L`entreprise face à la société : de nouvelles pratiques

Responsabilité sociétale
Développement durable
Responsabilité sociale
Environnement
Sécurité
Qualité
Ethique
ISSN 0767-9432
L
L
e
en
nt
tr
re
ep
pr
ri
is
se
e
f
fa
ac
ce
e
à
à
l
la
a
s
so
oc
ci
ié
ét
té
é
:
:
d
de
e
n
no
ou
uv
ve
el
ll
le
es
s
p
pr
ra
at
ti
iq
qu
ue
es
s
m
ma
an
na
ag
gé
ér
ri
ia
al
le
es
s.
.
Entreprise et
changements
sociétaux.
page 6
Vers une culture
renouvelée du
management.
page 13
N°257 Décembre 2014
LA REVUE DES MANAGERS ET DES ORGANISATIONS RESPONSABLES
L’entreprise face à la société : de nouvelles
pratiques managériales.
Stratégie et Management
64
22
46
38
66
Dossier : L’entreprise face à la société : de
nouvelles pratiques managériales.
SOMMAIRE
N°257 • DECEMBRE 2014
Edito
L’entreprise de demain : une métamorphose
annoncée...
Rencontre avec ...
Geneviève Brichet.
Entreprise et changements sociétaux.
Actualités
Myriam Maestroni, élue « Femme en Or 2014 »
dans la catégorie environnement.
2015, année de la lumière en France.
Saint-Pierre et Miquelon, un projet de grand port
de transbordement.
46
6
8
11
13
11
Sélection du mois
Tendances
Le développement du m-commerce.
Le HomeChat.
Le bar à vitamines, un nouveau concept.
Geneviève Brichet, Administratrice de
l’ALEES, Association lyonnaise d’éthique
économique et sociale.
L’entreprise du futur.
Vers une culture renouvelée du management.
Un nouveau rôle de l’entreprise dans les
sociétés développées : la citoyenneté.
L’entreprise face à la diversité.
L’équité, un enjeu managérial.
Le concept de responsabilité.
Le manager face à l’e-co-innovation.
Qualitique n°257 - Décembre 2014 - www.qualitique.com 3
Rencontre avec...
55
32
N° 257 - Décembre 2014
JEAN-LUC LAFFARGUE
Les crises économiques, sociales et politiques nous mènent vers l’abîme.
L’évolution du monde vers un « tout profit » avec son marché, son capital, a entraîné une
rupture humaine sans précédent avec la réalité du vivant, la nature et ses lois. L’humanité
souffre des effets destructeurs d’une logique économique prédatrice et anthropophage qui
met en coupe réglée la terre et les êtres.
L’entreprise, face aux défis sociaux et sociétaux, à l’accélération des échanges et à la tyrannie
de l’immédiat et de l’instantané, est aujourd’hui au coeur d’un paradoxe. Attendue avec
force pour développer l’emploi, créer des vraies richesses, participer au développement
des territoires, elle est perçue, dans le même temps, comme un facteur de risques écono-
miques, sociaux et écologiques majeurs. La crise économique que nous traversons révèle
les effets «toxiques» de l’entreprise, à côté de ses prétendues vertus de création...
De nombreuses voix, des associations, des institutions, des mouvements divers, promeu-
vent aujourd’hui des modèles alternatifs exprimant et dénonçant un peu partout dans le
monde cet ordre marchand qui nous précipite dans des crises de plus en plus profondes,
détruisant tout ce qui lui est étranger, avec pour seul objectif de faire de chaque minute de
la vie une occasion de produire, d’échanger ou de consommer de la valeur marchande. Les
différents mouvements qui s’amorcent n’acceptent plus que quelques milliers de personnes
soient capables d’appauvrir des centaines de millions d’autres.
Le développement
met le modèle occi-
dental comme arché-
type universel pour
la planète. Il suppose
que les sociétés occi-
dentales constituent la finalité de l’histoire humaine… l’idée de « supportabilité » ou de
durabilité ne saurait améliorer profondément l’idée même de développement. Elle ne fait
que l’adoucir, que l’enrober de pommade.
L’esprit humain est conditionné comme il ne l’a jamais été par une dictature médiatique
qui abrutit pour nous rendre réceptif à la publicité, ou pour noyer les enjeux sociaux et ré-
duire la politique à des questions de rivalités de personnes. La liberté de choix disparait
derrière le modèle unique de la consommation.
