’assurance a encore frappé un grand Dossier côte d’ivoire économie - N°15 - mai 2012 21 22 Dossier côte d’ivoire économie - n°15 - mai 2012 paiement est de 11 700 FCFA, incluant les frais d’adhésion, de 1 500 FCFA. Dans un délai de cinq jours maximum, le client reçoit le numéro de sa police d’assurance qui lui servira pour les tirages au sort relatif à ce produit. A noter que la souscription mensuelle est de 10 200 FCFA, dont le paiement peut se faire via le mobile en composant la touche dièse, le chiffre 144, la touche étoile, le chiffre 4, et enfin la touche dièse. Dans le même sciage qu’épargne gagnant, LMAI-Vie a prévu avec le même partenaire, Orange, le produit « Prévoyance O ». C’est un contrat d’assurance vie destiné à une clientèle dont l’âge oscille entre 14 et 64 ans. Il permet de payer 500 000 FCFA à la famille de l’assuré quel que soit le capital de son compte. Le premier paiement est de 8 300 FCFA, y compris les frais d’adhésion évalués à 1 500 FCFA, et la prime mensuelle est de 6 800 FCFA ; elle peut être payée via le téléphone portable. Le succès du segment IARD De son côté, la Nouvelle Société ivoirienne d’assurance (NSIA) a déployé ses tentacules dans le domaine de la bancassurance, qui n’est certes pas encore très développé en Côte d’Ivoire, mais qui devrait bientôt être très prisé. Parallèlement à ces quelques produits spécifiques aux différentes structures d’assurances, nous pouvons noter qu’en Côte d’Ivoire c’est le secteur incendie, assurance et risques divers (IARD) qui est en vogue et qui rencontre l’adhésion des clients. Au sein de toutes les sociétés d’assurance présentes en Côte d’Ivoire, les produits classiques de l’assurance présentent diverses variantes, déclinées en deux principales gammes de produits, à l’attention des particuliers d’une part, et des professionnels d’autre part. Sur le plan des solutions individuelles, les prestations concernent ce qui relève des accidents (décès de l’assuré, invalidité totale permanente ou partielle, frais médicaux, indemnité journalière) ; de l’assurance automobile (tous risques, tierce collision, tiers complet et tiers simple) ; de l’assurance voyage (perte de bagages enregistrés, transport sanitaire et assurance, paiement des frais médicaux d’urgence, retour anticipé, rapatriement du corps en cas de décès ; et du multirisque habitation (incendie, dégâts des eaux, vol, dommages électriques, bris de glace, responsabilité civile, défense recours). Un large éventail de prestations à l’attention des professionnels En termes de solutions pour les entreprises, la quasi-totalité des structures d’assurance présentes en Côte d’Ivoire offre des services qui couvrent l’assurance flotte automobile (tous risques, tierce collision, tiers complet et tiers simple) ; la responsabilité civile professionnelle (dommages corporels matériels et immatériels confondus après livraison, réception) ; la responsabilité civile exploitation (dommages corporels, dommages matériels et immatériels confondus, dommages résultants des vols commis par les préposés, dommages aux biens confiés) ; les défenses et recours (en cas de sinistre, cette garantie prend en charge les frais de justice visant à couvrir la défense de l’assuré ou à exercer à son attention un éventuel recours) ; l’assurance transport (assurance des facultés ou marchandises transportées) ; l’assurance responsabilité civile transport ; l’assurance corps de plaisance ; l’assurance corps d’aéro- nefs ; l’assurance tous risques (chantier ou construction : dommages aux biens, responsabilité civile) ; la protection santé, qui peut se décliner en plusieurs formules selon la taille et les capacités de l’entreprise ; et enfin le multirisque professionnel (incendies et événements assimilés, tempêtes, ouragans, cyclones, dégâts des eaux, bris de glace, vol, bris de machines, tous risques informatiques, pertes d’exploitation, responsabilité civile…). wenceslas assoHou Montant de l’opération 60 Milliards de FCFA *Pour les résidents en Côte d’Ivoire Reconstruire ensemble une économie stable et forte, c’est possible. C’est pourquoi le Trésor Public de Côte d’Ivoire lance un emprunt obligataire par appel public à l’épargne dénommé TPCI 6,00 % 2012-2015. D’un