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direction
Frank Fredenrich, Jean-Michel Olivier,
Jérôme Zanetta
comité de rédaction
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Françoise-Hélène Brou, Laurent
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Duruz, Frank Fredenrich, Firouz-
Elisabeth Pillet, Jérôme Zanetta
éditeur responsable
Frank Fredenrich
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Viviane Vuilleumier
secrétaire de rédaction
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collaborateurs
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Julie Bauer, James Berclaz-Lewis,
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Gökçim Toksöz, David Verdier,
Christian Wasselin, Beata Zakes,
François Zanetta, Valérie Zuchuat
maquette :
Viviane Vuilleumier
imprimé sur les presses de
PETRUZZI - Città di Castello, Italie
scènes
magazine
Saison morte
Steiger, Vachoux, Stehlé, Viala. Et Roland Sassi… Une génération
s’en est allée. Adieu les mises en scène pensées ‘en distance’, adieu
les poèmes déclamés en dictions impeccables, adieu les décors fan-
tasques, adieu les rebelles attitudes plurielles, adieu les acteurs. E finita la
commedia…
Genève est orpheline, la Genève du jeu passionné, inventif jamais éphé-
mère ou désinvolte, la Genève des arts du spectacle est veuve aujourd’hui
mais elle se souvient.
Steiger, l’analyste brechtophile fulgurant s’en est allé il y a un an déjà,
Vachoux, l’amoureux jalousement épris de poésie resté vent debout, debout
jusqu’au bout, est parti lui aussi, Stehlé, l’inventeur de toutes ces boîtes de
Pandore qui s’ouvraient sur tant de trésors d’imagination a quitté la scène
dans la chaleur de cet été, et puis Roland Sassi le génial metteur en ondes, et
ensuite, point d’orgue, Viala le Magnifique…
Cette troupe hétéroclite, sortie des années effervescentes qui ont vu éclo-
re une certaine idée du théâtre, a rendu non les armes, mais ses tabliers bigar-
rés, précisément à l’heure où l’on essaie de fédérer ici ou là les divers métiers
de cet art dramatique toujours polychromique, polysémique et définitivement
polyvalent.
Au loin, dans les nuages gorgés de pluies qui pèsent des tonnes nous dit-
on, il reste des images, des idées, des attitudes, des couleurs fortes en goût, il
reste une mémoire peut-être volatile, mais certainement pas dérisoire, il reste,
si l’on accepte de regarder en avant, une électricité à même d’apporter non
seulement de la lumière, mais aussi de l’énergie pour donner l’envie aux jeu-
nes générations de continuer à faire un théâtre intelligent, à produire du sens
et du sentiment, à générer des vocations belles, généreuses à l’instar de ce
qu’ont su imposer ces hommes, ces artistes.
Désormais, ce sera aux anciens spectateurs et autres compagnons de tra-
vail de perpétuer en leur souvenir, au détour de quelques phrases prononcées
à la volée, la réputation de cette génération qui leur a ouvert les yeux, côté
cour, côté jardin. Côté vies.
RS/SCENES MAGAZINE