avril - Scènes Magazine

publicité
scènes
magazine
julia bauer :
lakmé à l’opéra de lausanne
ISSN 1016-9415
256 / octobre 2013
CHF. 10.-- 7 €
[
ORCHESTRAL
]
CONCERTS DU DIMANCHE
L’ O r c h e s t r e
L’
de Chambre
de Genève
LOCG
A R I E VA N B E E K
DIRECTION
RONALD BRAUTIGAM
PIANO
Maurice Ravel (1875-1937)
Le Tombeau
Tombeau de Couperin
Francis Poulenc (1899-1963)
Aubade, concerto chorégraphique
pour piano et dix-huit instruments
Peter-Jan
Peter
-Jan Wagemans
Wagemans (né en 1952)
Viderunt
V
iderunt omnes
Arthur Honegger (1892-1955)
Symphonie no 4 H 191, « Deliciae Basilienses »
20-10-2013
17 heures
Billetterie : Espace Ville
Ville de Genève Pont de la Machine 1, Maison
des arts du Grütli Rue du Général-Dufour 16, Genève Tourisme
Tourisme Rue
du Mont-Blanc 18, Cité Seniors Rue Amat 28, Victoria
Victoria Hall Rue
du Général-Dufour 14, une heure avant le concert. Renseignements
0800 418 418 gratuit (Suisse) +41 22 418 36 18 payant (Etranger)
Billetterie en ligne : http://billetterie-culture.ville-ge.ch Prix CHF 25.CHF 15.-, A
AVS
VS CHF 13.-, chômeurs, étudiants, jeunes CHF 10.-,
20ans/20francs CHF 8.-. Abonnements CHF 144.- et CHF 96.-.
Chèques culture acceptés. Salle équipée d’une boucle magnétique
pour malentendants. Accès pour handicapés
Genève,
ville de culture
www.ville-geneve.ch
www
.ville-geneve.ch
Jean-Marc Humm atelier de création visuelle, la fonderie www
www.jmhumm.ch
.jmhumm.ch
s o m m a i r e
6 cinéma
6
7
8
9
10
10
12
cine die / raymond scholer
un château en italie / emilien gür
cinémas du grütli : brian de palma / christian bernard
dvd : serguei paradjanov / laurent darbellay
lausanne underground film festival / frank dayen
festival lumière, lyon / christian bernard
les films du mois / serge lachat, françois zanetta
16 musique
16
17
18
19
20
21
21
22
23
24
25
ronald brautigam & l’ocg / pierre jaquet
leon fleisher et l’ocl / beata zakes
maria joao pires / martine duruz
emmanuel pahud / emmanuèle rüegger
temps & musique : lawrence power / pierre jaquet
fondation gianadda, martigny : saison / yves allaz
concours clara haskil : christian budu, 1er prix / yves allaz
jazz onze+ / frank dayen
concerts alternance : saison / christian bernard
festival de lucerne / emmanuèle rüegger
agenda genevois / martina diaz
26 opéra
26
28
30
32
34
36
37
38
39
40
41
57
58
entretien : anna caterina antonacci / françois lesueur
opéra de lausanne : saison / éric pousaz
entretien : eric vigié / éric pousaz
entretien : julie bauer / éric pousaz
entretien : lilo baur / éric pousaz
entretien : philippe béran / serge lachat
entretien : olivier desbordes / pierre-rené serna
entretien : giancarlo del monaco / pierre-rené serna
entretien : annalisa stroppa / gabriele bucchi
entretien : david hermann / martine duruz
entretien : gabriel garrido / serene regard
mémento
pesaro, festival : cru 2013 / françois jestin, frank fredenrich
42 saisons d’opéra
42
43
43
43
44
46
47
48
49
49
50
51
52
opernhaus zurich / éric pousaz
opéra de bâle / éric pousaz
opéra de berne / éric pousaz
théâtre de vevey / yves allaz
scènes lyriques parisiennes / pierre-rené serna
opéras de berlin / éric pousaz
opéras de madrid / pierre-rené serna
opéras de vienne / éric pousaz
covent garden, londres
metropolitan de new york
opéras en italie
opéra de lyon / christine ramel
opéra de montpellier / françois jestin
256 / octobre 2013
52
53
53
54
55
56
56
opéra de marseille / françois jestin
opéra du rhin, strasbourg / éric pousaz
opéra de monte-carlo / françois jestin
grand théâtre de genève : le programme
opéra d’avignon / françois jestin
opéra de nice / françois jestin
opéra de saint-étienne / françois jestin
60 théâtre
60
61
62
63
64
65
66
67
68
comédie / jérôme zanetta
entretien : darina al joundi / laurence tièche chavier
comédie de genève : pompée / sophonisbe / rosine schautz
vidy : les femmes savantes / nancy bruchez
éloge funèbre : michel viala / rosine schautz
éloge funèbre : jean-marc stehlé / rosine schautz
théâtre des amis : un mari idéal / catherine graf
forum meyrin : le triomphe de l’amour / rosine schautz
vidy : hamlet selon ostermeier / bertrand tappolet
69 saisons 2012-2013
69
70
71
72
73
74
75
76
79
79
théâtre du grütli / laurence tièche chavier
maison des arts, thonon / firouz e. pillet
bonlieu annecy / jérôme zanetta
théâtre du galpon / laurent darbellay
lausanne : le grand-8 / romeo cini
entretien : jean liermier / firouz e. pillet
à l’affiche à carouge : au bord de l’eau
entretien : fabrique melquiot / firouz e. pillet
spectacles onésiens / firouz e. pillet
théâtre des marionnettes / firouz e. pillet
80 expositions
80
80
81
81
82
82
83
83
84
mémento beaux-arts : france
biennale de lyon
mémento beaux-arts : ailleurs
caixa forum, barcelone : pissarro
mémento beaux-arts : suisse romande
musée de l’élysée : sebastiao salgado - genesis
mémento beaux-arts : suisse alémanique
musée jenisch, vevey : oskar kokoschka
la fondation auer pour la photographie / françoise-h. brou
85 paris
85
86
87
87
88
88
sélection musicale d’octobre / françois lesueur
théâtre de l’œuvre : et jamais nous ne serons séparés / j. roche
mémento expositions
grand palais : félix vallotton - le feu sous la glace
mémento théâtre
la danse en octobre / stéphanie nègre
89 les mémentos
ABONNEZ-VOUS!
Découvrez chaque mois dans nos pages :
L’actualité culturelle d’ici et d’ailleurs
Cinéma
Concerts
Livres
Opéra
Critiques
Danse
Expositions
Théâtre
Entretien
Avant-Premières
Mémento
Scènes Magazine - Case postale 48 - 1211 Genève 4
Tél. (022) 346.96.43 / de France +41 22 346.96.43
www.scenesmagazine.com / e-mail : [email protected]
COMMANDE D’ABONNEMENT
scènes
magazine
Nom
Prénom
Adresse
Code Postal
Localité
Pays
o un abonnement (10 numéros) à 80 SFrs / Europe : 120 Sfrs. / hors Europe : 140 Sfrs.
o un abonnement France (10 numéros) à 70 €
o un abonnement de soutien (10 numéros) à 100 SFrs
à partir du N°
A renvoyer à SCENES MAGAZINE
CP 48 - 1211 GENEVE 4 - Suisse
avec
le
règlement
par
chèque
ou
virement sur le CCP Scènes Magazine
12-39372-8
Date
Signature
EDITO
direction
Frank Fredenrich, Jean-Michel Olivier,
Jérôme Zanetta
comité de rédaction
Christian Bernard, Serge Bimpage,
Françoise-Hélène Brou, Laurent
Darbellay, Frank Dayen, Martine
Duruz, Frank Fredenrich, FirouzElisabeth Pillet, Jérôme Zanetta
éditeur responsable
Saison morte
teiger, Vachoux, Stehlé, Viala. Et Roland Sassi… Une génération
s’en est allée. Adieu les mises en scène pensées ‘en distance’, adieu
les poèmes déclamés en dictions impeccables, adieu les décors fantasques, adieu les rebelles attitudes plurielles, adieu les acteurs. E finita la
commedia…
S
Genève est orpheline, la Genève du jeu passionné, inventif jamais éphémère ou désinvolte, la Genève des arts du spectacle est veuve aujourd’hui
mais elle se souvient.
Steiger, l’analyste brechtophile fulgurant s’en est allé il y a un an déjà,
Vachoux, l’amoureux jalousement épris de poésie resté vent debout, debout
jusqu’au bout, est parti lui aussi, Stehlé, l’inventeur de toutes ces boîtes de
Pandore qui s’ouvraient sur tant de trésors d’imagination a quitté la scène
dans la chaleur de cet été, et puis Roland Sassi le génial metteur en ondes, et
ensuite, point d’orgue, Viala le Magnifique…
Frank Fredenrich
publicité
Viviane Vuilleumier
secrétaire de rédaction
Julie Bauer
collaborateurs
Yves Allaz, Philippe Baltzer,
Julie Bauer, James Berclaz-Lewis,
Christian Bernard, Nancy Bruchez,
Gabriele Bucchi, Claudia Cerretelli,
Romeo Cini, Sarah Clar-Boson,
Martina Diaz, Catherine Fuchs,
Catherine Graf, Emilien Gür,
Bernard Halter, Christophe Imperiali,
Pierre Jaquet, François Jestin,
Régine Kopp, Serge Lachat,
Frank Langlois, David Leroy,
François Lesueur, Anouk Molendijk,
Michel Perret, Eric Pousaz, Stéphanie
Nègre, Christine Pictet, Christine
Ramel, Serene Regard, Nancy Rieben,
Christophe Rime, Julien Roche,
Emmanuèle Rüegger, Maya Schautz,
Rosine Schautz, Raymond Scholer,
Pierre-René Serna, Bertrand Tappolet,
Laurence Tièche Chavier, Tuana
Gökçim Toksöz, David Verdier,
Christian Wasselin, Beata Zakes,
François Zanetta, Valérie Zuchuat
maquette : Viviane Vuilleumier
imprimé sur les presses de
PETRUZZI - Città di Castello, Italie
Cette troupe hétéroclite, sortie des années effervescentes qui ont vu éclore une certaine idée du théâtre, a rendu non les armes, mais ses tabliers bigarrés, précisément à l’heure où l’on essaie de fédérer ici ou là les divers métiers
de cet art dramatique toujours polychromique, polysémique et définitivement
polyvalent.
Au loin, dans les nuages gorgés de pluies qui pèsent des tonnes nous diton, il reste des images, des idées, des attitudes, des couleurs fortes en goût, il
reste une mémoire peut-être volatile, mais certainement pas dérisoire, il reste,
si l’on accepte de regarder en avant, une électricité à même d’apporter non
seulement de la lumière, mais aussi de l’énergie pour donner l’envie aux jeunes générations de continuer à faire un théâtre intelligent, à produire du sens
et du sentiment, à générer des vocations belles, généreuses à l’instar de ce
qu’ont su imposer ces hommes, ces artistes.
Désormais, ce sera aux anciens spectateurs et autres compagnons de travail de perpétuer en leur souvenir, au détour de quelques phrases prononcées
à la volée, la réputation de cette génération qui leur a ouvert les yeux, côté
cour, côté jardin. Côté vies.
RS/SCENES MAGAZINE
scènes
magazine
case postale 48 - 1211 Genève 4
Tél. (022) 346 96 43 de France 00-41-22 346 96 43
www.scenesmagazine.com
e-mail : [email protected]
c
i
n
é
le cinéma au jour le jour
Cine Die
NIFFF 2013
6
Le festival de films fantastiques, sans doute pour pallier l’absence
notoire de films de science-fiction dans la sélection 2013, avait invité un
écrivain prestigieux du genre en tant que membre du jury international. Je
veux parler d’Orson Scott Card, auteur d’œuvres aussi réputées que Ender’s
Game/La Stratégie Ender (1985) et sa suite Speaker for the Dead/La Voix
des Morts (1986). L’adaptation cinématographique du premier par Gavin
Hood sort d’ailleurs ces jours-ci sur les écrans civilisés. Arrière-arrièrepetit-fils de Brigham Young, Card est tombé tout naturellement dans la
potion magique des Mormons. Et c’est ce qui fait tout son charme : comment concilier le refus de l’évolution et la croyance en une date précise de
la création du monde (en 3989 avant J.C., si je ne m’abuse) avec les infinis
de l’espace et du temps qui préoccupent d’ordinaire les littérateurs de SF ?
Il n’est pas étonnant que lors de sa master class, Card insistait sur le fait que
les gens les plus intolérants étaient ceux qui affirmaient n’avoir pas de religion. Et de mentionner parmi les nouvelles religions celle du « soi-disant
réchauffement planétaire». Personne dans le public bien élevé n’a osé broncher. En guise d’ouverture et de clôture, deux films d’exception escamotés
par nos distributeurs, Stoker et Byzantium. Dans les deux cas, des femmes
de tête se rendent indépendantes en éliminant les mâles. Dans Stoker de
Chan-Wook Park, India (Mia Wasikowska) se retrouve orpheline de son père
chéri, le jour de ses 18 ans, et estime que son oncle Charlie, surgi de nulle
part pour les funérailles, est très louche. D’autant plus que Maman Kidman
semble très attirée par son regard bleu et ses manières douces. Quand il casse
la nuque d’un jeune homme qui s’apprêtait à la violer, India éprouve un violent émoi sexuel. A partir de ce moment, son apprentissage (du mal) sera fulgurant. Composé de plans calculés au pied à coulisse et d’une beauté sidé-
m
a
Byzantium est la deuxième incursion de Neil Jordan dans le film de
vampires (après Interview with the Vampire en 1994). Les règles diffèrent
légèrement de la tradition: les vampires vivent à la lumière du jour, ne peuvent naître qu’à la suite d’un rituel dans un lieu unique sur une île reculée
dont la localisation ne se transmet qu’entre initiés, et les femmes sont
exclues de leurs rangs par principe. Clara (Gemma Arterton), ayant été
réduite par des militaires à l’état abject d’esclave sexuelle à l’époque napoléonienne, découvre le secret de l’île et s’initie elle-même, scellant ipso
facto sa condamnation aux yeux des autres vampires. Elle dépasse les bornes en initiant plus tard sa fille Eleanor, rendue syphilitique par l’ordure
même qui a dépucelé Clara seize ans plus tôt. Les deux femmes vampires
doivent se cacher en permanence de vampires chasseurs lancés à leurs trousses et se trouvent acculées à une vie d’errance peu propice à des gagne-pain
stables. La mère se prostitue tout naturellement et ne se gêne pas de vider
ses clients de leur sang quand les circonstances l’ordonnent ou le permettent. La fille n’a pas une telle soif de vengeance : elle se contente de se servir auprès de personnes en fin de vie qui ne demandent qu’à « partir ». Ainsi
deux siècles se sont écoulés. Eleanor est lasse d’être condamnée au secret
et à la solitude et découvre l’amour chez un garçon atteint de leucémie. Elle
songe alors à lui faire cadeau de la vie éternelle. Totalement original dans
son traitement de la gent et des coutumes vampiriques, le film n’a guère rencontré d’écho auprès de la tribu Twilight.
Kiss of the Damned, le premier long métrage de la fille aînée de John,
Xan (diminutif d’Alexandra) Cassavetes, a été nettement plus apprécié, sans
doute parce qu’il se pare d’un discours moralisateur : les vampires s’y
conduisent de manière civilisée et ne boivent que du sang animal. Mais dans
chaque communauté, il y a un mouton noir, incarné ici par l’exubérante
Roxane Mesquida, qui boit le sang des humains à grandes gorgées et à qui
il arrive d’induire - dans le but ultérieur de les faire chanter - ses cousines
abstinentes en tentation, p. ex. en leur présentant une jeune vierge qui s’est
coupé les lèvres avec un verre ébréché. Heureusement que la vilaine tentatrice doit éviter, au petit matin, un chevreuil et que sa voiture percute un
arbre : lorsqu’elle reprend conscience, le soleil est levé et elle se traîne, blessée, vers la maison, tandis que des cloques se multiplient sur sa peau… et
qu’une servante assiste avec délectation à son agonie. Mort classique depuis
Dracula (Terence Fisher, 1958).
Dans Chimères du Neuchâtelois Olivier Beguin, un touriste suisse,
ayant subi une transfusion sanguine en Roumanie, se transforme doucement
en vampire avec tout ce que cela implique, photophobie et force physique
surhumaine. Il en profite pour trucider quelques loubards avant de s’exploser le crâne, d’hématophagie las. Sa femme, ayant gardé une ampoule du
sang de son mari à des fins d’analyse, s’injecte la dose et continue le travail
de salubrité publique effectué par icelui. Sa mission accomplie, elle s’expose, sereine, aux rayons du soleil levant.
Enfance abusée
Mia Wasikowska dans «Stocker»
rante, le récit tisse une atmosphère de suspicion, de tension et de secrets qui
trouve son expression symbolique dans cette coquille d’œuf qu’India démolit lentement sur la table de la cuisine ou dans ce congélateur qui contient
bien plus que des provisions. L’auteur de Old Boy (2003) réussit pour son
premier film américain un coup de maître d’autant plus admirable qu’il a dû
diriger les acteurs au moyen d’un interprète. Hitchcock tirerait son chapeau.
Vampires
a
c
t
Dark Touch de Marina de Van (qui a remporté à juste titre le
« Narcisse » du meilleur film) a comme héroïne une fillette de onze ans,
Niamh, probablement abusée, qui se rend compte qu’elle peut faire bouger
les objets à distance. Elle met à profit ce pouvoir psychokinétique pour tuer
ses parents et mettre le feu à la maison. Elle sauve des petits voisins des
sévices de leur mère et prend même en pitié les poupées maltraitées par les
fillettes de son école, qui lui font sentir qu’elle n’est pas la bienvenue. Elle
décide de se suicider avec les enfants martyrisés, et de faire s’écrouler l’école sur les autres. Comme la loi française ne permettait pas de faire tourner
pareil manifeste de désespoir à des enfants français, le film s’est fait en
u
a
l
i
t
é
c i n é m a
UN CHÂTEAU EN ITALIE
de Valeria Bruni Tedeschi
Yannick Rosset dans «Chimères»
Irlande. Niamh agit avec une violence aveugle, car elle n’arrive pas à décoder les gestes des gens gentils : même sa famille d’accueil y passe.
Dans Haunter de Vincenzo Natali, Abigail Breslin découvre petit à
petit qu’elle fait partie des morts qui hantent la maison d’un tueur en série
qui a sévi pendant 60 ans en faisant disparaître des jeunes filles dans un four
installé dans le sous-sol. La jeune fille de la famille installée depuis 2012
dans la maison la contacte (elle qui « vit » en 1985), par le truchement de
reflets dans le miroir, pour lui faire savoir que son propre père est possédé
par l’âme du tueur et que sa famille souffre le martyre. Dans la lignée de The
Others (Alejandro Amenabar, 2001), soit du point de vue des fantômes.
Dans Au Nom du Fils, le Belge Vincent Lannoo propose une sorte de
solution finale au problème des prêtres pédophiles. Une famille ultracatholique coule des jours heureux sous les ailes du Seigneur : la maman console les affligés dans son émission radio de l’Eglise, le papa s’entraîne avec
son fils aîné dans les camps d’été des Croisés de Pie XII. Jusqu’au jour où
son revolver enrayé envoie Pater ad Patres. Le fils se laisse alors apprivoiser
par le gentil aumônier Achille. Lorsqu’Achille est envoyé « ailleurs » par le
diocèse, l’adolescent se suicide de désespoir. La mère exige une enquête sur
Achille et lorsque l’évêque évoque la perversité innée des enfants et l’absence de preuves, elle l’occit à coups de Bible bien portés et rafle le dossier des
prêtres pédophiles avérés. Les meurtres qu’elle perpètre sont bien sûr mis
sur le compte d’intégristes musulmans. Un geste de pardon final recadre le
récit dans une optique chrétienne.
Une riche famille italienne périclite : le frère (Filippo Timi) souffre du
sida, la sœur (Valeria Bruni Tedeschi) avance dans la vie sans repères, vit
une aventure tumultueuse avec un acteur (Louis Garrel) qui lui aussi patauge, la mère (Marisa Borini) se sent seule, l'état des finances est désastreux,
si bien que le patrimoine familial doit être vendu. Tout va mal et personne
ne sait faire face aux épreuves qu'il faut affronter. Mais cela va de soi. Les
personnages sont riches, par conséquent fous, dégénérés et tourmentés.
Quelle autre réaction pourrait-on attendre de leur part que de faire profil
bas ? C'est le propre des riches, semble nous dire Valeria Bruni Tedeschi !
Il est vrai, Un Château en Italie tombe vite dans la sociologie de bas
étage et décline une belle série de clichés. On éprouve une certaine gêne
face à ce film : il est difficile de croire à cette histoire, à ces personnages ;
tout est trop simple, pour ne pas dire trop simpliste. Comment prendre au
sérieux cette galerie de personnages, qui manquent de consistance et ne servent qu'à illustrer - ou plutôt caricaturer - un statut social ? Il ne suffit pas
en effet d'un jeu hystérique et d'un air affolé pour que Louise, la sœur,
acquière du relief et de la profondeur. La caricature, en effet, n'a jamais été
une solution. C'est d'autant plus regrettable que les toutes premières scènes
s'avéraient prometteuses : on découvrait une Valeria Bruni Tedeschi sur le
qui-vive, loin de la surenchère émotionnelle dans laquelle elle se complaît
trop volontiers par la suite.
Riches et pauvres
Eega des Indiens S.S. Rajamouli et J.V.V. Sathyanarayana était la surprise inattendue du festival : un mélange savant d’animation et d’action live
sur un rythme frénétique pour raconter l’histoire d’une vengeance à laquelle le spectateur ne peut qu’adhérer. Un riche gangster a jeté son dévolu sur
une superbe artiste courtisée également (avec son assentiment) par un jeune
homme pauvre. Le riche fait tuer le pauvre et l’âme de celui-ci investit une
mouche de passage, qui n’a désormais qu’un but dans sa courte existence :
rendre la vie du méchant aussi insupportable que possible. Elle profite de
l’aide de la jeune fille qui lui confectionne lunettes et masque à gaz à sa
taille. Bref, il faut le voir pour le croire : le meilleur film bollywoodien du
millénaire et le prix du jury Mad Movies.
Cheap Thrills de l’Américain E.L. Katz est un jeu de massacre exemplaire sur la fin de la civilisation. Deux pauvres hères au bout du rouleau
sont dragués par un couple riche pour fêter l’anniversaire de Madame. Le
mari propose des paris et offre à chaque fois une somme d’argent au
gagnant. Les enjeux et défis vont montant : boire des mixtures, déféquer sur
le tapis du voisin, baiser Madame, se couper le petit doigt, le manger, tuer le
copain. Les acteurs sont criants de vérité et le spectacle révoltant, mais la
vérité sous-jacente n’en est que plus évidente. Au mois prochain
Raymond Scholer
«Un Château en Italie»
Au lieu d'émouvoir, bien des scènes mettent mal à l'aise par leur simplisme grandiloquent. Celle de l'enterrement du frère fait office d'exemple.
En plein milieu de la cérémonie, un ami d'enfance (Xavier Beauvois) fait
irruption – il est maintenant alcoolique, sans le sou, rejeté par tous – et interrompt le discours funèbre du prêtre (un éloge de la souffrance). C'est une
scène très émouvante, sans doute. Comment penser le contraire ? Comment
ne pas verser des larmes face à l'arrivée fracassante, au milieu des grands de
ce monde, de cet homme simple qui vient remettre les pendules à l'heure ?
Comment ne pas être touché par cette harangue confondante de naïveté, qui
nous enseigne que la douleur est une chose atroce, contrairement à ce que
l'Eglise voudrait bien faire croire ? Ce malheureux, s'il est menacé d'être mis
à la rue, au moins est-il plus proche de la vérité que cette assemblée d'hommes et de femmes fortunés. Au bout du compte, il est peut-être préférable
d'être pauvre. Eux seuls savent nous faire comprendre que « le ciel est
vide ». Comme le cinéma de Bruni Tedeschi ?
Emilien Gür
a
c
t
u
a
l
i
t
é
7
c i n é m a
les cinémas du grütli
Brian De Palma
revisité
Sept films de Brian De Palma seront à l’affiche en octobre. De Phantom of Paradise (1974) à Redacted (2007),
l’occasion de voir ou revoir quelques films majeurs
d’un cinéaste auteur d’une oeuvre aussi passionnante
que cohérente.
8
Un personnage récurrent des films de De Palma est un technicien de l’image et du son - figure du cinéaste - au travail. Au travail, c’est-à-dire en
train d’interroger sans fin les images et les sons pour tenter de dévoiler ce
qu’ils cachent. Petite entrée dans les vertigineuses mises en abyme qu’affectionne un cinéaste dont les films ne cessent jamais d’interroger le cinéma et,
plus récemment, l’inflation et l’hyper-médiatisation des images et des sons
avec leur conséquence politique, qui est de cacher toujours plus de réalité.
Comme Scorsese, De Palma est un cinéaste qui a vu tous les films.
Ceux d’Hitchcock en particulier, à commencer par Vertigo et Psycho, mais
aussi Blow Up d’Antonioni ou Conversation secrète de Coppola. Ils ont été
pour lui comme des choc primitifs. Comme un peintre qui étudie les maîtres, il reprend leurs idées et leurs formes pour se les approprier. D’où un
cinéma hanté, plein de fantômes, cherchant, tel le héros de Vertigo, à faire
revivre ce qui n’est plus, mais en même temps un cinéma explorant de nouvelles formes.
Le spectateur, lui, est de toute manière pris par un art virtuose du récit,
mais s’il est en plus cinéphile, il se transforme en limier pour repérer les prélèvements et les citations, toujours objets de déplacements qui en transforment la signification.
Double, voyeurisme…
Les grands thèmes de sa filmographie ? Le double (grand thème hitckockien objet de variations infinies), le voyeurisme (autre thème hitchkockien), le péché et son châtiment, les pulsions sexuelles destructrices, l’enfer-
«Phantom of Paradise», 1974
a
c
t
mement. Le tout indissociable d’une mise en scène où tout (storyboard,
mouvements de caméra, focales, effets particuliers) est préparé à l’avance.
Poussant le souci du détail jusqu’à la maniaquerie, De Palma appartient de
plein droit à la famille des cinéastes perfectionnistes où il côtoie Kubrick,
Polanski et bien sûr Hitchkock.
Dans l’ordre chronologique de leur réalisation, on pourra voir Phantom
of Paradise (1974) d’après le roman de Gaston Leroux Le Fantôme de
l’Opéra, une combinaison des mythes de Faust, de Frankenstein et du
Portrait de Dorian Grey d’Oscar Wilde. Puis Obsession (1976), parfait
démarquage de Vertigo dont la structure scénaristique est fidèlement reprise
: un homme aime une femme, la perd dans des circonstances tragiques, la
retrouve quelques années plus tard pour s’apercevoir qu’il a été le jouet
d’une machination. Le rythme lent, l’athmosphère oppressante doivent
beaucoup à la musique omniprésente de Bernard Hermann, compositeur
attitré d’Hitchcock, qui disait à la fin de sa vie considérer sa partition pour
Obsession comme sa plus grande réussite.
Dressed to Kill (Pulsions) (1980) marque un dépassement dans le rapport au maître: Si Obsession reflétait respect et admiration, Pulsions sera le
film de la transgression. En se concentrant sur certaines scènes clés du cinéma d’Hitchkock (la scène du musée de Vertigo, la scène de la douche de
Psycho, plus quelques autres) qu’il va mêler les unes aux autres, De Palma
reconstruit un puzzle qui n’appartient qu’à lui. 20 ans ont passé depuis
Psycho : L’implicite sexuel hitchkockien cède la place à un explicite flirtant
avec la pornographie. Le trouble identitaire homme/femme de l’assassin
devient plus inquiétant. Certains plans à coups de miroirs, de vitres et d’écrans esquissent un dispositif panoptique typique de ce que De Palma développera par la suite en particulier dans Snake Eyes. Avec le personnage de
Peter, petit génie de la technologie menant son enquête avec les moyens du
cinéma (mise sur écoute du commissariat, filmage en super 8 des clients du
docteur Elliott), on assiste à une première incarnation d’un cinéaste à l’intérieur de la fiction.
Cinéma politique
Blow out (1981) est l’occasion pour De Palma de faire un film où la
politique est inscrite. Il mêle deux référents, l’assassinat du Président
Kennedy et l’affaire de Chappaquidick (le sénateur Ted Kennedy fut responsable d’un accident de voiture qui coûta la vie à l’une de ses collaboratrices
et ne se rendra à la police que quelques jours après le drame, provoquant une
vague de suspicion). Un des plus beaux De Palma, une parabole de la tentative de mise au jour des secrets de la politique par les moyens du
cinéma à travers le personnage joué par Travolta, autre double de De
Palma. Blow Out forme une espèce de trilogie avec le Blow Up
d’Antonioni (1966) et Conversation secrète de Coppola (1974).
Body Double (1984) poursuit la méditation sur les apparences
et le travestissement. Plaçant son héros, Scully, un acteur raté jouant
les doublures dans d’improbables films de vampires, dans la situation de voyeurisme du héros de Vertigo et de Fenêtre sur cour (joué
dans les deux cas par James Stewart), De Palma livre une version
qu’il décrit comme cheap des deux films. Là encore, grand film sur
le cinéma, un adieu aussi à un cinéma hollywoodien révolu où des
passions fortes habitaient les héros.
Carlito’s Way (1993) ou vie et mort de Carlito Brigante (Al
Pacino) et de son avocat véreux (Sean Penn). Des scènes grandioses (la fin dans Grand Central station) pour ce film de gangsters.
Redacted (2007) est peut-être LE film sur la guerre en Irak et
sa médiatisation. Les leçons du Viet-Nam (guerre perdue à la télé-
u
a
l
i
t
é
c i n é m a
serguei paradjanov enfin en dvd
Poésie visuelle
Dans la palette des réalisateurs soviétique révélés durant les années 60, le
premier nom qui vient à l'esprit est bien sûr celui d'Andrei Tarkovski, dont la
carrière est jalonnée d'œuvres majeures du septième art. Mais un autre
metteur en scène de cette génération a tout autant marqué l'histoire du
cinéma : Serguei Paradjanov, né à Tbilissi en 1924 et mort à Erevan en 1990.
«Carlito’sWay», 1993
vision) ayant été retenues, la réalité des guerres ultérieures a été totalement censurée. C’est contre cette
censure que De Palma s’insurge en racontant le quotidien de cinq soldats d’une compagnie affectée à un
check-point. Chaque voiture est une menace potentielle, la mort peut survenir à chaque instant, la peur,
la pression sont constantes. Qu’une mine explose et
la vengeance s’abat sur les civils dans l’horreur la
plus totale. Tous les types d’images numériques sont
convoqués pour des points de vue multipliés : il y a
les images du soldat Salazar tenant son journal de
guerre caméra au poing et informations de cadre
inscrites à l’écran; celles d’un étrange reportage télé
d’une équipe française; celles des journalistes
embarqués, embedded, payés pour montrer ce qu’on
leur dit de montrer; celles de la chaîne arabe A TV
(pour Al Jazeera), ses flashs spéciaux, ses témoignages de victimes; celles des caméras de surveillance;
celles des blogs d’épouses de soldats; celles des
sites islamistes; celles des videos sur YouTube, celles des communications via Skype. De Palma pose
comme personne avant lui la question des effets de
cette multiplicité des supports numériques. Les images de la guerre peuvent-elles encore être contrôlées
quand chaque soldat, chaque protagoniste, peuvent
produire des images à l’heure des portables ?
Redacted est un grand film sur un sujet majeur
somme toute très peu traité au cinéma.
Christian Bernard
a
c
t
u
Sa trajectoire, tout comme celle de son
compatriote Tarkovski, a été passablement tourmentée, pour d'évidentes raisons d’anticonformisme esthétique et de déviance idéologique
face à la norme artistique soviétique. Plusieurs
années de prison parsèmeront ainsi la vie de ce
créateur hors-normes, qui verra son travail systématiquement censuré. Malgré toutes ces difficultés et en dépit de nombreux projets avortés,
Serguei Paradjanov a pu réaliser plusieurs films,
dont les 4 principaux sortent enfin en DVD aux
éditions Montparnasse dans un beau coffret,
enrichi de nombreux bonus (courts-métrages et
documentaires).
Les Chevaux de feu, qui date de 1965, est
non seulement l'œuvre la plus célèbre de son
auteur, mais également celle qui a contribué à
révéler Paradjanov au public occidental. C'est
aussi le premier de ses longs métrages où il peut
travailler de manière totalement indépendante.
L'histoire, c'est celle d'une passion éternelle, que
même la mort ne peut arrêter et où se reflètent de
nombreux amours mythiques, de Roméo et
Juliette à Orphée et Eurydice. Sur ce récit qui lorgne constamment du côté du rêve et du fantastique vient se calquer un travail magistral de mise
en scène, traversé d'un grand souffle de liberté; la
caméra, dans un rythme haletant, traverse l'espace en tous sens, entre travellings et contre-plongées, dans un esprit ardemment baroque et
furieux. L'aspect plastique des Chevaux de feu est
tout aussi hallucinant, qu'il s'agisse des tons
outrés qui parsèment le film, du passage de la
couleur à un noir-blanc morbide, ou encore de la
capacité du cinéaste à élaborer un regard poétique au détour d'un visage ou d'un paysage. De
plus, en situant l'action dans les Carpates, parmi
les Goutzouls au riche folklore, Paradjanov révèle sa fascination pour les traditions ancestrales et
intègre à son œuvre de multiples motifs de la vie
quotidienne (cérémonies et chants envoûtants) et
de la culture de ce peuple.
Sayat Nova (La Couleur de la grenade,
1968) est lui aussi totalement fascinant, et peut-
a
l
i
t
être encore plus novateur. Paradjanov choisit en
effet d’évoquer la vie et de l’œuvre du grand
poète arménien du XVIIIème siècle SayatNova, via une suite de ce qu’on peut appeler,
faute de mieux, des tableaux vivants poétiques.
Ces plans fixes frontaux, où la profondeur de
champ est réduite au minimum et qui sont souvent sans paroles, évoquent les moments clés de
la vie du poète, mais s’ils contiennent parfois
des personnages, la caméra peut aussi se
concentrer sur des objets, des calligraphies, des
symboles. Surgissent alors sous les yeux du
spectateur des sortes de natures mortes enchantées, à la fois surréalistes et profondément
ancrées dans l’Arménie de l’époque.
La légende de la forteresse de Souram
(1984) marque brillamment le retour de
Paradjanov à la réalisation après quinze ans d'inaction forcée et plusieurs années de prison. On
y retrouve son intérêt pour les légendes, ici celles de la Géorgie médiévale, entre événements
fantastiques et parcours initiatique, entre malédiction et dialogue entre les cultures. La mise
en scène est toujours aussi libre et inventive
dans cette évocation d’une forteresse qui ne
cesse de s’écrouler au moment où sa construction est achevée.
Enfin, Achik Kérib (1988) prolonge cette
veine moyenâgeuse, puisque le film évoque,
dans l'esprit de la chanson de geste, l'histoire
éternelle d'un poète pauvre et amoureux d'une
belle jeune fille, dont le riche père s'oppose au
mariage. Paradjanov tient ici la gageure d'organiser son récit non seulement dans l'esprit de la
fable, du conte, mais également de rendre
visuellement, dans toute sa littéralité, cet univers merveilleux. Ainsi, sans effets de distanciation, se retrouve-t-on face à un cheval volant ou
à d'autres figures pittoresques de l'Orient, dans
un mélange de naïveté feinte et de confiance
dans la puissance poétique des images.
Laurent Darbellay
Paradjanov (Coffret 4 DVD), Editions Montparnasse,
versions originales sous-titrées français.
é
9
c i n é m a
lausanne underground film festival
LUFF
Cinéma Bis, série B, films X, série Z, nanars… Depuis
quelques années, le LUFF occupe une case de la cinéphilie
romande jamais explorée : le cinéma expérimental,
c'est-à-dire, celui des essais cinématographiques, celui des
métrages tournés par ceux qui tentent, osent,
expérimentent, et s'amusent aussi.
10
Et, en 12 éditions, le petit festival a su trouver une crédibilité qui lui a
valu jadis le soutien de l'Office Fédéral de la Culture, et lui vaut toujours la
collaboration de la Cinémathèque Suisse et celle, occasionnelle, de la
Section Cinéma de l'UNIL et de l'ECAL. L'an dernier, l'avenir du LUFF a
été fragilisé par l'interdiction de la part de la municipalité lausannoise et de
la police de faire venir le groupe anarcho-punk gaélique Oi Polloi, sous prétexte de prévenir un trouble à l'ordre public - quand bien même ce groupe
est accueilli dans les pays voisins. Fort de cette injonction qui va à l'encontre même des principes de la liberté d'expression qui fondent et légitiment le
festival underground, le LUFF avait failli claquer les portes de Montbenon
pour entrer dans une dissidente clandestinité. Après une grosse beuglée, l'amour de l'exhibition a finalement prévalu, et le LUFF propose une programmation 2013 dans ses lieux habituels. Elle vaut le coup de projecteur !
Pour vivre heureux, vivons cachés, et mangeons des sushis. Katsu
Kanai demeure encore un inconnu, mais il n'est pourtant pas tombé de la
dernière pluie. «Ses films sont géniaux», s'enthousiasme Julien Bodivit,
responsable de la programmation cinéma du LUFF. «Avec son style japonais, surréaliste, comparable à Shuji Terayama, mais en plus cru, Katsu
Kanai n'a jamais fait de concession : c'est un marginal qui, non seulement
produit en toute indépendance, mais encore distribue ses films lui-même.»
Ce qui explique peut-être qu'il n'est pas très connu. Il ne fait même pas partie de l'association des cinéastes japonais indépendants. L'autre raison de sa
discrétion est politique : «Ses films mettent le doigt sur les plaies nippones:
les origines historiques coréennes du Japon, un tabou aujourd'hui encore
pour qui connaît le racisme dont sont capables les Japonais envers leurs voisins coréens», explique Julien Bodivit. Le LUFF présente l'intégralité de ses
six films, tournés entre 1969 et 2007.
Les surprises !
Shocking ! Le LUFF 2013 programme un film pour enfants. Les 5000
Doigts du Dr T (1953) de Roy Rowland ont des accents timburtoniens puisqu'adaptés du Dr Seuss. Alors, hérétique, le LUFF ? Que nenni, puisque ce
classique fait partie d'une carte blanche accordée à l'Américain Jello Biafra,
ex-chanteur du groupe punk Dead Kennedys, militant écologiste du
Greenparty, qui est tout de même arrivé 4e aux municipales pour la mairie
de San Francisco en 1979. Oxymore ambulant (Jell-O et le Biafra), le militant promet d'autres coups d'éclat.
Autre surprise, le film d'ouverture, bien que projeté en première suisse,
date de 1995 ! Son réalisateur, Sion Suno, vient en effet d'en terminer le
montage. Julien Bodivit commente : «Bad film a été tourné à l'arrache,
dans un style guérilla, en totale indépendance, à la limite de l'illégalité
puisque filmé sans autorisation. L'ironie c'est que l'auteur du mythique
a
c
t
«The 5,000 Fingers of Dr. T.»
Suicide Club (2002) se trouve, depuis, invité dans les grands festivals du
film (Cannes, Venise…)». Le film de clôture, lui, est un thriller historico-fantastique signé du Britannique Ben Wheatley. A Field in England raconte
comment un alchimiste teste ses champignons hallucinogènes sur des déserteurs durant la première Révolution anglaise. «A son propos aussi, nous
dénonçons le primat de l'hypocrisie de la logique commerciale sur la reconnaissance du talent artistique», continue le directeur du LUFF. «Son film
Les Touristes (2012) a été projeté dans les cinémas Pathé parce que c'est
une comédie tout public, alors que son dernier film ne le sera vraisemblablement pas.» Une chance donc de le voir au festival.
Hormis ces événements, le LUFF permet aussi de (re)découvrir les
œuvres des cinéastes et plasticiens disparus Walerian Borowczyk (Polonais,
collaborateur de Chris Marker) et Marcel Broodthaers (poète belge, admirateur de Magritte et Mallarmé), ou d'admirer celles du touche-à-tout français
F.J. Ossang (chanteur, écrivain, cinéaste influencé par Burroughs,
Lautréamont, Céline ou Artaud). Le cinéaste sud-africain Richard Stanley
(Hardware; Le Souffle du démon) revient pour présenter un documentaire et
l'acteur Christophe Bier (complice de Mocky) accompagnera une nuit cinéphage inédite où seront projetées des productions de l'Eurociné, équivalente
de la Hammer en France dans les années 60.
Frank Dayen
LUFF, du 16 au 20 octobre, Casino de Montbenon et Cinémathèque Suisse; www.luff.ch
La 5e édition du Festival Lumière se déroule à
Lyon du 14 au 20 octobre 2013
Avec cent films projetés dans une quarantaine de salles de cinéma et de
spectacle du Grand Lyon en 250 séances, des copies neuves ou restaurées, le
festival Lumière célèbre le cinéma en tant que patrimoine. Au rayon rétrospectives, les cinéphiles auront le choix entre Ingmar Bergman (14 films restaurés), le cinéaste américain Hal Ashby à qui l'on doit des films comme Harold
et Maude et Le Retour, Henri Verneuil (ses films en noir et blanc des années
1951 à 1964, parmi lesquels La Table-aux-Crevés et Mélodie en sous-sol). Des
hommages seront rendus à Germaine Dulac, Christine Pascal, Lino Brocka et
Charles Vanel. Le prix Lumière sera remis le 18 octobre à Quentin Tarantino,
qui succède ainsi à Clint Eastwood, Milos Forman, Gérard Depardieu et Ken
Loach. Grand ciné-concert mercredi 16 octobre avec un film muet d'Alfred
Hitchcock Blackmail (1929) - embryon de l’œuvre à venir - avec l'Orchestre
national de Lyon dirigé par Leonard Slatkin. Copie restaurée par le British
Film Institute. Musique de Neil Brand (composée en 2008 et inédite en
France) orchestrée par Timothy Brock. Enfin, pour la première fois, le Festival
Lumière accueillera un marché du film classique qui regroupera des professionnels venus du monde entier dans le but de dynamiser et de faciliter les
échanges autour du cinéma de répertoire.
Christian Bernard
u
a
l
i
t
é
Théâtre musical
Théâtre musical
Marrons et Châtaignes
Le Triomphe de l’amour
Cie Nid de Coucou
Marivaux – Galin Stoev
15 oct. à 18h et 16 oct. à 16h
29 et 30 oct. à 20h30
Musique
Musique
Les Rives
Abd Al Malik
Titi Robin
L’ Art et la Révolte
18 oct. à 20h30
Librement inspiré d’Albert Camus
6 nov. à 20h30
forum-meyrin.ch / Théâtre Forum Meyrin, Place des Cinq-Continents 1, 1217 Meyrin
Billetterie + 41 22 989 34 34 du lu au ve de 14h à 18h
Photo © Serge Picard
Service culturel Migros Genève / Stand Info Balexert / Migros Nyon-La Combe
c i n é m a
Berger) qui évoquent l’accession douce-amère à
l’âge adulte et la mélancolie des amours ratées, et
par de subtils échos formels (au mépris de tout
réalisme, l’héroïne se dédouble pour s’observer
au moment de la perte de sa virginité, dédoublement qui sera repris dans différentes scènes « au
miroir »), Ozon réussit à dessiner le portrait
d’une adolescente d’aujourd’hui en préservant
son mystère. Aidé en cela par son actrice Marine
Vacth (une véritable révélation) qui garde son
opacité sans jamais n’être qu’une surface
« vide » et qui fascine par la vie intérieure qu’on
sent vibrer en elle. Aidé aussi par les autres
comédiens qui tous, même le jeune frère, « sonnent juste ». Il réussit enfin, et ce n’est pas rien,
à capter l’attention de son spectateur au long
d’une histoire sans dramaturgie forte, sans
suspense, sans retournements spectaculaires,
toute en suggestions sur le savoir acquis de son
héroïne et sur sa possible identité enfin trouvée…
Les films du mois
Serge Lachat
12
ELLE S’EN VA
«Jeune & Jolie» © Filmcoopi
JEUNE & JOLIE
de François Ozon, avec Marine Vacth,
Géraldine Pailhas, Charlotte Rampling,
Frédéric Pierrot… (F, 2012)
Le film, qui court sur les 4 saisons, commence en été : sur la plage, une jeune fille en
fleur, observée à la jumelle par son jeune frère,
rêve justement de la perdre, sa fleur. Et tout le
monde semble l’y encourager : son frère, sa
mère, son beau-père tous unanimement poussent
Isabelle à inviter un jeune Allemand rencontré
sur la plage. Il fera l’affaire pour qu’elle devienne femme, mais sa maladresse et/ou cette approbation familiale font qu’Isabelle le condamne
rapidement à quitter la scène.
Mais, comme le dit le dernier vers du poème
de Rimbaud Roman qu’elle étudie en classe,
« sur vos lèvres alors meurent les cavatines » :
après l’effervescence estivale des possibles, la
tristesse automnale s’installe. Apparemment
déçue du peu de changement qu’apporte dans sa
vie cette découverte de la sexualité et de son pouvoir de séduction, Isabelle, en fille d’aujourd’hui,
va chercher sur internet une réponse à son vague
à l’âme. Cette réponse prend la forme de passes
qu’elle fait après ses cours. D’évidence, elle ne
se prostitue pas pour de l’argent, ni pour le plaisir. On n’est pas non plus dans la provocation de
Belle de Jour de Bunuel, à peine sur le terrain de
a
l’interdit ! Une des qualités du film d’Ozon est
de nous laisser imaginer les mobiles de la jeune
fille sans nous donner de réponse : rien ne semble vraiment « toucher » Isabelle sinon peut-être
(mais si peu) l’intérêt que lui témoigne un de ses
clients. Le film prend un tournant plus dramatique en hiver, lorsque ce client âgé décède pendant l’amour : Isabelle est alors contrainte de sortir de sa clandestinité, la police voulant s’assurer
que, mineure, elle n’est en main de personne et se
prostitue de son plein gré. On devine le remueménage et les questionnements qui fusent dans la
famille, le désarroi de la mère. Mais tous les
appels à s’expliquer demeurent lettre morte. Ni
les proches, ni le psy ne feront vraiment sortir
Isabelle de son opacité. Au printemps, le dernier
mouvement du film suggère une tentative de
retour à une vie « normale », mais celle-ci se
révèle toujours aussi insatisfaisante : une vague
histoire d’amour avec un étudiant de son âge ne
réussit qu’à la ramener à internet. Avec pour surprise finale un rendez-vous avec la femme du
client défunt, véritable « punctum » du film.
La première réussite du film d’Ozon, c’est
d’avoir évité non seulement le côté scabreux du
sujet, mais aussi le film « à thèse », le sujet de
société. Loin de toute « sociologisation » et de
toute psychologisation, au gré d’un travail d’épure et de mise en scène de rituels, jouant sur l’identification et la distance avec des chansons de
Françoise Hardy (dont deux écrites par Michel
c
t
u
a
d’Emmanuelle Bercot, avec Catherine Deneuve,
Claude Gensac, Camille, Mylène Demongeot…
(France, 2013)
Curieuse impression que donne ce film divisé en 2 parties fort différentes. Dans la première,
Bettie (Catherine Deneuve), qui tient avec sa
mère un restaurant dans le nord de la France,
apprend que son amant est parti avec une femme
beaucoup plus jeune à laquelle il a fait un enfant.
Sous le choc, Bettie quitte le service pour aller
chercher des cigarettes, dit-elle. Mais de nos
jours, avec les campagnes anti-tabac, chercher
des cigarettes peut devenir une expédition qui
vous entraîne loin de chez vous.
Cette première partie du film est de loin la
plus intéressante : elle nous entraîne dans la
France profonde, dans des lieux rarement filmés
par le cinéma français (cafétéria glauque, discothèque ringarde, zones péri-urbaines,…).
Comme dans un road-movie (« on se croirait en
Amérique », dit Bettie) elle croise un vieux aux
doigts déformés par l’arthrite qui met un temps
fou à lui rouler une cigarette (ce qui lui permet de
raconter qu’il ne s’est jamais marié à cause de la
promesse faite à sa fiancée mourante), un jeune
séducteur de banlieue qui la saoule avant de lui
faire l’amour en pensant à la beauté qu’elle
devait être plus jeune comme il le lui avoue cruellement le lendemain ! Et la cinéaste prend son
temps, fait fi des canons de l’efficacité dramaturgique, ce qui donne au film un rythme et un ton
l
i
t
é
c i n é m a
originals. Malheureusement, cette touche personnelle disparaît dans la deuxième partie, dès le
moment où sa fille Muriel qui vient de trouver un
travail loin de son domicile demande à Bettie
(avec laquelle elle a des rapports difficiles pour
le moins) d’amener son petit-fils à son grandpère paternel. Se succèdent alors des scènes au
goût de déjà-vu où le garçon et sa grand-mère
s’apprivoisent réciproquement, avant « la scène à
faire » : Bettie participe à une séance photo qui,
pour une pub, réunit les « Miss France » de la fin
du siècle passé. Scène complètement ratée :
« sur-dialoguée », elle aligne tous les clichés sur
la façon dont chacune a vieilli, le tout dans un
stress qui sonne faux, mais qui provoque un malaise de Bettie. Grosse ficelle scénaristique :
celle-ci se retrouve à l’hôpital soignée par un
médecin rogue qui se révèle être le grand-père
paternel ! A partir de là, comme dans un mauvais
Sautet, tout le monde se retrouve dans une
magnifique maison de campagne où, après
quelques règlements de comptes hystériques filmés comme dans un téléfilm du dimanche soir, la
cinéaste tombe dans les bons sentiments et la guimauve d’une réconciliation générale qui me laisse pantois. Comme de plus sa direction d’acteurs
(souvent amateurs) laisse à désirer, même la présence de Catherine Deneuve dans presque
chaque plan ne parvient pas à empêcher le naufrage !
Serge Lachat
BLUE JASMINE
de Woody Allen. Avec Cate Blanchett, Alec
Baldwin, Sally Hawkins, Bobby Cannavale,
Andrew Dice Clay, Louis C.K., Peter Sarsgaard.
Comme un diamant bleu clair percé par saccades, le nouveau film de Woody Allen, Blue
Jasmine, brille d'une lumière noire, mélancolique, cruelle, comme une Amérique contemporaine traumatisée et désabusée. Le parfum (l'évocation du titre) devrait être doux, il tourne à l'aigre. Le film dresse le portrait de Jasmine, sa vie
de luxe à New-York auprès de Hal, un financier
véreux, et la chute de celui-ci: l'homme finit
(mal) en prison (l'affaire Madoff n'est pas loin),
sa femme sans le sou, avec une vie à reconsidérer. Jasmine part alors rejoindre sa sœur Ginger à
San Francisco: début d'un recommencement possible... Blue Jasmine comme titre, donne un ton
et la couleur. L'évocation d'abord du standard
Blue Moon, motif récurrent du film, souvenir
musical de la première rencontre avec Hal,
comme un rêve, un passé que l'on voudrait toujours présent: Jasmine se souviendra. Il y a le jas-
a
c
t
u
min justement comme
une délicatesse, une
fragrance des plus
subtile, mais ici
comme un parfum qui
s'évapore, auquel on
est attaché. Le blanc,
le bleu du ciel, l'azur.
Un avion au-dessus
des nuages (c'est le
début du film),
«Blue Jasmine» © Frenetic films
comme dans un conte,
et Jasmine redescend sur terre (au deux sens du comme un même personnage envisagé sous d'auterme) pour retrouver Ginger sur la côte Ouest tres coutures. Alice vivait le même luxe que
des Etats-Unis. En logorrhée ininterrompue, elle Jasmine mais recherchait un moyen de servir à
parle sans écouter, raconte sa vie sans que per- quelque chose, de se révéler à elle-même. Ici
sonne ne le lui demande, elle parle encore, des Jasmine ne peut concevoir autre chose que le
mots pour combler un manque. La performance monde qui est le sien. Jasmine, incapable à n'être
de Cate Blanchett est de ce point de vue stupé- rien d'autre que ses propres rêves. Le film crée
fiante. Elle est allénienne en diable (elle a le ryth- par des interstices comme des piqûres de rappels
me, le phrasé) mais ne tombe jamais dans la cari- de sa vie d'alors avec Hal, des flashbacks, parfaicature. Il faut observer son visage, faire cette tement amenés (par analogie, opposition ou par
expérience, observer ses mouvances, ses abîmes, un vocable), mais qui ne sont que des flèches vioses expressions, ses moments de bonheur, son lentes, des béances par saccades: souvenirs doux
désenchantement jusqu'à ce regard de fin, inou- amers au présent de Jasmine. Son regard final est
bliable. Un personnage à la fois élégant et pathé- las, triste, presque inconsidéré, sidérée par sa
tique, aimable et si retenu à sa seule personne que nouvelle vie qu'il faudra mener. Elle continue de
rien ne peut pour elle. On retrouve ici ce que parler, situation identique à la scène initiale, elle
Judy Davis (dans Husbands and Wives particuliè- semble abattue. Elle fixe hors champ, dans le
rement) pouvait apporter de mieux au cinéma de bleu, loin devant elle. Son visage est boursouflé,
Woody Allen: un monde entre névrose et drôle- ses yeux rougis, le rimel a coulé. La révolution
rie. Une énergie nécessaire à l'univers du cinéas- (de Jasmine) viendra peut-être, mais seulement
te pour que le film tienne pleinement. Ce décala- plus tard.
François Zanetta
ge du corps au sein d'une situation inattendue: ça
balance pas mal et tout à coup les choses de la vie
font que le corps a ses manques: c'est le vacille- THE BROKEN CIRCLE
ment, le vertige! Cate Blanchett réussit à mer- (Alabama Monroe) de Felix van Groeningen,
veille ce frôlement entre sa maîtrise des événe- avec Veerle Baetens, Johan Heldenbergh, Nell
ments et la chute si proche, si humaine et de ce Cattrysse… (B, 2012)
fait, on le sait maintenant, si drôle. Le monde est
Première bonne raison de parler de ce film :
double, il se conjugue. Woody Allen décrit justeil
peut
aussi bien provoquer une réaction de rejet
ment deux mondes, celui de Ginger (formidable
que
fasciner
son spectateur.
Sally Hawkins, de légèreté et de fantaisie), le San
Une
autre
bonne raison de parler de ce film
Francisco coloré, oscillant dans sa géographie et
tient
à
son
origine
: les films belges sont plutôt
dans ses intérieurs de guingois, qui contrastent
rares
à
parvenir
jusqu’à
nos salles, les films belavec le New-York bien ordré et tenu. Jasmine,
ges
flamingants
encore
plus
rares ! Et rares sont
née Janet, préfère l'élégance de son prénom de
ceux
auxquels
le
nom
de
van
Groeningen dira
substitution, et sa sœur d'adoption Ginger, plus
quelque
chose
parce
qu’ils
auront vu La
direct, assumant sa vie et se réjouissant de ces
Merditude
des
Choses
(2009)
qui
avait réussi à
retrouvailles avec sa sœur: la blonde et la brune,
sortir
des
frontières
belges.
deux destins. Le jeu du hasard de nos vies restent
Le film qui arrive sur nos écrans est tiré
toujours au cœur des projets de Woody Allen et
d’une
pièce de théâtre : The Broken Circle
de la manière d'assumer nos destins. Tout est là
Breakdown
qui a connu un énorme succès en
dans ce film si bien dessiné et si drôle aussi par
Belgique
flamande
et aux Pays-Bas et a séduit
ses dialogues et ses situations. On pense égalevan
Groeningen
qui
a absolument voulu l’adapment à Alice (Mia Farrow en rôle-titre), mais
a
l
i
t
é
13
c i n é m a
ter. Une pièce écrite par Johan Heldenbergh, l’acteur qui joue Didier, le protagoniste de l’histoire,
et qui a laissé toute liberté au cinéaste pour son
adaptation. Le film, comme la pièce, raconte
l’histoire d’amour de Didier, un marginal fou
d’Amérique et qui joue du banjo dans un groupe
de bluegrass, une branche de la musique country,
et d’Elise qui tient un petit salon de tatoueuse.
Emportée par la passion de Didier, Elise finit par
chanter dans le groupe de bluegrass. Une fille,
Maybelle, les comble de bonheur, mais on lui
découvre un cancer à l’âge de 6 ans.
A partir de là, le film ne va rien épargner
aux spectateurs, ni les visites médicales, ni les
rémissions, ni les rechutes, ni la mort de la petite. Van Groeningen prend son spectateur aux tripes et le laisse littéralement « vidé » au terme
d’un brassage temporel qui sans cesse fait passer
plus, mes goûts musicaux ne me portent pas vers
la musique country qui elle aussi déborde de sentimentalité. Mais curieusement, dans ses excès
mêmes, dans son manque de retenue, dans son
refus de l’ellipse, dans sa volonté de tout montrer
et de tout près (ah ! ces incessants gros-plans sur
les visages pour y capter douleur ou joie, sur les
corps pour en montrer les transes, ces incessants
mouvements de caméra…), dans son acharnement à travailler au premier degré dans l’émotion
sans limites, le cinéaste m’a emporté parce que
son film gagne une sorte de sincérité, d’authenticité rare. Il faut dire qu’il est aidé par des comédiens exceptionnels et par une musique (elle
aussi surabondante) à l’énergie et au rythme irrésistibles et par des chansons qui semblent être
nées des circonstances dramatiques qui ponctuent le film.
Serge Lachat
14
«The Broken Circle» © Filmcoopi
des moments de bonheur aux moments de douleur extrême. Pire, non content de décrire sans
retenue l’évolution de la maladie et la mort de
l’enfant dans la première grande partie du film,
le cinéaste, dans la deuxième partie, nous
confronte aux déchirements du couple qui ne survit pas à cette mort : Elise cherche une consolation dans une sorte de mysticisme qui lui fait
croire à la réincarnation de sa fille en oiseau, ce
que Didier condamne absolument, figé dans un
rationalisme intolérant. Pire, ils se renvoient la
responsabilité de la mort de Maybelle et Elise
décide de partir.
Mélodrame donc, ou plutôt, comme le dit le
réalisateur lui-même, « montagnes russes émotionelles ». Il y a fort longtemps que je n’avais
pas été soumis à un tel traitement. Or, a priori,
j’ai horreur du cinéma qui ne recule devant rien
pour faire pleurer son spectateur (il est facile de
faire pleurer avec la mort d’une petite fille). De
a
THE BUTLER/
(Le Majordome) de Lee Daniels, avec Forest
Whitaker, Oprah Winfrey,… (USA, 2013)
A l’évidence, ce film répond à une commande à l’occasion de la commémoration des 50 ans
du « I have a dream » de Martin Luther King, et
son ambition est de raconter les progrès accomplis dans l’égalité des droits entre les races aux
Etats-Unis des années 50 à aujourd’hui avec
Barack Obama comme président.
Pour ce faire, le scénario s’inspire librement
de la vraie vie d’Eugen Allen : le film raconte
l’histoire d’un Noir depuis le moment où il voit
son père tué d’une balle dans la tête parce qu’il
proteste lorsque sa femme est violée par le propriétaire de la plantation de coton jusqu’à sa
retraite après de nombreuses années passées
comme majordome à la Maison-Blanche où il
c
t
u
a
aura servi pas moins de 7 présidents !
On mesure que même pour un film de plus
de 2h15 il est impossible de faire autre chose que
de survoler l’Histoire et de ne rien montrer des
vrais enjeux politiques et économiques qui ont
permis l’évolution des droits des diverses communautés. Cela n’empêche pas le film de rencontrer un énorme succès aux Etats-Unis parce que
le cinéaste recourt aux recettes éprouvées : d’abord un casting d’enfer avec Forest Whitaker qui
joue le protagoniste, Oprah Winfrey sa femme,
Robin William, Eisenhower, John Cusak, Nixon,
Jane Fonda, Nancy Reagan, etc… Un habile grimage suffit à dessiner la silhouette de ces personnalités, mais on reste à la limite de la crédibilité
et aucun vrai travail d’acteur ne permet d’incarner vraiment ces personnages historiques.
Ensuite, autre recette éprouvée, le scénario
distribue dans la famille du protagoniste les différentes réactions de la communauté noire par
rapport à sa situation: le père, serviteur docile qui
s’efforce d’incarner le Noir rêvé par les Blancs ;
le fils aîné qui fait des études, d’abord entraîné
dans la mouvance pacifiste du pasteur King, puis
après l’assassinat de celui-ci et du président
Kennedy, dans celle des Black Panthers, avant de
se retrouver sénateur démocrate aujourd’hui ( !);
le fils cadet, aveuglément patriote qui s’engage
dans l’armée après avoir écouté Lyndon Johnson
et part au Vietnam où il est très vite tué…
On le comprend : l’Histoire dans ce film se
réduit à un jeu de figurines qui permet de faire se
succéder les étapes les plus connues sans aucune
analyse. Le progrès semble inscrit dans une
vision téléologique où la fin du film correspond
à la fin de l’Histoire puisque l’idéal égalitaire est
atteint aux Etats-Unis (modèle à imiter par le
monde entier) par la présence d’un Noir à la présidence. Même si la rumeur veut qu’Obama ait
pleuré à ce spectacle, les innombrables victimes
de la lutte pour l’égalité méritent mieux que cette
imagerie d’Epinal !
Serge Lachat
LES GRANDES ONDES
(A l’Ouest) de Lionel Baier, avec Valérie
Donzelli, Michel Vuillermoz, Patrick Lapp…
(CH, 2013)
Après avoir bien fait rire le public locarnais,
il y a de fortes chances pour que la comédie de
Lionel Baier déride la Suisse romande.
Par l’histoire racontée d’abord : le Directeur
de programmes de la Radio suisse romande
(Jean-Stéphane Bron !!!) se fait remettre à l’ordre par un Conseiller fédéral qui trouve que sa
l
i
t
é
c i n é m a
ter suisse auquel un obus
a fait perdre la mémoire
des mots sont écoutés
comme paroles d’évangile par les révolutionnaires), moments de
comédie musicale, de
road movie et de film de
charme ! C’est bien là
que réside la « Baier’s
touch » : traiter de sujets
sérieux sans se prendre
au sérieux. Car le sujet
«Les Grandes Ondes» © Pathé films
est grave : à l’heure où
radio parle trop de ce qui ne va pas et que le les printemps arabes se métamorphosent en scèpublic attend un regard « positif » sur la Suisse. nes de violence, le rappel de cette Révolution des
Décision est donc prise d’envoyer sur les ailes Œillets de 1974 permet d’évoquer plein de
encore prestigieuses de Swissair une jeune jour- croyances qui ont bercé nos jeunes années !
naliste « féministe qui en veut » (Valérie
Alors certes, le film est inégalement drôle,
Donzelli) et un vieux baroudeur blasé (Michel parfois bien rythmé, parfois moins bien, parfois
Vuillermoz) au Portugal où ils retrouveront un potache, parfois très pro. Il n’en reste pas moins
metteur en ondes qui est aussi le chauffeur du bus qu’il nous entraîne dans une vraie expérience de
VW (Patrick Lapp, oui, celui de la Radio, juste- cinéma. Et que derrière la comédie, il pointe du
ment !). Ce trio improbable doit rendre compte doigt la fin de pas mal de nos illusions, n’hésitant
des brillants résultats de la coopération helvé- pas à finir en rappelant la situation catastrotique. Catastrophe : comme aide à une école, la phique des pays du Sud dans une économie monSuisse n’a offert que son horloge ; une « cité dialisée et ultra-libérale. Où sont passées nos utoclefs-en-mains » est restée à l’état d’affiche et de pies de la fin du siècle dernier, demande avec
quelques fondations ; la station d’épuration des force Lionel Baier.
Serge Lachat
eaux permet surtout par métaphores les discours
racistes de son directeur ; enfin les robinets suisses offrent surtout la possibilité de mélanger eau GRIGRIS
froide et eau chaude, c’est-à-dire que la Suisse a de Mahamat-Saleh Harou, avec Souleymane
Démé, Anaïs Monory, Cyril Guei…
apporté l’eau tiède au Portugal !
(Tchad,France,
2013)
Déconfits par leurs trouvailles et en butte à
des rapports difficiles entre eux, les trois Suisses
Est-ce parce que, seul film africain
décident de rentrer au pays. C’est alors qu’ils
sélectionné
à Cannes cette année, il y a
apprennent par une équipe de la Radio belge
(avec Ursula Meier et Frédéric Mermoud en jour- trouvé un écho critique favorable, ou
nalistes, et Lionel Baier lui-même en techni- parce que, projeté en ouverture du
cien !!!) que la Révolution de Œillets vient d’é- Festival Cinémas d’Afrique, il a renconclater. Contre l’avis de leur hiérarchie, les trois tré son public, Grigris, le dernier film du
Suisses décident de couvrir l’événement, enga- cinéaste tchadien Mahmat-Saleh
gent comme interprète un jeune Portugais qui Haroun, a su trouver le chemin des
parle français parce qu’il est fou de Pagnol – dont écrans romands.
Grigris “happe” son spectateur dès
Baier nous rappelle qu’il est mort en 1974 justement - et découvrent comment la démocratie peut les premières images: dans les jeux de
naître dans la joie sous le regard bienveillant lumières d’une discothèque de
d’une armée acquise à cette cause. Et cette révo- N’Djamena, un homme fait un numéro
lution n’est pas qu’institutionnelle, elle boulever- de danse extraordinaire, joue avec son corps
se également les mœurs (on est en pleine libéra- complètement désarticulé, crée avec ses jambes
tion sexuelle). Ce vent de liberté contamine alors des mouvements jamais vus. Sa performance
non seulement les Portugais et les trois Suisses, plaît, on lui glisse quelques billets dans le col.
mais aussi le film qui se met à mêler images d’ar- Lorsqu’il s’en va, on découvre que le danseur est
chives (donc documentaires), moments surréalis- un handicapé qui a une jambe folle qui le
tes (lorsque les discours délirants du grand repor- contraint à un déhanchement monstrueux:
a
c
t
u
a
l
i
t
Grigris a fait de son handicap sa chance de briller
et d’accomplir son rêve de danseur. Comédie
musicale ou documentaire? Nous découvrons
que, le jour, Grigris exerce la profession de
photographe lorsque la belle Mimi vient lui
demander de la photographier pour un dossier
qu’elle veut envoyer à une agence de mannequins. Pour l’instant, elle est condamnée à la
prostitution… Séduction réciproque: le film
prend des allures de conte avec La Belle et la
Bête ou Quasimodo et Esméralda.
Mais le cinéaste change encore de registre et
passe au thriller: pour pouvoir payer l’hôpital à
son beau-père auquel il doit tout et qui souffre
d’un cancer des poumons, Grigris se fait engager
par un mafieux local qui donne dans le trafic et
la contrebande d’essence. Ayant prétendu qu’il
savait nager, Grigris, sur le point de se noyer, fait
échouer une expédition partie siphonner un
pétrolier (une des scènes les plus réussies du
film, de nuit, avec un collier de bidons jaunes qui
flottent sur une eau noire…). Pardonné par un
boss paternaliste qui veut l’empêcher de fréquenter une prostituée, Grigris le trahit: voulant à tout
prix aider son beau-père, il vend une cargaison
d’essence. S’engage alors une course-poursuite
qui se termine “à l’africaine” dans un village de
la brousse… Inégal dans sa facture et dans son
rythme, pas toujours vraisemblable dans son
recours aux clichés (la pute au grand cœur, le triomphe du petit contre le grand méchant), le film
de Mahmat-Saleh Haroun, même s’il n’atteint
pas la force et la beauté de Daratt (2006) ou d’Un
Homme qui crie (2010), n’offre pas moins une
«Grisgris» © Moa Distribution
parabole pour dire l’Afrique aujourd’hui: continent meurtri, mais capable de transformer les
pires handicaps en atouts, obligé de ruser avec les
trafiquants de tous bords, toujours au bord de la
catastrophe, mais sauvé par les femmes…
Serge Lachat
é
15
m
u
s
i
ronald brautigam et l’ocg
Expérimentation
L'Orchestre de Chambre de Genève accueille, le
20 octobre prochain, un pianiste et un forte-pianiste
néerlandais, Ronald Brautigam.
Parler de Ronald Brautigam, c'est évoquer un personnage qui, avec
Beethoven, partage non seulement certains traits physiques, mais aussi un
sens sans compromis de la recherche et de l'exigence envers soi ! Avec sa
dégaine un peu écolo, il aime à rappeler dans ses interviews que la nature
l'attire autant qu'elle plaisait au musicien de Bonn: «Beethoven aimait
beaucoup effectuer de longues promenades dans la campagne autour de
Vienne. C'est la meilleure façon de trouver de l'inspiration. Cela n'ouvre
pas seulement vos poumons, mais aussi votre esprit.»
Parcours
16
Né à Amsterdam en 1954, il a entre autres étudié avec Rudolf Serkin.
Dans un journal allemand, le musicien a insisté sur cette influence : «Sa
façon d'aborder Mozart m'a marqué pour des années. Si j'ai pris de la distance par rapport à certains de ses principes, j'attache toujours une gran-
q
u
e
de importance à la clarté, la fidélité au texte».
L'artiste a développé une carrière placée sous le signe de la diversité
et de l'expérimentation. D'abord, son parcours a ressemblé à celui de beaucoup de ses confrères, talentueux comme lui. On l'a trouvé et on le retrouve encore aux côtés des plus grands : Charles Dutoit, Bernard Haitink,
Frans Brüggen, Christopher Hogwood, Ivan Fisher, Mark Wigglesworth ou
Roy Goodman... L'énumération donne le tournis ! Ronald Brautigam se
consacre aussi à la musique de chambre, par exemple avec la violoniste et
altiste néerlandaise Isabelle van Keulen. On leur doit une gravure du cycle
entier des opus pour piano et violon de Serge Prokofiev.
Le concertiste a publié de nombreux CD, chez la firme suédoise Bis.
Parmi les cinquante œuvres parues, il y a les concertos pour piano de
Mendelssohn, avec le Nieuw Sinfonietta Amsterdam, conduit par Lev
Markiz.
Retour vers le passé
La deuxième étape de ce parcours l'a vu devenir un spécialiste des
instruments d'époque. Les gravures des œuvres complètes de W. A. Mozart
et de J. Haydn sur forte-piano en témoignent. Depuis 2003, l'artiste a
entrepris l'enregistrement de l'intégrale des sonates de Beethoven, également sur forte-piano, avec l'étiquette BIS. Ces années passées sur ces
pages, projet bientôt à son terme, représentent un travail essentiel.
« La musique de Haydn, Mozart et Beethoven a toujours occupé une
place particulière dans mon répertoire, bien avant que je ne m'intéresse au
forte-piano. C'est durant les années 80 que le jeu des sonates de Mozart m'a
posé problème. J'avais bien une idée du résultat sonore, mais le résultat
final ne correspondait jamais. La musique résonnait trop fort, et
essayer de l'alléger aboutissait à quelques chose de trop poli, élégant, voire maniéré. Quand j'ai eu l'occasion de jouer sur un
instrument d'époque la solution m'est apparue évidente. La finesse dont je rêvais était là, mais aussi le sens du drame, de l'insolence et de l'excitation. Il n'y a pas l'écho ou l'ampleur d'un clavier
moderne, qui dans ce répertoire, peuvent biaiser le jeu. Ce moment
a été un tournant capital pour moi. Depuis je joue avec un piano
d'époque, pour une bonne part de mon répertoire », a-t-il expliqué
à un journaliste anglais.
A un autre interlocuteur, l'interprète a indiqué avoir mieux
pu trouver sa place : « Je trouve que le forte-piano ajoute une
autre dimension à la musique, sans compter qu'il y a déjà une
grande quantité d'enregistrements des oeuvres de ces deux compositeurs avec piano moderne sur le marché. Avec un instrument
d'époque, je peux les aborder avec un regard neuf. En musique,
rien n'est jamais définitif. Mais la vraie raison pour laquelle je
recommencerais, c'est sans doute parce que j'adore enregistrer;
c'est donc par pur plaisir égoïste ! »
Pierre Jaquet
20 octobre 2013 à 17 h au Victoria Hall
Orchestre de Chambre de Genève: Arie Van Beek, direction. Ronald
Brautigam, piano.
Maurice Ravel : Le Tombeau de Couperin / Francis Poulenc : Aubade,
Concerto chorégraphique pour piano & 18 instruments / Peter-Jan
Wagemans : Viderunt omnes / Arthur Honegger : Symphonie N°4 H. 191,
«Deliciae Basilienses»
Loc. : Espace Ville de Genève - Pont de la Machine, Grütli, Genève Tourisme,
Cité Seniors. Billetterie en ligne http://billetterie-culture.ville-ge.ch)
Ronald Brautigam © Marco Borggreve
a
c
t
u
a
l
i
t
é
m u s i q u e
concert de l’orchestre de chambre de lausanne
Leon Fleisher
Après la fin de mandat de Christian Zacharias, l’OCL s’offre une période
sabbatique, lors de laquelle de nombreux maestros prestigieux défileront
sur le podium. En octobre, Leon Fleisher, le pianiste “ressuscité“, est à
l'honneur.
son ancienne école. « S’acharner à trouver un
style particulier n’a pas pour moi d’autre effet
que celui de créer la distraction. Une distraction qui détourne le mélomane de l’essence de
la musique, l’éloigne de l’essentiel », expliquet-il dans un entretien. Pour définir le rôle d’un
interprète, il emploie souvent la métaphore d’un
guide de montagne conduisant son public « au
sommet d’une montagne tout en évitant précipices et difficultés ». Le but est de le faire profiter
de la vue, du paysage, et non pas de mettre en
valeur sa propre performance ou la difficulté du
chemin… C’est une argumentation que le
public comprendra sans difficulté; c’est surtout
la plus belle leçon que l'artiste ait retenue de son
maître Schnabel, et probablement aussi la clef
de sa longévité…
Avec OCL en octobre
Leon Fleisher
Né à San Francisco en 1928, Leon Fleisher
reçoit tout d'abord les rudiments du piano de la
main de sa mère. Il débute en public à l’âge de
8 ans et se produit avec le Philharmonique de
New York à 16, sous la baguette de Pierre
Monteux. Ce dernier ne cache pas son enthousiasme et voit en lui «la découverte pianistique
du siècle !» Bientôt, le jeune homme est pris
sous les ailes de Artur Schnabel : il acquiert le
droit de faire partie d'une lignée apparentée
musicalement aux grands Carl Czerny et
Theodor Leschetizky… Concertiste assidu, il
grave pour Columbia des intégrales devenues
des références : Brahms, Beethoven, Grieg,
Schumann… Il touche aussi à Rachmaninov et
à Franck.
Epreuve et passion
Soudainement, c'est le surmenage : une
sorte de crise de 40 ans précoce. Sa main droite, extenuée, refuse de se plier aux exigences
des doubles croches, trilles et autres accords…
Ce que les autres définiraient comme « une fin
de carrière tragique » devient, pour Leon
a
c
t
u
Fleisher, un défi. Il se recycle et devient le “pianiste d’une main“, explorateur du répertoire
pour la main gauche, tout en recherchant une
solution médicale pour ramener son autre main
à la vie. Le couronnement de ses efforts survient
au début du nouveau siècle; il célèbre sa résurrection avec un album au titre significatif, Two
hands, en 2004… (le documentaire que lui a
consacré Nathaniel Kahn a d'ailleurs été nominé
aux Oscars). La même année, il crée en première mondiale le Concerto pour la main gauche
(Klaviermusik) de Paul Hindemith, autrefois
rejeté (puis caché dans l’ombre) par Paul
Wittgenstein. Le musicien décrit son parcours
héroïque dans un livre intitulé My Nine Lives
(«mémoires de nombreuses carrières musicales»), rédigé à quatre mains avec une célèbre
critique musicale, Anne Midgette, et publié en
2010.
Personnalité et art
Malgré son grand âge, Leon Fleisher partage toujours sa vie entre le travail pédagogique
(parmi ses élèves, il y a Jonathan Biss et Hélène
Grimaud) et la direction. Il retrouve aussi
volontiers le clavier, surtout en galante compagnie, comme celle de son épouse Katherine,
jadis élève et devenue pianiste émérite également.
Les 28 et 29 octobre à Lausanne, à la tête
de l’OCL, Leon Fleisher créera la Symphonie de
chambre de Richard Dubugnon, compositeur
“en résidence“ de la phalange lausannoise, pour
cette saison. La suite du programme sera “on ne
peut plus classique“, avec la 2e de Beethoven et,
en cadeau, le double concerto de Mozart, en
famille à quatre mains !
Beata Zakes
OCL, 2e concert d’abonnement Salle Métropole, 28-29
octobre 2013 à 20h
Katherine Jacobson Fleisher (piano) Leon Fleischer
(direction et piano)
R. Dubugnon : Symphonie de chambre op. 63 (création
mondiale) / Mozart : Concerto pour deux pianos et
orchestre en fa majeur, K. 242 / Beethoven : Symphonie
n° 2 en ré majeur, op. 36
(Billetterie de l’OCL: Tél. 021/345.00.25)
En introduction, 45 minutes avant le concert, le musicologue Yaël Hêche présente quelques facettes de l’affiche du
soir (19h15).
Alors que ses nombreux pairs cherchent à
se distinguer par leur expression unique et individuelle, Leon Fleisher préfère rester fidèle à
a
l
i
t
é
17
m u s i q u e
au victoria hall, l’orchestre du festival de budapest et
Maria João Pires
On sait que les apparitions de la magnifique pianiste Maria João Pires ne
sont pas fréquentes. Bonne raison pour ne pas manquer le concert organisé
par le « Pour-cent culturel Migros » le 28 octobre au Victoria Hall à 20h.
Les Parisiens, - ou vous, si vous n’avez pu assister à sa performance
genevoise -, auront l’occasion de l’entendre le lendemain à la Salle Pleyel.
18
Elle interprétera dans les deux cas le
Concerto No 4 en sol majeur de
Beethoven, accompagnée par Ivan Fischer
à la tête de l’Orchestre du Festival de
Budapest, dont il est le fondateur et le
directeur musical. L’Orchestre, qui existe
depuis 1983, est considéré comme l’un
des meilleurs au monde et accompagnera
également la jeune, jolie et prometteuse
soprano Marysol Schalit dans l’air de
Mozart K.70, « A Berenice… Sol nascente ». La Bâloise enrichit son répertoire
depuis 2011 à Brême, interprétant notamment les figures mozartiennes de Pamina,
Despina et Ilia.
Discographie
Beethoven a toujours tenu un rôle
dans sa carrière. En 1970, elle a remporté le premier prix au concours international de Bruxelles célébrant le bicentenaire
de la naissance du compositeur. Cette
victoire lui a apporté de nombreux engagements en Europe d’abord, ailleurs
ensuite. Ses convictions l’ont plus tard
amenée à condamner l’esprit de compétition inséparable des concours en général
et incompatible avec la nature universelle
de la musique.
Son dernier disque sorti en février
2013 est réservé à deux sonates de
Schubert (Nos 16 et 21). Son dernier
enregistrement d’œuvres de Beethoven
date de 1999 (4 sonates)
Débuts
Il est intéressant de se souvenir des
débuts de la prestigieuse phalange hongroise. En effet Ivan Fischer n’a pas eu au
commencement la partie facile, compte
tenu du manque de soutien financier et de
la méfiance du régime communiste dans
le pays au moment de la fondation de l’orchestre. Mais son projet était clair : Il voulait créer une nouvelle formation dans
laquelle chaque musicien s’impliquerait
aussi personnellement par rapport à la
musique que les mem-bres d’un quatuor à
cordes, comme il l’explique dans une
interview d’Ivan Hewett en 2008. Ivan
Fischer dit aussi lutter par la diversité des
tâches et des responsabilités contre tout
risque de routine. On a donc hâte d’entendre, par cet ensemble exceptionnellement
motivé, la Symphonie No 8 en sol majeur
d’Antonin Dvorak qui constituera la seconde
partie de la soirée.
a
essentielle à la vie, à la survie même dans cette
société où les valeurs de l’éthique, la compassion, la conscience de soi, des autres, des injustices, ont disparu.
Elle a beaucoup agi au Portugal et au
Brésil, en faveur de l’introduction de la musique
dans l’éducation des enfants. Pour elle, la
musique est porteuse d’espoir car elle nous met
en contact avec l’univers et avec notre vérité
intime. Ecouter Maria João Pires, c’est se voir
offrir l’accès à un autre univers, meilleur.
Au Victoria Hall elle jouera sur un piano
moderne ; pourtant et bien qu’elle n’ait que peu
d’occasions de les pratiquer, elle préfère les
instruments d’époque. Le piano moderne a un
son séduisant : il est difficile, dit-elle, de
sublimer sa matérialité, de le transformer
en musique pure. Le pianoforte en revanche possède un son plutôt sec qui ne
séduit pas de prime abord. Ce qui prime,
c’est la connexion avec le chef, avec les
musiciens, avec soi-même et avec la
musique. Elle ne joue pas pour plaire au
public, elle ne vise pas l’effet.
Martine Duruz
28 octobre : Orchestre du Festival de Budapest,
dir. Iván Fischer, Maria João Pires, piano,
Marysol Schalit, soprano (Beethoven, Mozart,
Dvo ák). Victoria Hall à 20h (loc. SCM
022/319.61.11)
Maria João Pires © Luc Jennepin
Prestation
Mais revenons sur la prestation attendue de
Maria João Pires, pour rappeler en quoi la pianiste portugaise diffère de la plupart des grands
virtuoses actuels. Pour elle la musique est
c
t
u
a
l
i
t
é
m u s i q u e
Jazzmen, et les débuts du Cinéma dont la
musique est indissociable.
geneva camerata
Emmanuel Pahud
Il y a une grande différence de style
entre Piazzolla et Carter…
Il n’est plus nécessaire de présenter Emmanuel Pahud, natif de Genève et
flûte solo des Berliner Philharmoniker, un des plus grands flutistes de
notre époque. Nous l’avons rencontré à Lucerne, avant un concert
de la phalange berlinoise au Lucerne Festival.
Cet été, vous avez
interprété, au Festival de
Lucerne, les Fragments de
Wozzeck d’Alban Berg et le
Sacre du printemps de
Stravinski au sein des
Berliner
Philharmoniker.
Quelle œuvre préférez-vous,
laquelle est la plus exigeante,
le Sacre ?
Le 30 octobre on
pourra vous entendre à
Genève au Victoria Hall
avec la Camerata Geneva,
le nouvel orchestre de
David
Greilsammer.
Depuis quand le connaissez-vous et qu’allez-vous
jouer ?
E.P. : Quand on a la chance d’être membre des Berliner
Philharmoniker on aime tout ce
qu’on joue! Les deux œuvres ne
sont pas purement orchestrales :
le Sacre est un ballet et Wozzeck
un opéra. Ma préférence va à
Wozzeck parce que j’ai toujours
été fasciné par la voix,
d’ailleurs on dit que la flûte est
l’instrument le plus proche de la
voix humaine, il est vrai qu’on
le dit de plusieurs instruments...
J’ai eu l’occasion de jouer l’opéra en entier et je l’aime beaucoup. Contrairement à ce qu’il peut sembler
quand on l’écoute, le Sacre n’est pas difficile à
jouer! Cela a l’air compliqué, mais c’est simple
pour les instruments.
En octobre sortira votre dernier
album, Around the world, chez Warner classics. Il s’agit d’un duo flûte et guitare, avec le
guitariste Christian Rivet. Comment est née
cette collaboration ?
Christian Rivet est une personne très attachante.
Il est guitariste et compositeur, il écrit aussi des
poèmes. Nous avons une relation d’estime.
Nous nous sommes rencontrés au conservatoire
de Paris, et depuis cette époque nous avons toujours joué ensemble.
Dans ce nouvel album vous interprétez des œuvres de compositeurs très diffé-
e
n
t
Oui, nous voulons élargir les débats et montrer
que la musique contemporaine est facile à écouter. Nous avons aussi fait un grand travail sur le
booklet, nous proposons un album qui en plus
de plaire aux sens apporte aussi un plaisir intellectuel.
r
Emmanuel Pahud © Sheila Rock
rents, de Piazzolla à Elliott Carter en passant
par Bartók et Ravi Shankar. Comment avezvous fait ce choix ?
Ce choix est lié à notre sensibilité de musiciens,
les flûtes et les guitares font partie de toutes les
cultures dans le monde depuis le début de l’humanité, ce que nous voulons illustrer par ce programme. Pour ce faire, nous avons utilisé des
pièces originales pour ces deux instruments,
comme Piazzolla ou Shankar, et également certains arrangements existants ou d’autres qu
nous avons réalisés nous-même. Il y a aussi des
pièces pour instrument seul, comme Scrivo in
vento d’Elliott Carter, un solo pour flûte, inspiré par un poème de Pétrarque, ou encore Tiento
de Maurice Ohana, pour guitare seule, un morceau classique. Christian Rivet a aussi composé
un morceau pour nous, Clap, une suite de 6
miniatures inspirée par le grand Bach, les
e
t
i
e
Je le suis depuis longtemps
et je connais toute l’équipe
de musiciens ! C’est la première saison de la Camerata
et nous avons choisi de proposer un concert pour flûte
et ensemble orchestral. La
première partie est centrée
sur Mozart, avec l’ouverture
de la Flûte enchantée puis
une fantaisie sur l’œuvre de
Mozart de Fobbes, un compositeur belge dont le vrai
nom est Janssens.
En deuxième partie nous
exécuterons entre autre une
œuvre d’Elliott Carter que j’ai créée à Berlin en
2008. A cette occasion j’ai eu un entretien avec
le compositeur américain: il était jovial et avait
un grand sens de l’humour! Contrairement à la
musique d’un Aaron Copland ou d’un Phil
Glass très américaine, celle de Carter n’est pas
sans rapport avec la musique européenne.
Propos recueillis par
Emmanuèle Rüegger
30 octobre : Concert Prestige n°2. Une flûte enchantée.
Geneva Camerata, dir. David Greilsammer, Emmanuel
Pahud, flûte (Mozart, Janssens, Carter, Haydn, Benda).
Victoria Hall à 20h (loc. www.genevacamerata.com ou
FNAC)
n
19
m u s i q u e
concerts temps & musique
Lawrence Power
Un authentique altiste - il prétend que le violon ne l'a
jamais attiré - se produira ce mois-ci sur les bords du
Léman. Portrait d'un personnage fasciné par le son.
20
Né en 1977, Lawrence Power commence ses études d'alto à l'âge de
huit ans. A l'époque, on lui propose de s'intéresser à cet instrument... car il
est un enfant plutôt grand pour son âge ! Sans jamais passer par la «case
violon», il est séduit par le son plus graves de ces cordes. D'ailleurs, il prétend ne jamais avoir joué du violon ni en avoir eu réellement envie ! Il progresse très vite et entre à la Guildhall School of Music and Drama à l'âge
de onze ans. Selon ses dires, son professeur, Mark Knight a marqué son
apprentissage : il lui a appris la concentration, tout en veillant à éviter
toute tension, toute crispation, éléments qui, s'ils touchent les muscles,
peuvent mettre fin à une formation ! La suite de ses études s'effectue à la
Juilliard School de New-York avec Karen Tuttle : là encore, il prétend
avoir acquis un sens du phrasé, de l'équilibre intérieur, qui lui ont été très
précieux pour la suite. En 1999, l'artiste gagne le Premier prix du
“Concours international d'alto William Primrose“ à Londres et, en 2000,
le troisième prix du “Concours international d'alto Maurice Vieux“. Ces
récompenses lui donnent une visibilité publique, y compris face aux maisons de disques. Sa carrière désormais lancée, il présente un répertoire qui
s'étend de l'univers de Jean-Chrétien Bach à celui de Bernd Alois
Zimmermann, avec tout de même un goût marqué pour le XXe siècle,
lequel il est vrai lui offre un répertoire plus étoffé, surtout avec l'orchestre. Seul, manque le grand Jean-Sébastien. Est-ce un caprice, une coquetterie ? Cette musique est censée mûrir encore en lui, et il prétend que jouer
les suites pour violoncelle solo avec son alto ne rendra pas forcément justice aux potentialités de résonances harmoniques de la partition... et de
l'instrument !
Sur tous les plans
Nul ne s'étonnera qu'avec un tel profil, on le trouve dans toutes les
échelles musicales. Le concertiste joue en soliste en partenariat avec les
orchestres. Mais il déploie aussi ses capacités dans le monde de la musique
de chambre. Il se produit avec le Nash Ensemble, une formation d'une
douzaine d'interprètes, ainsi qu'avec le Leopold String Trio. Avec ses partenaires, ce musicien aime faire redécouvrir des partitions ou plus précisément selon ses dires, faire ressurgir « le répertoire négligé » ! Peu jouées,
ces partitions sont sans interprétation de référence : « Cela nous oblige à
faire des choix, en matière de rythme, d'intonation, et donc de sonorité. »
Lawrence Power enseigne ponctuellement au Royal College of Music
de Londres et a donné des 2master-classes2 lors des dernières éditions du
Festival de Verbier. Il est également formateur à la Hochschule der Kunst à
Zurich.
Enfin, comme si cela ne suffisait pas, ce bouillant personnage est le
fondateur du Festival de West Wycombe, dans la campagne anglaise...
Fascination
Sur son alto, fabriqué par Antonio Brensi en 1610, il est intarissable,
comme dans cette émission radiophonique anglaise : « C'est un instrument
fabuleux. Il me pose des problèmes dont les réponses nourrissent mon
interprétation. Quand j'ai joué avec pour la première fois, c'était comme
si je conduisais une Porsche juste après avoir passé mon permis ! Mais il
m'a bien fallu quatre ou cinq ans pour en explorer toutes les possibilités.
Il m'offre un mélange unique de gravité et de brillance. Il est peut-être plus
difficile qu'un instrument moderne, mais il offre un spectre si incroyable
de couleurs auxquelles accéder que cela ne peut qu'inspirer. »
Pierre Jaquet
Concerts en Suisse romande, avec Truls Mørk et Simon Crawford-Phillips, piano
Dimanche 6 octobre 2013 à 11h 15 : Grand salle de la Colombière à Nyon
Lundi 7 octobre 2013 à 20 h : Conservatoire de Genève
BRAHMS: Transcriptions de lieder pour piano et alto
HINDEMITH: Sonate pour alto et piano Op. 11/4
BRAHMS: Trio n°1 en si, op. 8 (seulement le lundi, à Genève)
Mardi 8 octobre 2013 à 19 h : Au Théâtre de Vevey
BRAHMS: Transcription du trio pour clarinette, violoncelle et Piano en la mineur, Op
114 / Sonate pour alto en fa mineur Op.120 no.1 / Sonate pour alto en mi mineur Op.120
No.2 / Transcriptions de Lieder pour piano et alto / Trio n°1 en si, op. 8
Lawrence Power © Jack Liebeck
a
c
t
u
a
l
i
t
é
m u s i q u e
fondation gianadda, martigny
25e concours clara haskil
Un éclectisme
de bon aloi
Palmarès
Le Prix Clara Haskil de l’édition du cinquantenaire du
concours, créé en 1963 en mémoire de la grande artiste
décédée en 1960, a été attribué au pianiste brésilien d’origine roumaine Cristian Budu. Les trois finalistes
étaient accompagnés par l’Orchestre de la Suisse
Romande conduit par Frédéric Chaslin, jeudi soir 12
septembre au Théâtre de Vevey.
Commencée en juillet déjà, et faisant suite à trois
récitals de piano et une soirée de gala de Cecilia
Bartoli, la 36e saison musicale de la Fondation Pierre
Gianadda se poursuit avec huit concerts échelonnés
entre octobre 2013 et février 2014.
Duos et Trios
Une soirée Brahms en octobre (mercredi 16), avec Renaud Capuçon
au violon, Yan Levionnois au violoncelle et David Kadouch au piano, dans
deux grandes sonates et le Trio op.8. Un duo violoncelle et piano en
novembre (samedi 16). Antonio Meneses et Maria Joao Pires se produiront
ensemble dans deux sonates de Beethoven et individuellement dans une
œuvre de Schubert pour la pianiste et une Suite de Bach pour le violoncelliste. Une soirée de trios piano-violon-violoncelle en janvier (vendredi
17), avec le pianiste Da Sol - Prix Géza Anda 2012 – le violoniste Erik
Schumann et le violoncelliste David Pia. Ces musiciens joueront des trios
de Haydn, de Beethoven et le poignant Trio en la mineur de Tchaïkovski,
une des œuvres les plus profondes et personnelles du compositeur russe.
Musique sacrée et instrumentale
Début octobre (mercredi 2), des pages instrumentales de Hasse,
Porpora et Porsile précéderont le sublime Stabat Mater de Pergolesi, avec
Roberta Invernizzi, soprano, Marina Di Liso, alto et l’Europa Galante de
Fabio Biondi. En novembre (samedi 16), le Kammerorchesterbasel accompagnera l’Estonian Chamber Choir de Tallinn dans le Requiem de Mozart,
sous la conduite de Paul McCreesh. Au même programme : Bach,
Mendelssohn et Parry.
Concert du souvenir en décembre (dimanche 8). La pianiste Béatrice
Berrut et la Camerata-Valais, avec Francesco De Angelis au violon et à la
direction, joueront des œuvres de
Mozart, Rossini et Mendelssohn.
En décembre encore (dimanche
15), Lucas Macias Navarro sera le
soliste du Concerto pour hautbois de
Strauss et Eivind Gullberg Jensen
conduira l’OCL dans la Symphonie
« Eroica » de Beethoven.
Clôture de saison en beauté en
février (dimanche 2), sous le thème
« Vénitiens, peintres de la
musique », avec Claudio Scimone et I
Solisti Veneti.
Yves Allaz
c
Sur 146 candidats venant de 33 pays, vingt-quatre avaient été sélectionnés en quarts de finales, six en demi-finales - épreuve de musique de
chambre donnée avec la participation du Quatuor Hugo Wolf, de Vienne et trois admis à se mesurer en finale avec orchestre. Le Russe Dmitry
Mayboroda et le Brésilien Cristian Budu avaient opté pour le Concerto en
la mineur de Schumann, le Suisse François-Xavier Poizat pour le
Concerto No1 en mi mineur de Chopin.
Tous trois ont fait
valoir d’éminentes qualités pianistiques et musicales lors de cette ultime
épreuve, d’un niveau très
élevé. Le lauréat, Cristian
Budu, musicien d’une
grande sensibilité formé à
l’Université de Sao Paulo,
est étudiant au New
England Conservatory of
Music de Boston. Il a déjà
reçu le 1er Prix du
Concours Nelson Freire
de Rio de Janeiro. A
Christian Budu © Céline Michel
Vevey, en plus du Prix
Haskil, d’une valeur de
CHF 25.000.-, il obtient le Prix du public, ainsi que celui du « Children’s
Corner » des jeunes pianistes du Conservatoire de Vevey-Montreux. Le
Prix « Coup de cœur de la jeune critique » des étudiants en musicologie de
Genève est allé au Norvégien Joachim Carr, quart-finaliste. Commandé
comme bis à Bruno Mantovani, The worst of est un concentré des pires
difficultés des Etudes Op.10 de Chopin. Jugé meilleur interprète de ce clin
d’œil musical, Dmitry Mayboroda obtient ce Prix « Modern Times » nouvellement créé. De François-Xavier Poizat, qui n’a pas eu de prix, nous
retiendrons une superbe lecture, tout en nuances, du concerto de Chopin.
Yves Allaz
www.gianadda.ch, Tél. 027 722 39 78
Roberta Invernizzi,
photo Ribalda Studio
a
Cristian Budu, 25 ans, a reçu son prix des mains de la conseillère
fédérale Simonetta Summaruga, elle-même pianiste et présidente d’honneur d’un concours dont le jury était présidé par MartinT :son Engstroem.
t
u
a
l
i
t
é
21
m u s i q u e
festival jazz onze+, du 30 octobre au 3 novembre
Et de 26 ! Résonnez
trompettes !
« Ces dernières années, le Jazz Onze+ a gâté les saxes et les pianistes »,
commence Serge Wintsch, directeur de l'association Jazz Onze+. « Ici
comme ailleurs, la guitare a souvent été trop négligée en tant
qu'instrument soliste. Alors, pour cette 26e édition, nous avons décidé de
rétablir l'équilibre.»
Léo Tardin
On
22
En effet, avec le décès du trompettiste
bâlois George Gruntz au début de cette année, le
prétexte était tout trouvé. Jazz Onze+ propose
donc un hommage au compositeur et arrangeur
(Trumpet Machine), qui collabora avec Phil
Woods, Louis Armstrong ou Lee Konitz. A cette
occasion, le bugliste luganais Franco
Ambrosetti accompagne la formation
European Jazz Trumpets jadis créée par
Gruntz. La dizaine de musiciens est dirigée par
Pierre Grevet, un artiste qui compte jusqu'ici
25 albums.
Lors de cette même soirée du nom de
Trompettes sans fin, par allusion au Trumpet No
End de Duke Ellington, est programmé le quintet du jeune Christian Scott. Ce trompettiste
jazz fusion de la Nouvelle-Orléans est « reconnu pour son timbre chaud et sa capacité à faire
des notes rondes et floues inhabituelles pour son
instrument », précise le site Wikipedia. A véri-
fier donc ! « Il est aussi quelqu'un de très engagé dans la communauté noire, explique Serge
Wintsch. Il n'hésite pas à défendre ses idées
contre le racisme aux Etats-Unis, par exemple.
C'est un hypersensible, un écorché.»
Envol et dégustation n'est pas une sculpture de Brancusi mais le nom de la soirée qui fait
succéder Dianne Reeves, « la plus grande chanteuse de jazz vivante » selon Serge Wintsch (et
aussi selon le cousin de la chanteuse, George
Duke !), au vibraphoniste Jean-Lou Treboux.
Le Nyonnais revient de New York, passage obligé pour les jazzmen contemporains, en quintet.
Il y a ramené à la fois la tradition afro-américaine, la musique de Strauss et Stravinsky, et celle
des groupes folk et indie rock des bars de
Brooklyn.
Baptisée Du côté du rock, la soirée du
samedi verra se produire John Scofield et son
groovy Uberjam Band. La guitare semi acoustique de ce compositeur-interprète jazz rock a
jadis croisé les pistons de Chet Baker, les cordes
de Charles Mingus, mais aussi les notes de
George Duke, Miles Davis, Joe Lovano ou Pat
Metheney. Il faut rabâcher que le monde du jazz
est tout petit, surtout pour ceux qui ont fréquenté le Berklee College of music, comme les cinq
derniers mentionnés – remarquons que Miles
n'y a pas achevé ses études. Le même soir, le
tromboniste chaux-de-fonnier Samuel Blaser et
son trio sauront rester dans la veine rock et l'improvisation jazz.
Prism non plus n'a rien à voir avec une
écoute scandaleuse. Il s'agit du quartet américain réunissant le contrebassiste Dave Holland
(tiens, aussi un ancien du Berklee College !), le
guitariste Kevin Eubanks (qui dirigeait jusqu'à
peu l'orchestre du Tonight Show de Jay Leno à
Hollywood), le pianiste Craig Taborn, et le batteur des BO de Spike Lee Eric Harland. On
trouve ce dernier dans tous les bons projets
actuels - surtout au Jazz Onze+ : avec Charles
Lloyd il y a deux ans, avec Joshua Redman l'an
dernier…
Off
A l'Espace Jazz, parmi les concerts gratuits
servis à gogo, il ne faut surtout pas manquer la
formation inventive Grand Pianoramax de
Leo Tardin, la soirée soul avec Alice Russell,
Brandy Butler et ses Fonxioners, ni les solos
de batterie de Julian Sartorius, ni encore la
jam qu'ouvrent au public le pianiste Gabriel
Zufferey et son groupe Paralog.
Frank Dayen
Festival Jazz Onze+, du 30 octobre au 3 novembre, au
Casino de Montbenon et au MUDAC de Lausanne.
Rés. www.jazzonzeplus.ch et FNAC.
John Scofield Uberjam Band
a
c
t
u
a
l
i
t
é
m u s i q u e
saison 2013-2014
Classiques Alternances
Cinq concerts prometteurs sont à l’affiche en 2013-14. Le pari de la
nouvelle équipe dirigeante: remplir la grande salle genevoise avec un
programme essentiellement de musique de chambre.
Pour ce faire, Karin A. Nolte, Bozena
Schmid-Adamcyk, Adriana Fernandez et
Suzanne Hurter misent sur la qualité des interprètes bien sûr, mais également sur un système
d’abonnement étudié avec des gratuités propres
à attirer un jeune public.
En ouverture, jeudi 31 octobre, Dan
Derry, violon et Wilfrid Humbert, piano, donneront l’intégrale des Sonates pour violon et
piano de Brahms. Les deux artistes se connaissent bien, ayant déjà enregistré ensemble un CD
d’œuvres de Schubert. Même si le pianiste français a réservé des enregistrements récents à
Liszt (on attend la parution des 12 études d’exécution transcendentes), on peut s’attendre à ce
qu’ils fassent justice au lyrisme brahmsien
omniprésent dans ces sonates.
Nathalie Stutzmann © Nicolas Buisson
a
c
t
u
Mardi 3 décembre, Julia Fischer, que l’on
ne présente plus, se produira avec la pianiste
Milana Chernyavska. On sait que la violoniste
allemande, qui est aussi pianiste, se produit
régulièrement avec les plus grands orchestres et
chefs d Europe et d Amérique du Nord.
Habituée des plus importants festivals, elle a
donné trois concerts en 2012 au Menuhin
Festival de Gstaad dont elle est une fidèle, sa
carrière ayant débuté par un prix au Concours
Menuhin en 1995 alors qu’elle avait 11 ans. En
première partie la séduisante Sonate en Fa
majeur de Mendelsohn suivie de la Sonate en
Sol mineur dite « des trilles du Diable » de
Giuseppe Tartini. Virtuosité encore après l’entracte avec des œuvres pour violon de Pablo
Sarasate, pour conclure avec Tzigane de
Maurice Ravel.
Jeudi 30 janvier, soirée-événement
dans le cadre du 150e anniversaire des
échanges diplomatiques entre la Suisse et
le Japon qui sera célébré en 2014. Ce
concert est né de la rencontre de l'altiste
Nobuko Imai et du pianiste Kotaro
Fukuma. La première partie est consacrée
à des œuvres dont le titre renvoie au thème
des oiseaux, qui sont souvent symbolisés
comme présages, âmes des morts ou messagers divins. Kotaro Fukuma interprétera
des œuvres de Glinka et Stravinsky puis
une œuvre pour piano et violon du grand
compositeur japonais Töru Katemitsu,
mort en 1996, bien connu pour ses
musiques pour les films de Kurosawa,
Oshima ou Kobayashi. Nathalie
Stutzmann les rejoint en trio et chante
deux Lieder de Brahms, dont le premier
parle des petits oiseaux...
En seconde partie, le magnifique
Quintette de Dvorak sera donné par le
Quatuor Michelangelo et Kotaro Fukuma
au piano.
a
l
i
t
Dan Derry
Mardi 25 février, en deux concerts, l’intégrale des Concertos pour violon de Mozart sera
donnée par le violoniste David Grimal dont le
phrasé et la musicalité avaient fait merveille lors
de sa venue au Victoria Hall en mars dernier
avec le pianiste Denes Varjon. La partie orchestrale sera assurée par Les Dissonances, collectif d’artistes sans chef réuni par David Grimal
en un projet de résistance au formatage et aux
contraintes commerciales qui ont amené selon
lui la musique classique à s’enfermer dans un
ghetto.
Mardi 18 mars enfin, on retrouvera avec le
plus grand plaisir le pianiste Maurizio Baglini
qui avait donné dans ce même Victoria hall un
mémorable concert en solo le 17 janvier dernier.
En compagnie de la violoncelliste Silvia
Chiesa, avec laquelle ils forment un duo stable
depuis 2005 tournant dans le monde entier, ils
donneront quelques-une des plus belles sonates
pour violoncelle et piano du répertoire : la
Sonate no.1 op.38 en Mi mineur de Brahms; la
Sonate “Arpeggione“en la mineur de Schubert;
la Sonate en Sol mineur de Rachmaninoff.
Christian Bernard
Rens. [email protected]
Loc. Ville de Genève /Service Culturel Migros
é
23
m u s i q u e
Le meilleur orchestre
d’Europe ?
Concertgebouw Orchestra Amsterdam. La première partie du concert était originale: avec une
pièce dodécaphonique de Lutoslawski et le 3e
concerto pour piano de Bartók (formidable,
Yefim Bronfman). En deuxième partie, l’orchestre a exécuté une œuvre souvent entendue,
la suite de Roméo et Juliette de Prokofiev. Ce
fut quand-même remarquable. A la baguette:
Daniele Gatti.
Chaque année, les plus grands orchestres d’Europe sont invités au Lucerne
Festival où ils rivalisent en excellence.
Sächsische Staatskappelle Dresde
festival de lucerne
24
Il y a exactement dix ans, Claudio Abbado
quittait les Berliner Philharmoniker. Il avait un
grand projet : fonder un orchestre avec des amis
musiciens qui joueraient pour le plaisir de faire
de la musique ensemble. Et ce projet, il l’a réalisé en Suisse, à Lucerne. Le Lucerne Festival
Orchestra qui compte plus de cent membres se
réunit en été, il joue aussi à l’étranger en tournée. Le concert auquel nous avons assisté proposait deux œuvres inachevées, la 8e symphonie de Schubert et la 9e symphonie de Bruckner.
Abbado dirige en orfèvre : la symphonie de
Schubert s’est révélée être un bijou, finement
ciselé, brillant sur un fond blanc, les silences
étant aussi importants que la musique. La symphonie de Bruckner était toute transparence
sous la baguette du maestro italien, des voilages
traversés par des fils d’or et d’argent. Il régnait
une atmosphère féerique. Tout le monde était
conscient d’assister à un concert historique.
Les Berliner Philharmoniker étaient bien
sûr au rendez-vous, avec au programme la Nuit
transfigurée de Schönberg, les Fragments de
Wozzeck de Berg et le Sacre du printemps de
Stravinsky. Sous la baguette de Simon Rattel, la
Nuit transfigurée était toute de velours, même
dans les profondeurs. Le Sacre du printemps est
une œuvre phare du chef anglais, elle a été exécutée à la perfection par les musiciens berlinois.
Mais ce sont les Fragments de Wozzeck qui ont
soulevé l’enthousiasme, et ceci en grande partie
grâce à l’excellente soprano canadienne
Barbara Hannigan, une spécialiste de la
musique du 20e siècle.
Royal Concertgebouw Orchestra
Une autre phalange s’est présentée précédée par son excellente réputation: le Royal
La Sächsische Staatskapelle Dresden fondée en 1548 et qui jouit d’une grande tradition
(Richard Strauss l’a dirigée pendant soixante
ans) a proposé une œuvre rare : les Ernste
Gesänge (Chants sérieux) de Hans Eisler, un
cycle de Lieder datant de 1961/62. Le baryton
Thomas Hampson s’est montré à la hauteur de
l’orchestre dirigé par Christian Thielemann, un
ancien assistant de Karajan. La 5e symphonie
de Bruckner constituait la deuxième partie du
concert. L’orchestre a exécuté cette œuvre
monumentale avec perfection dans toutes ses
riches nuances.
Philharmonique de St.Petersbourg
L’Orchestre philharmonique de SaintPétersbourg est un invité régulier du Lucerne
Festival. La salle, bondée, s’est levée en chœur
pour acclamer le pianiste Denis Matsuev après
son exécution époustouflante du 3e concerto de
Rachmaninov. À la baguette, Yuri Temirkanov.
En deuxième partie, l’orchestre a
captivé l’audience avec une interprétation poignante de la 10e symphonie de Chostakovitch.
Wiener Philharmoniker
C’est désormais une tradition:
ce sont les Wiener Philharmoniker
qui ont clos le Festival, en beauté
disons-le tout de suite. Leur interprétation de la 8e symphonie de
Bruckner sous la baguette de Lorin
Maazel a enthousiasmé toute l’audience.
Mais l’orchestre le plus séduisant de ce Festival était sans aucun
doute la phalange de Claudio
Abbado.
Emmanuèle Rüegger
Claudio Abbado à la tête du Lucerne Festival Orchestra © Georg Anderhub / Lucerne Festival
a
c
t
u
a
l
i
t
é
m u s i q u e
actuvités musicales du mois d’octobre
Agenda genevois
Le mois d’octobre s’annonce intense à Genève – et surtout wagnérien : le
Wagner Geneva Festival va en effet envahir les salles du bout du lac, avec
moult concerts, opéras et autres manifestations autour du génie allemand.
Le programme complet sur http://www.wagner-geneva-festival.ch.
Hormis l’exposition « Wagner, l’opéra hors
de soi » à la Fondation Bodmer, la réflexion sur
« l’œuvre d’art de l’avenir ou le temps dilaté » au
Musée d’art et d’histoire et la projection au cinéma Bio d’un documentaire sur l’influence de
Wagner dans la danse contemporaine, relevons
aussi la création de Michel Jarrel Siefried nocturne le 15 octobre à la Société de lecture, par
Olivier Py (lecture) et Bo Skovhus dans le rôletitre. Une visite à Beethoven sera rendue les 14,
16 et 31 octobre prochains grâce à un monodrame, dont le texte est à charge d’Etienne Barilier,
tandis que la mise en scène sera assurée par Alain
Perroux et l’accompagnement musical par le
quatuor Terpsycordes. Au Bâtiment des Forces
Motrices, l’orchestre du festival (constitué par
des étudiants des conservatoires de Lausanne,
Genève et Paris) interprétera Le Vaisseau fantôme du 28 au 5 novembre prochains. Côté récitals,
Giovanni Bellucci exécutera au Conservatoire de
Musique de la Place Neuve des transcriptions de
Liszt des œuvres de son beau-fils, ainsi que
la Sonate en si mineur du premier. Enfin,
toujours dans le cadre du festival Wagner,
L’OCG dirigé par Thomas Rösner reçoit au
BFM la contralto Kismara Pessatti, pour un
programme Wagner, Gluck et Schoeck.
L’Orchestre de la Suisse Romande sera renforcé par l’orchestre de la Haute École de
Musique le 9 octobre pour interpréter la première symphonie de Mahler, dite « Titan », sous la
baguette de Kazuki Yamada. On retrouvera ce
dernier à la tête de la formation les 16 et 18 octobre prochains, avec le pianiste Daniil Trifonov,
pour entendre notamment le Concerto pour
piano et orchestre en fa dièse mineur
d’Alexandre Scriabine et la suite orchestrale Le
Chevalier à la Rose de Richard Strauss.
L’infatigable Yamada recevra encore le 23 JeanYves Thibaudet, qui s’attaquera au Concerto
pour piano No 2 de Liszt, tandis que l’OSR jouera la Symphonie No 9 en deuxième partie de soirée – réinterprétée le vendredi 24, toujours au
Victoria Hall, pour ceux qui auraient raté la soirée de la veille.
A ne pas manquer également la présence du
pianiste Nelson Freire, le 12 octobre au Victoria
La série Temps & Musique accueille au
Conservatoire de Musique, le 7 octobre, l’altiste et violoniste Lawrence Power, le violoncelliste Truls Mork et le pianiste Simon
Crawford-Phillips, qui offriront un programme Brahms.
c
t
u
Deux concerts du Quatuor de Genève sont à
l’affiche, avec l’altiste Frédéric Kirch et le violoncelliste François Guye, le 13 octobre à Vernier
pour le premier, le 20 octobre au Musée d’art et
d’histoire pour le deuxième, tous les deux avec
des œuvres de Beethoven et Schoenberg.
Le nouvel ensemble Geneva Camerata propose trois concerts en ce mois d’octobre : le premier s’adresse à la “famille“ en proposant une
Fête folklorique avec le clarinettiste Gilad
Harel; l’autre, “sauvage“, veut donner à entendre les plus belles mélodies du Klezmer à la
Comédie, exécutées par cinq musiciens et un
ordinateur, le 14 octobre. Le dernier concert,
« prestige » cette fois, donnera carte blanche au
flûtiste enchanté Emmanuel Pahud au Victoria
Hall, le 30 octobre : l’ouverture de la Flûte
enchantée, les Concertos pour flûte de
Carter et de Benda, ainsi que la Symphonie
No 27 de Haydn sont notamment annoncées.
Notons aussi que l’Orchestre de
Chambre de Genève, dirigé par son nouveau
directeur Arie van Beek, reçoit le 20 octobre
le pianiste Ronald Brautigam pour une soirée autour de Ravel, Poulenc et Honegger.
Enfin, les amateurs de musique de
chambre ne manqueront pas la venue du
Quatuor Borodine au Conservatoire de la
Place Neuve, le 18 octobre, où résonneront
des œuvres de Beethoven, Borodine et
Chostakovitch.
Le 29 octobre au Victoria Hall, une
soirée Remember Shakti réunira, autour de
John McLaughlin, Zakir Hussain, Shaknar
Mahadevan, V. Selvaganesh et U. Shrinivas.
Le Grand Théâtre de Genève propose la
réponse française à la Tétralogie avec l’opéra Sigurd d’Ernest Reyer, du 6 au 10 octobre au Victoria Hall, avec notamment Anna
Caterina Antonacci en Brunnehilde. Sur la
scène de la Place Neuve, l’on pourra encore
découvrir, le 20 octobre, les talentueux solistes du Théâtre Mariinski, ainsi que La dernière victime du dramaturge russe
Alexandre Ostrovski, le 11 octobre.
a
Hall avec l’Orquestra Sinfônica do Estado de São
Paulo : ils interpréteront le Concerto pour piano
No 4 de Beethoven et la Symphonie No 1
« Titan » de Mahler. Même concerto, mais cette
fois avec Maria João Pires le 28 octobre, toujours au Victoria Hall, avec l’Orchestre du
Festival de Budapest dirigé par Iván Fischer, qui
exécutera aussi la Symphonie No 8 de Dvorák.
Notons encore la venue de l’Academy of St
Martin in the Fields avec le violoniste Joshua
Bell le 21 octobre, qui sera le soliste du Concerto
pour violon et orchestre No 1 de Bach. La
Symphonie No 7 de Beethoven est prévue pour la
suite de la soirée.
Martina Díaz
Kismara Pessatti © Balmer & Dixon
a
l
i
t
é
25
o
p
é
r
interview
Anna Caterina Antonacci
Véritable ambassadrice du chant français à travers le monde, la soprano
italienne Anna Caterina Antonacci est l'une des cantatrices les plus importantes
de sa génération.
Après avoir fait ses premières armes du côté
de Rossini, elle fréquente Mozart, Gluck ou
Massenet et le premier baroque de Monteverdi,
avant de révéler toute l’étendue de ses talents
dans le répertoire français, qu'elle ne cesse de
défendre depuis une dizaine d'années. Berlioz et
Les Troyens bénéficient de cette incursion, mais
également Bizet, Halévy, Fauré et bientôt Reyer
dont elle interprétera la rare Brunehilde de
Sigurd en version de concert du 6 au 10 octobre
au Victoria Hall de Genève. Rencontre.
26
Vous êtes assurément devenue la plus
française des Italiennes, si l'on en juge par
vos engagements passés et futurs. Vous chantez Massenet, Halévy, Gluck, Bizet, Fauré, et
vous vous attaquez en octobre à Sigurd de
Reyer. A partir de quand avez-vous pris conscience que la musique française allait occuper une si grande place dans votre vie d'artiste ?
ACA : Tout a commencé avec la production des
Troyens de Berlioz à laquelle j'ai participé en
2003 au Châtelet ; avant cette date, je n’imaginais
pas que la décennie qui allait suivre serait placée
sous le signe du répertoire français et que cette
musique allait provoquer un tel changement dans
ma carrière et dans ma vie ; car je me suis installée à Paris, puis à Genève. Si je fais le bilan des
dix ans qui viennent de s'écouler, je peux affirmer qu'ils ont été les plus importants de mon
existence. Je ne crois pas que je retrouverai des
moments aussi intenses et décisifs : cela sera sans
aucun doute ma meilleure décennie. Tout s'est
donc joué à Paris et par le plus grand des hasards,
car j'ai répondu à l'invitation du Châtelet avec
plaisir, sans imaginer le succès et la passion que
la découverte du répertoire français allaient me
procurer. J'avais chanté Gluck, Mozart, Rossini et
des œuvres du bel canto, mais j'en avais assez et
ne savais pas quelle direction suivre. L'opéra
français m'a ouvert des horizons musicaux et culturels que je ne soupçonnais pas. J'ai appris la
langue que je ne parlais pas et me suis totalement
immergée dans un univers qui finalement n'était
pas aussi éloigné que je le pensais.
e
Vous poursuivez votre exploration
musicale en abordant des œuvres rares et difficiles qui font appel à la grande déclamation
qui a longtemps fait peur : l'héritage de
Germaine Lubin et de Régine Crespin a-t-il
eu une influence sur vous ?
…. cela a été dur dans un premier temps, mais
sans que je m'en aperçoive car j'avais débuté avec
le declamato italien, cette façon très particulière
de dire le chant, propre à Monteverdi, pour lequel
j'éprouve toujours une passion. J'ai découvert
grâce à la musique française un univers extrêmement riche et une proximité avec le grand théâtre
classique. Je me rends compte aujourd'hui que le
public a pu trouver illégitime la passion dévorante que j'ai aussitôt vouée à ce répertoire, mais j’étais tellement enthousiaste que rien ne pouvait
m'arrêter. Je me suis mise à apprendre avec tout
l'engagement dont je suis capable, à étudier la diction, la prosodie, car j'ai toujours été très exigeante sur ce point, même
en italien et ai reproduit la même chose
avec le français. Même si je me suis
récemment mise à l'allemand pour aborder les Wesendonck-Lieder de Wagner, je
ne le maîtrise pas suffisamment pour
poursuivre plus avant.
a
nous aurions pu nous retrouver dans Carmen, ou
La Juive. C'est un hasard étrange, qui heureusement va prendre fin. Cette rencontre nous a fait
plaisir, même s'il ne s'agit que d'une soirée, qui, il
faut le reconnaître a demandé un gros investissement, car Pénélope n'est pas un ouvrage facile ;
nous avions heureusement la partition sous les
yeux, ce qui était rassurant.
Comment trouvez-vous, en travaillant
partition en main un opéra comme Pénélope
ou Sigurd, le style et l'interprétation qui vont
avec, par delà les notes et les indications
musicales ?
Il est clair que l’expérience aide car lorsque j'ai
abordé pour la première fois Werther ou Carmen,
je n'avais pas vraiment le style approprié. Les
rencontres avec les chefs, les metteurs en scène et
les collègues sont très salutaires. Pour Les
Troyens j'ai changé ma façon de chanter le français grâce aux répétiteurs ; tout cela vous enrichit
comme le fait de lire, d'aller au théâtre, à la
Comédie Française par exemple, pour écouter les
acteurs. J'ai également beaucoup d'enregistrements qui me sont utiles pour chaque prise de
rôles. Ceux de Régine me sont indispensables,
mais j'aime également la voix de Gérard Souzay
ou, pour le cas présent, la Pénélope de Jessye
Normann, par ailleurs très bien dirigée.
Pour Pénélope de Fauré, vous
aviez pour partenaire Roberto Alagna,
un spécialiste de la diction et du chant
français. Etes-vous satisfaite de vivre à
ses côtés ce moment particulier et
peut-on savoir pourquoi vous n'avez
pas été programmés ensemble plus
tôt ?
C'est exact, il chante le français aussi
naturellement et facilement que Pavarotti
l'italien, c'est extraordinaire. Nous nous
sommes souvent demandés pourquoi
aucun directeur ne nous avait réunis car
nous avons gagné ensemble le Concours
Pavarotti, justement, en 1988 à
Philadelphie et depuis cette compétition
nous ne nous sommes jamais croisés sur
scène ; il est vrai qu'il a abordé un vaste
répertoire, ce qui n'est pas mon cas, mais
n
t
r
Anna Caterina Antonacci © Benjamin Ealovega
e
t
i
e
n
o p é r a
Pénélope et Sigurd n'ont jamais réussi à s'imposer sur les grandes scènes européennes. D’après vous, quels sont les éléments qui manquent à ces héroïnes pour être
équivalentes à celle de Berlioz ?
Les Troyens sont aujourd’hui joués, mais pendant
longtemps ont été ignoré, car la musique est complexe et le coût du cast fait qu'il est difficile de le
donner. Pénélope ne fait pas rêver les metteurs en
scène du point de vue dramatique, il y peu à faire,
car il s'agit davantage d'un poème lyrique que
d'un opéra, mais je la trouve tout de même fascinante à maints égards ; Sigurd sera également
présentée en version de concert, là encore en raison de son histoire sans grand relief et du
manque de ressort dramatique, mais je suis très
impatiente de lui redonner une chance en compagnie du maestro Chaslin.
La saison prochaine vous retrouverez
Les Troyens mis en scène par McVicar à la
Scala avec Gregory Kunde, une œuvre qui
vous suit depuis plusieurs années. Préférezvous approfondir un personnage dans la
même production, ou changer d'univers et
passer d'une mise en scène à l'autre.
Après la production de Yannis Kokkos que nous
avons reprise à Genève, est arrivée celle de
McVicar bien différente, très éloignée de la
vision hiératique de Kokkos et pourtant j'y suis
très attachée. J'aime reprendre plusieurs fois la
même production, pas éternellement bien sûr, car
donner seulement sept représentations est vraiment insuffisant. La reprise milanaise me réjouit.
A Genève ce n'était pas tout à fait pareil, le chef
avait changé, deux années s'étaient écoulées et
nous avions mûri, évolué. Notre métier est étrange parce que nous travaillons énormément sur
des productions souvent lourdes et coûteuses,
pour un nombre de représentations réduit ; une
fois passées on oublie tout et c'est terrible. Selon
moi l’idéal serait de jouer au moins trois mois,
mais vous savez très bien que nous enchaînons
les rôles ailleurs, aux quatre coins du monde.
Cette année j'ai travaillé La voix humaine et j'aurais aimé poursuivre jusqu'en juin au lieu de
m'arrêter après cinq représentations à l'Opéra
Comique. La reprise n'est prévue que dans deux
ans à Liège...
Vous n'avez en revanche toujours pas
abordé Iphigénie en Tauride, là aussi un personnage dans lequel on vous imagine facilement, comme par le passé Crespin. Vous l'avez côtoyée quelques temps avant sa mort :
vous imaginait-elle dans ce rôle ?
Ce sera fait à Genève en 2015, dans la production de Pina Bausch ! Je serai donc quelque part
e
n
t
r
dans un coin du plateau et je ne sais pas ce que
cela va donner (rires). J'adore Pina Bausch,
mais je n'ai jamais vu cette production. Nous en
avons parlé avec Régine, car Gluck a très vite
beaucoup compté dans ma carrière, en fait dès
mes débuts à la Scala en 1993, avec Armide dirigée par Muti ; c'est indiscutablement l'héroïne
que je préfère, mais je suis heureuse
qu'Iphigénie se présente.
La création de La Ciociara d'après
Moravia, par Marco Tutino (dont vous avez
interprété Vita en 2003, adapté au cinéma
par De Sica avec Sofia Loren et Belmondo en
1960), est prévue pour 2015 à San Francisco.
Allez-vous faire partie de ce projet et si oui
pouvez-vous nous en parler ?
Oui tout a fait, nous pouvons en parler. Marco
vient d'ailleurs de m'envoyer un message en me
disant qu'il m'avait écrit un rôle magnifique.
J'aime beaucoup ce compositeur que je connais
depuis toujours et l'expérience de Vita a beaucoup compté, car elle m'a vraiment comblée
artistiquement. J'ai été vraiment frustrée de ne
pouvoir en donner que quelques représentations. J'ai demandé à tout le monde d'organiser
une tournée, mais personne n'a été intéressé.
Marco ne fait pas partie du gotha de la musique
contemporaine, car son langage est accessible et
pour cette raison, est mis de côté. Vita était
extraordinaire, déchirante, de par son sujet très
actuel, celui de la mort par le cancer, une maladie très répandue. Cette intellectuelle qui était
dans son monde et parlait avec son poète alors
qu'elle ne communiquait plus avec ses proches,
m'a profondément touchée. Se retrouver pour
La Ciociara est très excitant, car j'aime beaucoup faire des choses nouvelles et je ne sais pas
quoi répondre quand on me demande quel rôle
je voudrais chanter.
Vous êtes l'une des très rares interprètes actuelles capables de chanter avec autant
d'évidence l'opéra de ses origines
(Monteverdi) à la création contemporaine
(Tutino), en passant pas Mozart, Gluck,
Cherubini, Donizetti, Verdi et l'opéra français. Avez-vous le sentiment de profiter pleinement de ces atouts et de mener la carrière
dont vous rêviez lorsque vous avez débuté?
Non, car à mes débuts je rêvais de chanter
Traviata, Trovatore et Norma, c'est à dire le
répertoire de grand soprano, celui que j'avais
entendu au disque et vu au théâtre. J'écoutais
beaucoup d'enregistrements et ne concevais l'opéra que par ce biais. C'est une belle question que
vous me posez, car je me demande souvent si j'ai
réalisé moins ou plus que ce que je voulais faire.
e
t
i
e
J'ai fait moins, car je n'ai pas touché au grand
répertoire, aucun Puccini, pas de Traviata, chez
Verdi seulement Falstaff et Un giorno di regno,
mais j'ai fait ce que je n'imaginais pas, c'est-àdire un grand éventail de rôles et avec une grande liberté d'expression et d'interprétation. Cela
m'a permis d'arriver où je suis. Quand je chantais
Ermione de Rossini, je pensais encore qu'il me
serait facile d'aborder les ouvrages de Donizetti
et de Verdi, mais cela n'a pas été le cas. J'ai chanté Elisabetta dans Maria Stuarda mais c'est peu.
J’aurais peut-être pu chanter Norma si j’avais
rencontré quelques années plus tôt le maître que
j'ai eu à 38 ans. Je le regrette, mais en même
temps c'est vrai que le répertoire que je fréquente est plus intéressant intellectuellement et les
personnages vraiment fantastiques. Vocalement
Leonora est sublime, mais son caractère n'est pas
passionnant.
Vous avez dit dans une interview
récente que vous pensiez vous retirer dans
quelques années pour vous éloigner du théâtre et vous occuper de la culture des oliviers,
tout en vous rapprochant de votre fils.
Qu'est-ce qui vous pèse le plus dans cette vie
dédiée à la musique ?
… les voyages me sont de plus en plus insupportables et l'éloignement, difficile à gérer. Nous
sommes rarement chez nous et si l'on fait le
bilan, comme le disait Régine, on se rend compte que l'on a renoncé aux relations humaines, car
on ne peut pas établir de vrais rapports avec quelqu'un que l'on voit tous les cinq mois. Les amis
supportent nos absences mais les relations étroites sont impossibles. J’avais des copines d'enfance qui sont restées en groupe depuis l'age de 14
ans. Lorsque je les vois, je les retrou-ve entre
elles et il m'est difficile de m'immiscer quelques
jours seulement par an dans leur clan ; les rapports ne sont pas similaires. A l’époque de Julia
Varady et de Dietrich Fischer-Dieskau, qui ont
choisi de s'éloigner très peu de leur lieu d'habitation, les chanteurs avaient encore quelque pouvoir, aujourd’hui on ne peut plus rien décider. Il
reste encore deux trois divi et quelques dive
comme Fleming, Netrebko ou Kaufmann, mais
ils sont rares. Regardez les affiches des spectacles c'est frappant : les metteurs en scène sont
toujours écrits en plus gros que nous, et il n'est
pas rare de nous trouver après celui du décorateur
ou du dramaturge ; nous sommes tout de même
les premiers seuls sur scène, face au public. Cela
est vraiment inquiétant.
Propos recueillis par François Lesueur
Les 6, 8, 10 octobre au Victoria Hall à 19h30
Locatin : 022/322.50.50 et www.geneveopera.com/
n
27
o p é r a
opéra de lausanne
Saison 2013-2014
L'Opéra de Lausanne affiche la saison prochaine sept titres qui sont autant
d'invitations au voyage rêvé; il offre ainsi l'occasion de (re)découvrir une riche
palette de sensibilités musicales fort diverses qui devraient remporter une
adhésion totale et immédiate auprès de son public.
Monteverdi : Orfeo
création 24 février 1607
(27 octobre 2013)
28
Ce titre, que l'on considère souvent comme
le point de départ de la florissante évolution du
genre lyrique européen, n'a cessé de fasciner les
publics. Par son sujet, d'abord : l'histoire de ce
musicien qui parvient, par sa seule maîtrise de
l'art des sons, à faire fléchir les puissances infernales afin de retrouver son épouse prématurément décédée, possède tous les ingrédients du
songe attrayant. La musique, ensuite, qui se met
avec ferveur au service d'une intrigue admirablement conduite, avec ses coups de théâtre prenants
(l'arrivée de la Messagère, annonciatrice de la
mort d'Eurydice ou l'ouverture des portes de
l'Enfer sous l'impulsion du chant de la lyre) et
son réjouissant lieto fine (ou happy-end, pour
parler français!) où l'on voit Orphée, devenu l'égal d'un dieu, rejoindre sa femme dans le ciel
étoilé. Confié à Gabriel Garrido, qui a offert une
gravure discographique de référence de ce titre,
cet opéra ne devrait pas manquer son effet sur le
public lausannois, même s'il est affiché en version de concert seulement.
sentiment amoureux si noble, remonte seul dans
l'Olympe... La musique respecte la double nature
du sujet : d'un côté, elle est de nature essentiellement délicate dans ses airs bucoliques, mais elle
sait aussi faire un sort brillant aux passages plus
dramatiques tels que les séquences de chasse ou
les évocations de Pitone, le serpent de mer qui
jouer le rôle du vilain à abattre... Diego Fasolis,
et ses Barocchisti, bien connus des Lausannois
après leurs brillantes interprétations de Farnace
du même Vivaldi et de L'Artaserse de Vinci,
seront de nouveau au rendez-vous pour cette
occasion unique de redécouvrir un chef-d'œuvre.
Rossini : Il barbiere di Siviglia création 20 février 1816 (27 &
30 avril, 2, 4 & 7 mai 2014)
On ne présente plus cet œuvre célébrissime
qui n'a jamais quitté l'affiche depuis sa création
au début du 19e siècle. Rappelons toutefois que
l'Espagne mise en musique par Rossini n'a pas
grand-chose à voir avec le fandango ou une feria
gitane. De fait, l'opéra pourrait tout aussi bien
Vivaldi : Dorilla in Tempe
création 9 novembre 1726
(11 mai 2014)
Deuxième opéra offert sans costumes ni
décors, ce titre peu connu de Vivaldi n'en sera pas
moins une révélation pour beaucoup, tant la
musique en est variée et la fourchette des affects
inhabituellement large. Le sujet de cette pastorale héroïque est à la fois limpide et complexe.
Apollon, déguisé en berger, tombe amoureux de
la fille d'Admète, Roi de Thessalie. Mais celle-ci
aime un autre berger, qui n'est lui qu'un simple
mortel. Lorsqu'Admète voit son royaume attaqué
par un horrible monstre marin, les dieux exigent
de lui qu'il donne sa fille en sacrifice, à l'image
de ce qui se passera pour Idoménée. Sauvée du
monstre par Apollon, elle est rendue à son berger
adoré tandis que le dieu, ému par la pureté d'un
a
s'intituler Le barbier de Naples ou Le Coiffeur de
Florence. Ce qui a intéressé le compositeur et
son librettistes, c'est d'abord le chef-d'œuvre de
Beaumarchais et la touche d'exotisme que suggérait la description d'un ordre social légèrement
différent de ce qui se passait à l'époque en Italie.
Et encore : si l'on songe au Don Pasquale de
Donizetti composé vingt-sept ans plus tard, les
différences entre les caractères et les réactions
des personnages principaux ne sont pas légions...
Mais les librettistes de l'opéra comique de l'époque aimaient adapter des intrigues aux rebondissements légèrement étranges au même titre
que les mélos cinématographiques se sont amusés à transporter les amateurs du genre aux quatre coins de la planète avec des décors de cartonpâte construits à Cinecittà ou Hollywood. Et la
mise en scène d'Adriano Sinivia, déjà présentée
en 2009 sur cette même scène, ajoute sa touche
décalée en transplantant cet univers comique
dans celui du cinéma des années cinquante....
Nicolai : Die lustigen Weiber
von Windsor - création 9 mars
1849 (6, 8, 11, 13 & 15 juin 2014)
Bien que basé sur la même pièce de
Shakespeare que le testament lyrique de Verdi,
cet opéra ne présente que peu de points communs
avec son plus célèbre rival italien. L'intrigue
respecte plus précisément le canevas shakespearien (avec notamment le déguisement de Falstaff
en vieille tante ronchonneuse) mais la musique
affiche des ambitions autres. Il s'agit d'une comédie lyrique de ton mélancolique, avec de superbes
airs (le plus connu étant celui du ténor 'Horch die
Lerche singt im Hain...' avant le grandiose quatuor du II), de longues séquences chorales
(comme le fameux Hymne à la lune qui ouvre la
dernière scène après avoir déjà été cité dans la
populaire Ouverture) et une série d'ensembles
moins turbulents que chez Verdi mais empreints
de ce comique bonhomme qui est le trait dominant de ce type d'opéras comiques allemands
dont Albert Lortzing fut le maître incontesté.
Comme chez Rossini, Nicolai ne se soucie pas de
couleur locale dans sa musique; il se contente
bien plutôt d'exploiter avec la verve mélodique
qui lui est propre - et qui est à vrai dire plus proche de la tradition italienne que de l'anglaise - un
sujet qui a visiblement titillé son imagination.
Verdi : Luisa Miller
création 8 décembre 1849 (21,
23, 26, 28 & 30 mars 2014)
Diego Fasolis dirigera I Barocchisti et le Chœur de
la RTS pour «Dorilla in Tempe»
c
t
u
a
L'écrivain allemand Friedrich Schiller était
avec William Shakespeare et Victor Hugo un des
l
i
t
é
o p é r a
auteurs préférés de Giuseppe Verdi. Trois de ses
sujets ont été mis en musique par le compositeur
italien; Luisa Miller, tiré d'un drame de jeunesse
intitulé Kabale und Liebe, raconte la passion
malheureuse et condamnée à l'échec d'un jeune
couple que les conventions sociales séparent, un
peu comme dans Roméo et Juliette. La fin, bien
évidemment, est tragique... La musique n'évoque
pas l'Allemagne de façon précise; Verdi, qui est
sur le point de livrer au monde sa fameuse trilogie composée de Rigoletto, Le trouvère et La traviata, écrit pourtant là une partition qui diffère de
ce qu'il a offert à la scène lyrique jusqu'ici; dès le
Prélude, écrit sur une seule formule musicale
répétée et variée à l'envi, l'auditeur est frappé par
une certaine austérité de ton, une incroyable
diversité dans l'écriture instrumentale et une
recherche de plus en plus poussée visant à effacer
toute trace de rupture entre récitatifs et airs ou
ensembles. Serait-ce par là que Verdi aurait tenté
d'évoquer le monde de la musique allemande,
moins ouvertement spectaculaire au plan vocal
que celle de ses contemporains dans la Péninsule?
partition pour la création berlinoise de l'opéra
afin de donner un profil musical plus accusé au
personnage de Dapertutto...
Offenbach : Le voyage dans la
lune - création 26 octobre 1875
(17 & 19 janvier 2014)
Varney : Les Mousquetaires au
couvent - création 16 mars 1880
(22, 25, 27, 29 & 31 déc. 2013)
Cette opérette à grand spectacle a été écrite
par le compositeur français juste après la parution de l'ouvrage de Jules Verne qui fit sensation
dans les milieux lettrés de Paris. L'exotisme des
situations est ici exploité par Offenbach pour aligner une série de musiques étranges, délibérément caricaturales, où il passe en revue les tics et
manies des auteurs d'opéra à la mode à Paris à
cette époque. Rien n'a été épargné pour assurer le
succès de ce nouvel opus : quatre actes, vingttrois tableaux (donc vingt-trois décors différents!), et trente-et-un numéros musicaux (ballets, chœurs, airs et ensembles fantastiques) sont
nécessaires pour raconter cette rocambolesque
histoire du Prince Caprice, fils du Roi Vlan, qui
veut conserver sa liberté au lieu de se marier.
Lorsque le jeune homme récalcitrant rencontre la
Princesse Fantasia sur la lune, son cœur s'embrase immédiatement, mais il n'est pas au bout de
ses peines pour autant. Sur un livret qui n'est pas
sans évoquer les fantaisies de Voltaire dans Zadig
ou Candide, Offenbach brode une musique d'une
magnifique complexité, acide à souhait lorsqu'il
s'agit de brocarder les vices de ses concitoyens,
mais riche en magnifiques trouvailles, comme
cette magnifique mélopée de l'Ouverture qui sera
reprise dans Les Contes d'Hoffmann pour y devenir le fameux 'Scintille ô diamant, miroir où se
prend l'alouette...', cet air très célèbre ajouté à la
Qu' a-t-il de plus exotique, pour un public de
bons bourgeois amateurs d'opéras légers, que la
vie des Ursulines dans un cloître où pénètrent des
Mousquetaires légèrement avinés ? Dans son
opéra bouffe, au sujet vaguement inspiré du
fameux Comte Ory de Rossini, Louis Varney ne
va pas jusqu'à chercher la provocation, et le livret accessible à tout public n'a rien d'un ancêtre
du film X. Mais le compositeur tire toute la verve
comique de son ouvrage de l'opposition entre
deux mondes musicaux tantôt gaillards et
paillards, tantôt recueillis et doucement suaves.
Contrairement à Offenbach, il s'agit moins pour
lui de se moquer des travers de ses contemporains que de mettre sur pied une de ces comédies
sentimentales dont le public d'alors était friand et
qui permettait à chacun de sortir du théâtre en
fredonnant ses airs favoris, faciles à retenir et pas
trop ardus à maîtriser techniquement.
a
c
t
u
injuste de faire la fine bouche. Le rôle-titre est en
effet admirablement écrit pour un soprano léger,
l'instrumentation de Delibes se révèle une merveille d'équilibre et de nuances inouïes jusque-là,
et le sujet, également inspiré d'un texte de Pierre
Loti, n'est finalement pas plus banal que celui de
Madame Butterfly. Et contrairement aux compositeurs passés en revue jusqu'ici, Delibes a au
moins tenté de retrouver dans ses mélodies les
étranges figures harmoniques que l'on croyait, à
l'époque, directement inspirée d'une Inde idéalisée. Cette naïveté peut fait sourire à juste titre
aujourd'hui, mais l'ouvrage conserve néanmoins
toute sa force lorsqu'il est confié à des artistes qui
le prennent au sérieux.
Humperdinck : Hänsel et Gretel
- création 23 décembre 1893 (5,
7, 8 [2 représentations], 9 & 12
février 2014)
Frank Ferrari sera Narcisse de Brissac dans
«Les Mousquetaires au couvent» © DR
Delibes : Lakmé
création 14 avril 1883 (4, 6, 9,
11 & 13 octobre 2013)
Les charmes délétères d'un Orient de pacotille ont longtemps assuré le succès de cet ouvrage tombé dans un oubli quasi total dès la seconde moitié du siècle passé. S'il est évident aujourd'hui que Lakmé ne se compare pas aux grands
chefs-d'œuvre lyriques français, il est néanmoins
a
l
i
t
Inspiré d'un fameux conte de Grimm, cet
opéra a d'abord été une affaire de famille. Le
compositeur, admirateur fervent de Wagner, s'est
en effet amusé à écrire, avec la collaboration de
sa sœur, une fantaisie musicale destinée à agrémenter une fête de Noël familiale. Le succès fut
tel que l'on pria Humperdinck d'orchestrer l'ouvrage pour en faire un opéra (à l'origine, seuls
deux pianos fournissaient un accompagnement
aux voix). Il le fit brillamment, mais en gardant
en mémoire la fascination qu'il avait ressentie à
l'écoute du Crépuscule des dieux de Wagner.
C'est dire que les comptines enfantines se trouvent ici parées d'un somptueux manteau aux chamarrures fantastiques qui a parfois tendance à
écraser sous leur poids de simples mélodies
enfantines au charme fort discret. A Lausanne,
l'Opéra proposera une version simplifiée, raccourcie et récrite pour un petit ensemble instrumental, ce qui devrait permettre une meilleur
compréhension du texte, donné pour l'occasion
dans sa version française. La quantité de chansonnettes réparties dans cette heure et demie de
musique ont été, une fois ou l'autre, entonnées
par chacun d'entre nous ; elles assurent d'ailleurs
toujours un succès durable à cet ouvrage que
chaque opéra allemand affiche dans les environs
de Noël pour un public d'enfants ravis d'accourir
au théâtre en compagnie de leurs parents. Et de
fait, cette version musicale du conte est si séduisante qu'elle interpelle les publics de sept à septante-sept ans, comme aime à le dire l'éditeur
d'une célèbre bande dessinée...
Eric Pousaz
é
29
o p é r a
opéra de lausanne
Eric Vigié
Après avoir erré pendant cinq ans, l'Opéra de Lausanne
a retrouvé ses murs en septembre dernier. La première
saison a permis de mettre à l'épreuve un lieu théâtral à la
technique entièrement rénovée, avec les inévitables petites
pannes et défauts de jeunesse qui ont tous été maîtrisées
avec célérité. La saison prochaine sera celle de la
consolidation.
30
reste, il me conviendrait assez peu de rendre visite à des impresarios pour
acheter des voix 'sur catalogue', en quelque sorte. Tous les chanteurs qui se
présentent à Lausanne ont été entendus et sélectionnés en vue des rôles qui
leur seront confiés. Car dans ce domaine, il ne sert à rien de vider sa bourse pour obtenir une vedette; il est plus intéressant de s'approcher de jeunes
chanteurs qui ont envie de faire leurs preuves, qui acceptent de s'immerger
totalement dans une production et ensuite, lorsqu'ils ont percé, de pouvoir
compter sur leur fidélité et les voir revenir entre un gala au Met de NewYork et une première au Staatsoper de Vienne. C'est le rôle d'un théâtre
comme Lausanne: la salle n'est pas trop grande, les voix jeunes ne s'y épuisent pas et les conditions de répétitions in situ qui y sont offertes touchent à
l'idéal : les vedettes de demain, ne l'oublions jamais, ne se 'font' pas dans des
auditoriums de deux mille places avec trois raccords en guise de répétitions
avant de monter sur un plateau. Nous avons un bel exemple de la justesse de
cette politique d'engagement avec Olga Peretyatko qui a chanté sa première
Desdemona dans l'Otello de Rossini à Lausanne en 2010 alors qu'elle ne
jouissait pas encore de la célébrité qui est la sienne aujourd'hui. Elle nous est
restée fidèle en revenant trois fois sur les planches de l'Opéra et elle sera de
nouveau présente dans une saison prochaine alors
qu'elle est maintenant fêtée dans les plus grandes
maisons d'opéra du monde entier... Il en va de
même avec les metteurs en scène: pensez à Arnaud
Bernard qui a fait en 2005 un admirable Rigoletto
ici à Lausanne alors qu'il était inconnu du grand
public. Maintenant les théâtres d'Italie se l'arrachent et je vais partir prochainement au San Carlo
de Naples, une des salles les plus prestigieuses
d'Italie, pour assister à une reprise de ce même
Rigoletto qui n'a pas fini de tourner et dont chaque
franc investi a été largement rentabilisé...
Cette nouvelle saison se caractérise par un nombre inhabituellement
élevé de nouvelles productions. Même les mises en scènes réalisées en
partenariat avec d'autres théâtres verront d'abord le jour à Lausanne avant
de partir sous d'autres cieux...
M. Eric Vigié, Directeur de l'Opéra, est heureux de la réaction du public qui, non seulement
l'a suivi fidèlement pendant la fermeture de la
maison mère, mais manifeste toujours autant
d'enthousiasme en cette période de crise.
Questionné sur son sentiment à l'approche de sa
neuvième saison lausannoise, il fait preuve d'un
optimisme de bon aloi :
- L'Opéra se porte bien à Lausanne. Les subventions, contrairement à ce qui se passe ailleurs,
n'ont pas diminué et le public manifeste clairement son attachement à l'institution en suivant
L'exemple de ce spectacle rappelle que les
très régulièrement nos manifestations. Cela ne
productions
ont souvent une vie après Lausanne.
signifie bien évidemment pas que tout est pour
Comment
cela
se passe-t-il pour vous ?
le mieux dans le meilleur des mondes possibles,
Dans
ce
cas
particulier,
le spectacle avait été
car il serait envisageable d'améliorer l'offre en
coproduit
avec
Marseille.
Puis,
comme il a plu, il
obtenant un million supplémentaire pour assurer,
a
été
loué
par
divers
théâtres,
et
la liste ne semble
par exemple, une plus grande qualité des spectaEric Vigié
pas
sur
le
point
de
se
clore...
Et
ceci est tout gain
cles. Néanmoins, dans l'ensemble, les perspectipour
le
budget
de
l'Opéra:
une
telle
réalisation
scénique
se loue dans les
ves d'avenir sont bonnes. Le public a été renouvelé et s'est incroyablement
6500€
par
représentation;
vous
pouvez
facilement
calculer
ce qui rentre
diversifié. Les soirées du mercredi à 19h voient notamment affluer les
dans
les
caisses
de
l'Opéra
lorsqu'une
série
de
cinq
à
six
spectacles
est
gens sortant directement de leur lieu de travail : après avoir mangé sur le
mise
à
l'affiche.
pouce, ils viennent passer quelques heure au théâtre avant de rentrer ou de
Dans le cadre d'une coproduction (ce sera le cas plusieurs fois
terminer la soirée avec leurs amis. A 20h, nous retrouvons le public plus
dans
le
courant de la saison prochaine), la donne est-elle différente ?
traditionnel qui vient en connaisseur à l'opéra et qui se fait une fête de sa
Contrairement
à une production qui est louée par un directeur après qu'il ait
soirée lyrique. A 15h, c'est un public qui profite de cet horaire avancé pour
assisté
à
une
représentation
dans le théâtre propriétaire, la coproduction s'évenir de l'extérieur et rentrer ensuite à des heures confortables. Les reprélabore
en
parfait
accord
avec
l'Opéra partenaire. C'est dire que les risques
sentations d'opéra pour enfants attirent également un public adulte fourni;
financiers
sont
partagés,
ce
qui
n'est pas négligeable en cas d'échec artisil est alors difficile de savoir qui entraîne qui, mais le résultat est là : les
tique.
Prenons
un
exemple
concret:
il me semblait légitime de programmer
représentations affichent généralement complet.
Comment équilibrez-vous la saison lorsque vous en confection- Lakmé à Lausanne car ce titre n'a pas été joué ici pendant des décennies. Or
nez le programme et que vous songez à ce public si divers?
cet ouvrage a fait les beaux soirs de l'Opéra Comique, lorsque celui-ci était
Il y a plusieurs paramètres à respecter. Le premier tient bien entendu au encore un théâtre de répertoire avant que Rolf Liebermann ne le ferme.
respect strict du budget: il ne sert à rien de s'offrir le luxe de coups média- Jérôme Deschamps, l'actuel patron de la maison parisienne, s'est tout de
tiques pour se retrouver avec des comptes dans le rouge et des dettes à épon- suite déclaré intéressé par le titre. Il a proposé de confier la mise en scène à
ger dans le futur. Mais cette limitation n'est pas bien gênante: c'est en effet Lilo Baur, une artiste qui a connu de grands succès pour ses mises en scène
le rôle d'un directeur de partir à la recherche de jeunes talents pour les enga- réalisées à la Comédie-Française et qui a même obtenu un prix convoité
ger dans son théâtre lorsqu'il a encore les moyens de payer leurs gages. Du pour son travail dernièrement. La proposition convenait d'autant mieux qu'il
e
n
t
r
e
t
i
e
n
o p é r a
s'agit-là d'une artiste suisse qui a fait la majeure partie de sa carrière en
France et en Angleterre. Au final, l'Opéra lausannois construit le décor, la
salle parisienne se charge des costumes. La première aura lieu ici, puis l'ouvrage sera présenté à Paris... Voilà un exemple typique de ce à quoi il faut
tendre ici à Lausanne pour s'épargner des dépenses inutiles.
Pouvez-vous donner quelques précisions sur l'économie que
cela représente pour un budget?
C'est facile. Un spectacle nouveau coûte dans les 200.000€. En divisant cette
somme par deux, il devient possible d'engager des artistes plus prestigieux
et plus chers, ou du moins d'élargir le choix des chanteurs envisageables.
Certains directeurs prétendent que le principe de la coproduction contribue à faire perdre son profil artistique à la maison qu'il
dirige, puisque les spectacles risquent ensuite d'être proposés un peu
partout. Etes-vous d'accord avec ce genre de réserve ?
Il est vrai qu'il faut éviter de galvauder un spectacle en le présentant dans trop
de salles différentes. L'idéal est une coproduction à deux, voire trois théâtres,
en faisant bien attention à renouveler entièrement la distribution pour que
chaque Opéra y trouve son compte et offre une vraie nouveauté à ses spectateurs. On aurait en effet tort d'oublier qu'au final, ce sont bien les voix qui font
un spectacle, non les décors dans lesquels on le joue. Ensuite, on a tout loisir
de louer la mise en scène à d'autres salles en mal de moyens suffisants pour
s'offrir une nouvelle production. Mais cela a généralement lieu lorsqu'une
reprise n'est plus pensable sur la scène des théâtres producteurs.
Vous sentez-vous totalement libre dans le choix des ouvrages
qui constituent le programme d'une saison ?
Il faut essayer de prendre le contrepied de ce qui se fait ailleurs. Il serait présomptueux, faute de moyens, de vouloir lutter sur le même terrain que les
grandes maisons d'opéra internationales. Il est par contre vital de proposer ici
quelque chose qui ne se fait pas ailleurs. Prenez l'exemple de Luisa Miller de
Verdi, un ouvrage qui sera donné au début du printemps 2014. Pendant l'année
du bicentenaire, l'Opéra lausannois n'a présenté aucun ouvrage de Verdi: il y
en avait tant à l'affiche ailleurs! Après les festivités qui auront gavé les spectateurs de Traviata et d'Aida, Lausanne propose Luisa Miller dans une nouvelle production: cet ouvrage de toute première qualité, écrit peu avant Rigoletto,
n'a quasiment pas été jouée en 2013; il a été deux fois à l'affiche, à Malmö et
Tel-Aviv, et n'a même pas bénéficié d'une nouvelle production : il s'agissait
dans le deux cas de reprises déjà vues sur ces scènes... Lausanne, en se démarquant de ce qui s'est fait ailleurs, soigne son profil de théâtre de redécouvertes
en jouant presque le rôle de pionnier pour la circonstance.
Théâtre des Marionnettes de Genève
La saison comprend plusieurs titres rares. N'est-ce pas risqué
pour votre trésorerie ?
Le public est ici curieux et le théâtre jouit d'une solide base d'abonnés
réguliers qui permet de relativiser les risques d'échec : environ 6000 spectateurs achètent effectivement leurs places à l'année. Il s'agit ensuite d'attirer pour chaque série de spectacles une moyenne de 4500 personnes. Si
l'on y parvient la plupart du temps, c'est que les gens font maintenant
confiance à leur théâtre, même pour un ouvrage aussi peu connu que
L'Aiglon qui a atteint un taux de remplissage plus que satisfaisant cette
année. Il ne faut néanmoins pas se cacher que chaque soirée comporte un
risque; il s'agit de le gérer au mieux. Pour l'instant, ce contrat de confiance paraît en passe d'être renouvelé. Espérons qu'avec Lakmé, Les
Mousquetaires au Couvent et Les Joyeuses commères de Windsor, sans
compter Le voyage sur la Lune d'Offenbach, l'Opéra saura convaincre
qu'il vaut parfois la peine de sortir des sentiers battus pour s'offrir le grand
frisson de la découverte.
Propos recueillis par Eric Pousaz
e
n
t
r
e
t
i
e
n
GRAND-PÈRE
MAIS OÙ EST
PASSÉ LÉON ?
Dès 4 ans
25 septembre
au 13 octobre 2013
Voyage au pays rêvé des jouets
et de leurs ombres.
De 1 à 3 ans
6 au 24 novembre 2013
Un malicieux grand-père poète
va décrocher la lune.
tmg
es
nnett
mario
Rue Rodo 3 – Genève
022 807 31 07
www.marionnettes.ch
o p é r a
Comment réagissez-vous face à un texte dont on ne peut tout
de même pas prétendre qu'il soit tombé de la plume d'un grand esprit
littéraire ?
opéra de lausanne : lakmé
Julia Bauer
Lakmé de Leo Delibes a souvent mauvaise presse. L'opéra
serait vieillot, son sujet étriqué et sa musique tout juste
agréablement superficielle. Pour Julia Bauer, l'interprète
de la première Lakmé lausannoise donnée à l'Opéra, tout
ce qui a été dit de négatif au sujet de cet ouvrage est
entaché de mauvaise foi.
Au cours d'un entretien qu'elle a bien voulu nous accorder au sortir
d'une des premières répétitions sur scène au début du mois de septembre,
elle prend immédiatement fait et cause pour cette œuvre qui, selon elle, n'a
rien de su-ranné. Cette jeune artiste, qui a fait ses premiers pas sur la scène
lyrique en Autriche essentiellement, a peut-être la chance d'aborder pour
la première fois une œuvre pas très connue dans les pays de culture germanique et, par conséquent peu encombrée de tous les préjugés que l'on a
cru bon de colporter dans les salons de l'Hexagone!... Aussi notre première question la surprend-elle presque...
32
Êtes-vous entièrement convaincue
par ce nouveau rôle ?
Bien sûr! Comment pourrait-il en aller
autrement ?
On reproche pourtant souvent à
Delibes de s'être laissé inspirer par un
orientalisme facile où le kitsch côtoierait
la banalité mélodique d'une superficialité
sucrée.
Mais qu'est-ce que cela peut bien vouloir
dire ? Et qu'est-ce qu'une musique superficielle ? Pour moi, une musique interpelle ou
laisse indifférent. Lorsqu'elle touche, elle
parle directement aux auditeurs, et le terme
de 'superficiel' ne peut pas lui être appliqué
! Il n'y a pas lieu de chercher ici des comparaisons avec d'autres styles de musique soidisant plus élaborés ou savants. Lakmé est
un opéra qui existe en soi et, pour lui rendre
justice, il convient d'abord de l'écouter et
d'entrer sincèrement dans la problématique
qu'il aborde.
Mais écrire un texte d'une grande valeur littéraire n'est pas la tâche d'un
bon librettiste d'opéra... Il s'agit d'abord pour lui de fournir au musicien
des situations et des répliques qui enflamment son imagination. Prenez par
exemple la fin du premier acte de l'opéra, lorsque la jeune femme demande au bel étranger de quitter les lieux parce que son père ne verrait pas d'un
bon œil l'intrusion d'un Anglais dans l'enceinte sacrée du temple. Le texte
se limite à quelques formules simples, que l'on pourrait résumer par : «Vat-en, tu n'as rien à faire ici». Cette idée, relativement commune, est
habillée par le compositeur d'une musique au cheminement mélodique
plutôt tortueux qui indique bien que la jeune femme est en proie à des sentiments contradictoires lorsqu'elle demande à Gérald de la quitter; en fait,
qu'elle s'en rende compte ou non, elle l'aime déjà. Le livret remplit ici parfaitement sa fonction, car par le truchement de la musique, il invite l'auditeur à une lecture au second degré qui enrichit la situation de base d'une
nuance capitale pour l'évolution des caractères dans la suite de l'histoire.
Prendre conscience d'une telle dualité entre texte et musique at-il une influence directe sur la mise en scène ?
Bien sûr. Je ne peux bien sûr pas encore formuler de jugement précis sur
ce que l'on va faire ici à Lausanne puisque la première est dans plus d'un
mois. Mais il me semble vital de trouver un
tracé qui tienne compte des exigences parfois contradictoires entre les mots et les
notes afin que naisse soudain ce qui fait la
force expressive de toute représentation
lyrique réussie : on ne doit jamais oublier, en
effet, que l'opéra, c'est du théâtre, de la
musique, de la mise en scène; et l'émotion
vraie naît de la conjonction de ces trois composantes, sans que l'on puisse toujours dire
très exactement ce qui joue le rôle le plus
important. A mon avis, cela devrait rester le
compositeur!!!
Vous méfiez-vous des metteurs en
scène en général ? ou des chefs d'orchestre réputés despotiques ?
Je n'ai pas l'impression de me trouver ici
dans une situation où il faudra lutter pour
que tout se passe bien. Mais j'ai souvent vu,
il est vrai, des luttes d'égos entre les différents artisans d'une représentation lyrique
conduire à l'échec final, parce que chacun
Julia Bauer sera Lakmé
Justement, certains vous diront
songeait d'abord à se mettre en valeur et à
que cette histoire sent son eau de rose...
attirer le plus efficacement l'attention du
Mais encore une fois, cela ne veut rien dire ! Le sujet ici abordé est celui public sur soi au lieu de se mettre au service de l'ouvrage à l'affiche.
Pour revenir au personnage que vous allez incarner, comment
de l'incompatibilité entre deux cultures que tout oppose : la religion, les us
le
jugez-vous
? Quelle conception avez-vous de sa psychologie, de ses
et coutumes, la façon d'envisager la vie. Est-ce que cela a beaucoup chanantécédents,
de
sa personnalité ?
gé de nos jours ? On trouve quotidiennement dans la presse ou à la TV l'éLakmé
est
une
très
jeune femme, une teen-ager, aurais-je envie de dire.
cho de drames passionnels où des couples sont empêchés de vivre leur
Cela
signifie
que
sa
naïveté n'est pas feinte, elle n'est pas le fruit d'un calamour jusqu'au bout parce qu'ils appartiennent à des clans familiaux qui
cul
non
plus.
Son
attachement
à son père est fort, et c'est à son corps
ne peuvent accepter l'existence d'une autre culture ou d'une autre religion.
défendant
qu'elle
se
sent
tout
à
coup attirée vers le bel étranger qui fait
Le drame que vit Lakmé est celui que vivent chaque jour toutes ces jeunes
irruption
dans
son
monde
jusqu'ici
ultra-protégé.
femmes à qui l'on interdit de fréquenter un partenaire qui n'appartiendrait
Voyez-vous
en
elle
une
sorte
de Madame Butterfly avant
pas au même milieu qu'elle.
e
n
t
r
e
t
i
e
n
o p é r a
l'heure ?
Non, car son rôle de prêtresse la destine de toute façon à servir son dieu.
Elle ne rêve pas de fonder une famille ou d'avoir des enfants, comme
Butterfly. Elle sait même qu'elle mourra vierge, puisque c'est sa destinée
de jeune femme dont la vie est consacrée au service du temple. Lorsqu'elle
fait le sacrifice suprême en buvant le poison après avoir sauvé Gérald, elle
ne fait donc qu'accomplir la destinée qui lui était prescrite, mais ce n'est
plus une déité évanescente qu'elle sert à ce moment-là. Par son sacrifice,
elle vit jusqu'au bout l'amour qu'elle ressent pour le jeune Anglais. Sa mort
est en quelque sorte positivée par ce sentiment nouveau, dans la mesure où
elle prend elle-même son sort en main. Pour l'interprète lyrique que je suis,
la progression psychologique du personnage, qui passe du stade de la
jeune enfant obéissante à celui de la femme assumant pleinement sa décision de mourir, est tout simplement fascinante. On est bien loin du chromo
un peu kitsch que certains veulent voir dans le sujet de cet opéra.
Vocalement, on attend surtout l'interprète de Lakmé dans le
fameux air des clochettes chanté au 2e acte, et dans le duo avec
Mallika au début de l'ouvrage. Comment voyez-vous, de l'intérieur,
l'ensemble du rôle.
J'aurais franchement de la peine à faire des choix. La musique est magnifiquement écrite pour les voix (pas seulement la mienne!) et l'orchestration est à la fois d'une richesse et d'une délicatesse qui chercherait sa semblable loin à la ronde. Les duos de Lakmé avec Gérard ou les scènes avec
Nikalantha, son père, sont traitées avec une finesse de touche qui en rend
chaque épisode subtilement changeant, et la difficulté, mais aussi l'attrait
d'une telle écriture est qu'elle stimule les interprètes dans leur recherche de
la nuance juste, toujours renouvelée sans jamais devenir outrancière. On
est ici loin du vérisme à l'italienne...
GALERIE LA FERME DE LA CHAPELLE
39, ROUTE DE LA CHAPELLE | CH -1212 GRAND-LANCY
WWW.FERMEDELACHAPELLE.CH
Ville de Lancy
République et canton de Genève
Lorsque vous êtes sur scène, sentez-vous le pouvoir, ou du
moins l'ascendant que vous avez sur l'auditoire lorsque tout se passe
bien pour vous ? Autrement dit, avez-vous pleinement conscience des
moments où le public vous suit, où il 'marche', comme on dit parfois
vulgairement?
Certainement. Ce sentiment est d'ailleurs extraordinaire! Quand tout à
coup vous sentez qu'à travers vous, votre voix, votre expression corporelle, l'auditeur entre pour ainsi dire en communion avec ce qu'a exprimé le
compositeur, vous atteignez le but que vous vous êtes plus ou moins consciemment fixé pendant les longues semaines où vous avez travaillé le
rôle.. L'interprète que je suis atteint alors presque à un niveau qui se comparerait à celui d'une prière ou d'un recueillement intense qui comble tout
votre être et dont il est par la suite difficile de s'extraire. Je ne vous cacherais pas que, dans un tel contexte, je trouve parfois les applaudissements
en fin de spectacle presque gênants, car ils détruisent en quelques secondes l'atmosphère de concentration que tous les artisans du spectacle sont
parvenus à construire dans les minutes qui ont précédé la chute du rideau...
Propos recueillis par Eric Pousaz
e
n
t
r
e
t
i
e
n
SAISON
2013—2014
Quelles sont alors les difficultés d'un tel rôle pour l'interprète ?
Il faut trouver un équilibre délicat ente la maîtrise des sentiments, que la
musique exacerbe systématiquement, et le sort à réserver à ces moments
où il faut prendre le risque de se laisser aller. Dans le dernier acte, il est
tentant de forcer la dose pour émouvoir le public plus sûrement, mais c'est
à mon avis contraire à l'effet recherché par Delibes. L'auditeur n'a pas à
être manipulé par l'interprète, il faut simplement qu'il puisse accéder à l'univers du compositeur pour rester sensible à l'expression de son langage
OCTOBRE
JE 3 & VE 4 – MARC DONNET-MONAY
TRANSMET SA JOIE Humour
ME 9 – HITCH
d’Alain Riou et Stéphane Boulan Truffaut/Hitchcock
SA 19 – OCCIDENT de Rémi De Vos – à Martigny
MA 22 – UN MARI IDÉAL d’Oscar Wilde Comédie
NOVEMBRE
ME 6 – CIAO AMORE de Jérôme L’Hotsky
avec Christophe Alévêque
JE 14 – LE COUPERET d’après Donald Westlake
ME 20 – LA RELIGIEUSE de Diderot
VE 29 – RÉCITAL PIANO de Cédric Pescia
o p é r a
opéra de lausanne : rencontre avec lilo baur
Le gout des défis
Lilo Baur n'est pas une inconnue des amateurs de théâtre lausannois: au
Théâtre de Vidy, elle a déjà mis en scène Fish Love d'après des nouvelles de
Tchekhov et Le conte d'hiver de Shakespeare. Femme de théâtre et de cinéma
surtout, elle est venue à l'opéra il y a quatre ans seulement lorsque l'Opéra de
Dijon lui a commandé une mise en scène de Dido ans Aeneas d'Henry Purcell.
34
«La découverte de la puissance évocatrice
de la musique, ajoutée à celle du texte, m'a immédiatement séduite», dit-elle avec enthousiasme.
«Et je me suis réjouie de pouvoir revenir fouler
les planches d'un théâtre lyrique suite à cette première expérience enthousiasmante pour y régler
un nouveau spectacle.» Ce fut d'abord La resurrezione, un oratorio de Haendel, à l'Auditorium
de l'Opéra-Bastille; vinrent ensuite Ariane et
Barbe-Bleue de Paul Dukas à Dijon et tout
récemment Béatrice et Bénédict au Festival
Berlioz de La Côte-Saint-André... Et aujourd'hui,
pour ses débuts à l'opéra lausannois, Lakmé...
Le catalogue de ses réalisations lyriques
frappe par l'originalité des titres sélectionnés.
Aucune des œuvres mises en scène jusqu'à
aujourd'hui ne fait partie de ce que l'on appelle
familièrement le grand répertoire. Et ce n'est pas
l'ouvrage de Delibes qui va changer le cours des
choses! Aussi notre première question, lors de
notre rencontre à l'issue d'une des premières
répétitions de Lakmé à Lausanne, a-t-elle précisément concerné l'originalité de ses choix dans
l'inventaire lyrique...
Comment sélectionnez-vous les titres
d'opéras que vous allez mettre en scène ?
(Rire franc) Mais je ne choisis pas ! On me propose, et, en général, j'accepte car j'aime tous les
défis. Car si un directeur de théâtre, pour une
raison ou une autre, a envie de mettre à l'affiche
une œuvre qui l'intéresse, je ne vois pas pourquoi je me refuserais d'emblée à en assurer la
préparation scénique. C'est d'ailleurs en affrontant ce genre de difficultés que j'ai fait
quelques-unes des plus belles découvertes
récentes après avoir pourtant eu, à l'origine,
l'impression de m'embarquer dans une aventure
bien risquée... Aussi, lorsqu'on me demande de
mettre en scène un titre que je ne connais pas
encore, je suis toujours prête à prendre le pari
d'en tirer quelque chose de viable sur la scène...
Il y a bien un jour où je me casserai les dents,
e
mais le monde du théâtre, s'il veut rester vivant,
est celui de l'audace, non ?
Alors, avec Lakmé, comment voyezvous votre tâche ?
L'œuvre n'a pas toujours bonne réputation, mais
cela est immérité. L'art lyrique a pris une direction entièrement différente dès la fin du XIXe s.,
et le genre dont se réclame Delibes a vite disparu
des scènes européennes. Ce qui ne signifie pas, et
de loin, que l'opéra comique n'a plus rien à nous
dire aujourd'hui, car les sujets abordés n'ont rien
perdu de leur actualité, N'en va-t-il pas d'ailleurs
de même dans le musical à l'américaine que l'on
commence à (re)découvrir en France ?
Qu'est-ce qui vous est venu à l'esprit
lorsque vous avez commencé à vous plonger
dans la lecture du livret ?
Nous sommes ici en présence de deux mondes
que tout oppose. D'un côté, les Anglais qui se
comportent en envahisseurs se souciant fort peu
de respecter les usages locaux, et de l'autre, les
Indiens qui sont obligés de faire contre mauvaise fortune bon cœur. Delibes a visiblement pris
son parti: les Anglais, musicalement, sont caractérisés par une musique légère, presque primesautière, que ne renierait pas un Offenbach alors
que les indiens, Nilakantha et surtout Lakmé en
tête, se voient dotés de langages musicaux plus
personnels et - sons le mot - plus inspirés.
Comment cela peut-il ressortir dans
votre mise en scène ?
Pour moi, l'officier anglais n'est pas un personnage à la psychologie très consistante. C'est un
rêveur qui se promène en pays conquis sans prendre conscience de la dimension spirituelle de
ceux qu'il considère au final comme des êtres
inférieurs. Son amour pour Lakmé reste du
domaine de la délicieuse songerie exotique. Il y
croit, certes, mais cela ne se sent pas dans son
comportement; il se contente de l'exprimer avec
des mots passe-partout qui ne tromperaient pas
une Européenne moins naïve que Lakmé. La
jeune Indienne, par contre, est d'une sincérité
n
t
r
e
totale, mais cela ne le convainc pas vraiment.
Lorsque, par exemple, elle le met en demeure de
réfléchir aux dangers qu'il court en venant dans
l'enceinte sacrée du temple où les étrangers sont
punis de mort, il prend la menace à la légère Et
lorsqu'elle insiste par peur de le voir peut-être
mis à mort, il lui répond qu'il est prêt à braver
tous les dangers par amour... et il entreprend alors
d'analyser ses sentiments comme le ferait une
femme plutôt qu'un soldant aguerri. Ce décalage
est pathétique et pourrait être traité sur le mode
tragique. Le compositeur français préfère rester
dans le pastel, ce qui n'enlève rien à la force de
son tableau de mœurs...
Cette différence d'appréciation de la
situation ne crée-t-elle par un hiatus entre les
deux personnages ?
Bien sûr, et c'est même ce qui, d'une certaine
façon, suscite une légère angoisse, voire un vrai
suspense. Le personnage de Frédéric, bien qu'il
soit secondaire dans le déroulement de l'action,
est nettement plus au fait de la situation en
essayant de rappeler à son ami ce que sont les
mœurs des Indiens et les dangers qu'il court en ne
les respectant pas. Mais Gérald, finalement, reste
passif, protégé par son inconscience ou son ingénuité. Il prend des risques qu'il croit pouvoir
assumer, puisqu'il est officier dans une troupe
conquérante; ensuite, il attend que les choses
s'arrangent d'elles-mêmes puisqu'il se croit protégé par son statut d'envahisseur victorieux.
Lakmé, au contraire, est un personnage extrêmement actif...
Pas du tout au départ. Elle se comporte d'abord
en fille soumise que son père n'hésite pas à violenter, par exemple en la forçant à chanter au 2e
acte son fameux 'Air des clochettes'. Mais dès ce
moment, l'atmosphère s'alourdit, car un changement s'opère en elle et elle devient la pièce forte
du conflit interracial en s'opposant à Nilakantha son père - pour sauver Gérald, l'ennemi qu'elle
devrait haïr mais dont elle s'est éprise. Et lorsqu'au 3e acte, pour sauver la vie du bel officier
anglais, elle se dévoue pour le soigner à la suite
de l'attentat dont il a été victime, elle assume tous
les risques liés à sa désobéissance puisqu'elle se
sait prête à mourir par amour. J'irai jusqu'à dire
qu'au moment où elle offre la coupe sacrée à
Gérald, elle se comporte comme une Isolde.
Boire dans ce récipient doit sceller leur union
éternelle (Gérald ne sait pas que Lakmé vient
d'ingérer le suc mortel d'une fleur empoisonnée)
et les deux amants vivent alors quelques secondes de parfait bonheur, avant que la jeune femme
ne commence à faiblir et meure dans ses bras.
L'opéra comporte de nombreuses scè-
t
i
e
n
o p é r a
Lilo Baur
nes d'atmosphère qui sont souvent considérées comme plus faibles, musicalement.
Comment peut-on les insérer dans le spectacle sans qu'elles n'y introduisent une note
artificiellement légère ?
J'aime ces moments où la foule se presse, comme
dans la scène du marché ou celle des conspirateurs. Car c'est à ce moment que la mise en scène
peut se substituer à la partition en braquant les
projecteurs sur ce que la musique traite de façon
superficiellement illustrative. Le contraste entre
la tension dramatique de tels moments et les
mélodies faciles de Delibes devient, en ces circonstances, un élément de tension dramatique.
C'est comme si le théâtre mettait l'auditeur dans
la situation inconfortable de savoir que quelque
chose de terrible se prépare alors que, sur la
scène, personne ne semble s'en apercevoir. Pour
rendre sensible cette dimension, il est important
de montrer que le comportement des Anglais est
inadapté: ils renversent par mégarde un étal de
marchand, ils blessent la fierté de la population
en la traitant comme un ensemble d'êtres importuns, ils adoptent un comportement empreint de
condescendance et de fierté mal placée. Tout cela
nourrit le ressentiment des indigènes et justifie
amplement l'attentat dont Gérald va être la victime. Des scènes en apparence secondaires laissent
ainsi progressivement sourdre une agressivité qui
prépare la chute du rideau du second acte où l'on
voit le héros, frappé d'un coup de couteau, gisant
sur le sol et mourant.
Comment travaillez-vous avec votre
distribution pour parvenir à vos fins ?
J'ai la chance, ici à Lausanne, d'avoir tous les
chanteurs avec moi sur un plateau entièrement
libre puisque la saison commence précisément
e
n
t
r
avec Lakmé; de plus, le chef d'orchestre est à mes
côtés. C'est presque un luxe! Au départ, je fais de
l'improvisation avec les chanteurs, pour découvrir quels sont leurs talents d'acteurs. Dans ces
moments d'exercices libres, j'observe ce que les
personnalités présentes ont à proposer spontanément et fais mes choix. Même si j'arrive à la première répétition avec une idée précise de ce à
quoi va ressembler l'ouvrage sur le plateau, je ne
me prive donc jamais des suggestions qui me parviennent, indirectement, de ces moments où les
acteurs miment une scène de colère ou un
moment tendre. Car il reste évident que, malgré
ses talents, un metteur en scène ne fera jamais
faire à un acteur ce qu'il répugne instinctivement
à montrer sur une scène. Par contre, en canalisant
et utilisant à ses fins un don théâtral découvert
chez l'interprète, il peut obtenir de lui une intensité dans le jeu scénique dont bénéficiera l'ensemble du spectacle.
Un travail d'échange aussi poussé ne
nuit-il pas à la concentration puisqu'il ralentit forcément la mise en place du spectacle
dans son entier ?
On peut le voir ainsi, mais pour moi ce genre
d'échange permet de finaliser le jeu de scène
précis que je souhaite obtenir tout en respectant
l'interprète qui se sent partie prenante pendant
tout le processus, et c'est ce qui me paraît vital.
Au fond, ma mission principale consiste à
rechercher un langage commun permettant à
l'ensemble de la distribution, choristes compris,
de faire passer un message dramatique fort en
recourant au même vocabulaire scénique. La
cohérence d'un travail théâtral naît de l'apparition chez chaque acteur d'une sorte de vécu
commun pendant le temps de la représentation.
e
t
i
e
Lorsque le spectateur y est sensible, je ne saurais imaginer de meilleure récompense...
Le spectacle est monté en coproduction avec l'Opéra-comique de Paris où il sera
donné le printemps prochain avec une distribution renouvelée. Allez-vous en profiter
pour modifier votre mise en scène lors des
représentations futures ?
Non. Dans la mesure du possible je tiens déjà
compte des contraintes parisiennes ici à
Lausanne même si, dans ce théâtre où les possibilités techniques sont plus étendues, il serait
tentant de faire un usage plus systématique de la
machinerie sophistiquée dont je pourrais disposer. Quand je pense à une péripétie dramatique, je
me demande d'abord si elle sera réalisable sur
l'autre plateau. Si ce n'est pas le cas, je cherche
autre chose. Je m'empresse d'ajouter que de telles
contraintes ne me font pas peur, car elles sont
souvent à l'origine de trouvailles originales auxquelles on n'aurait pas pensé si la technique avait
suivi!... En outre, d'autres étapes sont prévues au
calendrier (notamment en novembre déjà, à
Saint-Etienne) , donc j'ai intérêt à ne pas trop
jouer avec la technique. Les changements à vue
se réaliseront en pleine vue avec les machinistes
habillés comme la population locale à laquelle ils
se mêleront... Au théâtre, la simplicité est souvent ce qui se montre le plus efficace !, non ?
Propos recueillis par Eric Pousaz
Lakmé est au programme de l'Opéra de Lausanne le vendredi 4 octobre 2013 à 20h, dimanche 6 octobre à 17h,
mercredi 9 octobre à 19h, vendredi 11 octobre à 20h et
dimanche 13 octobre à 15h. Billetterie : en ligne sur le site
de l’opéra, ou par téléphone + 41 21 315 40 20 du lundi
au vendredi de 12h à 18h.
n
35
o p é r a
entretien avec philippe béran
Les Mousquetaires
au couvent
Pour les fêtes de fin d’année, l’Opéra de Lausanne a mis au programme une
nouvelle production, celle des Mousquetaires au couvent, un opéra-comique de
Louis Varney. Lors des représentations, le Sinfonietta de Lausanne sera placé
sous la direction du chef d’orchestre Philippe Béran.
Philippe Béran, vous aimez mêler la
musique avec d’autres arts, vous aimez lui
adjoindre des éléments visuels : ballet, cinéma, opéra…
36
On m’engage souvent pour ça, parce que je suis
dans la catégorie des chefs d’orchestre compréhensifs, souples et ouverts. Beaucoup de chefs
d’orchestre détestent ça parce que, quand on
rajoute un autre art à la musique, on rajoute des
contraintes supplémentaires, et beaucoup de
chefs n’aiment pas ces contraintes-là. Il faut
savoir que, quand on accompagne un film ou de
la danse, les contraintes de tempo deviennent
strictes, la marge de liberté se resserre nettement. De toute façon, que ce soit pour un ballet
ou de l’opéra, on prépare toujours les choses en
amont. Pour une production comme celle de l’opéra de Lausanne, on se fait engager 1 an et
demi ou 2 ans à l’avance, on se met d’accord sur
l’édition, sur le texte, sur la musique parce
qu’entre les éditions il peut y avoir des tas de
différences. Ensuite le directeur de l’opéra choisit le casting, il choisit le metteur en scène. Puis
arrive le moment où le metteur en scène et le
chef d’orchestre décident ensemble longtemps à
l’avance si l’on fait des coupures musicales, si
l’on intervertit des numéros musicaux, …
Une fois que le projet artistique est réglé dans
son ensemble, arrive la phase de production où
on commence par rencontrer les chanteurs,
qu’on fait répéter au piano. Puis l’autre phase de
production, où le metteur en scène met en place
tout l’aspect théâtral avec les chanteurs.
Parallèlement, le chef d’orchestre prend en
mains l’orchestre qu’il prépare indépendamment. Une fois que les chanteurs, la scène, l’orchestre, et tout le reste, les décors, les costumes,
les éclairages, sont prêts, arrive la partie finale
de la production, environ deux semaines avant
la première : on travaille sur scène et toutes les
pièces du puzzle se mettent en place jusqu’à la
première.
Est-ce différent pour un opéra ou une
opérette ? Y a-t-il plus de souplesse pour une
opérette ?…
Non, non, c’est exactement pareil, parce que
dans toutes les formes d’opéra, c’est toujours la
même discipline. C’est même plus difficile pour
une opérette, parce qu’il s’agit de faire rire le
public, et faire rire le public, c’est beaucoup
plus délicat que de le faire pleurer. Le rire doit
être réglé au millimètre, c’est une question de
timing, donc il suffit qu’un des paramètres soit
faible pour que l’effet soit totalement manqué.
L’opérette choisie, c’est Les Mousquetaires au Couvent, la seule, je crois, qui ait
survécu de l’œuvre de Louis Varney…
Franchement, je ne la connaissais pas. J’avais
entendu parler de cette opérette, mais c’est la
première fois que je l’entends… Varney n’est
pas un compositeur que je connaissais bien
auparavant. Mais j’ai énormément dirigé d’opérettes, en particulier d’Offenbach bien sûr, dont
je suis un grand fan, j’adore rire sur scène !
Philippe Béran
e
n
t
r
e
Et ce sera une production qui pour moi va
éveiller beaucoup de souvenir puisque le metteur en scène sera Jérôme Deschamps. On avait
déjà, Jérôme et moi, fait une production quand
j’étais à l’Opéra de Bordeaux, il y a maintenant
14 ans. On avait monté Les Brigands de Jacques
Offenbach qui avait eu un succès formidable :
d’abord monté à Paris-Bastille, on l’avait repris
ensemble à Bordeaux et c’est parmi mes souvenirs les plus fous d’opéra. On avait ri comme
des malades pendant trois semaines. Il avait
associé à la production la compagnie des
Deschiens. C’était déjanté… Là, je pense que ça
va être décoiffant aussi.
Mais l’opérette est-t-elle encore d’actualité ?
L’opérette sera toujours d’actualité. L’opérette,
quand c’est bien fait, c’est génial. Parce qu’on a
besoin de rire. On vit dans un monde de moins
en moins drôle. Or l’opérette est une forme
lyrique destinée à faire rire. Alors on en fait
généralement à Noël ou dans les périodes festives, mais je trouve que c’est un beau genre
musical, à mon avis indispensable : j’imagine
mal l’être humain sans rire. C’est même médicalement recommandé, de rire. Les médecins
recommandent 9 minutes de rire par jour pour
être bien !
Mais le sujet est quand même
« improbable »
Mais Les Mousquetaires au couvent, c’est les
renards dans le poulailler ! Avec toutes sortes de
quiproquos… Connaissant Jérôme Deschamps,
à mon avis il va inventer un tas de trucs absolument impensables… Ça va être une belle production, très vive. Il a énormément d’imagination et c’est un grand méticuleux qui sait que la
clef du succès, c’est le travail précis dans tous
les domaines : jeu d’acteurs, accessoires, costumes, éclairages… A mon sens d’ailleurs monter
une comédie musicale de manière parfaite, c’est
beaucoup plus de boulot que de monter un
grand opéra !
Serge Lachat
A l’Opéra de Lausanne, dimanche 22 décembre 2013, 17h
/ jeudi 26 décembre 2013, 19h / vendredi 27 décem-bre
2013, 20h / dimanche 29 décembre 2013, 15h / mardi 31
décembre 2013, 19h : Les Mousquetaires au couvent.
Billetterie : en ligne sur le site de l’opéra, ou
Par téléphone + 41 21 315 40 20 du lundi au vendredi de
12h à 18h.
t
i
e
n
o p é r a
entretien avec olivier desbordes
Le Voyage dans la lune
Olivier Desbordes a concocté la mise en scène du Voyage dans la lune
d’Offenbach, qui se verra fin décembre à l’Opéra de Fribourg et à la
mi-janvier à l’Opéra de Lausanne. Le directeur des festivals de musique
Saint-Céré et de théâtre de Figeac, qui préside également aux destinées de la
compagnie Opéra-Éclaté dans ses tournées, est un habitué des mises en scène
ébouriffées, tout à fait à son affaire avec Offenbach.
Pourriez-vous nous présenter cette
œuvre ?
Elle a été écrite après la guerre de 1870, et le
contexte a certainement joué. C’est au départ
une opérette à grand spectacle, une sorte d’alibi
pour faire du music-hall, avec une trentaine de
figurants et une profusion de décors. Comme je
fais beaucoup d’Offenbach, j’y cherche toujours
ce que le compositeur veut nous transmettre. Ici
la fin du XIXe siècle : la mère ou la maîtresse.
Donc, moi j’ai un peu actualisé, bien sûr, sur les
mères porteuses, avec un clin d’œil au mariage
pour tous !
Gardez-vous le livret tel quel ?
Non, puisque je réécris les dialogues parlés. Je
ne touche pas en revanche aux paroles chantées.
La musique elle-même est restituée intégrale-
Pour Fribourg et Lausanne, c’est, disons, la
grosse version. Son allégement ne viendra que
par la suite, lors de la tournée. La seule chose
que l’on a omise par rapport à l’œuvre originale, ce sont les ballets, sauf partiellement pour les
entractes. Les conserver entièrement aurait
alourdi de beaucoup la soirée. Mais même dans
ce cas, nous restons dans les conventions de l’époque.
Et l’idée principale de votre mise en
scène ?
Les étapes de l’œuvre sont : la terre et le monde
lunaire que je vous ai présentés, et pour finir la
découverte de l’amour et l’explosion des principes établis. J’ai donc choisi une terre dans une
vision mélièsque, en noir et blanc et qui croit au
progrès – puisque la terre à l’époque, c’est
Paris, le reste c’est les Zoulous ! – ; sur la lune,
ils font un voyage dans le temps et arrivent au
Salon des Arts ménagers, style Barbarella / Star
Trek, donc la société de consommation aseptisée, les machines à laver, les frigos etc., une
société sans amour et qui consomme ; mais
quand les personnages de l’action découvrent
ensuite l’amour, c’est mai 68 ! Peace and Love !
Je crois que finalement je raconte bien l’œuvre,
comment elle est articulée. J’espère aussi que
cela sera drôle, car il y aura nombre de références à notre époque récente. C’est aussi l’esprit
de l’œuvre, qui en son temps comportait des
allusions contemporaines. Et tout cela est aussi
en phase avec la musique.
Qui dirige la musique ?
C’est Laurent Gendre, qui est un chef d’orchestre habitué de l’Opéra de Fribourg. J’avais déjà
travaillé avec lui, il y a deux ans, pour Madame
Butterfly à Fribourg. Nous nous étions fort bien
entendus, et cela devrait continuer.
Propos recueillis par Pierre-René Serna
Olivier Desbordes
aussi. La première partie, assez courte, se passe
sur terre, puis les personnages sont transportés
dans la lune. Et sur la lune, ils découvrent que
les valeurs morales sont inversées ! Les bonnes
actions, par exemple, sont l’objet de sanctions… L’amour n’y existe pas. Il y a deux
pays : celui des femmes porteuses, qui font les
bébés, et le pays des femmes pour le plaisir. On
achète ces femmes sur le marché… C’est finalement le résumé de la situation de la femme à
e
n
t
r
ment, telle que l’œuvre a été conçue, y compris
son orchestration. Pour la tournée d’OpéraÉclaté, qui suivra les représentations de
Fribourg et Lausanne, je prévois toutefois une
production plus allégée, pour l’orchestre également. Mais ce n’est pas encore fixé sur ce plan.
A l’Opéra de Lausanne, vendredi 17 janvier 2014, 20h
dimanche 19 janvier 2014, 17h : Le Voyage dans la lune
d’Offenbach
Billetterie : en ligne sur le site de l’opéra, ou
Par téléphone + 41 21 315 40 20 du lundi au vendredi de
12h à 18h.
Justement, ce spectacle étant appelé
par la suite à voyager, cela a-t-il influé la
conception de votre mise en scène ?
e
t
i
e
n
37
o p é r a
J’en ai assez des transpositions à notre époque !
C’est devenu une manie envahissante sur toutes
les scènes. Il est finalement beaucoup plus rare
de s’en tenir à l’époque voulue par le livret. Ce
que je tente pour ma part, et en particulier ici.
C’est aussi peut-être plus exigeant, voire difficile… Étant donnée ma conception, que je vous ai
exposée, les personnages seront habillés de
fracs noirs, comme un chœur funèbre. Une mise
en scène en noir et blanc. La vie bourgeoise
n’est pas colorée du tout !
entretien avec giancarlo del monaco
Luisa Miller
Fils du ténor de légende Mario del Monaco, Giancarlo del Monaco est un
metteur en scène d’opéra célébré par toute la planète lyrique. Il conçoit la
nouvelle production de Luisa Miller présentée au mois de mars à l’Opéra de
Lausanne.
Vous avez déjà travaillé en Suisse, à
Lausanne et Genève, il me semble…
Effectivement. J’ai en particulier réalisé Don
Giovanni pour le festival d’été dans le théâtre
romain d’Avenches ; pour le Grand Théâtre de
Genève, Médée de Chérubini il y a certain
temps, et aussi le Freischütz, le Comte Ory ; et
pour Lausanne, Otello, en coproduction avec le
festival Rossini de Pesaro, avant cette Luisa
Miller, coproduite avec Palerme et Sydney.
38
Justement, parlez-nous de Luisa
Miller. Quelles sont les grandes lignes de
votre mise en scène ?
Luisa Miller est un drame bourgeois. Comme
Traviata, du même Verdi, mais différemment.
Le principe qui les gouverne est identique : le
bonheur est impossible en ce monde. On retrouve ce thème dans beaucoup de drames verdiens :
Rigoletto, Aïda, La Forza del destino. Mais on le
retrouverait tout autant chez Wagner, dans
Tristan par exemple.
Et comment traduisez-vous cela ?
Nous avons un décor unique, mais assez com-
plexe. Le sol est planté d’un tapis vert, qui
devient un sol de marbre en fonction des lieux :
la campagne, le château, la maison de Luisa. En
partie haute est figurée une espèce de grand
salon, comme une épée de Damoclès, avec des
statues inversées, où se présente la famille bourgeoise : le père, la mère, le fils, l’amant, le salopard etc. C’est un peu à l’image d’un cimetière,
comme celui de Gênes parsemé de statues
monumentales. Au final, moment de la mort, ce
cimetière bouge vers l’arrière et prend possession du sol. Symbole des conséquences désastreuses des valeurs bourgeoises !
Y voyez-vous un message social ?
Comme Traviata, Luisa Miller dénonce l’hypocrisie des conventions bourgeoises. C’est ce que
je tente de traduire. Sachant que l’Opéra de
Lausanne n’est pas démesuré et que la proximité des spectateurs autorise ce genre d’approche
symbolique.
Votre mise en scène se situe-t-elle à
l’époque voulue par le livret, ou transposezvous à l’époque actuelle ?
Avez-vous déjà des contacts avec les
interprètes, les chanteurs, le chef
d’orchestre ?
Je connais bien le chef d’orchestre, Roberto
Rizzi Brignoli, ainsi que le directeur de la maison, Éric Vigié, qui fut d’ailleurs mon assistant
du temps où j’étais à la tête de l’Opéra de Nice.
Donc, tout devrait aller au mieux.
Et vos autres projets ?
J’ai beaucoup de projets en Chine, à Pékin, jusqu’à 2016. Depuis trois ans, j’y fais deux productions par an : Tosca, le Vaisseau fantôme,
Lohengrin, cette année Otello de Verdi, suivi de
l’Italienne à Alger en novembre, puis un opéra
chinois, une première mondiale. Mais entretemps, il y aura aussi Sydney, Palerme,
Florence, la Bastille, où l’on reprend ma production d’André Chénier. Je ne suis pas fixé sur
un pays en particulier, en dépit de mes origines
italiennes. Je me projette d’une certaine façon
dans le monde entier. Je vis dans ma maison
d’Ibiza, dans les Baléares, au bord de la mer, où
je médite et conçois mon travail. Et je fais souvent des petits allers-retours à Madrid, où résident mes enfants. Je parle cinq langues et suis
très international !
Et vous êtes à la tête d’une grande
carrière internationale comme il en est peu…
En 2015, ce sera les cinquante ans de ma carrière ! Ce sera aussi le centenaire de mon père, le
ténor que vous connaissez. Une sorte de bilan
pour moi, par rapport à ma passion lyrique et
ma vie.
Propos recueillis par Pierre-René Serna
A l’Opéra de Lausanne, vendredi 21 mars 2014, 20h /
dimanche 23 mars 2014, 17h / mercredi 26 mars 2014,
19h / vendredi 28 mars 2014, 20h / dimanche 30 mars
2014, 15h : Luisa Miller de Verdi
Billetterie : en ligne sur le site de l’opéra, ou par téléphone + 41 21 315 40 20 du lundi au vendredi de 12h à 18h.
Giancarlo del Monaco
e
n
t
r
e
t
i
e
n
o p é r a
entretien avec annalisa stroppa
Il Barbiere di Siviglia
Annalisa Stroppa sera à nouveau à Lausanne pour chanter Rosina dans le
Barbiere di Siviglia. Entretien.
Comment vous êtes-vous préparée à
ce rôle ? pensez-vous qu’il soit possible de
rendre crédible ce personnage pour le public
d'aujourd'hui ?
Ce sera un plaisir pour moi de retourner à
Lausanne (un théâtre dont j'apprécie beaucoup
la qualité du travail artistique) après y avoir
chanté le Cherubin des Noces ! Rosina est un
rôle que j'ai chanté pour la première fois l'année
passée à Rome sous la direction de Bruno
Campanella. J'aime particulièrement ce rôle et
j'ai voulu prendre tout le temps nécessaire pour
que ma voix s'y sente à l'aise. Je pense que pour
rendre le personnage crédible il faut le libérer
des stéréotypes d'autrefois et le restituer au
public pour ce qu'il est : une jeune fille rusée et
pleine de vie, mais aussi pleine de tendresse.
Rosina est une fille comme tant d'autres : elle
tombe amoureuse et veut vivre librement son
amour.
L'interprétation de la musique de
Rossini a changé énormément depuis cinquante ans. A quel modèle du passé vous
referez-vous ? Demandez-vous conseil à des
musicologues ?
Nous sommes enfants de notre temps et il est
normal que le goût évolue. Personnellement,
j'essaie de trouver ma Rosina à travers une étude
approfondie de la partition, en choisissant les
variations et les cadences selon mon goût et les
caractéristiques de ma voix. Naturellement,
lorsque j'étudie un nouveau rôle du répertoire,
je demande toujours conseil, mais j'essaie d'arriver aux répétitions avec mes propres idées
pour les discuter après avec les autres collègues
et le chef d'orchestre.
Vous avez travaillé avec des chefs très
différents comme Riccardo Muti et
Christophe Rousset. Votre façon d'aborder le
répertoire change-t-il selon une approche
plus philologique ou plus traditionnelle ?
J'ai eu la chance de travailler avec des chefs
d'orchestre de grande expérience et chacun
d'eux m'a appris quelque chose de précieux sur
le travail. Je pense que l'essentiel est de rester
fidèle à la partition, à ce que l'auteur a voulu
e
n
t
r
dire. Après, sur cette base, on peut construire
une interprétation plus personnelle et trouver un
juste équilibre entre tradition et philologie.
L'opéra est un travail d'équipe et c'est la diversité de ses composants qui le rend justement si
intéressant et passionnant!
Outre le répertoire du XVIIIe, que
vous fréquentez souvent, vous chantez aussi
Carmen. Comment passez-vous d’un style à
l’autre, les deux étant si différents ?
Le secret est de chanter toujours avec la voix
naturelle, sans essayer de la forcer pour chanter
de façon plus dramatique. La voix se développe
et change d'elle-même avec le temps. Lorsque
on aborde des rôles aussi différents que Carmen
et Rosina, il est nécessaire de les espacer dans le
temps. Ainsi, la voix peut se reposer et s'adapter
au changement de répertoire sans en souffrir. Il
n'est pas possible de chanter en même temps
Rosina et Carmen, même si sur le plan dramatique elles ne sont pas si différentes. Chacune,
en effet, cherche à sa manière la liberté. Rosina
refuse de se marier avec son vieux tuteur,
Carmen préfère s'exposer à la mort que perdre
la liberté de ses choix. Sur le plan vocal, Rossini
demande un entraînement quotidien pour la
coloratura, tandis que Bizet exige un legato et
un phrasé très différents. Le métier d'interprète
nous donne la chance de pouvoir transposer
notre vécu dans chaque personnage que nous
abordons. Dans cette phase de ma vie je me sens
plus proche de Rosina que de Carmen!
En plus de votre formation musicale,
vous avez accompli des études en sciences
humaines. Quelle est l’influence de cette double formation sur votre activité de cantatrice?
Elle m'a appris à étudier scrupuleusement un
personnage, sans m'arrêter à une vision superficielle. C'est seulement grâce à une compréhension du contexte historique et culturel que le
personnage qu'on interprète prend forme et
qu'on peut se l'approprier véritablement. Mes
études m'ont aussi amenée à réfléchir sur l'importance de rapprocher l'opéra du public d'aujourd'hui. En tant qu'interprètes des œuvres du
passé, nous autres chanteurs avons la mission
e
t
i
e
Annalisa Stroppa © Silvia Lelli
d'émouvoir le public, de lui faire comprendre le
sens de ce que nous faisons sur scène. Aussi, l'éducation musicale du public présent et futur (à
partir de l'école) a une importance essentielle
pour que l'opéra puisse continuer à vivre et à
parler aux gens.
La mise en scène joue un rôle central
dans le théâtre musical de notre temps.
Qu'en pensez vous ?
Oui, c'est vrai : avant le chanteur était au centre
d'une production, après le chef d'orchestre et
aujourd'hui c'est la mise en scène qui prend de
plus en plus d’importance. Nous n'avons plus de
mises en scène statiques, car il est nécessaire de
rendre l'opéra intéressant. Je pense que ce dynamisme permettra de maintenir en vie le répertoire lyrique. Personnellement, je suis toujours bien
disposée à l'égard du metteur en scène, car je
pense qu'il peut aider un chanteur à trouver une
expressivité à la fois juste et personnelle. Pour
moi un bon metteur en scène est celui qui est bien
conscient du fait que la mise en scène doit être au
service de la musique et qu'il faut mettre les
interprètes dans les conditions idéales pour chanter. Heureusement j'ai eu toujours la chance de
travailler avec des metteurs en scène qui étaient
sur la même longueur d'onde que moi!
Propos recueillis par Gabriele Bucchi
A l’Opéra de Lausanne, dimanche 27 avril 2014, 17h /
mercredi 30 avril 2014, 19h / vendredi 2 mai 2014, 20h /
dimanche 4 mai 2014, 15h / mercredi 7 mai 2014, 19h : Il
barbiere di Siviglia de Rossini
Billetterie : en ligne sur le site de l’opéra, ou par téléphone + 41 21 315 40 20 du lundi au vendredi de 12h à 18h.
n
39
o p é r a
entretien avec david hermann, metteur en scène
Die lustigen Weiber
von Windsor
Sa mère étant française, David Hermann a aimablement et sans difficulté
répondu dans notre langue à quelques questions par téléphone. Son nom est
bien connu en Allemagne, où il travaille beaucoup, mais aussi en Suisse
alémanique et commence à l’être en France et en Belgique. Il est né à Würzburg
en 1977.
Madrid l’opéra La Regina en blanco de Pila
Jurado. Cette dernière en a aussi écrit le livret et
assumé le rôle principal ! Tenter dans la foulée
d’influencer la mise en scène lui semblait naturel. C’était sans compter avec la puissance de
persuasion de David Hermann, qui a finalement
fait accepter sa vision des choses. D’autres créations contemporaines telles que Sing für mich,
Tod de Claude Vivier ou Das Mädchen mit den
Schwefelhölzern d’Helmut Lachenmann font
partie de la liste des opéras déjà nombreux,
baroques, classiques et modernes, figurant sur
son CV.
Joyeuses commères de Windsor
40
A la Hochschule für Musik Hanns Eisler de
Berlin, il a suivi un cursus destiné aux futurs
metteurs en scène. Cette formation n’existe que
dans trois villes d’Allemagne, les deux autres
étant Hambourg et Munich. Elle comprend des
cours de toutes sortes pendant deux ans - piano,
chant, théâtre, théorie musicale, dramaturgie,
travail avec les chanteurs, participation à des
masterclasses… -, période suivie de trois ans de
préparation à la pratique.
En 2000 il a gagné le concours international de mise en scène et décors de Graz, décrochant le premier prix au grand dam des 159 aut-
David Hermann
res candidats ! L’opéra imposé cette année-là
était Parsifal.
Cette formation lui a permis de concilier
ses deux passions : la musique classique et le
théâtre. Elle a été complétée par une fréquentation assidue des opéras de Bâle et de Zurich
dont son lieu de résidence n’était pas éloigné.
Il a aussi beaucoup appris du metteur en
e
scène Hans Neuenfels, connu pour son goût de la
provocation. Il a appris surtout l’intensité dans le
travail, la responsabilité par rapport aux œuvres,
mais aussi la liberté de chercher toujours de nouvelles idées, de nouvelles perspectives. Enfin il a
appris comment gérer les problèmes pratiques,
comment organiser les répétitions, comment présenter un concept suffisamment à l’avance, comment reconnaître les priorités.
Liberté
Les metteurs en scène ont en général un
style auquel ils semblent tenir. Chéreau, Py,
Tcherniakov… Ce
n’est pas le cas de
David Hermann.
Pour lui, chaque
œuvre est différente ; il n’est pas fixé
sur un style, il préfère partir chaque
fois d’une page
blanche. Le goût et
l’esprit des bonnes
comédies lui plaisent autant que le
côté intellectuel et
plus ardu des opéras contemporains.
Il a participé
récemment à la
production
de
Pnima, opéra de
chambre de Chaya Czernowin, coproduction du
Théâtre et du Festival de Lucerne. Il dit s’être
efforcé de donner, par sa mise en scène, l’occasion au public de mieux écouter la musique, qui
a eu en l’occurrence la priorité. Trouver un
équilibre entre pensée et sentiment, c’est ce qui
l’intéresse. Pressenti par Gérard Mortier, il a
également mis en scène au Teatro Real de
n
t
r
e
David Hermann adore cet opéra « génial »,
surtout représenté dans les pays germaniques. Il
y trouve la chaleur du sud ( Otto Nicolai, le
compositeur ,a vécu à Rome), la tendresse, le
charme de la mélodie.
La mise en scène ne reprendra pas exactement ce qui a été fait à Gelsenkirchen, d’abord
parce que les décors et les costumes ne seront
pas conçus par les mêmes personnes. Or David
Hermann travaille toujours en étroite collaboration avec elles. Quelques idées seront reprises,
mais beaucoup de changements interviendront.
C’est une pièce sur les problèmes du couple, pense-t-il. Les époux Fluth se disputent,
s’affrontant de façon intense. Le sujet n’a rien
perdu de son actualité ; il peut donc être traité
dans le milieu de grande bourgeoisie actuelle.
Falstaff n’est pas ici le personnage principal.
Fluth connaît les affres d’une jalousie violente
et va même jusqu’à inviter ses voisins à dévaster son propre logement pour retrouver Falstaff,
qu’il soupçonne. Les personnages ont envie de
se déguiser pour révéler un aspect d’eux-mêmes
dont ils sont d’ailleurs surpris. Ils s’acharnent
sur le pauvre Falstaff, qui, après tout, n’a fait
qu’écrire deux lettres !
Par égard pour le public francophone, les
dialogues parlés en allemand, qui datent de
1849, ont été supprimés au profit d’un texte de
liaison plus moderne, dit en français par un
acteur.
D’après des propos recueillis par
Martine Duruz
A l’Opéra de Lausanne, vendredi 6 juin 2014, 20h /
dimanche 8 juin 2014, 17h / mercredi 11 juin 2014, 19h /
vendredi 13 juin 2014, 20h / dimanche 15 juin 2014, 15h:
les Joyeuses Commères de Windsor de Otto Nicolaï
Billetterie : en ligne sur le site de l’opéra, ou par téléphone + 41 21 315 40 20 du lundi au vendredi de 12h à 18h.
t
i
e
n
o p é r a
entretien avec gabriel garrido
L’Orfeo
Le 27 octobre 2013, Gabriel Garrido sera à l’Opéra de Lausanne pour diriger
l’Orfeo de Claudio Monteverdi à la tête de l’Ensemble Elyma. C’est en version
de concert que l’opéra sera joué. Face à la lourde responsabilité artistique
qu’impose l’absence de scénographie dans une œuvre théâtrale,
Gabriel Garrido s’explique.
forcerait d’avantage l’œuvre. Mais la musique
est tellement forte au niveau de ces affects
qu’elle offre la possibilité d’être jouée en version de concert.
En revanche, dans la version de concert que je
donnerai à l’Opéra de Lausanne, j’ai refusé la
disposition habituelle situant l’orchestre derrière et les chanteurs sur le devant de la scène. J’ai
ainsi quelque peu théâtralisé le concert en plaçant la formation orchestrale et les artistes
comme on le faisait à l’époque, et en utilisant
l’espace comme un tableau sonore. Ainsi, ce
n’est pas uniquement les couleurs de la musique
qui donnent le tableau, mais aussi les formes
dans l’espace. Il me semble en effet très important de donner l’Orfeo en respectant le code
théâtral connu de l’époque. En retouchant la
disposition habituelle de l’orchestre, on obtient
des effets de clair-obscur, d’échos ou les résonnances d’un orchestre caché dans les coulisses.
En jouant sur l’opposition spatiale des deux
orgues l’on peut aussi recréer la palette des couleurs nécessaires à une version théâtrale.
Quels sont enfin les projets qui vous
inspirent le plus pour cette prochaine
saison ?
Gabriel Garrido © DR
Vous avez abordé plusieurs fois
l’Orfeo de Monteverdi – œuvre que vous avez
également enregistrée : comment la percevez-vous aujourd’hui ?
vous allez en donner une version de concert à
l’Opéra de Lausanne. Comment réussir
alors à rendre son caractère « humaniste » à
une œuvre privée de sa partie théâtrale ?
Il s’agit d’un chef-d’œuvre et d’une des plus
grandes pages de la musique. Pour moi, c’est
l’aboutissement de la recherche humaniste sur
l’union des arts. J’ai beaucoup étudié cette
période musicale de la Renaissance qui est une
des plus prestigieuses qui soit. Aujourd’hui, je
suis reconnu comme spécialiste du baroque latino-américain ainsi que des musiques de source
latine auxquelles je me suis beaucoup intéressé
et que j’ai le plus pratiqué. Je me suis par
ailleurs penché sur la musique du XVIIe siècle
italien que je considère comme le symbole
même du baroque.
Voilà une bonne question ! N’oublions pas
qu’un élément s’est rajouté dans l’Orfeo par
rapport à l’aboutissement des idéaux de la
Renaissance : l’exaltation théâtrale des passions
musicales. Celles-ci, avant cette période (et jusqu’au milieux du XVIe siècle environ), passent
par une expression forte mais réduite à la bonne
volonté des chanteurs amateurs. C’est dans le
madrigal, dans le chant, que ces derniers expriment les affects. Avec l’arrivée de l’opéra, cette
expression se théâtralise, ce qui exalte les passions. Cette exaltation transparaît dans la
musique et fait oublier d’une certaine manière,
décors, événements, danse et tout ce qui découle de l’union des art. C’est pourquoi je pense
qu’une version de concert peut être puissante au
niveau musical. Bien sûr, la théâtralisation ren-
Vous parlez du caractère « humaniste » de la musique de Monteverdi et de l’union des arts qu’elle engendre. Pourtant,
e
n
t
r
e
t
i
e
La perspective d’interpréter l’Orfeo m’enthousiasme, puisque je ne l’avais pas redonné depuis
2007, date anniversaire des 400 ans de l’œuvre.
Chef-d’œuvre indélébile dans l’histoire musicale, c’est toujours une immense joie pour moi
artistiquement que de lui donner corps. Je suis
par ailleurs sur un projet de recherche concernant l’opéra vénitien et plus particulièrement
Francesco Cavalli, le meilleur élève de
Monteverdi dont j’ai enregistré un des opéras
complètement inédit. Je souhaiterais le monter à
Genève, car il incarne pour moi la continuation
du travail déjà présent dans l’Orfeo sur la
recherche sonore des éléments libres dans la
musique, comme par exemple la basse continue.
Voilà qui serait un joli aboutissement !
Propos recueillis par Serene Regard
A l’Opéra de Lausanne, dimanche 27 octobre 2013, 17h,
dans le cadre du Festival Bach. Gabriel Garrido dirige
l’Ensemble Elyma.
Billetterie : en ligne sur le site de l’opéra, ou par téléphone + 41 21 315 40 20 du lundi au vendredi de 12h à 18h.
n
41
s
a
i
s
saison lyrique 2013/2014
Zurich
Bien que le nombre des nouvelles productions ait été réduit
depuis le départ de l'ancien directeur pour le festival de
Salzbourg, l'Opéra de Zurich reste l'une des institutions
lyriques les plus actives de tout le continent. Neuf nouvelles
productions d'opéra s'étalent au long de la saison, alors
qu'une vingtaine de reprises permettent à l'Opernhaus
d'ouvrir ses portes cinq à six soirs par semaine pendant les
dix mois que dure la saison.
42
L'ouverture des feux avait lieu en septembre avec un ouvrage rarement
monté tant il place les responsables de la musique et de la mise en scène
devant des défis longtemps jugés insurmontables: Die Soldaten de Bernd
Alois Zimmermann, y sera donné en coproduction avec le Komische Oper
de Berlin où il sera présenté à la fin du printemps 2014. L'ouvrage sera dirigé par Marc Albrecht (qui avait la charge de l'inoubliable Lulu du Grand
Théâtre il a trois ans). La distribution, essentiellement composée de chanteurs rattachés à la troupe, aligne quelques beaux noms comme ceux de
Cornelia Kallisch, Pavel Daniluk, Stefania Kaluza ou Cheyne Davidson.
Le rôle vocalement impossible de Marie sera interprété, lui, par Susanne
Elmark, alors que la mise en scène sera signée de Calixto Bieito, un nom
auquel se rattachent quelques souvenirs de spectacles sulfureux (dès le
22 septembre).
Après un Woyzeck chorégraphié d'après le drame de Büchner par
Christian Spuck, le Directeur de la danse de la Maison, sur des musiques
de Martin Donner, Gyorgy Kurtag, Alfred Schnittke et Philip Glass,
Faust de Gounod reviendra à l'affiche dans une nouvelle production
signée de Jan Philipp Gloger sous la direction de Patrick Lange. Pavol
Breslik, Kyle Ketelsen et Amanda Majeski se chargeront des rôles principaux (dès le 3 novembre). Le fantôme de Canterville, un opéra de
Marius Felix Lange, s'adressera plus spécialement au jeune public dans
une mise en scène signée Jasmina Hadziahmetovic sous la direction de
Francesco Angelico. Les chanteurs de l'Opéra Studio et les jeunes membres de la troupe permanente se partageront la dizaine de rôles sur une
petite quinzaine de représentations à
partir du 27 novembre
Juste avant Noël, Fidelio de
Beethoven reviendra à l'affiche dans
une nouvelle mise en scène de
Andreas Homoki placée sous la
direction de Fabio Luisi, les deux
nouveaux patrons de l'Opernhaus.
Martin Gantner, Ruben Drole,
Brandon Jovanovich, Anja Kampe et
Christof Fischesser y incarneront ces
personnages hors du commun qui ont
contribué à faire de ce titre un des
plus populaires de tout le répertoire
Aleksandrs Antonenko
(dès le 8 décembre).
a
c
t
o
n
s
Une nouvelle Alcina de Haendel permettra à Cecilia Bartoli de re-trouver une salle et un public qu'elle dit aimer particulièrement. La direction de
La Scintilla sera assurée par Giovanni Antonini (qui fut également le chef
choisi par la cantatrice pour sa Norma salzbourgeoise) alors que Malena
Ernman sera Rugiero, Julie Fuchs Morgana et Varduhi Abrahamyan
Bradamante (à partir du 26 janvier).
Ensuite, ce sera le retour d'Aida de Verdi dans une mise en scène qui
promet d'être dépoussiérante signée Tatjana Gürbaca. Latonia Moore y sera
l'esclave éthiopienne, Iano Tamar la fille du pharaon. Aleksandrs Antonenko
le jeune guerrier intrépide et Andrzej Dobber le père vengeur; l'orchestre
sera de nouveau dirigé par Fabio Luisi pour une dizaine de représentations
(dès le 2 mars).
La Dame de Pique de Tchaïkovski sera revisitée par le metteur en scène
canadien Robert Carsen. Jiri Belohlavek assurera la direction musicale du
spectacle alors que Misha Didyk sera Hermann, Tatiana Monogarova Lisa,
Doris Soffel la Comtesse et Brian Mulligan le Prince Yeletzki (à partir du 6
avril).
Il ritorno d'Ulisse in patria de Claudio Monteverdi sera, lui, proposé
dans une réalisation signée Willy Decker avec le spécialiste de la musique
baroque Ivor Bolton à la direction. Sara Mingardo sera Pénélope, Kurt Streit
Ulysse, Anna Stephany Minerve et Christophe Dumaux La fragilité humaine ainsi que Pisandro (dès le 17 mai).
Une nouvelle Fanciulla del West fermera ce tournus de premières sous
la direction de Marco Armiliato et
dans la mise en scène du patron de
l'Opéra Comique berlinois Barrie
Kosky, réputé pour ses approches
irrévérencieuses mais diablement
efficaces des livrets qu'on lui confie.
Catherine Naglestad sera Minnie,
Zoran Todorovich Dick Johnson et
Scott Hendricks Jack Rance (à partir
du 22 juin). Signalons encore à
Winterthur la nouvelle production du
Matrimonio segreto de Cimarosa qui
confiée aux jeunes chanteurs de
l'Opéra Studio qui se partageront à
Susanne Elmark
tour de rôle les divers emplois (spectacle joué en avril et mai 2014).
Nombreuses reprises. Signalons en octobre Otello de Verdi, Jenufa
de Janacek et Les Maîtres-Chanteurs de Nuremberg, et en décembre
Sale (de Christoph Marthaler avec musique de Haendel) et La bohème.
Au début 2014, Les Pêcheurs de Perles de Bizet refont un petit tour de
piste avant Cosi fan tutte et un superbe Don Carlo dans sa version en
cinq actes en février. Le Vaissau fantôme et Les Contes d'Hoffmann
d'Offenbach repassent par Zurich en mars, tandis qu'Andrea Chénier de
Giordano et Salomé tireront leur révérence en avril. Mai verra le retour
de Peter Grimes, avant que Roberto Devereux de Donizetti ne refasse
surface en juin pour permettre à Edita Gruberova de se présenter une
nouvelle fois dans un de ses grands rôles sur les planches zurichoises. En
fin de saison, l'inusable Carmen (Kate Aldrich) trouvera quelques fois la
mort sous le couteau vengeur de Don José (Brian Jovanovich) avant que
la troupe ne parte en vacances.
http://www.opernhaus.ch/spielplan/kalendarium/
Eric Pousaz
u
a
l
i
t
é
s a i s o n s
saisons lyriques 2013/2014
saison lyrique 2013/2014
Berne
Vevey
Le Théâtre Municipal se contente de cinq premières
lyriques, données en alternance avec divers spectacles
chorégraphiques et dramatiques comme à Bâle.
Parmi la soixantaine de spectacles à l’affiche du Théâtre de
Vevey, cinq d’entre eux, consacrés à l’opéra, sont
proposés à l’abonnement, autorisant ainsi d’heureux
panachages entre théâtre et musique. Une innovation qui
ne devrait pas manquer d’ouvrir les portes de l’art lyrique
à de nouveaux auditeurs.
Le Freyschutz de Weber dirigé par Mario Venzago marquera les débuts
du chef suisse dans le rôle de directeur général de la musique au théâtre
comme à la salle de concerts. L'intérêt de cette première, déjà souligné par
la curieuse orthographe choisie, sera de faire usage des récitatifs expressément composés par Berlioz pour la première parisienne qui ne pouvait se
concevoir à l'Opéra sans récitatifs musicaux entièrement instrumentés en
lieu et place du texte parlé original. Le chef suisse se chargera tout de même
de moderniser quelque peu ce qui pourrait aujourd'hui paraître trop désuet
ou affecté dans le travail du compositeur français. Suivront La Traviata dès
le 17 novembre, puis La petite renarde rusée de Janacek en version allemande dès le 25 janvier. Le 9 mars, une opérette inconnue chez nous mais
jouissant d'une belle popularité en Allemagne : Der Vetter aus Dingsda (ou,
à peu près, Le Cousin de Nulle Part) d'Eduard Künneke refera une apparition pour une quinzaine de représentations sur les planches bernoises. En fin
de saison, Ariadne auf Naxos de Strauss dès le 19 avril et Peter Grimes de
Britten se partageront l'affiche dès le 9 juin.
http://www.konzerttheaterbern.ch/musiktheater/
Bâle
Du côté de Bâle, l'amateur trouve moins de nouveaux
spectacles chaque année, mais il sait au demeurant que
l'accent est ici mis sur une traduction visuelle délibérément
contemporaine du livret des opéras proposés.
La saison s’est ouverte avec Tosca en septembre, un ouvrage qui sera
bientôt suivi d'une version pour enfants de Hänsel et Gretel de
Humperdinck. En novembre, trois titres se disputent les faveurs du public :
un nouveau Lohengrin confié à Vera Nemirova, le Votre
Faust d'Henri Pousseur et Fame, un musical qu'il n'est plus
besoin de présenter et qui sera joué vingt-cinq fois jusqu'en
avril, alternativement en langue anglaise et en langue allemande ! Eugène Onéguine confié à Corinna von Rad sera
la première nouvelle production lyrique de janvier, à laquelle succédera la création de Schneewittchen (Blanche-Neige)
due au compositeur et hautboïste suisse Heinz Holliger. Le
spectacle sera dirigé par le compositeur alors qu'Achim
Freyer, le célèbre artiste allemand, se chargera des décors et
de la mise en scène. L'Enfant et les Sortilèges de Ravel fera
une courte apparition en avril avant la première de la réputée injouable Reine des Indes d'Henry Purcell. En fin de saison, La damnation de Faust de Berlioz bénéficiera d'une
version scénique sous la direction de Enrico Delamboye et
dans une mise en scène d'Arpad Schilling.
Philippe de Bros, ex-directeur du théâtre, mettra en scène Il Bacio di
Verdi, un spectacle évoquant les épisodes marquants de la vie de Giuseppe
Verdi et illustré par des extraits musicaux interprétés par quatre chanteurs :
Gilles Bersier, ténor; Alain Clément, baryton; Charlotte Muller Perrier,
soprano colorature, et Rachel Sparer Bersier, soprano dramatique. Au piano,
Anthony di Giantomasso, et dans le rôle de la récitante, Anne-Laure Vieli,
qui incarnera Giuseppina Strepponi, fidèle compagne du compositeur (je10
octobre). Un train pour Johannesburg, d’après Lost in the Stars, de Kurt
Weill et Maxwell Anderson, inspiré du roman Pleure ô pays bien-aimé
d’Alan Stewart Paton, constituera une découverte absolue. Créée à Brodway
en 1949, encore jamais jouée en Suisse, cette dernière œuvre de Kurt Weill
a connu un grand succès en France dans l’adaptation qu’en a réalisée Olivier
Desbordes pour l’Opéra Eclaté et les Festivals de Saint-Céré et de Figeac.
Evitant tout manichéisme, le metteur en scène a situé l’action de cette tragédie dans un contexte intemporel qui lui confère une portée universelle,
mêlant habilement comédie musicale, jazz et opéra (sa 14 décembre).
Habitué des lieux, l’Opéra de Bienne sera de retour à Vevey pour Un
Bal masqué de Verdi (di 12 janvier) et pour l’Enlèvement au Sérail de
Mozart (di 18 mai). Le chef-d’œuvre de Verdi sera mis en scène par Paul
Emile Fourny, directeur de l’Opéra de Metz, et Franco Trinca en assumera
la direction musicale. Pour Mozart, Benjamin Pionnier sera au pupitre. Il est
l’actuel directeur de la musique à l’Opéra National de Slovénie à Maribor.
La mise en scène a été confiée à Georg Rootering, qui a déjà réalisé à
l’Opéra de Bienne–Soleure Macbeth et d’I Puritani. Joanna Paris incarnera
Flora Tosca, Ruben Amoretti sera Cavaradossi, Tiago Cordas le préfet de
police …. , Robert Bouvier signera la mise
en scène et Facundo Agudin sera à la tête de
l’Orchestre Symphonique du Jura pour une
représentation de Tosca de Puccini provenant de Neuchâtel (ma 11 mars).
D’autres spectacles veveysans feront la
part belle à la musique, tels les Aventures de
Pinocchio avec le Quintette Eole (di 10 nov.),
les Franglaises avec les Tistics (sa 16 nov.)
ou Operetta, de Jordi Purti (di 2 fév.). De son
côté, Arts et Lettres annonce 9 concerts classiques entre le 8 octobre 2013 et le 29 avril
2014. Quelle richesse !
Yves Allaz
http://www.theater-basel.ch/spielplan/
Billetterie : www.theatredevevey.ch, 021.925.94.94
Eric Pousaz
a
c
t
u
a
Bâle : «Hänsel et Gretel» © Simon Hallström
l
i
t
é
43
s a i s o n s
scènes lyriques parisiennes 2013/2014
Paris
OPÉRA DE PARIS
44
C’est l’avant-dernière saison à la tête de l’Opéra de Paris de Nicolas
Joel, auquel succédera en septembre 2015 Stéphane Lissner (venu de la
Scala Milan, après un passage par Aix-en-Provence et le Châtelet). Cette
saison s’inscrit donc dans la ligne des précédentes, avec des nuances toutefois : davantage de nouvelles productions, mais une part congrue réservée au répertoire français, au rebours cette fois des années antérieures sous
Joel. Ce qui est peut-être à regretter pour la première maison lyrique française. Prédomine ainsi le grand répertoire italien et allemand. Se retrouvent aussi les grands noms de la mise en scène lyrique.
Nouvelles productions : Alceste de Gluck fera sensation pour
démarrer la saison (dans la mise en scène de Py et sous la battue de
Minkowski ; Garnier : jusqu’aux 2, 4 et 7 octobre) ; Aïda suivra (avec
toujours Py, et la direction musicale de Jordan ; Bastille : 10, 12, 15, 20,
25, 29 octobre, 2, 6, 9, 12, 14 et 16 novembre). Puis : Elektra
(Carsen/Jordan ; Bastille : 27, 31 octobre, 4, 7, 11, 18, 24 novembre et
1er décembre) ; I Puritani (Pelly/Mariotti ; Bastille : 25, 30 novembre,
3, 6, 9, 12, 14, 17 et 19 décembre) ; La Fianciulla del West, attachant et
assez rare opéra (Lehnoff/Rizzi ; Bastille : 1er, 4, 7, 10, 13, 16, 19, 22,
25 et 28 février) ; Die Zauberflöte (Carsen/Jordan ; Bastille : 11, 14, 17,
20, 22, 25, 29 mars, 1er, 6, 10, 13 et 15 avril) ; La Traviata
(Jacquot/Oren ; Bastille : 2, 5, 7, 9, 12, 14, 17 et 20 juin) ; et enfin
L’Incoronazione di Poppea (Wilson/Alessandrini ; Garnier : 7, 9, 11, 14,
17, 20, 22, 24, 26, 28 et 30 juin).
Reprises : après Lucia di Lammermoor en septembre
(Serban/Benini ; Bastille : jusqu’aux 1er, 4, 6 et 9 octobre), alterné de
l’Affaire Makropoulos (Warlikowski/Mälkki ; Bastille : jusqu’au 2 octobre), place à Cosi fan tutte (Toffolutti/Schonwandt ; Garnier : 22, 24, 27,
30 octobre, 3, 5, 8, 11 et 13 novembre). La Clemenza di Tito suit
c
http://www.operadeparis.fr/
OPÉRA-COMIQUE
L’Opéra-Comique est lui aussi dans la perspective de prochains changements : puisque cette saison est l’avant-dernière de Jérôme Deschamps,
avant une édition 2014-2015 devant précéder une fermeture pour deux ans
en raison de travaux. L’avenir dira quel est le sort promis à cette salle historique, témoin d’un répertoire si spécifique. Pour l’instant, se maintient
une ligne artistique qui a fait le légitime succès de Deschamps depuis sa
prise de fonction. Se retrouvent donc l’illustration du répertoire propre à
la maison et des escapades vers l’opéra baroque et l’opéra actuel.
L’ouverture, comme il devient désormais coutumier, revient à un
opéra contemporain, en l’occurrence Written on Skin de George
Benjamin créé avec le succès que l’on sait au Festival d’Aix
(Mitchell/Benjamin, 16, 18 et 19 novembre). Manfred, poème dramatique
sur une musique de Schumann prend la suite (Lavaudant/Krivine, 9, 11,
12, 14 et 15 décem-bre). Lakmé de Léo Delibes, qui fit la joie de nos arrière-grand-mères, revient dans la salle de ses exploits (Baur/Roth, 10, 12,
14, 16, 18 et 20). Pelléas et Mélisande revient aussi sur ses terres, dans
une reprise (Braunschweig/Langrée, 17, 19, 21, 23 et 25 février). Platée,
«Written on Sky» avec Christopher Purves (The Protector) à gauche et
Barbara Hannigan (Agnès) à droite au Festival d’Aix-en-Provence 2012
© Pascal Vitor / Artcomart
«Alceste» avec Yann Beuron (Admete)
© Opéra national de Paris / Agathe Poupeney.jpg
a
(Decker/Netopil ; Garnier : 27, 30 novembre, 3, 6, 9, 12, 16, 19 et 23
décembre) ; et Werther succède (Jacquot/Plasson ; Bastille : 19, 22, 25, 29
janvier, 2, 5, 9 et 12 février). Puis : Alcina (Carsen/Rousset ; Garnier : 25,
27, 30 janvier, 2, 5, 7, 9 et 12 février) ; Madama Butterfly
(Wilson/Callegari ; Bastille : 14, 17, 21, 24, 27 février, 1er, 4, 7 et 12
mars) ; la Bohème (Miller/Oren ; Bastille : 15, 18, 21, 24, 31 mars, 4, 7,
11 avril, 29 juin, 2, 4, 7, 9, 12 et 14 juillet) ; L’Italiana in Algeri
(Serban/Frizza ; Garnier : 31 mars, 2, 4, 7, 9, 12, 17, 21 et 23 avril) ; et
enfin Tristan und Isolde, reprise d’une production qui avait marqué l’ère
Mortier (Sellars/Jordan ; Bastille : 8, 12, 17, 21, 25, 29 avril et 4 mai).
La saison de ballet fera aussi une place à l’opéra, avec Orphée et
Eurydice de Gluck dans la fameuse chorégraphie de Pina Bausch, avec
Hengelbrock et Benzi en alternance à la baguette (3, 4, 8, 9, 10, 12, 13, 15,
16, 17, 19, 20 et 21 mai). Et n’oublions pas l’Atelier lyrique de l’Opéra de
Paris, avec deux nouvelles productions : le Viol de Lucrèce (Taylor/Pacal ;
Théâtre de l’Athénée : 14, 15, 16, 17 et 18 janvier) et Don
Giovanni (Perton/Myrat-Oyón ; MC 93 Bobigny : 22, 24, 26, 28 et 29
mars).
t
u
a
l
i
t
é
s a i s o n s
le chef-d’œuvre de Rameau, donne la touche baroque (Carsen/Christie,
20, 22, 24, 25, 27 et 30 mars). L’Histoire du soldat de Stravinsky couplée
avec l’Amour sorcier de Falla (mais dans sa version pour ballet) forme
transition (Osinski/Minkowski, 5, 6 et 7 avril). Ali-Baba, opéra-comique
bien oublié de Lecoq fera office de découverte (Meunier/Haeck, 12, 14,
16, 18, 20 et 22 mai). Et pour fermer le ban, une création : Robert le
cochon de Marc-Olivier Dupin (Grinberg/Heisser, 13, 14 et 15 juin). Les
spectacles et concerts annexes, en illustration desdites productions, sauront aussi trouver leur public.
http://www.opera-comique.com/
THÉÂTRE DES CHAMPS-ÉLYSÉES
Après son centenaire, le Théâtre des Champs-Élysées poursuit sa
route constante et fleurie. La quatrième saison de Michel Franck donne
dans des raretés (la Vestale !) et un répertoire qui fait comme toujours la
part belle au baroque. Se distribuent cinq productions d’opéras, comme
l’an passé, et une multitude d’opéras en version de concert. En sus de
concerts, récitals et ballets tous azimuts.
Donc, la première production entend frapper fort : la Vestale, l’opéra
célèbre (par les monographies) de Spontini, qui a tant influencé Berlioz ou
Wagner, mais quasi ignoré de nos jours (Lacascade/Rhorer, 15, 18, 20, 23,
25 et 28 octobre). Dialogue des Carmélites prend la suite (Py/Rhorer, 10,
13, 15, 17, 19 et 21 décembre). S’installe ensuite un festival Rossini, avec
trois productions : Otello (Leiser-Caurrier/Spinosi, 7, 9, 11, 13, 15 et 17
avril) ; le Barbier de Séville (Schiaretti-Décarsin/Malgoire, 28 et 29
avril) ; Tancredi (Osinski/Mazzola, 19, 21, 23, 25 et 27 mai).
Au chapitre des opéras en version de concert, signalons : Aci,
Galatea e Polifemo de Haendel (Haïm, 19 octobre), Norma (Pido, 15
novembre), la Favorite (Lacombe, 18 décembre), Catone in Utica de
Vivaldi (Curtis, 10 janvier), Theodora de Haendel (Bicket, 10 février),
le Villi de Puccini (Carignani, 20 février), les Fêtes de l’Hymen et de
l’amour, une rareté de Rameau (Niquet, 11 mars), le Chevalier à la rose
(Petrenko, 18 mars), deux appendices du festival Rossini, l’Italienne à
Alger (Norrington, 10 juin) et La Scala di seta (Mazzola, 13 juin), et
enfin Fidelio (Rhorer, 14 juin).
http://www.theatrechampselysees.fr/
45
http://chatelet-theatre.com/2013-2014/
PLEYEL, CITÉ DE LA MUSIQUE
Les deux maisons menées par Laurent Bayle poursuivent leur chemin
faste, en attendant l’ouverture (promise dans deux ans, mais rien n’est
moins sûr) de la Philharmonie, la nouvelle salle de concerts parisienne. Au
rayon des concerts lyriques, à la Cité de la Musique : Orlando de Haendel
(Jacobs, 19 juin) ; et à la salle Pleyel : les Noces de Figaro (Jacobs, encore, 11 octobre), les Mystères d’Isis, un rare Mozart (Niquet, 23 novembre), Boris Godounov (Sokhiev, 5 février), Gurre-Lieder de Schoenberg
(Salonen, 14 mars), Orfeo de Monteverdi (Rousset, 2 juin), et la Bohème
(Karabits, 17 juin).
ATHÉNÉE
Le Châtelet maintient également le cap : celui d’une succursale des
États-Unis et de Broadway, que l’on imaginerait mieux pour un théâtre
privé. C’est étrange, sinon regrettable, car les premières saisons de JeanLuc Choplin à la tête du théâtre versaient dans un éclectisme culturel de
meilleur aloi. Souhaitons que les prochaines éditions y reviennent et laissent davantage place à d’autres répertoires lyriques légers du côté de notre
bonne vieille Europe (l’opérette française qui fit les beaux soirs de la salle,
ou l’opera-buffa, l’opérette viennoise, le singspiel, la zarzuela…).
Le premier spectacle parlera toutefois espagnol, mais avec l’accent
d’Amérique du Sud : Chantecler Tango (Rayne/Marzan ; du 9 octobre au
3 novembre). The End, “ vocaloid opéra ”, ou opéra virtuel par projections, sons synthétiques et ordinateur, fait une pause les 13 et 15 novembre. My Fair Lady, reprise de la production vue en 2010, s’installe pour
les fêtes de fin d’année (Carsen/Ogren, du 5 décembre au 1er janvier).
Einstein on the Beach, le mythique spectacle de Wilson et Glass, ne bénéficie de son côté que de quatre représentations (Childs/Riesman, du 8 au
12 janvier). La Pietra del paragone fait parenthèse (italienne !), reprise
c
bienvenue de l’opéra de Rossini donné en 2007 (Corsetti/Spinosi, du 20 au
29 janvier). In the Woods verse à nouveau dans la comédie musicale
(Blakeley/Abell, du 1er au 12 avril). A Flowering Tree poursuit pour sa
part le cycle, année après année, dédié à John Adams – on ne n’en plaindra pas ! (Bhardwaj/Ossonce, du 5 au 13 mai). Et la clôture retourne au
musical, avec The King and I (Blakeley/Holmes, du 13 au 29 juin).
http://www.cite-musique.fr/francais/
CHÂTELET
a
«La Pietra del Paragone» dans la version de 2007 © Roberto Ricci
t
u
a
l
Le Théâtre de l’Athénée figure désormais le Petit Poucet de l’opéra à
Paris, qui n’hésite pas à faire la guigne aux grandes maisons instituées.
Qu’on en juge : pas moins de huit productions lyriques ! Elles ont commencé avec le Pierrot lunaire fin septembre, poursuivi par : Pantin pantine, conte musical de Romain Didier (Manifacier/Karoui, du 6 au 8
décembre), la Grande Duchesse, d’après Offenbach (Béziat/Grapperon,
du 12 décembre au 5 janvier), le Viol de Lucrèce, production de l’Atelier
lyrique de l’Opéra de Paris (du 14 au 19 janvier), Der Kaiser von Atlantis,
opéra écrit dans les camps par Viktor Ullmann (Moaty/Nahon, du 24 au 30
janvier), King Arthur de Purcell (Werf/Chauvet, du 7 au 12 février), le
Balcon, l’opéra de Peter Eötvös (Pascal, du 20 au 24 mai) et le Pauvre
Matelot, opéra des plus rares de Milhaud (Vérité/Schnitzler, du 11 au 15
juin). Ouf !
http://www.athenee-theatre.com/saison/
Pierre-René Serna
i
t
é
s a i s o n s
mètres du bâtiment du Deutsche Oper. Malgré la relative étroitesse du plateau, ce théâtre a déjà une Tétralogie wagnérienne à son actif et poursuivra
son renouvellement du répertoire allemand avec Tannhäuser le 12 avril prochain; l'ouvrage, délicat à mettre en scène, sera proposé dans une nouvelle
version signée de Sasha Walz, une chorégraphe fameuse qui a fait les beaux
soirs de la Schaubühne berlinoise. Peter Seiffert, Peter Mattei, René Pape,
Les trois opéras de Berlin présentent, comme de coutume,
Marina Prudenskaja et Marina Poplavskaya se partagent les rôles principaux
un riche choix de spectacles lyriques qui couvrent toute la
dans ce spectacle dirigé comme il se doit par Daniel Barenboïm. Le début
production théâtrale des quatre derniers siècles.
de la saison est également confié au chef de la maison qui s'essaiera à La
Fiancée du Tsar de Rimsky Korsakov dans une production que va diriger
l'enfant terrible de la scène russe, Dmitri Tcherniakov (dès le 2 octobre) La
Deutsche Oper
distribution prestigieuse rassemble les noms d'Anatoly Kotcherga, Olga
La plus grande des trois salles est aussi celle qui s'offre le luxe de pro- Peretyatko (bien connue des Lausannois où elle a déjà essayé plusieurs de
grammer le plus grand nombre de fresques lyriques imposantes tant par ses nouveaux rôles avant de revenir pour une Traviata lors d'une prochaine
leurs effectifs choraux qu'orchestraux.
saison) et d'Anna Tomowa Sintow (qui fut une des cantatrices préférées de
Ainsi, parmi les reprises, signalons Les Troyens de Berlioz, La Herbert von Karajan lorsqu'il dirigeait le Festival de Salzbourg). Le 29
Gioconda de Ponchielli, l'inévitable Anneau du Nibelungen de Wagner novembre, une autre première réunira tout le gratin lyrique berlinois:
donné deux fois dans son intégralité en septembre et janvier en plus du Barenboïm dirigera en effet (pour la première fois ?) Il Trovatore de Verdi
Parsifal et du Tristan und Isolde ou encore une impressionnante brochette avec Anna Netrebko en Leonora, Placido Domingo en Comte de Luna,
de cinq spectacles verdiens (Macbeth, Otello, Don Carlo, Traviata et Marina Prudenskaja en Azucena et Aleksandrs Antonenko en Manrico (il fut
Rigoletto) à laquelle s'ajoutent encore deux nouvelles productions consa- Samson sur la scène du Grand Théâtre il y a deux ans...). La mise en scène
crées au Maître de Busseto. Et l'on aurait garde d'oublier les Puccini et au- sera signée de Philip Stölzl, un habitué des clips vidéo branchés à qui l'on
tres Mozart qui se doivent de figurer dans tous les répertoires actifs des théâ- doit, notamment, un étonnant Benvenuto Cellini monté à Salzbourg il y a
tres allemands. Dans l'auditorium principal, la première nouvelle production quelques années.
était celle de Nabucco, à l'affiche dès le 8 septembre avant une autre premièLe 9 mars, une nouvelle pièce lyrique intitulée Rein Gold sur un texte
re verdienne qui sera consacrée à Falstaff dès le 17 novembre. Cette derniè- d'Elfriede Jelinek verra le jour sur les planches du Staatsoper. Il s'agit là d'un
re a été confiée au Directeur musical en chef de la Maison, Donald essai de la célèbre écrivaine autrichienne qui devrait s'enrichir de diverses
Runnicles. Avec les cinq reprises mentionnées plus haut, le bicentenaire de séquences musicales tombées de la plume du maître de Bayreuth et mis en
Verdi sera ainsi l'occasion dès octobre de parcourir un itinéraire qui couvri- scène par un réalisateur déjà célèbre Outre-Rhin, Nicola Stemann.
ra toutes les phases créatrices importantes du compositeur italien.
Le 16 mai suivra le caustique Punch and Judy de Harrison Birtwistle
La quatrième première, fixée au 23 février 2014, est consacrée à une qu'on a eu l'occasion de découvrir au Bâtiment des Forces motrices il y a
version scénique de La damnation de Faust de Berlioz qui sera mise en deux saisons; puis ce sera la première d'une nouvelle production de Aufstieg
scène et chorégraphiée par Christian Spuck, l'actuel directeur du ballet de und Fall der Stadt Mahagonny de Bert Brecht et Kurt Weill dans la version
l'opéra de Zurich, la direction musicale étant de nouveau assurée par Donald scénique concoctée par le metteur en scène français Vincent Boussard et le
Runnicles. Dans la distribution (où l'alternance est de mise) on remarque les costumier Christian Lacroix. Le rôle féminin principal sera incarné par
noms d'Elina Garanca, Klaus Florian Vogt et Ildebrando d'Arcangelo...
Gabriele Schnaut, une chanteuse wagnérienne émérite qui ne devrait faire
Fin avril, un nouvel Elisir d'amore de Donizetti sera réglé par Irina qu'une bouchée du rôle de Leocadja Begbick, alors qu'Evelin Novak sera
Brook avant la dernière nouvelle production de la saison consacrée au Billy Jenny. Un Lohengrin (présenté comme 'azione invisibile'!) de Sciarrino et
Budd de Britten, qui sera donnée en coproduction avec l'English National un Neither de Morton Feldman accolé à la pièce de Beckett : Footfalls metOpera. Tous les spectacles sont comme de bien
tront un point final à cette saison qui offrira, par
ailleurs, un large spectre de reprises susceptibles de
entendu chantés dans la langue originale avec surtisatisfaire tous les goûts. Citons dans le désordre un
trage en allemand et parfois anglais...
Bal masqué de Verdi (mis en scène par le duo Sergio
Les reprises sont l'occasion pour l'amateur de
Morabito & Jossi Wieler qui ont présenté Rusalka à
confronter plusieurs chanteurs et écoles de chant
la fin de la saison passée à Genève) ainsi que la repridans le courant d'une même série de représentations
se du Don Giovanni de Claus Guth étrenné à
et permet souvent d'heureuses surprises dans les
Salzburg il y a quelques saisons en octobre; dans la
nombreux Don Giovanni, Nozze di Figaro,
distribution, en relève les noms de Rolando Villazon,
Zauberflöte, Carmen, Jenufa et autres Tosca ou
Christopher Maltmnan, Christine Schäfer et
Lucia di Lammermoor qui referont un tour de piste
Dorothea Röschmann. En outre, il y a la reprise du
plus ou moins long...
http://www.deutscheoperberlin.de/de_DE/calendar/
magnifique Wozzeck mis en scène par Andrea Breth
avec Waltraud Meier et Roman Trekel dans les rôles
principaux. En novembre suivront La Finta giardiStaatsoper
L'Opéra d'Etat que dirige Daniel Barenboïm
niera et Die Zauberflöte de Mozart avec Anna
est, pour la quatrième année consécutive, exilé dans
Prohaska en Pamina, voisinant avec la Traviata de
Klaus Florian Vogt © Alex Lipp
l'exigu Schiller Theater situé à quelque cinq cents
Verdi. En décembre, Le Vaisseau Fantôme (dans une
saisons lyriques 2013/2014
Berlin
46
a
c
t
u
a
l
i
t
é
s a i s o n s
mise en scène de Stölzl déjà vue à Bâle)
sera dirigé par Daniel Harding avec
Michael Volle dans le rôle titre; ce spectacle viendra rejoindre Orphée aux
Enfers d'Offenbach et La Bohème de
Puccini. Au début 2014, la reprise du
Barbiere di Siviglia dans la mise en
scène mythique de Ruth Berghaus voisinera avec la première de Kat'a Kabanova
de Janacek dirigée par Sir Simon Rattle
avec Deborah Polaski et Eva-Maria
Westbroek dans les rôles féminins principaux; en février, reprise de Salomé de
Richard Strauss avec Zubin Metha en
fosse et Camila Nylund en princesse perverse, en mars Le nozze di Figaro avec
Dorothea Röschmann, Roman Trekel,
Marina Prodenskaja
Anna Prohaska en plus de quelques
Tosca et Aida ainsi que du plus rare Tscherjomuschki de Dmitri
Chostakovitch. En avril, parallèlement au nouveau Tannhäuser, le
Staatsoper affiche Placido Domingo en Simon Boccanegra aux côtés d'Anja
Harteros et Fabio Sartori (avec toujours Barenboïm à la direction). Mai sera
baroque avec la Rappresentazione di anima e di corpo de Cavalli et Dido
and Aeneas de Purcell, ce dernier spectacle d'essence avant tout aquatique
(il se joue en grande partie dans un aquarium géant) étant chorégraphié par
Sasha Walz avant de retrouver à fin mai des rivages plus connus avec Tosca
et Don Carlo (version en quatre actes dominée par l'impressionnant Philippe
II de René Pape). En juin Il trionfo del tempo e del disinganno de Haendel
fera contrepoint aux accents goguenards du Mahagonny de Kurt Weill avant
le point final, résolument contemporain de la saison qui se conclut le 29 juin
avec Lezione di tenebri de Ronchetti.
saisons lyriques 2013/2014
Madrid
L’offre lyrique se partage essentiellement entre deux
théâtres : le Teatro Real, conforme à l’image de l’opéra
international, et le Teatro de la Zarzuela, qui donne
l’alternative locale avec le genre qui lui prête son nom.
Teatro Real
http://www.staatsoper-berlin.de/de_DE/calendar
On retrouve la patte du directeur belge, Gérard Mortier, son goût pour
l’opéra contemporain et les mises en scène décoiffantes. Après un Barbier
de Séville en septembre, place à Die Eroberung von Mexico, un opéra
actuel sur un sujet historique, dû à Wolfgang Rihm (Audi/Pérez ; les 9, 11,
12, 13, 15, 17, 18 et 19 octo-bre). Puis, à la suite : The Indian Queen de
Purcell (Sellars/Currentzis : 5, 7, 9, 10, 13, 15, 17 et 19 novembre), Dido
and Aeneas de concert (Currentzis : 18 novembre), L’Elisir d’amore
(Michieletto/Piollet : 2, 3, 4, 6, 9, 11, 13, 15, 17, 18 et 20 décembre), Tristan
und Isolde, production vue quasi au même moment à la Bastille parisienne,
reprise du même lieu aux temps de Mortier (Sellars/Currentzis : 12, 16, 19,
23, 27, 31 janvier, 4 et 8 février), Brokeback Mountain, commande à
Charles Wuorinen et création mondiale (Hove/Engel : 28, 30 janvier, 1er, 3,
5, 7, 9 et 11 février), Alceste de Gluck (Warlikowski/Bolton : 27 février, 2,
4, 6, 7, 8, 9, 11, 12, 14 et 15 mars), Lohengrin (Hemleb/Haechen : 3, 6, 7,
10, 11, 13, 15, 17, 19, 20, 22, 24 et 27 avril), les Contes d’Hofmann
(Marthaler/Cambreling : 17, 21, 25, 28, 31 mai, 3, 6, 9, 12, 15, 18 et 21 juin),
I Vespri siciliani de concert (Conlon : 11, 14 et 17 juin) et enfin Orphée et
Eurydice, toujours de Gluck, dans la chorégraphie de Pina Bausch
(Hengelbrock : 12, 13 et 14 juillet). Ballets et concerts variés complètent la
saison. http://www.teatro-real.com/
Komische Oper
Teatro de la Zarzuela
On trouve peu de grands noms sur cette scène, mais cela ne signifie
nullement que l'opéra y est donné au rabais. La mise en scène de La Flûte
enchantée, par exemple, sera reprise vingt fois cette saison, après avoir fait
le plein près d'une trentaine de fois la saison passée! Il en est allé de même
pour l'opérette inconnue de Paul Abraham, Ball im Savoy et pour L'Orfeo
de Monteverdi, qui seront bien évidemment repris au cours de cette saison
vu leur succès. Mais la chasse aux billets s'annonce déjà fort difficile.
Parmi les premières, signalons en septembre Le songe d'une nuit d'été
de Britten (donné en allemand, avec surtitrage en français, turc et anglais);
en novembre, suivra Cosi fan tutte (ou plutôt So machen sie alle). Mi-janvier, ce sera au tour de L'Ange de feu de Prokofiev, prélude à un mini festival d'une semaine consacré à ce compositeur. Ensuite, ce sera au tour de
Castor et Pollux de Rameau (en français, cette fois) avant que Die Soldaten
de Zimmermann, dans la production donnée à Zurich en septembre, ne
mette un point final à ce cycle de nouvelles productions fort attrayantes;
dans le domaine plus léger de l'opérette et du musical, signalons une nouvelle production de West Side Story (en alternance en anglais et allemand) et
de Clivia, un opus inconnu de Nico Dostal qui fut un des grands représentants de l'opérette berlinoise de l'entre-deux-guerres.
Si un Belge est à la tête du Teatro Real, un Italien gouverne le Teatro de
la Zarzuela : c’est cela l’Europe lyrique ! Paolo Pinamonti entame donc sa
deuxième saison sans bouleverser la donne, avec zarzuelas obligées et une
petite escapade vers un autre territoire lyrique. Les productions commencent
avec Los amores de la Inés, zarzuela de jeunesse de Falla, couplée avec La
verbena de la Paloma, célébrissime zarzuela de Tomás Bretón (Plaza/Soler :
du 19 octobre au 10 novembre). Suivent : La del manojo de rosas de Pablo
Sorozábal, autre classique du genre (Sagi/Gomez Martínez : du 18 décembre au 12 janvier), Curro Vargas de Ruperto Chapí, encensé en son temps par
Honegger et petit événement (Vick/García Calvo : du 14 février au 2 mars),
Black el Payaso de Sorozábal couplé avec son équivalent italien, I Pagliacci
de Leoncavallo (García/Renzetti : du 4 au 27 avril), De lo humano y lo divino, spectacle à partir de zarzuelas du XVIIe s. de Juan Hidalgo
(Rechi/Mena : du 14 au 18 mai), et enfin, en alternance, trois zarzuelas
oubliées du milieu du XIXe siècle en version semi-scénique : Catalina de
Joaquín Gaztambide, El dominó azul d’Emilio Arrieta et El diablo en el
poder de Francisco Barbieri (del Amo/Moreno : du 4 au 21 juin). Les représentations ont lieu tous les jours, sauf les lundis et mardis. Ballets, concerts
et récitals occupent les autres dates.
http://www.komische-oper-berlin.de/spielplan/
http://teatrodelazarzuela.mcu.es/en/
Eric Pousaz
a
c
t
u
a
l
Pierre-René Serna
i
t
é
47
s a i s o n s
L'Anneau du Nibelungen avec Nina Stemme en Brünnhilde et Jeffrey Tate
à la direction. Une visite sur le site remarquablement fait du Staatsoper s'impose donc si l'on planifie un voyage dans la ville de Sissi.
saisons lyriques 2013/2014
Vienne
http://www.wiener-staatsoper.at/Content.Node/home/spielplan/
Theater an der Wien
Avec ses trois maisons d'opéra, dont l'une est presque
exclusivement réservée à la muse légère (le Volksoper),
Vienne se place sans autre forme de procès dans le peloton
de tête des grandes capitales lyriques européennes.
Le choix des ouvrages représentés chaque année est tout
simplement énorme.
Staatsoper
48
La deuxième grande salle lyrique est nettement plus intime. C'est
dans ce théâtre qu'ont été données les premières représentations de
Zauberflöte et Fidelio et le lieu, même s'il a été rénové et agrandi plusieurs
fois, conserve quelque chose de son glorieux passé. Le principe de l'alternance a ici été sacrifié à celui de la stagione, un système qui s'apparente à
celui du Grand Théâtre où les séries de spectacles sont données en intégralité avant la mise au programme de l'ouvrage suivant. Il convient pourtant
de signaler, par souci d'équité, que l'affiche est nettement plus fournie en
version de concerts, rendez-vous symphoniques et autres récitals de toutes
sortes qu'au bout du Léman.
The Rake's Progress de Stravinsky ouvre les feux en septembre avec
Anne-Sophie von Otter, Bo Skovhus et Toby Spence placés sous la direction
de Michael Boder. En octobre, une création écrite sur le même sujet par le
compositeur Iain Bell intitulée A Harlot's Progress sera donnée dans une
mise en scène de Jens-Daniel Herzog placée sous la direction de Mikko
Franck qui a fait si grande impression en avril dernier dans le Parsifal zurichois. Diana Damrau, Marie McLaughlin, Nathan Gunn figurent en tête de
distribution. En novembre, René Jacobs et Damiano Micheletto proposeront
leur version du difficile Idomeneo de Mozart. Le Freiburger
Barockorchester y accompagnera Richard Croft, Sophie Karthäuser, Marlis
Petersen et Gaëlle Arquez dans les emplois principaux.
En décembre, une curieuse création réunira les noms de Franz Schubert
et Charles Ives, ce dernier s'étant chargé de compléter la partition de
Lazarus restée inachevée. Kurt Streit, Annette Dasch et Stephanie Houzeel
se chargeront des rôles chantés alors que divers textes seront intercalés et
dits par des acteurs. Claus Guth se charge de la mise en scène et Michael
Boder reprendra la baguette pour cette quatrième production de la saison. I
due Foscari, en provenance de Los Angeles, permettront de retrouver
Placido Domingo dans un rôle de baryton (la direction étant assurée par
James Conlon et la mise en scène signée par Thaddeus Strasberger). Ce sera
ensuite le retour de Rameau avec Platée que dirigera Robert Carsen avec la
complicité de William Christie. Un cycle des trois opéras que Mozart a écrits
en collaboration avec Da Ponte sera ensuite mis à l'affiche sous la direction
de Nikolaus Harnoncourt mais en version de concert seulement. Une reprise de la mise en scène du Messie de Haendel dans la trancription visuelle de
Claus Guth fera un nouveau tour de
piste en avril avant que ne paraisse
une nouvelle Traviata dans un rhabillage dû à Peter Konwitschny... Les
concerts sont trop nombreux pour être
cités ici, mais il s'agit avant tout de
spectacles baroques pour lesquels une
mise en scène, trop onéreuse, ne semble pas se justifier lorsque les caisses,
comme partout ailleurs, ont le défaut
de ne pas être sans fond.
Sept nouvelles productions sont annoncées pour la saison qui vient de
s'ouvrir. La fanciulla del West de Puccini ouvrira les feux en octobre avec
une distribution de rêve : Nina Stemme, Jonas Kaufmann et Tomasz
Konieczy y tiendront les rôles principaux sous la direction de Franz WelserMöst dans une mise en scène du Zurichois Marco Arturo Marelli. Puis viendra, en novembre, une nouvelle Flûte enchantée dirigée par Christoph
Eschenbach et mise en scène par Patrice Caurier et Moshe Leiser. La distribution fait la part belle aux nouvelles voix et comporte assez peu de noms
connus, mais il est inévitable que dans un ouvrage donné aussi souvent, les
changements de distribution de dernière minute soient quasiment à l'ordre
du jour. Rusalka d'Antonin Dvorak réapparaîtra à l'affiche sous la direction
de Jiri Belohlavek et dans une nouvelle mise en scène signée de Sven Erich
Bechtolf avec Krassimira Stoyanova, Michael Schade et Günther
Groissböck dans les rôles principaux. Quinze jours plus tard, Adriana
Lecouvreur, rarement représentée ici, fera un tour de piste sous la direction
d'Evelino Pido et dans la mise en scène qu'a réglée David McVicar pour le
Covent Garden de Londres. Elena Zhidkova, Angela Gheorghiu et Massimo
Giordano s'y partageront les faveurs du public. Pour la période pascale, un
nouveau Lohengrin sera proposé dans la version scénique concoctée par
Andreas Homoki, le patron de l'Opéra de Zurich (où le spectacle sera repris
dans une saison future). La distribution comprend les noms de Camilla
Nylund, Klaus Florian Vogt, Günther Groissböck, Wolfgang Koch et
Micaela Maertens sous la direction de Bertrand de Billy. La saison s'achèvera avec une nouvelle Petite Renarde rusée de Janacek donnée en version
originale tchèque dans une production signée d'Otto Schenk et placée sous
la direction de Franz Welser-Möst.
Parmi les quelque quarante-cinq reprises, signalons juste pour mémoire Violeta Urmana et Peter Seifert dans
Tristan und Isolde, Renée Fleming
dans le Chevalier à la Rose, Juan
Diego Florez et Carlos Alvarez dans
La fille du régiment (avec Kiri Te
Kanawa en prime!), Ben Heppner dans
Peter Grimes, Ferruccio Furlanetto en
Boris Godounov, Andris Nelsons dirigeant Salomé, Rolando Villazon dans
Don Giovanni et Eugène Onéguine,
Anna Netrebko dans Faust aux côtés
de Piotr Beczala et Erwin Schrott,
Waltraud Meier et Mathias Goerne
Nina Stemme participera en octobre à la nouvelle production de «La fandans Wozzeck et, pour clore la saison,
ciulla del West», avant de rejoindre le cast de la reprise de «L’Anneau du
deux représentations intégrales de
Nibelungen» en clôture de saison. Photo by Anja Niemann
a
c
t
u
a
l
http://www.theater-wien.at/
Eric Pousaz
i
t
é
s a i s o n s
saison 2013/2014 : metropolitan opera
saison 2013/2014 : covent garden
New York
Londres
Une belle saison se profile à nouveau au Metropolitan
Opera, avec la présence sur scène de chanteurs renommés,
tels Anna Netrebko ou Roberto Alagna. Parmi les
productions, il y aura celle, très inventive, que William
Kentridge a réalisée pour Le Nez, ou celle de Bartlett Sher
pour l’œuvre de Nico Muhly, Two Boys.
Signalons quelques points forts avec la mise en scène des
Nozze par David McVicar, et pour la première fois à
Covent Gardent, Les Vêpres de Verdi. A noter aussi la
production de Manon Lescaut selon Pelly, et Carmen avec,
pour quelques représentations, le duo Anna Caterina
Antonacci / Roberto Alagna; de même que La Fille du
régiment avec Patricia Ciofi et Juan Diego Flórez...
u Eugène Onéguine (GergievVedernikov-Warner) avec Anna Netrebko /
Tatiana – 1er, 5, 9, 12, 16, 19 oct., 23, 29 nov., 2, 5, 12 déc.
u Cosi fan tutte (Levine-Koenig) avec Danielle de Niese / Despina – 2, 5
oct., 23, 26 avril, 3, 8 mai
u Le Nez (Gergiev/Smelkov-Kentridge) – 3, 8, 12, 17, 22, 26 oct.
u Norma (Frizza-Copley) avec dans le rôle-titre, Sondra Radvanovsky /
Angela Meade – 4, 7, 10, 14, 18, 24, 28 oct., 1er nov.
u Two Boys (Robertson-Sher) – 21, 25, 30 oct., 2, 6, 9 nov.
u Tosca (Frizza/Armiliato-Bondy) avec, dans le rôle-titre, Patricia Racette /
Sondra Radvanovsky, et Roberto Alagna en Cavaradossi pour quelques
représentations – 29 oct., 2, 5, 9, 13, 16 nov., 11, 14, 17, 20, 23, 28 nov.
u Die Frau ohne Schatten (Jurowski-Wernicke) – 7, 12, 16, 20, 23, 26 nov.
u Rigoletto (Heras-Casado- Mayer) avec Dmitri Hvorostovsky / Rigoletto et
Aleksandra Kurzak / Gilda – 11, 15, 18,
21, 27, 30 nov., 4, 7 déc.
u Der Rosenkavalier (Gardner-Merrill) –
22, 25, 30 nov., 3, 7, 10, 13 déc.,
u Falstaff (Levine-Carsen) – 6, 9, 14, 18,
21, 27, 30 déc., 3, 6, 11 jan.
u The Magic Flute (Glover-Taylor) – 16,
21, 24, 26, 28, 30 déc., 2,4 jan.
u Die Fledermaus (Fischer-Sams) – 31
déc., 4, 7, 11, 15, 18 jan., 3, 5, 8, 11, 13,
15, 20, 22 fév.
u L'Elisir d'amore (Benini-Sher) – 8, 13,
Aleksandra Kurzak sera Gilda
17, 21, 25, 29 jan.
u La Bohème (Zanzoni-Zeffirelli) avec Joseph Calleja / Vittorio Grigolo en
Rodolfo – 14, 18, 22, 25, 30 jan., 19, 22, 26, 29 mars, 2, 5, 10, 14, 18 avril
u Madama Butterfly (Augui/Luisi-Minghella) – 16, 20, 24, 28 jan., 1er,7
fév., 4, 9, 12, 15, 19 avril, 1er, 5, 9 mai
u Rusalka (Nézet-Séguin-Schenk) – 23, 27, 31 jan., 4, 8, 12, 15 fév.
u Le prince Igor (Noseda/Smelkov-Tcherniakov) avec Ildar Abdrazakov –
6, 10, 14, 17, 21, 24 fév., 1er, 4, 8 mars
u Werther (Altinoglu-Eyre) – 18, 22, 25, 28 fév., 3, 7, 11, 15 mars
u The Enchanted Island (Summers-McDermott) avec Plácido Domingo /
Neptune – 26 fév., 1er, 5, 8, 12, 15, 20 mars
u Wozzeck (Levine-Lamos) – 6, 10, 13, 17, 22 mars
u La Sonnambula (Armiliato-Zimmermann) – 14, 18, 21, 25, 29 mars
u Andrea Chénier (Noseda-Joël) – 24, 28, 31 mars, 5, 8, 12 avril
u Arabella (Auguin-Schenk) – 3, 7, 11, 16, 19, 24 avril
u I Puritani (Mriotti-Sequi) – 17, 22, 26, 29 avril, 3, 7, 10 mai
u La Cenerentola (Luisi-Lievi) – 21, 25, 28 avril, 2, 6, 10 mai
u Le Nozze di Figaro (Gardiner-McVicar) avec Maria Bengtsson en
Comtesse – 2, 4, 7 oct.
u Elektra (Nelsons-Edwards), avec Christine Goerke / Elektra et Adrianne
Pieczonka / Chrysothemis – 1er, 6, 9, 12 oct.
u Les Vêpres siciliennes (Pappano-Herheim) avec Marina Poplavskaya /
Hélène et Erwin Schrott / Procida – 17, 21, 24,27 oct., 1er, 4, 7, 11 nov.
u Greek (Rafferty-McCarthy) – 21, 22, 25, 26 oct.
u The Killing Flower (Rafferty-McCarthy) – 24 oct.
u Wozzeck (Elder-Warner) – 31 oct., 5, 8, 12, 15 nov.
u Parsifal (Pappano-Langridge), nouvelle production avec Simon O’Neill,
et Angelola Denoke / Kundry – 30 nov., 2, 5, 11, 15, 18 déc.
u Carmen (Oren-Zambello) – 16, 19, 21, 22, 23 déc., 1er, 3, 4, 6, 9 jan.
u Manon (Villaume-Pelly) avec Ermonela Jaho / Ailyn Pérez dans le rôletitre – 14, 17, 21, 24, 28, 31 jan., 4 fév.
u Don Giovanni (Luisotti-Holden), nouvelle production, avec Mariusz Kwiecien –
1er, 3, 12, 14, 18, 21, 24 fév.
u La Fille du régiment (Abel-Pelly) – 3,
6,9,12, 15, 18 mars
u Die Frau ohne Schatten (Bychkov-Guth)
avec Emily Magee en Impératrice – 14, 17,
20, 23, 26, 29 mars, 2 avril
u Faust (Benini-McVicar), dans le rôle-titre
Joseph Calleja, et Anna Netrebko en
Marguerite – 4, 7, 11, 14, 17, 22, 25 avril
u La Traviata (Ettinger-Eyre) avec en alternance Diana Damrau / Ailyn Pérez – 19,
21, 24, 26, 30 avril, 3, 6, 9, 12, 17, 20 mai
u Tosca (Caetani-Kent) avec Oksana Dyka
/ Sondra Radvanovsky et Roberto Alagna /
Mariusz Kwiecien sera
Riccardo Massi en Cavaradossi – 10, 13,
Don Giovanni
16, 19, 22, 27, 30 mai, 3, 16, 19, 21, 26 juin
u Dialogues des carmélites (Rattle-Carsen), nouvelle production avec
Magdalena Kožená et Anna Prohaska – 29 mai, 2, 4, 7, 9, 11 juin
u Manon Lescaut (Pappano-Kent), nouvelle production avec Kristine
Opolais – 17, 20, 24, 28 juin, 1er, 4, 7 juil.
u Ariadne auf Naxos (Pappano-Loy) – 25, 30 juin, 3, 10, 13 juillet
u Maria Stuarda (de Billy-Caurier/Leiser), nouvelle production avec
Joyce DiDonato – 5, 8, 11, 14, 16, 18 juil.
u La Bohème (Meister-Copley) – 9, 12, 13, 15, 17, 19 juil.
Tél : 0044/20.73.04.40.00 www.roh.org.uk
Programme détaillé sur http://www.metoperafamily.org/
a
c
t
u
a
l
i
t
é
49
s a i s o n s
FLORENCE : TEATRO DEL
MAGGIO MUSICALE
saisons lyriques 2013/2014
En Italie
u La Serva padrona (Caldi-Carreres) – 8, 9, 10
nov.
u L'Elisir d'amore (Montanaro-Cucchi) – 15,
16, 17,19, 20, 21 nov.
Coup de projecteur sur quelques scènes lyriques de la péninsule, et sur
leur programmation pour les mois à venir...
Tél : 0039/05.62.77.93.50 www.maggiofiorentino.com
VENISE : FENICE
u Carmen (Matheuz-Bieito) – 16, 18, 26 oct.
u Madama Butterfly (Wellber-Rigola) – 12, 17,
MILAN : SCALA
TURIN : TEATRO REGIO
u Don Carlo (Luisi-Braunschweig) avec René
u Simon Boccanegra (Noseda-Borelli) avec
Pape / Štefan Kocán -12, 16, 19, 23, 26, 29 oct.
u Aida (Noseda-Zefirelli) avec Hui He /
Liudmyla Monastyrska – 25, 28, 31oct., 3, 5,
14, 16, 17, 19 oct.
Michele Pertusi en Jacopo Fiesco – 9, 10,12,15,
16, 19, 20, 23 oct.
u Rigoletto (Renzetti-Bruzzese) – 17, 22, 25
oct.
u La Traviata (Palumbo-Pelly) – 18, 24, 27 oct.
u Il Barbiere di Siviglia (deMarchi-Borelli) – 7,
8, 9, 10, 12, 13, 16, 17 nov.
u Die Zauberflöte (Arming-Ando) – 10, 11, 12,
14, 15, 16, 17, 18, 19, 21 janv.
u Madama Butterfly (Steinberg-Michieletto) –
1er,4, 6 fév.
u Turandot (Steinberg-Montaldo) – 12, 13, 14,
15, 16, 20, 22, 23, 25, 26, 27 fév.
u Tosca (Palumbo-Grinda) – 13, 16, 18 mars
u Guglielmo Tell (Noseda-Vick) – 7, 9, 11, 14,
18 mai
u The Rakes's progress (Noseda-McVicar) –
10, 13, 15, 18, 22 mars
u La Veuve joyeuse (Campestrini-de Ana) – 27,
28, 29 juin, 1er, 2, 3, 6 juillet
50
20, 24, 27, 29, 31 oct.
u L'Elisir d'amore (Montanari-Manassi) – 13,
15, 19, 25, 30 oct.
u L'Africaine (Villaume-Muscato)
avec
Gregory Kunde – 23, 26, 27, 29, 30 nov.
Tél : 0039/01.18.81.52.41 www.teatroregio.torino.it
Gregory Kunde sera Vasco de Gama à Venise
Liudmyla Monastyrska sera Aida à Milan
u La Clemenza di Tito (Dantone-Hermann) –
24, 26, 28, 30 janv., 1er fév.
u La Traviata (Matheuz-Carsen) – 15, 16, 19,
21, 23, 25, 27 fév., 4, 6, 8 mars
u Il Barbiere di Siviglia (Matheuz-Morassi) –
20,22, 26 fév., 2, 5, 7, 9 mars
u Il Campiello (Romani-Trevisi) – 28 fév., 1er,
5, 7, 11 mars
u Elegy for Young Lovers (Webb-Pizzi) – 27, 29
mars, 2, 4, 6 avril
u Il Triofono del tempo e del disinganno
(Montanari-Bieito) – 28, 30 mars, 1er, 3, 5 avril
u La Bohème (Micheli-Sanchi) – 26, 30 avril, 2,
4, 9, 21, 24, 29 mai,1er juin
u Tosca (Callegari-Michieletto) – 16, 17, 18, 20,
22, 23, 28, 31 mai
u The Rake's progress (Matheuz-Michieletto) –
27, 29 juin, 1er, 3, 5 juillet
u La Traviata (Gatti-Tcherniakov) – 7, 12, 15,
18, 22, 28,31 déc., 3 janv.
u Lucia di Lammermoor (MorandiZimmermann) – 1er, 7, 11, 14, 16, 19, 21, 23,
28 fév.
u Il Trovatore (Rustioni-De Ana) – 15, 18, 20,
22, 25 fév., 1er, 4, 6, 7 mars
u La Fiancée du Tsar (BarenboimTcherniakov) – 2, 5, 8, 11, 14 mars
u Les Troyens (Pappano-McVicar) – 8, 12, 16,
22, 26, 30 avril
u Elektra (Salonen-Chéreau) – 18, 21, 24 mai,
3, 6, 10 juin
u Cosi fan Tutte (Barenboim-Guth) – 19, 21,
24, 27, 30 juin, 3, 5, 8,14, 16, 18 juillet
u Le Comte Ory (Renzetti-Pelly) – 4, 7, 10, 12,
15, 17, 19, 21 juillet
Maria Grazia Schiavo sera Pamina à Turin
Tél : 0039/02.72.00.37.44 www.teatroallascala.org
a
c
t
u
Tél : 0039/04.17.86.511 www.teatrolafenice.it
a
l
i
t
é
s a i s o n s
saison lyrique 2013/2014
Lyon
Avec des œuvres aussi bien contemporaines que classiques,
des metteurs en scène prestigieux (Pelly, Py, McBurney,
Oida) et une large place laissée à la découverte de jeunes
talents, l'Opéra de Lyon se permet toutes les audaces dans
une affiche d'une belle diversité. Temps forts.
Le ton de la nouvelle saison de l'Opéra de Lyon est donné à travers la
thématique retenue cette année : Les vérités qui dérangent. C'est l'idée pour
son directeur, Serge Dorny, dans un monde en pleine métamorphose, de
réaffirmer le rôle des institutions culturelles « qui doivent accompagner les
questionnements et inviter le public à la réflexion… Par exemple à travers
des opéras dont le sujet n'est pas forcément à ranger dans le domaine du
divertissement ».
Le rideau s'ouvre sur les Dialogues des carmélites de Poulenc, partition
inspirée par le livret de Bernanos, avec Christophe Honoré à la mise en
scène. Signant avec Les chansons d'amour le renouveau de la comédie musicale à la française, le cinéaste, également romancier et dramaturge, franchit
une nouvelle étape en mettant en scène son premier opéra, sous la baguette
de Kazushi Ono, directeur musical de l'Opéra de Lyon. Avec l'Orchestre et
les Chœurs de l'Opéra, Sabine Devieilhe (Victoire de la musique 2013),
Laurent Alvaro, Sébastien Guèze, Sylvie Brunet, Sophie Marin-Degor (du
12 au 26 octobre).
Autre créateur accueilli pour la première fois, le metteur en scène
anglais Simon McBurney, qu'Avignon a applaudi dans l'adaptation du
Maître et Marguerite de Boulgakov en 2012, se frottera à son premier opéra
Coeur de chien (A dog's heart), mis en musique par Alexander Raskatov à
partir d'une nouvelle du même Boulgakov (du 20 au 30 janvier).
Au chapitre encore des découvertes : un des metteurs en scène émergents de la scène allemande, David Bösch, présentera son premier travail en
France,
Simon
Boccanegra de Verdi
(du 7 au 17 juin) ;
Valentina Carrasco,
complice de longue date
de la Fura dels Baus,
signera la mise en scène
du Tour d'écrou (du 11
au 29 avril) ; le TNP de
Villeurbanne accueillera
en mars pour trois
représentations exceptionnelles I went to the
house but did not enter
de Heiner Goebbels,
créé au Festival
d'Edimbourg 2008, et
accueilli par de nombSophie Marin-Degor participera à
«Dialogues des Carmélites»
reux scènes européen-
a
c
t
u
a
l
«I went to the House but did not enter» @ Philippe Stirnweiss
nes. L’œuvre est composée de quatre textes (TS Eliot, Maurice Blanchot,
Franz Kafka et Samuel Beckett) et chantée par les voix du prestigieux
Hilliard Ensemble.
Last but not least, Steve Jobs et l'histoire de la Silicon Valley seront à
l'honneur avec la création d'un opéra multimédia par Roland Auzet, artiste
aux multiples casquettes, compositeur, metteur en scène et directeur du
Théâtre de la Renaissance d'Oullins. Steve V (King Different) retrace l’aventure numérique du XXe siècle, librement inspirée de la vie du fondateur
d’Apple et de la figure shakespearienne du Roi Henry V. Le spectacle s'appuie sur la pièce historique de Shakespeare, dont des extraits sont intégrés à
un texte et une musique d'aujourd'hui, incluant le rap et l'orchestre classique,
avec Oxmo Puccino (du 14 au 18 mars, au Théâtre de la Renaissance).
Au rayon des fidélités complices, cette nouvelle saison marque le retour
de Laurent Pelly et d'Olivier Py. Fidèle à Offenbach et à la comédie, Laurent
Pelly revient avec deux productions : la reprise des Contes d'Hoffman - dans
une vision inspirée de l'expressionisme allemand - (14 au 30 décembre), et
une nouvelle production du Comte Ory de Rossini (du 21 février au 5 mars).
On retrouvera aussi Olivier Py pour la reprise de Curlew River de Britten
(production du festival d'Edimbourg), dans le cadre du festival annuel consacré au compositeur britannique à l'occasion du centenaire de sa naissance.
Deux nouvelles productions, Peter Grimes (dans une mise en scène de Yoshi
Oida) et Le Tour d'écrou, poursuivront l'exploration de l'univers de Britten
autour de trois périodes-clés de son parcours créateur de 1945 à 1964 (du 10
au 29 avril).
Isabelle Aboulker présente Jeremy Fisher au théâtre de la Croix Rousse
en juin, un opéra destiné aux enfants sur un livret de Mohamed Rouabi, mis
en scène par Michel Dieuaide.
Enfin le Ballet de l'Opéra affiche une nouvelle saison d'explorations
chorégraphiques brassant les genres et les approches contemporaines et
classiques de la danse autour de trois grands chorégraphes de notre temps,
William Forsythe, Benjamin Millepied et Jiri Kylian, des créations du
Système Castafiore (collectif d'artistes illusionnistes-choréraphes-musiciens) ou de celles plus expérimentales et abstraites de Rachid Ouramdane
et Odile Duboc.
Christine Ramel
http://www.opera-lyon.com/
i
t
é
51
s a i s o n s
52
saison 2013/2014
saison 2013/2014
Montpellier
Marseille
En attendant la nomination du successeur de
Jean-Paul Scarpitta au poste de directeur général,
l’Opéra National de Montpellier propose une saison
de transition pour 2013-2014.
Deux très grands titres du répertoire lyrique – Aida et
Traviata ! – encadreront une saison marqué par une
création mondiale et quelques opéras à ne pas manquer,
comme La Straniera de Bellini ou encore le rare Roi d’Ys
de Lalo.
Le spectacle reporté de la saison précédente, Orfeo ed Euridice de
Gluck, ouvrait les festivités en septembre, dans une nouvelle production de
Chiara Muti (fille du maestro Riccardo Muti), avec Delphine Galou (Orfeo),
Eleonora Buratto (Euridice), et le chef Balàzs Kocsàr. Après 4 représentations de la formidable Elena de Cavalli, l’un des grands succès de l’édition
2013 du festival d’Aix-en-Provence (direction musicale de Leonardo Garcia
Alarcon et mise en scène de Jean-Yves Ruf), Jean-Paul Scarpitta complètera pour la fin de l’année sa trilogie Da Ponte, en s’attaquant à Cosi fan tutte,
avec les valeureuses Erika Grimaldi (Fiordiligi) et Marianna Crebassa
(Dorabella). C’est ensuite au Corum, et non pas à l’Opéra Comédie comme
pour les 3 spectacles précédents, que la nouvelle production d’Eugène
Onéguine sera présentée, signée de Marie-Eve Signeyrole : Lucas Meachem
dans le rôle-titre, Dina Kuznetsova (Tatiana), et Ari Rasilainen pour la direction musicale. Enfin, reprise au mois de juin de la production qu’avait imaginée Jean-Paul Scarpitta pour La Traviata en 2010, avec « de jeunes chanteurs » comme mentionné dans le programme de la saison. Plusieurs
concerts lyriques sont aussi à l’affiche : les sopranos Krassimira Stoyanova
le 7 décembre dans un programme russe, et Sabine Devieilhe le 31 janvier
dans des airs de Mozart et Boccherini, les mezzos Doris Soffel le 8 novembre pour une soirée Wagner et Michelle DeYoung le 14 février interprétant
les Nuits d’été de Berlioz. Enfin il ne faut pas oublier le petit bijou L’Etoile
d’Emmanuel Chabrier, coproduit fin mars par Opéra Junior, Jérôme
Pillement à la baguette et Benoît Bénichou à la mise en scène.
François Jestin
www.opera-montpellier.com
C’est donc Aida qui était proposée en
septembre, dans la production très cinématographique de Charles Roubaud – Michele
Capalbo, Sonia Ganassi, Zoran Todorovich
dans les rôles principaux et Fabrizio Maria
Carminati à la baguette –, avant l’un des premiers temps forts de la saison, La Straniera de
Bellini. La distribution vocale réunie pour les
4 représentations données en version de
concert devrait déclencher l’enthousiasme du
public : Patrizia Ciofi, Karine Deshayes, JeanPierre Furlan, Ludovic Tézier, sous la direction
musicale de Paolo Arrivabeni. Le mythe
Philippe Talbot chantera
dans «Orphée aux Enfers»
d’Orphée sera décliné à deux reprises en fin
d’année, avec Orphée et Eurydice de Gluck et le Ballet National de
Marseille, dans la chorégraphie de Frédéric Flamand (Varduhi Abrahamyan
et Ingrid Perruche chanteront les rôles-titres), puis Orphée aux Enfers
d’Offenbach pour les fêtes de fin d’année : Brigitte Hool, Marie-Ange
Todorovitch, Philippe Talbot, Loïc Félix, …, direction musicale de Samuel
Jean et production de Claire Servais. Retour au répertoire italien fin janvier
avec Lucia di Lammermoor dans la réalisation visuelle de Frédéric BélierGarcia, vue à Marseille en 2007, où le chef Alain Guingal dirigera deux distributions en alternance qui vaudront chacune le déplacement, ne serait-ce
que pour les deux ténors de valeur Giuseppe Gipali et Arnold Rutkowski
dans le rôle d’Edgardo. Autre moment marquant, la création mondiale de
Colomba, musique de Jean-Claude Petit et livret de Benito Pelegrin d’après
la nouvelle de Mérimée, avec Marie-Ange Todorovitch dans le rôle-titre,
Claire Gibault placée au pupitre et Charles Roubaud à la mise en scène. Le
Roi d’Ys d’Edouard Lalo reste un titre rare, c’est l’occasion de voir la production de Jean-Louis Pichon, proposée ces dernières années à l’Opéra de
Liège et dont il existe un témoignage en DVD : Inva Mula, Béatrice UriaMonzon et Florian Laconi dans les rôles principaux. La saison s’achèvera en
juin avec La Traviata, et deux distributions en alternance, y compris pour la
direction musicale (Lawrence Foster et Eun Sun Kim). Renée Auphan réalisera pour l’occasion une nouvelle production, et on retrouvera avec délice la
soprano Anne-Catherine Gillet dans le rôle-titre. A retenir également la soirée Poulenc (le 11 octobre) avec La Voix humaine par Mireille Delunsch, le
concert du baryton Leo Nucci (le 15 novem-bre) dédié entièrement à Verdi,
sous la direction de Lawrence Foster, la 9ème symphonie de Beethoven le 4
avril (Ricarda Merbeth en soprano), et la soirée intitulée « concert Rio
Paris » (le 16 mai) : Agnès Jaoui, Natalie Dessay, Helena Noguerra en solistes, accompagnées par la guitare de Liat Cohen.
François Jestin
En récital le 7 décembre : Krassimira Stoyanova. Photo Johannes Ifkovits
a
c
t
http://opera.marseille.fr/
u
a
l
i
t
é
s a i s o n s
saison 2013/2014 : opéra du rhin
saison lyrique 2013/2014
Strasbourg
Monte-Carlo
L'an prochain, neuf titres figurent au programme de
l'Opéra du Rhin sis à Strasbourg, avec escales à
Mulhouse et, pour certains titres plus légers, Colmar.
Une saison 2013-2014 très riche et prometteuse.
Après De la maison des morts de Janacek en ouverture de saison,
retour vers des eaux plus calmes et plus connues avec Cenerentola de
Rossini, qui sera ici jouée dans une mise en scène de Sandrine Anglade sous
la direction d'Enrique Mazzola. La distribution sera emmenée par l'Angelina
de Maité Beaumont alors que Jean-Philippe Lafont fera son retour sur les
planches alsaciennes dans le rôle de Don Magnifico (novembre). En décembre, le récent Rigoletto d'Aix-en-Provence mis en scène par Robert Carsen
fera escale à Strasbourg et Mulhouse dans une distribution renouvelée sous
la direction de Paolo Carignani (avec Nathalie Manfrino, George Petean et
Dmitro Popov dans les rôles principaux (décembre - janvier). Pour les
enfants, les jeunes chanteurs de l'Opéra Studio remettront à l'affiche Aladin
et la lampe merveilleuse de Nino Rota. La première aura lieu avant Noël à
Colmar, avec des représentations par la suite à Strasbourg et Mulhouse au
début de l'année suivante.
La première grande production lyrique de 2014 sera réservée au
Vaisseau fantôme de Wagner, donné sous la direction de Marko Letonja
dans une production signée de Nicolas Brieger. Ricarda Merbeth sera Senta,
Kristinn Sigmundslon Daland, Thomas Blondelle Erik et Sebastian Holecek
le Hollandais. La première rareté de la saison est à l'affiche en mars et avril:
soit la représentation scénique du Roi Arthus de Chausson (mise en scène
de Keith Warner et direction de Jacques Lacombe). L'œuvre est complexe et
tire plus d'une fois sa révérence au génie wagnérien tout en restant toutefois
essentiellement française de ton. Elisabete Matos sera Genièvre, Franck
Ferrari Arthus, Nicolas Cavallier Merlin et Andrew Richards Lancelot.
Un dyptique d'ouvrages peu représentés sera ensuite au programme d'avril à juin dans les trois villes où joue l'Opéra du Rhin avec une escale parisienne en mai au Théâtre Louis Jouvet. Il s'agit de La Colombe de Charles
Gounod, suivie de Le pauvre Matelot de Darius Milhaud. L'orchestre sera
celui des Concerts Lamoureux, dirigé par Claude Schnitzler.
Autre rareté : la création scénique en France de Doctor Atomic du compositeur américain John Adams. Il s'agit là d'une commande passée par
l'Opéra de San Francisco qui en a assuré la création en octobre 2005 avec un
immense succès. Ecrit par Peter Sellars d'après le mythe de Faust, l'ouvrage
tire un parallèle entre le docteur moyenâgeux et les physiciens qui ont rendu
possible la mise au point de l'arme la plus terrible de l'histoire humaine: la
bombe atomique. L'orchestre sera dirigé par Patrick Davin, la mise en scène
assurée par la chorégraphe Lucinda Childs. Dietrich Henchel, qui fut
Wolfram dans le dernier Tannhäuser genevois, sera le Dr. Oppenheim, Ann
Grevelius Kitty Oppenheimer et Robert Bork Edward Teller (mai).
Enfin, en fin de la saison, reprise de l'impayable production du Platée
de Rameau signée de Mariame Clément. L'orchestre Les Talents lyriques
sera dirigé par Christophe Rousset alors que la grenouille ambitieuse aura
les traits et la voix de Emiliano Gonzales Toro (juin / juillet).
Eric Pousaz
Une fois n’est pas coutume, le premier opéra est programmé fin octobre, avant la Fête nationale monégasque (le 19 novembre) ; il s’agit en fait
d’un diptyque Menotti Amelia al Ballo / The Telephone, Placido Domingo
tiendra la baguette pour l’occasion, les nouvelles productions étant signées
par Jean-Louis Grinda, avec Norah Amsellem en Amelia. On retrouve le
directeur de l’Opéra de Monte-Carlo pour une nouvelle mise en scène de
Das Rheingold (la dernière remonte ici à 1939), avec Gianluigi Gelmetti à
la direction musicale, Egil Silins (Wotan), Peter Sidhom (Alberich),
Natascha Petrinsky (Fricka), Nicola Beller Carbone (Freia), les 3 représentations se tenant au Grimaldi Forum, au plateau bien plus vaste que celui de
la salle Garnier. Evénement attendu ensuite à la mi-décembre, Juan Diego
Florez réservera aux Monégasques sa prise du rôle de Fernand dans La
Favorite de Donizetti : deux dates sont prévues en version de concert à
l’Auditorium Rainier III, puis une soirée dans la foulée au Théâtre des
Champs-Elysées. D’autres étoiles devraient briller aux côtés du ténor péruvien : Daniela Barcellona, Jean-François Lapointe, Nicolas Cavallier, sous
la conduite du chef Jacques Lacombe.
Changement de répertoire fin janvier
avec Rusalka, donnée pour la première fois en Principauté, dans la production de Dieter Kaegi, Lawrence Foster
au pupitre, Barbara Haveman dans le
rôle-titre, le ténor Maxim Aksenov en
Prince, et – cerise sur le gâteau ! – la
contralto polonaise Ewa Podles en
Jezibaba. Retour au répertoire italien
pour la suite de la saison, avec L’Elisir
d’amore fin février, dans la production
donnée à l’Opéra de Lausanne –
Nathalie Stutzmann à la baguette,
Mariangela Sicilia (Adina), Stefan Pop
(Nemorino) – puis Il Mondo della
Placido Domingo dirigera le
luna de Haydn, nouvelle production
diptyque Menotti,
imaginée par Emilio Sagi, Jérémie
en novembre
Rhorer et son orchestre du Cercle de
l’Harmonie assurant la partie musicale. Haydn à nouveau avec une représentation de l’opéra pour marionnettes Philemon und Baucis – direction musicale de Fabio Biondi –, et puis c’est le rare Ernani de Verdi qui fera la clôture de saison, défendu par des protagonistes de haut vol : Ramon Vargas,
Ludovic Tézier, Alexander Vinogradov, Svetla Vassileva, Daniele Callegari
au pupitre et Jean-Louis Grinda à la mise en scène. Deux concerts lyriques
sont également à l’affiche : Joyce DiDonato (le 13 novembre) dans le programme de son dernier CD (Virgin Classics) Drama Queens, puis MaxEmanuel Cencic (le 1er février) pour une soirée intitulée Rokoko, avec
George Petrou aux commandes de l’orchestre Armonia Antenea.
François Jestin
http://www.operanationaldurhin.eu
a
c
t
www.opera.mc
u
a
l
i
t
é
53
s a i s o n s
GRAND THEATRE DE GENEVE
Saison 2013 - 2014
OPÉRAS
Les Saisons Russes du XXIème siècle
Schéhérazade - Les Sylphides - Danse
Polovtsiennes
Chorégraphie : Michel Fokine
Représentation
le 4 février 2014 à 19h30
Sigurd d'Ernest Reyer
Représentations
les 6, 8 et 10 octobre 2013 à 19h30
Die Walküre de Richard Wagner
Représentations
les 7, 13 et 16 novembre 2013 à 18h00,
le 10 novembre 2013 à 15h
La Chauve-Souris de Johann Strauss Fils
Représentations
les 13, 17, 21, 28, 30 et 31 décembre 2013
à 19h30, les 15 et 22 décembre 2013 à 15h
54
Siegfried de Richard Wagner
Représentations
les 30 janvier, 5 et 8 février 2014 à 18h,
le 2 février 2014 à 15h
Nabucco de Giuseppe Verdi
Représentations
les 28 février, 1er, 4, 6, 7, 8 et 10 mars 2014
à 19h30, le 2 mars 2014 à 15h
Delusion of the Fury
Théâtre musical de Harry Partch
Représentations
les 28 et 29 mars 2014 à 19h30
Ballet du Grand Théâtre de Genève
Mémoire de l’Ombre
Chorégraphie : Ken Ossola
création mondiale / musique Gustav Mahler
Représentations
les 12, 13, 14, 15, 18, 19 et 20 février 2014
à 19h30, le16 février 2014 à 15h
HELVETICDANSE
Ballet du Grand Théâtre de Genève
Glory
Chorégraphie : Andonis Foniadakis
Représentation le 25 avril 2014 à 19h30
Ballet de l’Opéra de Zurich
Notations
Chorégraphies : Wayne McGregor,
Christian Spuk & Marco Goecke
Représentation le 26 avril 2014 à 19h30
Götterdammerung de Richard Wagner
Représentations
les 23, 26, 29 avril et 2 mai 2014 à 18h00
Der Ring des Nibelungen de Richard Wagner
Représentations
les 13 et 20 mai 2014 à 19h30,
les 14, 16, 21 et 23 mai 2014 à 18h00,
les 18 et 25 mai 2014 à 15h
Jonas Kaufmann © Regina Recht / Decca
Flockwork
Chorégraphie : Alexander Ekman
Représentation le 30 avril 2014 à 19h30
RÉCITALS
Académie des jeunes chanteurs
du Théâtre Mariinski
Accompagnés par Larissa Gergieva
Le 20 octobre 2013 à 19h30
Soile Isokoski
Accompagnée par Ilkka Paananen
Le 17 novembre 2013 à 19h30
Béjart Ballet Lausanne
Chorégraphie : Maurice Béjart
Représentations
les 28 et 29 avril 2014 à 19h30
Leo Nucci
Avec l’Italian Chamber Opera Quintet
Le 20 décembre 2013 à 19h30
Ballet Basel
„Absolut Dansa”
Chorégraphie : Johan Inger
nouvelle création
Ferruccio Furlanetto
Accompagné par Igor Tchetuev
Le 12 janvier 2014 à 19h30
Laurence Brownlee
Le 21 janvier 2014 à 19h30
Jonas Kaufmann
Accompagné par Helmut Deutsch
Le 30 mars 2014 à 19h30
La Wally de Alfredo Catalani
Représentations
les 18, 20, 24, 26 et 28 juin
2014 à 19h30,
le 22 juin 2014 à 15h
Anna Caterina Antonacci
Accompagnée par Donald Sulzen
Le 11 mai 2014 à 19h30
BALLETS
Ballet du Grand Théâtre
Le Songe d’une nuit d’été
Chorégraphie : Michel
Kelemenis
création mondiale
Représentations
les 4, 5, 7 et 9 octobre 2013 à
19h30, le 6 octobre 2013 à 15h
Billetterie :
T + 41 22 322 50 50
du lundi au samedi de 10h à 18h
[email protected]
«Le Songe d’une nuit d’été» avec Joseph Aitken, chorégraphie Michel Kelemenis
photo de répétition GTG / Gregory Batardon
a
c
t
u
a
l
i
t
é
s a i s o n s
saison lyrique 2013/2014
Avignon
L’Opéra Grand Avignon affiche cette saison de grands
titres de l’opéra italien, ainsi que quelques raretés pour
ce qui concerne le répertoire français.
C’est Madama Butterfly qui ouvrira la saison lyrique en novembre,
dans la belle production de Mireille Laroche, sous la direction musicale
d’Alain Guingal ; la sensibilité de la soprano Ermonela Jaho devrait faire
sensation dans le rôle-titre, elle sera entourée entre autres de Sébastien
Guèze, Marc Barrard, Delphine Haidan.
Après My Fair Lady pour les fêtes de fin d’année – production de
Paul-Emile Fourny et Dominique Trottein au pupitre –, ce sera au tour de
Rossini et son Italiana in Algeri début février, dans la réalisation visuelle
de Nicola Berloffa (proposée à Marseille la saison dernière) : dans les
rôles principaux Silvia Tro Santafe, Julien Dran et Donato di Stefano, tandis que le chef Roberto Rizzi-Brignoli sera placé au pupitre.
En mars 2014, Adina Aaron fera partie de la distribution du
«Dernier jour d’un condamé»
Suivront une double affiche Offenbach Monsieur Choufleuri restera
chez lui le … / Pomme d’Api, confiée à Caroline Mutel pour la mise en
scène et Dominique Trottein pour la direction musicale, puis en mars ce
qui devrait constituer l’événement de la saison : Le dernier jour d’un
condamné, opéra de David Alagna mis en scène par Nadine Duffaut, où
sont attendus le ténor Roberto Alagna et la soprano Adina Aaron.
Place au baroque au mois d’avril avec Tancrède de Campra, en coproduction avec le Centre de Musique Baroque de Versailles, qui a préparé la partition et dont le directeur des chœurs Olivier Schneebeli tiendra la
baguette.
Enfin le chef Alain Guingal sera de retour pour une autre double affiche, italienne cette fois : Cavalleria rusticana / I Pagliacci, où l’on relève les noms de Géraldine Chauvet (Santuzza), Nathalie Manfrino (Nedda),
Jean-Pierre Furlan, Seng-Youn Ko, la production étant celle de JeanClaude Auvray réalisée à l’origine pour les Chorégies d’Orange.
A noter également la venue de Max-Emanuel Cencic (le 27 septembre) pour son programme « Venezia », la soirée Vivaldi interprétée par un
autre contre-ténor Philippe Jaroussky (le 14 mars), le spectacle intitulé
« De quoi j’ai l’air » avec la soprano Julie Fuchs en vedette (le 19 mars),
et encore le concert du 23 mai avec Nicolas Rivenq et le chef Jean-Claude
Malgoire (Grétry, Piccinni, Gluck, … au programme).
Et surtout ne pas oublier la date du 18 avril où sera donné Le
Dilettante d’Avignon, rarissime opéra-comique d’Halévy, ni celle du 4
décembre où le titre lauréat du concours « Opera Competition and Festival
/ Arte », en octobre à Szeged en Hongrie, sera proposé.
François Jestin
www.operagrandavignon.fr
En novembre 2013, Sébastien Guèze endossera le rôle de Pinkerton
dans «Madama Butterfly»
55
s a i s o n s
56
saison 2013/2014
saison lyrique 2013/2014
Saint-Etienne
Nice
Intéressant programme pour la nouvelle saison.
Comme pour la dernière saison, 5 opéras sont à
nouveau au programme.
Après une représentation de l’Orfeo de Monteverdi (le 8 octobre), en
provenance du festival d’Ambronay (dir. Leonardo Garcia Alarcon), c’est
Carmen qui sera proposée dans la vision, vraisemblablement très musique
du monde, de l’Orchestra di Piazza Vittorio. Après l’Opéra de Lausanne et
avant l’Opéra-Comique, la nouvelle production de Lakmé signée Lilo Baur
fera escale à l’opéra de Saint-Etienne, avec son directeur musical Laurent
Campellone au pupitre, Marie-Eve Munger dans le rôle-titre, Cyrille Dubois
(Gérald), Marianne Crebassa (Malika), puis c’est Ciboulette de Reynaldo
Hahn qui fera l’affiche des fêtes de fin d’année, dans la production de
Michel Fau : Bénédicte Tauran (Ciboulette), Julien Behr (Antonin), Florian
Sempey (Duparquet), et le chef Laurent Touche. Après Le Mage de
Massenet la saison dernière, il sera redonné vie à un autre ouvrage oublié,
Les Barbares de Camille Saint-Saëns, avec Kate Aldrich, Julia Gertseva,
Edgaras Montvidas, et Laurent Campellone à la baguette. On retrouve le
chef pour Werther, dans la nouvelle mise en scène de Laurent Fréchuret,
Alexey Dolgov et Marie Kalinine en Werther et Charlotte, puis ce sont Le
Nozze di Figaro qui concluront le programme lyrique, dans la production de
Richard Brunel montée pour l’édition 2012 du festival d’Aix-en-Provence,
et dirigés par Jonathan Cohen.
François Jestin
Der Freischütz de Carl Maria von Weber, dans l’orchestration
d’Hector Berlioz, sera représenté à partir de mi-novembre, sous la direction musicale de Philippe Auguin, dans une nouvelle production de Guy
Montavon (Claudia Sorokina en Agate et Bernhard Berchtold en Max).
Après Die Fledermaus courant janvier – Bruno Ferrandis au pupitre, mise
en scène d’Andreas Gergen et Sophie Marin-Degor en Rosalinde –, ce sera
au tour de Semele de Haendel en février dans une nouvelle mise en scène
de Jakob Peters-Messer, avec Hélène Le Corre, Anne-Florence Marbot,
Mary-Ellen Nesi, sous la baguette de George Petrou. C’est encore dans
une nouvelle production, cette fois signée de Francesco Micheli, que sera
proposée Adriana Lecouvreur au mois de mars : Cristina Pasa et Bruno
Ribeiro dans les rôles d’Adriana et Maurizio, dirigés par Roland Böer. La
saison s’achèvera enfin avec 15 représentations de Dreyfus, musique de
Michel Legrand sur un livret de Didier van Cauwelaert, mis en scène par
Daniel Benoin, la distribution vocale restant actuellement à préciser.
François Jestin
www.opera-nice.org
www.operatheatredesaintetienne.fr
Golgota
aux haras d’Annecy
conception, scénographie
et mise en scène
Bartabas
du
mar 8
au
chorégraphie et interprétation
Andrés Marín, Bartabas
mer 23
musique
OCT
Tomás Luis de Victoria
www.bonlieu-annecy.com I +33 (0)4 50 33 44 11
photo cheval©Antoine Poupel, portrait Bartabas©Pierre Terrasson, portrait Andrés Marin©Jean-Louis Duzert
a
c
t
u
a
l
i
t
é
m é m e n t o
genève
Grand Théâtre (022/418.31.30)
s Sigurd (Chaslin) – 6, 8, 10 oct.
zurich
Opernhaus (044.268.66.66)
s La Straniera (Luisi-Loy) – 2, 6, 13,
17, 22 oct.
s Rigoletto (Luisi-Gürbaca) – 3 oct.
s Die Soldaten (Albrecht-Bieito) – 4,
8, 15, 19, 26 oct.
s Don Giovanni (Luisi-Baumgarten) –
6, 11 oct.
s Otello (Carignani-Vick) -13, 16, 20,
27 oct.
Honoré) – 12, 14, 16, 18, 20, 22, 24,
26 oct.
marseille
Opéra (04.91.55.11.10)
s Aida (Carminati-Roubaud) - 1er, 3
oct.
s La Straniera (Arrivabeni) – 31 oct.
montpellier
o p é r a
l o n d re s
s Anna Bolena (Pido-Génovèse) – 25,
ROH (0044/207.304.4000)
s Le Nozze di Figaro (GardinerMcVicar) – 2, 4, 7 oct.
s Elektra (Nelsons-Edwards) – 1er, 6,
9, 12 oct.
s Les Vêpres siciliennes (PappanoHerrheim) – 17, 21, 24, 29 oct.
s Wozzeck (Elder-Warner) – 31 oct.
Opéra national (04.67.02.02.01)
s Orfeo ed Euridice (Kocsar-Muti) –
1er oct.
milan
Opéra National (0825.84.14.84)
s De la Maison des morts (Letonja-
Teatro alla scala (39/02.720.03.744)
s Don Carlo (Luisi-Braunschweig) –
12, 16, 19, 23, 26, 29 oct.
s t r a s b o u rg
A Zurich : « La Straniera» avec Edita Gruberova (Alaide) et Veronica Simeoni (Isoletta) © Monika Rittershaus
paris
Champs-Elysées (01.49.52.50.50)
s La Vestale (Rhorer-Lacascade) – 15,
18, 20, 23, 25, 28 oct.
Châtelet (01.40.28.28.40)
s Chantecler Tango (Godoy) – 9, 10,
11, 12, 13, 14, 16, 17, 18, 19, 20, 23,
24, 25, 26, 27, 2, 29 oct.
Opéra National (08.92.90.90)
Bastille :
s Lucia di Lammermoor (BeniniSerban) – 1er, 4, 6, 9 oct.
s L’Affaire Makropoulos (MälkkiWarlikowski) – 2 oct.
s Aida (Jordan-Py) – 10, 12, 15, 20,
25, 29 oct.
s Elektra (Jordan-Carsen) – 27, 31 oct.
Garnier :
s Alceste (Minkowski-Py) – 2, 4, 7 oct.
s Cosi fan tutte (SchoenwandtToffolutti) – 22, 24, 27, 30 oct.
Salle Pleyel (01.42.56.13.13)
s Le Nozze di Figaro (Jacobs) – 11
oct.
lyon
Opéra National (08.26.30.53.25)
s Dialogues des carmélites (Ono-
a
g
Carsen) – 1er, 3, 5, et 18, 20 oct. (à
Mulhouse)
s La Cenerentola (Mazzola-Anglade)
– 25, 29, 31 oct.
toulouse
Théâtre du Capitole (05.61.63.13.13)
s Manon (Lopez Cobos-Pelly) – 3, 6,
10, 13, 15 oct.
a m s t e rd a m
Opera (31.20.62.55.456)
s Armide (Bolton-Kosky) – 6, 8, 10,
14, 17, 20, 24, 27 oct.
bruxelles
La Monnaie (32/70.23.39.39)
s La Clemenza di Tito (Morlot-van
Hove) – 10, 11, 13, 15, 16, 17, 19, 20,
22, 23, 24, 26 oct.
madrid
Teatro Real (34/90.224.48.48)
s Die Eroberung von Mexico (PerezAudi) – 9, 11, 12, 13, 15, 17, 18, 19
oct.
e
n
turin
Teatro Regio (39/011.881.52.41)
s Simon Boccanegra (NosedaBussotti) – 9, 10, 12, 15, 16, 19, 20, 23
oct.
s Rigoletto (Renzeti-Banfo) – 17, 22,
25 oct.
venise
Teatro La Fenice (39/041.24.24)
s Madama Butterfly (Wellber-Rigola)
– 12, 17, 20, 24, 27, 29, 31 oct.
s Carmen (Matheuz-Bieito) – 13, 15,
18, 20, 22, 29 sept.
s L’Elisir d’amore (MontanariMorassi) – 13, 15, 19, 25, 30 oct.
vienne
Staatsoper (43/1514447880)
s La Fanciulla del West (Welser-MöstMarelli) – 5, 8, 11, 14, 17 oct.
s Aida (Ettinger-Joel) – 9, 12, 15, 18
oct.
s Don Carlo (Welser-Möst-Abbado) –
13, 16, 19 oct.
s Der Rosenkavalier (Fischer-Schenk)
– 20, 23, 27, 30 oct.
d
a
28, 31 oct.
s La Fille du régiment (Campanella-
Pelly) – 26, 29 oct.
s Simon Boccanegra (Altinoglu-Stein)
– 1er, 4 oct.
s Otello (Ettinger-Mielitz) – 14, 17,
20, 23 sept.
Theater an der Wien (43/15.88.85)
s A Harlot’s progress (FranckHerzog) – 13, 16, 18, 21, 24, 27 oct.
s Der Kaiser von Atlantis
(Paternostro) – 17 oct.
berlin
Deutsche Oper (49/30.343.84.343)
s Nabucco (Battistoni-Warner) – 3, 5,
8, 13, 19, 22 oct.
s Macbeth (Arrivabeni-Carsen) – 6,
12 oct.
s Die Zauberflöte (Repusic-Krämer) –
9, 19 oct.
s Il Barbiere di Siviglia (Garcia CalvoThalbach) – 11, 17 oct.
s La Traviata (Korsten-Friedrich) – 20,
26 oct.
s Don Carlo (Runnicles-Marelli) – 31
oct.
Staatsoper (49/30.20.35.45.55)
s Un Ballo in maschera
(Zanetti.Morabito) – 7, 10 oct.
s La Fiancée du tsar (BarenboimTcherniakov) – 3, 8, 13, 19, 25 oct.
s Wozzeck (Barenboim-Breth) – 4, 6,
9, 12 oct.
s Don Giovanni (barenboim-Guth) –
18, 21, 24, 27,31 oct.
Komische Oper (49/30.47.99.74.00)
s Balle im Savoy (Benzwi-Kosky) – 2,
5, 11, 25 oct.
s A Midsummer night’s dream
(Poska-Kairish) – 4, 10, 26 oct.
s L’Orfeo (Sochaczewsky) – 3, 12, 27
oct.
s Hänsel und Gretel (Poska-Thannen)
– 19 oct.
new york
Metropolitan Opera
(00.1.212.362.60.00)
s Eugène Oneguine (GergievWarner) – 1er, 5, 9, 12, 16, 19 oct.
s Cosi fan tutte (Levine-Koenig) – 2,
5 oct.
s Le Nez (Gergiev-Kentridge) – 3, 8,
12, 17, 22, 26 oct.
s Norma (Frizza-Copley) – 4, 7, 10,
14, 18, 24, 28 oct.
s A Midsummer night’s dream
(Conlon-Albery) – 11, 15, 19, 23, 26,
31 oct.
s Two Boys (Robertson-Sher) – 21,
25, 30 oct.
s Tosca (Frizza-Bondy) – 29 oct.
57
o p é r a
pesaro
Rossini Opera Festival
Guillaume tells not much
58
Après des spectacles marquants ces dernières années (Moïse et Pharaon en 1997, Mosè in
Egitto en 2011), la nouvelle production de
Guillaume Tell vue par Graham Vick trahit un
flagrant manque d’inspiration. Dans un décor
blanc immaculé, les Helvètes astiquent le sol au
premier acte et jettent de la terre sortie de leurs
poches lorsqu’ils se rebellent contre l’occupant.
Au II, une bonne douzaine de faux chevaux
meublent la scène, Mathilde chante sa « Sombre
forêt » en pleine lumière, chevauchant à l’amazone, puis en fin d’acte le rassemblement des
partisans des divers cantons se conclut par un
démontage des bêtes et l’érection de barricades
façon révolution communiste, avec agitation
obligée de foulards rouges. Les deux derniers
actes fonctionnent un peu mieux, d’abord pour
le duo Mathilde-Arnold devant un cheval gisant
dans son sang, tête coupée, puis dans l’ambiance salonarde d’un vicieux Gesler – très joueur
lorsqu’il fait s’incliner le peuple devant son cha-
peau haut-de-forme –, et enfin au IV
lorsqu’Arnold visionne quelques images en noir
et blanc de sa jeunesse. Les ballets sont plus
ridicules qu’esthétiques ou véritablement prenants ; sans aller jusqu’à l’indigne, cette réalisation ne devrait pas rester durablement dans les
mémoires.
Le niveau vocal est heureusement perché
sur d’autres cimes, avec un Nicola Alaimo très
crédible dans le rôle-titre, qui s’impose par son
physique et son chant, dans un français de belle
qualité, même si quelques aigus sortent par
moments de manière feutrée. La puissance de la
soprano Marina Rebeka (Mathilde) est spectaculaire, le timbre est séduisant et l’agilité certaine, mais on reste peu ému par sa prestation. Le
ténor vedette Juan Diego Florez, particulièrement attendu dans le rôle d’Arnold, se montre à
son meilleur dans les parties élégiaques comme
« Asile héréditaire » où le phrasé est un régal, la
cabalette qui suit « Amis, amis » constituant certainement la limite de ses moyens naturels de
ténor di grazia. Le reste de la distribution va de
l’excellente Amanda Forsythe (Jemmy), très
expressive et bien projetée, jusqu’aux faibles
Wojtek Gierlach (Leuthold) – au français vraiment trop exotique ! – et Alessandro Luciano
(Rodolphe), à peu près inaudible. Les aigus de
Celso Albelo (Ruodi) sont brillants, alors que
les « clé de fa » Simon Orfila (Walter) et
Simone Alberghini (Melcthal) font valoir une
belle autorité dans le timbre. Le Gesler de Luca
Tittoto pousse démesurément son instrument et
paraît parfois rugir – jusqu’au l’incident vocal
–, l’Hedwige de Veronica Simeoni est sonore,
mais peu compréhensible.
La direction musicale de Michele Mariotti
est solide, avec des choix de tempi et de nuances qui convainquent, comme les finales rapides
des actes II et III. Enfin, quel plaisir de pouvoir
entendre une version intégrale de l’œuvre, avec
par exemple l’air délicieux de Jemmy « Ah ! que
ton âme se rassure » qui permet alors de comprendre véritablement pourquoi Tell relève ce
défi délirant de tirer la pomme placée sur la tête
de son fils.
L’Occasione et Donna del lago
Avec L’Occasione fa il ladro montée initialement par Jean-Pierre Ponnelle à Pesaro en
1987, on touche idéalement à la verve buffa et à
l’espièglerie de Rossini. Des accessoires qui
sortent d’une valise posée sur le plateau, des toiles et décors montées puis démontées à vue, le
théâtre dans le théâtre parfaitement intelligent, élégant et
drôle, on finit par se dire qu’on
n’a pas fait mieux depuis 25
ans ! Dommage que la distribution vocale ne soit pas de la
même eau : à côté d’une Elena
Tsallagova (Berenice) presque
impeccable dans sa musicalité
et ses notes piquées, on se
demande bien pourquoi le ténor
Enea Scala (Alberto) a été retenu, tant le timbre est ingrat et la
voix peu stable. Roberto de
Candia (Don Parmenione) et
Paolo Bordogna (Martino) font
valoir leur habituelle vis comica, tandis que l’Orchestra
Sinfonica G. Rossini n’est pas
toujours bien concentré sous la
baguette de Yi-Chen Lin.
« Guillaume Tell» avec Nicola Alaimo © Studio Amati Bacciardi
a
c
t
u
Comme pour ses deux der-
a
l
i
t
é
o p é r a
nières éditions, le festival s’achève par un opéra
en version de concert dirigé par Alberto Zedda,
et c’est au tour cette année d’un opus seria de la
période napolitaine, La Donna del lago. La soirée est d’abord marquée par le malaise passager
du chef d’orchestre, âgé de 85 ans, qui retrouve
tous ses esprits et son énergie après une pause
de 40 minutes au cours du 1er acte. Cet incident
donne aux spectateurs l’occasion unique d’écouter deux fois la cavatine de Rodrigo, dans
son air d’entrée, où l’on se délecte du grave
barytonnal du ténor américain Michael Spyres,
alors que l’aigu est malheureusement plus limité. L’autre ténor Dmitry Korchak (Giacomo) a
bien du mal à sortir de la nuance forte, tandis
que la basse Simone Alberghini est sans problème dans l’emploi plus modeste de Douglas. Les
meilleures surprises arrivent de la partie féminine de la distribution : la soprano Carmen
Romeu (Elena) maîtrise à peu près l’ensemble
des difficultés – nombreuses ! – de la partition
et le timbre de la mezzo Chiara Amarù possède
la couleur du rôle travesti Malcolm, accompagné de la virtuosité et l’abattage nécessaires.
59
François Jestin
L’Italienne à Alger
Il semble bien loin le temps des Castafiore,
des cantatrices moquées pour leur physique au
point que l'on se demande si Hergé aurait pu
imaginer un personnage crédible dans ce genre
aujourd'hui. Et si des critiques se font entendre
pour ironiser sur la façon dont certain(e)s interprètes dans le domaine lyrique usent ou abusent
de leur „look“, en particulier pour vendre leurs
enregistrements, force est d'admettre que la
nouvelle génération „porte beau“ très souvent,
selon une formule quelque peu datée mais qui
prend tout son sens à l'opéra.
Ainsi, du côté de Pesaro où de nombreux
jeunes interprètes ont débuté ces dernières
années, il se passe rarement une édition sans
que l'on découvre une voix doublée d'une personnalité prometteuse.
Barbarella ou James Bond girl ? Telle est la
question posée par l'Isabella interprétée par
Anna Goryachova et imaginée par le metteur en
scène Davide Livermore dans des costumes de
Gianluca Falaschi. Dans une ambiance tournant
des années 1960, cette Italiana in Algeri était
proposée dans un genre assurément très giocoso
avec un Mustafa machiste, style mafieux sorti
d'un épisode des Experts Miami, malgré les
références pétrolières proche-orientales. On ne
a
c
t
u
«L’Italienne à Alger» avec Anna Goryachova et Yijie Shi (Lindoro) © Studio Amati Bacciardi
s'étonnait guère en conséquence de découvrir
Isabella réchappée d'un crash aérien avant de se
transformer en croqueuse de mâles qui ne
demandaient que cela. Et si des projections
variées créaient un cadre distrayant, les éléments de décor du Lausannois Nicolas Bovey ne
permettaient pas de mettre en valeur les protagonistes dont les déplacements paraissaient parfois hasardeux.
L'inventivité visuelle de tous les instants de
la production mettait à rude épreuve la direction
musicale de José Ramon Encinar à la tête de
l'Orchestre et des Chœurs du Teatro Comunale
de Bologne, mais les interprètes tiraient leur
épingle du jeu sans trop de problème. On retrouvait ainsi Alex Esposito peu après son passage
à l'Opéra de Lausanne en Almaviva, il incarnait
a
l
i
t
un Mustafa à la voix homogène bien entouré par
Mario Cassi, plaisant Taddeo et Yijie Shi,
Lindoro au timbre séduisant et aux aigus assurés. Et si Mariangela Sicilia (Elvira) et Raffaelle
Lupinacci (Zulma) offraient des prestations
réjouissantes, c'est tout naturellement la séduisante Anna Goryachova, „sexy Isabella“, mezzo
au timbre raffiné avec des vocalises irréprochables, qui suscitait l'adhésion. Un début de carrière qui rappelle peut-être vocalement et scéniquement celui d'une autre Isabella, Cecilia
Bartoli...
Frank Fredenrich
é
t
h
é
â
t
la comédie de genève / wagner geneva festival
Siegfried, Nocturne
Création mondiale très attendue de la rentrée automnale, Siegfried, Nocturne
est un opéra chanté en allemand par le baryton Bo Skovhus et interprété par
l’Ensemble Multilatérale sous la baguette de Stefan Asbury. Adapté par le
compositeur Michael Jarell, le monodrame écrit par Olivier Py est mis en scène
par Hervé Loichemol. Un paysage musical crépusculaire qui interroge l’avenir
de la culture face à la barbarie. Eclairage de Michael Jarell.
Quel rapport entretenez-vous avec
Wagner et sa musique , au moment de composer cet opéra ?
60
M.J. : A vrai dire, je ne suis pas un inconditionnel de Wagner. J’admire beaucoup la densité
musicale de certaines de ses productions et je
considère nombre de ses ouvertures comme des
chefs-d’œuvre, mais j’observe une distance critique vis-à-vis de ses livrets et de l’ensemble de
ses compositions, qui me semble nécessaire.
Quant à Siegfried en particulier, je ne pense pas
que ce soit son opéra le plus réussi, même si son
efficacité scénique reste indiscutable. Le héros
lui-même est un caractère complexe et qui peut
interpeller aujourd’hui encore, mais dont les
choix et les agissements ne sont pas exempts de
toutes critiques. Néanmoins, lorsque j’écris, la
musique et la culture wagnérienne, comme d’autres, font partie de moi. Je ne les cite pas directement, mais on peut trouver une occurrence musicale inspirée d’un passage de la Tétralogie.
De quelle façon a eu lieu la rencontre
avec Olivier Py ?
Lorsque Jean-Marie Blanchard m’a parlé de
créer un opéra, j’ai d’abord cherché un texte qui
pouvait retenir mon attention, et puis, d’entente
avec Hervé Loichemol, nous nous sommes tournés vers Olivier Py qui avait déjà travaillé avec le
premier comme metteur en scène et avec le
second comme auteur. J’ai alors rencontré
Olivier Py et nous nous sommes très vite entendu
sur la thématique du récit. Olivier a réalisé un
remarquable travail à travers ce livret d’opéra,
mais la densité de sa production écrite est telle
qu’avec sa permission, j’ai travaillé sur une adaptation de son récit, plus concise et sans doute plus
appropriée à une lecture véritablement musicale,
chantée de l’œuvre. Il est vrai que j’ai dû procédé à certaines coupes qui me donnaient mauvaise
conscience, mais Olivier Py m’a laissé très libre
dans cette démarche de réécriture. Je me suis
vraiment efforcé d’accompagner le texte original,
d’en garder l’esprit, mais en créant du contrepoint et en réinterprétant parfois le personnage,
afin d’en traduire toute la complexité au cœur de
ma musique. De même, au niveau du traitement
vocal, j’ai tenu à introduire du parler et diverses
formes de chant, afin de préserver différents
niveaux de lecture et de sens. L’essentiel est précisément de trouver le juste équilibre entre la primauté du mot ou du chant. Dans le fond, mon travail s’est alors apparenté à celui du livre qu’il
faut adapté pour le cinéma et dont le langage doit
être modifié pour en préserver le sens premier.
Pensez-vous alors que la musique peut
plus que la littérature quand il s’agit d’éveiller
les consciences ou d’ouvrir le sens ?
Michael Jarrell / GTG - François Grobet
e
Il est certain que la puissance d’abstraction de la
musique est unique. Si l’on sort de sentiers battus
où les formules et les phrases musicales sont
immédiatement reconnaissables, on se doit de
créer du sens, et celui que chaque autiteur y mettra, en réexplorant toujours plus avant cette
dimension abstraite de la musique. Le ressenti et
l’émotion qui naissent de la musique doivent sans
n
t
r
e
r
e
cesse être suscités, mais supposent une disponibilité, une écoute et une volonté d’aller vers l’inconnu, plus exigeantes que lorsque l’auditeur
évolue en terrain connu, dans un environnement
musical prévisible et déjà intégré ou digéré. Il est
donc plus difficile de provoquer l’émergence de
cette émotion à partir d’un univers musical
dépourvu de tout référent.
Si l’on revient sur certaines de vos
récentes créations comme Emergences en
2012, il semble bien que ce souci de créer un
jaillissement chez l’auditeur soit permanent.
En effet, et en cela, j’ai envie de dire comme le
fait si bien Umberto Eco, que je ne crois pas à
l’écrivain, à l’artiste qui ne produirait que pour
soi-même. Il y a ce souci de vouloir plaire, sans
être pour autant complaisant. Il y a dans l’écriture musicale également une volonté de porter un
message à l’autre, de donner un témoignage et de
communiquer de son temps, au risque de déplaire ou de déconcerter. Ce qui importe est de créer,
comme un acte de résistance, au sein d’un monde
qui veut nous enfermer dans des référents trop
prévisibles et souvent insensés. Nous nous
devons de créer de nouveaux modèles pour
demain. Une création, une œuvre artistiques sont
des lieux de mémoire, des éléments qui vont
constituer l’histoire pour nous aider à mieux
comprendre notre présent.
Siegfried est ici un héros qui erre dans
les ruines de la Seconde Guerre mondiale,
tentant de répondre aux questions qui le
tourmentent. Comment avez-vous structuré
la composition musicale de ses errances ?
Le premier choix qui s’imposait était celui
d’une partition d’orchestre plutôt grave, pour
une musique elle-même empreinte d’une gravité évidente. J’ai pensé l’œuvre en trois parties ;
dans la première partie, l’écriture de la voix est
encore à forte teneur héroïque, qui oblige le
baryton Bo Skovhus a chanté dans les aïgus de
sa tessiture, pour évoquer cette volonté d’aller
de l’avant, de revivre et de comprendre, pour
arriver à la troisième partie où son chant se teintera de graves pour mieux accompagner une
forme de décomposition vers la poussière. La
mise en scène d’Hervé Loichemol joue donc
dans le même registre pour accentuer ce passage de la lumière à la nuit, dans un non-lieu composé de reliquats. Une gravité généralisée.
Propos recueillis par Jérôme Zanetta
Du 13 au 18 octobre : Siegfried, Nocturne de Olivier Py,
m.e.s. Hervé Loichemol., musique Michael Jarrell.
La Comédie de Genève, dim 17h, mar et ven à 19h, mar à
20h (loc. [email protected] / 022/320.50.01)
t
i
e
n
t h é â t r e
le poche : entretien avec darina al joundi
Ma Marseillaise
Elle a un physique de tragédienne mais quand elle rit, son visage éclate de
vie. Dans Ma Marseillaise, l'auteure et comédienne Darina Al Joundi fait
revivre Noun, le personnage de Le jour où Nina Simone a cessé de chanter,
aux prises cette fois avec l'administration française. Tragédie, absurdité,
dérision, mais aussi bonheur d'être femme, arabe, musulmane et surtout
libre ! De sa voix rauque envoûtante, Darina Al Joundi précise que non,
Noun n'est pas elle, mais que oui, c'est de l'autofiction.
Y a-t-il un peu de Darina dans Noun
?
Non, mais j'utilise la réalité pour en faire une
œuvre artistique. L'inverse est vrai aussi et la
vie rejoint le spectacle puisque j'ai appris qu'on
m'accordait enfin la nationalité française pendant que je jouais le spectacle à Avignon en
2012 et peu avant les représentations parisiennes. Elle m'avait jusque-là été refusée. Or le
spectacle raconte le calvaire subi par une
Libanaise musulmane pour obtenir
la naturalisation française ! La
réalité rejoignait la fiction. Laquelle
dépasse l'autre ? Le théâtre est le
lieu où l'on peut débattre, remettre
en question, se révolter. Le pouvoir
du théâtre est ainsi démontré : il
peut influencer le cours des choses.
blique sont glorifiées et le droit de vote en est le
fer de lance, alors qu'ici il est négligé. Le personnage se bat pour qu'on lui signe un papier
qu'elle considère comme une réponse juste,
égale et laïque en échange de l'engagement
qu'elle signe de son côté de respecter et servir
les lois républicaines.
Vous déplorez les clichés et amalgames au sujet de votre pays et du monde arabe
?
En premier lieu on peut être arabe sans être
musulmane. Ensuite on peut être femme arabe
sans être voilée. Il ne faut pas mélanger culture,
religion, civilisation et idéologie. La poésie et la
culture par exemple font partie de la culture. Je
suis profondément laïque et pense que chacun
doit se respecter. Mais les blagues que je fais à
Beyrouth me font taxer d'islamophobe ! C'est
une dérive colonialiste : on dénie aux Arabes le
droit de se moquer de leur pays!
En fin de compte, le personnage
et l'auteure se battent pour être
vues comme des femmes, c'est-àdire les égales de l'homme.
Comme en Europe !
Propos recueillis par
Laurence Tièche-Chavier
La pièce a-t-elle été bien
accueillie par le public français ?
Du 7 au 27 octobre : Ma Marseillaise de
Darina Al Joundi, m.e.s. Alain Timar.
Le Poche-Genève, lun et ven à 20h30,
mer-jeu-sam à 19h, dim à 17h, mardi
relâche
Rens./rés./loc. 022/310.37.59
Un peu moins que la précédente car
il y est question d'ici et de maintenant. Le Jour où Nina Simone...
avait pour elle d'être exotique : l'action se situait loin, dans le passé et
les méchants étaient clairement
désignés, c'étaient les autres. Le
Liban véhicule une image d'Epinal,
alors que la réalité est autre : il y a
le secret bancaire, les lois honteuses
con-tre les femmes. Le monde
arabe - une certaine frange - se bat
pour la liberté, pour s'ouvrir au
reste du monde, alors que le monde
occidental se bat pour se refermer et
laisser à la porte le reste du monde.
Le personnage de Noun montre ce
paradoxe et cela renvoie au public
européen une image dérangeante.
Au Liban, les valeurs de la répu-
e
n
t
Darina Al Joundi © Augustin Rebetez
r
e
t
i
e
n
61
t h é â t r e
la comédie de genève
Pompée / Sophonisbe
Deux pièces pour dire la ténacité et la révolte. Et illustrer ce que d’aucuns
appellent conflit de loyautés
62
La Mort de Pompée ? L’action se passe en
Égypte où règnent d’arrogants Romains, imbus
de leur personne et fiers de leur supériorité.
Exemple ? César, bien que follement épris de
Cléopâtre, lance furax à son serviteur en
accueillant la veuve de Pompée - assassiné sur
ordre de Ptolémée XIII, le frère de Cléopâtre furax qu’on ait osé tuer de la sorte un Romain:
« Choisissez-lui, Lépide, un digne appartement ; Et qu’on l’honore ici, mais en dame
romaine, C’est-à- dire un peu plus qu’on n’honore la reine. » (Acte III, scène 1). En dame
romaine. Un peu plus...que la reine ! Un petit
cran au-dessus… Tout est dit. Ce ‘tout’-là est à
comprendre, nous suggère Brigitte JaquesWajeman, comme un trait sinon xénophobe, du
moins déjà ‘colonial’, la metteure en scène s’étant attelée depuis une vingtaine d’années à un
immense travail de relecture des pièces de
Corneille, qu’elle qualifie précisément de coloniales.
Sophonisbe ? L’action se déroule près de
Carthage, et évoque aussi en quelque sorte le
temps des colonies, le temps des différences de
statut. Et la place que l’on octroie à l’autre.
L’histoire, primitivement narrée par Tite-Live,
raconte comment Massinisse et Sophonisbe qui
se sont connus enfants ont failli s’unir par les
liens du mariage avant que la deuxième guerre
punique ne bouleverse leurs plans. Et leur destin. En effet, ils se retrouveront dans deux
camps opposés, celui de Rome et celui de
Carthage, Sophonisbe ayant épousé Syphax,
l’ennemi juré de Massinisse.
La guerre éclate donc et Syphax est vaincu
par Massinisse. Sophonisbe épouse alors
Massinisse laissant ainsi la vie sauve à
Syphax… Mais Rome exige de Massinisse
qu’on lui remette la belle Sophonisbe comme
trophée de guerre. Massinisse, dans l’incapacité
d’affronter les armées ennemies, est contraint
de se soumettre, mais propose toutefois le suicide à Sophonisbe. Qui accepte. Et qui meurt. Par
ce geste spectaculaire elle veut priver les
Romains du plaisir de la voir traînée, esclave,
dans les rues de Rome. « Le dirai-je, seigneur ?
Je la plains et l’admire : Une telle fierté méritait un empire…» « Je dirai plus, madame, en
dépit de sa haine, Une telle fierté devait naître
romaine. » Au loin résonnent les vers de
Pompée cités plus haut. Et au loin résonne aussi
la fameuse phrase de Caton, Carthago delenda
est (Carthage doit être détruite), la destruction
totale de Carthage devenant le seul moyen d’assurer durablement la sécurité de Rome.
Sophonisbe est entrée dans l’Histoire en
femme restée fidèle à ses convictions, en princesse dont le seul nom évoque à la fois l’amour
et l’amour de la patrie. Cette figure sublime et
fière a d’ailleurs nourri l’imagination des écrivains et des peintres à travers les siècles, et
aujourd’hui elle est devenue un modèle pour les
femmes ‘debout’ qui ne se laissent pas dominer
ou imposer quoi que ce soit contre leur gré.
Pour Brigitte Jaques-Wajeman « ces pièces
décrivent les rapports de domination et de fascination que Rome entretient avec ses ‘alliés’ ».
Comme dans Nicomède et Suréna montées en
2011 et 2012 par la même metteure en scène
« les acteurs, évolueront autour d’une table
immense dont les accessoires changeront selon
les actes. La table constitue une scène sur la
scène ! On y traite les affaires du monde, les
rencontres des potentats, les conseils politiques,
comme les affaires les plus privées : s’y jouent
les scènes de famille, les scènes de ménage, les
rendez-vous amoureux. Chaque pièce, variation
sur un même thème, offrira aux spectateurs un
dessin singulier et commun. La confrontation
entre l’Orient et l’Occident se lira dans les
costumes modernes et les accessoires.
La même troupe (onze comédiens) interprétera Pompée et Sophonisbe en alternance et
dans une scénographie similaire » souligne-telle en préambule.
De son côté, le public comprend tout de
suite combien ces pièces traitées en diptyque
tombent à pic à l’heure des embrasements
meurtriers du Proche et Moyen-Orient qui ne
supporte plus ses différences religieuses, sociales, ethniques, oscillant entre résistance et soumission. Tragique cornélien ?
Rosine Schautz
Du 29 octobre au 2 novembre : Pompée / Sophonisbe de
Corneille, m.e.s. Brigitte Jaques-Wajeman.
HORAIRES:
Pompée, mar 29 octobre à 20h & jeu 31 octobre à 19h /
Sophonisbe, mer 30 octobre à 19h & ven 1er novembre à
20h / sam 2 novembre : Pompée à 15h & Sophonisbe à
19h30. La Comédie de Genève (loc. 022/320.50.01 / [email protected])
Brigitte Jaques-Wajeman (à gauche) lors de la conférence de presse de lancement
de saison en juin dernier © Carole Parodi
a
c
t
u
a
l
i
t
é
t h é â t r e
vidy-lausanne
Les Femmes savantes
La Compagnie UBU, en tournée avec Les Femmes savantes de Molière, s’arrête à Vidy pour quelques représentations du 29 octobre au
2 novembre. Au Canada, pendant la reprise des répétitions, nous avons pu
joindre Stéphanie Jasmin, collaboratrice artistique et conceptrice vidéo.
Entretien.
Stéphanie Jasmin, parlez-nous de
votre compagnie…
Vous avez choisi de déplacer la pièce
dans le temps et de faire allusion aux années 50.
La Compagnie UBU de Denis Marleau a fêté
ses trente ans l’an dernier. Elle s’est d’abord
consacrée aux textes peu montés sur scène,
un répertoire qui l’éloignait du terrain connu.
Puis au fil des années, les pièces contemporaines se sont ajoutées. Depuis 1997, une
partie vidéo a surgi, les explorations technologiques se sont incrustées dans la dramaturgie. Pour Les Femmes savantes, joué à sa
création en extérieur devant le Château de
Grignan dans la Drôme, la vidéo s’est faite
tout en douceur, en sourdine à travers les
fenêtres du château. Elle s’est reliée à la part
féminine de l’histoire de ce château. Notre
parti pris esthétique était de considérer le
château comme la maison de la famille des
Femmes savantes.
C’est notre vision nord-américaine. Nous
avons décidé de monter Molière à partir de
nos références, même s’il fait partie de notre
culture aussi. Nous voulions une résonance
pour nous ici. Les années 50 ont été un
moment charnière où les femmes, au
Québec, ont aussi désiré s’émanciper. C’est
une façon de créer des ponts imaginaires et
poétiques entre deux réalités.
Dans le parcours de votre compagnie,
on trouve peu de textes classiques. Qu’est-ce
qui vous a intéressés dans Les Femmes savantes de Molière ?
C’était la première fois que Denis Marleau
montait Molière. Quand nous avons été invités au Château de Grignan, nous sommes
allés le visiter plusieurs fois pour comprendre ce lieu. Il a été marqué par les femmes,
notamment Mme de Sévigné qui y a séjourné. Elle était une vraie femme savante,
contemporaine de Molière. Elle entretenait
avec sa fille une relation fusionnelle. Ce lien
trouve un écho dans la pièce. Nous nous
sommes dit que c’était un beau prétexte de
choisir une pièce qui parlait de ces femmes
qui désiraient s’élever, s’émanciper de façon
maladroite parfois comme dans les Femmes
savantes ou comiques. C’était un clin d’œil
d’entrer dans la langue de Molière par ce
château.
e
n
t
r
Votre troupe est essentiellement québécoise. Êtes-vous davantage décomplexés
vis à vis de Molière que les Français ?
En effet, Molière n’est pas pour nous le
monument qui fait partie de la culture en
France. Sans faire du théâtre, nous ne passons pas forcément par Molière dans les cursus scolaires. Nous avons peut-être une
forme de recul qui fait qu’on peut aborder
Molière plus librement. Mais il y a des pièges. Il faut aller au-delà de cette jolie
musique du vers, de ce ton que l’on croit
connaître. Nous avons abordé le texte de
Molière comme on aurait abordé le texte
contemporain. Oui, il y a cette contrainte du
vers, mais autant que chez les auteurs de
l’Oulipo. Il faut l’assimiler, l’intégrer et rendre cela très vrai, très incarné. Il s’agit de
figures humaines, de liens familiaux,
sociaux, de discussions sur le monde de l’époque. Ce n’est pas aussi léger et familier
que l’on pourrait penser.
l’esprit, entre son idéal intellectuel et la possibilité d’être une femme amoureuse et d’avoir un enfant. Aujourd’hui les femmes ne se
posent plus cette question dans ces termes,
mais il y a toujours cette problématique : Que
fait-on quand on choisi d’être mère ? Peut-on
quand même s’épanouir dans la société, dans
une carrière ? Mais c’est aussi et surtout la
question de l’imposture qui nous intéressait.
Ces Femmes savantes désirent légitimement
s’élever, mais malheureusement elles se font
duper ou se dupent elles-mêmes en suivant
un imposteur qui veut briller dans les salons
et qui est plus intéressé par l’argent de la
famille. Ces travers-là sont toujours actuels.
Il faut les rendre réels et vrais. Il faut éviter
les personnages archétypaux avec une seule
tonalité, mais au contraire en faire des êtres
paradoxaux. Ce qui nous paraissait intéressant était de rendre ces personnages tangibles, de trouver leur vérité et ne pas réduire
leur problématique à une époque.
Propos recueillis par Nancy Bruchez
Les Femmes savantes, Théâtre de Vidy, du 29 octobre au 2
novembre.
Réservation 021/619.45.45 - www.billetterie-vidy.ch
Quelles sont les résonances contemporaines des Femmes savantes ?
Les thématiques ne sont pas aussi importantes aujourd’hui qu’à l’époque de Molière.
Armande doit choisir entre la maternité et
e
t
i
e
n
63
t h é â t r e
son frère jumeau « Poyo », se rêvait en bon
vivant, en bon viveur, en aventurier du bitume.
Errant, déjà. « Il aimait les gens, surtout les
petites gens. Les gens de peu. Ça, ça ne l’a
jamais quitté… » dit encore cette vieille dame
de 92 ans, les yeux délavés douloureusement
embués.
éloge funèbre
Viala / Tissot...
Miglia ?
Evocations plutôt qu’éloge funèbre, d’un homme non pas ‘talentueux’ quand bien même ‘talent’ ait jadis pu désigner un ‘poids’ et une ‘somme
pesée en or et en argent’- mais doué en vies multiples, car apte à désirer de
nécessaires impossibles.
64
Viala a été souvent décrit, récemment
filmé et depuis toujours aimé par les uns et les
autres au fil d’une vie remplie de hauts et bas
dont on retiendra les fulgurances. Il restera dans le cœur de
ses contemporains cet être rimbaldien aux mille et une facettes : décorateur, peintre, comédien, scénariste, homme libre,
libéral, libertaire et, comme le
dit Michel Barde qui a joué sous
sa férule et avec lui à l’heure où
il ne s’appelait pas encore Viala,
mais… Miglia, « attachant, touche-à-tout certes, mais surtout
profondément fidèle ».
Son ancienne préceptrice, Madi Lépine, se
souvient du jeune homme de 15-16 ans qui
n’aimait pas tant aller à l’école, mais qui avec
Jacques Probst confiait en 2005 à
François Marin : « J'ai connu Viala à 17 ans, il
en avait 35. Dernièrement, je l'ai revu au
Poche lire ses poèmes et je le retrouvais tel
qu'il les lisait à l'époque. Je retrouvais ses textes ligne à ligne, mot à mot, c'était émouvant…. Quand on s'est rencontré avec Viala, il
jouait un petit monologue, il a rajouté un rôle
pour moi et on a tourné dans toute la Suisse
romande ensemble. Il m'apprenait à parler, à
dire les poèmes, il m'a payé durant six mois les
cours du Conservatoire... C'était aussi un
superbe acteur qui m'a souvent épaté comme
dans La Cuisine de
Wesker qu'avait montée
Charles
Apothéloz. Michel
Viala m'a écrit un
long poème Les
Enfants du siècle,
avec comme dédicace
“Pour Jacques Probst
pour
qu'il
le
dise“... ».
Allez, salut à toi,
le poète aux 431 décasyllabes
inventés
autour d’un certain
Bourguiba ‘mentalement fatigué’, qui,
assis dans une voiture
le ramenant à Bel-Air,
criait au chauffeur
effaré l’ayant retrouvé
marchant incognito
sur la route « Je suis
le Président de la
Côte d’Ivoire, si, si !
Par Dieu qu’on me
laisse rentrer chez
moi ! ».
Homme qui aura su mêler
théâtre et fabuleuses fabulations, « excentricités tendres »
souligne encore Barde pour qui
Viala n’a jamais été anarchiste
ou révolutionnaire mais plus
poétiquement « marginal ».
Marginal ? Si le mot veut dire
comme au XVIe siècle ‘au bord
de la digue’, oui bien sûr. Si le
mot réfère à l’expression ‘utilité
marginale’ déjà désuète qui sait,
car issue d’une langue économique en usage au début du siècle dernier, oui, bien sûr… Si le
mot, enfin, exprime l’idée
d’un être humain vivant en
marge de la société (du spectacle), oui, assurément ! Trois fois
oui.
Rosine Schautz
Michel Viala © Augustin Rebetez
a
c
t
u
a
l
i
t
é
t h é â t r e
éloge funèbre
Jean-Marc Stehlé
Sa vie, son œuvre… ses chefs-d’œuvre...
« Tonnerre, éclairs, vent, prodiges, etc., etc. » !
L’Oiseau vert, Gozzi
Né dans une famille tendance stricte et
sévère, fils d’un professeur de grec-latin directeur du Collège Calvin et d’une mère aimante et
artiste, Jean-Marc Stehlé a su faire de sa vie une
œuvre, et pas seulement un roman. D’abord
peintre aux Beaux-Arts de Genève, il s’en va au
milieu du cursus faire des copies au Louvre,
pendant une année. C’est là qu’il apprendra à
voir les couleurs, expliquait-il. C’est là aussi
qu’il apprendra la rigueur nécessaire à toute vie
d’artiste.
Décorateur-scénographe
Très précis dans ses dessins et dans ses
constructions, il sera vite engagé par les théâtres
pour inventer des décors, représenter non pas la
réalité sur le plateau (‘Le décor, c’est pas la
réalité. C’est la réalité du théâtre’, disait-il)
mais faire voir un texte dans un espace donné,
créer des costumes et des ambiances, bref faire
entrer le spectateur dans un dispositif. Les
anciens se souviennent certainement d’un de ses
plus fameux décors, imaginé pour Coquin de
Coq de Sean O’Casey, en 1963, qui consistait en
plantes qui poussaient sur scène. De la terre
avait été amenée en camion, il y avait planté de
l’herbe et des fleurs, et le décor poussait, grandissait au fil des représentations… Cette douce
folie, les plus jeunes l’auront ‘rencontrée’ dans
le décor époustouflant du magnifique spectacle
de Benno Besson, L’oiseau vert, immense jungle de chiffons qui s’ouvraient, se fermaient,
créaient des abris, des paysages, des grottes
miraculeuses, le tout inscrit dans une immense
gueule souple et mobile. C’était cela sa marque
de fabrique, sa griffe : un alliage entre souplesse et mobilité dans les matières utilisées, l’invention de féeries hallucinantes et hallucinées,
très organisées aussi, créant des tableaux esthétiques, colorés, toujours poétiques.
A la fin des années 60, la mode des représentations théâtrales n’était pas au foisonnement visuel. On aimait la littéralité, la réalité
dépouillée, le quotidien ‘nu’. Il partit donc au
Chili, qu’à cheval il traversa du Nord au Sud,
s’installa en Patagonie comme gérant d’estan-
cia (vaste exploitation agricole), entouré de
5000 moutons, de quelques chevaux et autres
animaux de basse-cour. Puis, pour des raisons
familiales et politiques, il quitte le pays juste
avant la brutale ‘arrivée au pouvoir’ de
Pinochet. Et reprend le chemin des théâtres.
Au début, c’est lui qui construisait tout
(« le fait qu’on monte, puis démonte et remonte
les décors me plaisait beaucoup » confiait-il).
Ensuite, il a pu engager des serruriers, des
métalliers, des menuisiers, des tapissiers pour
arriver à « faire de la magie, à surprendre »
comme il définissait son métier. « J’ai besoin de
tâter des matières, des tissus, pour orienter mon
inspiration ».
En 2009, il obtint l’Anneau Hans Reinhart,
la plus haute récompense du théâtre suisse. Ses
talents de décorateur-scénographe lui ont également valu six «Molière» en France et la reconnaissance enthousiaste des cinéastes et metteurs
en scène d’opéra qu’il aura côtoyés au fil de sa
riche carrière. Carrière ? Il disait n’avoir jamais
eu la préoccupation de faire carrière, que tout
s’était organisé dans un certain sens, qu’il avait
eu beaucoup de chance. Modeste, oui il l’était.
Et si sa grandeur physique, et pour le coup
morale, impressionnait ceux qui le croisaient, il
avait gardé ses rires d’enfant, et ponctuait souvent ses phrases de sourires vrais, beaux,
presque timides.
Comédien
C’est à partir de 1969 qu’il est devenu comédien
de théâtre, puis acteur de cinéma. Il a démarré
sur les planches grâce à Philippe Mentha avec
qui il collaborera ensuite régulièrement au
Théâtre Kléber-Méleau.
En tant qu’acteur, Jean-Marc Stehlé a notamment joué dans Derborence de Francis Reusser
(1985), Romuald et Juliette de Coline Serreau
(1989), dans Marie Antoinette de Sofia Coppola
(2006), Bon Voyage de Jean-Paul Rappeneau
(2003), et récemment on l’avait reconnu, errant
parmi de dynamiques retraités, sur le pont d’un
bateau de croisière dans Film Socialisme de
Godard (2010).
La croisière s’est aujourd’hui terminée
après 50 ans de décors, à raison de trois voire
quatre par années. C’est dire si l’artiste qu’il fut
aura passé sa vie à travailler.
Rosine Schautz
Jean Marc Stehlé dans «Doña Rosita la célibataire ou le langage des fleurs»
à La Comédie de Genève en 2006 © Brigitte Enguerand
a
c
t
u
a
l
i
t
é
65
t h é â t r e
tard, elle se retrouve dans certaines scènes dont
ne rougirait pas Feydeau. Certains personnages,
comme Lord Arthur Goring, sont paradoxaux :
il affiche un cynisme effréné mais ne sera-t-il
pas celui grâce à qui la morale sera sauve...
théâtre des amis, carouge
Un mari idéal
Le théâtre des Amis met à l’affiche une pièce d’Oscar Wilde, dans la mise
en scène de Pierre Bauer. Nous avons rencontré le metteur en scène
Pierre Bauer, qui nous parle des choix effectués - mise en scène, décor,
costumes - pour assurer la crédibilité de ce Mari idéal...
« Faire partie de la bonne société est une
corvée. N’en pas faire partie est une
tragédie. » Oscar Wilde
Comment avez-vous actualisé cette
pièce datant de 1895 ?
66
Le thème qu'elle traite, la faute commise dans
le passé par un être qui veut faire une carrière
politique et qui devient l'objet d'un chantage, ne
cesse d'être actuelle. C'est un délice d'avancer
dans le texte de Wilde truffé d'aphorismes et de
répliques qui font mouche.
Bien sûr, il a fallu le recentrer
autour de l'action principale et
couper des scènes mondaines,
des personnages secondaires
et des éléments sans réelle
importance pour le propos.
tes historiquement et esthétiquement, mais plus
maniables. Quant au décor, décliné en deux parties - une magnifique carte de l’empire britannique, en marbre et en relief s’il vous plaît - il
renforce l’importance que se sentent les personnages de ce milieu.
Le théâtre de Wilde exige beaucoup
des acteurs
Oui, c’est un qui-vive de tous les instants, un
travail exigeant et rigoureux, un défi qu’ils ont
dit avoir eu plaisir à relever. Dans cette avant-
Wilde était de ce monde, sans en être
dupe ; il l’a payé très cher
Il n’a cessé d’être insolent, anticonformiste,
provocant, n’épargnant personne, ni les hommes politiques, ni les religieux, ni la noblesse...
ni les féministes, ni les philanthropes, ni les
sportifs, appuyant ses satires des classes dominantes sur son immense culture et son esprit de
répartie sans pareille. On lui a fait payer son
insolence et son comportement hors normes
victoriennes par la prison, la condamnation aux
travaux forcés et la ruine financière. Je pense
que défendre son œuvre aujourd’hui, c’est rendre un bel hommage à un esprit libre, c’est
dénoncer les vices du Victorien comme de
l’homme d’aujourd’hui, stigmatiser le mensonge et la corruption… et passer deux heures délicieuses dans la célébration d’une des plus belles
conquêtes de l’homme : le langage.
Propos recueillis par
Catherine Graf
Un mari idéal d'Oscar Wilde,
adaptation et mise en scène
Pierre Bauer. Théâtre des
Amis, Carouge jusqu’au 20
octobre 2013
Un propos qui transcende son époque, non ?
Bien sûr ! Il ne cesse d'être
actuel, qu'on pense aux divers
délits d'initiés qui ont fait
récemment ou font l'actualité,
et qui coûtent leurs postes à
des personnages politiques
haut placés.
Distribution : Sir Robert
Chiltern Yves Jenny, Lady
Gertrude Chiltern Virginie
Meisterhans, Lord Arthur
Goring, Georges Grbic, Mrs
Laura Cheveley Natacha
Koutchoumov, Mabel Chiltern
Melanie Olivia Bauer, Lord
Caversham Nicolas Rinuy,
Lady Markby Josette Chanel,
Mason et Phipps Christian
Le décor et les costumes nous transportent dans
cette époque.
Il nous fallait entraîner le
spectateur dans ce monde, la
société victorienne au tournant du XXe s., et
être en même temps explicites et concis ; notre
tournée nous emmène en effet dans des espaces
scéniques aux dimensions très différentes; ainsi
plusieurs costumes trop volumineux, je pense à
certaines robes de 1895, n’étaient pas compatibles avec l’espace de certains théâtres. Nous
avons donc optés pour des tenues tout aussi jus-
e
Pierre Bauer
dernière comédie de Wilde, ils doivent maîtriser
tous les registres, pouvoir passer avec aisance,
parfois imperceptiblement, de l’un à l’autre. ET
aussi être totalement dans le jeu, pleinement
sincères, puis, ô délice, monter d’un cran vers
un second degré. Ainsi, quand elle apprend la
forfaiture de son mari, la vertueuse Lady
Gertrude Chiltern nage en pleine tragédie. Plus
n
t
r
e
Robert-Charrue.
Théâtre de Valère, Sion (22 octobre 2013) Théâtre du
Passage, Neuchâtel (24 et 25 octobre 2013) Espace
Nuithonie, Fribourg Villars-sur-Glâne (5 novembre 2013)
Théâtre Kléber-Méleau, Lausanne (du 9 au 19 janvier
2014)
t
i
e
n
t h é â t r e
forum meyrin
Triomphe de l’Amour
Une jeune princesse, Léonide, travestie en garçon, planifie de s’introduire
dans la maison du philosophe Hermocrate pour se faire aimer à la fois
comme homme, par Léontine, sœur du philosophe, et comme femme, par le
vieil Hermocrate lui-même, ainsi que par le jeune Agis. Ambiances…
Située dans l’Antiquité, le triomphe jamais
démenti du Triomphe de l’amour réside notamment dans la totale réussite des plans de
Léonide : Léontine et Hermocrate ont beau
résister, ils finiront par se laisser envahir par l’amour. Après rebondissements, départs, mariages conclus, aveux et finalement adieux à
jamais, reste l’ingéniosité des marivaudages,
reste l’ingéniosité des travestissements, reste
l’ingéniosité d’une intrigue qui ‘démasque’.
Ingéniosités multiples donc et ‘au carré’ voire
‘au cube’, puisque Galin Stoev a imaginé une
distribution entièrement masculine…
Rosine Schautz
Entretien avec Galin Stoev
Qu’est-ce que tomber amoureux pour
Marivaux ? Une stratégie ? Une mise à nu de
soi ? Une démonstration mathématique, philosophique ?
Il est caractéristique que Marivaux ne s’interroge
pas vraiment sur l’événement qui consiste à
« tomber amoureux ». Tomber amoureux est surtout pour lui un déclencheur de jeu. Il s’arrête
cependant bien plus longuement sur la question
du sentiment amoureux, et sur ses répercussions.
Mais c’est une question qu’il n’aborde pas essentiellement d’un point de vue existentiel, mais plutôt à partir de ses implications culturelles, sociales ou économiques. Ainsi, pour Marivaux, être
amoureux est un état exceptionnel de l’être, qu’il
choisit d’étudier dans la mesure où cela permet
de révéler d’une manière très complète la complexité et les paradoxes de l’être. Mais comment
l’étudier ? Marivaux est obsédé par la notion
d’expérience, au sens scientifique du terme, avec
le protocole précis que cela implique. Sa pièce
peut donc être comprise comme une invitation à
participer à une expérience en temps réel, qui
implique aussi bien les personnages, les comédiens que les spectateurs. D’un côté, en effet, sa
stratégie consiste à placer tous ses personnages
dans une situation inextricable pour observer
comment ils réagissent. Mais en même temps, la
e
n
t
r
stratégie appliquée par le spectateur pour suivre
les déplacements émotionnels des personnages se
met à résonner avec la stratégie des personnages
impliqués dans l’intrigue. Nous sommes donc
tous entraînés dans des calculs rationnels qui ressemblent à un jeu d’échec. Cela nous lie inévitablement à une logique politique, où chacun est
obligé de calculer au moins deux ou trois
« coups » à l’avance. L’ironie de cette situation se
trouve dans le fait que l’échiquier est placé dans
le registre de l’intimité, où règne généralement
l’émotion pure, dont la nature est irrationnelle.
C’est ce paradoxe qui provoque une explosion
chez les personnages aussi bien que chez les
spectateurs ; tout simplement parce que deux
choses de natures irréconciliables sont placées
dans un seul et même cadre : la politique et l’amour, la stratégie et la passion, le logos et le
pathos. Entre les mains de Marivaux, cela produit
des objets précieux, un peu comme des œufs de
Fabergé, mais qui peuvent exploser à tout
moment.
Quel traitement avez-vous fait subir
au corps de vos acteurs ? Comment jouentils le travestissement ? Par la voix ? Le costume ? Le geste ?
Dans le théâtre, le corps est une matière organique qui est inévitablement liée à la parole.
Mais c’est la parole qui déclenche la métamorphose. Non pas que les comédiens (hommes) se
mettent soudainement à parler comme des femmes – cela relèverait de la simple farce, sans
visiter toute la profondeur du texte de Marivaux
–, mais que leurs paroles soient celles de femmes. Par ailleurs, dans la version que je propose du Triomphe de l’amour, la princesse ne
change pas seulement ses habits, elle change littéralement son corps. Ainsi, Phocion est un vrai
garçon, à ceci près que sa conscience reste celle
de la princesse Léonide. Cela augmente la mise
et le danger pour son stratagème. De même,
plus tard dans la pièce, Phocion se réinvente
comme une certaine Aspasie, laquelle essaie à
son tour de redevenir la Princesse. Tout cela
e
t
i
e
Galin Stoev © Marie-Francoise Plissart
pose donc la question des mutations de l’identité, que ce soit par mensonge ou par passion ; et
cela questionne donc aussi la possibilité de
revenir en arrière, de récupérer notre propre
innocence, après avoir voyagé à travers tant de
ruses de ruses et jeux ? Cela étant, ce qui m’intéresse dans cette configuration, ce n’est pas
une métamorphose instantanée, mais un voyage
constant, en temps réel, entre les énergies masculines et féminines, qui peuvent cohabiter dans
un seul et même corps.
‘Triomphe de l’amour pour tous’ versus ‘mariage pour tous’ ?
Il m’est arrivé d’utiliser l’expression « Marivaux
pour tous ». Mais c’était une simple plaisanterie,
qui faisait référence au fait que ma distribution
est exclusivement masculine. Cependant, la question n’est pas tant pour moi de confronter les
relations de type homosexuel et hétérosexuel,
que d’interroger de manière plus fondamentale,
et le plus radicalement possible, la question de
l’identité, de ses métamorphoses, et du mensonge. Cela étant, il est vrai qu’après les interminables débats autour du « mariage pour tous », la
France a dû reconnaître qu’elle est l’un des pays
occidentaux les plus réactionnaires … Le goût de
cette révélation est toujours très difficile à avaler ! Pour ma part, j’ai l’impression que la prolongation de tous ces débats ne fait qu’augmenter
l’incompréhension mutuelle des deux camps.
C’est que le logos est mal utilisé, lorsqu’il permet
de contourner chaque possibilité de compréhension et de réconciliation. Or il me semble que
l’expérience émotionnelle est plus forte que
n’importe quel débat médiatique. C’est d’ailleurs
ici que je vois le rôle politique du théâtre, dans sa
capacité d’élargir l’expérience humaine en évoquant l’empathie, et en réconciliant des extrêmes
à travers une aventure humaine qui s’adresse à
nos sens, et non pas à nos peurs et à nos préjugés.
Propos recueillis par Rosine Schautz
Les 29 et 30 octobre à 20h30
Forum Meyrin (loc. 022/989.34.34)
n
67
t h é â t r e
théâtre de vidy
Derniers jours d’Hamlet
Le directeur de la Schaubühne et metteur en scène Thomas Oestermeier
réalise son magnum opus en proposant une version grunge et
expressionniste d’Hamlet.
68
Chercher dans notre monde moderne des
correspondances avec l’époque du dramaturge
anglais. Si l’ambitieux projet s’annonce passionnant, sa concrétisation emprunte beaucoup au
cinéma (Kusturica, Kaurismaki, Tarantino,
Vinterberg), chez un metteur en scène qui a souvent privilégié une approche plasticienne du plateau. L’homme de théâtre, qui a bien retenu les
préceptes de Debord, se lance dans une diatribe
contre la société de la « mafiafrique », où la Cour
danoise déploie ses gangsters tourmentés et l’envahissement des images qu’il semble comparer
moins à l’oppression féodale du système monarchique qu’à une caméra flottante, crépusculaire
solarisant l’image et portée au début par Hamlet
lui même.
Partant de là, la mise en scène est parfois
étonnamment sage, malgré le fait qu’Oestermeier cite Brecht dans le fait de ne pas céder à
« l’intimidation des classiques ». Elle place les
acteurs dans des décors sur-signifiants (métal de
banquet et tourbe de cimetière). Ainsi les visages
des convives sont-ils projetés en plans très rapprochés sur un rideau de fines gouttes métalliques qui marque une lisière sans cesse redessinée entre réel et fantasmes. Ce filmage sur le vif
a l’avantage de rappeler que la tragédie de la vengeance à l’époque élisabéthaine peut avoir son
«Hamlet» © Arno Declair
a
pendant dans le thriller à suspense, sous forme de
séries tv, avec twist et cliffhanger.
Gangstérisme hamlétien
Faire du casting shakespearien une association de malfaiteurs relève d’une intelligente lecture de l’œuvre. Le grand Will ne laisse-t-il pas
entendre que le roi assassiné était lui-même un
meurtrier hors pair ? Si Claudius (saisissant Urs
Juckert) paraît éthiquement repoussant, il progresse néanmoins comme un poisson dans l’eau
au cœur d’un biotope tramé d’une longue ligne
de vengeances et règlements de compte. Dans un
univers crépusculaire, les ancêtres exigent de
leurs descendants qu’ils accomplissent une
action vengeresse identique en parfait imitateur
de leurs propres basses œuvres, ce que suggère
l’image d’Hamlet à mi-corps dans son trou funéraire. « Il restera assis, silencieux et prostré »,
entend-on. Les acteurs s’enlisent dans la gangue
terreuse au fil d’un enterrement burlesque muet
qui tient du slow burn accompagné par un officiant douchant la scène d’une pluie de cinéma
low-fi. C’est dans ce muet de catastrophe keatonienne que la mise en scène tire son plus bel
humus. Plutôt que dans des clins d’œil appuyés à
la création en 2008 au binôme Bruni-Sarkozy
avec force lunettes de marque et chanson de l’expremière dame de
France et chanteuse à
la voix feulante passée
par la reine du
Danemark, Gertrude,
mère d’Hamlet.
« Toute la colère
de Hamlet est mal
dirigée dans la pièce,
surtout à l’égard des
femmes, Gertrude et
Ophélie.
Punir
Ophélie pour la faute
de sa mère est une
catastrophe intellectuelle et humaine. La
pièce évoque la mani-
c
t
u
a
pulation, l’instrumentalisation de cette colère »,
indique Oestermeier. Ou la colère, arme des faibles. Du coup, c’est la comédienne Lucy Wirth,
qui incarne comme deux faces d’une même pièce
de monnaie, la Souveraine enterrée ici de son vif
par Hamlet, et Ophélie. La mort volontaire de
cette dernière va de la bouteille d’eau cascadant
sur le crâne et suscitant la suffocation à la pellicule plastique l’enserrant mortellement, comme
on le ferait d’un mannequin en vitrine ou d’une
poupée Barbie en boîte. Ou comment réunir dans
sa fin sa parfaite image d’un être angélique qui
ne peut endurer nulle flétrissure dans une incarnation empoisonnée scénarisée en devenir.
« Mourir… dormir, dormir ! Peut-être
rêver! Oui, là est l’embarras », lâche Hamlet.
Souffrant de narcolepsie qui le voit s’écrouler à
intervalles réguliers dans le sol tourbe de tombe
dont il s’emplit les orifices, Hamlet, sous les
traits de l’impressionnant Lars Eidinger, fait un
corps à la fois massif et débile. Entre la suspension, le surplace végétal de la dépression, la vie à
l’arrêt, et la continuité du temps, la marche du
monde vers l’abîme se déploie au fil d’une mise
en scène plus élégiaque qu’un regard distrait
pourrait le laisser croire. Et cette manière d’accumuler divisions et nuances, différences et raccords, pauses et bifurcations immobiles sur une
route à l’horizon connu d’avance.
Rarement aura été ainsi donné à voir que le
héros shakespearien est au monde sans parvenir à
s’y adapter avec ses mots, par instants éteints, qui
semblent s’écouler de sa bouche comme d’une
source noire primitive et d’outre-terre. Ou comment se mettre en marche vers le vrai dans un
monde essentiellement mensonger où la figure
du double est habilement filée par la mise en jeu.
Ainsi ce ventre postiche qu’il enfile comme un
masque théâtral au-dessus des générations mortes qui se joue de la farce grotesque pour plonger
dans l’inspiration des nouvelles de Thomas
Brasch, Les Fils meurent avant les pères. Ce,
pour dire « la désillusion des pères résignés,
détruisant en Ophélie la foi illusoire en la vie et
l’amour », selon Oestermeier. Qui ajoute : « La
frustration des parents détruit la vie des enfants
dans la pièce ». Et le non agir est bien ici le support même de la folie paranoïaque chez Hamlet.
Bertrand Tappolet
Du 8 au 10 octobre : Hamlet de Shakespeare, m.e.s.
Thomas Ostermeier. Vidy-Lausanne, salle Charles
Apothéloz, mar-jeu-sam à 19h, ven à 20h30, dim à 17h30
(rés. 021/619.45.45 - www.billetterie-vidy.ch)
l
i
t
é
s
a
i
s
o
théâtre du grütli : saison 2013-2014
Un projet-monde
Pour sa deuxième saison, Frédéric Polier s’est donné mission de mettre en
valeur la vie théâtrale régionale et déclare préférer le chant artistique plus
que la ligne. Il envisage le théâtre comme un projet-monde, avec des
frictions esthétiques et des formes contrastées.
Sang, amour et rhétorique sont, aux dires du
comédien, metteur en scène et directeur de théâtre, inséparables et la transcendance ne peut se
trouver qu’au cœur du jeu de l’acteur.
Coup d’œil sur une saison présentée par le
maître des lieux dans une chronologie « défiée »
visant à mettre en lumière les échos entre les projets, le spectateur se profilant en Ulysse qui erre
de mer calme en tempête.
Matteo Zimmermann, passionné de poésie
et d’écriture, proposera avec le collectif
Collaborations artistiques une lecture-performance-musicale, Malade d’avoir laissé passer
l’amour « Berlin Alexanderplatz… » d’Alfred
Döblin, auteur allemand à cheval sur deux siècles. Œuvre visionnaire sur l’Allemagne déchirée
par le chômage dont se sert le metteur en scène
pour revenir à la nécessité première qui meut
l’acteur, celle d’interroger le public. 13-29 juin
Crime et châtiment de Fedor Dostoïevski
sera adapté et mis en scène par Benjamin Knobil.
Violence, sauvagerie, folie irriguent ce texte que
le metteur en scène aborde de façon ludique pour
souligner la confrontation entre le burlesque et la
tragédie. Avec notammant Yvette Théraulaz. 5-24
novembre
La compagnie Les Célébrant de Cédric
Dorier dénouera l’énigme théâtrale imaginée par
l’Ivoirien Koffi Kwahulé. Misterioso 119, inspiré du morceau de jazz de Thelonius Monk, présente seize tableaux dont les répliques ne sont pas
distribuées. Le metteur en scène entouré d’intervenants artistiques a imaginé douze voix de femmes pour raconter l’histoire dans le huis clos
d’une prison, entre douceur et sauvagerie, pudeur
et impudeur. 3-16 avril
Les aventures de Nathalie Nicole Nicole et
Les Trublions de la Française Marion Aubert
seront joués par deux compagnies – la Cie dans
l’Escalier et La Distillerie Cie - qui se partageront la soirée et le décor. Deux meneuses de jeu
a
c
t
u
Frédéric Polier © Ariane Testori
– Camille Giacobino et Emilie Blaser – pour
raconter dans la première pièce des histoires
d’enfants fous où règnent la cruauté, les trahisons, les meurtres, et dans la seconde une farce
où une reine qui s’ennuie exerce arbitrairement
son pouvoir. 8-27 octobre
n
s
Terquedad / L’Entêtement qui illustre la colère.
C’est une farce noire située à la fin de la guerre
d’Espagne qui parle d’amnésie, de liberté, de la
fin des utopies du XXe siècle. Après La
Estupidez / La Stupidité du même auteur monté
naguère à L’Orangerie, le metteur en scène
Frédéric Polier continue à explorer le théâtre latino-américain qu’il affectionne. 14 janv– 2 fév
De la guerre d’Espagne on passe à la guerre
de Troie, une guerre de Troie qui aurait lieu en
Orient au XXIe siècle. Adaptation très libre de
Racine par le metteur en scène Kristian Frédric,
Andromaque 10-43 met l’accent sur les enjeux
géo-stratégiques, le profit, la dépendance aux
matières premières. Avec la compagnie Lézards
qui Bougent et le grand comédien Denis Lavant
en Pyrrhus. 28 février – 15 mars
Le metteur en scène germaniste et germanophile Eric Devanthéry s’attaque pour la première
fois à Friedrich von Schiller. Les Brigands, écrit
en 1782 à dix-huit ans, dans une nouvelle traduction de Sylvain Fort, est le combat à mort entre
deux frères et mêle tous les genres. Le metteur en
scène se dit fasciné par les lieux en déshérence
qui meurent et a aimé la démesure et la modernité de cette pièce vue à Hambourg. 2-28 mai
Les choses ne se font pas toutes seules.
L’amour occupe tout l’espace mais comment le
nommer ? Voici les leitmotivs parmi d’autres thèmes chers à l’auteur et metteur en scène Attilio
Sandro Palese, qui accompagneront la descente
aux enfers des deux personnages de Nobody Dies
In Dreamland. 13 mai – 1er juin
Un Avenir Heureux, en cours d’écriture, est
une commande faite à la Suissesse Manon Pulver
par la comédienne Nathalie Cuenet qui en signera la mise en scène. Des personnages dans le
mitan de la vie sont confrontés à la question du
choix. Vers où aller ? Quelle place occuper dans
la cité ? Les hypothèses de vie sont affaire individuelle… L’auteure entend parler de choses graves avec légèreté et délicatesse à travers la comédie et pratiquer l’art démodé du langage. 28 janvier – 16 février
Formée au langage Buto du XVe siècle, la
chorégraphe Myriam Zoulias (Groupe du Vent) a
conçu A Naniwa, qu’importe d’après la pièce du
Nô de Kanze Juro Motomasa. Travail exigeant
sur la lenteur et le silence dans un contexte d’errance et d’abandon. 10-15 juin
Après le thème du choix, le rapport au
temps, ou comment on rate sa vie. Bientôt viendra le temps de la Danoise Line Knutzon dans
une mise en scène de Sophie Kandaouroff est
également une farce burlesque, absurde et tragique mais aussi une comédie qui se joue des
règles de la temporalité, sans artifice ni exercice
de style. Jeu : la compagnie de Martine
Paschoud. 18 mars – 6 avril
Rappelons enfin que la saison a débuté par
un désormais classique du théâtre contemporain,
La nuit juste avant les forêts de Bernard-Marie
Koltès. Soixante pages, une seule phrase, pas de
ponctuation, un personnage sans travail, sans lieu
où dormir, sans argent et qui parle sans cesse
pour dire le manque. Eric Salama met en scène
Frédéric Polier dans ce soliloque sur la solitude.
Jusqu’au 6 octobre
Laurence Tièche Chavier
L’Argentin Rafael Spregelburd complète son
exploration des sept péchés capitaux avec La
a
l
i
t
Plus d’informations sur : http://www.grutli.ch/2012/
é
69
s a i s o n s
être la banlieue de Genève. Il faut qu'on se dise
qu'il y a des choses à Thonon et Evian. Comme
Boileau, je remets mon métier sur l’ouvrage et
je fais en sorte que les projets soient devant
nous.
saison 2013/2014 de la maison des arts thonon-évian
Mate, Thonon
Depuis son arrivée à la direction de la Maison des Arts Thonon-Evian
(Mate) en 2011, Thierry Macia affirme sa volonté de miser sur les jeunes
et les familles tout en faisant de cette institution un foyer de propositions
culturelles variées et multiples, destinées à des publics de tout âge. Il
revendique la dimension pluridisciplinaire de la MATE. Rencontre.
Quand on feuillette le programme de
cette saison, on constate une abondance,
voire une profusion d’événements ?
70
Je ne parlerai de profusion mais, en arrivant à la
direction de la MATE, je me suis engagé à développer les offres culturelles dans la région. Je
cherche donc à tenir mes engagements en permettant à chacun de pouvoir trouver quelque
chose dans la programmation qui corresponde à
ses attentes. Je veux développer les échanges
culturels dans ce territoire à travers quatre axes :
tout d’abord, faire de la Maison des Arts de
Thonon une scène pluridisciplinaire de référence avec la salle Novarina à Thonon et la salle du
Casino à Evian. Ensuite, les Chemins de
Traverse sont organisés par la Maison des Arts
Thonon-Evian avec le soutien financier de la
Région Rhône-Alpes, via le CDDRA, du
Conseil Général de Haute-Savoie, des
Communautés de Communes du Bas-Chablais,
des Collines du Léman et de la Vallée d’Aulps,
des Syndicats Intercommunaux du Haut-
Chablais et de la Vallée d’Abondance et des
communes de Morzine et Maxilly. Puis, cette
année a vécu le succès de la première édition de
Musique à la Grange au Lac. L’Orchestre des
Pays de Savoie poursuivra sa résidence dans
cette salle exceptionnelle qu’est la Grange au
Lac. Nous entamons un partenariat avec la Cité
de l’Eau, sur la commune de Publier.
Vous souhaitiez faire de la MATE
« un phare sur le Léman » ; en deux ans, ce
phare rayonne sur toute la région ?
Il y avait déjà un passé riche d'histoire et de
résultats. Je souhaitais me situer dans cette
continuité et essayer d’initier une nouvelle
dynamique.
La région connaît une augmentation phénoménale de la population. Je crois que la culture est
une des meilleures façons pour relier les gens ;
je crois en cela, en lien avec le monde de l'éducation.
Tout autour du lac Léman, il y a environ un
million de personnes, mais nous ne devons pas
Parlez-nous de ces projets que vous
nourrissez pour la MATE …
Améliorer l’accès pour les personnes handicapées, améliorer l’accueil en général en proposant une petite restauration, faciliter les voies
d’accès à la salle. La salle Novarina fera l’objet
de travaux afin de pouvoir accueillir le public
dans des lieux flambant neufs. Nous voulons
favoriser la création, soutenir des projets régionaux mais aussi nationaux et suisses. Nous
consolidons nos échanges avec des théâtres
suisses comme le Théâtre Spirale, le Petit
Théâtre de Lausanne.
Vous misez sur le jeune public et sur
les familles ?
Oui, nous continuons à améliorer le service aux
familles. Nous proposerons un accueil (babysitting) pour permettre aux parents d'aller aux
spectacles. Je veux aussi m'adresser aux nouveaux arrivants.
« Je veux que chacun se sente légitime à rentrer
ici ; cela vaut également pour les jeunes. Un certain nombre de choses se font déjà en lien avec
les établissements scolaires : 8’000 jeunes viennent à la Maison des Arts chaque année. Cette
nouvelle saison est l’occasion d’affirmer, avec
Musique à la Grange, une programmation de
musique classique ambitieuse en Chablais, sur
la rive française du lac Léman, qui plus est, dans
un véritable écrin conçu et dédié à la musique
classique. Nous souhaitons que cette nouvelle
saison permette à tous, curieux ou passionnés,
de profiter pleinement d’une soirée musicale de
qualité. Dans le souci constant de permettre
l’accès de tous à la musique classique, des
actions de sensibilisation à destination des jeunes, des élèves des écoles de musique du
Chablais et des publics éloignés de la musique
classique seront également au rendez-vous. Je
souhaite faire de cette maison un lieu de référence culturelle sur le Bassin lémanique en nous
diversifiant sur le terrain, en développant les
partenariats sur lesquels nous pouvons compter
et faire en sorte que cette maison assoit sa
renommée et ses offres culturelles dans le territoire du Chablais comme au-delà de la région.
Propos recueillis par
Firouz-Elisabeth Pillet
http://www.mal-thonon.org
La Grange au Lac, Evian
e
n
t
r
e
t
i
e
n
s a i s o n s
saison 2013/2014
Bonlieu, Annecy
C’est encore une saison hors-les-murs pour la Scène
nationale d’Annecy qui offre aux amateurs d’arts
scéniques une programmation plus malicieuse et
vivante que jamais. D’autant que l’espace du Théâtre
des Haras a su conquérir petits et grands, comme un
îlot naturel et séduisant au cœur de la ville. Coup d’œil.
Tout a déjà commencé le week-end du 10 au 15 septembre dernier avec
la manifestation organisée par Salvador Garcia, le maître des lieux, et qui a
permis à de multiples courants artistiques de se rencontrer lors de deux soirées de performances et d’un safari musical dans les jardins des haras, avec
comme spectacle emblématique Daisy, la dernière création de l’intenable
Rodrigo Garcia programmé dans le cadre du Festival de la Bâtie. Autour de
lui ont joué et chanté les Acrobattants et voltigistes, les Indomptables ou
Zoophonies, ainsi que le génial Johann Le Guillerm, toujours aux prises
avec la démesurée Attraction et ses Architextures.
Bientôt, entre le 8 et le 20 octobre, c’est le fidèle Bartabas qui viendra
investir et faire revivre les haras avec sa dernière création équestre, Golgota,
aux côtés du danseur de flamenco Andres Marin. Une danse des ténèbres
pour deux hommes épris de gestes essentiels et constitutifs de leurs arts
respectifs. Incontournable donc.
Dans l’intervalle, Maxime Le Forestier interprètera son dernier album
le 15 octobre, et le même soir, sous la baguette de Nicolas Chalvin se produira l’OPS dans un programme intitulé Inventions. Toujours en musique,
du 29 au 31 octobre, le retour de l’épopée musicale d’Etienne Perruchon,
avec Dogarians qui retrace en neuf tableaux la vie légendaire du peuple
nomade créé par le compositeur. On en ressort enthousiaste et serein.
Ensuite, le Frankenstein de Melquiot, mis en scène par Paul Desveaux,
du 4 au 6 novembre et Le Cirque Précaire de et avec Julie Candy, deux spectacles qui s’adressent au jeune public et devraient également séduire les plus
grands.
Comme un voyage au centre de son corps et de sa mémoire, le chorégraphe Kader Attou revient au hiphop des origines avec The Roots, véritable hymne au mouvement servi par des danseurs de haut vol. Les 13 et 14
novembre.
L’auteur et metteur en scène Dominique Ziegler continue de tourner
avec Le Trip Rousseau, pour offrir une biographie ludique et incisive de
Jean-Jacques, et avec l’étonnant comédien Emmanuel Dabbous dans le rôletitre. Les 14 et 15 novembre. Retour très attendu aussi avec le metteur en
scène Omar Porras qui adapte à sa façon le Roméo et Juliette de
Shakespeare, du 20 au 22 novembre. Distribution franco-japonaise et choc
des cultures, en miroir de l’affrontement dramatique voulu par le grand Will.
Après l’essentiel Requiem de Fauré donné en l’église Saint-Laurent par
le jeune ensemble vocal Noéma et le Chœur universitaire de Genève, le
dimanche 24 novembre, c’est le spectacle déroutant et hypnotique The Pyre
conçu par Gisèle Vienne avec la performance majeure de la danseuse Anja
Röttgerkamp, seule puis face à un enfant intriguant au cœur d’un tunnel
sculpté par la lumière, afin de nous inviter à rééxaminer notre rapport à la
mort. Date unique le 26 novembre.
Du 28 au 30 novembre, La Fin du monde est pour dimanche, le dernier spectacle de François Morel qui se livre à un exercice de style très
convaincant, sur le mode d’une série de portraits. Humour et tendresse.
Quel avenir pour le capitalisme ? questionnent Lise Ardaillon et
Sylvain Milliot qui poursuivent un état des lieux, entre Davos et La
Montagne magique, comme une rêverie vertigineuse. Du 28 au 30 novembre. Chorégraphe israélien désormais confirmé, Emanuel Gat montre toute
l’étendue de son talent dans The Goldlandberg, création inspirée, fragile et
sensorielle sur des compositions de Glenn Gould qui joue Bach et s’évertue
à atteindre la réalité pour la mieux comprendre. Les 3 et 4 décembre.
D’après les chroniques de Dominique Simonnot, Michel Didym met en
«La fin du monde est pour dimanche» © Manuelle Toussaint
scène avec jubilation le tribunal si proche de la scène, mais aujourd’hui trop
souvent débordée, comme dans ce saisissant Comparution immédiate. Les
5 et 6 décembre. A l’occasion des 20 ans du Jazz Club d’Annecy, ambiance
garantie avec Roberto Fonseca, pianiste cubain très demandé, le 6 décembre et aussi le 7, Jean-Luc Ponty et Clara Ponty, pour un hommage au parrain historique du Jazz à Annecy, violoniste légendaire.
Après le dernier opus de Dorian Rossel intitulé Staying Alive, sous
forme d’enquête sur le couple (nous en reparlerons dans un prochain numéro), les 10 et 11 décembre, place à la suite de la programmation danse avec
un Swan Lake revisité par douze danseurs de racines africaines.
Immanquable. Dates : 17 et 18 décembre. Enfin, visite de La bibliothèque
d‘André, avec le comédien André Dussollier qui excelle dans l’art de nous
faire partager ses petits bonheurs littéraires. Les 20 et 21 décembre.
La suite en 2014.
Jérôme Zanetta
«Roméo et Juliette». Crédit photo © K.Miura
Plus d’infos sur : http://www.bonlieu-annecy.com/
a
c
t
u
a
l
i
t
é
71
s a i s o n s
saison 2013/2014
Montons à bord
du Galpon
La maison pour le travail des arts du Galpon, sise sur
les bords de l’Arve, propose une saison 2013-2014 très
riche et variée. Au programme, 20 spectacles liés au
théâtre, à la danse, à la musique, à la littérature, et/ou
aux technologies numériques, que viendront compléter
plusieurs autres projets et activités.
72
Après un début de saison placé sous le signe relativement classique de
Brecht (L’opéra de Quat’sous joué en septembre et produit par la Haute
Ecole de Musique de Genève), la suite de la saison sera très éclectique, entre
utopie italienne de gauche des années 70 (L’Embrasement de Loredana
Bianconi mis en scène par Anne Bisang), spectacle queerlesque (A poil),
création dada (l’opéra Coucou, nous sommes tous des petits suisses dadaïstes proposé par Gabriel Alvarez), combinatoire de lectures et de scénographie autour de la notion de migration (Des Murs et des fenêtres), collaboration entre danse et musique (l’artiste belge Jens van Dale et l’ensemble
suisse Batida), humour absurde britannique (Trois hommes dans un bateau
sans oublier le chien de Jérôme K. Jérôme mis en scène par Nathalie
Sandoz), ou réécriture pluridisciplinaire d’Hamlet (à la fois la version de
Shakespeare et celle d’Heiner Müller) par Dmytro Kostiumynskyi.
Le printemps 2014 possèdera quant à lui une connotation italienne, via
les Carrefours transalpins élaborés par le Galpon avec deux institutions
artistiques turinoises, le Teatro Stabile et la compagnie Dionisio, et qui
déboucheront en mars sur un Quartet d’Heiner Müller joué en italien, et en
avril sur Venere et Adonis de Shakespeare, joué en italien et en français.
Pour mieux cerner les contours de cette
saison, ainsi que le statut et le fonctionnement du Galpon, rencontre avec Nathalie
Tacchella et Gabriel Alvarez, les deux directeurs artistiques du théâtre.
La saison
Nathale Tacchella : La saison s’intitule
Hors-bord, et nous souhaitions jouer sur le
double sens de l’expression, l’objet (vu
notre situation au bord de l’Arve) et l’idée
de ne pas figer les choses, de ne pas les limiter. Avant tout, ce qui nous tient à cœur est
d’avoir un panorama vraiment très éclectique. De plus, si les projets se répondent
déjà parfois a priori, nous avons surtout
envie que les spectacles se fassent écho,
s’entremêlent sans que nous intervenions,
que nous laissions les réponses et les dialogues s’élaborer. La saison n’est pas entièrement fixée, nous laissons une grande liberté
a
aux pièces de s’articuler entre elles. Nous souhaitons également envisager
de façon large les arts de la scène, en proposant aux spectateurs de la
danse, du théâtre, des projets pluridisciplinaires, etc.
Les temps forts
Nathale Tacchella : La saison dernière nous avons organisé deux
temps forts, les Carrefours et les Migrations, et cette année nous avons développé l’idée d’un Carrefour transalpin avec comme projet de rencontrer
des compagnies qui ne passent pas forcément à Genève, et aussi de créer des
liens entre des artistes locaux et ces compagnies. Le second temps fort de la
saison, comme l’an dernier, sera placé autour des Migrations. Les Murs et
les fenêtres sera bien sûr un spectacle lié à cette problématique, mais d’autres projets, encore en cours, y feront également écho.
Gabriel Alvarez : Dans la programmation, il y a une partie très construite, mais nous gardons toujours la possibilités d’intégrer des propositions
faites en cours de saison. Ainsi, plusieurs projets liés aux migrations (exposition de photos, performances, débats) viendront compléter le programme.
On peut également ajouter que l’éclectisme de notre programmation est
esthétique, formel (des formes et des langages différents sont convoqués
selon les spectacles), mais qu’il intervient également autour d’un projet ou
d’un artiste. Ainsi une compagnie peut venir pour un spectacle, mais aussi
organiser des masterclass, des ateliers, etc. En outre, une des spécificités du
Galpon est que Nathalie et moi sommes avant tout des artistes, plus que des
producteurs ou des programmateurs. Nous intervenons donc très peu sur les
créations qui se font au théâtre. Je me retrouve souvent à découvrir les œuvres plus ou moins en même temps que le public.
L’ouverture du Galpon sur la cité
Nathale Tacchella : Parmi les axes du projet artistique du Galpon, il y
a ce que nous appelons la «culture active» et «l’art du spectateur», qui
répondent à notre désir, certes parfois proche de l’utopie, de voir comment
la population peut s’approprier un théâtre. Sans être une maison de quartier,
nous souhaitons parvenir à nouer des liens avec des habitants, avec des associations artistiques ou culturelles, avec des écoles, et trouver ainsi «une
place» dans la vie civile, une place qui ne soit pas en conflit avec la programmation mais qui puisse rentrer en résonnance avec des spectacles.
Gabriel Alvarez : Parler de «culture
active», cela signifie aussi considérer que le
public peut participer à la création, que ce
soit dans la danse ou le théâtre. Cette année
nous avons proposé un cours de théâtre amateur, qui a rencontré beaucoup de succès en
termes d’inscription, et nous avons également
prévu différents ateliers pédagogiques avec
les écoles, les collèges.
Laurent Darbellay
Le Galpon, maison pour le travail des arts de la
scène, est situé au pied du Bois de la Bâtie, au bord
de l’Arve, route des Péniches.
Tél : +41 22 321 21 76. E-mail : [email protected].
Pour tous renseignements : http://www.galpon.ch/
«L’Opéra de Quat’sous» donné en septembre
c
t
u
a
l
i
t
é
s a i s o n s
saison 2013/2014
Le « Grand-8 »
Fin août, les directions du CPO, du théâtre 2.21, de
L’Arsenic et de la Grange de Dorigny nous ont donné
rendez-vous au café-restaurant de Bellerive-Plage à
Lausanne pour une rencontre dévoilant les différentes
saisons 2013-14 mais surtout le partenariat qui lie
désormais les quatre entités.
Sauser responsable programmation, c’est Louis-Ferdinand Céline qui revivra du 24 septembre au 6 octobre sous l’égide de l’association «Les
Sélénites» qui présenteront leur version du Voyage au bout de la nuit dans
une version sensitive du fameux roman. Une invitation à redécouvrir l’auteur controversé qui a marqué le XXeme siècle de sa plume sans concession. Historique, avec The Island en février, contant l’histoire de deux
résistants fait prisonniers par le régime sud-africain de 1948-91, mais
aussi une pièce faisant l’écho de Paradise Now, Haute-Autriche de FranzXavier Kroetz, qui met en scène les doutes sociétaires engendrés par la
grossesse d’une jeune femme des années 70, qui se jouera de janvier à
février, au 2.21. Plus d’infos sur : http://www.theatre221.ch/
La Grange de Dorigy, quant à elle, propose bien entendu son lot de
conférences, de rencontres avec les
artistes présentant leurs pièces et de
représentations amateur, mais aussi
plus de 10 spectacles professionnels.
Le programme se veut classique,
local et incorporant la vie scénique
estudiantine, à l’image du mini-festival Point.Virgule qui aura lieu du 15
au 17 octobre 2013 et présentera les
projets artistiques universitaires de
ces dernières années. La Ronde disséquera les rapports amoureux et
passionnels des hommes dans la
pièce de l’Helvetic Shakespeare
Company dès le 25 octobre avant de
laisser place au jeune public ingénu
dans Le 6eme jour qui se verra
expliquer la genèse de l’homme par
le clown Arletti.
Le « Grand-8 «»
Ce partenariat n’est pas nouveau, le 2.2,
l’Arsenic et la Grange ont déjà collaboré
durant deux saisons pour une organisation
extra-muros qui s’était gratifié d’un succès.
Cette année c’est au tour du CPO de rejoindre l’organisme et, à eux quatre, le « Grand 8
» est né.
L’offre propose aux abonnés d’un des 4
lieux de bénéficier d’un tarif de 8.- pour
n’importe quelle représentation des théâtres
participant, ce qui permet de favoriser la circulation du public entre ces quatre différentes
institutions et de promouvoir les créations
lausannoise et romandes. Car avec plus de
350 dates et 40 créations, la saison 2013-14
se veut dense, ouverte et économique.
Plus
d’infos
sur
:
L’occasion aussi de découvrir ou redécouvrir
www3.unil.ch/wpmu/grangededorigny/
ces espaces culturels lausannois, à l’image de
L’Arsenic qui, en cette ouverture de saison,
Une renaissance, en cette saiquittera finalement ses couvertures de chan«Tarab» © Regis Golay © Federal Studio
son
13-14,
pour l’Arsenic qui prétier pour nous dévoiler son nouvel espace.
Le « Grand 8 » , plus qu’une simple
sentera le théâtre fraîchement sorti
intention marketing, se veut unificateur des salles lausannoises autour de de rénovation avec son week-end portes ouvertes de septembre. Au proprojets communs. Ainsi Paradise Now, une création de la compagnie gramme de sa saison, il y aura en octobre Giacomo, un spectacle conçu
«Voix Publique» sur le thème du bonheur institutionnalisé en consomma- par Massimo Furlan et Claire de Ribaupierre - présenté à La Bâtie début
tion par les agences publicitaires et les modèles de sociétés post-deuxième septembre -; puis en novembre Schreib Mir Das Lied von Tod un spectaguerre mondiale, se déroulera en 3 étapes distinctes. La première est une cle conçu par Maya Bösch - également présenté à La Bâtie. En décembre,
conférence, un développement du thème et de la dramaturgie de la créa- Oksar Gomez Mata présentera sa Maison d’antan. Le programme est
tion qui aura lieu à la Grange de Dorigny, théâtre universitaire et véritable conséquent et tout ne peut être cité. Signalons juste encore la nouvelle
lieu de prédilection pour une telle soirée. Les répétitions prendront lieu au création de Laurence Yadi et Cinolas Cantillon, Tarab, qui fera escale à
2.21 et s'achèveront par une première crash-test avant que les représenta- l’Arsenic en mars. Plus d’infos sur : http://www.arsenic.ch/
tions finales n’aient lieu au CPO à partir du 29 mai 2014.
Le CPO, éclectique, jouera sur tout les tableaux avec notamment Le
Une offre promotionnelle donc, permettant de découvrir et s’engager
Nez
de
N.V Gogol en novembre et une œuvre comme Pierre à Pierre, pripour les créations romandes mais aussi une collaboration parfois poussée
mée
9
fois,
et montée par une troupe espagnole (El Theatre de l’Home
entre les quatre théâtres lausannois.
Dibuixat ) le 15 février. Destinée à un jeune public, la pièce de manquera
pas de ravir par son ambiance légère et poétique.
Programmes de la saison
Côté programme, les saisons nous furent brièvement présentées, théâPlus d’infos sur : http://www.cpo-ouchy.ch/
Romeo Cini
tres par théâtres, sous la forme de coup de cœur ou d’immanquable.
Du côté de 2.21, théâtre des premiers pas engagés selon Michel
a
c
t
u
a
l
i
t
é
73
s a i s o n s
saison 2013/2014 du théâtre de carouge
Jean Liermier
Casquette vissée sur la tête, visière en arrière, Jean
Liermier affiche la dégaine d’un éternel adolescent qui
se mue aussitôt en démiurge quand il reçoit dans son
antre de créateur : son bureau de directeur, niché sous
les combles d’une maison ancienne carougeoise.
Dans cet espace de réflexion, il insiste sur la dimension « atelier » de
ce théâtre qui doit inviter le public, tous âges confondus, à découvrir ou
redécouvrir les textes, en particulier les textes classiques. Car le directeur
concède ses préférences : quand il choisit de mettre en scène, il s’agit souvent d’auteurs classiques - Marivaux, Molière, Musset, Kleist… « Des
fondamentaux du Théâtre, mais aussi des langues à faire revivre. » Son
leitmotiv : « Faire sonner les auteurs d’hier comme s’ils écrivaient aujourd’hui. » Rencontre.
74
Pour la saison 2013-2014, vous accueillez à nouveau les
Fomenki. D’où vous vient cet intérêt pour le théâtre russe ?
Je suis allé au collège et au lycée à Annemasse ; durant ces années d’études, j’ai choisi le russe par amour pour la sonorité et la charge émotionnelle de cette langue. Je suis heureux de pouvoir les accueillir à nouveau
grâce au soutien de la Fondation Neva qui nous avait soutenus pour leurs
deux spectacles en 2011-2012. Ils sont heureux de revenir à Carouge car
ils sont habitués à tourner dans de grandes salles et ils apprécient l’intimité qui s’instaure entre les spectateurs et la troupe à Carouge. Maître
incontesté du théâtre russe, disparu en 2012, Piotr Fomenko réussit le pari
de porter à la scène l’ouverture du chef-d’œuvre de Tolstoï, Guerre et
Paix ; voir ce spectacle est lui rendre hommage. C’est un chef-d’œuvre des
arts vivants, un spectacle d’une grande simplicité, servi par des comédiens
exceptionnels acclamés dans le monde entier. Figure majeure du théâtre
russe, Piotr Fomenko, censuré pendant la période soviétique, a connu un
parcours difficile. Il lui aura fallu six ans – avec ses comédiens, les
Fomenki – pour mettre en scène Guerre et Paix. Ces comédiens répètent
pendant des années ; à Moscou, on pratique les arts vivants.
Que l’on connaisse ou non le roman-somme de Léon Tolstoï, le spectacle
de Piotr Fomenko s’en souvient pour nous. Dans un désordre d’amoureux,
il suit le fil de quelques motifs et les tresse. Traversés par la guerre (celle
des armes, mais aussi celle des larmes), toujours en quête de paix, les personnages oscillent, chaloupent, les acteurs tanguent, le roman s’écrit à vue
sur scène. Les représentations seront surtitrées, ce qui permet de saisir le
sens sans perdre la qualité du jeu. Il est important de se laisser porter par
la magie de la langue originale, par la verve. Je ne veux pas que l’émotion
de la langue originale soit atrophiée par des écouteurs comme cela se fait
habituellement en Russie. A l’occasion de leur venue, il y aura un stage
destiné aux professionnels. Je suis heureux de les accueillir à nouveau car
leur méthode de travail est radicalement différente de la nôtre.
Quelle est la spécificité de leur travail ?
En Russie il existe un réel amour du théâtre car c’était une nécessité pendant la période soviétique ; le théâtre représentait une échappatoire qui
e
n
t
Jean Liermier © Marc Vanappelghem
permettait de critiquer le système entre les lignes. Les Russes adorent
leurs acteurs et manifestent une réelle ferveur à leur égard. Les comédiens
demeurent quasiment à vie avec leur théâtre. Quant à la troupe Fomenko,
les comédiens répètent Guerre et Paix depuis treize ans. Ils font des exercices pour entretenir les émotions, les facultés vocales et physiques et travaillent une même pièce pendant dix, quinze, vingt ans, une approche que
les comédiens de l’Europe de l’Ouest ne connaissent pas.
Les choix de cette saison reflètent votre amour des auteurs
classiques …
En arrivant, en 2008, à Carouge, j’ai choisi de me positionner quant au
théâtre classique. François Simon et Philippe Mentha se sont ancrés dans
les textes et des auteurs classiques pour mettre en valeur des textes et des
auteurs contemporains. Il m’apparaît important de rendre ses lettres de
noblesse au théâtre classique et de proposer des pièces de Sophocle,
Molière, Marivaux, qui peuvent nous apporter beaucoup aujourd’hui. Je
souhaite essayer, grâce à la lecture d’une œuvre et sa mise en scène, de
faire que l’encre de ces auteurs ne sèche pas. J’ai une prédilection certaine pour les auteurs classiques français – car je viens de cette culture – mais
j’affectionne aussi Tchekhov ou Shakespeare mais les lire dans la traduction est déjà une interprétation. Je préfère avoir un rapport avec la langue
de l’auteur. Cette saison, les textes classiques seront bien représentés par
La double Inconstance, de Marivaux, dans une mise en scène de Philippe
Mentha, le fondateur du Théâtre Kléber-Méleau, en co-production. C’est
la seule pièce de Marivaux qui trouve grâce à ses yeux. Il est question des
amours de Silvia et Arlequin mais il y a une dimension plus large et plus
universelle dans la pièce. Cette co-production se crée au Théâtre KléberMéleau et, dans la foulée, vient à Carouge.
L’autre pièce classique est Le Malade imaginaire, de Molière, sa dernière
r
e
t
i
e
n
s a i s o n s
pièce ; Molière était malade quand il la jouait et savait les résonances de
la pièce avec son état. Alors que Molière se meurt, il joue l’hypocondriaque mais cela n’enlève rien à la dimension comique de sa pièce et cela
modifie le regard que l’on porte sur la maladie, l’angoisse, la mort.
Songeons à Argan qui s’exclame : « Ah ! Ne me parlez pas de ce Molière !
Qu’il crève ! Qu’il crève ! » Les classiques nous font réfléchir sur la place
du théâtre dans la vie, en quoi le théâtre peut faire sens et peut nous aider
à franchir des obstacles dans la vie. Pour ce projet, je retrouve Gilles Privat
qui était un Arnolphe grandiose dans L’Ecole des Femmes.
Vous retrouvez Omar Porras qui a déjà œuvré à Carouge ?
Omar Porras et le Teatro Malandro viendront présenter La Dame de la
Mer, d’après Henrik Ibsen, spectacle surtitré en anglais et en allemand, en
collaboration avec le Festival Wagner et Jean-Marie Blanchard. Der fliegende Holländer (Le Vaisseau fantôme) sera proposé en même temps à
Genève au Bâtiment des Forces Motrices (BFM). Ibsen a été influencé par
Wagner. Le choix d’Omar Porras s’imposait car il y a quelque chose de
jubilatoire chez Ibsen. Omar Porras va sortir des carcans du naturalisme.
On révèle une partie enfouie, mythologique de l’écriture d’Ibsen. En assistant à une répétition avec ses acteurs, j’ai compris beaucoup de choses sur
le travail d’Omar, sur sa recherche. Ses comédiens sont de véritables athlètes et virtuoses.
D’autres propositions ?
Oui, Et il n’en resta plus aucun, d’après Les dix petits Nègres, d’Agatha
Christie, dans une mise en scène de Robert Sandoz, un spectacle surtitré
en anglais. Ce spectacle me permet de poursuivre le compagnonnage avec
Robert Sandoz qui allie rigueur et fantaisie et sait s’entourer d’une solide
Théâtre de Carouge
équipe. Son petit plus : savoir fédérer, avec charme ; c’est le sel du metteur en scène. L’œuvre d’Agatha Christie est redoutable ; le choix de
Robert me paraît judicieux mais l’adaptation au théâtre est toujours un
défi.
Qu’en est-il des accueils ?
Tout d’abord, Au bord de l’eau, un texte et une mise en scène d’Eve
Bonfanti et Yves Hunstad que j’ai découverts il y a vingt ans, au Théâtre
Saint-Gervais dans La Tragédie comique, leur spectacle m’a ému. Pour Au
bord de l’eau, il y a une table, deux chaises, deux micros, quelques feuilles
de papier et deux acteurs qui viennent lire leur pièce n’est pas tout à fait
finie. Pour débuter la saison, on est au cœur de l’art du théâtre dans une
forme minimaliste. Ensuite, nous accueillerons André Engel qui met en
scène La double Mort de l’Horloger, d’après Ödön von Horváth. Il y aura
beaucoup de décors, de diversité dans les formes ; l’éclectisme des espaces est important pour illustrer l’image énigmatique d’un monde au bord
du gouffre.
Le mot de la fin ?
Etre sur tous les fronts : des stages à la Manufacture à l’attention des professionnels de suisse romande, s’occuper des jeunes générations, faire du
Théâtre de Carouge un épicentre culturel pour les Carougeois, trouver les
supports et les moyens revenir sur notre histoire, savoir d’où l’on vient
pour savoir où aller.
Propos recueillis par Firouz-Elisabeth Pillet
www.tcag.ch
à côte à une table, une femme et un homme : «Au bord de l’eau» est une pièce
en train de s’écrire, dont ils seront les auteurs et les personnages.
Au bord de l’eau
Dans leur dernier spectacle, Eve Bonfanti et Yves Hunsted nous invitent
à assister à l’écriture d’une pièce.
Dans la salle, le public est là, en attente de théâtre. Dans les cintres, les
personnages sont là, eux aussi, ils n’attendent rien. Sur la scène, assis côte
Quand ils arrivent, à peine construits malgré l’âge qu’ils ont, les personnages ne savent pas qui ils sont, ni même qu’il est question de jouer un
rôle. Ils viennent passer un après-midi au bord de l’eau. Au bord du public,
devrait-on dire, ce miroir mystérieux. Ce remous tranquille de quelque chose
qui semble toujours avoir été là, une onde frémissante dont la scène serait la
berge.
Fabricants d’éphémère, arpenteurs d’imaginaire, Eve
Bonfanti et Yves Hunstad aiment à faire coexister la métaphysique qui se dégage de leurs questions sur l’existence et
la légèreté qui se libère du plaisir de jouer devant et avec
le public. Depuis «La tragédie comique» jusqu’au dernier
spectacle conçu ensemble «Du vent… des fantômes», ils
réinventent sans cesse, avec un très sérieux sens de l’humour, leur rapport à l’art du théâtre.
Avec «Au bord de l’eau», ils font du public leur alter
ego dans l’acte de création. Ils nous entraînent, d’entourloupes en surprises, dans un petit bijou d’écriture millimétrée, une suite de dialogues avec tiroirs et chaussetrappes, fausses pistes et développement surréalistes.
. du 1er octobre au 10 novembre 2013
Réservation : 022/343.43.43 - [email protected]
«Au bord de l’eau» © P. Delacroix
e
n
t
r
e
t
i
e
n
75
s a i s o n s
imaginer, inventer. Un terrain de jeu qui donne
sur le monde. Mes fonctions m’éloignent
d’ailleurs de l’écriture et ces diverses propositions me permettent de rester proche de l’écriture qui est un moteur essentiel pour moi.
saison 2013/2014 d
Am Stram Gram
Parlez-nous des tournées ...
Depuis plus d’un an, Fabrice Melquiot dirige le Théâtre Am Stram Gram,
soufflant un air de nouveauté sur l’institution genevoise tout en honorant
l’esprit de son fondateur, Dominique Catton.
Fabrique Melchiot, dorénavant établi à
deux pas de son lieu de travail, ne compte pas
son temps, et foisonne d’idées novatrices et
diversifiées. A l’aurore de l’été, il a trouvé le
temps de nous accueillir dans son antre pour
parler de sa deuxième saison. Rencontre.
Quel sentiment éprouvez-vous après
cette première saison aux commandes du
Théâtre Am Stram Gram ?
76
Cette première saison m’a rendu très heureux,
me procurant beaucoup de plaisir, d’exaltation
tout en laissant place aux imprévus, à l’aventure et aux heureuses rencontres. J’ai voulu que
les propositions soient multiples et variées afin
de toucher le jeune public, allant des tout jeunes
Pour cette seconde saison, vous avez
choisi de renforcer les échanges avec des
théâtres romands ?
Mon bureau n’est jamais fermé. Je rencontre
tous les artistes locaux qui le désirent. Mon souhait est d’établir et de renforcer au fil des saisons les liens entre Am Stram Gram et les
divers théâtres dédiés au jeune public, comme,
par exemple, avec Le Petit Théâtre de Lausanne,
et en poursuivant les échanges déjà existant
comme les collaborations avec Contrechamps.
Qu’avez-vous élaboré pour votre
seconde saison ?
Le Théâtre Am Stram Gram propose au public
une saison en feu d’artifice où vous
croiserez des hiboux, un cheval, Peter Pan, un
taureau, la petite fille aux allumettes, les trois mousquetaires, Oscar,
Anna, Jean Lhomme, Lola Folding,
des marionnettes, des auteurs, des
comédiens, des musiciens, des
acrobates, des danseurs, des vidéastes, des jongleurs. Le Laboratoire
Spontané fera des ravages auprès
des amateurs de performances
visant à abolir les frontières entre
les disciplines et à rapprocher les
publics des arts et des artistes : rencontre avec Yves Bonnefoy, Street
Party, Loto Poétique, Bal Littéraire,
«Lola Folding», un conte rock, par Brico Jardin
Les Yeux Bandés... autant d’occaenfants aux jeunes adultes en passant par les sions de cheminer ensemble.
Qu’en est-il des créations ?
pré-adolescentes et les adolescents. Cette saison
Am
Stram
Gram prend plus que jamais le parti
2012-1013 a proposé beaucoup d’ateliers, de
manifestations en marge de la programmation, de la création : parmi les spectacles proposés au
et par conséquent pour moi un peu de fatigue public, huit verront le jour dans nos murs : Le
car je consacre près de quinze heures quotidien- Hibou, le vent & nous ; Le Blues de Jean
nes au théâtre. Mais il me semblait évident de Lhomme ; Peter Pan ; Lola Folding ;
m’investir autant, car j’ai hérité d’un lieu formi- Ventrosoleil ; Les Yeux Bandés ; les Trois
dable. J’ai voulu intégrer à ASG divers concepts Mousquetaires ; la Brioche des mioches. Notre
et formules que j’avais pu expérimenter en théâtre s’engage auprès des artistes, soutient et
France, entre autres, quand je dirigeais la accompagne les projets des compagnies et des
Comédie de Reims : les bals littéraires, la théâtres romands et francophones et souhaite
Brioche des mioches, le Cabaret de la Saint- s’affirmer comme une maison à l’écoute des
Glinglin, la Street Party, le Loto poétique ou publics et de leur diversité, une maison où se
rencontrer, réfléchir, converser, essayer, répéter,
encore le Soir de nos dix-sept ans.
e
n
t
r
e
Sept de nos productions ou coproductions
seront en tournée dans l’espace francophone. Frankenstein et Nos Amours bêtes, les
créations de Paul Desveaux et Ambra Senatore
en 2012/2013, poursuivent leur route ; les
publics d’Annecy, Bordeaux, Yverdon, La
Rochelle, Malakoff, Fribourg, Meylan, La
Chaux-de-Fonds, Monthey... découvriront ces
spectacles qui ont reçu la saison dernière un formidable accueil de la part du public d’Am
Stram Gram et des théâtres partenaires.
Quelles nouveautés avez-vous concoctées pour cette saison ?
Plusieurs spectacles sont accessibles aux spectateurs non-francophones : Echoa – danse et
percussions, Cinématique – nouveau cirque et
arts numériques, Loto poétique, Bal littéraire,
Street party, et en particulier une manifestation
dont je me réjouis : Spring Frozen Day qui m’a
été inspiré par le Frozen Day de Grand Central
à New-York. Je convie le public à nous retrouver au théâtre d’où nous partirons pour aller sur
le Pont du Mont-Blanc en terminant dans les
rues basses. Cette manifestation sous forme de
de flash mob sera l’occasion d’interpeler les
passants et badauds sur le théâtre, son rôle, ses
messages. Une représentation de Peter Pan sera
audio-décrite à l’intention des spectateurs aveugles et malvoyants (samedi 23 novembre à 17h)
et plusieurs représentations rendues accessibles
aux personnes sourdes et malentendantes ; le
programme complet est à consulter sur notre
site, tout ceci ayant pu voir le jour grâce au soutien de la Ville de Genève.
Quelle part est dévolue à la dimension
pédagogique ?
Parce qu’un théâtre Enfance & Jeunesse est
aussi un théâtre de pédagogie, les expositions,
ateliers de pratique artistiques, workshops pour
jeunes auteurs occupent une part importante de
la programmation. Le théâtre se déplace dans
les classes (cent représentations scolaires dans
le Canton de Genève). Des éditions ainsi que la
diffusion de la littérature dramatique dans les
« Valises Théâtre » sont également proposés
tout au long de la saison.
Propos recueillis par Firouz-E.Pillet
www.amstramgram.ch
t
i
e
n
MIGRO
UREL-CL
T
L
U
C
T
N
E
C
R
S-POU
01
Saison 2013/2
4 au Victoria H
ASSICS
all
Lundi 28 octobre 2013 à 20 h
ORCHESTRE DU FESTIVAL DE BUDAPEST
Iván Fischer (direction)
Maria João Pires (piano)
Marysol Schalit* (soprano)
Wolfgang Amadeus Mozart
«A Berenice… Sol nascente», récitatif et air pour soprano, K. 70
Ludwig van Beethoven
Concerto pour piano et orchestre Nº 4 op. 58
Antonín Dvořák
Symphonie Nº 8 op. 88
*Soliste suisse
Billetterie: Service culturel Migros Genève, Rue du Prince 7, Tél. 022 319 61 11
Stand Info Balexert et Migros Nyon-La Combe.
www.culturel-migros-geneve.ch
Organisation: Service culturel Migros Genève
www.culturel-migros-geneve.ch www.migros-pour-cent-culturel-classics.ch
NOUVELLE PRODUCTION
P R E M I È R E J O U R N É E D U F E S T I VA L S C É N I Q U E
DER RING DES NIBELUNGEN EN 3 ACTES
DIE
WA L K Ü R E
R I C H A R D WA G N E R
DIRECTION MUSICALE
INGO METZMACHER
MISE EN SCÈNE
DIETER DORN
DÉCORS & COSTUMES
JÜRGEN ROSE
BRÜNEHILDE PETRA LANG
W O TA N T O M F O X
SIEGLINDE MICHAELA KAUNE
SIEGMUND WILL HARTMANN
F R I C K A E L E N A Z H I D K O VA
HUNDIG GÜNTER GROISSBÖCK
ORCHESTRE DE
LA SUISSE ROMANDE
DIRECTION MUSICALE MIQUEL ORTEGA
MISE EN SCÈNE LILO BAUR
ORCHESTRE DE CHAMBRE DE LAUSANNE
CHŒUR DE L’OPÉRA DE LAUSANNE
T 021 315 40 20
WWW.OPERA-LAUSANNE.CH
07>16.11.2013
SAISON1314
WWW.GENEVEOPERA.CH
+41(0)22 322 5050
MA
MARSEILLAISE
DE & AVEC DARINA AL JOUNDI
MISE EN SCÈNE ALAIN TIMAR
Darina Al Joundi, comédienne
ÉQUIPE ARTISTIQUE
JEAN-JACQUES LEMÊTRE
MARIE-HÉLÈNE PINON
PRODUCTION ACTE 2, EN ACCORD AVEC NOUN CIE
THÉÂTRE LES HALLES, AVIGNON / THÉÂTRE LA BRUYÈRE, PARIS
THÉÂTRE LE POCHE
www.lepoche.ch / 022 310 37 59 / location Service culturel Migros
7 > 27 OCTOBRE 2013
CRÉATION VISUELLE JEAN-MARC HUMM, LA FONDERIE / PHOTOGRAPHIE AUGUSTIN REBETEZ
LE POCHE GENÈVE EST SUBVENTIONNÉ PAR LA VILLE DE GENÈVE (DÉPARTEMENT DE LA CULTURE)
LA RÉPUBLIQUE ET CANTON DE GENÈVE. IL EST GÉRÉ PAR LA FONDATION D’ART DRAMATIQUE (FAD)
( sp ect a cle e n g ag é , f é min is te et joy e u x … )
s a i s o n s
spectacles onésiens
théâtre des marionnettes
Vibrations
Mais où est
passé Léon ?
Le mois d’octobre est placé sous les signes de l’humour et
de la musique avec, tout d’abord, l’accueil d’un humoriste
dont les piques qu’il lance aux politiciens, entre autres,
sont toujours attendues avec bonheur et impatience ....
Avec Guy Bedos, tout
le monde y passe : les femmes, les religions, le sport,
les engagements, la droite en
tête et la gauche en berne. Il
peut bien se permettre de
décocher ses flèches à la
gauche, lui, le comédien,
acteur, auteur et scénariste de
talent, car il est aussi un
homme de cœur engagé qui
aime partager ses indignations et n’hésite pas à monter
aux barricades pour les sanspapiers. Après 50 ans de carrière, cette bête de scène tire
sa révérence avec son dernier
Guy Bedos © Giovanni Cittadini
one-man-show « Rideau ! ».
Sa carrière, il l’a débutée en 1954, au cinéma, puis au music-hall, avant de
rencontrer Sophie Daumier, avec qui il forme un duo mythique pendant dix
ans. Dès 1977, seul sur scène, il imprime son style et devient sans conteste
le maître du stand up français. Dernier représentant de la génération des
grands trublions, abandonné par Desproges, Coluche et Le Luron, Guy
Bedos nous régalera avec un dernier tour de piste, du 1er au 3 octobre.
Brigitte Rosset proposera, le 16 octobre, Smarties, Kleenex et Canada
Dry. Avec ce nouvel opus, elle plonge dans la tempête du largage et les
vagues du chagrin d’amour. Frisant la folie douce, la comédienne va chercher le réconfort entre art-thérapie et bonbons au chocolat, avec une touche
d’autodérision et un ruban d’humanité.
Dans la constellation des fadistas, une nouvelle étoile scintille : Ana
Moura, jeune chanteuse trentenaire dont la voix fait des merveilles, tant
dans le répertoire du fado traditionnel, que dans celui du jazz-blues. Le 18
octobre, elle sera accompagnée par Ângelo Freire (guitare portugaise),
Pedro Soares (guitare acoustique), André Moreira (basse acoustique), João
Gomes (claviers), Mário Costa (batterie et percussions).
Marc Perrenoud, pianiste et compositeur inspiré, est un habitué des
Spectacles onésiens et le 31 octobre il viendra y célébrer le vernissage de
son nouvel album Vestry lamento, avec ses deux acolytes Cyril Regamey
(batterie) et Marco Müller (contrebasse); le public pourra savourer son touché impressionniste et son groove naturel.
Des soirées qui promettent des vibrations intenses !
Firouz-Elisabeth Pillet
Un seul spectacle à l’affiche au mois d’octobre, mais un
spectacle qui sera l’occasion d’accueillir l’un des plus
grands noms du théâtre d’ombres contemporain :
Jean-Pierre Lescot.
Sa dernière création, Mais où est passé Léon ?, sera jouée jusqu’au 13
octobre. Ce spectacle invite les jeunes enfants dès quatre ans à découvrir les
trésors de grenier. Plus qu’une âme, les objets inanimés trouvés par le professeur et son assistant Pablo, ont ici une histoire : un cheval de bois, une
ombrelle en dentelle, une vieille bicyclette, un ours en peluche, une poupée
de chiffon, tant d’objets oubliés... En les tirant de l’oubli, le metteur en scène
ravive leurs moments de tendresse et de tristesse, de peine et de joie. Dans
ce voyage onirique au pays des ombres, Jean-Pierre Lescot raconte l’histoire de Léon l’ourson ou de Tatiana la poupée par une suite des courts récits,
créant des images riches, délicates, multiples, grâce à plusieurs manipulateurs. Le metteur en scène, comédien manipulateur et dramaturge et directeur de la Compagnie française Jean-Pierre
Lescot/Les Phosphènes décrit ainsi le spectacle : « Devant l’écran se trouvent les
acteurs et les objets dénichés dans un
immense grenier graphiquement stylisé,
tandis que, de l’autre côté, ils agissent en
théâtre d’ombres. Dans un va-et-vient entre
plusieurs réalités, on suit ainsi l’objet, la
poupée, l’ourson, un taxibrousse passant
de l’avant-scène vers son fond. Ce dernier
devenant ainsi le lieu de création et projection des ombres. D’entrée de jeu, le monde
des ombres, dans ses caractéristiques
essentielles, joue de plusieurs éléments : la
ressemblance, la distorsion, la disparition
et la superposition. Du coup, on voit qu’autour d’un même objet, se développent des
«Mais où est passé Léon ?»
liens menant vers une présence purement
onirique. C’est ainsi que l’enfant peut
créer, à la vision de ce spectacle, une frontière marquant la différence entre
réalité et monde rêvé. S’il y a tout une palette de l’univers du sombre dans
cette histoire, j’ai surtout essayé d’y montrer à la fois l’inquiétant et le rassurant, ce qui trouble et console, apaise. Tant qu’un rêve n’est pas terminé,
l’enfant a toujours cette chance d’éprouver ce qui l’apaise.
D’où la tentative d’une dramaturgie allant du troublant au familier qui
calme l’enfant. Les deux comédiens s’interdisent finalement de réveiller les
personnages, tant que leur voyage ou périple au pays des rêves n’est pas
achevé, le possible mauvais songe pouvant toujours se métamorphoser pour
adopter des couleurs plus douces.» (source : dossier de presse)
Firouz-E. Pillet
www.spectaclesonésiens.ch
www.marionnettes.ch
a
c
t
u
a
l
i
t
é
79
e x p o s i t i o n s
FRANCE
Aix
Musée Granet : Le Grand Atelier
l
du Midi, 1880-1960. De Cézanne à
Matisse. Jusqu’au 13 octobre.
Arles
Musée Réattu :
Nuage - De
Magritte à Warhol, de Man Ray à
Manzoni ou Kiefer. Jusqu’au 31
octobre.
l
Céret
Musée d’art moderne : Miquel
l
Barceló - Terra Ignis. Céramiques,
Majorque 2009-2013. Jusqu’au 12
novembre
Evian
Maison Gribaldi : Evian 1900, La
l
Belle Epoque sur les rives du
Léman. Jusqu’au 3 novembre.
l Palais Lumière : L'Idéal Art nouveau. Du 12 octobre au 12 janvier
Giverny
la raconte pas» de l'artiste lituanien Vytautas Viržbickas. Du 12
octobre au 5 janvier
Le
Cannet
Musée Bonnard : Le Nu, de
l
Gauguin à Bonnard. Jusqu’au 31
octobre.
Lens
Le Louvre : Le Temps à l’œuvre.
l
Jusqu’au 21 octobre.
Lyon
Musée des
l
beaux-arts :
Joseph Cornell et les Surréalistes
à New York. Dali, Duchamp,
Ernst, Man Ray.... Du 18 octobre
au 10 février
l
l
l
“Les Papesses“ - Camille Claudel,
Louise Bourgeois, Jana Sterbak,
Berlinke de Bruyckere, Kiki Smith.
Jusqu’au 11 novembre.
l Musée Angladon : Denise
Colomb, portraits d’artistes.
Jusqu’au 3 novembre
& Fragonard : Contes et Dessins.
Jusqu’au 31 décembre
l
l
noirs: Picasso céramiste et la
Méditerranée. Jusqu’au 13 oct.
l
l
d'en-haut. Jusqu’au 7 octobre.
Montpellier
Musée Fabre : Signac, les coul
leurs de l'eau. Jusqu’au 27 octobre.
Le goût de Diderot. Du 5 octobre
au 12 janvier.
Ornans
Musée Courbet : Courbet/
l
Musée des impressionnismes :
Hiramatsu, le bassin aux nymphéas. Hommage à Monet.
Jusqu’au 31 octobre.
Aubagne
Centre d'Art des Pénitents
Metz
Centre Pompidou-Metz : Vues
Cézanne, la vérité en peinture.
Jusqu’au 14 octobre
St.
Tropez
Musée de l'Annonciade : Maurice
l
de Vlaminck, les années décisives
(1900-1914). Jusqu’au au 14 oct.
Marseille
Grasse
Avignon
J1 : Le Corbusier et la question du Sète
Musée Fragonard : La Fontaine
Collection Lambert en Avignon :
brutalisme. Du 11 oct. au 22 déc.
Musée Paul Valéry : Collection
80
Grenoble
Magasin / Centre National d’Art
l
Contemporain : «Da Capo» de l'artiste
lituanien
Deimantas
Narkevičius, & «Comment te
raconter une histoire connue ? - Ne
l
Musée d’art contemporain : Le
Pont. Jusqu’au 20 octobre
l Musée Cantini : César à Marseille.
Jusqu’au 5 janvier
l Palais Longchamp : Le Grand
Atelier du Midi, 1880-1960. De Van
Gogh à Bonnard. Jusqu’au 13
octobre.
David et Ezra Nahmad.
Impressionnisme et audaces du
XIXe siècle. Jusqu’au 27 octobre
Toulon
Hôtel des Arts
: Arman.
Jusqu’au 8 oct. Histoires, Regards
d’artistes. En collaboration avec
l
Lyon
Biennale
Sous-titrée « Entretemps, brusquement et ensuite », la Biennale de Lyon 2013 a pour objet thématique la narration. Dans une ère qui est
réputée post-médias et post-historique, l’Islandais Gunnar B. Kvaran, qui en est le commissaire, travaille autour de trois aînés : Erró (né en 1932
et figure du «pop art» européen), Yoko Ono (née en 1933, elle est fascinée par le récit dématérialisé) et Alain Robbe-Grillet (1928-2002, tant le
romancier que le cinéaste). Autres artistes invités : Antoine Catala, Karl Haendel, Nate Lowman, Paulo Nimer Pjota et une pléiade de plasticiens
plus jeunes encore.
Au moment où les médias accablent,
de leurs effrayantes narrations, leurs
consommateurs sans cesse plus asservis,
il s’agit de regarder, fondamentalement,
l’acte de narrer, notamment dans ses
enjeux autobiographique, esthétique,
social et politique.
Pour découvrir ce qui est une biennale d’auteurs, trois plates-formes :
- une exposition internationale
- «Veduta» : un programme de coproductions, de résidences et de sensibilisation
à l’art
- «Résonance» : cent projets d’art visuel
et de spectacle vivant.
Frank Langlois
. Jusqu’au 5 janvier 2014
dans divers lieux lyonnais, dont La
Sucrière et le MAC Lyon
Mary Sibande «Succession of Three Ages», 2013
Sculpture 4 chevaux en bois, un personnage habillé. Créatures suspendues et un socle.
Courtesy de l’artiste et de la Biennale de Lyon. Photo Blaise Adilon
a
g
e
Plus d’infos sur : www.biennaledelyon.com
Tel. 00 33 427 466 560
n
d
a
expos itions
en
Salle de Caixa Forum, Barcelone
Pissarro
Le Musée Thyssen-Bornemisza a présenté, du 4 juin au 15 septembre, la première exposition monographique en Espagne du peintre impressionniste Camille Pissarro (1830-1903), avec la présentation de 79
œuvres - prêtées par de nombreux musées et des collectionneurs du monde entier, - dont une célèbre palette où l’artiste peignit une scène champêtre en combinant les couleurs de l’arc-en-ciel. Cette exposition sera
présentée à Barcelone dès mi-octobre et jusqu’en janvier prochain.
Le paysage, genre dominant de sa production, est au cœur de l’exposition qui s’articule par ordre
chronologique en fonction des lieux où le peintre résida et travailla. Sa vie s’écoula principalement dans
des villages comme Louveciennes, Pontoise et Eragny, toutefois les deux dernières salles sont consacrées
à des paysages urbains qu’il peignit dans les dix dernieres années de sa vie : nombreuses sont les vues de
Paris et de Londres, de Rouen, de Dieppe et du Havre.
europe
David. Art civique à Florence entre
Moyen-Age et Renaissance.
Jusqu’au 8 décembre.
l Museo degli Argenti : Passions
diaphanes - ivoires baroques des
cours européennes. Jusqu’au 3 nov.
l Palazzo Strozzi : L’avant-garde
russe, la Sibérie et l’Orient. Du 27
septembre au 19 janvier.
Francfort
Städelmuseum : Rembrandt,
l
gravures de paysage du Städel
Museum. Jusqu’au 24 novembre.
Londres
British Museum : Shunga - sex and
l
pleasure in Japanese art. Du 3 octobre au 5 janvier
l National Portrait Gallery : BP
Portrait Award 2013. Jusqu’au 15
septembre. Laura Knight Portraits.
Jusqu’au 13 octobre.
Madrid
Musée du Prado : Beauté captive.
l
De Fra Angelico à Fortuny. Jusqu’au
8 novembre. Velazquez. Les derniers
portraits. Du 8 octobre au 9 février.
l Musée Thyssen-Bornemisza : Le
Surréalisme et le rêve. Du 8 octobre
au 12 janvier.
l Palacio Real : De Bosch à Titien.
Art et merveille à l’Escorial.
Jusqu’en janvier.
Rome
Musei Capitolini : Archimède. Art
Camille Pissarro «Le chemin d’Ennery», 1874.
Huile sur toile, 55 x 92 cm. Musée d’Orsay, Paris. Donation de Max et Rosy Kaganovitch, 1973
l
“Humble et colossal”, comme le définit son ami Cézanne, Camille Pissarro est certainement la figure fondamentale de l’impressionnisme et, à la fois, la moins reconnue. Le même Cézanne disait aussi : «
(.....) peut-être venons-nous tous de Pissarro. Il a eu la chance de naître aux Antilles, où il apprit le dessin sans maître. Lui-même me l’a dit. En 1865 déjà il éliminait le noir, le bitume, la terre de Sienne et les
ocres. C’est un fait. Il ne peint qu’avec les trois couleurs primaires et leurs dérivés immédiats, il me l’a dit.
De sorte que Pissarro est le premier impressionniste. »
. A voir du 15 octobre 2013 au 13 janvier 2014
La Fabrica/Photo Espana. Du 25
octobre au 5 janvier
Tournus
Musée Greuze : Greuze, de
l
Diderot à Sombreuil. Jusqu’au 31
octobre.
Barcelone
Caixa Forum : Pissarro. Du 15
l
octobre au 13 janvier
Berlin
Martin-Gropius-Bau
Michelangelo Antonioni, le maître du
cinéma moderne. Jusqu’au 8 sept.
Città
di Castello
Pinacoteca Comunale : De
l
l
: Meret
Oppenheim. Jusqu’au 1er déc.
Signorelli à Raphaël. Histoire
d’un territoire et de ses chefsd’œuvre. Jusqu’au 3 novembre.
l
l
et science de l’invention. Jusqu’au
12 janvier.
Turin
Palazzo Madama : Le collectionl
neur de merveilles. L’Ermitage de
Basilewsky. Jusqu’au 13 octobre.
Venise
Ca’ Foscari
l
Esposizioni,
Università Ca’ Foscari : Maria
Cristina Finucci. Jusqu’au 24 nov.
l Palazzo Grassi : Rudolf Stingel.
Jusqu’au 31 décembre.
l Peggy Guggenheim Collection:
L’avant-garde fin de siècle à Paris :
Signac, Bonnard, Redon, et leurs
contemporains. Jusqu’au 6 janvier
Vienne
Ferrare
Albertina Museum (Albertinapl.)
Bilbao
Palazzo dei Diamanti : Zurbarán. M
F
. Jusqu’au 12
Musée Guggenheim : Baroque
l
AILLEURS
Baden
Baden
Musée Frieder Burda : Emil
l
Nolde - Une fête des couleurs.
Jusqu’au 13 octobre.
a
g
exubérant. De Cattelan à Zurbarán.
Jusqu’au 6 octobre.
Bruxelles
Palais des Beaux-Arts
(23,
Ravenstein) Rétrospective Giorgio
Morandi. Jusqu’au 22 septembre.
l
e
n
ATISSE ET LE AUVISME
Du 14 septembre au 6 janvier
janvier.
Florence
Weimar
Casa Buonarroti : Canova, la
Schiller-Museum : Affinités électil
l
beauté et la mémoire. Jusqu’au 21
octobre.
l Galleria dell’Academia : Du lys à
ves. Une collection anglaise d’art graphique allemand à l’époque de
Goethe. Jusqu’au 3 nov.
d
a
81
expos itions
Genève
Art en île - Halle Nord (pl. de l’île
l
1) Greg Hug. Jusqu’au 5 octobre.
Art & Public (Bains 37) Allan
McCollum. Jusqu’au 19 octobre
l Blancpain Art Contemporain
(Maraîchers 63) Eric Poitevin.
Jusqu’au 2 novembre.
l Blondeau & Cie (Muse 5)
Alessandro Twombly. Jusqu’au 21
décembre.
l Centre d'Art Contemporain
(Vieux-Grenadiers 10) Rétrospective
Pablo Bronstein. Jusqu’au 24 nov.
l Cabinet d’Arts graphiques
(Promenade du Pin 5) Picasso
devnt la télé. Du 10 octobre au 15
décembre.
l Centre d'édition contemporaine
(Saint-Léger 18) David Hominal.
Jusqu’au 19 octobre.
l Centre de la Photographie (Bains
28) John Stezaker / Robert
Suermondt - “Couper / Coller“.
Jusqu’au 27 octobre.
l Ferme de la Chapelle, GrandLancy (39, rte de la Chapelle) Elsa
Alayse, Claire Curneen, Olivier de
Sagazan. Jusqu’au 13 oct.
l Fondation Bodmer (Cologny)
Wagner ou l’opéra hors de soi. Du
5 octobre au 23 février
l Galerie Anton Meier (Athénée 2)
Sélection pour Kunst Zurich 13.
Jusqu’au 19 octobre.aq
l Galerie Bärtschi (rte des Jeunes
43) Antoine Roegiers. Jusqu’au 11
octobre. Marina Abramovic. Du 17
octobre au 17 janvier.
l Galerie de la Béraudière (E.Dumont 2) Maîtres impressionnistes, surréalistes et modernes.
Jusqu’au 31 octobre.
l Galerie Patrick Cramer (VieuxBillard 2) Daniel Clément. Jusqu’au
26 octobre.
l Galerie Skopia (Vieux-Grenadiers
9) Alex Hanimann. Jusqu’au 26
octobre.
l Galerie Turetsky (Grand-Rue 25)
Catherine Gfeller. Jusqu’au 26
octobre.
l Mamco (Vieux-Granadiers 10)
Cycle Des Histoires sans fin, séquence automne-hiver 2013-2014 /
Katinka Bock, Victor Burgin, Toni
Grand. Du 15 octobre au 19 janvier.
l Milkshake Agency (24, Montbrillant) Alexandra Häberli / Eric
Phillippoz. Du 8 octobre au 10 nov.
l Musée Ariana (Av. Paix 10) Akio
Takamori - Portraits ordinaires.
Jusqu’au 27 octobre. Jean Fontaine
- En fer sur terre. Jusqu’au 16 février
l Musée d’art et d’histoire (Ch.Galland 2) Denis Savary - Les
l
82
en
Mannequins de Corot. Jusqu’au 27
octobre.
l Musée Barbier-Mueller (J.-Calvin
10) Arts de l’Antiquité. Une collection centenaire. Jusqu’au 20 oct.
l Musée de Carouge (pl. Sardaigne)
Le Nain de Jardin - 14ème
Concours international de céramique. Jusqu’au 10 novembre.
l Saint-Gervais Genève, Salle Carole
Roussopoulos (r. Temple) Je n'ai pas
froid - vidéo et musique. Jusqu’au
20 octobre.
l Xippas Art Contemporain (r.
Sablons 6) Denis Savary. Jusqu’au 2
novembre.
Lausanne
Fondation de l’Hermitage (2, rte
l
Signal) Miró - Poésie et Lumière.
Jusqu’au 27 octobre.
l Galerie Humus (Terreaux 18 bis)
Jean Fontaine. Jusqu’au 15 février
l Galerie du Marché (Escaliers du
Marché 1) Yves-Jules - Mon musée
s uis s e
à moi. Jusqu’au 2 novembre.
l Mudac (pl. Cathédrale 6) Coup de
sac ! Art et design autour du sac en
plastique. Jusqu’au 6 octobre.
Mastering Design - Design Academy
Eindhoven et Royal College of Art. &
No Name Design- Franco Clivio. Du
31 octobre au 9 février
l Musée cantonal des beaux-arts (pl.
Riponne) Making Space. 40 ans d'art
vidéo. Du 18 octobre au 5 janvier
l Musée de l’Elysée (Elysée 18)
Sebastiao Salgado - Genesis &
Paolo Woods - State. Jusqu’au 5
janvier.
l Musée Historique de Lausanne :
Louis Rivier - L'intimité transfigurée.
Jusqu’au 27 octobre. D'un artiste à
l'œuvre. Marcel Poncet (1894-1953).
Jusqu’au 27 octobre.
Bulle
Musée : Daguerréotypes de J.l
Ph. Girault de Prangey. Jusqu’au
31 décembre.
Chaux/Fonds
Musée des Beaux-Arts :
l
Alberto Magnelli. Pionnier de l'abstraction. Jusqu’au 20 octobre.
l Musée international d'horlogerie :
La drôle de montre de Monsieur
Roskopf. Jusqu’au 19 janvier
Fribourg
l Bibliothèque cantonale et univer-
sitaire : Tintin à Fribourg : dits et
interdits. Jusqu’au 26 octobre.
l Espace Tinguely - Saint-Phalle :
Gilles Rotzetter. Jusqu’au 12 janvier.
Martigny
Fondation Pierre Gianadda :
l
Modigliani et l’Ecole de Paris.
Jusqu’au 24 novembre.
l Fondation Louis Moret (Barrières
33) Nicole Hassler. Jusqu’au 20 oct.
l Le Manoir de la Ville : 40 ans de
Visarte. Jusqu’au 17 novembre.
Musée de l’Elysée
Sebastião Salgado - Genesis
Le Musée de l’Elysée consacre, pour la troisième fois, une exposition au photographe brésilien
Sebastião Salgado qui, lors de ses nombreux voyages autour du globe, a immortalisé des lieux et des peuples qui ont échappé, jusqu’ici, à l’empreinte des sociétés modernes.
Cette quête photographique, baptisée «Genesis», permet au visiteur de contempler près de 240 clichés,
toujours en noir et blanc, qui font partie d’un projet photographique à long terme sur la question de l’environnement. Sebastião Salgado a ainsi navigué sur des océans, gravi des montagnes, traversé des déserts,
observé des animaux et approché des peuples indigènes, dans l’idée de faire connaître leurs environnements et leurs cultures. Voyageant dans les coins les plus reculés, dans des conditions souvent difficiles,
Salgado a su restituer la beauté de faces inconnues du monde, militant pour la nécessité de préserver la
planète et sa beauté, qui sont aujourd’hui en péril.
«Genesis» est aussi un travail sur le rapport de l’homme à la nature, des grands déserts aux vastes
océans, et peut être considéré comme le troisième volet de l’exploration à long terme de Salgado sur les
enjeux mondiaux, après «La Main de l’homme» (1993) et «Exodes» (2000), formes de bilan humain des
changements économiques et
sociaux intervenus à l’échelle
planétaire,
L’exposition est divisée
en cinq sections géographiques, formes de miroirs du
fonctionnement de la nature :
le Sud de la planète, les sanctuaires naturels, l’Afrique, le
Nord de la planète et
l’Amazonie. Ces images parcourent également le monde et
sont présentées en parallèle
au Musée de l’Elysée à Paris
et à São Paulo, après avoir
fait escale à Londres, Toronto,
Rome et Rio de Janeiro.
Sanctuaires. Teureum, «sikeirei» et chef d’un clan mentawai.
Ce chaman prépare un tamis à sagou a l’aide des feuilles de sagoutier.
Ile de Siberut, Sumatra occidental, Indonésie, 2008.
a
g
e
n
. A voir
jusqu’au 5 janvier 2014
d
a
expos itions
en
Musée Jenisch, Vevey
25 ans de la Fondation Oskar Kokoschka
Chefs-d’œuvre de la Fondation Oskar Kokoschka
La Fondation Oskar Kokoschka consacre une exposition pour célébrer les 25 ans de sa création, ceci
en présentant une sélection des plus belles œuvres de sa collection au Musée Jenisch, toutes des peintures
à l’huile.
Grâce à cette sélection, le visiteur pourra suivre toutes les étapes du parcours artistique de Kokoschka
(Pochlarn, Autriche, 1886 - Montreux, 1980), depuis ses débuts à l’Ecole des Arts appliqués de Vienne en
1904, jusqu’aux dernières années de sa vie à Villeneuve.
s uis s e
l Musée des Beaux-Arts (Hodlerstr.
8-12) Entre les Mots - Hommage à
Mumprecht. & Paolo Bellini James Licini - Josef Maria
Odermatt. Jusqu’au 10 novembre.
Feu sacré. Jusqu’au 5 janvier.
l Musée d’Histoire de Berne
(Helvetiaplatz 5) Quin, l’empereur
éternel et ses guerriers de terre
cuite. Jusqu’au 17 novembre
Bienne
CentrePasqu’Art (fbg Lac 71-75)
l
Parmi les chefs-d’œuvre
exposés se trouvent des morceaux choisis comme la
«Madone de Lassing» (1906),
son premier tableau à sujet
religieux, le «Paysage hongrois» (1908) considéré
comme son premier paysage,
des œuvres inspirées de son
voyage en Afrique du Nord
(voir ci-contre), ou encore le
premier portrait de sa future
épouse Olda.
C’est grace à cette dernière que la «Fondation à la
mémoire
de
Oskar
Kokoschka», créée en 1988,
constitue aujourd’hui le plus
grand fonds d’œuvres de l’artiste au monde.
Oskar Kokoscha «Femmes arabes», 1929. Huile sur toile, 88.5 × 127.5 cm
© Fondation Oskar Kokoschka, Vevey / 2013, ProLitteris
. A voir jusqu’au 17 novembre 2013
Mézières
Musée du papier peint : Fusions
l
- œuvres en verre contemporaines.
Jusqu’au 3 novembre.
Neuchâtel
Galerie Dietesheim (Château 8-
vre de la Fondation Oskar
Kokoschka. Jusqu’au 17 nov.
l Musée suisse de l’Appareil photographique (Grand Place) Maxim ou
la colorisation. Jusqu’au 9 mars
l
10) Erik Desmazières. Jusqu’au 27
octobre.
l Laténium (Hauterive) Fleurs des
Pharaons. Jusqu’au 2 mars 2014.
l Musée d’art et d’histoire :
Neuchâtel et ses princes prussiens.
Jusqu’au 6 octobre.
l Musée d’ethnographie (St- Nicolas)
MEN. Hors-champs. Jusqu’au 20
octobre.
Prangins
Musée national suisse (Château)
l
C’est la vie. Photos de presse
depuis 1940. Jusqu’au 20 octobre.
Vevey
Alimentarium : Délices d’artisl
tes. Jusqu’au 16 novembre.
l Musée Jenisch : Lemancholia.
Traité artistique du Léman.
Jusqu’au 13 octobre. Chefs-d’œu-
a
g
OUTRE SARINE
Bâle
Antikenmuseum
l
Basel (St.
Alban-Graben 5) Comment être un
homme? Le sexe fort dans l'antiquité. Jusqu’au 30 mars.
l Fondation Beyeler (Riehen)
Maurizio Cattelan. Jusqu’au 6 octobre. Thomas Schutte. Du 6 octobre
au 2 février
l Kunsthalle : Allyson Vieira. &
Leonor Antunes. Jusqu’au 10 nov.
l Kunstmuseum (St. Alban-Graben
16) Piet Mondrian. Barnett Newman
- Dan Flavin. Jusqu’au 19 janvier
l Museum für Gegenwartskunst
(St. Alban-Rheinweg 60) Everytime
you think of me, I die, a little. The
Memento Mori by Andy Warhol and
e
n
Fabian Marti. & Claudia Comte Omar Ba. Jusqu’au 24 nov.
l PhotoforumPasqu’Art : Following
the Scent of a Blowfly. Du 13 octobre au 24 novembre.
Lörrach
l Dreiländermuseum : Le nazisme à
Lörrach. Jusqu’au 13 octobre.
Riggisberg
Abegg-Stiftung : Le plaisir de
l
collectionner - Objets d’art et textiles de collections privées anciennes. Jusqu’au 10 novembre.
83
Weil
/
Rhein
Vitra Design Museum : Lightopia.
l
Jusqu’au 16 mars.
Winterthur
Fotomuseum (Grüzenstr. 44)
l
Douglas Gordon. Jusqu’au 9 février.
Musée des Cultures (Münsterpl.
20) Make Up - Pour toute une vie ?
Jusqu’au 6 juillet
l Cartoonmuseum (St. AlbanVorstadt 28) Les Aventures de la
Ligne claire. L'affaire Herr G. & Co.
Du 26 octobre au 9 mars.
l HMB - Museum für Musik / Im
Lohnhof (Im Lohnhof 9) pop@bâle.
La musique pop et rock depuis les
années 1950. Jusqu’au 29 juin.
l Musée Tinguely (Paul SacherAnlage 1) Metamatic Reloaded. Des
projets d'art contemporains dialoguent avec les machines à dessiner
de Tinguely. Du 23 octobre au 26
janvier.
l Spielzeug Welten Museum :
Marilyn privée: l'être humain derrière le concept Monroe. Du 19
octobre au 6 avril.
l
Berne
Centre Paul Klee (Monument im
l
Fruchtland 3) Satire – Ironie –
Grotesque. Jusqu’au 6 octobre.
Olaf Breuning – The Grid. Jusqu’au
10 novembre. Paul Klee – Vie et
Œuvre. Du 18 octobre au 30 mars.
d
a
Cross Over - Photo de la science +
science de la photo. Jusqu’au 17
novembre.
l Fotostiftung Schweiz (Grüzenstr. 45) Emil Schulthess – rétrospective. Jusqu’au 23 février.
l Museum Oskar Reinhart
(Stadthausstr. 6) Mondes d’enfants. Jusqu’au 16 novembre.
Zurich
Kunsthaus (Heimpl.1) Lonnie van
l
Brummelen et Siebren de Haan Revolt of the Giants. Jusqu’au 10
novembre
l Landesmuseum : Charlemagne
et la Suisse. Jusqu’au 2 février.
l Museum Bellerive (Augustinergasse 9) L'Empire des Plis - Mode
et Art Textile du Japon. Jusqu’au 12
janvier.
l
Museum für Gestaltung
(Austellungsstr. 60) Galerie : René
Burri - Une double vie. Jusqu’au 13
octobre. Halle : Martin Parr Souvenir. Jusqu’au 5 janvier.
l Museum Rietberg (Gablerstr. 15)
Yaks, Yetis, Yogis - Le Tibet dans la
bande dessinée. Jusqu’au 10
novembre.
expos ition
la fondation auer pour la photographie
Patrimoine en sursis ?
Michèle et Michel Auer ont créé en 2009 la Fondation Ory Auer pour la
Photographie installée depuis 2012 à Hermance (GE), un charmant village frontalier au bord du lac Léman. Mais c’est depuis plus de 40 ans que ce
couple passionné par la photographie collectionne des documents aussi rares
qu’exceptionnels. La vision qui anime M+M Auer est de préserver, valoriser et
transmettre aux générations futures un patrimoine embrassant l’histoire de la
photographie depuis son origine jusqu’à nos jours.
84
Réalisé par les architectes Brodbeck et
Roulet, le bâtiment développe un espace moderne et fonctionnel de 250 m2 composé d’une salle
d’exposition, d’une bibliothèque, d’un espace
d’archivage et de projection. La position dominante de la maison au sommet du village offre de
belles échappées sur la verdure environnante, la
vieille Tour d’Hermance ou sur le lac en contrebas. On ne peut imaginer plus bel écrin pour abriter une collection unique au monde qui compte
50.000 photographies originales, 20.000 ouvrages consacrés au 8ème art, plusieurs centaines
d’appareils, des affiches, divers écrits et correspondances, des objets d’art. M+M Auer ont un
sens de l’accueil légendaire, ils n’hésitent pas à
vous livrer d’incroyables récits et anecdotes sur
le monde de la photo et des photographes qu’ils
fréquentent depuis tant d’années. La Fondation
organise d’ailleurs de nombreux stages et workshops réservés à des chercheurs et artistes qui souhaitent approfondir un domaine spécifique. Avec
un rythme de 4 expositions annuelles, la
Fondation poursuit ses objectifs de découverte et
de diffusion de l’œuvre d’artistes connus ou
oubliés et de jeunes talents prometteurs. S’ajoute
Expo «Regarde! des enfants» au "Commun" (BAC,
Genève) : Peter Knapp, 1985 - Chaussures Courèges
a
une importante activité éditoriale avec la réalisation de catalogues et d’ouvrages spécialisés dans
le domaine de la photographie, par exemple
l’Encyclopédie Internationale des Photographes,
initiée en 1983 et constamment remise à jour.
Ainsi la collection n’est-elle pas figée et évoluet-elle en permanence, accompagnant les artistes,
les courants et la diversité des expressions, des
techniques. Mentionnons enfin que de nombreux
photographes ont choisi de déposer leurs archives
à la Fondation, ces dons enrichissent régulièrement le fonds et la diversité de la Collection Auer.
Précarité et risque d’expatriation
Cet immense travail de conservation et de
sensibilisation du public à l’art de la photographie, reconnu au niveau international notamment
grâce à l’organisation d’expositions et de collaborations institutionnelles de premier plan, ne
met pas pour autant la Fondation Auer à l’abri
d’une réelle précarité. En effet M+M Auer,
compte tenu de leur âge, cherchent des successeurs ; ils souhaiteraient transmettre à la Ville de
Genève le patrimoine exceptionnel de la
Fondation afin de garantir la pérennité de ses
activités, mais aussi pour laisser aux Genevois un
trésor qui contribue à faire rayonner la cité de
Calvin à l’extérieur. Or non seulement les autorités culturelles locales restent, pour l’heure,
indifférentes à cette perspective, mais celles-ci en
outre réduisent progressivement leur soutien
financier et logistique à l’institution qui se trouve de plus en plus isolée. Cette situation met en
lumière l’un des paradoxes majeurs de la politique culturelle genevoise qui se caractérise souvent par un manque de vision à long terme et des
conflits d’intérêts, conduisant à une dispersion
des ressources et des moyens. Certes la Ville a
acquis récemment le Fonds Boissonnas, une
mémoire précieuse de la scène photographique
genevoise qui se trouve maintenant au Centre
d’Iconographie ; certes le Centre Genevois de la
c
t
u
a
Photographie, qui a connu maintes crises directionnelles et changements d’options stylistiques,
développe une activité plus documentaire qu’artistique ; certes les institutions muséales exposent
de nombreux photographes ; certes le magistrat
Sami Kanaan rêve de créer une « maison de la
photographie ». Il n’en demeure pas moins que
l’art de la photographie est sous-représenté à
Genève ou du moins exposé de façon parcellaire,
dans divers lieux aux objectifs différents et collaborant peu entre eux. Aussi au moment où l’offre culturelle constitue le premier pilier de l’affluence touristique, l’expression photographique
ne dispose-t-elle toujours pas d’un lieu de référence majeur, alors que manifestement toutes les
conditions sont réunies pour le créer. Faute de
soutien et sans concrétisation d’un projet de
transmission à court terme, la Fondation Auer
pourrait fort bien s’expatrier. Ce ne sont pas les
offres qui manquent venant du Japon ou de
l’Australie, si cela devait arriver un patrimoine
inestimable serait perdu.
Programmation
M+M Auer poursuivent néanmoins leurs
activités en organisant à la Fondation
d’Hermance, du 26 octobre 2013 au 25 janvier
2014, une exposition intitulée « Bleu, bleus »
consacrée au photographe suisse Peter Knapp qui
malgré son âge de 80 ans continue à être actif. A
l’espace du « Commun », dans le bâtiment du
BAC, à Genève, s’ouvrira dès le 1er octobre (jusqu’au 30 novembre 2013) l’exposition
« Regarde ! Des enfants » une proposition qui, à
partir des archives de la Fondation, montre l’histoire d’une famille, de la naissance de l’enfant
jusqu’à sa mort. Enfin M+M Auer mûrissent un
grand projet d’exposition autour de la figure d’un
des plus grands photographes du 20ème siècle :
Leslie Krims, né en 1942 à Brooklyn. Son œuvre
baroque et onirique, peu connue du grand public,
jette cependant un regard critique et dérangeant
sur la société américaine. La collection Auer possède des Krims de différentes périodes ce qui lui
a permis de constituer un solide dossier soumis à
diverses institutions locales, afin d’organiser de
concert une exposition rétrospective en 2014. Or
celles-ci, étonnamment, ont rejeté ce projet
inédit, on comprend dès lors le découragement de
M+M Auer face à une telle inertie.
D’après des propos recueillis par
Françoise-Hélène Brou
Fondation Auer Ory pour la Photographie, 10 Rue du
Couchant, Hermance (GE).
Tél + (0) 22 751 27 83 – www.auerphoto.com
l
i
t
é
p
a
r
i
s
Sélection musicale d’octobre 2013 :
sera joué par Emmanuelle Haïm à la tête du Concert d’Astrée avec Sonya
Le plus célèbre opéra de Verdi, Aida, sera enfin donné l'Opéra Bastille : Yoncheva (Aci), Delphine Galou (Galatea) et Laurent Naouri (Polifemo).
il était temps, la dernière représentation ayant eu lieu au Palais Garnier en
février 1968 avec Leontyne Price dans le rôle titre. Pour faire de cet événeDu côté de la Salle Pleyel, grand concert donné dans le cadre des
ment un grand moment, la direction a fait appel à Olivier Py qui devrait en Grandes Voix le 8 octobre, chanté par Camilla Nylund et José Cura en
surprendre plus d'uns et à Philippe Jordan qui poursuit son parcours verdien compagnie de l'Orchestre National d'Ile-de-France et du chef Mario de Rose
après La forza dela destino. La distribution est confiée aux artistes suivants, (Leoncavallo, Puccini et Verdi). Les Noces de Figaro de Mozart seront
Carlo Cigni (Il Re), Luciana D’intino (A) ⁄Elena
jouées en version de concert le 11 octobre par le
Bocharova (B) (Amneris), Oksana Dyka (A) ⁄
Freiburger Barockorchester placé sous la direcLucrezia Garcia (B) (Aida), Marcelo Alvarez (A)
tion de René Jacobs avec Pietro Spagnoli (le
⁄ Robert Dean Smith (B) (Radamès), Roberto
comte Almaviva), Rosemary Joshua (la comtesse
Scandiuzzi (10, 12, 15, 20, 29 oct., 2, 6, 9, 12, 14
Almaviva), Sophie Karthaüser (Susanna),
et 16 nov.) / Alexei Botnarciuc (25 oct.) (Ramfis),
Konstantin Wolff (Figaro), Anett Fritsch
Sergey Murzaev (Amonasro) et Elodie Hache
(Cherubino), Isabelle Poulenard (Marcellina),
(Sacerdotessa), Orchestre et Chœur de l’Opéra
Marcos Fink (Bartolo, Antonio), Thomas Walker
national de Paris, du 10 octobre au 16 novembre.
(Basilio, Don Curzio) et Lore Binon (Barbarina).
A Garnier, reprise en douceur avec Mozart et la
Le 12, l'Orchestre Pasdeloup dirigé par
classique production de Cosi fan tutte (à partir du
Wolfgang Doerner accompagnera Karine
22 octobre, dernière le 13 novembre) conçue par
Deshayes et Jean-Pierre Furlan dans un proEzio Toffolutti et placée sous la direction de
gramme Mozart, Messiaen et Mahler. Le 14
Michael Schonwandt avec Myrto Papatanasiu
Patricia Petibon et La Cetra interpréteront des
(Fiordiligi), Stéphanie d’Oustrac (Dorabella),
airs de cour, d'opéra et de mélodies latino-amériDmitry Korchak (Ferrando), David Bizic
caines du Nouveau Monde au XVIIe siècle, pro(Guglielmo), Lorenzo Regazzo (Don Alfonso) et
posé dans le cadre des Grandes Voix.
Bernarda Bobro (Despina), Orchestre et Chœur
A Gaveau, le 15 octobre, concert du contreJosé Cura © DR
de l’Opéra national de Paris. Toujours à La
ténor Valer Sabadus qui chantera des airs d'opéBastille, du 27 octobre au 1er décembre, place à
ras de Händel avec Il Pomo d'Oro dirigé par
l'Elektra de Strauss imaginée par le prolifique
Riccardo Minasi et le 19 place au Great
Robert Carsen et dirigée par Philippe Jordan avec
American Songbook par les King's Singers qui
une distribution des grands soirs, Waltraud Meier
proposeront un panorama de la chanson améri(Klytämnestra), Irene Theorin (Elektra), Ricarda
caine allant de Porter à Gershwin, en passant par
Merbeth (Chrysothemis), Kim Begley (Aegisth)
les negro-spirituals (David Hurley et Timothy
et Evgeny Nikitin (Orest), Orchestre et Chœur de
Wayne-Wright, contre-ténors, Paul Phoenix,
l’Opéra national de Paris, une production créée
ténor, Christopher Bruerton et Christopher
au Mai musical florentin.
Gabbitas, barytons et Jonathan Howard, basse).
Sur la scène du Châtelet du 9 octobre au 3
Le cycle Convergences débutera le 16 octonovembre 2013, le public pourra découvrir
bre avec un programme Apollinaire proposé par
Chantecler une comédie musicale où le tango
Yann Beuron, Sophie Raynaud (piano) et
s'exprime au plus haut degré, sur fond de crimes
Stéphane Varupenne (récitant) ; mélodies de
et de passion. Conçue et dirigée par Mora Godoy
Poulenc, Honegger et Léo Ferré, poèmes et textes
(chorégraphe), sur une musique originale et des
en prose se succéderont, dans le cadre de
arrangements signés Gerardo Gardelín, elle sera
l'Amphithéâtre (second concert le 17). Le 23, Bo
interprétée par Mora Godoy (Ritana), Horacio
Skovhus interprétera le Winterreise de Schubert
Godoy (Angel), Marcos Ayala (Amador),
Camilla Nylund © Markus Hoffmann
accompagné par Stefan Vladar.
Graciela Calo (Margot) et Marcela Vespasiano
Le TCE propose le 14 octobre une exécution
(Alma).
des Vêpres de la Vierge de Monteverdi dirigée par Jean-Claude Malgoire
avec les interprètes Aurore Bucher, Jean-Michel Fumas, Marie-Laure
Vu et entendu : Consécration parisienne pour l'impressionnante Lucia
Coenjarts, Yasmina Favre, Robert Getchell, Vincent Lièvre-Picard, Denis di Lammermoor de Patrizia Ciofi à la Bastille le 7 septembre, entourée de
Mignien, Alain Buet et Renaud Delaigue, La Grande Ecurie et la Chambre Vittorio Grigolo, de Ludovic Tézier et dirigée par Maurizio Benini.
du Roy. Du 15 au 28 octobre opéra avec le retour de La Vestale de Gaspare
Spontini (1807) dirigé par Jérémie Rhorer, mis en scène par Eric Lacascade
Ailleurs en France : A l'Opéra de Lyon du 12 au 26 octobre, le cinéasavec dans le rôle-titre Ermonela Jaho (Julia), accompagnée par Andrew te Christophe Honoré met en scène le chef-d'œuvre de Poulenc, Dialogues
Richards (Licinius), Béatrice Uria-Monzon (La Grande Vestale), Jean- des Carmélites, dans la fosse : Kazushi Ono.
François Lesueur
François Borras (Cinna) et Konstantin Gorny (Le Souverain Pontife), Le
Cercle de l’Harmonie. Le 19 octobre Aci, Galatea e Polifemo de Haendel
a
c
t
u
a
l
i
t
é
85
p
a
r
i
s
théâtre de l’œuvre
Et jamais nous ne
serons séparés
Il est des pièces de théâtre qui de prime abord nous rebutent et nous paraissent
artificielles jusqu'au moment où le bienfondé et la cohérence des partis pris se
révèlent à nous, dans la durée.
C'est le cas de cette pièce de Jon Fosse dont
l'abord en déroutera plus d'un : il faut accepter
l'artificialité du texte, dont le caractère aride et
répétitif ne produira des effets qu'au bout d'un
certain temps, de même qu'il faut se faire au jeu
compassé de Ludmila Mikaël avant de se rendre compte qu'il est en adéquation parfaite avec
un personnage n'entretenant plus que des liens
lâches avec la réalité.
86
Mais ce qui emporte notre adhésion, c'est le
travail de mise en espace et d'éclairage, qui
contribue à déréaliser subtilement une réalité
pourtant proche de la nôtre. Soit une femme,
dans un salon, attendant un homme qui ne vient
pas, espérant son retour et se résignant à sa
perte, alternativement. Les êtres se croisent et se
parlent, mais sont-ils véritablement ensemble,
coexistent-ils vraiment ?
Au cœur de cette pièce se trouve une
réflexion sur la présence et l'absence, la mémoire et l'oubli, les liens entre les êtres, entre les
hommes et les choses, le passé et le présent, que
la mise en scène de Marc Paquien excelle à
éclairer. Les interactions entre les personnages
prennent place au sein d'un univers bien connu
du spectateur, mais dont la rationalité paraît
comme suspendue par l'atmosphère mystérieuse
créée par l'éclairage et le nappage sonore. Les
plus beaux moments sont alors ceux où cette
ambiance fait écho au trouble du personnage : le
jour clair qui se lève semble annoncer le retour
tant espéré avant que la lumière ne vire au jaune
cru, couleur artificielle disant l'aveuglement
têtu de l'héroïne.
Et même si le texte pèche peut-être par trop
de schématisme, le balancement de celle-ci,
entre attente pleine d'espoir et lucidité mélancolique, finit par nous toucher.
Julien Roche
Jusqu'au 13 octobre 2013
Théâtre de l'Oeuvre, Paris
«Et nous ne serons jamais séparés» © Pascal Victor
a
c
t
u
a
l
i
t
é
b e a u x - a r t s
Galeries nationales du Grand-Palais
Félix Vallotton. Le feu sous la glace
Cet automne, Félix Vallotton (1865-1925) sera à l’honneur au Grand-Palais
pour une grande rétrospective de son œuvre, qui permettra de faire découvrir ce peintre suisse encore méconnu du grand public. Ce projet est initié par le Musée d’Orsay
et la Réunion des musées nationaux; il est largement soutenu par le Musée d’art et
d’histoire de Genève, qui prête à cette occasion sept tableaux - «Femmes nues jouant
aux dames», «Le Bain turc», «Le Sommeil», «Le Retour de la mer», «Persée tuant le
dragon», «Orphée dépecé par les Ménades», «La Haine», quinze gravures et un
album appartenant à ses collections.
Félix Vallotton est un artiste unique qui, bien que proche des nabis, garde sa vie
durant un style à la fois très personnel et résolument moderne. Reconnaissables entre
toutes, ses toiles se distinguent par des couleurs raffinées et un dessin précis
découpant la forme qu’il met également au service de la gravure. Travailleur acharné,
il s’essaie à tous les genres : portrait, nu, paysage, nature morte et même peinture
d’histoire.
En marge de l’exposition, il sera possible de visionner le film de Juliette
Cazanave, «Félix Vallotton - La vie à distance», une enquête sur les talents d’un
artiste multiple et les contradictions d’une personnalité complexe(pour l’horaire des
projections, se référer au site internet du Grand Palas).
. Du 2 octobre 2013 au 20 janvier 2014
puis à : Amsterdam, Musée Van Gogh, du 14 février au 1er juin 2014
et à Tokyo, Musée Mitsubishi, du 14 juin au 23 septembre 2014
Felix Vallotton «La Greve blanche, Vasouy», 1913
huile sur toile, 73 x 54 cm Suisse, collection particuliere
© collection particuliere / photo Markus Muhlheim, Polith SA, Suisse
Centre Pompidou
l ALBERT SERRA – jusqu’au 26 oct.
l ROY LICHTENSTEIN – jusqu’au 4 nov.
l PIERRE HUYGUE – jusqu’au 6 janv.
Cité de l’Architecture
l 1925, QUANT L’ART DÉCO SÉDUIT LE
MONDE – du 16 octobre au 17 fév.
Fondation Cartier
l RON MUECK – jusqu’au 27 oct.
Fondation Custodia
l HYERONIMUS COCK - La gravure à
la Renaissance – jusqu’au 15 déc.
Grand Palais
l FÉLIX VALLOTTON. Le feu sous la
glace – du 2 octobre au 20 janvier
l GEORGES BRAQUE (1882-1963),
rétrospective – jusqu’au 6 janvier
Jeu de Paume
l ERWIN BLUMENFELD (1897-1969)
& NATACHA NISIC. ÉCHO – du 15
octobre au 26 janvier
La Maison Rouge
l THÉÂTRE DU MONDE, invitation du
collectionneur David Walsh – du
19 octobre au 12 janvier
Maison du Japon
l KANAZAWA - Aux sources d’une
culture de samouraïs – du 2 octobre au 14 décembre
a
g
Musée des arts décoratifs
l TROMPE-L'OEIL – jusqu’au 15 nov.
Musée d’art du judaïsme
l RUE DES ROSIERS, photos d’Alécio
de Andrade – jusqu’au 6 oct.
l CHANA ORLOFF, «LE RETOUR»,
1945 – jusqu’au 6 octobre
Musée d’art moderne
l PIERRE HENRY. Autoportrait en
53 tableaux – jusqu’au 1er déc.
l DECORUM. Tapisseries et tapis
d’artistes – du 11 oct. au 9 février
l SERGE POLIAKOFF. Le rêve des
formes – 18 octobre au 23 février
l ZENG FANZHI – du 18 octobre au
16 février
Musée Carnavalet
l ROMAN D’UNE GARDE-ROBE, de la
Belle Époque aux années 30 – du
17 octobre au 16 mars
Musée Cernuschi
l BRONZES DE LA CHINE IMPÉRIALE DU
XE AU XIXE S. – jusqu’au 19 janvier
Musée Dapper
l INITIÉS, BASSIN DU CONGO &
MASQUES DE ROMUALD HAZOUMÈ –
du 9 octobre au 6 juillet
Musée Guimet
l ANGKOR, naissance d’un mythe.
e
n
Louis Delaporte et le Cambodge
– du 16 octobre au 13 janvier
l SHO 2, calligraphie contemporaine japonaise – du 23 octobre
au 13 janvier
l TSUTSUGAKI, textiles indigo du
Japon – jusqu’au 7 octobre
Musée Jacquemart-André
l DÉSIRS ET VOLUPTÉ À L’ÉPOQUE VICTORIENNE – jusqu’au 20 janvier
Musée du Louvre
l LE PRINTEMPS DE LA RENAISSANCE.
La sculpture et les arts à Florence,
1400-1460 – jusqu’au 6 janvier
l JEAN COUSIN PÈRE ET FILS. Une
famille de peintres au XVIe siècle
– du 17 octobre au 13 janvier
Musée du Luxembourg
l LA RENAISSANCE ET LE RÊVE,
Bosch, Véronèse, Greco... – du 9
octobre au 26 janvier
Musée Maillol
l ETRUSQUES. Un hymne à la vie –
jusqu’au 9 février
Musée Marmottan-Monet
l LES SŒURS DE NAPOLÉON. Trois
destins italiens – du 3 octobre au
26 janvier
d
a
Musée de Montmartre
l IMPRESSIONS À MONTMARTRE.
Delâtre, Müuler, Valadon – jusqu’au 12 janvier
Musée de l’Orangerie
l FRIDA KAHLO / DIEGO RIVERA. L'art
en fusion – du 9 octobre au 13
janvier
Musée d’Orsay
l MASCULIN / MASCULIN. L'homme
nu dans l'art de 1800 à nos jours.
– jusqu’au 2 janvier
l ALLEGRO BARBARO. BÉLA BARTÓK ET
LA MODERNITÉ HONGROISE 1905-1920
– Du 15 octobre au 5 janvier
Musée de la Vie Romantique
l ESQUISSES PEINTES DE L’ÉPOQUE
ROMANTIQUE – jusqu’au 2 février
Musée Zadkine
l VOYAGE DANS L'ANCIENNE RUSSIE –
Du 9 octobre au 13 avril
Petit Palais
l L'ECOLE EN IMAGES – du 22 octobre au 26 janvier
l JACOB JORDAENS (1593-1678) –
jusqu’au 19 janvier
l RUBENS (1577-1640) ET VAN DYCK
(1599-1641). ESTAMPES – jusqu’au
26 janvier
87
t h é â t r e
88
ANTOINE (01.43.38.74.62)
u Inconnu à cette adresse de
Kressmann Taylor - jusqu’au 4 janvier.
ATELIER (loc. 01.46.06.49.24)
u La Locandiera de Goldoni - m.e.s.
Marc Paquien - jusqu’au 25 janvier
BOUFFES PARISIENS
(loc. 01.42.96.92.42)
u Hier est un autre jour ! de J.F.
Cros, S. Meyniac - m.e.s. Eric
Civanyan - jusqu’au 11 janvier
CARTOUCHERIE THEATRE DU SOLEIL
(loc. 01.43.74.24.08)
u L’Histoire terrible mais inachevée
de Norodom Sihanouk, roi du
Cambodge de Hélène Cixous m.e.s. Georges Bigot et Delphine
Cottu - du 3 au 26 octobre.
CENTRE POMPIDOU
(billetterie.centrepompidou)
u Ground and Floor, texte et m.e.s.
Toshiki Okada - du 9 au 12 octobre
COLLINE (rés. 01.44.62.52.52)
u Perturbation d’après T.Bernhard m.e.s. Krystian Lupa - jusqu’au 25 oct.
u Vers Wanda de Marie Rémond création collective - du 4 au 26 oct.
COMÉDIE FRANÇAISE
SALLE RICHELIEU (01.44.58.15.15)
u 4 femmes et un piano, cabaret dirigé par Sylvia Bergé - jusqu’au 13 oct.
u La Tragédie d’Hamlet de
Shakespeare - m.e.s. Dan Jemmett du 7 octobre au 12 janvier
u Un fil à la patte de Georges
Feydeau - m.e.s. Jérôme Deschamps
- du 15 octobre au 22 décembre
u Dom Juan ou le festin de pierre de
Molière - m.e.s. Jean-Pierre Vincent du 28 octobre au 9 février
STUDIO-THÉÂTRE (01.44.58.98.98)
u La Fleur à la bouche de Luigi
Pirandello - m.e.s. Louis Arene - jusqu’au 3 novembre
VIEUX-COLOMBIER (01.44.39.87.00)
u L’Anniversaire de Harold Pinter m.e.s. Claude Mouriéras - jusqu’au
24 octobre
EDOUARD VII (01.47.42.59.92)
u Nina d’André Roussin - m.e.s.
Bernard Murat - avec François
Berléand, Mathilde Seigner - jusqu’au 30 novembre
LE CENTQUATRE (01.42.33.09.92)
u La Barque le soir de Tarjei Vesaas m.e.s. Claude Régy - du 24 octobre
au 24 novembre (reprise)
MATHURINS (rés. 01.42.65.90.00)
u Dernier coup de ciseaux de Marylin
Abrams, Bruce Jordan, Paul Pörtner m.e.s. Sacha Danino, Sébastien
Azzopard - jusqu’au 21 décembre.
u L’Affaire Dussaert de et avec
Jacques Mougenot - jusqu’au 21 déc.
u Moi, Caravage de C. Capitani m.e.s. S. Grassian - jusqu’au 5 janvier.
MÉLO D’AMÉLIE (01.40.26.11.11)
u Le bal des crapules de Luc
Chaumar - m.e.s. Corinne Boijols jusqu’au 10 novembre
NOUVEAUTÉS (01.47.70.52.76)
u Cher Trésor de et m.e.s. Francis
Veber - avec Gérard Jugnot, Alexandra
Vandernoot - jusqu’au 31 oct.
ODÉON EUROPE (01.44.85.40.40)
u Au Monde de Joël Pommerat - jusqu’au 19 octobre.
u Les marchands de Joël Pommerat
jusqu’au 19 octobre.
AUX ATELIERS BERTHIER :
u Die bitteren Tränen der Petra von
Kant de Rainer Werner Fassbinder m.e.s. Martin Kušej - du 4 au 13 oct.
ŒUVRE (01.44.53.88.88)
u Et jamais nous ne serons séparés
de Jon Fosse - m.e.s. Marc Paquien avec Ludmilla Mikaël - jusqu’au 13
octobre.
PALAIS DES GLACES
(01.42.02.27.17)
u J'aime beaucoup ce que vous faites de Carole Greep - m.e.s. Xavier
Letourneur - jusqu’au 27 octobre.
POCHE (01.45.44.50.21)
u Au bois lacté de Dylan Thomas -
m.e.s. Stéphan Meldegg - jusq’au 8
décembre
RANELAGH (loc. 01.42.88.64.44)
u Le Neveu de Rameau de Diderot m.e.s. Jean-Pierre Rumeau - jusqu’au
31 décembre
u La Religieuse de Diderot - m.e.s.
Nicolas Vaude - jusqu’au 31 déc.
ROND-POINT (01.44.95.98.21)
u Anna d’après Pierre Koralnik m.e.s. Emmanuel Daumas - jusqu’au
6 octobre
u Swan Lake - chor. Dada Masilo jusqu’au 6 octobre
u L'Origine du monde de Sébastien
Thiéry - m.e.s. Jean-Michel Ribes jusqu’au 2 novembre
u Scènes de la vie d’acteur de Denis
Podalydès - m.e.s. Scali Delpeyrat du 10 oct. au 10 nov.
u Les visages et les corps de Patrice
Chéreau - m.e.s. Philippe Calvario du 15 oct. au 10 nov.
STUDIO DES CHAMPS-ÉLYSÉES
(01.53.23.99.19)
u Le porteur d’histoire de et m.e.s.
Alexis Michalik - jusqu’au 30 déc.
THÉÂTRE DE GENNEVILLIERS
(loc. 01.41.32.26.26)
u Current Location, texte et m.e.s.
Toshiki Okada - du 14 au 19 octobre
La danse en octobre
La Théâtre de la ville accueille la Trisha Brown dance company pour deux programmes. Le premier, du 22 au 26 octobre, est constitué de «For MG :
The movie», «Homemade» et «Newark» et le second, du 28 octobre au 1er novembre, de «Foray Forêt», «If you couldn’t see me» solo et «Astral convertible».
Ce sont les dernières occasions de voir sur scène les pièces historiques de la chorégraphe américaine, âgée de 75 ans, avant la dissolution de sa compagnie.
Jusqu’au 6 octobre, la chorégraphe sud-africaine Dada Masilo revisite le mythique «Lac des cygnes» avec Swan Lake au théâtre du Rond-Point, tandis que le théâtre du Châtelet a présenté la version classique de Natalia Makarova interprétée par le Ballet national de Chine en septembre. La grande compagnie chinoise
poursuivra sa tournée avec «Le détachement féminin
rouge» du 1 au 3 octobre.
La Théâtre des Champs-Elysées, quant à lui, accueille
du 31 octobre au 4 novembre le Ballet de Houston avec
«Lang Lang dance project», idée originale du pianiste virtuose Lang Lang.
De l’autre côté du périphérique, le Théâtre des
Gémeaux à Sceaux présente le nouveau ballet d’Akram
Khan, iTMOi, du 11 au 13 octobre par la Akram Khan
company. N’hésitez pas y aller si vous l’avez raté en juin
dernier au Théâtre des Champs Elysées.
L’Opéra royal de Versailles accueille le Béjart Ballet
Lausanne du 10 au 13 octobre avec «Le Boléro» de
Maurice Béjart, l’une de ses pièces phare.
«Swan Lake», chorégraphie de Dada Masilo. Crédit photo John Hogg
a
c
t
Stéphanie Nègre
u
a
l
i
t
é
m é m e n t o
Espace Fusterie
Victoria Hall à 20h30
Beethoven
Remember Shakti
Le violoniste Tedi Papavrami et le pianiste François-Frédéric Guy
interpréteront, lors de trois concerts au Temple de la Fusterie, l’intégrale des
sonates pour violon et piano de Beethoven.
Le programme sera le
suivant :
La saison Jazz Classics débute à Genève avec une soirée réunissant le
guitariste John McLaughlin et le joueur de tabla Zakir Hussain; ces deux
musiciens avaient fondé dans les années 70 un groupe nommé Shakti qui enthousiasmait tous les publics du globe grâce à une musique irrésistible qui
mêlait la musique traditionelle indienne et le jazz. Puis pendant 25 ans,
chaque musicien a continué sa route en solo.
Vendredi 18 octobre à 20h00 :
Sonate Opus 12 n°1, en ré
majeur (19')
/ Sonate Opus 12 n°2, en la
majeur (18') / Sonate Opus 12
n°3, en mi bémol majeur (17') /
Sonate Opus 24, en fa majeur
Printemps (22')
Samedi 19 octobre à 16h00 :
Sonate Opus 30 n°1, en la
majeur (20') / Sonate Opus 30
n°2, en do mineur (25') / Sonate
Opus 30 n°3, en sol majeur
(17')
Samedi 19 octobre à 20h00 :
Tedi Papavrami © Jérôme Prébois
Sonate Opus 23, en la mineur
(21') / Sonate Opus 96, en sol
majeur (24') / Sonate Opus 47, en la majeur À Kreutzer (35 )
. les 18 et 19 octobre 2013
Réservations : 079/643.92.77, [email protected]
John McLaughlin © Lionel Flusin
Mais aujourd’hui, le roi des tabla et le guitariste ont choisi de consacrer une soirée “souvenir“ à Shakti, déesse de la puissance et du pouvoir dont
leur groupe avait pris le nom. Ils se retrouvent donc et seront accompagnés
du mandoliniste U. Srinivas, du chanteur Shankar Mahadevan et du percussioniste V. Selvaganesh pour nous faire goûter au bonheur de leurs retrouvailles qui, nul doute, nous réserveront un festival de complicité artistique
. 29 octobre 2013
Location : 0900.800.800 - TicketCorner
Théâtre Saint-Gervais
Théâtre du Grütli
Ping Pang Qiu
Bernard-Marie Koltès
Lors du dernier festival d’Avignon, la performeuse espagnole Angélica
Lidell, avec la rage au ventre qui la caractérise, présentait deux spectacles,
«Ping Pang Qiu» et «Todo el cielo sobre la terra».
Le premier, conçu comme une pièce quasi documentaire, est une façon
pour l’artiste de dire son amour impossible voué à la Chine, à la beauté de
cette culture qui s’annihile, rongée par l’envers de son décor. Il y est question de l’extinction d’un monde et des conséquences de cette disparition. Il
y est question aussi d’un mariage entre discipline, passion et excès...
Pour ce début de saison, le Théâtre du Grütli vous propose deux pièces
de Bernard-Marie Koltès à voir sans modération ! Le théâtre de Koltès,
fondé sur des problèmes réels, exprime la tragédie de l’être solitaire et de la
mort. «Dans la solitude des champs de coton» (joué à 20h) met en scène un
dealer et un client, un noir et un blanc dans une situation de deal. Le dealer
sait que le client désire quelque chose qu'il peut lui offrir. Il est cependant
dépendant lui aussi du désir du client. L'un et l'autre deviennent insépara-
«Dans la solitude des champs de coton» © Isabelle Meister
«Ping Pong Qiu» d'Angélica Liddell © Gerardo Sanz
Entropique et festif, ce spectacle a séduit le public avignonnais; il sera
accueilli au théâtre Saint-Gervais à fin octobre pour quelques représentations.
. du 29 octobre au 2 novembre 2013
bles... Dans la deuxième pièce proposée, «La nuit juste avant les forêts»
(joué à 21h30), on assiste à un soliloque exalté.
Vingt ans après une première incursion dans les forêts koltésiennes,
Eric Salama réactive ces textes sur l'impossible dire de la solitude contemporaine.
. jusqu’au 6 octobre 2013 - à 20h, puis à 21h30
Réservations en ligne : www.saint-gervais.ch ou tél. 022/908.20.20
a
g
e
Réservation : 022/888.44.88 ou [email protected]
n
d
a
89
m
é
m
GENEVE
concerts
90
u 2.10. : Hors-Série. WAGNER GENEVA
FESTIVAL – WAGNER & LA SUISSE.
L’OCG, dir. Thomas Rösner, Kismara
Pessatti, contralto (Wagner, Gluck,
Schoeck). BFM à 20h (loc.
022/807.17.90 / [email protected]
ou www.ticketportal.com)
u 20.10. : Hors-Série. CONCERT DU
DIMANCHE. L’OCG, dir. Arie Van Beek,
Ronald Brautigam, piano (Ravel,
Poulenc, Wagemans, Honegger).
Victoria Hall à 17h (loc.
022/807.17.90 / [email protected]
ou www.ticketportal.com)
u dimanche 6.10. : Concertus
Saisonnus. CAMERATA DU LÉMAN &
FABRIZIO VON ARX, violon (Vivaldi, les
Quatre Saisons - Rossini - Sarasate).
Chapelle de l’Oratoire à 17h (Billets
à l’entrée)
u 7.10. : Temps & Musique.
LAWRENCE POWER, alto et violon,
TRULS MØRK, violoncelle, SIMON
CRAWFORD-PHILLIPS, piano (Brahms).
Conservatoire de Genève à 20h (loc.
Service culturel Migros, Migros
Nyon-La Combe, Stand Info
Balexert)
u 8.10. : Midi de la Fusterie. CRISTINA
SEGURA RODRIGUEZ, chant. AROIA
MACUSO JAUREGUI, piano (Granados,
de Falla, Poulenc). Espace Fusterie à
12h30 (entreée libre)
u 9.10. : Série Prélude. OSR, dir.
Kazuki Yamada, ORCHESTRE DE LA
HAUTE ECOLE DE MUSIQUE DE GENÈVE,
Solistes de l'OSR (Mahler). Victoria
Hall à 20h (Tél. 022/807.00.00 /
[email protected])
u 12.10. : Les Grands Interprètes.
ORCHESTRE SYMPHONIQUE DE L’ETAT DE
SAO PAULO, dir. Marin Alsop. NELSON
FREIRE, piano. Victoria Hall à 20h (loc.
Service culturel Migros Genève,
Stand Info Balexert, Migros Nyon-La
Combe)
u 12.10. : Concert en Famille n°1.
FÊTE FOLKLORIQUE. Geneva Camerata,
dir. David Greilsammer, Gilad Harel,
clarinette. Naef Immobilier SA à 11h
(sur place 1 h avant le concert / rés.
[email protected])
u 13.10. : QUATUOR DE GENÈVE avec
FRÉDÉRIC KIRCH, alto & FRANÇOIS GUYE,
violoncelle (Beethoven, Schoenberg). Aula de l’Ecole Allemande, ch.
de Champ-Claude 6, Vernier, à 16h
(loc.
022/306.07.80,
www.vernier.ch/billetterie)
u 14.10. : Concert Sauvage no. 1.
KLEZMER – ELECTRO. Geneva
e
n
t
Camerata, Gilad Harel. Comédie de
Genève à 19h30 (sur place 1 h avant
le concert / rés. [email protected])
u 15.10. : AUTOPORTRAITS, Sébastian
Jacot, flûte, Antoine Françoise,
piano, Barbara Zanichelli, soprano,
Massimiliano Pascucci, ténor,
Ensemble Contrechamps (Hoch,
Donatoni).
Studio
ErnestAnsermet à 20h / 19h : présentation
avec Francesco Hoch (billetterie 45
min. avant le concert / ou www.contrechamps.ch/reserver)
u 16.10. : Série Symphonie. OSR,
dir. Kazuki Yamada, DANIIL TRIFONOV,
piano (Scriabine, Korngold, R.
Strauss). Victoria Hall à 20h (Tél.
022/807.00.00 / [email protected])
u 18.10. : Série Répertoire. OSR, dir.
Kazuki Yamada, DANIIL TRIFONOV,
piano (Scriabine, Korngold, R.
Strauss). Victoria Hall à 20h (Tél.
022/807.00.00 / [email protected])
u 18.10. : Les Vendredis de l’Ethno.
DSCHANE, musiques tsiganes. AMRSud des Alpes à 21h30 (Tél.
022/919.04.94)
u 18.10. : Les Grands Interprètes.
QUATUOR BORODINE. Conservatoire
de Musique à 20h (rens.
022/322.22.40 ou [email protected])
u 20.10. : QUATUOR DE GENÈVE avec
FRÉDÉRIC KIRCH, alto & FRANÇOIS GUYE,
violoncelle (Beethoven, Schoenberg). Musée d’art et d’histoire (salle
des Armures), à 11h (Location sur
place dès 10h le jour du concert)
u 20.10. : Concert du dimanche de
la ville de Genève. L'ORCHESTRE DE
CHAMBRE DE GENÈVE, dir. Arie van
Beek, RONALD BRAUTIGAM, piano
(Ravel, Poulenc, Wagemans,
Honegger). Victoria Hall à 11h (loc.
Espace Ville de Genève - Pont de la
Machine, Grütli, Genève Tourisme,
Cité Seniors. Billetterie en ligne
http://billetterie-culture.ville-ge.ch)
u 21.10. : Les Grands Interprètes.
ACADEMY OF ST MARTIN IN THE FIELDS,
dir. et violon JOSHUA BELL. Victoria
Hall à 20h (tél. 022/322.22.40 ou :
[email protected])
u 23.10. : Série Grands Classiques.
OSR, dir. Kazuki Yamada, JEAN-YVES
THIBAUDET, piano (Rautavaara, Liszt,
Schubert). Victoria Hall à 20h (Tél.
022/807.00.00 / [email protected])
u 28.10. : Migros-pour-cent-culturelclassics. ORCHESTRE DU FESTIVAL DE
BUDAPEST, dir. Iván Fischer, MARIA
JOÃO PIRES, piano, MARYSOL SCHALIT,
soprano (Beethoven, Mozart,
Dvořák). Victoria Hall à 20h (loc.
SCM 022/319.61.11)
u mardi 29.10. : Jazz Classics.
a
g
o
REMEMBER SHAKTI with
John
McLaughlin, Zakir Hussain, Shankar
Mahadevan, V. Selvaganesh, U.
Shrinivas. Victoria Hall à 20h30 (loc.
0900.800.800 / Ticketcorner)
u 29.10. : Midi de la Fusterie. OLIVIER
COMBIER, violoncelle. LUCIE PIERRARD,
violon. VALENTINA GHEORGHIU, piano
(Rachmaninov, Dvorak). Espace
Fusterie à 12h30 (entreée libre)
u 30.10. : Concert Prestige n°2. UNE
FLÛTE ENCHANTÉE. Geneva Camerata,
dir. David Greilsammer, Emmanuel
Pahud, flûte (Mozart, Janssens,
Carter, Haydn, Benda). Victoria
Hall à 20h (loc. www.genevacamerata.com ou FNAC)
théâtre
u Jusqu’au 5.10. : FRANÇOIS, LE SAINT
JONGLEUR de Dario Fo, m.e.s.
Stéphane Michaud, Création.
Théâtre Alchimic, mar-ven à 20h30;
mer-jeu-sam-dim à 19h, relâche lun
(rés. [email protected], ou 022/
301.68.38 - loc. Service culturel
Migros)
u Jusqu’au 6.10. : LA NUIT JUSTE
AVANT LES FORÊTS & DANS LA SOLITUDE
DES CHAMPS DE COTON de BernardMarie Koltes, m.e.s. Eric Salama.
Theatre du Grutli, petite salle à 20h
(Dans la solitude des champs de
coton) puis après l’entracte, à 21h30
(La nuit juste avant les forêts). Rés.
022/888.44.88 ou [email protected].
u Jusqu’au 13.10. : MAIS OÙ EST PASSÉ
LÉON? de Didier de Calan et JeanPierre Lescot, m.e.s. Jean-Pierre
Lescot, de 3 à 7 ans. Théâtre des
Marionnettes, mer à 15h, sam à 17h,
dim à 11h et 17h (rés.
022/807.31.07, [email protected])
u Jusqu’au 20.10. : UN MARI IDÉAL
d'Oscar Wilde, m.e.s. Pierre Bauer,
création. Théâtre des Amis,
Carouge, mar-mer-ven à 20h, jeusam à 19h, dim à 18h (rens.
022/342.28.74)
u Les 1, 2, 5, 6, 12, 13, 15, 16, 19,
20.10. : LE HIBOU, LE VENT ET NOUS de
et m.e.s. Fabrice Melquiot, création,
dès 8 ans. Théâtre Am Stram Gram
(Loc. 022/735.79.24 et Service
Culturel Migros)
u Du 1.10. au 10.11. : AU BORD DE
L'EAU de et m.e.s. Eve Bonfanti et
Yves Hunstad. Théâtre de Carouge,
Salle Gérard-Carrat, mar, mer, jeu et
sam à 19h / ven à 20h / dim à 17h
(billetterie : 022/343.43.43 [email protected])
u Du 1er au 12.10. : LA MAISON
e
n
D'ANTAN
par la Cie L'Alakran et
Oscar Gómez Mata. Salle du
Faubourg, rue des Terreaux-duTemple, mar-jeu-sam à 19h / mer-ven
à 20h30 / dim à 18h (rés. sur :
http://www.saintgervais.ch/)
u Du 7 au 27.10. : MA MARSEILLAISE
de Darina Al Joundi, m.e.s. Alain
Timar. Le Poche-Genève, lun et ven
à 20h30, mer-jeu-sam à 19h, dim à
17h, mardi relâche (rens./rés./loc.
022/310.37.59)
u Du 8 au 10.10 : UNE JOURNÉE ORDINAIRE de Eric Assous, m.e.s. Anne
Bourgeois. Avec Alain Delon,
Anouchka Delon, Elisa Servier et
Julien Dereims. Théâtre du Léman à
20h30 (location sur www.theatreduleman.com)
u Du 8 au 20.10. : LES DEUX GENTILSHOMMES DE VÉRONE de Shakespeare,
m.e.s. Khaled Khouri, Isabelle Rémy,
Rossella Riccaboni. Théâtre du Loup,
mar+jeu+sam à 19h, mer+ven à 20h,
dim à 17h (rés. 022/301.31.00)
u Du 8 au 20.10. : L’EMBRASEMENT
(L’ABBAGLIO) de Loredana Bianconi,
m.e.s. Anne Bisang, création. Le
Galpon, du mar au sam à 20h, dim à
18h, relâche lun (rés. au
022/321.21.76 au plus tard 2 heures
avant le début de l’événement - mail
: [email protected])
u Du 8 au 27.10. : Dyptique Marion
Aubert. LES AVENTURES DE NATHALIE
NICOLE NICOLE de Marion Aubert,
m.e.s. Camille Giacobino & LES
TRUBLIONS de Marion Aubert, m.e.s.
La Distillerie Cie. Le Grütli, Grande
salle (sous-sol), mar-jeu-sam à 19h,
mer-ven à 20h, dim à 18h. Relâche
lun
([email protected]
/
022/888.44.88)
u Du 9 au 17.10. : 100'000 TIROIRS ET
DES POUSSIÈRES!... de et par Philippe
Vauchel. Théâtre en appartement
(hors abonnement) - Création. (infos:
022/343.43.43 - [email protected])
u du 9.10. au 3.11. : LA POUPÉE
TITANIC, de Thierry Debroux, m.e.s.
Céline Sorin de Fox Compagnie.
Théâtre du Crève-Cœur, Cologny
(rés. 022/786.86.00)
u Du 10 au 20.10. : CHANTONS QUAND
MÊME! M.e.s. Frank Arnaudon.
Théâtre Alchimic, mar et ven à
20h30; mer, jeu, sam et dim à 19h
(rés.
022/301.68.38
/
www.alchimic.ch - loc. Service culturel Migros)
u 11.10. : LA DERNIÈRE VICTIME
d'Alexandre Ostrovski, m.e.s. Youri
Eremine. Grand Théâtre à 19h (loc.
022/322.50.50 et www.geneveopera.com/)
u mercredi 12.10. : Les Théâtrales.
LES MONTAGNES RUSSES d’Eric Assous,
d
a
m
m.e.s. Jean-Luc Moreau. Avec
Bernard Tapie, Béatrice Rosen...
BFM à 20h30 (Rés. 022/364.30.30
ou points de vente Fnac)
u Du 13 au 18.10. : SIEGFRIED,
NOCTURNE de Olivier Py, m.e.s.
Hervé Loichemol. La Comédie de
Genève, dim 17h, mar et ven à 19h,
mar à 20h (loc. [email protected] / 022/320.50.01)
u Du 18.10. au 7.11. : LA DAME DE LA
MER d'après Henrik Ibsen, m.e.s.
Omar Porras, Theatro Malandro.
Théâtre de Carouge, Salle FrançoisSimon, mar, mer, jeu et sam à 19h /
ven à 20h / dim à 17h (billetterie :
022/343.43.43 - [email protected])
u Du 24.10. au 3.11. : LABYRINTHE(S).
Conception et écriture et mise en
jeu Karelle Ménine. Théâtre de
l’Usine, jeu-sam-dim à 19h, mer-ven
à 20h30 (rés. 022/328.08.18 ou
www.darksite.ch/theatreusine/)
u Du 29.10. au 2.11. : POMPÉE /
SOPHONISBE de Corneille, m.e.s.
Brigitte Jaques-Wajeman. Horaires:
POMPÉE, mar 29.10. à 20h & jeu
31.10. à 19h / SOPHONISBE, mer
30.10. à 19h & ven 1.11. à 20h / sam
2.11. : POMPÉE à 15h & SOPHONISBE à
19h30. La Comédie de Genève (loc.
022/320.50.01 / [email protected])
u Du 29.10. au 2.11. : PING PANG QIU
par Angélica Liddell. Théâtre SaintGervais, Salle Marieluise Fleisser,
2ème sous-sol - grande salle, marjeu-sam à 19h, mer-ven à 20h30
(loc. 022/908.20.20 ou www.saintgervais.ch)
opéra
u 2.10. : COSI FAN TUTTE de Mozart,
par l’Opéra-Studio de Genève. Salle
communale de Chêne-Bougeries à
20h (loc. Service culturel Migros)
u 6, 8, 10.10. : SIGURD d'Ernest
Reyer, OSR, dir. Frédéric Chaslin.
Chœur du Grand Théâtre, dir.
Ching-Lien Wu. Victoria Hall à 19h30
(loc. 022/322.50.50 et www.geneveopera.com/)
u 20.10. : MARIINSKY ACADEMY,
LARISSA GERGIEVA, piano, MARIA
BAYANKINA, soprano, YEKATERINA
SERGEYEVA, mezzo-soprano, DMITRY
VOROPAEV,
ténor,
GRIGORY
CHERNETSOV, baryton. Grand Théâtre
à 19h30 (billetterie : 022/322.50.50
et www.geneveopera.com/)
danse
g
m
e
Association pour la danse contemporaine
Tarab
L’ADC accueille à la Salle des Eaux-Vives «Tarab», la nouvelle création de la Cie 7273. Conçue pour dix interprètes et chorégraphiée par
Laurence Yadi et Nicolas Cantillon, cette pièce tire son nom de la musique
arabe, le “tarab“ étant ce moment magique où celle-ci décolle.
Par analogie, on parle de “swing“ dans le domaine du jazz, ou de
“duende“ pour le flamenco.
«Tarab» © Regis Golay © Federal Studio
Dans le cas de cette création, musique et danse prennent corps, produisant une danse extatique bercée par les notes aux accents andalous de
Sir Richard Bishop, qui accompagne de longue date les deux chorégraphes.
. du 9 au 20 octobre 2013
Rés. : http://www.adc-geneve.ch/services/billetterie/reservations-de-places.html
Le Songe d'une nuit d'été
Inspiré par l’ouverture et la musique de scène pour «A Midsummer
Night’s Dream» de William Shakespeare par Félix Mendelssohn, le chorégraphe Michel Kelemenis a créé un ballet délicat et raffiné pour mettre en
scène la tourbillonnante comédie féerique et burlesque de Shakespeare.
Michel Kelemenis © Barrett
Il présentera sa nouvelle chorégraphie en création mondiale au Grand
Théâtre en octobre. Le Ballet du Grand Théâtre sera accompagné par le
Basel Sinfonietta, dirigé pour la circonstance par Robert Reimer.
. Les 4, 5, 6, 7 et 9 octobre 2013
Réservation en ligne : http://www.geneveopera.ch/
e
n
d
n
t
a
o
Cohen, Ballet du Grand Théâtre, dir.
musicale Robert Reimer, Basel
Sinfonietta. Grand Théâtre à 19h30,
dim à 15h (billetterie : 022/322.50.50
et www.geneveopera.com/)
u Du 9 au 20.10. : ADC. TARAB de
Laurence Yadi et Nicolas Cantillon,
création. Salle des Eaux-Vives, 82-84
r. Eaux-Vives, à 20h30 (billets :
Service culturel Migros, Stand Info
Balexert, Migros Nyon La Combe)
u Du 10 au 13.10. : Stimul-Us 1. LE
COUSIN LOINTAIN de et chor. Perrine
Valli. Théâtre de l’Usine à 19h (rés.
022/328.08.18 ou www.theatredelusine.ch)
u Du 10 au 13.10. : Stimul-Us 1.
ENJOY SILENCE de et avec Célia
Houdart et Mickaël Phelippeau.
Théâtre de l’Usine à 20h30 (rés.
022/328.08.18 ou www.theatredelusine.ch)
u 18 à 20h & 19.10. à 15h et 20h:
PACO PEÑA DANCE COMPANY FLAMENCO VIVO. Théâtre du Léman
(loc. www.theatreduleman.com)
u Du 23 au 25.10. : SYNCHRONICITY
par Carolyn Carlson. Théâtre du
Léman à 20h30 (loc. www.theatreduleman.com)
u Du 24.10. au 3.11. : LABYRINTHE(S)
de et chor. Karelle Ménine. Théâtre
de l’Usine, me-je-sa-di à 19h, ve à
20h30(rés. 022/328.08.18 ou
www.theatredelusine.ch)
divers
Ballet du Grand Théâtre de Genève
u 4, 5, 6, 7, 9.10. : LE SONGE D'UNE
NUIT D'ÉTÉ de William Shakespeare,
chor. Michel Kelemenis, dir. Philippe
a
é
u 2.10 : ONE NIGHT OF QUEEN.
Freddy Mercury est interprété par
Gary Mullen. Théâtre du Léman à
20h30 (loc. TicketCorner et Fnac)
u Du 4 au 6.10 : THE FULL MONTY.
Théâtre du Léman à 20h, le 6 à 19h
(loc. www.theatreduleman.com)
u 11.10 : NOLWENN LEROY, “O Filles
de l’eau“. Théâtre du Léman à 20h30
(loc. www.theatreduleman.com)
u 12.10 : JAMEL COMEDY CLUB.
Théâtre du Léman à 20h30 (location
sur www.theatreduleman.com)
u 12.10 : VERONIC DICAIRE - SOIRÉE DE
GALA. Théâtre du Léman à 19h30
(loc. www.theatreduleman.com)
u 27.10 : PASCAL OBISPO,
«MILLÉSIMES». Théâtre du Léman à
19h (loc. www.theatreduleman.com)
u 29.10. : UNE SOIRÉE AVEC JACK,
repas avec Karelle Ménine et Jack
Ralite. Théâtre de l’Usine à 20h (rés.
022/328.08.18
ou
www.darksite.ch/theatreusine/)
u 29.10 : CIRCUS OPERA POP. Théâtre
du Léman à 20h30 (location sur
www.theatreduleman.com)
91
m
é
m
LAUSANNE
concerts
92
u 2.10. : ENSEMBLE VOCAL ARPÈGE,
CHOEUR HEP, EMUSICA POETICA, dir.
Julien Laloux. Solistes: Sabina
Fulgosi, Véronique Rossier, Jakob
Pilgram et Marc-Olivier Oetterli
(Mozart, Haydn). Cathédrale à 20h
(rens. www.arpege.ch)
u 6.10. : Les Concerts du dimanche.
SINFONIETTA DE LAUSANNE, dir.
Alexander Mayer, (Brahms). Salle
Métropole à 11h15 (Billetterie de
l’OCL: Tél. 021/345.00.25)
u 17.10. : OSR, dir. Kazuki Yamada,
DANIIL TRIFONOV, piano (Scriabine,
Korngold, R. Strauss). Théâtre de
Beaulieu
à
20h15
(Tél.
022/807.00.00 / [email protected] ou
chez Passion Musique)
u 28 et 29.10. : O.C.L., dir. et piano
LEON FLEISHER, KATHERINE JACOBSON
FLEISHEr, piano (Dubugnon, Mozart,
Beethoven). Salle Métropole à 20h
(Billetterie de l’OCL: Tél.
021/345.00.25)
u 29.10. : Les Entractes du mardi.
JULIE LAFONTAINE, violon, NICOLAS
PACHE, alto, LIONEL COTTET, violoncelle, SEBASTIAN SCHICK, contrebasse, MARIA-BARBARA NYTSCH, piano
(Schubert). Salle Métropole à
12h30 (Billetterie de l’OCL: Tél.
021/345.00.25)
théâtre
u Jusqu’au 6.10. : L'ATELIER DES PETITS
MACHINS TRUCS par les petits détournements, dès 4 ans. Le petit théâtre,
mer à 17h, dim à 14h et 17h (rés.
www.lepetittheatre.ch/)
u Du 1er au 3.10. : UNE RACLETTE,
m.e.s. Jean-Christophe Meurisse.
L’Arsenic, ma, je 19h / me 20h ([email protected] / 021/625.11.36)
u Du 1er au 11.10. : LES ANNÉES par
Yvette Théraulaz, chant. Chapiteau
Vidy-L, mar-mer-jeu-sam à 20h30,
ven à 19h, dim à 17h (loc.
021/619.45.45)
u Du 3 au 13.10. : LE TEMPS DES
SIRÈNES d’Olivier Chiacchiari par la
Cie Apsara, m.e.s. Carlos Diaz.
Pulloff théâtres, mer + ven à 20h,
mar, jeu + sam à 19h, dim à 18h
(réservations 021/311.44.22 ou sur
www.pulloff.ch)
u Du 8 au 10.10. : HAMLET de
Shakespeare, m.e.s. Thomas
Ostermeier. Vidy-Lausanne, salle
e
n
t
o
danse
Aula de l’Ecole Allemande, Vernier
Quatuor de Genève
Pour la troisième fois de l’année, «Beethoven s’invite à Vernier» !
Apès avoir offert, en février 2013, un premier concert avec des œuvres
de Beethoven et Ravel puis, en mai 2013, un deuxième concert alliant
Beethoven et Chostakovitch, le troisième concert prévu proposera, en octobre prochain, un programme
Beethoven (Quatuor à cordes opus
74 "Harpes") et Schoenberg
(Sextuor "Verklärte Nacht").
Le Quatuor de Genève
retrouvera donc en octobre l’Aula
de l’Ecole Allemande, en compagnie de l’altiste Frédéric Kirch et
du violoncelliste François Guye.
u Du 29.10. au 17.11. : LA DÉRIVE DES
CONTINENTS, m.e.s. et chor. Philippe
Saire. Vidy-Lausanne, salle René
Gonzalez, à 19h30, dim à 18h30,
relâche le dim 4.11. (rés.
021/619.45.45 - www.billetterievidy.ch)
divers
u Du 15 au 17.10. : POINT. VIRGULE,
mini-festival étudiant en ouverture
de saison culturelle. La Grange de
Dorigny (rés. 021/692.21.24)
. dimanche 13 octobre
2013 à 16h
François Guye
Billetterie : 022/306.07.80
www.vernier.ch/billetterie
Charles Apothéloz, mar à 21h, merjeu à 19h (rés. 021/619.45.45 www.billetterie-vidy.ch)
u Du 8 au 13.10. : GIACOMO de et
m.e.s. Massimo Furlan et Claire De
Ribaupierre. L’Arsenic, ma/je/ve/sa à
19h, me à 20h30, di à 18h ([email protected] / 021/625.11.36)
u Du 9 au 13.10. : LE BLEU DE
MADELEINE ET LES AUTRES de Anne
Luthaud, accueil de la Cie Les
Arrosoirs, m.e.s. Anne-Marie
Marques, dès 6 ans. Le petit théâtre, me à 17h / sa et di à 14h et 17h
(rés. www.lepetittheatre.ch)
u Du 23 au 30.10. : LA PAIRE DE
CHAUSSURES de Pierre Gripari, m.e.s.
Mathias Demoulin et Lionel Frésard,
dès 3 ans. Le petit théâtre, me à 15h
/ sa et di à 11h, 15h et 17h (rés.
www.lepetittheatre.ch)
u Du 25.10. au 2.11. : LA RONDE
d'Arthur Shnitzler, m.e.s. Valentin
Rossier, par l’Helvetic Shakespeare
Cie. La Grange de Dorigny, ma-je-sa
à 19h / me-ve à 20h30 / di à 17h
(rés. 021/692.21.24)
u Du 29.10. au 2.11. : LES FEMMES
SAVANTES de Molière, m.e.s. Denis
Marleau. Vidy-Lausanne, salle
Charles Apothéloz, à 19h (rés.
021/619.45.45 - www.billetterievidy.ch)
u Du 29.10. au 2.11. : ALL APOLOGIES
/ HAMLET, m.e.s. Alexandre Doublet,
création. L’Arsenic, ma, je, sa 19h /
me, ve 20h30 ([email protected] / 021/625.11.36)
u Du 29.10. au 17.11. : NUL N’A LE
DROIT DE MOURIR ICI de Yan Walther
par le Théâtre de la Recherche,
m.e.s. Yan Walther. Pulloff théâtres,
a
g
mer + ven à 20h, mar, jeu + sam à
19h, dim à 18h (réservations
021/311.44.22
ou
sur
www.pulloff.ch)
u Du 30.10. au 24.11. : STAYING ALIVE
de et m.e.s. Antonio Buil, Delphine
Lanza, Paola Pagani et Dorian
Rossel. Vidy-Lausanne, salle La
Passerelle, à 20h, dim à 18h, relâche
lun et dim 3.11. (loc. 021/619.45.45)
u 31.10., 1er et 3.11. : CÉLIMÈNE ET
LE CARDINAL par la Cie Motamot,
m.e.s. Rodolphe Ittig. Espace culturel des Terreaux, jeu à 19h, ven à
20h, dim à 17h (loc. http://www.terreaux.org/)
opéra
u 2.10. : Conférence Université.
LAKMÉ, Conférencier: Philippe
Bornet. Grange de Dorigny à 17h15
(www.unil.ch/lettres)
u 4, 6, 9, 11, 13.10. : LAKMÉ de Léo
Delibes. OCL & Chœur de l'Opéra
de Lausanne, dir. Miquel Ortega,
m.e.s. Lilo Baur. Opéra de Lausanne,
ve à 20h / di 6 à 17h / me à 19h / di
13 à 15h (Billetterie : 021/315.40.20,
lun-ven de 12h à 18h / en ligne et
infos : www.opera-lausanne.ch)
u 8.10. : Midi-récitals - Artistes de
LAKMÉ. Salle de l'Opéra de Lausanne
à 12h15 (billets sur place).
u 27.10. : L’ORFEO de Monteverdi.
Ensemble Elyma, dir. Gabriel
Garrido, dans le cadre du Festival
Bach de Lausanne, en coproduction
avec l’Opéra de Lausanne. Opéra de
Lausanne à 17h (Billetterie :
021/315.40.20, lun-ven de 12h à 18h
/ www.opera-lausanne.ch)
e
n
AILLEURS
ambronay
FESTIVAL
(rés. 04.74.38.74.04, www.ambronay.org, www.concertclassic.com)
u mer. 2.10. : NUITS OCCITANES,
Ensemble Céladon. Prieuré de Blyes
à 20h30
u jeu. 3 et ven. 4.10. : ORFEO,
Académie d’Ambronay. Théâtre de
Bourg-en-Bresse à 20h30
u ven. 4.10. : IMPROS RENAISSANCE,
ArFolia Libra. Chapiteau à 21h
u sam. 5.10. : Jeunes Ensembles,
CAPELLA SANCTAE CRUCIS. Salle
Monteverdi à 17h
u sam. 5.10. : MATER DOLOROSA, Les
Talens Lyriques & C. Rousset.
Abbatiale à 20h30
u sam. 5.10. : TITI ROBIN TRIO.
Chapiteau à 21h
u sam. 5.10. : LA RÊVEUSE, Jordi
Savall. Abbatiale à 20h30
u dim. 6.10. : LE CLAVECIN FRANÇAIS,
Christophe Rousset. Abbatiale à 11h
u dim. 6.10. : SONGES SACRÉS,
Ensemble Les Surprises. Tour
Dauphine à 14h30
u dim. 6.10. : LA COUR D’ÉOLE, Cie La
Corde à vent. Chapiteau à 15h
u dim. 6.10. : LE CONCERT DES
NATIONS, Jordi Savall. Abbatiale à
17h
annecy
BONLIEU SCÈNE NATIONALE aux Haras
d’Annecy, sauf mention contraire
(rens./rés. 04.50.33.44.11 / [email protected])
u 8, 9, 11, 12, 13, 15, 16, 18, 19,
20, 22, 23.10. : GOLGOTA par
Bartabas et Andrés Marin
d
a
m
u 15.10. : MAXIME LE FORESTIER,
Musique
u 15.10. : INVENTIONS, cycle des
concertos pour vent de Mozart.
Orchestre des Pays de Savoie, dir.
Nicolas Chalvin, Camille Joutard,
hautbois (Mulsant, Mozart,
Janacek, Vanhal). Annecy, Eglise
Sainte Bernadette (infos.+33
(0)4.79.33.42.71)
u 17.10. : JEAN DUBÉ, musique
u Du 29 au 31.10. : DOGORIANS de
et m.e.s. Etienne Perruchon
annemasse
RELAIS CHÂTEAU-ROUGE à 20h30
sauf mention contraire (loc.
+33/450.43.24.24)
u 2.10. : UNE RACLETTE par le
Collectif Chiens de Navarre, m.e.s.
Jean-Christophe Meurisse
u 3 et 4.10. : CHIEN, FEMME, HOMME
de Sybille Berg, m.e.s. Nora
Granovsky
u 8.10. : DIALOGUE WITH ROTHKO,
chor. et avec Carolyn Carlson
u 9.10. : BOCAL QUINTET
u 11.10. : JEAN-LOUIS MURAT
u 15 et 16.10. : LES JEUNES de et
m.e.s. David Lescot
u 18.10. : LE BOCAL, jazz
fribourg
THÉÂTRE EQUILIBRE
Salle Equilibre à 20h (billetterie :
Fribourg Tourisme 026/350.11.00 /
[email protected])
Equilibre: +41 26 350 11 00
u 3.10. : ORCHESTRE DE CHAMBRE
FRIBOURGEOIS, Concert 1, dir.
Laurent Gendre, CÉDRIC PESCIA,
piano (Mozart, Schubert, Wagner)
u 8.10. : INANNA, chor. Carolyn
Carlson
la chaux-fds
ARC EN SCÈNES. CENTRE NEUCHÂTELOIS
DES ARTS VIVANTS sauf mention
contraire (loc. 032/967.60.50)
u 3.10. : EUROPA GALANTE, dir. Fabio
Biondi, ROBERTA INVERNIZZI, soprano,
MARINA DI LISO, contralto (Pergolesi,
Hasse, Porpora, Porsile). Salle de
Musique à 20h15
(Billetterie
032/967.60.50 ou www.arcenscenes.ch/programme/societe-demusique/en-cours/)
u 12.10. : hors saison : LE REQUIEM de
Mozart. Salle de musique
u Du 18.10. au 3.11., Temple allemand : LA MOUETTE de Tchekhov,
m.e.s. Jean-Michel Potiron
u 19.10. : hors saison. ANNE
ROUMANOFF. Salle de musique
a
g
é
m
e
En région franco-suisse
JazzContreBand
La 17e édition du festival se déroulera du 3 au 26 octobre 2013 et
offrira 45 concerts répartis sur 18 salles de la région franco-suisse.
Les artistes réunis pour l’occasion sont originaires de la région
genevoise - ainsi de la Fanfareduloup Orchestra -, de France voisine comme Titi Robin - ou font partie des grandes pointures internationales, tels
Joshua Redman ou
John Abercrombie...
Parmi les salles
concernées par ce festival, il y a du côté
français le Brise Glace
et le Jazz Club
d’Annecy, le Château
Rouge d’Annemasse ou
la Maison des Arts de
Thonon-les-Bains. Du
côté helvétique, citons
le Chat Noir de
Carouge, l’Epicentre
de Collonge-Bellerive
Joshua Redman
ou
l’Echandole
d’Yverdon-les-Bains,
sans compter le Forum de Meyrin ou la Ferme Asile de Sion.
. du 3 au 26 octobre 2013
Programme complet et informations pratiques disponibles sur : www.jazzcontreband.com
u 22.10. : LA RONDE de Schnitzler,
m.e.s. Valentin Rossier
u 29.10. : STUTTGARTER PHILHARMONIKER, dir. Toshiyuki Kamioka, ALEXEI
VOLODIN, piano (Tchaikovsky,
Rachmaninov, Boro-dine). Salle de
Musique à 20h15
(loc.
032/967.60.50 ou www.arcenscenes.ch/programme/societe-demusique/en-cours/)
u 30.10. : MOLLY BLOOM d'Ulysse
Joyce
martigny
FONDATION GIANADDA à 20 h,
dimanche à 17 h, sauf mention
contraire (loc. 027/722.39.78)
u 2.10. : EUROPA GALANTE, dir. Fabio
Biondi, ROBERTA INVERNIZZI, soprano,
MARINA DI LISO, alto, (Hasse,
Porpora, Porsile, Perglesi)
u 16.10. : RENAUD CAPUÇON, violon,
YAN LEVIONNOIS, violoncelle, DAVID
KADOUCH, piano (Brahms)
u Du 16 au 20.10. : OCCIDENT de
Rémi De Vos, m.e.s. Frédéric
Dussenne. Théâtre Alambic, Hôtelde-Ville 4, le 16 à 20h30, les 17 et 18
à 19h30, le 19 à 19h, le 20 à 17h
(rés./loc. 027/722.94.22)
e
n
meyrin
FORUM MEYRIN à 20h30 sauf mention contraire (loc. 022/989.34.34)
u 3 et 4.10. a 20h30 : THE SUIT. Can
Themba – Peter Brook. Spectacle en
anglais, surtitres en francais
u 9.10. à 20h30 : THE UKULELE
ORCHESTRA OF GREAT BRITAIN
u 15 à 18h et 16.10. à 16h : MARRONS
ET CHÂTAIGNES par la Compagnie Nid
de Coucou (rencontre avec la Cie à
l’issue des représentations)
u 18.10. à 20h30 : JazzContre-Band.
LES RIVES - TITI ROBIN
u 29 et 30.10. à 20h30 : LE TRIOMPHE
DE L’AMOUR de Marivaux, m.e.s. Galin
Stoev
mézières
THÉÂTRE DU JORAT à 20h, dim à 17h,
sauf mention contraire
(rés. : www.theatredujorat.ch/)
u 3, 4 et 6.10. : MONSIEUR CHASSE!, de
Feydeau, m.e.s. Robert Sandoz.
monthey
THÉÂTRE DU CROCHETAN à 20h30
(loc. 024/471.62.67)
u 1.10. : KATIA GUERREIRO, fado
u 4.10. : GUY BEDOS : RIDEAU!, m.e.s.
Roger Louret
d
a
n
t
o
u 8.10. Théâtre du Martolet :
VOLPONE OU LE RENARD de Ben
Jonson, m.e.s. Nicolas Briançon
u Du 10 au 12.10. Hôpital de
Malévoz : PIECES OF ME, par la
Compagnie Cocoondance chor.
Rafaële Giovanola
u 12.10. Théâtre Les Halles à Sierre :
DRIFT par la Compagnie Greffe, chor.
Cindy Van Acker
u 16.10. Théâtre de l'Alambic :
OCCIDENT de Rémi De Vos, m.e.s.
Frédéric Dussenne
u 19.10. : LE ROI SE MEURT d'Eugène
Ionesco, m.e.s. Georges Werler
u 23.10. : ROMÉO ET JULIETTE, une
création au Pays du Soleil Levant de
Shakespeare, m.e.s. Omar Porras
u 25.10. : GASPARD PROUST TAPINE
morges
THÉÂTRE DE BEAUSOBRE à 20h
(loc. 024/471.62.67)
u Du 7 au 9.10. : OLIVIER DE BENOIST
u 11 et 12.10. : UNE JOURNÉE ORDINAIRE d'Eric Assous, m.e.s. JeanLuc Moreau
u 29 et 30.10. : STEFAN EICHER
neuchâtel
THÉÂTRE DU PASSAGE. A 20h, di à 17h
(loc. 032/717.79.07)
u Du 2 au 4.10. : HISTOIRES CONDANSÉES de et par Foofwa d’Imobilité
u 18, 19, 20, 22, 23, 24, 25, 26, 29,
30 et 31.10. et du 1 au 3.11. : LA
MOUETTE d’Anton Tchekhov, m.e.s.
Jean-Michel Potiron
u 23, 25, 26, 27.10. : PERLIMPINPIN &
COMPAGNIE
d’après
Gaetano
Donizetti, m.e.s. Frédéric Mairy
u 24.10. : UN MARI IDÉAL d’Oscar
Wilde, m.e.s. Pierre Bauer
u Du 29 au 31.10. et du 1er au 3.11.:
DRACULA MON HISTOIRE d’Alan
Committie et Gaetan Schmid, m.e.s.
Nathalie Juvet
THÉÂTRE DU POMMIER à 20h, di à 17h
sauf mention contraire
(loc. 024/471.62.67)
u 5.10. à 17h : LE GÉNIE DE LA BOÎTE
DE RAVIOLIS & ALBERTINE ZULLO. Cie
Quatuor 4elles (CH)
u Du 17 au 23.10. : LES COURTES &
LABICHE par Cie Jehanne04 UnLtd,
m.e.s. Sylviane Röösli
u Du 24 au 26.10. à 20h : SANDRA
QUI? par la Cie Carré Rouge, m.e.s.
Sandra Amodio
u 25 et 26.10. à 21h : FESTIVAL LA
SUPÉRETTE & ELECTRONIQUE par la Cie
Musiques actuelles
u 30.10. au 2.11. à 15h : L’ECUYÈRE
d’après Elzbieta par la Cie Fantôme.
93
m
é
m
e
nyon
USINE À GAZ sauf mention contraire
(loc. 022/361.44.04)
u 4.10. : WAYNE PAUL, Café-concert,
Electro-Dub
u 6.10. : Les Matinales. LAWRENCE
POWER, alto et violon, SIMON
CRAWFORD-PHILLIPS, piano (Brahms,
Hindemith). Grande salle de la
Colombière à 11h15 (billetterie :
Service culturel Migros, Migros
Nyon-La Combe, Stand Info
Balexert)
u 10.10. : L'AGENCE LOUIS FRANÇOIS
PINAGOT, Les artistes de la contrefaçon, m.e.s. Christian Geffroy
Schlittler, Théâtre
u 11.10. : GUILLAUME PERRET & THE
ELECTRIC EPIC, Concert assis, Jazzrock
u 18.10. : ARTHUR SAM, Café-concert,
rock-folk
u Du 25 au 26.10. : NYON'S ON FIRE
FESTIVAL, métal-rock-électro
94
onex
SPECTACLES ONÉSIENS, salle communale à 20h30 (loc. 022/879.59.99
ou SCM 022/319.61.11)
u Du 1er au 3.10. : GUY BEDOS
u 16.10. : BRIGITTE ROSSET SMARTIES, KLEENEX ET CANADA DRY
u 18.10. : ANA MOURA, Fado
u 31.10. : MARC PERRENOUD TRIO
plan/ouates
ESPACE VÉLODROME, sauf avis
contraire (loc. 022/888.64.60)
u 17.10. La Julienne : OCHUMARE, la
voix des Orishas, Concert
u 31.10. : ROCCHIPÉDIA (Massimo
Rocchi), Théâtre
pully
L’OCTOGONE, à 20h30 sauf mention
contraire (loc. 021/721.36.20)
u 3.10. : BESTIAIRE D'AMOUR d'après
la série Green Porno, m.e.s. Muriel
Mayette, Spectacle-rencontre
u 5.10. à 19h / hors saison :
Amdathtra musiques du monde.
KURDISTAN ET TUNISIE, Miço Kendes,
chant buzuk, Hussein Zahaway,
daf, Amine et Hamza M’Raïhi, oud
quanun
u 8.10. Pour l'Art et le Lutrin :
CYCLE 1 - TRIO OSTROVSKI, MAROSI,
WALKER (Mozart, Beethoven,
Tchaikovski)
n
t
o
La Grange au Lac, Evian
Marie-Nicole Lemieux & Sandrine Piau
L’œuvre du compositeur allemand Georg Friedrich Haendel sera magnifiquement servie par deux cantatrices
d’exception lors de la soirée du 12 octobre à La Grange au Lac.
En effet, les duos «Our Limpid streams» («Joshua») ou «From this dread scene» («Juda Macchabeus») et les airs
«Where shall I fly» («Hercules») ou «As with rosy steps the morn» («Theodora») seront interprétés par la contralto
Marie-Nicole Lemieux et la soprano
Sandrine Piau.
Elles seront accompagnées par
l’Ensemble Il Pomo d’Oro avec, à la direction et au premier violon R. Minasi. Les
musiciens de ce groupe comptent parmi les
meilleurs au monde dans le domaine de
l’interprétation sur instruments d’époque.
Une soirée qui s’annonce grandiose !
Marie-Nicole Lemieux
© Denis Rouvre
u 10.10. : RACE de David Mamet,
m.e.s. Pierre Laville, Théâtre
u 30.10. : JEAN-LOUIS MURAT,
Musique
sion
THÉÂTRE DE VALÈRE à 20h15, sauf mention contraire (loc. 027/323.45.61)
u 3 et 4.10. : MARC DONNET-MONAY
TRANSMET SA JOIE de et par Marc
Donnet-Monay
u 9.10. : HITCH d’Alain Riou et
Stéphane Boulan, m.e.s. Sébastien
Graal
u 19.10. Théâtre Alambic, Martigny
: OCCIDENT de Rémi de Vos
u 22.10. : UN MARI IDÉAL d'Oscar
Wilde, m.e.s. Pierre Bauer
thonon-évian
MAISON DES ARTS, ESPACE MAURICE
NOVARINA à 20h30, sauf mention
contraire (loc. 04.50.71.39.47 ou en
ligne : billetterie.mal-thonon.org)
u 2.10. Théâtre de l'Arsenic,
Lausanne : UNE RACLETTE par les
Chiens de Navarre, m.e.s. JeanChristophe Meurisse, création
u Du 2 au 4.10. : 24H DE LA VIE D’UN
HOMME ORDINAIRE par Hyacinthe
Reisch. Cirque
u 5.10. : JOHN ABERCOMBIE QUARTET,
Jazz
u 8.10. Château Rouge, Annemasse :
CAROLYN CARLSON de, avec et chor.
Carolyn Carlson
u Du 9 au 11.10. / Théâtre du Casino,
Evian : POUR UN OUI OU POUR UN NON de
Nathalie Sarraute, m.e.s. René Loyon
u 12.10. / Gtrange au Lac à 20h,
Evian : MARIE-NICOLE LEMIEUX et
. Samedi 12 octobre à 20h
Sandrine Piau
© Antoine LeGrand/Naive
réservation au 04 50 71 39 47
SANDRINE PIAU avec l'ORCHESTRE IL
POMO D'ORO (Haendel)
u 17 et 18.10. : MICHE ET DRATE, PAROLES BLANCHES de Gérald Chevrolet,
m.e.s. Christian Duchange
u 19.10. / Grange au Lac à 20h,
Evian : JOSHUA REDMAN QUARTEt, Jazz
u 22 et 23.10. / Espace Tully : LE
SAKAKOUA de Philippe Campiche,
m.e.s. Isabelle Bouet
vevey
THÉÂTRE. À 19h30, dimanche à 17h
sauf mention contraire
u 3 et 4.10. : 120 SECONDES PRÉSENTE LA SUISSE de et avec Vincent
Kucholl et Vincent Veillon
u 6.10. : ALDEBERT - Enfantillages 2,
u 8.10. à 19h30 : Arts & Lettres.
LAWRENCE POWER, alto et violon,
SIMON CRAWFORD-PHILLIPS, piano
(Brahms, Hindemith).
u 10.10. : IL BACIO DI VERDI de
l'Opéra de Poche de Fribourg, dir.
et piano Anthony di Giantomasso
u 12.10. : LA RONDE d'Arthur
Schnitzler, m.e.s. Valentin Rossier
u 26.10. : GASPARD PROUST de et par
Gaspard Proust, dès 16 ans
u 29.10. : MA MARSEILLAISE de
Darina Al Joundi, m.e.s. Alain
Timar, dès 14 ans
u Du 31.10. au 3.11. : OrientalVevey. LES TRUBLIONS de Marion
Aubert. Par la Distillerie Cie. Église
Ste-Claire, je 19h | ve-sa 20h | di
17h30 (rés. au 021 923 74 50)
a
g
e
villars s/glâne
ESPACE NUITHONIE
Salle Mummenschanz à 20h, sauf
mention contraire (billetterie :
Fribourg Tourisme 026/350.11.00 /
[email protected])
Nuithonie: +41 26 407 51 51
u 4 et 5.10. : FRANÇOIS D'ASSISE, Cie
du Passage, m.e.s. Adel Hakim
u 12 et 13.10. : FONTAINE, JE BOIRAIS
DE TON EAU, par le Collectif Utilité
Publique, chor. Corinne Rochet et
Nicholas Pettit
u 17.10. : LES ANNÉES, Yvette
Théraulaz, chant
yverdon
THÉÂTRE BENNO BESSON sauf mention
contraire (loc. 024/423.65.84)
u 11.10. : FRATRICIDE de Dominique
Warluzel, m.e.s. Delphine de
Malherbe
u 25.10. : STRADIVARI QUARTETT
(Beethoven, Chostakovitch, Schubert)
u 30.10. : STATIONNEMENT ALTERNÉ de
Ray Cooney, les Amis du Boulevard
romand, m.e.s. Antony Mettler
THÉÂTRE DE L’ECHANDOLE (loc.
024/423.65.84 ou 024/423.65.89
une heure avant le spectacle)
u 4.10. : RAAGA TRIO, Jazz
u 6.10. : TOUR DE CHAMBRE de et par
Florence Grivel
u Du 9 au 11.10. : ENCORE! de et par
Eugénie Rebetez
u 26 et 27.10. : LE SAKAKOUA par
Philippe Campiche et Jacques
Bouduban
n
d
a
Saison de concerts 2013 | 2014
ÉVIAN-LES-BAINS
Marie-Nicole Lemieux | Sandrine Piau | Orchestre Il Pomo d’Oro
Streams of pleasure | Programme Haendel
Direction musicale et premier violon : Riccardo Minasi | Marie-Nicole Lemieux, contralto | Sandrine Piau, soprano
Samedi 12 octobre | 20h
Orchestre des Pays de Savoie | Romain Leleu | Bertrand Chamayou
Reflets Slaves | Direction musicale : Nicolas Chalvin | Romain Leleu, trompette | Bertrand Chamayou, piano | PROGRAMME : &KRVWDNRYLWFK1HUXGD'YRĔ¢N(OJDU
Samedi 23 novembre | 20h
Quatuor Jerusalem
PROGRAMME : Brahms, Chostakovitch
Vendredi 13 décembre | 20h
Orchestre des Pays de Savoie | Tedi Papavrami
Haute École de Musique de Genève
Au-delà des frontières, entre romantisme et modernité | Direction musicale : Nicolas Chalvin | Tedi Papavrami, violon
PROGRAMME : 3URNRILHY'YRĔ¢N&RPSRVLWLRQGşXQªWXGLDQWGHODFODVVHGH0LFKHO-DUUHOO
Samedi 25 janvier | 20h
Orchestre des Pays de Savoie | Choeurs et Solistes de Lyon-Bernard Tétu
Musique sacrée du 20e siècle | 'LUHFWLRQPXVLFDOH%HUQDUG7ªWX_PROGRAMME : %ULWWHQ3RXOHQF)DXUª
Samedi 29 mars | 20h
Natalie Dessay | Philippe Cassard
Natalie Dessay, soprano | Philippe Cassard, piano | PROGRAMME : Schumann, Brahms, Pfitzner, Strauss, Poulenc, Duparc, Chausson, Debussy,...
Samedi 10 mai | 20h
Orchestre des Pays de Savoie | Cédric Tiberghien | Sophie Karthäuser
Cantabile, Récital lyrique Mozart | Direction musicale : Nicolas Chalvin | &ªGULF7LEHUJKLHQSLDQR_Sophie Karthäuser, soprano
Samedi 24 mai | 20h
Alexandre Tharaud | Jean-Guihen Queyras
$OH[DQGUH7KDUDXGSLDQR_-HDQ*XLKHQ4XH\UDVYLRORQFHOOH | PROGRAMME : Bach, Brahms, Webern
Samedi 7 juin | 20h
Jazz à la Grange
Joshua Redman Quartet . Samedi 19 octobre | Madeleine Peyroux . Vendredi 8 novembre
Manu Katché . Samedi 8 février | Brad Mehldau Trio . Vendredi 28 février
Sylvain Luc | Stefano Di Battista Quartet . Samedi 12 avril | Tous les concerts Jazz sont à 20h
Scènes magazine
Case postale 48
CH - 1211 Genève 4
PP
1200 Genève 4
Téléchargement