montant de 60 milliards, cet emprunt TPCI est rémunéré à 6 % sur 3 ans. Souscrivez à une épargne sûre et rentable dès maintenant et engagez-vous pour le futur. Opération valable du 23 avril au 22 mai 2012 Avenue Terrasson de Fougères • BP V 98 Abidjan • Tél. : (225) 20 25 38 00 • Fax : (225) 20 21 35 87 • www.tresor.gouv.ci Cette opération a été identifiée par le Conseil Régional de l’Epargne Publique et des Marchés Financiers (CREPMF) sous le N°EE/12-01 Dossier côte d’ivoire économie - N°15 - mai 2012 23 Mohamed Ba, directeur général délégué du Groupe Sunu Assurances « Les compagnies d’assurance respecteront leurs engagements » Réforme du paiement de la prime d’assurance, conséquences de la modification de l’âge de la retraite, innovations en matière de produits d’assurance, perspectives de développement pour le groupe qu’il dirige… Entretien avec Mohamed Ba, directeur général délégué du Groupe Sunu Assurances. Le secteur a enregistré une importante réforme des modes et délais de paiement de la prime d’assurance. Quels sont les impacts, positifs et négatifs, de cette réforme sur l’activité des compagnies d’assurance ? Dans la zone Cima, les clients avaient pris l’habitude de régler leurs primes d’assurances avec des retards assez importants, ou bien les versaient à des intermédiaires, ce qui avait pour effet d’allonger le délai de réception de ces primes par les compagnies d’assurance. Sur certains marchés, cela avait pris des proportions importantes : la solvabilité des compagnies était menacée, leur risque de faillite augmentait, les impayés des primes détérioraient les bilans des entreprises, il devenait difficile pour certaines compagnies de faire face à leurs engagements. C’est pourquoi la Commission régionale de contrôle des assurances a été obligée de légiférer en modifiant quelques articles, dont l’article 13. Parmi les changements, on peut citer le fait qu’il devient interdit pour une compagnie d’assurance, sous peine de sanction, d’émettre un contrat pour lequel la prime n’est pas payée ; de même les primes payées aux intermédiaires sont limitées dans leur montant, également sous peine de sanction. A mon avis, l’impact positif le plus important est que cette mesure va améliorer les bilans des compagnies d’assurances et, par voie de conséquence, leur permettre de respecter les engagements qu’elles ont pris envers leurs clients. Cela est fondamental, une compagnie d’assurance n’existe que dans sa capacité à payer les sinistres dans les meilleurs délais. D’un autre côté, les compagnies d’assurances pourront plus facilement assumer leur rôle d’investisseur institu- tionnel en investissant massivement dans les économies de nos pays. Il faut cependant retenir que sur le marché ivoirien, compte tenu de la situation post-crise, cette mesure met en difficultés certains ménages qui avaient pris l’habitude de régler leurs cotisations en plusieurs fois. De même, les intermédiaires d’assurance que sont les courtiers ont été obligés de changer et, souvent, d’adapter leur système de gestion pour respecter la nouvelle réglementation. La réforme de la micro-assurance est également en projet. Qu’en est-il et en quoi cela changera-t-il le visage du secteur de l’assurance dans la zone Cima ? Il faut savoir que depuis plusieurs années les assureurs se penchent sur la problématique des taux de pénétration de l’assurance dans nos marchés. L’Afrique possède les taux les plus faibles du monde entier (moins de 1%) ; cela signifie que le potentiel de progression est énorme. Le point focal tournait autour du fait que les produits qui étaient commercialisés par les compagnies d’assurance n’étaient pas adaptés aux besoins des populations. Dans nos pays, la majorité de la population est encore rurale, avec des revenus faibles et irréguliers. La réforme en cours consistera à permettre aux assureurs de proposer des produits de micro-assurance en adaptant la législation pour tenir compte des contraintes de cette cible de clientèle (allègement des formalités, plafonnement des primes, réduction du capital minimum requis, etc.). Nous pensons que ce nouveau marché, encore vierge, devrait permettre de faire naître de nouveaux acteurs dans l’industrie de l’assurance. Permettre aux populations rurales ou à faibles revenus d’avoir accès à l’assurance est un facteur important de développement et de réduction de la pauvreté. Les études sont en cours au niveau de l’autorité de tutelle et les textes pourraient être adoptés d’ici un an. Quel impact aura la réforme de l’âge de la retraite en Côte d’Ivoire sur les produits d’assurance-vie ? Comment vous organisez-vous pour vous adapter à cette nouvelle donnée ? L’âge de départ à la retraite des salariés du secteur privé a été repoussé à 60 ans depuis le mois de janvier 2012. Cela devrait permettre à ces clients de mieux préparer leur retraite, vu que le facteur temps est un élément majeur dans la capitalisation des cotisations versées aux compagnies d’assurance. Par ailleurs, l’engagement des entreprises au titre des droits des employés relatifs à la Convention interprofessionnelle de Côte d’Ivoire devrait baisser, entraînant ainsi une diminution de leurs dettes actuarielles. Par conséquent, l’impact sur les produits d’externalisation des Indemnités de fin de carrière (IFC) devrait être négatif. Je rappelle que les assureurs-vie ont obtenu une exonération fiscale pour toutes les entreprises qui confieraient à un assureur la gestion de leur IFC. Parallèlement à l’allongement de l’âge de la retraite, la réforme de la CNPS a modifié le taux de cotisation dû au titre de la retraite de base (parts employé et employeur). Nous pensons que cela aura manifestement un impact non négligeable sur la capacité des salariés à souscrire de façon aussi importante aux produits individuels d’assurance-vie. D’où la nécessité pour les assureurs de s’adapter en intégrant un volet fiscal dans les produits d’assurance-vie, afin de les rendre plus attractifs et plus rentables. L’Association professionnelle des assureurs (ASA-CI), 24 Dossier côte d’ivoire économie - N°15 - mai 2012 qui y travaille depuis un certain temps, devrait accélérer le processus pour obtenir rapidement de la part de la Direction générale des Impôts un texte permettant une exonération fiscale (ou réduction d’impôt) pour les cotisations versées à une compagnie d’assurance-vie dans le cadre de la préparation de sa retraite, comme cela se fait dans la plupart des pays développés. En 2011, le secteur des assurances a enregistré une baisse générale de son chiffre d’affaires. Celui d’UA-Vie, que vous dirigez, a connu une hausse de 12%. Qu’est-ce qui explique cette performance ? Je pense que l’explication tient dans la solidité du business model de UA-Vie, axé essentiellement sur deux points : un processus continu d’amélioration du service au client couplé à une orientation stratégique tournée vers l’innovation. Par exemple, UAVie a été la première compagnie d’assurance-vie qui a permis à ses clients de consulter leurs comptes par SMS. De même, depuis cette année, nos clients peuvent effectuer leurs consultations et leurs demandes via Internet. Il ne faut pas non plus oublier le fait que UA-Vie est l’une des plus anciennes compagnies d’assurance-vie en Côte d’Ivoire, et que par sa notoriété elle a réussi à se constituer un portefeuille stable et de qualité. Le constat du client lambda est que les compagnies d’assurance proposent toutes, et dans le même temps, les mêmes innovations. Quels sont les produits leaders dans ce secteur et quels sont ceux, selon vous, qui préfigurent l’avenir ? Je ne pense pas que l’offre d’assurance soit si peu diversifiée, tant en assurance-vie qu’en assurancedommages. Il vous suffit de regarder, dans Abidjan, les campagnes de communication initiées par les assureurs. Je vous parlerais de deux produits innovants créés par le Groupe Sunu. Le premier concerne un produit d’épargne sur une durée de quinze ans, avec des cotisations mensuelles de 10 500 FCFA pour un capital garanti de 2 millions FCFA ; il est assorti d’un tirage au sort trimestriel qui permet aux adhérents, si leur numéro est tiré, de toucher immédiatement cette somme. Ce produit, qui a été lancé il y a six ans, a fait de nombreux heureux : des clients qui avaient payé trois cotisations de 10 500 FCFA se sont retrouvé au bout de trois mois à toucher la somme de 2 millions FCFA ! « Permettre aux populations rurales ou à faibles revenus d’avoir accès à l’assurance est un facteur important de développement et de réduction de la pauvreté. » Autre innovation majeure qui va, à mon avis, révolutionner le marché de l’assurance-vie en Côte d’Ivoire : la commercialisation des produits d’assurances via le téléphone mobile. LMAI-Vie, une autre filiale du Groupe Sunu, a été la première à lancer ce produit avec une société de téléphonie mobile il y a quelques mois ; à ce jour, presque tous les assureurs sont en train d’essayer de le faire également. Au niveau de l’assurance non-vie, il y a un effort considérable à faire pour l’assurance-maladie. Ce produit pas suffisamment vulgarisé et n’est réservé qu’à une élite parmi la population. Je pense que les assureurs gagneraient à le démocratiser, en exploitant les avancées technologiques qui pourraient les aider dans la gestion. Pour les Abidjanais, le Groupe Sunu, évoque « Abidjan, Perle des Lumières », l’opération que vous avez initiée et financée pendant les fêtes de fin d’année. Sera-t-elle renouvelée cette année ? Cette opération réalisée l’année dernière a connu un succès qui a été au-delà de ce que nous espérions. Nous avons décidé de la renouveler en 2013 et 2014. En décidant d’offrir ce cadeau aux Ivoiriens, l’idée du président du Groupe consistait à trouver quelque chose qui permettrait d’oublier ces fêtes de fin d’année troubles que les Ivoiriens connaissaient depuis une dizaine d’années. Ces derniers ont tant apprécié une telle enseigne qu’ils attendent la fin de l’année 2012 avec impatience ; nous ne pouvons pas les décevoir et allons essayer de faire mieux. Depuis déjà plusieurs années, le Groupe Sunu est le premier en matière d’assurance-vie en zone Cima. Envisagez-vous une extension continentale et quels sont vos projets à court terme ? Le Groupe Sunu aujourd’hui, c’est 17 compagnies d’assurance (10 compagnies « vie » et 7 « non-vie ») dans 11 pays d’Afrique. « Notre métier, l’assurance » est notre devise. Nous avons réalisé en 2011 un chiffre d’affaires de 73 milliards FCFA et nous gérons environ 210 milliards FCFA d’actifs. Nous sommes effectivement le premier groupe d’assurance-vie de la zone Cima et de la Côte d’Ivoire. Nous venons d’obtenir un agrément au Mali et un autre en Guinée-Conakry. Nous envisageons d’ouvrir une filiale « vie » au Burkina Faso et une compagnie « non-vie » au Tchad. Nous suivons de très près ce qui se passe en RDC où, jusqu’à présent, le marché est monopolistique, mais dont l’Etat mène actuellement une réflexion pour le libéraliser. Propos recueillis par Edwige H. Dossier côte d’ivoire économie - n°15 - mai 2012 25 Classement provisoire des compagnies d’assurance Colina et UA-Vie en tête de peloton Les chiffres provisoires de l’exercice 2011 de l’Association des assurances de Côte d’Ivoire mettent en exergue les chiffres d’affaires réalisés par chaque compagnie d’assurance sur le territoire ivoirien et permettent de mieux distinguer celles qui ont réalisé les meilleures ventes au cours de l’année 2011. Analyse de ces résultats. En observant les grandes campagnes publicitaires organisées à travers les médias ivoiriens, il est difficile de déterminer laquelle de ces compagnies d’assurance opérant en Côte d’Ivoire se présente comme la meilleure. Les produits 100% nOn-ViE proposés par chacune d’entre elle font apparaître une concurrence accrue. Les bureaux de représentation et d’agents agréés se multiplient dans chaque quartier d’Abidjan. Bref, l’émulation s’intensifie dans le secteur des assurances 23,59% 25 20 14,91% 15 11,11% 9,68% 10 6,43% 6,02% 2,38% 1,24% 4,21% 4,02% 3,72% 5 2,12% 1,72% 2,76% 1,12% 1,81% 1,26% 1,91% nsiA-Ci sAFA sErEnity sidAm sOnAr-Ci 0 AAA AlliAnz AmsA AtlAntiquE AtlAs AXA CEA COlinA OyA Oy yAlE lmAi GnA FEdAs-Ci lA lOy mAt A CA La part des compagnies d'assurance dans le chiffre d'affaires global 100% 17,62% en Côte d’Ivoire, à l’image du secteur bancaire. Chacune se proclame la meilleure lorsqu’elle se trouve en face d’un client potentiel. A telle enseigne que ces prospects ont du mal à cerner ce qui se passe en réalité dans ce milieu abritant une rude bataille économique. Alli lliAAnz-ViE BEnEF EFiiCiAl CEA-ViE COlin linAA-ViE lA lO OyyyAAlE-ViE lm lmAAi-ViE nsi nsiAA-ViE Colina dicte sa loi dans la catégorie « non-vie » Il faut savoir que les activités des assureurs se subdivisent en deux grandes catégories. La première est constituée par les activités « non-vie » et la seconde par les activités « vie ». En ce qui concerne le premier groupe, les données statistiques 2011 de l’ASA-CI montrent que c’est la compagnie Colina qui arrive ViE 25 22,17% 20 18,34% 14,97% 15 10% 10 5,67% 4,70% 5 1,02% 3,78% 1,65% 0,08% 0 AAA-ViE en tête avec un chiffre d’affaires de 24 742 000 000 FCFA. Ce résultat reflète une petite régression de 1% en comparaison avec les ventes de l’année 2010 et 23.59% du marché global national des produits « non-vie ». Elle est talonnée par NSIA-CI qui a affiché un chiffre d’affaires de 15 640 410 686 FCFA, soit 14.91% de part de marché. La troisième position est occupée par le groupe Allianz, avec ses 11 646 806 000 FCFA mobilisées l’année dernière. C’est près de 11.11% du marché national que cette société a déjà conquis. En 2010, cette compagnie d’assurance avait réalisé 11 274 878 424 FCFA de ventes au niveau de ses produits « non-vie ». L’année 2011 lui a donc permis de dégager un taux de croissance annuel de 3% au niveau de son chiffre d’affaires. La 17e place est occupée par la compagnie AAA, qui totalise 1 300 000 000 FCFA de ventes, et la 18e par Fedas-CI, qui a glané 1 172 820 044 FCFA, soit une occupation de 1.12% de part de marché. L’ensemble des ventes réalisées par ces 18 premières compagnies d’assurance s’est élevé l’année dernière à 104 878 748 687 FCFA, FCF soit une baisse de 5% en comparaison à l’année 2010. Cette contre-performance pourrait trouver son explication dans la crise postélectorale qui a véritablement secoué la vie économique ivoirienne, et le secteur des assurances en particulier. sOmAV AViiE sttAAmViE uA-ViE UA-Vie s’impose avec plus de 17 milliards de chiffre d’affaires Parlant de la catégorie des produits « vie », la palme de meilleure vendeuse parmi les onze sociétés d’assurance les plus actives de ce secteur pourrait être attribuée à UAVie. Occupant environ 22.17% de part de marché dans cette catégorie, UA-Vie a pu glaner en 2011 un chiffre d’affaires de 17 611 204 227 FCF FCFA, soit 12% de croissance annuelle. Elle est suivie par Colina Vie, qui s’en sort avec 14 566 268 849 FCFA. FCF Et comme il fallait s’y attendre, on retrouve juste après la compagnie NSIAVie, qui a réalisé 13 991 838 797 FCFA FCF de chiffre d’affaires. Puis arrive AllianzVie avec ses 11 891 529 197 FCF FCFA. Malgré ses 37% de taux de croissance annuel, CEA-Vie ferme la marche des 11 meilleures vendeuses de l’année 2011 de la catégorie « vie », avec des ventes à 65 000 000 FCFA. Ce sont donc environ 79 420 646 853 FCF FCFA qui ont été récoltés dans le secteur « vie » en Côte d’Ivoire par les 11 principales compagnies d’assurance au titre de l’année 2011. Et prenant le secteur des assurances dans sa globalité (activités « vie » et « non-vie »), on se rend compte que plus de 184 milliards de FCFA ont été mobilisés comme chiffre d’affaires par ces sociétés en 2011, soit une légère baisse de 4% par rapport aux performances de 2010. Jean sébastien avi 26 Management côte d’ivoire économie - n°15 - mai 2012 Le coaching, une autre vision de la vie Certaines périodes de la vie nécessitent parfois que l’on ait recours à un accompagnement, sur le plan professionnel comme sur le plan personnel. Décryptage de la notion de coaching, de plus en plus prisée par sa capacité à éclairer tous les processus de changement. L es canaux financiers traditionnels (banques et institutions de microfinance) ne couvrent qu’environ 15% des populations et agents économiques en Côte d’Ivoire. En effet, le taux de bancarisation en Côte d’Ivoire, selon la BCEAO, s’est élevé en 2010 à seulement 14,67%. Un flux important des ressources financières échappe alors aux circuits financiers traditionnels. Affaiblis par dix années de crise, les particuliers et les entreprises rivalisent d’ingéniosité et d’originalité pour capter ce flux financier qui circule hors du système bancaire conventionnel afin de financer leurs activités. Ces canaux de financement sont néanmoins peu efficaces et maintiennent leurs bénéficiaires dans une forte précarité. Le faible taux de financement du secteur privé par le système bancaire traditionnel combiné à l’inefficacité des canaux de financement non conventionnels est un frein à la croissance des entreprises et plus largement au développement économique de la Côte d’Ivoire. Avec la participation de "Le Patronat Ivoirien" Organisateur C O N T A C T: 22 41 33 94 20 30 08 20 L’innovation financière, l’adoption de nouveaux produits financiers ainsi que l’élaboration de nouvelles technologies financières, en vue d’une diversification des offres, semblent être la démarche adéquate pour financer efficacement le développement des entreprises en Côte d’Ivoire. La relance économique en dépend. Le mot « coach » prend son origine dans le vieil anglais. Ce mot désignait alors un carrosse pour transporter un passager d’un point de départ à une destination. Ainsi, l’idée d’accompagner une personne d’un point à un autre a fait son apparition. D’où l’idée selon laquelle le coaching est le fait de travailler avec une personne sur son présent, pour aller vers l’avenir souhaité. Le coaching a connu son essor à la fin des années 80 dans le monde des affaires, en raison de l’intensification de la concurrence entre les entreprises. Le changement permanent qui nous entoure nous a projetés dans un monde où les mouvements dans nos vies ne sont plus linéaires mais cycliques. Ceux qui seront capables de résister le mieux dans ce contexte de changement perma- Trouvez des réponses Accès au financement; Stratégie de collecte de l’épargne intérieure; Ingénierie financière … Trouvez des solutions innovantes et alternatives pour le financement et la relance des activités d’entreprises. Développez votre réseau Echangez Profitez de la diversité des invités et intervenants. Ce forum rassemblera les différents acteurs économiques ivoiriens. Rejoignez donc Le Patronat Ivoirien pour son premier forum économique sur le thème : Mécanismes innovants et alternatifs de financement du Secteur Privé. Il se tiendra du 15 au 16 mai 2012 à la CRRAE-UMOA. Des intervenants de qualité Banques et Etablissements financiers; Sociétés de gestion et d’intermédiation; Entreprises; Organismes d’appui au secteur privé; BCEAO; Ministère de l’Economie et des Finances; Ministère d’Etat, Ministère de l’Industrie; Organisations internationales… Management nent sont ceux qui pourront s’appuyer sur des valeurs essentielles solides et sur « un sens de la vie » sain. Se fixer un but, travailler sur sa vision de l’avenir sont sans doute les seules démarches sensées dans ces périodes cycliques. Et le coaching peut aider à passer ce cap. La raison d’être du coaching Aujourd’hui, la fonction du coaching est d’aider les individus et les organisations à se fixer des buts, une vision et des plans à court terme. Trouver du sens, visualiser l’avenir, apprendre à développer des scénarios, planifier les étapes vers sa vision de l’avenir tout en gardant ses objectifs à l’esprit, voila les domaines que cette discipline interroge. Le coaching permet d’atteindre ses objectifs plus rapidement et plus efficacement et s’adresse aux personnes qui veulent améliorer ou changer des choses dans leur vie. Les différents types de coaching • Le coaching de vie : lié aux difficultés rencontrées à un moment donné dans notre vie personnelle, il permet de traverser les épreuves et d’en sortir avec confiance et une estime de soi renforcée. • Le coaching d’affaires : il concerne toutes les problématiques liées à l’entreprise et à la carrière, à la capacité de manager. Dans ces deux types de coaching, les situations rencontrées peuvent être reparties en trois catégories : 1/ vous recherchez votre route car vous êtes à la croisée des chemins, alors vous avez besoin d’un coach pour trouver vos repères, 2/ vous avez une idée mais vous ne savez pas comment la faire aboutir pour la concrétiser, vous avez besoin d’être motivé et encouragé par le coach, 3/ vous avez un projet clair bien identifié ou vous venez de prendre de nouvelles fonctions, vous avez besoin d’un guide pour vous accompagner vers la réussite. • Le coaching d’équipe : il s’agit ici d’accompagner le développement de la performance collective afin que cela dépasse le potentiel de l’ensemble de ses membres pris individuellement. Différence entre le coaching et les autres professions de l’accompagnement • Le mentor : il a un rôle de transmission, de partage de savoir et d’expérience alors que le coach n’a pas pour rôle de transmettre un savoir et n’a pas un caractère initiatique. • Le thérapeute : il met l’accent sur un dysfonctionnement psychologique, alors que dans le coaching le client est considéré comme étant l’auteur des objectifs et des cibles de développement pour lesquels il est prêt à agir. • Le consultant : il dispose d’une expertise dans le domaine d’activité où il intervient, alors que dans le coaching, c’est le client qui est l’expert dans sa vie. • Le formateur : il a un contenu à dispenser pour développer les compétences et les objectifs sont fixés d’avance, alors que le coaching n’a pas de contenu à livrer et les objectifs sont fixés pendant les séances. côte d’ivoire économie - N°15 - mai 2012 Equilibre et performance Ainsi contrairement aux autres professions, le coaching est une véritable technique de développement du potentiel humain. Le coach agit comme un généraliste. Il utilise ses outils et ses techniques pour motiver, guider toute personne se trouvant dans un processus de transition, de changement ou de renforcement de ses compétences. Le coaching est le meilleur outil actuellement pour avancer, s’améliorer et se dépasser pour obtenir de meilleurs résultats aussi bien dans la vie professionnelle que dans la vie per- 27 sonnelle. Le recours au coaching crée un équilibre de vie qui rend plus heureux. Sources : Le Handbook de Hudson. Le coaching selon l’Institut pour le développement du potentiel humain (CG INC) Fanny Macagbey 28 Art et culture côte d’ivoire économie - n°15 - mai 2012 Quand le social rejoint le festif ! En seulement cinq éditions, le Festival des musiques urbaines d’Anoumambo (Femua) a réussi à s’imposer comme un événement culturel majeur, mais aussi à se démarquer de tous les autres festivals par un aspect qui est devenu sa marque de fabrique : le volet social. Qui aurait pu prédire qu’Anoumambo, village modeste et sablonneux de la commune de Marcory, avait vocation à accueillir un festival de renommée internationale ? L’idée de départ, explique Asalfo, commissaire général du festival mais également lead vocal du célèbre groupe ivoirien Magic System, initiateur du festival, était d’organiser un concert gratuit de son groupe dans ce village qui a vu naître et grandir les quatre membres du groupe. La démarche consistait à permettre à leurs parents et amis, qui n’ont pas les moyens de se payer un ticket pour les voir jouer sur scène, de pouvoir assister à l’un de leur concert. Des retombées sanitaires et sociales Très vite, le concept a évolué et est passé de la forme d’un concert à celle d’un festival international. Les sponsors, attirés par la renommée des organisateurs, se sont associés au projet, et la première édition a eu lieu en 2008. Son organisation a permis de rééquiper entièrement l’hôpital du village. Deux autres éditions ont suivi, aux répercussions sur le plan éducatif, avec la construction d’une école primaire publique dans le village. Un projet qui n’a pas empêché ces nouveaux ambassadeurs de la solidarité de poser d’autres actions sociales : soutien à la page blanche pour les enfants atteints de trisomie 21, soutien à l’orphelinat de Bingerville, etc. En 2011, lors de la quatrième édition du Femua, l’établissement scolaire construit par le groupe ivoirien a été inauguré et of offert à l’Etat de Côte d’Ivoire, ce qui a permis à l’école primaire publique MagicSystem d’accueillir ses premiers élèves durant l’année scolaire 2011-2012. Devant des milliers de personnes, la cinquième édition qui s’est tenue du 6 au 9 avril dernier a vu se succéder sur la scène d’Anoumambo le groupe de rap français Sexion d’Assaut, le groupe camerounais X-Mayela, la Béninoise Angélique Kidjo, les Congolais Lokoua Kanza et Werrason, les Sénégalais Coumba Gawlo et Daara J., le Nigérian Flavor, les Magic System bien entendu, ainsi que plusieurs artistes ivoiriens. Cette année, le projet social qui a ac- compagné cette édition est la réhabilitation de la pouponnière de Bouaké. Cette réalisation sera sans doute effective en 2013. Magic System, le succès dans les gênes composé de quatre membres, salif traoré (asalfo), etienne Boué Bi (tino), narcisse goudé sodoua (goudé) et adama Fanny (Manadja), le groupe Magic system existe depuis 1997. en 1999, leur tube phare, Premier Gaou, connaît un succès plutôt relatif en côte d’ivoire. pourtant, en 2000, c’est à la découverte de ce titre que claudy siar, alors animateur à radio France international, ouvre aux quatre garçons d’anoumambo les portes du succès international. en 2002, le dJ français Bob sinclar remixe le titre et le propulse dans tous les clubs de France. il est classé à la troisième place des ventes de l’automne 2002. dix ans et six albums plus tard, le groupe a glané treize disques d’or et deux albums de platines en France. edwiGe H. Discographie 1997 : Papitou 2000 : Premier Gaou 2001 : Poisson d’avril 2003 : Un Gaou à Paris 2005 : Petit Pompier et Cessa kié la vérité 2007 : Ki Dit Mié 2008 : Zouglou Dance 2011 : Toutè Kalé 2012 : D’Abidjan à Paris Le village d’Anoumambo anoumabo est un petit village d’abidjan situé dans la commune de Marcory. il compte plus de 27 000 habitants, avec un brassage de communautés et d’ethnies, autochtones et allogènes, vivant en parfaite harmonie. initialement situé dans la commune de treichville, il a été délogé et installé à Marcory dans les années 1960 pour des raisons d’infrastructures et de reconstruction. on l’appelle village car ses autochtones, qui sont des ebriés, respectent leurs traditions et leurs coutumes malgré le poids de la métropole abidjan. le village a ses coutumes, son arbre à palabres, ses rites… 30 Conso côte d’ivoire économie - N°15 - mai 2012 shopping high-tech Le picoprojecteur H03 de Samsung Un vidéoprojecteur qui tient dans la main ! Le picoprojecteur est un vidéoprojecteur miniaturisé que l’on peut intégrer dans un équipement numérique portable. Présentation de ce modèle conçu par le coréen Samsung, qui a la particularité d’être en LED, plus économe en énergie et assurant une durée de vie plus longue de la source lumineuse, contrairement au dispositif halogène que l’on retrouve dans les projecteurs ordinaires. L e picoprojecteur H03 à LED de Samsung est autonome et fonctionne comme un disque dur multimédia. Il lit aussi bien les différents formats vidéo, y compris le DviX, que des fichiers audio, photo, et divers autres documents. Images La technologie LED permet une définition relativement correcte de 854x480 pixels et la possibilité de régler la luminosité, qui est de 30 ANSI lumens. Les images de haute résolution, de 9’’ à 80’’, sont claires et nettes permettant une projection sur une diagonale de 2,5 mètres. Il est même possible d’aller jusqu’à 4 mètres, pour un public moins exigeant en termes de qualité, car si les images sont toujours visibles dans cette configuration, elles sont forcément moins parfaites. Poids et design Ultraportable, il pèse moins de 170 g et est donc plus léger qu’un Smartphone. Ses dimensions affichent 7 cm de longueur et de largeur, pour un peu mois de 3 cm d’épaisseur. Super compact, il tient dans la paume de la main et n’est pas encombrant. C’est un périphérique de poche qui ne sacrifie jamais la performance. Autonomie La durée de vie de la batterie est estimée à 30 000 heures et l’autonomie est de deux heures. Mémoire Le projecteur Samsung H03 dispose de 1Go de mémoire interne, avec la possibili- té d’ajouter du stockage jusqu’à 32 Go via son slot micro SD. Un haut-parleur intégré de 1 W délivre un son puissant, pour une expérience multimédia intense. Autres fonctionnalités Le picoprojecteur H03 peut lire des fichiers .pdf, .txt, .jpg, html, mpeg, et même les fichiers MS Office sans utiliser de PC. Côté fichier vidéo, il sait lire, entre autres, les extensions AVI, MP4, ASF, WMV et les codes MPEG4, VC1, H264. Il est livré avec une grande variété de connexions vous permettant de connecter tous les types de sources audio/vidéo et multimédia : téléphone, console de jeux, appareil photos, PC, clé USB. Le H03 comprend un port USB, une entrée Composite, et un port PC. Enfin, un pas de vis universel permet l’utilisation d’un trépied. Jean-Philippe Kassi Retrouvez-nous sur www.cotedivoire-economie.com