Le développement économique, commercial ou financier d’une entreprise peut-il avoir
un sens profond s’il ne contribue pas à l’accès aux droits des citoyens impactés par ses ac-
tivités ? Nos organisations ne peuvent faire l’économie d’une réflexion et d’un engagement
sur ces enjeux qui sont au cœur de leurs activités.
La société a changé et ce n’est que le commencement car nous sommes toujours dans la
préhistoire de l’humanité. Les citoyens ne veulent plus être exclus des choix qui engagent
le présent et l’avenir. Les systèmes pyramidaux doivent faire place à des engagements col-
lectifs, mobilisant l’ensemble des forces vives, salariés, organisations syndicales, action-
naires, investisseurs, fournisseurs, clients, institutions internationales, Etat, collectivités,
consommateurs, ONG … d’autant plus dans une période où nos économies, nos institu-
tions sociales, nos systèmes politiques, nos systèmes monétaires, nos organisations inter-
nationales… échappent à notre contrôle et deviennent ingouvernables. Nos conditions de
vie sont elles-mêmes menacées, que ce soit par les catastrophes naturelles et technologiques,
la pollution sous toutes ses formes (la pire étant celle de l’esprit), le réchauffement clima-
tique, la désertification, l’aggravation de la misère et de la faim dans le monde, la sécurité
des aliments, les déséquilibres démographiques, les tensions géopolitiques, …
L’humanité est entrée dans une période prolongée de transition. Pour ce XXIème siècle,
l’urgence est claire : il est impératif de changer de modèle de civilisation. Pour cela, il faut
commencer par dévoiler et démonter les mécanismes du modèle capitaliste dominant, ré-
gime basé sur l’appropriation et le contrôle privé de la production et de la consommation
orientée vers la maximisation du profit. En même temps, il faut mettre en route les alter-
natives du changement. Mais quels seront les nouveaux modèles économiques du 21ème
L’entreprise de demain : une métamorphose
annoncée…
EDITORIAL
Qualitique n°257 - Décembre 2014 - www.qualitique.com
4
siècle ? Quels nouveaux systèmes financiers, de production, de distribution ? Reposant sur
quelles matrices énergétiques ? Parmi les principes de cette nouvelle vision se trouvent le
soin, la coopération, la solidarité, la participation, la satisfaction des besoins vitaux, l’échelle
du territoire et de la proximité, une redistribution plus juste, la coresponsabilité, l’éthique,
l’équité.
Face à cela, il ne suffit pas de sauver des banques, de renflouer des dettes et de développer
des actions désespérées d’aides financières de la dernière heure. Cela ne sert qu’à retarder
l’inévitable. Il est nécessaire de transformer radicalement les règles du système financier
qui devra se nourrir des fondements éthiques d’une bio-civilisation pour la soutenabilité
de la vie sur la planète. Il serait temps que l’humanité s’interroge sur sa signification et sur
le rôle qu’elle joue dans le processus de la vie.
C’est une crise humaine et de civilisation qu’il nous faut régler en procédant à une meilleure
répartition des ressources de par le monde. Car chacun doit retrouver son droit fondamental
à exister dignement. Pour cela nous devons nous reconnecter à nous-mêmes et à la nature.
La transformation du monde passe d’abord par un changement profond en nous-mêmes
et autour de nous.
Ajoutons le numérique qui est au cœur de tous les processus et en particulier celui de l’in-
novation : Internet et les réseaux sociaux, la géo-localisation, les smart grids, les Moocs, les
objets connectés et intelligents, les jeux, le design numérique, l’impression 3D, les robots…
le numérique nous entraine dans un véritable « big bang ». Avec lui, l’ère du tout connecté
est en route. En quelques années, l’économie numérique a explosé et va encore plus révo-
lutionner notre façon de communiquer, de consommer, de travailler, de nous soigner, de
vivre et de penser. Parler de société numérique signifie que tous les aspects de la vie sociale,
l’économie, l’organisation du travail, les relations interindividuelles, la culture, les loisirs…
se trouvent concernés par cette transformation de nos modes de communication et d’infor-
mation, créant un mouvement sociétal d’un autre type par la modification de notre rapport
aux autres et au monde. Cette transformation va concerner également la structure cognitive
de l’individu à la fois dans son fonctionnement et dans ses rapports avec la société.
Les crises actuelles sont des alertes, des opportunités à saisir pour accéder à un ordre plus
naturel ; elles nous conduisent vers une tâche urgente et nécessaire, celle d’effectuer des
choix fondamentaux où l’humanité est face au défi d’aller vers la construction des bases et
des relations entre les humains, de ces derniers avec la biosphère, qu’ils soient ainsi capables
de nourrir un processus vertueux, encore possible, de durabilité sociale, environnementale
et écologique. Il faut alors construire des collectifs, des liens, de la coopération et alimenter
les pratiques réformatrices de l’économie vers un monde plus équitable et plus durable.
Les transitions emprunteront des voies plurielles, mais c’est dans ce contexte que l’huma-
nité, et donc l’entreprise, est en train de construire un horizon commun comme jamais elle
ne l’avait fait auparavant, tout en ayant en même temps une conscience très vive de sa pro-
pre diversité, de sa multiplicité, de ses différences et de ses complémentarités. Tous les ac-
teurs économiques sont appelés à relever le défi de mettre les droits humains au cœur de
leur politique et de leur stratégie de développement, et à exercer ainsi, effectivement, leur
responsabilité sociétale d’entreprise. Ce programme urgent est décisif et essentiel pour évi-
ter à tout prix que l’uniformité et la désertification, l’extrême richesse et l’absolue pauvreté,
l’inculture et la guerre, ne deviennent la lumière noire qui éteigne notre libre destinée.
A coup sûr, l’accélération sociale et sociétale, ses conséquences, ses risques, et la manière
dont nous saurons y faire face représentent un des grands défis de notre XXIème siècle.
Nos priorités résident aujourd’hui dans la production de sens.
D’autres modèles de développement existent. Tournons-nous comme certains chercheurs,
agriculteurs, citoyens, vers ceux qui travaillent à remettre les sillons de nos champs dans le
bon sens…
Toute l’équipe de Qualitique, la rédaction, les auteurs et personnalités qui ont contri-
bué à enrichir la réflexion vous souhaitent une bonne année 2015.
EDITORIAL
Qualitique n°257 - Décembre 2014 - www.qualitique.com 5
RENCONTRE AVEC...
... Geneviève Brichet.
Entreprise et changements sociétaux.
soit respecté.
Il est bien entendu que l’on ne peut se réaliser dans
son travail que si on lui donne du sens. Les mana-
gers devraient s’en préoccuper pour que chaque col-
laborateur ait sa place dans l’équipe, une place
connue et reconnue garante de son autonomie et de
sa responsabilité vis-à-vis de lui même et de ses col-
lègues.
Quant à la confiance, elle est le corollaire du respect.
Cela ne veut pas dire que le manager doive se
contenter de laisser faire, ce qui s’apparenterait à de
l’indifférence. C’est peut être la bienveillance qui
pourrait le mieux définir la confiance.
Que représente aujourd'hui une entreprise éthique
et quelles sont ses valeurs ?
Les entreprises sont des entités et non des per-
sonnes. Elles n’ont donc pas de valeurs autres que
celles des hommeset des femmes qui la constituent.
L’éthique étant prise au sens de questionnement
permanent sur les conséquences d’une décision, les
Qualitique n°257 - Décembre 2014 - www.qualitique.com6
Geneviève Brichet, Administratrice d’ALEES,
Association lyonnaise d’éthique économique
et sociale.
Qualitique
Depuis quelques décennies, les anciens modes
d'organisation de l'entreprise se trouvent remis en
question. L'entreprise de demain est sans doute à
réinventer.
Selon vous, quels sont les principaux éléments à
prendre en compte pour innover et anticiper les
modes de management futurs ?
L’entreprise est à réinventer, tout comme la société
qui se réinvente tous les jours, et de plus en plus
vite. Il faut d’ailleurs remarquer que l’entreprise est
souvent en avance sur les changements sociétaux,
peut être en tant que société en miniature?
Je vois trois éléments principaux à prendre en
compte pour manager les entreprises de demain: le
respect de la valeur-travail, la nécessité de trouver
du sens à ce qu’on fait (et le partager) et la confiance
en la capacité des collaborateur à effectuer leur mis-
sion... Mais pour cela, encore faut-il que celle-ci soit
correctement définie et comprise par tous !
La valeur travail, c’est considérer que l’individu se
réalise dans ce qu’il fait si tant est que son travail
Qualitique
Geneviève Brichet
Geneviève Brichet
1 / 66 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !