scènes magazine julia bauer : lakmé à l’opéra de lausanne ISSN 1016-9415 256 / octobre 2013 CHF. 10.-- 7 € [ ORCHESTRAL ] CONCERTS DU DIMANCHE L’ O r c h e s t r e L’ de Chambre de Genève LOCG A R I E VA N B E E K DIRECTION RONALD BRAUTIGAM PIANO Maurice Ravel (1875-1937) Le Tombeau Tombeau de Couperin Francis Poulenc (1899-1963) Aubade, concerto chorégraphique pour piano et dix-huit instruments Peter-Jan Peter -Jan Wagemans Wagemans (né en 1952) Viderunt V iderunt omnes Arthur Honegger (1892-1955) Symphonie no 4 H 191, « Deliciae Basilienses » 20-10-2013 17 heures Billetterie : Espace Ville Ville de Genève Pont de la Machine 1, Maison des arts du Grütli Rue du Général-Dufour 16, Genève Tourisme Tourisme Rue du Mont-Blanc 18, Cité Seniors Rue Amat 28, Victoria Victoria Hall Rue du Général-Dufour 14, une heure avant le concert. Renseignements 0800 418 418 gratuit (Suisse) +41 22 418 36 18 payant (Etranger) Billetterie en ligne : http://billetterie-culture.ville-ge.ch Prix CHF 25.CHF 15.-, A AVS VS CHF 13.-, chômeurs, étudiants, jeunes CHF 10.-, 20ans/20francs CHF 8.-. Abonnements CHF 144.- et CHF 96.-. Chèques culture acceptés. Salle équipée d’une boucle magnétique pour malentendants. Accès pour handicapés Genève, ville de culture www.ville-geneve.ch www .ville-geneve.ch Jean-Marc Humm atelier de création visuelle, la fonderie www www.jmhumm.ch .jmhumm.ch s o m m a i r e 6 cinéma 6 7 8 9 10 10 12 cine die / raymond scholer un château en italie / emilien gür cinémas du grütli : brian de palma / christian bernard dvd : serguei paradjanov / laurent darbellay lausanne underground film festival / frank dayen festival lumière, lyon / christian bernard les films du mois / serge lachat, françois zanetta 16 musique 16 17 18 19 20 21 21 22 23 24 25 ronald brautigam & l’ocg / pierre jaquet leon fleisher et l’ocl / beata zakes maria joao pires / martine duruz emmanuel pahud / emmanuèle rüegger temps & musique : lawrence power / pierre jaquet fondation gianadda, martigny : saison / yves allaz concours clara haskil : christian budu, 1er prix / yves allaz jazz onze+ / frank dayen concerts alternance : saison / christian bernard festival de lucerne / emmanuèle rüegger agenda genevois / martina diaz 26 opéra 26 28 30 32 34 36 37 38 39 40 41 57 58 entretien : anna caterina antonacci / françois lesueur opéra de lausanne : saison / éric pousaz entretien : eric vigié / éric pousaz entretien : julie bauer / éric pousaz entretien : lilo baur / éric pousaz entretien : philippe béran / serge lachat entretien : olivier desbordes / pierre-rené serna entretien : giancarlo del monaco / pierre-rené serna entretien : annalisa stroppa / gabriele bucchi entretien : david hermann / martine duruz entretien : gabriel garrido / serene regard mémento pesaro, festival : cru 2013 / françois jestin, frank fredenrich 42 saisons d’opéra 42 43 43 43 44 46 47 48 49 49 50 51 52 opernhaus zurich / éric pousaz opéra de bâle / éric pousaz opéra de berne / éric pousaz théâtre de vevey / yves allaz scènes lyriques parisiennes / pierre-rené serna opéras de berlin / éric pousaz opéras de madrid / pierre-rené serna opéras de vienne / éric pousaz covent garden, londres metropolitan de new york opéras en italie opéra de lyon / christine ramel opéra de montpellier / françois jestin 256 / octobre 2013 52 53 53 54 55 56 56 opéra de marseille / françois jestin opéra du rhin, strasbourg / éric pousaz opéra de monte-carlo / françois jestin grand théâtre de genève : le programme opéra d’avignon / françois jestin opéra de nice / françois jestin opéra de saint-étienne / françois jestin 60 théâtre 60 61 62 63 64 65 66 67 68 comédie / jérôme zanetta entretien : darina al joundi / laurence tièche chavier comédie de genève : pompée / sophonisbe / rosine schautz vidy : les femmes savantes / nancy bruchez éloge funèbre : michel viala / rosine schautz éloge funèbre : jean-marc stehlé / rosine schautz théâtre des amis : un mari idéal / catherine graf forum meyrin : le triomphe de l’amour / rosine schautz vidy : hamlet selon ostermeier / bertrand tappolet 69 saisons 2012-2013 69 70 71 72 73 74 75 76 79 79 théâtre du grütli / laurence tièche chavier maison des arts, thonon / firouz e. pillet bonlieu annecy / jérôme zanetta théâtre du galpon / laurent darbellay lausanne : le grand-8 / romeo cini entretien : jean liermier / firouz e. pillet à l’affiche à carouge : au bord de l’eau entretien : fabrique melquiot / firouz e. pillet spectacles onésiens / firouz e. pillet théâtre des marionnettes / firouz e. pillet 80 expositions 80 80 81 81 82 82 83 83 84 mémento beaux-arts : france biennale de lyon mémento beaux-arts : ailleurs caixa forum, barcelone : pissarro mémento beaux-arts : suisse romande musée de l’élysée : sebastiao salgado - genesis mémento beaux-arts : suisse alémanique musée jenisch, vevey : oskar kokoschka la fondation auer pour la photographie / françoise-h. brou 85 paris 85 86 87 87 88 88 sélection musicale d’octobre / françois lesueur théâtre de l’œuvre : et jamais nous ne serons séparés / j. roche mémento expositions grand palais : félix vallotton - le feu sous la glace mémento théâtre la danse en octobre / stéphanie nègre 89 les mémentos ABONNEZ-VOUS! Découvrez chaque mois dans nos pages : L’actualité culturelle d’ici et d’ailleurs Cinéma Concerts Livres Opéra Critiques Danse Expositions Théâtre Entretien Avant-Premières Mémento Scènes Magazine - Case postale 48 - 1211 Genève 4 Tél. (022) 346.96.43 / de France +41 22 346.96.43 www.scenesmagazine.com / e-mail : [email protected] COMMANDE D’ABONNEMENT scènes magazine Nom Prénom Adresse Code Postal Localité Pays o un abonnement (10 numéros) à 80 SFrs / Europe : 120 Sfrs. / hors Europe : 140 Sfrs. o un abonnement France (10 numéros) à 70 € o un abonnement de soutien (10 numéros) à 100 SFrs à partir du N° A renvoyer à SCENES MAGAZINE CP 48 - 1211 GENEVE 4 - Suisse avec le règlement par chèque ou virement sur le CCP Scènes Magazine 12-39372-8 Date Signature EDITO direction Frank Fredenrich, Jean-Michel Olivier, Jérôme Zanetta comité de rédaction Christian Bernard, Serge Bimpage, Françoise-Hélène Brou, Laurent Darbellay, Frank Dayen, Martine Duruz, Frank Fredenrich, FirouzElisabeth Pillet, Jérôme Zanetta éditeur responsable Saison morte teiger, Vachoux, Stehlé, Viala. Et Roland Sassi… Une génération s’en est allée. Adieu les mises en scène pensées ‘en distance’, adieu les poèmes déclamés en dictions impeccables, adieu les décors fantasques, adieu les rebelles attitudes plurielles, adieu les acteurs. E finita la commedia… S Genève est orpheline, la Genève du jeu passionné, inventif jamais éphémère ou désinvolte, la Genève des arts du spectacle est veuve aujourd’hui mais elle se souvient. Steiger, l’analyste brechtophile fulgurant s’en est allé il y a un an déjà, Vachoux, l’amoureux jalousement épris de poésie resté vent debout, debout jusqu’au bout, est parti lui aussi, Stehlé, l’inventeur de toutes ces boîtes de Pandore qui s’ouvraient sur tant de trésors d’imagination a quitté la scène dans la chaleur de cet été, et puis Roland Sassi le génial metteur en ondes, et ensuite, point d’orgue, Viala le Magnifique… Frank Fredenrich publicité Viviane Vuilleumier secrétaire de rédaction Julie Bauer collaborateurs Yves Allaz, Philippe Baltzer, Julie Bauer, James Berclaz-Lewis, Christian Bernard, Nancy Bruchez, Gabriele Bucchi, Claudia Cerretelli, Romeo Cini, Sarah Clar-Boson, Martina Diaz, Catherine Fuchs, Catherine Graf, Emilien Gür, Bernard Halter, Christophe Imperiali, Pierre Jaquet, François Jestin, Régine Kopp, Serge Lachat, Frank Langlois, David Leroy, François Lesueur, Anouk Molendijk, Michel Perret, Eric Pousaz, Stéphanie Nègre, Christine Pictet, Christine Ramel, Serene Regard, Nancy Rieben, Christophe Rime, Julien Roche, Emmanuèle Rüegger, Maya Schautz, Rosine Schautz, Raymond Scholer, Pierre-René Serna, Bertrand Tappolet, Laurence Tièche Chavier, Tuana Gökçim Toksöz, David Verdier, Christian Wasselin, Beata Zakes, François Zanetta, Valérie Zuchuat maquette : Viviane Vuilleumier imprimé sur les presses de PETRUZZI - Città di Castello, Italie Cette troupe hétéroclite, sortie des années effervescentes qui ont vu éclore une certaine idée du théâtre, a rendu non les armes, mais ses tabliers bigarrés, précisément à l’heure où l’on essaie de fédérer ici ou là les divers métiers de cet art dramatique toujours polychromique, polysémique et définitivement polyvalent. Au loin, dans les nuages gorgés de pluies qui pèsent des tonnes nous diton, il reste des images, des idées, des attitudes, des couleurs fortes en goût, il reste une mémoire peut-être volatile, mais certainement pas dérisoire, il reste, si l’on accepte de regarder en avant, une électricité à même d’apporter non seulement de la lumière, mais aussi de l’énergie pour donner l’envie aux jeunes générations de continuer à faire un théâtre intelligent, à produire du sens et du sentiment, à générer des vocations belles, généreuses à l’instar de ce qu’ont su imposer ces hommes, ces artistes. Désormais, ce sera aux anciens spectateurs et autres compagnons de travail de perpétuer en leur souvenir, au détour de quelques phrases prononcées à la volée, la réputation de cette génération qui leur a ouvert les yeux, côté cour, côté jardin. Côté vies. RS/SCENES MAGAZINE scènes magazine case postale 48 - 1211 Genève 4 Tél. (022) 346 96 43 de France 00-41-22 346 96 43 www.scenesmagazine.com e-mail : [email protected] c i n é le cinéma au jour le jour Cine Die NIFFF 2013 6 Le festival de films fantastiques, sans doute pour pallier l’absence notoire de films de science-fiction dans la sélection 2013, avait invité un écrivain prestigieux du genre en tant que membre du jury international. Je veux parler d’Orson Scott Card, auteur d’œuvres aussi réputées que Ender’s Game/La Stratégie Ender (1985) et sa suite Speaker for the Dead/La Voix des Morts (1986). L’adaptation cinématographique du premier par Gavin Hood sort d’ailleurs ces jours-ci sur les écrans civilisés. Arrière-arrièrepetit-fils de Brigham Young, Card est tombé tout naturellement dans la potion magique des Mormons. Et c’est ce qui fait tout son charme : comment concilier le refus de l’évolution et la croyance en une date précise de la création du monde (en 3989 avant J.C., si je ne m’abuse) avec les infinis de l’espace et du temps qui préoccupent d’ordinaire les littérateurs de SF ? Il n’est pas étonnant que lors de sa master class, Card insistait sur le fait que les gens les plus intolérants étaient ceux qui affirmaient n’avoir pas de religion. Et de mentionner parmi les nouvelles religions celle du « soi-disant réchauffement planétaire». Personne dans le public bien élevé n’a osé broncher. En guise d’ouverture et de clôture, deux films d’exception escamotés par nos distributeurs, Stoker et Byzantium. Dans les deux cas, des femmes de tête se rendent indépendantes en éliminant les mâles. Dans Stoker de Chan-Wook Park, India (Mia Wasikowska) se retrouve orpheline de son père chéri, le jour de ses 18 ans, et estime que son oncle Charlie, surgi de nulle part pour les funérailles, est très louche. D’autant plus que Maman Kidman semble très attirée par son regard bleu et ses manières douces. Quand il casse la nuque d’un jeune homme qui s’apprêtait à la violer, India éprouve un violent émoi sexuel. A partir de ce moment, son apprentissage (du mal) sera fulgurant. Composé de plans calculés au pied à coulisse et d’une beauté sidé- m a Byzantium est la deuxième incursion de Neil Jordan dans le film de vampires (après Interview with the Vampire en 1994). Les règles diffèrent légèrement de la tradition: les vampires vivent à la lumière du jour, ne peuvent naître qu’à la suite d’un rituel dans un lieu unique sur une île reculée dont la localisation ne se transmet qu’entre initiés, et les femmes sont exclues de leurs rangs par principe. Clara (Gemma Arterton), ayant été réduite par des militaires à l’état abject d’esclave sexuelle à l’époque napoléonienne, découvre le secret de l’île et s’initie elle-même, scellant ipso facto sa condamnation aux yeux des autres vampires. Elle dépasse les bornes en initiant plus tard sa fille Eleanor, rendue syphilitique par l’ordure même qui a dépucelé Clara seize ans plus tôt. Les deux femmes vampires doivent se cacher en permanence de vampires chasseurs lancés à leurs trousses et se trouvent acculées à une vie d’errance peu propice à des gagne-pain stables. La mère se prostitue tout naturellement et ne se gêne pas de vider ses clients de leur sang quand les circonstances l’ordonnent ou le permettent. La fille n’a pas une telle soif de vengeance : elle se contente de se servir auprès de personnes en fin de vie qui ne demandent qu’à « partir ». Ainsi deux siècles se sont écoulés. Eleanor est lasse d’être condamnée au secret et à la solitude et découvre l’amour chez un garçon atteint de leucémie. Elle songe alors à lui faire cadeau de la vie éternelle. Totalement original dans son traitement de la gent et des coutumes vampiriques, le film n’a guère rencontré d’écho auprès de la tribu Twilight. Kiss of the Damned, le premier long métrage de la fille aînée de John, Xan (diminutif d’Alexandra) Cassavetes, a été nettement plus apprécié, sans doute parce qu’il se pare d’un discours moralisateur : les vampires s’y conduisent de manière civilisée et ne boivent que du sang animal. Mais dans chaque communauté, il y a un mouton noir, incarné ici par l’exubérante Roxane Mesquida, qui boit le sang des humains à grandes gorgées et à qui il arrive d’induire - dans le but ultérieur de les faire chanter - ses cousines abstinentes en tentation, p. ex. en leur présentant une jeune vierge qui s’est coupé les lèvres avec un verre ébréché. Heureusement que la vilaine tentatrice doit éviter, au petit matin, un chevreuil et que sa voiture percute un arbre : lorsqu’elle reprend conscience, le soleil est levé et elle se traîne, blessée, vers la maison, tandis que des cloques se multiplient sur sa peau… et qu’une servante assiste avec délectation à son agonie. Mort classique depuis Dracula (Terence Fisher, 1958). Dans Chimères du Neuchâtelois Olivier Beguin, un touriste suisse, ayant subi une transfusion sanguine en Roumanie, se transforme doucement en vampire avec tout ce que cela implique, photophobie et force physique surhumaine. Il en profite pour trucider quelques loubards avant de s’exploser le crâne, d’hématophagie las. Sa femme, ayant gardé une ampoule du sang de son mari à des fins d’analyse, s’injecte la dose et continue le travail de salubrité publique effectué par icelui. Sa mission accomplie, elle s’expose, sereine, aux rayons du soleil levant. Enfance abusée Mia Wasikowska dans «Stocker» rante, le récit tisse une atmosphère de suspicion, de tension et de secrets qui trouve son expression symbolique dans cette coquille d’œuf qu’India démolit lentement sur la table de la cuisine ou dans ce congélateur qui contient bien plus que des provisions. L’auteur de Old Boy (2003) réussit pour son premier film américain un coup de maître d’autant plus admirable qu’il a dû diriger les acteurs au moyen d’un interprète. Hitchcock tirerait son chapeau. Vampires a c t Dark Touch de Marina de Van (qui a remporté à juste titre le « Narcisse » du meilleur film) a comme héroïne une fillette de onze ans, Niamh, probablement abusée, qui se rend compte qu’elle peut faire bouger les objets à distance. Elle met à profit ce pouvoir psychokinétique pour tuer ses parents et mettre le feu à la maison. Elle sauve des petits voisins des sévices de leur mère et prend même en pitié les poupées maltraitées par les fillettes de son école, qui lui font sentir qu’elle n’est pas la bienvenue. Elle décide de se suicider avec les enfants martyrisés, et de faire s’écrouler l’école sur les autres. Comme la loi française ne permettait pas de faire tourner pareil manifeste de désespoir à des enfants français, le film s’est fait en u a l i t é c i n é m a UN CHÂTEAU EN ITALIE de Valeria Bruni Tedeschi Yannick Rosset dans «Chimères» Irlande. Niamh agit avec une violence aveugle, car elle n’arrive pas à décoder les gestes des gens gentils : même sa famille d’accueil y passe. Dans Haunter de Vincenzo Natali, Abigail Breslin découvre petit à petit qu’elle fait partie des morts qui hantent la maison d’un tueur en série qui a sévi pendant 60 ans en faisant disparaître des jeunes filles dans un four installé dans le sous-sol. La jeune fille de la famille installée depuis 2012 dans la maison la contacte (elle qui « vit » en 1985), par le truchement de reflets dans le miroir, pour lui faire savoir que son propre père est possédé par l’âme du tueur et que sa famille souffre le martyre. Dans la lignée de The Others (Alejandro Amenabar, 2001), soit du point de vue des fantômes. Dans Au Nom du Fils, le Belge Vincent Lannoo propose une sorte de solution finale au problème des prêtres pédophiles. Une famille ultracatholique coule des jours heureux sous les ailes du Seigneur : la maman console les affligés dans son émission radio de l’Eglise, le papa s’entraîne avec son fils aîné dans les camps d’été des Croisés de Pie XII. Jusqu’au jour où son revolver enrayé envoie Pater ad Patres. Le fils se laisse alors apprivoiser par le gentil aumônier Achille. Lorsqu’Achille est envoyé « ailleurs » par le diocèse, l’adolescent se suicide de désespoir. La mère exige une enquête sur Achille et lorsque l’évêque évoque la perversité innée des enfants et l’absence de preuves, elle l’occit à coups de Bible bien portés et rafle le dossier des prêtres pédophiles avérés. Les meurtres qu’elle perpètre sont bien sûr mis sur le compte d’intégristes musulmans. Un geste de pardon final recadre le récit dans une optique chrétienne. Une riche famille italienne périclite : le frère (Filippo Timi) souffre du sida, la sœur (Valeria Bruni Tedeschi) avance dans la vie sans repères, vit une aventure tumultueuse avec un acteur (Louis Garrel) qui lui aussi patauge, la mère (Marisa Borini) se sent seule, l'état des finances est désastreux, si bien que le patrimoine familial doit être vendu. Tout va mal et personne ne sait faire face aux épreuves qu'il faut affronter. Mais cela va de soi. Les personnages sont riches, par conséquent fous, dégénérés et tourmentés. Quelle autre réaction pourrait-on attendre de leur part que de faire profil bas ? C'est le propre des riches, semble nous dire Valeria Bruni Tedeschi ! Il est vrai, Un Château en Italie tombe vite dans la sociologie de bas étage et décline une belle série de clichés. On éprouve une certaine gêne face à ce film : il est difficile de croire à cette histoire, à ces personnages ; tout est trop simple, pour ne pas dire trop simpliste. Comment prendre au sérieux cette galerie de personnages, qui manquent de consistance et ne servent qu'à illustrer - ou plutôt caricaturer - un statut social ? Il ne suffit pas en effet d'un jeu hystérique et d'un air affolé pour que Louise, la sœur, acquière du relief et de la profondeur. La caricature, en effet, n'a jamais été une solution. C'est d'autant plus regrettable que les toutes premières scènes s'avéraient prometteuses : on découvrait une Valeria Bruni Tedeschi sur le qui-vive, loin de la surenchère émotionnelle dans laquelle elle se complaît trop volontiers par la suite. Riches et pauvres Eega des Indiens S.S. Rajamouli et J.V.V. Sathyanarayana était la surprise inattendue du festival : un mélange savant d’animation et d’action live sur un rythme frénétique pour raconter l’histoire d’une vengeance à laquelle le spectateur ne peut qu’adhérer. Un riche gangster a jeté son dévolu sur une superbe artiste courtisée également (avec son assentiment) par un jeune homme pauvre. Le riche fait tuer le pauvre et l’âme de celui-ci investit une mouche de passage, qui n’a désormais qu’un but dans sa courte existence : rendre la vie du méchant aussi insupportable que possible. Elle profite de l’aide de la jeune fille qui lui confectionne lunettes et masque à gaz à sa taille. Bref, il faut le voir pour le croire : le meilleur film bollywoodien du millénaire et le prix du jury Mad Movies. Cheap Thrills de l’Américain E.L. Katz est un jeu de massacre exemplaire sur la fin de la civilisation. Deux pauvres hères au bout du rouleau sont dragués par un couple riche pour fêter l’anniversaire de Madame. Le mari propose des paris et offre à chaque fois une somme d’argent au gagnant. Les enjeux et défis vont montant : boire des mixtures, déféquer sur le tapis du voisin, baiser Madame, se couper le petit doigt, le manger, tuer le copain. Les acteurs sont criants de vérité et le spectacle révoltant, mais la vérité sous-jacente n’en est que plus évidente. Au mois prochain Raymond Scholer «Un Château en Italie» Au lieu d'émouvoir, bien des scènes mettent mal à l'aise par leur simplisme grandiloquent. Celle de l'enterrement du frère fait office d'exemple. En plein milieu de la cérémonie, un ami d'enfance (Xavier Beauvois) fait irruption – il est maintenant alcoolique, sans le sou, rejeté par tous – et interrompt le discours funèbre du prêtre (un éloge de la souffrance). C'est une scène très émouvante, sans doute. Comment penser le contraire ? Comment ne pas verser des larmes face à l'arrivée fracassante, au milieu des grands de ce monde, de cet homme simple qui vient remettre les pendules à l'heure ? Comment ne pas être touché par cette harangue confondante de naïveté, qui nous enseigne que la douleur est une chose atroce, contrairement à ce que l'Eglise voudrait bien faire croire ? Ce malheureux, s'il est menacé d'être mis à la rue, au moins est-il plus proche de la vérité que cette assemblée d'hommes et de femmes fortunés. Au bout du compte, il est peut-être préférable d'être pauvre. Eux seuls savent nous faire comprendre que « le ciel est vide ». Comme le cinéma de Bruni Tedeschi ? Emilien Gür a c t u a l i t é 7 c i n é m a les cinémas du grütli Brian De Palma revisité Sept films de Brian De Palma seront à l’affiche en octobre. De Phantom of Paradise (1974) à Redacted (2007), l’occasion de voir ou revoir quelques films majeurs d’un cinéaste auteur d’une oeuvre aussi passionnante que cohérente. 8 Un personnage récurrent des films de De Palma est un technicien de l’image et du son - figure du cinéaste - au travail. Au travail, c’est-à-dire en train d’interroger sans fin les images et les sons pour tenter de dévoiler ce qu’ils cachent. Petite entrée dans les vertigineuses mises en abyme qu’affectionne un cinéaste dont les films ne cessent jamais d’interroger le cinéma et, plus récemment, l’inflation et l’hyper-médiatisation des images et des sons avec leur conséquence politique, qui est de cacher toujours plus de réalité. Comme Scorsese, De Palma est un cinéaste qui a vu tous les films. Ceux d’Hitchcock en particulier, à commencer par Vertigo et Psycho, mais aussi Blow Up d’Antonioni ou Conversation secrète de Coppola. Ils ont été pour lui comme des choc primitifs. Comme un peintre qui étudie les maîtres, il reprend leurs idées et leurs formes pour se les approprier. D’où un cinéma hanté, plein de fantômes, cherchant, tel le héros de Vertigo, à faire revivre ce qui n’est plus, mais en même temps un cinéma explorant de nouvelles formes. Le spectateur, lui, est de toute manière pris par un art virtuose du récit, mais s’il est en plus cinéphile, il se transforme en limier pour repérer les prélèvements et les citations, toujours objets de déplacements qui en transforment la signification. Double, voyeurisme… Les grands thèmes de sa filmographie ? Le double (grand thème hitckockien objet de variations infinies), le voyeurisme (autre thème hitchkockien), le péché et son châtiment, les pulsions sexuelles destructrices, l’enfer- «Phantom of Paradise», 1974 a c t mement. Le tout indissociable d’une mise en scène où tout (storyboard, mouvements de caméra, focales, effets particuliers) est préparé à l’avance. Poussant le souci du détail jusqu’à la maniaquerie, De Palma appartient de plein droit à la famille des cinéastes perfectionnistes où il côtoie Kubrick, Polanski et bien sûr Hitchkock. Dans l’ordre chronologique de leur réalisation, on pourra voir Phantom of Paradise (1974) d’après le roman de Gaston Leroux Le Fantôme de l’Opéra, une combinaison des mythes de Faust, de Frankenstein et du Portrait de Dorian Grey d’Oscar Wilde. Puis Obsession (1976), parfait démarquage de Vertigo dont la structure scénaristique est fidèlement reprise : un homme aime une femme, la perd dans des circonstances tragiques, la retrouve quelques années plus tard pour s’apercevoir qu’il a été le jouet d’une machination. Le rythme lent, l’athmosphère oppressante doivent beaucoup à la musique omniprésente de Bernard Hermann, compositeur attitré d’Hitchcock, qui disait à la fin de sa vie considérer sa partition pour Obsession comme sa plus grande réussite. Dressed to Kill (Pulsions) (1980) marque un dépassement dans le rapport au maître: Si Obsession reflétait respect et admiration, Pulsions sera le film de la transgression. En se concentrant sur certaines scènes clés du cinéma d’Hitchkock (la scène du musée de Vertigo, la scène de la douche de Psycho, plus quelques autres) qu’il va mêler les unes aux autres, De Palma reconstruit un puzzle qui n’appartient qu’à lui. 20 ans ont passé depuis Psycho : L’implicite sexuel hitchkockien cède la place à un explicite flirtant avec la pornographie. Le trouble identitaire homme/femme de l’assassin devient plus inquiétant. Certains plans à coups de miroirs, de vitres et d’écrans esquissent un dispositif panoptique typique de ce que De Palma développera par la suite en particulier dans Snake Eyes. Avec le personnage de Peter, petit génie de la technologie menant son enquête avec les moyens du cinéma (mise sur écoute du commissariat, filmage en super 8 des clients du docteur Elliott), on assiste à une première incarnation d’un cinéaste à l’intérieur de la fiction. Cinéma politique Blow out (1981) est l’occasion pour De Palma de faire un film où la politique est inscrite. Il mêle deux référents, l’assassinat du Président Kennedy et l’affaire de Chappaquidick (le sénateur Ted Kennedy fut responsable d’un accident de voiture qui coûta la vie à l’une de ses collaboratrices et ne se rendra à la police que quelques jours après le drame, provoquant une vague de suspicion). Un des plus beaux De Palma, une parabole de la tentative de mise au jour des secrets de la politique par les moyens du cinéma à travers le personnage joué par Travolta, autre double de De Palma. Blow Out forme une espèce de trilogie avec le Blow Up d’Antonioni (1966) et Conversation secrète de Coppola (1974). Body Double (1984) poursuit la méditation sur les apparences et le travestissement. Plaçant son héros, Scully, un acteur raté jouant les doublures dans d’improbables films de vampires, dans la situation de voyeurisme du héros de Vertigo et de Fenêtre sur cour (joué dans les deux cas par James Stewart), De Palma livre une version qu’il décrit comme cheap des deux films. Là encore, grand film sur le cinéma, un adieu aussi à un cinéma hollywoodien révolu où des passions fortes habitaient les héros. Carlito’s Way (1993) ou vie et mort de Carlito Brigante (Al Pacino) et de son avocat véreux (Sean Penn). Des scènes grandioses (la fin dans Grand Central station) pour ce film de gangsters. Redacted (2007) est peut-être LE film sur la guerre en Irak et sa médiatisation. Les leçons du Viet-Nam (guerre perdue à la télé- u a l i t é c i n é m a serguei paradjanov enfin en dvd Poésie visuelle Dans la palette des réalisateurs soviétique révélés durant les années 60, le premier nom qui vient à l'esprit est bien sûr celui d'Andrei Tarkovski, dont la carrière est jalonnée d'œuvres majeures du septième art. Mais un autre metteur en scène de cette génération a tout autant marqué l'histoire du cinéma : Serguei Paradjanov, né à Tbilissi en 1924 et mort à Erevan en 1990. «Carlito’sWay», 1993 vision) ayant été retenues, la réalité des guerres ultérieures a été totalement censurée. C’est contre cette censure que De Palma s’insurge en racontant le quotidien de cinq soldats d’une compagnie affectée à un check-point. Chaque voiture est une menace potentielle, la mort peut survenir à chaque instant, la peur, la pression sont constantes. Qu’une mine explose et la vengeance s’abat sur les civils dans l’horreur la plus totale. Tous les types d’images numériques sont convoqués pour des points de vue multipliés : il y a les images du soldat Salazar tenant son journal de guerre caméra au poing et informations de cadre inscrites à l’écran; celles d’un étrange reportage télé d’une équipe française; celles des journalistes embarqués, embedded, payés pour montrer ce qu’on leur dit de montrer; celles de la chaîne arabe A TV (pour Al Jazeera), ses flashs spéciaux, ses témoignages de victimes; celles des caméras de surveillance; celles des blogs d’épouses de soldats; celles des sites islamistes; celles des videos sur YouTube, celles des communications via Skype. De Palma pose comme personne avant lui la question des effets de cette multiplicité des supports numériques. Les images de la guerre peuvent-elles encore être contrôlées quand chaque soldat, chaque protagoniste, peuvent produire des images à l’heure des portables ? Redacted est un grand film sur un sujet majeur somme toute très peu traité au cinéma. Christian Bernard a c t u Sa trajectoire, tout comme celle de son compatriote Tarkovski, a été passablement tourmentée, pour d'évidentes raisons d’anticonformisme esthétique et de déviance idéologique face à la norme artistique soviétique. Plusieurs années de prison parsèmeront ainsi la vie de ce créateur hors-normes, qui verra son travail systématiquement censuré. Malgré toutes ces difficultés et en dépit de nombreux projets avortés, Serguei Paradjanov a pu réaliser plusieurs films, dont les 4 principaux sortent enfin en DVD aux éditions Montparnasse dans un beau coffret, enrichi de nombreux bonus (courts-métrages et documentaires). Les Chevaux de feu, qui date de 1965, est non seulement l'œuvre la plus célèbre de son auteur, mais également celle qui a contribué à révéler Paradjanov au public occidental. C'est aussi le premier de ses longs métrages où il peut travailler de manière totalement indépendante. L'histoire, c'est celle d'une passion éternelle, que même la mort ne peut arrêter et où se reflètent de nombreux amours mythiques, de Roméo et Juliette à Orphée et Eurydice. Sur ce récit qui lorgne constamment du côté du rêve et du fantastique vient se calquer un travail magistral de mise en scène, traversé d'un grand souffle de liberté; la caméra, dans un rythme haletant, traverse l'espace en tous sens, entre travellings et contre-plongées, dans un esprit ardemment baroque et furieux. L'aspect plastique des Chevaux de feu est tout aussi hallucinant, qu'il s'agisse des tons outrés qui parsèment le film, du passage de la couleur à un noir-blanc morbide, ou encore de la capacité du cinéaste à élaborer un regard poétique au détour d'un visage ou d'un paysage. De plus, en situant l'action dans les Carpates, parmi les Goutzouls au riche folklore, Paradjanov révèle sa fascination pour les traditions ancestrales et intègre à son œuvre de multiples motifs de la vie quotidienne (cérémonies et chants envoûtants) et de la culture de ce peuple. Sayat Nova (La Couleur de la grenade, 1968) est lui aussi totalement fascinant, et peut- a l i t être encore plus novateur. Paradjanov choisit en effet d’évoquer la vie et de l’œuvre du grand poète arménien du XVIIIème siècle SayatNova, via une suite de ce qu’on peut appeler, faute de mieux, des tableaux vivants poétiques. Ces plans fixes frontaux, où la profondeur de champ est réduite au minimum et qui sont souvent sans paroles, évoquent les moments clés de la vie du poète, mais s’ils contiennent parfois des personnages, la caméra peut aussi se concentrer sur des objets, des calligraphies, des symboles. Surgissent alors sous les yeux du spectateur des sortes de natures mortes enchantées, à la fois surréalistes et profondément ancrées dans l’Arménie de l’époque. La légende de la forteresse de Souram (1984) marque brillamment le retour de Paradjanov à la réalisation après quinze ans d'inaction forcée et plusieurs années de prison. On y retrouve son intérêt pour les légendes, ici celles de la Géorgie médiévale, entre événements fantastiques et parcours initiatique, entre malédiction et dialogue entre les cultures. La mise en scène est toujours aussi libre et inventive dans cette évocation d’une forteresse qui ne cesse de s’écrouler au moment où sa construction est achevée. Enfin, Achik Kérib (1988) prolonge cette veine moyenâgeuse, puisque le film évoque, dans l'esprit de la chanson de geste, l'histoire éternelle d'un poète pauvre et amoureux d'une belle jeune fille, dont le riche père s'oppose au mariage. Paradjanov tient ici la gageure d'organiser son récit non seulement dans l'esprit de la fable, du conte, mais également de rendre visuellement, dans toute sa littéralité, cet univers merveilleux. Ainsi, sans effets de distanciation, se retrouve-t-on face à un cheval volant ou à d'autres figures pittoresques de l'Orient, dans un mélange de naïveté feinte et de confiance dans la puissance poétique des images. Laurent Darbellay Paradjanov (Coffret 4 DVD), Editions Montparnasse, versions originales sous-titrées français. é 9 c i n é m a lausanne underground film festival LUFF Cinéma Bis, série B, films X, série Z, nanars… Depuis quelques années, le LUFF occupe une case de la cinéphilie romande jamais explorée : le cinéma expérimental, c'est-à-dire, celui des essais cinématographiques, celui des métrages tournés par ceux qui tentent, osent, expérimentent, et s'amusent aussi. 10 Et, en 12 éditions, le petit festival a su trouver une crédibilité qui lui a valu jadis le soutien de l'Office Fédéral de la Culture, et lui vaut toujours la collaboration de la Cinémathèque Suisse et celle, occasionnelle, de la Section Cinéma de l'UNIL et de l'ECAL. L'an dernier, l'avenir du LUFF a été fragilisé par l'interdiction de la part de la municipalité lausannoise et de la police de faire venir le groupe anarcho-punk gaélique Oi Polloi, sous prétexte de prévenir un trouble à l'ordre public - quand bien même ce groupe est accueilli dans les pays voisins. Fort de cette injonction qui va à l'encontre même des principes de la liberté d'expression qui fondent et légitiment le festival underground, le LUFF avait failli claquer les portes de Montbenon pour entrer dans une dissidente clandestinité. Après une grosse beuglée, l'amour de l'exhibition a finalement prévalu, et le LUFF propose une programmation 2013 dans ses lieux habituels. Elle vaut le coup de projecteur ! Pour vivre heureux, vivons cachés, et mangeons des sushis. Katsu Kanai demeure encore un inconnu, mais il n'est pourtant pas tombé de la dernière pluie. «Ses films sont géniaux», s'enthousiasme Julien Bodivit, responsable de la programmation cinéma du LUFF. «Avec son style japonais, surréaliste, comparable à Shuji Terayama, mais en plus cru, Katsu Kanai n'a jamais fait de concession : c'est un marginal qui, non seulement produit en toute indépendance, mais encore distribue ses films lui-même.» Ce qui explique peut-être qu'il n'est pas très connu. Il ne fait même pas partie de l'association des cinéastes japonais indépendants. L'autre raison de sa discrétion est politique : «Ses films mettent le doigt sur les plaies nippones: les origines historiques coréennes du Japon, un tabou aujourd'hui encore pour qui connaît le racisme dont sont capables les Japonais envers leurs voisins coréens», explique Julien Bodivit. Le LUFF présente l'intégralité de ses six films, tournés entre 1969 et 2007. Les surprises ! Shocking ! Le LUFF 2013 programme un film pour enfants. Les 5000 Doigts du Dr T (1953) de Roy Rowland ont des accents timburtoniens puisqu'adaptés du Dr Seuss. Alors, hérétique, le LUFF ? Que nenni, puisque ce classique fait partie d'une carte blanche accordée à l'Américain Jello Biafra, ex-chanteur du groupe punk Dead Kennedys, militant écologiste du Greenparty, qui est tout de même arrivé 4e aux municipales pour la mairie de San Francisco en 1979. Oxymore ambulant (Jell-O et le Biafra), le militant promet d'autres coups d'éclat. Autre surprise, le film d'ouverture, bien que projeté en première suisse, date de 1995 ! Son réalisateur, Sion Suno, vient en effet d'en terminer le montage. Julien Bodivit commente : «Bad film a été tourné à l'arrache, dans un style guérilla, en totale indépendance, à la limite de l'illégalité puisque filmé sans autorisation. L'ironie c'est que l'auteur du mythique a c t «The 5,000 Fingers of Dr. T.» Suicide Club (2002) se trouve, depuis, invité dans les grands festivals du film (Cannes, Venise…)». Le film de clôture, lui, est un thriller historico-fantastique signé du Britannique Ben Wheatley. A Field in England raconte comment un alchimiste teste ses champignons hallucinogènes sur des déserteurs durant la première Révolution anglaise. «A son propos aussi, nous dénonçons le primat de l'hypocrisie de la logique commerciale sur la reconnaissance du talent artistique», continue le directeur du LUFF. «Son film Les Touristes (2012) a été projeté dans les cinémas Pathé parce que c'est une comédie tout public, alors que son dernier film ne le sera vraisemblablement pas.» Une chance donc de le voir au festival. Hormis ces événements, le LUFF permet aussi de (re)découvrir les œuvres des cinéastes et plasticiens disparus Walerian Borowczyk (Polonais, collaborateur de Chris Marker) et Marcel Broodthaers (poète belge, admirateur de Magritte et Mallarmé), ou d'admirer celles du touche-à-tout français F.J. Ossang (chanteur, écrivain, cinéaste influencé par Burroughs, Lautréamont, Céline ou Artaud). Le cinéaste sud-africain Richard Stanley (Hardware; Le Souffle du démon) revient pour présenter un documentaire et l'acteur Christophe Bier (complice de Mocky) accompagnera une nuit cinéphage inédite où seront projetées des productions de l'Eurociné, équivalente de la Hammer en France dans les années 60. Frank Dayen LUFF, du 16 au 20 octobre, Casino de Montbenon et Cinémathèque Suisse; www.luff.ch La 5e édition du Festival Lumière se déroule à Lyon du 14 au 20 octobre 2013 Avec cent films projetés dans une quarantaine de salles de cinéma et de spectacle du Grand Lyon en 250 séances, des copies neuves ou restaurées, le festival Lumière célèbre le cinéma en tant que patrimoine. Au rayon rétrospectives, les cinéphiles auront le choix entre Ingmar Bergman (14 films restaurés), le cinéaste américain Hal Ashby à qui l'on doit des films comme Harold et Maude et Le Retour, Henri Verneuil (ses films en noir et blanc des années 1951 à 1964, parmi lesquels La Table-aux-Crevés et Mélodie en sous-sol). Des hommages seront rendus à Germaine Dulac, Christine Pascal, Lino Brocka et Charles Vanel. Le prix Lumière sera remis le 18 octobre à Quentin Tarantino, qui succède ainsi à Clint Eastwood, Milos Forman, Gérard Depardieu et Ken Loach. Grand ciné-concert mercredi 16 octobre avec un film muet d'Alfred Hitchcock Blackmail (1929) - embryon de l’œuvre à venir - avec l'Orchestre national de Lyon dirigé par Leonard Slatkin. Copie restaurée par le British Film Institute. Musique de Neil Brand (composée en 2008 et inédite en France) orchestrée par Timothy Brock. Enfin, pour la première fois, le Festival Lumière accueillera un marché du film classique qui regroupera des professionnels venus du monde entier dans le but de dynamiser et de faciliter les échanges autour du cinéma de répertoire. Christian Bernard u a l i t é Théâtre musical Théâtre musical Marrons et Châtaignes Le Triomphe de l’amour Cie Nid de Coucou Marivaux – Galin Stoev 15 oct. à 18h et 16 oct. à 16h 29 et 30 oct. à 20h30 Musique Musique Les Rives Abd Al Malik Titi Robin L’ Art et la Révolte 18 oct. à 20h30 Librement inspiré d’Albert Camus 6 nov. à 20h30 forum-meyrin.ch / Théâtre Forum Meyrin, Place des Cinq-Continents 1, 1217 Meyrin Billetterie + 41 22 989 34 34 du lu au ve de 14h à 18h Photo © Serge Picard Service culturel Migros Genève / Stand Info Balexert / Migros Nyon-La Combe c i n é m a Berger) qui évoquent l’accession douce-amère à l’âge adulte et la mélancolie des amours ratées, et par de subtils échos formels (au mépris de tout réalisme, l’héroïne se dédouble pour s’observer au moment de la perte de sa virginité, dédoublement qui sera repris dans différentes scènes « au miroir »), Ozon réussit à dessiner le portrait d’une adolescente d’aujourd’hui en préservant son mystère. Aidé en cela par son actrice Marine Vacth (une véritable révélation) qui garde son opacité sans jamais n’être qu’une surface « vide » et qui fascine par la vie intérieure qu’on sent vibrer en elle. Aidé aussi par les autres comédiens qui tous, même le jeune frère, « sonnent juste ». Il réussit enfin, et ce n’est pas rien, à capter l’attention de son spectateur au long d’une histoire sans dramaturgie forte, sans suspense, sans retournements spectaculaires, toute en suggestions sur le savoir acquis de son héroïne et sur sa possible identité enfin trouvée… Les films du mois Serge Lachat 12 ELLE S’EN VA «Jeune & Jolie» © Filmcoopi JEUNE & JOLIE de François Ozon, avec Marine Vacth, Géraldine Pailhas, Charlotte Rampling, Frédéric Pierrot… (F, 2012) Le film, qui court sur les 4 saisons, commence en été : sur la plage, une jeune fille en fleur, observée à la jumelle par son jeune frère, rêve justement de la perdre, sa fleur. Et tout le monde semble l’y encourager : son frère, sa mère, son beau-père tous unanimement poussent Isabelle à inviter un jeune Allemand rencontré sur la plage. Il fera l’affaire pour qu’elle devienne femme, mais sa maladresse et/ou cette approbation familiale font qu’Isabelle le condamne rapidement à quitter la scène. Mais, comme le dit le dernier vers du poème de Rimbaud Roman qu’elle étudie en classe, « sur vos lèvres alors meurent les cavatines » : après l’effervescence estivale des possibles, la tristesse automnale s’installe. Apparemment déçue du peu de changement qu’apporte dans sa vie cette découverte de la sexualité et de son pouvoir de séduction, Isabelle, en fille d’aujourd’hui, va chercher sur internet une réponse à son vague à l’âme. Cette réponse prend la forme de passes qu’elle fait après ses cours. D’évidence, elle ne se prostitue pas pour de l’argent, ni pour le plaisir. On n’est pas non plus dans la provocation de Belle de Jour de Bunuel, à peine sur le terrain de a l’interdit ! Une des qualités du film d’Ozon est de nous laisser imaginer les mobiles de la jeune fille sans nous donner de réponse : rien ne semble vraiment « toucher » Isabelle sinon peut-être (mais si peu) l’intérêt que lui témoigne un de ses clients. Le film prend un tournant plus dramatique en hiver, lorsque ce client âgé décède pendant l’amour : Isabelle est alors contrainte de sortir de sa clandestinité, la police voulant s’assurer que, mineure, elle n’est en main de personne et se prostitue de son plein gré. On devine le remueménage et les questionnements qui fusent dans la famille, le désarroi de la mère. Mais tous les appels à s’expliquer demeurent lettre morte. Ni les proches, ni le psy ne feront vraiment sortir Isabelle de son opacité. Au printemps, le dernier mouvement du film suggère une tentative de retour à une vie « normale », mais celle-ci se révèle toujours aussi insatisfaisante : une vague histoire d’amour avec un étudiant de son âge ne réussit qu’à la ramener à internet. Avec pour surprise finale un rendez-vous avec la femme du client défunt, véritable « punctum » du film. La première réussite du film d’Ozon, c’est d’avoir évité non seulement le côté scabreux du sujet, mais aussi le film « à thèse », le sujet de société. Loin de toute « sociologisation » et de toute psychologisation, au gré d’un travail d’épure et de mise en scène de rituels, jouant sur l’identification et la distance avec des chansons de Françoise Hardy (dont deux écrites par Michel c t u a d’Emmanuelle Bercot, avec Catherine Deneuve, Claude Gensac, Camille, Mylène Demongeot… (France, 2013) Curieuse impression que donne ce film divisé en 2 parties fort différentes. Dans la première, Bettie (Catherine Deneuve), qui tient avec sa mère un restaurant dans le nord de la France, apprend que son amant est parti avec une femme beaucoup plus jeune à laquelle il a fait un enfant. Sous le choc, Bettie quitte le service pour aller chercher des cigarettes, dit-elle. Mais de nos jours, avec les campagnes anti-tabac, chercher des cigarettes peut devenir une expédition qui vous entraîne loin de chez vous. Cette première partie du film est de loin la plus intéressante : elle nous entraîne dans la France profonde, dans des lieux rarement filmés par le cinéma français (cafétéria glauque, discothèque ringarde, zones péri-urbaines,…). Comme dans un road-movie (« on se croirait en Amérique », dit Bettie) elle croise un vieux aux doigts déformés par l’arthrite qui met un temps fou à lui rouler une cigarette (ce qui lui permet de raconter qu’il ne s’est jamais marié à cause de la promesse faite à sa fiancée mourante), un jeune séducteur de banlieue qui la saoule avant de lui faire l’amour en pensant à la beauté qu’elle devait être plus jeune comme il le lui avoue cruellement le lendemain ! Et la cinéaste prend son temps, fait fi des canons de l’efficacité dramaturgique, ce qui donne au film un rythme et un ton l i t é c i n é m a originals. Malheureusement, cette touche personnelle disparaît dans la deuxième partie, dès le moment où sa fille Muriel qui vient de trouver un travail loin de son domicile demande à Bettie (avec laquelle elle a des rapports difficiles pour le moins) d’amener son petit-fils à son grandpère paternel. Se succèdent alors des scènes au goût de déjà-vu où le garçon et sa grand-mère s’apprivoisent réciproquement, avant « la scène à faire » : Bettie participe à une séance photo qui, pour une pub, réunit les « Miss France » de la fin du siècle passé. Scène complètement ratée : « sur-dialoguée », elle aligne tous les clichés sur la façon dont chacune a vieilli, le tout dans un stress qui sonne faux, mais qui provoque un malaise de Bettie. Grosse ficelle scénaristique : celle-ci se retrouve à l’hôpital soignée par un médecin rogue qui se révèle être le grand-père paternel ! A partir de là, comme dans un mauvais Sautet, tout le monde se retrouve dans une magnifique maison de campagne où, après quelques règlements de comptes hystériques filmés comme dans un téléfilm du dimanche soir, la cinéaste tombe dans les bons sentiments et la guimauve d’une réconciliation générale qui me laisse pantois. Comme de plus sa direction d’acteurs (souvent amateurs) laisse à désirer, même la présence de Catherine Deneuve dans presque chaque plan ne parvient pas à empêcher le naufrage ! Serge Lachat BLUE JASMINE de Woody Allen. Avec Cate Blanchett, Alec Baldwin, Sally Hawkins, Bobby Cannavale, Andrew Dice Clay, Louis C.K., Peter Sarsgaard. Comme un diamant bleu clair percé par saccades, le nouveau film de Woody Allen, Blue Jasmine, brille d'une lumière noire, mélancolique, cruelle, comme une Amérique contemporaine traumatisée et désabusée. Le parfum (l'évocation du titre) devrait être doux, il tourne à l'aigre. Le film dresse le portrait de Jasmine, sa vie de luxe à New-York auprès de Hal, un financier véreux, et la chute de celui-ci: l'homme finit (mal) en prison (l'affaire Madoff n'est pas loin), sa femme sans le sou, avec une vie à reconsidérer. Jasmine part alors rejoindre sa sœur Ginger à San Francisco: début d'un recommencement possible... Blue Jasmine comme titre, donne un ton et la couleur. L'évocation d'abord du standard Blue Moon, motif récurrent du film, souvenir musical de la première rencontre avec Hal, comme un rêve, un passé que l'on voudrait toujours présent: Jasmine se souviendra. Il y a le jas- a c t u min justement comme une délicatesse, une fragrance des plus subtile, mais ici comme un parfum qui s'évapore, auquel on est attaché. Le blanc, le bleu du ciel, l'azur. Un avion au-dessus des nuages (c'est le début du film), «Blue Jasmine» © Frenetic films comme dans un conte, et Jasmine redescend sur terre (au deux sens du comme un même personnage envisagé sous d'auterme) pour retrouver Ginger sur la côte Ouest tres coutures. Alice vivait le même luxe que des Etats-Unis. En logorrhée ininterrompue, elle Jasmine mais recherchait un moyen de servir à parle sans écouter, raconte sa vie sans que per- quelque chose, de se révéler à elle-même. Ici sonne ne le lui demande, elle parle encore, des Jasmine ne peut concevoir autre chose que le mots pour combler un manque. La performance monde qui est le sien. Jasmine, incapable à n'être de Cate Blanchett est de ce point de vue stupé- rien d'autre que ses propres rêves. Le film crée fiante. Elle est allénienne en diable (elle a le ryth- par des interstices comme des piqûres de rappels me, le phrasé) mais ne tombe jamais dans la cari- de sa vie d'alors avec Hal, des flashbacks, parfaicature. Il faut observer son visage, faire cette tement amenés (par analogie, opposition ou par expérience, observer ses mouvances, ses abîmes, un vocable), mais qui ne sont que des flèches vioses expressions, ses moments de bonheur, son lentes, des béances par saccades: souvenirs doux désenchantement jusqu'à ce regard de fin, inou- amers au présent de Jasmine. Son regard final est bliable. Un personnage à la fois élégant et pathé- las, triste, presque inconsidéré, sidérée par sa tique, aimable et si retenu à sa seule personne que nouvelle vie qu'il faudra mener. Elle continue de rien ne peut pour elle. On retrouve ici ce que parler, situation identique à la scène initiale, elle Judy Davis (dans Husbands and Wives particuliè- semble abattue. Elle fixe hors champ, dans le rement) pouvait apporter de mieux au cinéma de bleu, loin devant elle. Son visage est boursouflé, Woody Allen: un monde entre névrose et drôle- ses yeux rougis, le rimel a coulé. La révolution rie. Une énergie nécessaire à l'univers du cinéas- (de Jasmine) viendra peut-être, mais seulement te pour que le film tienne pleinement. Ce décala- plus tard. François Zanetta ge du corps au sein d'une situation inattendue: ça balance pas mal et tout à coup les choses de la vie font que le corps a ses manques: c'est le vacille- THE BROKEN CIRCLE ment, le vertige! Cate Blanchett réussit à mer- (Alabama Monroe) de Felix van Groeningen, veille ce frôlement entre sa maîtrise des événe- avec Veerle Baetens, Johan Heldenbergh, Nell ments et la chute si proche, si humaine et de ce Cattrysse… (B, 2012) fait, on le sait maintenant, si drôle. Le monde est Première bonne raison de parler de ce film : double, il se conjugue. Woody Allen décrit justeil peut aussi bien provoquer une réaction de rejet ment deux mondes, celui de Ginger (formidable que fasciner son spectateur. Sally Hawkins, de légèreté et de fantaisie), le San Une autre bonne raison de parler de ce film Francisco coloré, oscillant dans sa géographie et tient à son origine : les films belges sont plutôt dans ses intérieurs de guingois, qui contrastent rares à parvenir jusqu’à nos salles, les films belavec le New-York bien ordré et tenu. Jasmine, ges flamingants encore plus rares ! Et rares sont née Janet, préfère l'élégance de son prénom de ceux auxquels le nom de van Groeningen dira substitution, et sa sœur d'adoption Ginger, plus quelque chose parce qu’ils auront vu La direct, assumant sa vie et se réjouissant de ces Merditude des Choses (2009) qui avait réussi à retrouvailles avec sa sœur: la blonde et la brune, sortir des frontières belges. deux destins. Le jeu du hasard de nos vies restent Le film qui arrive sur nos écrans est tiré toujours au cœur des projets de Woody Allen et d’une pièce de théâtre : The Broken Circle de la manière d'assumer nos destins. Tout est là Breakdown qui a connu un énorme succès en dans ce film si bien dessiné et si drôle aussi par Belgique flamande et aux Pays-Bas et a séduit ses dialogues et ses situations. On pense égalevan Groeningen qui a absolument voulu l’adapment à Alice (Mia Farrow en rôle-titre), mais a l i t é 13 c i n é m a ter. Une pièce écrite par Johan Heldenbergh, l’acteur qui joue Didier, le protagoniste de l’histoire, et qui a laissé toute liberté au cinéaste pour son adaptation. Le film, comme la pièce, raconte l’histoire d’amour de Didier, un marginal fou d’Amérique et qui joue du banjo dans un groupe de bluegrass, une branche de la musique country, et d’Elise qui tient un petit salon de tatoueuse. Emportée par la passion de Didier, Elise finit par chanter dans le groupe de bluegrass. Une fille, Maybelle, les comble de bonheur, mais on lui découvre un cancer à l’âge de 6 ans. A partir de là, le film ne va rien épargner aux spectateurs, ni les visites médicales, ni les rémissions, ni les rechutes, ni la mort de la petite. Van Groeningen prend son spectateur aux tripes et le laisse littéralement « vidé » au terme d’un brassage temporel qui sans cesse fait passer plus, mes goûts musicaux ne me portent pas vers la musique country qui elle aussi déborde de sentimentalité. Mais curieusement, dans ses excès mêmes, dans son manque de retenue, dans son refus de l’ellipse, dans sa volonté de tout montrer et de tout près (ah ! ces incessants gros-plans sur les visages pour y capter douleur ou joie, sur les corps pour en montrer les transes, ces incessants mouvements de caméra…), dans son acharnement à travailler au premier degré dans l’émotion sans limites, le cinéaste m’a emporté parce que son film gagne une sorte de sincérité, d’authenticité rare. Il faut dire qu’il est aidé par des comédiens exceptionnels et par une musique (elle aussi surabondante) à l’énergie et au rythme irrésistibles et par des chansons qui semblent être nées des circonstances dramatiques qui ponctuent le film. Serge Lachat 14 «The Broken Circle» © Filmcoopi des moments de bonheur aux moments de douleur extrême. Pire, non content de décrire sans retenue l’évolution de la maladie et la mort de l’enfant dans la première grande partie du film, le cinéaste, dans la deuxième partie, nous confronte aux déchirements du couple qui ne survit pas à cette mort : Elise cherche une consolation dans une sorte de mysticisme qui lui fait croire à la réincarnation de sa fille en oiseau, ce que Didier condamne absolument, figé dans un rationalisme intolérant. Pire, ils se renvoient la responsabilité de la mort de Maybelle et Elise décide de partir. Mélodrame donc, ou plutôt, comme le dit le réalisateur lui-même, « montagnes russes émotionelles ». Il y a fort longtemps que je n’avais pas été soumis à un tel traitement. Or, a priori, j’ai horreur du cinéma qui ne recule devant rien pour faire pleurer son spectateur (il est facile de faire pleurer avec la mort d’une petite fille). De a THE BUTLER/ (Le Majordome) de Lee Daniels, avec Forest Whitaker, Oprah Winfrey,… (USA, 2013) A l’évidence, ce film répond à une commande à l’occasion de la commémoration des 50 ans du « I have a dream » de Martin Luther King, et son ambition est de raconter les progrès accomplis dans l’égalité des droits entre les races aux Etats-Unis des années 50 à aujourd’hui avec Barack Obama comme président. Pour ce faire, le scénario s’inspire librement de la vraie vie d’Eugen Allen : le film raconte l’histoire d’un Noir depuis le moment où il voit son père tué d’une balle dans la tête parce qu’il proteste lorsque sa femme est violée par le propriétaire de la plantation de coton jusqu’à sa retraite après de nombreuses années passées comme majordome à la Maison-Blanche où il c t u a aura servi pas moins de 7 présidents ! On mesure que même pour un film de plus de 2h15 il est impossible de faire autre chose que de survoler l’Histoire et de ne rien montrer des vrais enjeux politiques et économiques qui ont permis l’évolution des droits des diverses communautés. Cela n’empêche pas le film de rencontrer un énorme succès aux Etats-Unis parce que le cinéaste recourt aux recettes éprouvées : d’abord un casting d’enfer avec Forest Whitaker qui joue le protagoniste, Oprah Winfrey sa femme, Robin William, Eisenhower, John Cusak, Nixon, Jane Fonda, Nancy Reagan, etc… Un habile grimage suffit à dessiner la silhouette de ces personnalités, mais on reste à la limite de la crédibilité et aucun vrai travail d’acteur ne permet d’incarner vraiment ces personnages historiques. Ensuite, autre recette éprouvée, le scénario distribue dans la famille du protagoniste les différentes réactions de la communauté noire par rapport à sa situation: le père, serviteur docile qui s’efforce d’incarner le Noir rêvé par les Blancs ; le fils aîné qui fait des études, d’abord entraîné dans la mouvance pacifiste du pasteur King, puis après l’assassinat de celui-ci et du président Kennedy, dans celle des Black Panthers, avant de se retrouver sénateur démocrate aujourd’hui ( !); le fils cadet, aveuglément patriote qui s’engage dans l’armée après avoir écouté Lyndon Johnson et part au Vietnam où il est très vite tué… On le comprend : l’Histoire dans ce film se réduit à un jeu de figurines qui permet de faire se succéder les étapes les plus connues sans aucune analyse. Le progrès semble inscrit dans une vision téléologique où la fin du film correspond à la fin de l’Histoire puisque l’idéal égalitaire est atteint aux Etats-Unis (modèle à imiter par le monde entier) par la présence d’un Noir à la présidence. Même si la rumeur veut qu’Obama ait pleuré à ce spectacle, les innombrables victimes de la lutte pour l’égalité méritent mieux que cette imagerie d’Epinal ! Serge Lachat LES GRANDES ONDES (A l’Ouest) de Lionel Baier, avec Valérie Donzelli, Michel Vuillermoz, Patrick Lapp… (CH, 2013) Après avoir bien fait rire le public locarnais, il y a de fortes chances pour que la comédie de Lionel Baier déride la Suisse romande. Par l’histoire racontée d’abord : le Directeur de programmes de la Radio suisse romande (Jean-Stéphane Bron !!!) se fait remettre à l’ordre par un Conseiller fédéral qui trouve que sa l i t é c i n é m a ter suisse auquel un obus a fait perdre la mémoire des mots sont écoutés comme paroles d’évangile par les révolutionnaires), moments de comédie musicale, de road movie et de film de charme ! C’est bien là que réside la « Baier’s touch » : traiter de sujets sérieux sans se prendre au sérieux. Car le sujet «Les Grandes Ondes» © Pathé films est grave : à l’heure où radio parle trop de ce qui ne va pas et que le les printemps arabes se métamorphosent en scèpublic attend un regard « positif » sur la Suisse. nes de violence, le rappel de cette Révolution des Décision est donc prise d’envoyer sur les ailes Œillets de 1974 permet d’évoquer plein de encore prestigieuses de Swissair une jeune jour- croyances qui ont bercé nos jeunes années ! naliste « féministe qui en veut » (Valérie Alors certes, le film est inégalement drôle, Donzelli) et un vieux baroudeur blasé (Michel parfois bien rythmé, parfois moins bien, parfois Vuillermoz) au Portugal où ils retrouveront un potache, parfois très pro. Il n’en reste pas moins metteur en ondes qui est aussi le chauffeur du bus qu’il nous entraîne dans une vraie expérience de VW (Patrick Lapp, oui, celui de la Radio, juste- cinéma. Et que derrière la comédie, il pointe du ment !). Ce trio improbable doit rendre compte doigt la fin de pas mal de nos illusions, n’hésitant des brillants résultats de la coopération helvé- pas à finir en rappelant la situation catastrotique. Catastrophe : comme aide à une école, la phique des pays du Sud dans une économie monSuisse n’a offert que son horloge ; une « cité dialisée et ultra-libérale. Où sont passées nos utoclefs-en-mains » est restée à l’état d’affiche et de pies de la fin du siècle dernier, demande avec quelques fondations ; la station d’épuration des force Lionel Baier. Serge Lachat eaux permet surtout par métaphores les discours racistes de son directeur ; enfin les robinets suisses offrent surtout la possibilité de mélanger eau GRIGRIS froide et eau chaude, c’est-à-dire que la Suisse a de Mahamat-Saleh Harou, avec Souleymane Démé, Anaïs Monory, Cyril Guei… apporté l’eau tiède au Portugal ! (Tchad,France, 2013) Déconfits par leurs trouvailles et en butte à des rapports difficiles entre eux, les trois Suisses Est-ce parce que, seul film africain décident de rentrer au pays. C’est alors qu’ils sélectionné à Cannes cette année, il y a apprennent par une équipe de la Radio belge (avec Ursula Meier et Frédéric Mermoud en jour- trouvé un écho critique favorable, ou nalistes, et Lionel Baier lui-même en techni- parce que, projeté en ouverture du cien !!!) que la Révolution de Œillets vient d’é- Festival Cinémas d’Afrique, il a renconclater. Contre l’avis de leur hiérarchie, les trois tré son public, Grigris, le dernier film du Suisses décident de couvrir l’événement, enga- cinéaste tchadien Mahmat-Saleh gent comme interprète un jeune Portugais qui Haroun, a su trouver le chemin des parle français parce qu’il est fou de Pagnol – dont écrans romands. Grigris “happe” son spectateur dès Baier nous rappelle qu’il est mort en 1974 justement - et découvrent comment la démocratie peut les premières images: dans les jeux de naître dans la joie sous le regard bienveillant lumières d’une discothèque de d’une armée acquise à cette cause. Et cette révo- N’Djamena, un homme fait un numéro lution n’est pas qu’institutionnelle, elle boulever- de danse extraordinaire, joue avec son corps se également les mœurs (on est en pleine libéra- complètement désarticulé, crée avec ses jambes tion sexuelle). Ce vent de liberté contamine alors des mouvements jamais vus. Sa performance non seulement les Portugais et les trois Suisses, plaît, on lui glisse quelques billets dans le col. mais aussi le film qui se met à mêler images d’ar- Lorsqu’il s’en va, on découvre que le danseur est chives (donc documentaires), moments surréalis- un handicapé qui a une jambe folle qui le tes (lorsque les discours délirants du grand repor- contraint à un déhanchement monstrueux: a c t u a l i t Grigris a fait de son handicap sa chance de briller et d’accomplir son rêve de danseur. Comédie musicale ou documentaire? Nous découvrons que, le jour, Grigris exerce la profession de photographe lorsque la belle Mimi vient lui demander de la photographier pour un dossier qu’elle veut envoyer à une agence de mannequins. Pour l’instant, elle est condamnée à la prostitution… Séduction réciproque: le film prend des allures de conte avec La Belle et la Bête ou Quasimodo et Esméralda. Mais le cinéaste change encore de registre et passe au thriller: pour pouvoir payer l’hôpital à son beau-père auquel il doit tout et qui souffre d’un cancer des poumons, Grigris se fait engager par un mafieux local qui donne dans le trafic et la contrebande d’essence. Ayant prétendu qu’il savait nager, Grigris, sur le point de se noyer, fait échouer une expédition partie siphonner un pétrolier (une des scènes les plus réussies du film, de nuit, avec un collier de bidons jaunes qui flottent sur une eau noire…). Pardonné par un boss paternaliste qui veut l’empêcher de fréquenter une prostituée, Grigris le trahit: voulant à tout prix aider son beau-père, il vend une cargaison d’essence. S’engage alors une course-poursuite qui se termine “à l’africaine” dans un village de la brousse… Inégal dans sa facture et dans son rythme, pas toujours vraisemblable dans son recours aux clichés (la pute au grand cœur, le triomphe du petit contre le grand méchant), le film de Mahmat-Saleh Haroun, même s’il n’atteint pas la force et la beauté de Daratt (2006) ou d’Un Homme qui crie (2010), n’offre pas moins une «Grisgris» © Moa Distribution parabole pour dire l’Afrique aujourd’hui: continent meurtri, mais capable de transformer les pires handicaps en atouts, obligé de ruser avec les trafiquants de tous bords, toujours au bord de la catastrophe, mais sauvé par les femmes… Serge Lachat é 15 m u s i ronald brautigam et l’ocg Expérimentation L'Orchestre de Chambre de Genève accueille, le 20 octobre prochain, un pianiste et un forte-pianiste néerlandais, Ronald Brautigam. Parler de Ronald Brautigam, c'est évoquer un personnage qui, avec Beethoven, partage non seulement certains traits physiques, mais aussi un sens sans compromis de la recherche et de l'exigence envers soi ! Avec sa dégaine un peu écolo, il aime à rappeler dans ses interviews que la nature l'attire autant qu'elle plaisait au musicien de Bonn: «Beethoven aimait beaucoup effectuer de longues promenades dans la campagne autour de Vienne. C'est la meilleure façon de trouver de l'inspiration. Cela n'ouvre pas seulement vos poumons, mais aussi votre esprit.» Parcours 16 Né à Amsterdam en 1954, il a entre autres étudié avec Rudolf Serkin. Dans un journal allemand, le musicien a insisté sur cette influence : «Sa façon d'aborder Mozart m'a marqué pour des années. Si j'ai pris de la distance par rapport à certains de ses principes, j'attache toujours une gran- q u e de importance à la clarté, la fidélité au texte». L'artiste a développé une carrière placée sous le signe de la diversité et de l'expérimentation. D'abord, son parcours a ressemblé à celui de beaucoup de ses confrères, talentueux comme lui. On l'a trouvé et on le retrouve encore aux côtés des plus grands : Charles Dutoit, Bernard Haitink, Frans Brüggen, Christopher Hogwood, Ivan Fisher, Mark Wigglesworth ou Roy Goodman... L'énumération donne le tournis ! Ronald Brautigam se consacre aussi à la musique de chambre, par exemple avec la violoniste et altiste néerlandaise Isabelle van Keulen. On leur doit une gravure du cycle entier des opus pour piano et violon de Serge Prokofiev. Le concertiste a publié de nombreux CD, chez la firme suédoise Bis. Parmi les cinquante œuvres parues, il y a les concertos pour piano de Mendelssohn, avec le Nieuw Sinfonietta Amsterdam, conduit par Lev Markiz. Retour vers le passé La deuxième étape de ce parcours l'a vu devenir un spécialiste des instruments d'époque. Les gravures des œuvres complètes de W. A. Mozart et de J. Haydn sur forte-piano en témoignent. Depuis 2003, l'artiste a entrepris l'enregistrement de l'intégrale des sonates de Beethoven, également sur forte-piano, avec l'étiquette BIS. Ces années passées sur ces pages, projet bientôt à son terme, représentent un travail essentiel. « La musique de Haydn, Mozart et Beethoven a toujours occupé une place particulière dans mon répertoire, bien avant que je ne m'intéresse au forte-piano. C'est durant les années 80 que le jeu des sonates de Mozart m'a posé problème. J'avais bien une idée du résultat sonore, mais le résultat final ne correspondait jamais. La musique résonnait trop fort, et essayer de l'alléger aboutissait à quelques chose de trop poli, élégant, voire maniéré. Quand j'ai eu l'occasion de jouer sur un instrument d'époque la solution m'est apparue évidente. La finesse dont je rêvais était là, mais aussi le sens du drame, de l'insolence et de l'excitation. Il n'y a pas l'écho ou l'ampleur d'un clavier moderne, qui dans ce répertoire, peuvent biaiser le jeu. Ce moment a été un tournant capital pour moi. Depuis je joue avec un piano d'époque, pour une bonne part de mon répertoire », a-t-il expliqué à un journaliste anglais. A un autre interlocuteur, l'interprète a indiqué avoir mieux pu trouver sa place : « Je trouve que le forte-piano ajoute une autre dimension à la musique, sans compter qu'il y a déjà une grande quantité d'enregistrements des oeuvres de ces deux compositeurs avec piano moderne sur le marché. Avec un instrument d'époque, je peux les aborder avec un regard neuf. En musique, rien n'est jamais définitif. Mais la vraie raison pour laquelle je recommencerais, c'est sans doute parce que j'adore enregistrer; c'est donc par pur plaisir égoïste ! » Pierre Jaquet 20 octobre 2013 à 17 h au Victoria Hall Orchestre de Chambre de Genève: Arie Van Beek, direction. Ronald Brautigam, piano. Maurice Ravel : Le Tombeau de Couperin / Francis Poulenc : Aubade, Concerto chorégraphique pour piano & 18 instruments / Peter-Jan Wagemans : Viderunt omnes / Arthur Honegger : Symphonie N°4 H. 191, «Deliciae Basilienses» Loc. : Espace Ville de Genève - Pont de la Machine, Grütli, Genève Tourisme, Cité Seniors. Billetterie en ligne http://billetterie-culture.ville-ge.ch) Ronald Brautigam © Marco Borggreve a c t u a l i t é m u s i q u e concert de l’orchestre de chambre de lausanne Leon Fleisher Après la fin de mandat de Christian Zacharias, l’OCL s’offre une période sabbatique, lors de laquelle de nombreux maestros prestigieux défileront sur le podium. En octobre, Leon Fleisher, le pianiste “ressuscité“, est à l'honneur. son ancienne école. « S’acharner à trouver un style particulier n’a pas pour moi d’autre effet que celui de créer la distraction. Une distraction qui détourne le mélomane de l’essence de la musique, l’éloigne de l’essentiel », expliquet-il dans un entretien. Pour définir le rôle d’un interprète, il emploie souvent la métaphore d’un guide de montagne conduisant son public « au sommet d’une montagne tout en évitant précipices et difficultés ». Le but est de le faire profiter de la vue, du paysage, et non pas de mettre en valeur sa propre performance ou la difficulté du chemin… C’est une argumentation que le public comprendra sans difficulté; c’est surtout la plus belle leçon que l'artiste ait retenue de son maître Schnabel, et probablement aussi la clef de sa longévité… Avec OCL en octobre Leon Fleisher Né à San Francisco en 1928, Leon Fleisher reçoit tout d'abord les rudiments du piano de la main de sa mère. Il débute en public à l’âge de 8 ans et se produit avec le Philharmonique de New York à 16, sous la baguette de Pierre Monteux. Ce dernier ne cache pas son enthousiasme et voit en lui «la découverte pianistique du siècle !» Bientôt, le jeune homme est pris sous les ailes de Artur Schnabel : il acquiert le droit de faire partie d'une lignée apparentée musicalement aux grands Carl Czerny et Theodor Leschetizky… Concertiste assidu, il grave pour Columbia des intégrales devenues des références : Brahms, Beethoven, Grieg, Schumann… Il touche aussi à Rachmaninov et à Franck. Epreuve et passion Soudainement, c'est le surmenage : une sorte de crise de 40 ans précoce. Sa main droite, extenuée, refuse de se plier aux exigences des doubles croches, trilles et autres accords… Ce que les autres définiraient comme « une fin de carrière tragique » devient, pour Leon a c t u Fleisher, un défi. Il se recycle et devient le “pianiste d’une main“, explorateur du répertoire pour la main gauche, tout en recherchant une solution médicale pour ramener son autre main à la vie. Le couronnement de ses efforts survient au début du nouveau siècle; il célèbre sa résurrection avec un album au titre significatif, Two hands, en 2004… (le documentaire que lui a consacré Nathaniel Kahn a d'ailleurs été nominé aux Oscars). La même année, il crée en première mondiale le Concerto pour la main gauche (Klaviermusik) de Paul Hindemith, autrefois rejeté (puis caché dans l’ombre) par Paul Wittgenstein. Le musicien décrit son parcours héroïque dans un livre intitulé My Nine Lives («mémoires de nombreuses carrières musicales»), rédigé à quatre mains avec une célèbre critique musicale, Anne Midgette, et publié en 2010. Personnalité et art Malgré son grand âge, Leon Fleisher partage toujours sa vie entre le travail pédagogique (parmi ses élèves, il y a Jonathan Biss et Hélène Grimaud) et la direction. Il retrouve aussi volontiers le clavier, surtout en galante compagnie, comme celle de son épouse Katherine, jadis élève et devenue pianiste émérite également. Les 28 et 29 octobre à Lausanne, à la tête de l’OCL, Leon Fleisher créera la Symphonie de chambre de Richard Dubugnon, compositeur “en résidence“ de la phalange lausannoise, pour cette saison. La suite du programme sera “on ne peut plus classique“, avec la 2e de Beethoven et, en cadeau, le double concerto de Mozart, en famille à quatre mains ! Beata Zakes OCL, 2e concert d’abonnement Salle Métropole, 28-29 octobre 2013 à 20h Katherine Jacobson Fleisher (piano) Leon Fleischer (direction et piano) R. Dubugnon : Symphonie de chambre op. 63 (création mondiale) / Mozart : Concerto pour deux pianos et orchestre en fa majeur, K. 242 / Beethoven : Symphonie n° 2 en ré majeur, op. 36 (Billetterie de l’OCL: Tél. 021/345.00.25) En introduction, 45 minutes avant le concert, le musicologue Yaël Hêche présente quelques facettes de l’affiche du soir (19h15). Alors que ses nombreux pairs cherchent à se distinguer par leur expression unique et individuelle, Leon Fleisher préfère rester fidèle à a l i t é 17 m u s i q u e au victoria hall, l’orchestre du festival de budapest et Maria João Pires On sait que les apparitions de la magnifique pianiste Maria João Pires ne sont pas fréquentes. Bonne raison pour ne pas manquer le concert organisé par le « Pour-cent culturel Migros » le 28 octobre au Victoria Hall à 20h. Les Parisiens, - ou vous, si vous n’avez pu assister à sa performance genevoise -, auront l’occasion de l’entendre le lendemain à la Salle Pleyel. 18 Elle interprétera dans les deux cas le Concerto No 4 en sol majeur de Beethoven, accompagnée par Ivan Fischer à la tête de l’Orchestre du Festival de Budapest, dont il est le fondateur et le directeur musical. L’Orchestre, qui existe depuis 1983, est considéré comme l’un des meilleurs au monde et accompagnera également la jeune, jolie et prometteuse soprano Marysol Schalit dans l’air de Mozart K.70, « A Berenice… Sol nascente ». La Bâloise enrichit son répertoire depuis 2011 à Brême, interprétant notamment les figures mozartiennes de Pamina, Despina et Ilia. Discographie Beethoven a toujours tenu un rôle dans sa carrière. En 1970, elle a remporté le premier prix au concours international de Bruxelles célébrant le bicentenaire de la naissance du compositeur. Cette victoire lui a apporté de nombreux engagements en Europe d’abord, ailleurs ensuite. Ses convictions l’ont plus tard amenée à condamner l’esprit de compétition inséparable des concours en général et incompatible avec la nature universelle de la musique. Son dernier disque sorti en février 2013 est réservé à deux sonates de Schubert (Nos 16 et 21). Son dernier enregistrement d’œuvres de Beethoven date de 1999 (4 sonates) Débuts Il est intéressant de se souvenir des débuts de la prestigieuse phalange hongroise. En effet Ivan Fischer n’a pas eu au commencement la partie facile, compte tenu du manque de soutien financier et de la méfiance du régime communiste dans le pays au moment de la fondation de l’orchestre. Mais son projet était clair : Il voulait créer une nouvelle formation dans laquelle chaque musicien s’impliquerait aussi personnellement par rapport à la musique que les mem-bres d’un quatuor à cordes, comme il l’explique dans une interview d’Ivan Hewett en 2008. Ivan Fischer dit aussi lutter par la diversité des tâches et des responsabilités contre tout risque de routine. On a donc hâte d’entendre, par cet ensemble exceptionnellement motivé, la Symphonie No 8 en sol majeur d’Antonin Dvorak qui constituera la seconde partie de la soirée. a essentielle à la vie, à la survie même dans cette société où les valeurs de l’éthique, la compassion, la conscience de soi, des autres, des injustices, ont disparu. Elle a beaucoup agi au Portugal et au Brésil, en faveur de l’introduction de la musique dans l’éducation des enfants. Pour elle, la musique est porteuse d’espoir car elle nous met en contact avec l’univers et avec notre vérité intime. Ecouter Maria João Pires, c’est se voir offrir l’accès à un autre univers, meilleur. Au Victoria Hall elle jouera sur un piano moderne ; pourtant et bien qu’elle n’ait que peu d’occasions de les pratiquer, elle préfère les instruments d’époque. Le piano moderne a un son séduisant : il est difficile, dit-elle, de sublimer sa matérialité, de le transformer en musique pure. Le pianoforte en revanche possède un son plutôt sec qui ne séduit pas de prime abord. Ce qui prime, c’est la connexion avec le chef, avec les musiciens, avec soi-même et avec la musique. Elle ne joue pas pour plaire au public, elle ne vise pas l’effet. Martine Duruz 28 octobre : Orchestre du Festival de Budapest, dir. Iván Fischer, Maria João Pires, piano, Marysol Schalit, soprano (Beethoven, Mozart, Dvo ák). Victoria Hall à 20h (loc. SCM 022/319.61.11) Maria João Pires © Luc Jennepin Prestation Mais revenons sur la prestation attendue de Maria João Pires, pour rappeler en quoi la pianiste portugaise diffère de la plupart des grands virtuoses actuels. Pour elle la musique est c t u a l i t é m u s i q u e Jazzmen, et les débuts du Cinéma dont la musique est indissociable. geneva camerata Emmanuel Pahud Il y a une grande différence de style entre Piazzolla et Carter… Il n’est plus nécessaire de présenter Emmanuel Pahud, natif de Genève et flûte solo des Berliner Philharmoniker, un des plus grands flutistes de notre époque. Nous l’avons rencontré à Lucerne, avant un concert de la phalange berlinoise au Lucerne Festival. Cet été, vous avez interprété, au Festival de Lucerne, les Fragments de Wozzeck d’Alban Berg et le Sacre du printemps de Stravinski au sein des Berliner Philharmoniker. Quelle œuvre préférez-vous, laquelle est la plus exigeante, le Sacre ? Le 30 octobre on pourra vous entendre à Genève au Victoria Hall avec la Camerata Geneva, le nouvel orchestre de David Greilsammer. Depuis quand le connaissez-vous et qu’allez-vous jouer ? E.P. : Quand on a la chance d’être membre des Berliner Philharmoniker on aime tout ce qu’on joue! Les deux œuvres ne sont pas purement orchestrales : le Sacre est un ballet et Wozzeck un opéra. Ma préférence va à Wozzeck parce que j’ai toujours été fasciné par la voix, d’ailleurs on dit que la flûte est l’instrument le plus proche de la voix humaine, il est vrai qu’on le dit de plusieurs instruments... J’ai eu l’occasion de jouer l’opéra en entier et je l’aime beaucoup. Contrairement à ce qu’il peut sembler quand on l’écoute, le Sacre n’est pas difficile à jouer! Cela a l’air compliqué, mais c’est simple pour les instruments. En octobre sortira votre dernier album, Around the world, chez Warner classics. Il s’agit d’un duo flûte et guitare, avec le guitariste Christian Rivet. Comment est née cette collaboration ? Christian Rivet est une personne très attachante. Il est guitariste et compositeur, il écrit aussi des poèmes. Nous avons une relation d’estime. Nous nous sommes rencontrés au conservatoire de Paris, et depuis cette époque nous avons toujours joué ensemble. Dans ce nouvel album vous interprétez des œuvres de compositeurs très diffé- e n t Oui, nous voulons élargir les débats et montrer que la musique contemporaine est facile à écouter. Nous avons aussi fait un grand travail sur le booklet, nous proposons un album qui en plus de plaire aux sens apporte aussi un plaisir intellectuel. r Emmanuel Pahud © Sheila Rock rents, de Piazzolla à Elliott Carter en passant par Bartók et Ravi Shankar. Comment avezvous fait ce choix ? Ce choix est lié à notre sensibilité de musiciens, les flûtes et les guitares font partie de toutes les cultures dans le monde depuis le début de l’humanité, ce que nous voulons illustrer par ce programme. Pour ce faire, nous avons utilisé des pièces originales pour ces deux instruments, comme Piazzolla ou Shankar, et également certains arrangements existants ou d’autres qu nous avons réalisés nous-même. Il y a aussi des pièces pour instrument seul, comme Scrivo in vento d’Elliott Carter, un solo pour flûte, inspiré par un poème de Pétrarque, ou encore Tiento de Maurice Ohana, pour guitare seule, un morceau classique. Christian Rivet a aussi composé un morceau pour nous, Clap, une suite de 6 miniatures inspirée par le grand Bach, les e t i e Je le suis depuis longtemps et je connais toute l’équipe de musiciens ! C’est la première saison de la Camerata et nous avons choisi de proposer un concert pour flûte et ensemble orchestral. La première partie est centrée sur Mozart, avec l’ouverture de la Flûte enchantée puis une fantaisie sur l’œuvre de Mozart de Fobbes, un compositeur belge dont le vrai nom est Janssens. En deuxième partie nous exécuterons entre autre une œuvre d’Elliott Carter que j’ai créée à Berlin en 2008. A cette occasion j’ai eu un entretien avec le compositeur américain: il était jovial et avait un grand sens de l’humour! Contrairement à la musique d’un Aaron Copland ou d’un Phil Glass très américaine, celle de Carter n’est pas sans rapport avec la musique européenne. Propos recueillis par Emmanuèle Rüegger 30 octobre : Concert Prestige n°2. Une flûte enchantée. Geneva Camerata, dir. David Greilsammer, Emmanuel Pahud, flûte (Mozart, Janssens, Carter, Haydn, Benda). Victoria Hall à 20h (loc. www.genevacamerata.com ou FNAC) n 19 m u s i q u e concerts temps & musique Lawrence Power Un authentique altiste - il prétend que le violon ne l'a jamais attiré - se produira ce mois-ci sur les bords du Léman. Portrait d'un personnage fasciné par le son. 20 Né en 1977, Lawrence Power commence ses études d'alto à l'âge de huit ans. A l'époque, on lui propose de s'intéresser à cet instrument... car il est un enfant plutôt grand pour son âge ! Sans jamais passer par la «case violon», il est séduit par le son plus graves de ces cordes. D'ailleurs, il prétend ne jamais avoir joué du violon ni en avoir eu réellement envie ! Il progresse très vite et entre à la Guildhall School of Music and Drama à l'âge de onze ans. Selon ses dires, son professeur, Mark Knight a marqué son apprentissage : il lui a appris la concentration, tout en veillant à éviter toute tension, toute crispation, éléments qui, s'ils touchent les muscles, peuvent mettre fin à une formation ! La suite de ses études s'effectue à la Juilliard School de New-York avec Karen Tuttle : là encore, il prétend avoir acquis un sens du phrasé, de l'équilibre intérieur, qui lui ont été très précieux pour la suite. En 1999, l'artiste gagne le Premier prix du “Concours international d'alto William Primrose“ à Londres et, en 2000, le troisième prix du “Concours international d'alto Maurice Vieux“. Ces récompenses lui donnent une visibilité publique, y compris face aux maisons de disques. Sa carrière désormais lancée, il présente un répertoire qui s'étend de l'univers de Jean-Chrétien Bach à celui de Bernd Alois Zimmermann, avec tout de même un goût marqué pour le XXe siècle, lequel il est vrai lui offre un répertoire plus étoffé, surtout avec l'orchestre. Seul, manque le grand Jean-Sébastien. Est-ce un caprice, une coquetterie ? Cette musique est censée mûrir encore en lui, et il prétend que jouer les suites pour violoncelle solo avec son alto ne rendra pas forcément justice aux potentialités de résonances harmoniques de la partition... et de l'instrument ! Sur tous les plans Nul ne s'étonnera qu'avec un tel profil, on le trouve dans toutes les échelles musicales. Le concertiste joue en soliste en partenariat avec les orchestres. Mais il déploie aussi ses capacités dans le monde de la musique de chambre. Il se produit avec le Nash Ensemble, une formation d'une douzaine d'interprètes, ainsi qu'avec le Leopold String Trio. Avec ses partenaires, ce musicien aime faire redécouvrir des partitions ou plus précisément selon ses dires, faire ressurgir « le répertoire négligé » ! Peu jouées, ces partitions sont sans interprétation de référence : « Cela nous oblige à faire des choix, en matière de rythme, d'intonation, et donc de sonorité. » Lawrence Power enseigne ponctuellement au Royal College of Music de Londres et a donné des 2master-classes2 lors des dernières éditions du Festival de Verbier. Il est également formateur à la Hochschule der Kunst à Zurich. Enfin, comme si cela ne suffisait pas, ce bouillant personnage est le fondateur du Festival de West Wycombe, dans la campagne anglaise... Fascination Sur son alto, fabriqué par Antonio Brensi en 1610, il est intarissable, comme dans cette émission radiophonique anglaise : « C'est un instrument fabuleux. Il me pose des problèmes dont les réponses nourrissent mon interprétation. Quand j'ai joué avec pour la première fois, c'était comme si je conduisais une Porsche juste après avoir passé mon permis ! Mais il m'a bien fallu quatre ou cinq ans pour en explorer toutes les possibilités. Il m'offre un mélange unique de gravité et de brillance. Il est peut-être plus difficile qu'un instrument moderne, mais il offre un spectre si incroyable de couleurs auxquelles accéder que cela ne peut qu'inspirer. » Pierre Jaquet Concerts en Suisse romande, avec Truls Mørk et Simon Crawford-Phillips, piano Dimanche 6 octobre 2013 à 11h 15 : Grand salle de la Colombière à Nyon Lundi 7 octobre 2013 à 20 h : Conservatoire de Genève BRAHMS: Transcriptions de lieder pour piano et alto HINDEMITH: Sonate pour alto et piano Op. 11/4 BRAHMS: Trio n°1 en si, op. 8 (seulement le lundi, à Genève) Mardi 8 octobre 2013 à 19 h : Au Théâtre de Vevey BRAHMS: Transcription du trio pour clarinette, violoncelle et Piano en la mineur, Op 114 / Sonate pour alto en fa mineur Op.120 no.1 / Sonate pour alto en mi mineur Op.120 No.2 / Transcriptions de Lieder pour piano et alto / Trio n°1 en si, op. 8 Lawrence Power © Jack Liebeck a c t u a l i t é m u s i q u e fondation gianadda, martigny 25e concours clara haskil Un éclectisme de bon aloi Palmarès Le Prix Clara Haskil de l’édition du cinquantenaire du concours, créé en 1963 en mémoire de la grande artiste décédée en 1960, a été attribué au pianiste brésilien d’origine roumaine Cristian Budu. Les trois finalistes étaient accompagnés par l’Orchestre de la Suisse Romande conduit par Frédéric Chaslin, jeudi soir 12 septembre au Théâtre de Vevey. Commencée en juillet déjà, et faisant suite à trois récitals de piano et une soirée de gala de Cecilia Bartoli, la 36e saison musicale de la Fondation Pierre Gianadda se poursuit avec huit concerts échelonnés entre octobre 2013 et février 2014. Duos et Trios Une soirée Brahms en octobre (mercredi 16), avec Renaud Capuçon au violon, Yan Levionnois au violoncelle et David Kadouch au piano, dans deux grandes sonates et le Trio op.8. Un duo violoncelle et piano en novembre (samedi 16). Antonio Meneses et Maria Joao Pires se produiront ensemble dans deux sonates de Beethoven et individuellement dans une œuvre de Schubert pour la pianiste et une Suite de Bach pour le violoncelliste. Une soirée de trios piano-violon-violoncelle en janvier (vendredi 17), avec le pianiste Da Sol - Prix Géza Anda 2012 – le violoniste Erik Schumann et le violoncelliste David Pia. Ces musiciens joueront des trios de Haydn, de Beethoven et le poignant Trio en la mineur de Tchaïkovski, une des œuvres les plus profondes et personnelles du compositeur russe. Musique sacrée et instrumentale Début octobre (mercredi 2), des pages instrumentales de Hasse, Porpora et Porsile précéderont le sublime Stabat Mater de Pergolesi, avec Roberta Invernizzi, soprano, Marina Di Liso, alto et l’Europa Galante de Fabio Biondi. En novembre (samedi 16), le Kammerorchesterbasel accompagnera l’Estonian Chamber Choir de Tallinn dans le Requiem de Mozart, sous la conduite de Paul McCreesh. Au même programme : Bach, Mendelssohn et Parry. Concert du souvenir en décembre (dimanche 8). La pianiste Béatrice Berrut et la Camerata-Valais, avec Francesco De Angelis au violon et à la direction, joueront des œuvres de Mozart, Rossini et Mendelssohn. En décembre encore (dimanche 15), Lucas Macias Navarro sera le soliste du Concerto pour hautbois de Strauss et Eivind Gullberg Jensen conduira l’OCL dans la Symphonie « Eroica » de Beethoven. Clôture de saison en beauté en février (dimanche 2), sous le thème « Vénitiens, peintres de la musique », avec Claudio Scimone et I Solisti Veneti. Yves Allaz c Sur 146 candidats venant de 33 pays, vingt-quatre avaient été sélectionnés en quarts de finales, six en demi-finales - épreuve de musique de chambre donnée avec la participation du Quatuor Hugo Wolf, de Vienne et trois admis à se mesurer en finale avec orchestre. Le Russe Dmitry Mayboroda et le Brésilien Cristian Budu avaient opté pour le Concerto en la mineur de Schumann, le Suisse François-Xavier Poizat pour le Concerto No1 en mi mineur de Chopin. Tous trois ont fait valoir d’éminentes qualités pianistiques et musicales lors de cette ultime épreuve, d’un niveau très élevé. Le lauréat, Cristian Budu, musicien d’une grande sensibilité formé à l’Université de Sao Paulo, est étudiant au New England Conservatory of Music de Boston. Il a déjà reçu le 1er Prix du Concours Nelson Freire de Rio de Janeiro. A Christian Budu © Céline Michel Vevey, en plus du Prix Haskil, d’une valeur de CHF 25.000.-, il obtient le Prix du public, ainsi que celui du « Children’s Corner » des jeunes pianistes du Conservatoire de Vevey-Montreux. Le Prix « Coup de cœur de la jeune critique » des étudiants en musicologie de Genève est allé au Norvégien Joachim Carr, quart-finaliste. Commandé comme bis à Bruno Mantovani, The worst of est un concentré des pires difficultés des Etudes Op.10 de Chopin. Jugé meilleur interprète de ce clin d’œil musical, Dmitry Mayboroda obtient ce Prix « Modern Times » nouvellement créé. De François-Xavier Poizat, qui n’a pas eu de prix, nous retiendrons une superbe lecture, tout en nuances, du concerto de Chopin. Yves Allaz www.gianadda.ch, Tél. 027 722 39 78 Roberta Invernizzi, photo Ribalda Studio a Cristian Budu, 25 ans, a reçu son prix des mains de la conseillère fédérale Simonetta Summaruga, elle-même pianiste et présidente d’honneur d’un concours dont le jury était présidé par MartinT :son Engstroem. t u a l i t é 21 m u s i q u e festival jazz onze+, du 30 octobre au 3 novembre Et de 26 ! Résonnez trompettes ! « Ces dernières années, le Jazz Onze+ a gâté les saxes et les pianistes », commence Serge Wintsch, directeur de l'association Jazz Onze+. « Ici comme ailleurs, la guitare a souvent été trop négligée en tant qu'instrument soliste. Alors, pour cette 26e édition, nous avons décidé de rétablir l'équilibre.» Léo Tardin On 22 En effet, avec le décès du trompettiste bâlois George Gruntz au début de cette année, le prétexte était tout trouvé. Jazz Onze+ propose donc un hommage au compositeur et arrangeur (Trumpet Machine), qui collabora avec Phil Woods, Louis Armstrong ou Lee Konitz. A cette occasion, le bugliste luganais Franco Ambrosetti accompagne la formation European Jazz Trumpets jadis créée par Gruntz. La dizaine de musiciens est dirigée par Pierre Grevet, un artiste qui compte jusqu'ici 25 albums. Lors de cette même soirée du nom de Trompettes sans fin, par allusion au Trumpet No End de Duke Ellington, est programmé le quintet du jeune Christian Scott. Ce trompettiste jazz fusion de la Nouvelle-Orléans est « reconnu pour son timbre chaud et sa capacité à faire des notes rondes et floues inhabituelles pour son instrument », précise le site Wikipedia. A véri- fier donc ! « Il est aussi quelqu'un de très engagé dans la communauté noire, explique Serge Wintsch. Il n'hésite pas à défendre ses idées contre le racisme aux Etats-Unis, par exemple. C'est un hypersensible, un écorché.» Envol et dégustation n'est pas une sculpture de Brancusi mais le nom de la soirée qui fait succéder Dianne Reeves, « la plus grande chanteuse de jazz vivante » selon Serge Wintsch (et aussi selon le cousin de la chanteuse, George Duke !), au vibraphoniste Jean-Lou Treboux. Le Nyonnais revient de New York, passage obligé pour les jazzmen contemporains, en quintet. Il y a ramené à la fois la tradition afro-américaine, la musique de Strauss et Stravinsky, et celle des groupes folk et indie rock des bars de Brooklyn. Baptisée Du côté du rock, la soirée du samedi verra se produire John Scofield et son groovy Uberjam Band. La guitare semi acoustique de ce compositeur-interprète jazz rock a jadis croisé les pistons de Chet Baker, les cordes de Charles Mingus, mais aussi les notes de George Duke, Miles Davis, Joe Lovano ou Pat Metheney. Il faut rabâcher que le monde du jazz est tout petit, surtout pour ceux qui ont fréquenté le Berklee College of music, comme les cinq derniers mentionnés – remarquons que Miles n'y a pas achevé ses études. Le même soir, le tromboniste chaux-de-fonnier Samuel Blaser et son trio sauront rester dans la veine rock et l'improvisation jazz. Prism non plus n'a rien à voir avec une écoute scandaleuse. Il s'agit du quartet américain réunissant le contrebassiste Dave Holland (tiens, aussi un ancien du Berklee College !), le guitariste Kevin Eubanks (qui dirigeait jusqu'à peu l'orchestre du Tonight Show de Jay Leno à Hollywood), le pianiste Craig Taborn, et le batteur des BO de Spike Lee Eric Harland. On trouve ce dernier dans tous les bons projets actuels - surtout au Jazz Onze+ : avec Charles Lloyd il y a deux ans, avec Joshua Redman l'an dernier… Off A l'Espace Jazz, parmi les concerts gratuits servis à gogo, il ne faut surtout pas manquer la formation inventive Grand Pianoramax de Leo Tardin, la soirée soul avec Alice Russell, Brandy Butler et ses Fonxioners, ni les solos de batterie de Julian Sartorius, ni encore la jam qu'ouvrent au public le pianiste Gabriel Zufferey et son groupe Paralog. Frank Dayen Festival Jazz Onze+, du 30 octobre au 3 novembre, au Casino de Montbenon et au MUDAC de Lausanne. Rés. www.jazzonzeplus.ch et FNAC. John Scofield Uberjam Band a c t u a l i t é m u s i q u e saison 2013-2014 Classiques Alternances Cinq concerts prometteurs sont à l’affiche en 2013-14. Le pari de la nouvelle équipe dirigeante: remplir la grande salle genevoise avec un programme essentiellement de musique de chambre. Pour ce faire, Karin A. Nolte, Bozena Schmid-Adamcyk, Adriana Fernandez et Suzanne Hurter misent sur la qualité des interprètes bien sûr, mais également sur un système d’abonnement étudié avec des gratuités propres à attirer un jeune public. En ouverture, jeudi 31 octobre, Dan Derry, violon et Wilfrid Humbert, piano, donneront l’intégrale des Sonates pour violon et piano de Brahms. Les deux artistes se connaissent bien, ayant déjà enregistré ensemble un CD d’œuvres de Schubert. Même si le pianiste français a réservé des enregistrements récents à Liszt (on attend la parution des 12 études d’exécution transcendentes), on peut s’attendre à ce qu’ils fassent justice au lyrisme brahmsien omniprésent dans ces sonates. Nathalie Stutzmann © Nicolas Buisson a c t u Mardi 3 décembre, Julia Fischer, que l’on ne présente plus, se produira avec la pianiste Milana Chernyavska. On sait que la violoniste allemande, qui est aussi pianiste, se produit régulièrement avec les plus grands orchestres et chefs d Europe et d Amérique du Nord. Habituée des plus importants festivals, elle a donné trois concerts en 2012 au Menuhin Festival de Gstaad dont elle est une fidèle, sa carrière ayant débuté par un prix au Concours Menuhin en 1995 alors qu’elle avait 11 ans. En première partie la séduisante Sonate en Fa majeur de Mendelsohn suivie de la Sonate en Sol mineur dite « des trilles du Diable » de Giuseppe Tartini. Virtuosité encore après l’entracte avec des œuvres pour violon de Pablo Sarasate, pour conclure avec Tzigane de Maurice Ravel. Jeudi 30 janvier, soirée-événement dans le cadre du 150e anniversaire des échanges diplomatiques entre la Suisse et le Japon qui sera célébré en 2014. Ce concert est né de la rencontre de l'altiste Nobuko Imai et du pianiste Kotaro Fukuma. La première partie est consacrée à des œuvres dont le titre renvoie au thème des oiseaux, qui sont souvent symbolisés comme présages, âmes des morts ou messagers divins. Kotaro Fukuma interprétera des œuvres de Glinka et Stravinsky puis une œuvre pour piano et violon du grand compositeur japonais Töru Katemitsu, mort en 1996, bien connu pour ses musiques pour les films de Kurosawa, Oshima ou Kobayashi. Nathalie Stutzmann les rejoint en trio et chante deux Lieder de Brahms, dont le premier parle des petits oiseaux... En seconde partie, le magnifique Quintette de Dvorak sera donné par le Quatuor Michelangelo et Kotaro Fukuma au piano. a l i t Dan Derry Mardi 25 février, en deux concerts, l’intégrale des Concertos pour violon de Mozart sera donnée par le violoniste David Grimal dont le phrasé et la musicalité avaient fait merveille lors de sa venue au Victoria Hall en mars dernier avec le pianiste Denes Varjon. La partie orchestrale sera assurée par Les Dissonances, collectif d’artistes sans chef réuni par David Grimal en un projet de résistance au formatage et aux contraintes commerciales qui ont amené selon lui la musique classique à s’enfermer dans un ghetto. Mardi 18 mars enfin, on retrouvera avec le plus grand plaisir le pianiste Maurizio Baglini qui avait donné dans ce même Victoria hall un mémorable concert en solo le 17 janvier dernier. En compagnie de la violoncelliste Silvia Chiesa, avec laquelle ils forment un duo stable depuis 2005 tournant dans le monde entier, ils donneront quelques-une des plus belles sonates pour violoncelle et piano du répertoire : la Sonate no.1 op.38 en Mi mineur de Brahms; la Sonate “Arpeggione“en la mineur de Schubert; la Sonate en Sol mineur de Rachmaninoff. Christian Bernard Rens. [email protected] Loc. Ville de Genève /Service Culturel Migros é 23 m u s i q u e Le meilleur orchestre d’Europe ? Concertgebouw Orchestra Amsterdam. La première partie du concert était originale: avec une pièce dodécaphonique de Lutoslawski et le 3e concerto pour piano de Bartók (formidable, Yefim Bronfman). En deuxième partie, l’orchestre a exécuté une œuvre souvent entendue, la suite de Roméo et Juliette de Prokofiev. Ce fut quand-même remarquable. A la baguette: Daniele Gatti. Chaque année, les plus grands orchestres d’Europe sont invités au Lucerne Festival où ils rivalisent en excellence. Sächsische Staatskappelle Dresde festival de lucerne 24 Il y a exactement dix ans, Claudio Abbado quittait les Berliner Philharmoniker. Il avait un grand projet : fonder un orchestre avec des amis musiciens qui joueraient pour le plaisir de faire de la musique ensemble. Et ce projet, il l’a réalisé en Suisse, à Lucerne. Le Lucerne Festival Orchestra qui compte plus de cent membres se réunit en été, il joue aussi à l’étranger en tournée. Le concert auquel nous avons assisté proposait deux œuvres inachevées, la 8e symphonie de Schubert et la 9e symphonie de Bruckner. Abbado dirige en orfèvre : la symphonie de Schubert s’est révélée être un bijou, finement ciselé, brillant sur un fond blanc, les silences étant aussi importants que la musique. La symphonie de Bruckner était toute transparence sous la baguette du maestro italien, des voilages traversés par des fils d’or et d’argent. Il régnait une atmosphère féerique. Tout le monde était conscient d’assister à un concert historique. Les Berliner Philharmoniker étaient bien sûr au rendez-vous, avec au programme la Nuit transfigurée de Schönberg, les Fragments de Wozzeck de Berg et le Sacre du printemps de Stravinsky. Sous la baguette de Simon Rattel, la Nuit transfigurée était toute de velours, même dans les profondeurs. Le Sacre du printemps est une œuvre phare du chef anglais, elle a été exécutée à la perfection par les musiciens berlinois. Mais ce sont les Fragments de Wozzeck qui ont soulevé l’enthousiasme, et ceci en grande partie grâce à l’excellente soprano canadienne Barbara Hannigan, une spécialiste de la musique du 20e siècle. Royal Concertgebouw Orchestra Une autre phalange s’est présentée précédée par son excellente réputation: le Royal La Sächsische Staatskapelle Dresden fondée en 1548 et qui jouit d’une grande tradition (Richard Strauss l’a dirigée pendant soixante ans) a proposé une œuvre rare : les Ernste Gesänge (Chants sérieux) de Hans Eisler, un cycle de Lieder datant de 1961/62. Le baryton Thomas Hampson s’est montré à la hauteur de l’orchestre dirigé par Christian Thielemann, un ancien assistant de Karajan. La 5e symphonie de Bruckner constituait la deuxième partie du concert. L’orchestre a exécuté cette œuvre monumentale avec perfection dans toutes ses riches nuances. Philharmonique de St.Petersbourg L’Orchestre philharmonique de SaintPétersbourg est un invité régulier du Lucerne Festival. La salle, bondée, s’est levée en chœur pour acclamer le pianiste Denis Matsuev après son exécution époustouflante du 3e concerto de Rachmaninov. À la baguette, Yuri Temirkanov. En deuxième partie, l’orchestre a captivé l’audience avec une interprétation poignante de la 10e symphonie de Chostakovitch. Wiener Philharmoniker C’est désormais une tradition: ce sont les Wiener Philharmoniker qui ont clos le Festival, en beauté disons-le tout de suite. Leur interprétation de la 8e symphonie de Bruckner sous la baguette de Lorin Maazel a enthousiasmé toute l’audience. Mais l’orchestre le plus séduisant de ce Festival était sans aucun doute la phalange de Claudio Abbado. Emmanuèle Rüegger Claudio Abbado à la tête du Lucerne Festival Orchestra © Georg Anderhub / Lucerne Festival a c t u a l i t é m u s i q u e actuvités musicales du mois d’octobre Agenda genevois Le mois d’octobre s’annonce intense à Genève – et surtout wagnérien : le Wagner Geneva Festival va en effet envahir les salles du bout du lac, avec moult concerts, opéras et autres manifestations autour du génie allemand. Le programme complet sur http://www.wagner-geneva-festival.ch. Hormis l’exposition « Wagner, l’opéra hors de soi » à la Fondation Bodmer, la réflexion sur « l’œuvre d’art de l’avenir ou le temps dilaté » au Musée d’art et d’histoire et la projection au cinéma Bio d’un documentaire sur l’influence de Wagner dans la danse contemporaine, relevons aussi la création de Michel Jarrel Siefried nocturne le 15 octobre à la Société de lecture, par Olivier Py (lecture) et Bo Skovhus dans le rôletitre. Une visite à Beethoven sera rendue les 14, 16 et 31 octobre prochains grâce à un monodrame, dont le texte est à charge d’Etienne Barilier, tandis que la mise en scène sera assurée par Alain Perroux et l’accompagnement musical par le quatuor Terpsycordes. Au Bâtiment des Forces Motrices, l’orchestre du festival (constitué par des étudiants des conservatoires de Lausanne, Genève et Paris) interprétera Le Vaisseau fantôme du 28 au 5 novembre prochains. Côté récitals, Giovanni Bellucci exécutera au Conservatoire de Musique de la Place Neuve des transcriptions de Liszt des œuvres de son beau-fils, ainsi que la Sonate en si mineur du premier. Enfin, toujours dans le cadre du festival Wagner, L’OCG dirigé par Thomas Rösner reçoit au BFM la contralto Kismara Pessatti, pour un programme Wagner, Gluck et Schoeck. L’Orchestre de la Suisse Romande sera renforcé par l’orchestre de la Haute École de Musique le 9 octobre pour interpréter la première symphonie de Mahler, dite « Titan », sous la baguette de Kazuki Yamada. On retrouvera ce dernier à la tête de la formation les 16 et 18 octobre prochains, avec le pianiste Daniil Trifonov, pour entendre notamment le Concerto pour piano et orchestre en fa dièse mineur d’Alexandre Scriabine et la suite orchestrale Le Chevalier à la Rose de Richard Strauss. L’infatigable Yamada recevra encore le 23 JeanYves Thibaudet, qui s’attaquera au Concerto pour piano No 2 de Liszt, tandis que l’OSR jouera la Symphonie No 9 en deuxième partie de soirée – réinterprétée le vendredi 24, toujours au Victoria Hall, pour ceux qui auraient raté la soirée de la veille. A ne pas manquer également la présence du pianiste Nelson Freire, le 12 octobre au Victoria La série Temps & Musique accueille au Conservatoire de Musique, le 7 octobre, l’altiste et violoniste Lawrence Power, le violoncelliste Truls Mork et le pianiste Simon Crawford-Phillips, qui offriront un programme Brahms. c t u Deux concerts du Quatuor de Genève sont à l’affiche, avec l’altiste Frédéric Kirch et le violoncelliste François Guye, le 13 octobre à Vernier pour le premier, le 20 octobre au Musée d’art et d’histoire pour le deuxième, tous les deux avec des œuvres de Beethoven et Schoenberg. Le nouvel ensemble Geneva Camerata propose trois concerts en ce mois d’octobre : le premier s’adresse à la “famille“ en proposant une Fête folklorique avec le clarinettiste Gilad Harel; l’autre, “sauvage“, veut donner à entendre les plus belles mélodies du Klezmer à la Comédie, exécutées par cinq musiciens et un ordinateur, le 14 octobre. Le dernier concert, « prestige » cette fois, donnera carte blanche au flûtiste enchanté Emmanuel Pahud au Victoria Hall, le 30 octobre : l’ouverture de la Flûte enchantée, les Concertos pour flûte de Carter et de Benda, ainsi que la Symphonie No 27 de Haydn sont notamment annoncées. Notons aussi que l’Orchestre de Chambre de Genève, dirigé par son nouveau directeur Arie van Beek, reçoit le 20 octobre le pianiste Ronald Brautigam pour une soirée autour de Ravel, Poulenc et Honegger. Enfin, les amateurs de musique de chambre ne manqueront pas la venue du Quatuor Borodine au Conservatoire de la Place Neuve, le 18 octobre, où résonneront des œuvres de Beethoven, Borodine et Chostakovitch. Le 29 octobre au Victoria Hall, une soirée Remember Shakti réunira, autour de John McLaughlin, Zakir Hussain, Shaknar Mahadevan, V. Selvaganesh et U. Shrinivas. Le Grand Théâtre de Genève propose la réponse française à la Tétralogie avec l’opéra Sigurd d’Ernest Reyer, du 6 au 10 octobre au Victoria Hall, avec notamment Anna Caterina Antonacci en Brunnehilde. Sur la scène de la Place Neuve, l’on pourra encore découvrir, le 20 octobre, les talentueux solistes du Théâtre Mariinski, ainsi que La dernière victime du dramaturge russe Alexandre Ostrovski, le 11 octobre. a Hall avec l’Orquestra Sinfônica do Estado de São Paulo : ils interpréteront le Concerto pour piano No 4 de Beethoven et la Symphonie No 1 « Titan » de Mahler. Même concerto, mais cette fois avec Maria João Pires le 28 octobre, toujours au Victoria Hall, avec l’Orchestre du Festival de Budapest dirigé par Iván Fischer, qui exécutera aussi la Symphonie No 8 de Dvorák. Notons encore la venue de l’Academy of St Martin in the Fields avec le violoniste Joshua Bell le 21 octobre, qui sera le soliste du Concerto pour violon et orchestre No 1 de Bach. La Symphonie No 7 de Beethoven est prévue pour la suite de la soirée. Martina Díaz Kismara Pessatti © Balmer & Dixon a l i t é 25 o p é r interview Anna Caterina Antonacci Véritable ambassadrice du chant français à travers le monde, la soprano italienne Anna Caterina Antonacci est l'une des cantatrices les plus importantes de sa génération. Après avoir fait ses premières armes du côté de Rossini, elle fréquente Mozart, Gluck ou Massenet et le premier baroque de Monteverdi, avant de révéler toute l’étendue de ses talents dans le répertoire français, qu'elle ne cesse de défendre depuis une dizaine d'années. Berlioz et Les Troyens bénéficient de cette incursion, mais également Bizet, Halévy, Fauré et bientôt Reyer dont elle interprétera la rare Brunehilde de Sigurd en version de concert du 6 au 10 octobre au Victoria Hall de Genève. Rencontre. 26 Vous êtes assurément devenue la plus française des Italiennes, si l'on en juge par vos engagements passés et futurs. Vous chantez Massenet, Halévy, Gluck, Bizet, Fauré, et vous vous attaquez en octobre à Sigurd de Reyer. A partir de quand avez-vous pris conscience que la musique française allait occuper une si grande place dans votre vie d'artiste ? ACA : Tout a commencé avec la production des Troyens de Berlioz à laquelle j'ai participé en 2003 au Châtelet ; avant cette date, je n’imaginais pas que la décennie qui allait suivre serait placée sous le signe du répertoire français et que cette musique allait provoquer un tel changement dans ma carrière et dans ma vie ; car je me suis installée à Paris, puis à Genève. Si je fais le bilan des dix ans qui viennent de s'écouler, je peux affirmer qu'ils ont été les plus importants de mon existence. Je ne crois pas que je retrouverai des moments aussi intenses et décisifs : cela sera sans aucun doute ma meilleure décennie. Tout s'est donc joué à Paris et par le plus grand des hasards, car j'ai répondu à l'invitation du Châtelet avec plaisir, sans imaginer le succès et la passion que la découverte du répertoire français allaient me procurer. J'avais chanté Gluck, Mozart, Rossini et des œuvres du bel canto, mais j'en avais assez et ne savais pas quelle direction suivre. L'opéra français m'a ouvert des horizons musicaux et culturels que je ne soupçonnais pas. J'ai appris la langue que je ne parlais pas et me suis totalement immergée dans un univers qui finalement n'était pas aussi éloigné que je le pensais. e Vous poursuivez votre exploration musicale en abordant des œuvres rares et difficiles qui font appel à la grande déclamation qui a longtemps fait peur : l'héritage de Germaine Lubin et de Régine Crespin a-t-il eu une influence sur vous ? …. cela a été dur dans un premier temps, mais sans que je m'en aperçoive car j'avais débuté avec le declamato italien, cette façon très particulière de dire le chant, propre à Monteverdi, pour lequel j'éprouve toujours une passion. J'ai découvert grâce à la musique française un univers extrêmement riche et une proximité avec le grand théâtre classique. Je me rends compte aujourd'hui que le public a pu trouver illégitime la passion dévorante que j'ai aussitôt vouée à ce répertoire, mais j’étais tellement enthousiaste que rien ne pouvait m'arrêter. Je me suis mise à apprendre avec tout l'engagement dont je suis capable, à étudier la diction, la prosodie, car j'ai toujours été très exigeante sur ce point, même en italien et ai reproduit la même chose avec le français. Même si je me suis récemment mise à l'allemand pour aborder les Wesendonck-Lieder de Wagner, je ne le maîtrise pas suffisamment pour poursuivre plus avant. a nous aurions pu nous retrouver dans Carmen, ou La Juive. C'est un hasard étrange, qui heureusement va prendre fin. Cette rencontre nous a fait plaisir, même s'il ne s'agit que d'une soirée, qui, il faut le reconnaître a demandé un gros investissement, car Pénélope n'est pas un ouvrage facile ; nous avions heureusement la partition sous les yeux, ce qui était rassurant. Comment trouvez-vous, en travaillant partition en main un opéra comme Pénélope ou Sigurd, le style et l'interprétation qui vont avec, par delà les notes et les indications musicales ? Il est clair que l’expérience aide car lorsque j'ai abordé pour la première fois Werther ou Carmen, je n'avais pas vraiment le style approprié. Les rencontres avec les chefs, les metteurs en scène et les collègues sont très salutaires. Pour Les Troyens j'ai changé ma façon de chanter le français grâce aux répétiteurs ; tout cela vous enrichit comme le fait de lire, d'aller au théâtre, à la Comédie Française par exemple, pour écouter les acteurs. J'ai également beaucoup d'enregistrements qui me sont utiles pour chaque prise de rôles. Ceux de Régine me sont indispensables, mais j'aime également la voix de Gérard Souzay ou, pour le cas présent, la Pénélope de Jessye Normann, par ailleurs très bien dirigée. Pour Pénélope de Fauré, vous aviez pour partenaire Roberto Alagna, un spécialiste de la diction et du chant français. Etes-vous satisfaite de vivre à ses côtés ce moment particulier et peut-on savoir pourquoi vous n'avez pas été programmés ensemble plus tôt ? C'est exact, il chante le français aussi naturellement et facilement que Pavarotti l'italien, c'est extraordinaire. Nous nous sommes souvent demandés pourquoi aucun directeur ne nous avait réunis car nous avons gagné ensemble le Concours Pavarotti, justement, en 1988 à Philadelphie et depuis cette compétition nous ne nous sommes jamais croisés sur scène ; il est vrai qu'il a abordé un vaste répertoire, ce qui n'est pas mon cas, mais n t r Anna Caterina Antonacci © Benjamin Ealovega e t i e n o p é r a Pénélope et Sigurd n'ont jamais réussi à s'imposer sur les grandes scènes européennes. D’après vous, quels sont les éléments qui manquent à ces héroïnes pour être équivalentes à celle de Berlioz ? Les Troyens sont aujourd’hui joués, mais pendant longtemps ont été ignoré, car la musique est complexe et le coût du cast fait qu'il est difficile de le donner. Pénélope ne fait pas rêver les metteurs en scène du point de vue dramatique, il y peu à faire, car il s'agit davantage d'un poème lyrique que d'un opéra, mais je la trouve tout de même fascinante à maints égards ; Sigurd sera également présentée en version de concert, là encore en raison de son histoire sans grand relief et du manque de ressort dramatique, mais je suis très impatiente de lui redonner une chance en compagnie du maestro Chaslin. La saison prochaine vous retrouverez Les Troyens mis en scène par McVicar à la Scala avec Gregory Kunde, une œuvre qui vous suit depuis plusieurs années. Préférezvous approfondir un personnage dans la même production, ou changer d'univers et passer d'une mise en scène à l'autre. Après la production de Yannis Kokkos que nous avons reprise à Genève, est arrivée celle de McVicar bien différente, très éloignée de la vision hiératique de Kokkos et pourtant j'y suis très attachée. J'aime reprendre plusieurs fois la même production, pas éternellement bien sûr, car donner seulement sept représentations est vraiment insuffisant. La reprise milanaise me réjouit. A Genève ce n'était pas tout à fait pareil, le chef avait changé, deux années s'étaient écoulées et nous avions mûri, évolué. Notre métier est étrange parce que nous travaillons énormément sur des productions souvent lourdes et coûteuses, pour un nombre de représentations réduit ; une fois passées on oublie tout et c'est terrible. Selon moi l’idéal serait de jouer au moins trois mois, mais vous savez très bien que nous enchaînons les rôles ailleurs, aux quatre coins du monde. Cette année j'ai travaillé La voix humaine et j'aurais aimé poursuivre jusqu'en juin au lieu de m'arrêter après cinq représentations à l'Opéra Comique. La reprise n'est prévue que dans deux ans à Liège... Vous n'avez en revanche toujours pas abordé Iphigénie en Tauride, là aussi un personnage dans lequel on vous imagine facilement, comme par le passé Crespin. Vous l'avez côtoyée quelques temps avant sa mort : vous imaginait-elle dans ce rôle ? Ce sera fait à Genève en 2015, dans la production de Pina Bausch ! Je serai donc quelque part e n t r dans un coin du plateau et je ne sais pas ce que cela va donner (rires). J'adore Pina Bausch, mais je n'ai jamais vu cette production. Nous en avons parlé avec Régine, car Gluck a très vite beaucoup compté dans ma carrière, en fait dès mes débuts à la Scala en 1993, avec Armide dirigée par Muti ; c'est indiscutablement l'héroïne que je préfère, mais je suis heureuse qu'Iphigénie se présente. La création de La Ciociara d'après Moravia, par Marco Tutino (dont vous avez interprété Vita en 2003, adapté au cinéma par De Sica avec Sofia Loren et Belmondo en 1960), est prévue pour 2015 à San Francisco. Allez-vous faire partie de ce projet et si oui pouvez-vous nous en parler ? Oui tout a fait, nous pouvons en parler. Marco vient d'ailleurs de m'envoyer un message en me disant qu'il m'avait écrit un rôle magnifique. J'aime beaucoup ce compositeur que je connais depuis toujours et l'expérience de Vita a beaucoup compté, car elle m'a vraiment comblée artistiquement. J'ai été vraiment frustrée de ne pouvoir en donner que quelques représentations. J'ai demandé à tout le monde d'organiser une tournée, mais personne n'a été intéressé. Marco ne fait pas partie du gotha de la musique contemporaine, car son langage est accessible et pour cette raison, est mis de côté. Vita était extraordinaire, déchirante, de par son sujet très actuel, celui de la mort par le cancer, une maladie très répandue. Cette intellectuelle qui était dans son monde et parlait avec son poète alors qu'elle ne communiquait plus avec ses proches, m'a profondément touchée. Se retrouver pour La Ciociara est très excitant, car j'aime beaucoup faire des choses nouvelles et je ne sais pas quoi répondre quand on me demande quel rôle je voudrais chanter. Vous êtes l'une des très rares interprètes actuelles capables de chanter avec autant d'évidence l'opéra de ses origines (Monteverdi) à la création contemporaine (Tutino), en passant pas Mozart, Gluck, Cherubini, Donizetti, Verdi et l'opéra français. Avez-vous le sentiment de profiter pleinement de ces atouts et de mener la carrière dont vous rêviez lorsque vous avez débuté? Non, car à mes débuts je rêvais de chanter Traviata, Trovatore et Norma, c'est à dire le répertoire de grand soprano, celui que j'avais entendu au disque et vu au théâtre. J'écoutais beaucoup d'enregistrements et ne concevais l'opéra que par ce biais. C'est une belle question que vous me posez, car je me demande souvent si j'ai réalisé moins ou plus que ce que je voulais faire. e t i e J'ai fait moins, car je n'ai pas touché au grand répertoire, aucun Puccini, pas de Traviata, chez Verdi seulement Falstaff et Un giorno di regno, mais j'ai fait ce que je n'imaginais pas, c'est-àdire un grand éventail de rôles et avec une grande liberté d'expression et d'interprétation. Cela m'a permis d'arriver où je suis. Quand je chantais Ermione de Rossini, je pensais encore qu'il me serait facile d'aborder les ouvrages de Donizetti et de Verdi, mais cela n'a pas été le cas. J'ai chanté Elisabetta dans Maria Stuarda mais c'est peu. J’aurais peut-être pu chanter Norma si j’avais rencontré quelques années plus tôt le maître que j'ai eu à 38 ans. Je le regrette, mais en même temps c'est vrai que le répertoire que je fréquente est plus intéressant intellectuellement et les personnages vraiment fantastiques. Vocalement Leonora est sublime, mais son caractère n'est pas passionnant. Vous avez dit dans une interview récente que vous pensiez vous retirer dans quelques années pour vous éloigner du théâtre et vous occuper de la culture des oliviers, tout en vous rapprochant de votre fils. Qu'est-ce qui vous pèse le plus dans cette vie dédiée à la musique ? … les voyages me sont de plus en plus insupportables et l'éloignement, difficile à gérer. Nous sommes rarement chez nous et si l'on fait le bilan, comme le disait Régine, on se rend compte que l'on a renoncé aux relations humaines, car on ne peut pas établir de vrais rapports avec quelqu'un que l'on voit tous les cinq mois. Les amis supportent nos absences mais les relations étroites sont impossibles. J’avais des copines d'enfance qui sont restées en groupe depuis l'age de 14 ans. Lorsque je les vois, je les retrou-ve entre elles et il m'est difficile de m'immiscer quelques jours seulement par an dans leur clan ; les rapports ne sont pas similaires. A l’époque de Julia Varady et de Dietrich Fischer-Dieskau, qui ont choisi de s'éloigner très peu de leur lieu d'habitation, les chanteurs avaient encore quelque pouvoir, aujourd’hui on ne peut plus rien décider. Il reste encore deux trois divi et quelques dive comme Fleming, Netrebko ou Kaufmann, mais ils sont rares. Regardez les affiches des spectacles c'est frappant : les metteurs en scène sont toujours écrits en plus gros que nous, et il n'est pas rare de nous trouver après celui du décorateur ou du dramaturge ; nous sommes tout de même les premiers seuls sur scène, face au public. Cela est vraiment inquiétant. Propos recueillis par François Lesueur Les 6, 8, 10 octobre au Victoria Hall à 19h30 Locatin : 022/322.50.50 et www.geneveopera.com/ n 27 o p é r a opéra de lausanne Saison 2013-2014 L'Opéra de Lausanne affiche la saison prochaine sept titres qui sont autant d'invitations au voyage rêvé; il offre ainsi l'occasion de (re)découvrir une riche palette de sensibilités musicales fort diverses qui devraient remporter une adhésion totale et immédiate auprès de son public. Monteverdi : Orfeo création 24 février 1607 (27 octobre 2013) 28 Ce titre, que l'on considère souvent comme le point de départ de la florissante évolution du genre lyrique européen, n'a cessé de fasciner les publics. Par son sujet, d'abord : l'histoire de ce musicien qui parvient, par sa seule maîtrise de l'art des sons, à faire fléchir les puissances infernales afin de retrouver son épouse prématurément décédée, possède tous les ingrédients du songe attrayant. La musique, ensuite, qui se met avec ferveur au service d'une intrigue admirablement conduite, avec ses coups de théâtre prenants (l'arrivée de la Messagère, annonciatrice de la mort d'Eurydice ou l'ouverture des portes de l'Enfer sous l'impulsion du chant de la lyre) et son réjouissant lieto fine (ou happy-end, pour parler français!) où l'on voit Orphée, devenu l'égal d'un dieu, rejoindre sa femme dans le ciel étoilé. Confié à Gabriel Garrido, qui a offert une gravure discographique de référence de ce titre, cet opéra ne devrait pas manquer son effet sur le public lausannois, même s'il est affiché en version de concert seulement. sentiment amoureux si noble, remonte seul dans l'Olympe... La musique respecte la double nature du sujet : d'un côté, elle est de nature essentiellement délicate dans ses airs bucoliques, mais elle sait aussi faire un sort brillant aux passages plus dramatiques tels que les séquences de chasse ou les évocations de Pitone, le serpent de mer qui jouer le rôle du vilain à abattre... Diego Fasolis, et ses Barocchisti, bien connus des Lausannois après leurs brillantes interprétations de Farnace du même Vivaldi et de L'Artaserse de Vinci, seront de nouveau au rendez-vous pour cette occasion unique de redécouvrir un chef-d'œuvre. Rossini : Il barbiere di Siviglia création 20 février 1816 (27 & 30 avril, 2, 4 & 7 mai 2014) On ne présente plus cet œuvre célébrissime qui n'a jamais quitté l'affiche depuis sa création au début du 19e siècle. Rappelons toutefois que l'Espagne mise en musique par Rossini n'a pas grand-chose à voir avec le fandango ou une feria gitane. De fait, l'opéra pourrait tout aussi bien Vivaldi : Dorilla in Tempe création 9 novembre 1726 (11 mai 2014) Deuxième opéra offert sans costumes ni décors, ce titre peu connu de Vivaldi n'en sera pas moins une révélation pour beaucoup, tant la musique en est variée et la fourchette des affects inhabituellement large. Le sujet de cette pastorale héroïque est à la fois limpide et complexe. Apollon, déguisé en berger, tombe amoureux de la fille d'Admète, Roi de Thessalie. Mais celle-ci aime un autre berger, qui n'est lui qu'un simple mortel. Lorsqu'Admète voit son royaume attaqué par un horrible monstre marin, les dieux exigent de lui qu'il donne sa fille en sacrifice, à l'image de ce qui se passera pour Idoménée. Sauvée du monstre par Apollon, elle est rendue à son berger adoré tandis que le dieu, ému par la pureté d'un a s'intituler Le barbier de Naples ou Le Coiffeur de Florence. Ce qui a intéressé le compositeur et son librettistes, c'est d'abord le chef-d'œuvre de Beaumarchais et la touche d'exotisme que suggérait la description d'un ordre social légèrement différent de ce qui se passait à l'époque en Italie. Et encore : si l'on songe au Don Pasquale de Donizetti composé vingt-sept ans plus tard, les différences entre les caractères et les réactions des personnages principaux ne sont pas légions... Mais les librettistes de l'opéra comique de l'époque aimaient adapter des intrigues aux rebondissements légèrement étranges au même titre que les mélos cinématographiques se sont amusés à transporter les amateurs du genre aux quatre coins de la planète avec des décors de cartonpâte construits à Cinecittà ou Hollywood. Et la mise en scène d'Adriano Sinivia, déjà présentée en 2009 sur cette même scène, ajoute sa touche décalée en transplantant cet univers comique dans celui du cinéma des années cinquante.... Nicolai : Die lustigen Weiber von Windsor - création 9 mars 1849 (6, 8, 11, 13 & 15 juin 2014) Bien que basé sur la même pièce de Shakespeare que le testament lyrique de Verdi, cet opéra ne présente que peu de points communs avec son plus célèbre rival italien. L'intrigue respecte plus précisément le canevas shakespearien (avec notamment le déguisement de Falstaff en vieille tante ronchonneuse) mais la musique affiche des ambitions autres. Il s'agit d'une comédie lyrique de ton mélancolique, avec de superbes airs (le plus connu étant celui du ténor 'Horch die Lerche singt im Hain...' avant le grandiose quatuor du II), de longues séquences chorales (comme le fameux Hymne à la lune qui ouvre la dernière scène après avoir déjà été cité dans la populaire Ouverture) et une série d'ensembles moins turbulents que chez Verdi mais empreints de ce comique bonhomme qui est le trait dominant de ce type d'opéras comiques allemands dont Albert Lortzing fut le maître incontesté. Comme chez Rossini, Nicolai ne se soucie pas de couleur locale dans sa musique; il se contente bien plutôt d'exploiter avec la verve mélodique qui lui est propre - et qui est à vrai dire plus proche de la tradition italienne que de l'anglaise - un sujet qui a visiblement titillé son imagination. Verdi : Luisa Miller création 8 décembre 1849 (21, 23, 26, 28 & 30 mars 2014) Diego Fasolis dirigera I Barocchisti et le Chœur de la RTS pour «Dorilla in Tempe» c t u a L'écrivain allemand Friedrich Schiller était avec William Shakespeare et Victor Hugo un des l i t é o p é r a auteurs préférés de Giuseppe Verdi. Trois de ses sujets ont été mis en musique par le compositeur italien; Luisa Miller, tiré d'un drame de jeunesse intitulé Kabale und Liebe, raconte la passion malheureuse et condamnée à l'échec d'un jeune couple que les conventions sociales séparent, un peu comme dans Roméo et Juliette. La fin, bien évidemment, est tragique... La musique n'évoque pas l'Allemagne de façon précise; Verdi, qui est sur le point de livrer au monde sa fameuse trilogie composée de Rigoletto, Le trouvère et La traviata, écrit pourtant là une partition qui diffère de ce qu'il a offert à la scène lyrique jusqu'ici; dès le Prélude, écrit sur une seule formule musicale répétée et variée à l'envi, l'auditeur est frappé par une certaine austérité de ton, une incroyable diversité dans l'écriture instrumentale et une recherche de plus en plus poussée visant à effacer toute trace de rupture entre récitatifs et airs ou ensembles. Serait-ce par là que Verdi aurait tenté d'évoquer le monde de la musique allemande, moins ouvertement spectaculaire au plan vocal que celle de ses contemporains dans la Péninsule? partition pour la création berlinoise de l'opéra afin de donner un profil musical plus accusé au personnage de Dapertutto... Offenbach : Le voyage dans la lune - création 26 octobre 1875 (17 & 19 janvier 2014) Varney : Les Mousquetaires au couvent - création 16 mars 1880 (22, 25, 27, 29 & 31 déc. 2013) Cette opérette à grand spectacle a été écrite par le compositeur français juste après la parution de l'ouvrage de Jules Verne qui fit sensation dans les milieux lettrés de Paris. L'exotisme des situations est ici exploité par Offenbach pour aligner une série de musiques étranges, délibérément caricaturales, où il passe en revue les tics et manies des auteurs d'opéra à la mode à Paris à cette époque. Rien n'a été épargné pour assurer le succès de ce nouvel opus : quatre actes, vingttrois tableaux (donc vingt-trois décors différents!), et trente-et-un numéros musicaux (ballets, chœurs, airs et ensembles fantastiques) sont nécessaires pour raconter cette rocambolesque histoire du Prince Caprice, fils du Roi Vlan, qui veut conserver sa liberté au lieu de se marier. Lorsque le jeune homme récalcitrant rencontre la Princesse Fantasia sur la lune, son cœur s'embrase immédiatement, mais il n'est pas au bout de ses peines pour autant. Sur un livret qui n'est pas sans évoquer les fantaisies de Voltaire dans Zadig ou Candide, Offenbach brode une musique d'une magnifique complexité, acide à souhait lorsqu'il s'agit de brocarder les vices de ses concitoyens, mais riche en magnifiques trouvailles, comme cette magnifique mélopée de l'Ouverture qui sera reprise dans Les Contes d'Hoffmann pour y devenir le fameux 'Scintille ô diamant, miroir où se prend l'alouette...', cet air très célèbre ajouté à la Qu' a-t-il de plus exotique, pour un public de bons bourgeois amateurs d'opéras légers, que la vie des Ursulines dans un cloître où pénètrent des Mousquetaires légèrement avinés ? Dans son opéra bouffe, au sujet vaguement inspiré du fameux Comte Ory de Rossini, Louis Varney ne va pas jusqu'à chercher la provocation, et le livret accessible à tout public n'a rien d'un ancêtre du film X. Mais le compositeur tire toute la verve comique de son ouvrage de l'opposition entre deux mondes musicaux tantôt gaillards et paillards, tantôt recueillis et doucement suaves. Contrairement à Offenbach, il s'agit moins pour lui de se moquer des travers de ses contemporains que de mettre sur pied une de ces comédies sentimentales dont le public d'alors était friand et qui permettait à chacun de sortir du théâtre en fredonnant ses airs favoris, faciles à retenir et pas trop ardus à maîtriser techniquement. a c t u injuste de faire la fine bouche. Le rôle-titre est en effet admirablement écrit pour un soprano léger, l'instrumentation de Delibes se révèle une merveille d'équilibre et de nuances inouïes jusque-là, et le sujet, également inspiré d'un texte de Pierre Loti, n'est finalement pas plus banal que celui de Madame Butterfly. Et contrairement aux compositeurs passés en revue jusqu'ici, Delibes a au moins tenté de retrouver dans ses mélodies les étranges figures harmoniques que l'on croyait, à l'époque, directement inspirée d'une Inde idéalisée. Cette naïveté peut fait sourire à juste titre aujourd'hui, mais l'ouvrage conserve néanmoins toute sa force lorsqu'il est confié à des artistes qui le prennent au sérieux. Humperdinck : Hänsel et Gretel - création 23 décembre 1893 (5, 7, 8 [2 représentations], 9 & 12 février 2014) Frank Ferrari sera Narcisse de Brissac dans «Les Mousquetaires au couvent» © DR Delibes : Lakmé création 14 avril 1883 (4, 6, 9, 11 & 13 octobre 2013) Les charmes délétères d'un Orient de pacotille ont longtemps assuré le succès de cet ouvrage tombé dans un oubli quasi total dès la seconde moitié du siècle passé. S'il est évident aujourd'hui que Lakmé ne se compare pas aux grands chefs-d'œuvre lyriques français, il est néanmoins a l i t Inspiré d'un fameux conte de Grimm, cet opéra a d'abord été une affaire de famille. Le compositeur, admirateur fervent de Wagner, s'est en effet amusé à écrire, avec la collaboration de sa sœur, une fantaisie musicale destinée à agrémenter une fête de Noël familiale. Le succès fut tel que l'on pria Humperdinck d'orchestrer l'ouvrage pour en faire un opéra (à l'origine, seuls deux pianos fournissaient un accompagnement aux voix). Il le fit brillamment, mais en gardant en mémoire la fascination qu'il avait ressentie à l'écoute du Crépuscule des dieux de Wagner. C'est dire que les comptines enfantines se trouvent ici parées d'un somptueux manteau aux chamarrures fantastiques qui a parfois tendance à écraser sous leur poids de simples mélodies enfantines au charme fort discret. A Lausanne, l'Opéra proposera une version simplifiée, raccourcie et récrite pour un petit ensemble instrumental, ce qui devrait permettre une meilleur compréhension du texte, donné pour l'occasion dans sa version française. La quantité de chansonnettes réparties dans cette heure et demie de musique ont été, une fois ou l'autre, entonnées par chacun d'entre nous ; elles assurent d'ailleurs toujours un succès durable à cet ouvrage que chaque opéra allemand affiche dans les environs de Noël pour un public d'enfants ravis d'accourir au théâtre en compagnie de leurs parents. Et de fait, cette version musicale du conte est si séduisante qu'elle interpelle les publics de sept à septante-sept ans, comme aime à le dire l'éditeur d'une célèbre bande dessinée... Eric Pousaz é 29 o p é r a opéra de lausanne Eric Vigié Après avoir erré pendant cinq ans, l'Opéra de Lausanne a retrouvé ses murs en septembre dernier. La première saison a permis de mettre à l'épreuve un lieu théâtral à la technique entièrement rénovée, avec les inévitables petites pannes et défauts de jeunesse qui ont tous été maîtrisées avec célérité. La saison prochaine sera celle de la consolidation. 30 reste, il me conviendrait assez peu de rendre visite à des impresarios pour acheter des voix 'sur catalogue', en quelque sorte. Tous les chanteurs qui se présentent à Lausanne ont été entendus et sélectionnés en vue des rôles qui leur seront confiés. Car dans ce domaine, il ne sert à rien de vider sa bourse pour obtenir une vedette; il est plus intéressant de s'approcher de jeunes chanteurs qui ont envie de faire leurs preuves, qui acceptent de s'immerger totalement dans une production et ensuite, lorsqu'ils ont percé, de pouvoir compter sur leur fidélité et les voir revenir entre un gala au Met de NewYork et une première au Staatsoper de Vienne. C'est le rôle d'un théâtre comme Lausanne: la salle n'est pas trop grande, les voix jeunes ne s'y épuisent pas et les conditions de répétitions in situ qui y sont offertes touchent à l'idéal : les vedettes de demain, ne l'oublions jamais, ne se 'font' pas dans des auditoriums de deux mille places avec trois raccords en guise de répétitions avant de monter sur un plateau. Nous avons un bel exemple de la justesse de cette politique d'engagement avec Olga Peretyatko qui a chanté sa première Desdemona dans l'Otello de Rossini à Lausanne en 2010 alors qu'elle ne jouissait pas encore de la célébrité qui est la sienne aujourd'hui. Elle nous est restée fidèle en revenant trois fois sur les planches de l'Opéra et elle sera de nouveau présente dans une saison prochaine alors qu'elle est maintenant fêtée dans les plus grandes maisons d'opéra du monde entier... Il en va de même avec les metteurs en scène: pensez à Arnaud Bernard qui a fait en 2005 un admirable Rigoletto ici à Lausanne alors qu'il était inconnu du grand public. Maintenant les théâtres d'Italie se l'arrachent et je vais partir prochainement au San Carlo de Naples, une des salles les plus prestigieuses d'Italie, pour assister à une reprise de ce même Rigoletto qui n'a pas fini de tourner et dont chaque franc investi a été largement rentabilisé... Cette nouvelle saison se caractérise par un nombre inhabituellement élevé de nouvelles productions. Même les mises en scènes réalisées en partenariat avec d'autres théâtres verront d'abord le jour à Lausanne avant de partir sous d'autres cieux... M. Eric Vigié, Directeur de l'Opéra, est heureux de la réaction du public qui, non seulement l'a suivi fidèlement pendant la fermeture de la maison mère, mais manifeste toujours autant d'enthousiasme en cette période de crise. Questionné sur son sentiment à l'approche de sa neuvième saison lausannoise, il fait preuve d'un optimisme de bon aloi : - L'Opéra se porte bien à Lausanne. Les subventions, contrairement à ce qui se passe ailleurs, n'ont pas diminué et le public manifeste clairement son attachement à l'institution en suivant L'exemple de ce spectacle rappelle que les très régulièrement nos manifestations. Cela ne productions ont souvent une vie après Lausanne. signifie bien évidemment pas que tout est pour Comment cela se passe-t-il pour vous ? le mieux dans le meilleur des mondes possibles, Dans ce cas particulier, le spectacle avait été car il serait envisageable d'améliorer l'offre en coproduit avec Marseille. Puis, comme il a plu, il obtenant un million supplémentaire pour assurer, a été loué par divers théâtres, et la liste ne semble par exemple, une plus grande qualité des spectaEric Vigié pas sur le point de se clore... Et ceci est tout gain cles. Néanmoins, dans l'ensemble, les perspectipour le budget de l'Opéra: une telle réalisation scénique se loue dans les ves d'avenir sont bonnes. Le public a été renouvelé et s'est incroyablement 6500€ par représentation; vous pouvez facilement calculer ce qui rentre diversifié. Les soirées du mercredi à 19h voient notamment affluer les dans les caisses de l'Opéra lorsqu'une série de cinq à six spectacles est gens sortant directement de leur lieu de travail : après avoir mangé sur le mise à l'affiche. pouce, ils viennent passer quelques heure au théâtre avant de rentrer ou de Dans le cadre d'une coproduction (ce sera le cas plusieurs fois terminer la soirée avec leurs amis. A 20h, nous retrouvons le public plus dans le courant de la saison prochaine), la donne est-elle différente ? traditionnel qui vient en connaisseur à l'opéra et qui se fait une fête de sa Contrairement à une production qui est louée par un directeur après qu'il ait soirée lyrique. A 15h, c'est un public qui profite de cet horaire avancé pour assisté à une représentation dans le théâtre propriétaire, la coproduction s'évenir de l'extérieur et rentrer ensuite à des heures confortables. Les reprélabore en parfait accord avec l'Opéra partenaire. C'est dire que les risques sentations d'opéra pour enfants attirent également un public adulte fourni; financiers sont partagés, ce qui n'est pas négligeable en cas d'échec artisil est alors difficile de savoir qui entraîne qui, mais le résultat est là : les tique. Prenons un exemple concret: il me semblait légitime de programmer représentations affichent généralement complet. Comment équilibrez-vous la saison lorsque vous en confection- Lakmé à Lausanne car ce titre n'a pas été joué ici pendant des décennies. Or nez le programme et que vous songez à ce public si divers? cet ouvrage a fait les beaux soirs de l'Opéra Comique, lorsque celui-ci était Il y a plusieurs paramètres à respecter. Le premier tient bien entendu au encore un théâtre de répertoire avant que Rolf Liebermann ne le ferme. respect strict du budget: il ne sert à rien de s'offrir le luxe de coups média- Jérôme Deschamps, l'actuel patron de la maison parisienne, s'est tout de tiques pour se retrouver avec des comptes dans le rouge et des dettes à épon- suite déclaré intéressé par le titre. Il a proposé de confier la mise en scène à ger dans le futur. Mais cette limitation n'est pas bien gênante: c'est en effet Lilo Baur, une artiste qui a connu de grands succès pour ses mises en scène le rôle d'un directeur de partir à la recherche de jeunes talents pour les enga- réalisées à la Comédie-Française et qui a même obtenu un prix convoité ger dans son théâtre lorsqu'il a encore les moyens de payer leurs gages. Du pour son travail dernièrement. La proposition convenait d'autant mieux qu'il e n t r e t i e n o p é r a s'agit-là d'une artiste suisse qui a fait la majeure partie de sa carrière en France et en Angleterre. Au final, l'Opéra lausannois construit le décor, la salle parisienne se charge des costumes. La première aura lieu ici, puis l'ouvrage sera présenté à Paris... Voilà un exemple typique de ce à quoi il faut tendre ici à Lausanne pour s'épargner des dépenses inutiles. Pouvez-vous donner quelques précisions sur l'économie que cela représente pour un budget? C'est facile. Un spectacle nouveau coûte dans les 200.000€. En divisant cette somme par deux, il devient possible d'engager des artistes plus prestigieux et plus chers, ou du moins d'élargir le choix des chanteurs envisageables. Certains directeurs prétendent que le principe de la coproduction contribue à faire perdre son profil artistique à la maison qu'il dirige, puisque les spectacles risquent ensuite d'être proposés un peu partout. Etes-vous d'accord avec ce genre de réserve ? Il est vrai qu'il faut éviter de galvauder un spectacle en le présentant dans trop de salles différentes. L'idéal est une coproduction à deux, voire trois théâtres, en faisant bien attention à renouveler entièrement la distribution pour que chaque Opéra y trouve son compte et offre une vraie nouveauté à ses spectateurs. On aurait en effet tort d'oublier qu'au final, ce sont bien les voix qui font un spectacle, non les décors dans lesquels on le joue. Ensuite, on a tout loisir de louer la mise en scène à d'autres salles en mal de moyens suffisants pour s'offrir une nouvelle production. Mais cela a généralement lieu lorsqu'une reprise n'est plus pensable sur la scène des théâtres producteurs. Vous sentez-vous totalement libre dans le choix des ouvrages qui constituent le programme d'une saison ? Il faut essayer de prendre le contrepied de ce qui se fait ailleurs. Il serait présomptueux, faute de moyens, de vouloir lutter sur le même terrain que les grandes maisons d'opéra internationales. Il est par contre vital de proposer ici quelque chose qui ne se fait pas ailleurs. Prenez l'exemple de Luisa Miller de Verdi, un ouvrage qui sera donné au début du printemps 2014. Pendant l'année du bicentenaire, l'Opéra lausannois n'a présenté aucun ouvrage de Verdi: il y en avait tant à l'affiche ailleurs! Après les festivités qui auront gavé les spectateurs de Traviata et d'Aida, Lausanne propose Luisa Miller dans une nouvelle production: cet ouvrage de toute première qualité, écrit peu avant Rigoletto, n'a quasiment pas été jouée en 2013; il a été deux fois à l'affiche, à Malmö et Tel-Aviv, et n'a même pas bénéficié d'une nouvelle production : il s'agissait dans le deux cas de reprises déjà vues sur ces scènes... Lausanne, en se démarquant de ce qui s'est fait ailleurs, soigne son profil de théâtre de redécouvertes en jouant presque le rôle de pionnier pour la circonstance. Théâtre des Marionnettes de Genève La saison comprend plusieurs titres rares. N'est-ce pas risqué pour votre trésorerie ? Le public est ici curieux et le théâtre jouit d'une solide base d'abonnés réguliers qui permet de relativiser les risques d'échec : environ 6000 spectateurs achètent effectivement leurs places à l'année. Il s'agit ensuite d'attirer pour chaque série de spectacles une moyenne de 4500 personnes. Si l'on y parvient la plupart du temps, c'est que les gens font maintenant confiance à leur théâtre, même pour un ouvrage aussi peu connu que L'Aiglon qui a atteint un taux de remplissage plus que satisfaisant cette année. Il ne faut néanmoins pas se cacher que chaque soirée comporte un risque; il s'agit de le gérer au mieux. Pour l'instant, ce contrat de confiance paraît en passe d'être renouvelé. Espérons qu'avec Lakmé, Les Mousquetaires au Couvent et Les Joyeuses commères de Windsor, sans compter Le voyage sur la Lune d'Offenbach, l'Opéra saura convaincre qu'il vaut parfois la peine de sortir des sentiers battus pour s'offrir le grand frisson de la découverte. Propos recueillis par Eric Pousaz e n t r e t i e n GRAND-PÈRE MAIS OÙ EST PASSÉ LÉON ? Dès 4 ans 25 septembre au 13 octobre 2013 Voyage au pays rêvé des jouets et de leurs ombres. De 1 à 3 ans 6 au 24 novembre 2013 Un malicieux grand-père poète va décrocher la lune. tmg es nnett mario Rue Rodo 3 – Genève 022 807 31 07 www.marionnettes.ch o p é r a Comment réagissez-vous face à un texte dont on ne peut tout de même pas prétendre qu'il soit tombé de la plume d'un grand esprit littéraire ? opéra de lausanne : lakmé Julia Bauer Lakmé de Leo Delibes a souvent mauvaise presse. L'opéra serait vieillot, son sujet étriqué et sa musique tout juste agréablement superficielle. Pour Julia Bauer, l'interprète de la première Lakmé lausannoise donnée à l'Opéra, tout ce qui a été dit de négatif au sujet de cet ouvrage est entaché de mauvaise foi. Au cours d'un entretien qu'elle a bien voulu nous accorder au sortir d'une des premières répétitions sur scène au début du mois de septembre, elle prend immédiatement fait et cause pour cette œuvre qui, selon elle, n'a rien de su-ranné. Cette jeune artiste, qui a fait ses premiers pas sur la scène lyrique en Autriche essentiellement, a peut-être la chance d'aborder pour la première fois une œuvre pas très connue dans les pays de culture germanique et, par conséquent peu encombrée de tous les préjugés que l'on a cru bon de colporter dans les salons de l'Hexagone!... Aussi notre première question la surprend-elle presque... 32 Êtes-vous entièrement convaincue par ce nouveau rôle ? Bien sûr! Comment pourrait-il en aller autrement ? On reproche pourtant souvent à Delibes de s'être laissé inspirer par un orientalisme facile où le kitsch côtoierait la banalité mélodique d'une superficialité sucrée. Mais qu'est-ce que cela peut bien vouloir dire ? Et qu'est-ce qu'une musique superficielle ? Pour moi, une musique interpelle ou laisse indifférent. Lorsqu'elle touche, elle parle directement aux auditeurs, et le terme de 'superficiel' ne peut pas lui être appliqué ! Il n'y a pas lieu de chercher ici des comparaisons avec d'autres styles de musique soidisant plus élaborés ou savants. Lakmé est un opéra qui existe en soi et, pour lui rendre justice, il convient d'abord de l'écouter et d'entrer sincèrement dans la problématique qu'il aborde. Mais écrire un texte d'une grande valeur littéraire n'est pas la tâche d'un bon librettiste d'opéra... Il s'agit d'abord pour lui de fournir au musicien des situations et des répliques qui enflamment son imagination. Prenez par exemple la fin du premier acte de l'opéra, lorsque la jeune femme demande au bel étranger de quitter les lieux parce que son père ne verrait pas d'un bon œil l'intrusion d'un Anglais dans l'enceinte sacrée du temple. Le texte se limite à quelques formules simples, que l'on pourrait résumer par : «Vat-en, tu n'as rien à faire ici». Cette idée, relativement commune, est habillée par le compositeur d'une musique au cheminement mélodique plutôt tortueux qui indique bien que la jeune femme est en proie à des sentiments contradictoires lorsqu'elle demande à Gérald de la quitter; en fait, qu'elle s'en rende compte ou non, elle l'aime déjà. Le livret remplit ici parfaitement sa fonction, car par le truchement de la musique, il invite l'auditeur à une lecture au second degré qui enrichit la situation de base d'une nuance capitale pour l'évolution des caractères dans la suite de l'histoire. Prendre conscience d'une telle dualité entre texte et musique at-il une influence directe sur la mise en scène ? Bien sûr. Je ne peux bien sûr pas encore formuler de jugement précis sur ce que l'on va faire ici à Lausanne puisque la première est dans plus d'un mois. Mais il me semble vital de trouver un tracé qui tienne compte des exigences parfois contradictoires entre les mots et les notes afin que naisse soudain ce qui fait la force expressive de toute représentation lyrique réussie : on ne doit jamais oublier, en effet, que l'opéra, c'est du théâtre, de la musique, de la mise en scène; et l'émotion vraie naît de la conjonction de ces trois composantes, sans que l'on puisse toujours dire très exactement ce qui joue le rôle le plus important. A mon avis, cela devrait rester le compositeur!!! Vous méfiez-vous des metteurs en scène en général ? ou des chefs d'orchestre réputés despotiques ? Je n'ai pas l'impression de me trouver ici dans une situation où il faudra lutter pour que tout se passe bien. Mais j'ai souvent vu, il est vrai, des luttes d'égos entre les différents artisans d'une représentation lyrique conduire à l'échec final, parce que chacun Julia Bauer sera Lakmé Justement, certains vous diront songeait d'abord à se mettre en valeur et à que cette histoire sent son eau de rose... attirer le plus efficacement l'attention du Mais encore une fois, cela ne veut rien dire ! Le sujet ici abordé est celui public sur soi au lieu de se mettre au service de l'ouvrage à l'affiche. Pour revenir au personnage que vous allez incarner, comment de l'incompatibilité entre deux cultures que tout oppose : la religion, les us le jugez-vous ? Quelle conception avez-vous de sa psychologie, de ses et coutumes, la façon d'envisager la vie. Est-ce que cela a beaucoup chanantécédents, de sa personnalité ? gé de nos jours ? On trouve quotidiennement dans la presse ou à la TV l'éLakmé est une très jeune femme, une teen-ager, aurais-je envie de dire. cho de drames passionnels où des couples sont empêchés de vivre leur Cela signifie que sa naïveté n'est pas feinte, elle n'est pas le fruit d'un calamour jusqu'au bout parce qu'ils appartiennent à des clans familiaux qui cul non plus. Son attachement à son père est fort, et c'est à son corps ne peuvent accepter l'existence d'une autre culture ou d'une autre religion. défendant qu'elle se sent tout à coup attirée vers le bel étranger qui fait Le drame que vit Lakmé est celui que vivent chaque jour toutes ces jeunes irruption dans son monde jusqu'ici ultra-protégé. femmes à qui l'on interdit de fréquenter un partenaire qui n'appartiendrait Voyez-vous en elle une sorte de Madame Butterfly avant pas au même milieu qu'elle. e n t r e t i e n o p é r a l'heure ? Non, car son rôle de prêtresse la destine de toute façon à servir son dieu. Elle ne rêve pas de fonder une famille ou d'avoir des enfants, comme Butterfly. Elle sait même qu'elle mourra vierge, puisque c'est sa destinée de jeune femme dont la vie est consacrée au service du temple. Lorsqu'elle fait le sacrifice suprême en buvant le poison après avoir sauvé Gérald, elle ne fait donc qu'accomplir la destinée qui lui était prescrite, mais ce n'est plus une déité évanescente qu'elle sert à ce moment-là. Par son sacrifice, elle vit jusqu'au bout l'amour qu'elle ressent pour le jeune Anglais. Sa mort est en quelque sorte positivée par ce sentiment nouveau, dans la mesure où elle prend elle-même son sort en main. Pour l'interprète lyrique que je suis, la progression psychologique du personnage, qui passe du stade de la jeune enfant obéissante à celui de la femme assumant pleinement sa décision de mourir, est tout simplement fascinante. On est bien loin du chromo un peu kitsch que certains veulent voir dans le sujet de cet opéra. Vocalement, on attend surtout l'interprète de Lakmé dans le fameux air des clochettes chanté au 2e acte, et dans le duo avec Mallika au début de l'ouvrage. Comment voyez-vous, de l'intérieur, l'ensemble du rôle. J'aurais franchement de la peine à faire des choix. La musique est magnifiquement écrite pour les voix (pas seulement la mienne!) et l'orchestration est à la fois d'une richesse et d'une délicatesse qui chercherait sa semblable loin à la ronde. Les duos de Lakmé avec Gérard ou les scènes avec Nikalantha, son père, sont traitées avec une finesse de touche qui en rend chaque épisode subtilement changeant, et la difficulté, mais aussi l'attrait d'une telle écriture est qu'elle stimule les interprètes dans leur recherche de la nuance juste, toujours renouvelée sans jamais devenir outrancière. On est ici loin du vérisme à l'italienne... GALERIE LA FERME DE LA CHAPELLE 39, ROUTE DE LA CHAPELLE | CH -1212 GRAND-LANCY WWW.FERMEDELACHAPELLE.CH Ville de Lancy République et canton de Genève Lorsque vous êtes sur scène, sentez-vous le pouvoir, ou du moins l'ascendant que vous avez sur l'auditoire lorsque tout se passe bien pour vous ? Autrement dit, avez-vous pleinement conscience des moments où le public vous suit, où il 'marche', comme on dit parfois vulgairement? Certainement. Ce sentiment est d'ailleurs extraordinaire! Quand tout à coup vous sentez qu'à travers vous, votre voix, votre expression corporelle, l'auditeur entre pour ainsi dire en communion avec ce qu'a exprimé le compositeur, vous atteignez le but que vous vous êtes plus ou moins consciemment fixé pendant les longues semaines où vous avez travaillé le rôle.. L'interprète que je suis atteint alors presque à un niveau qui se comparerait à celui d'une prière ou d'un recueillement intense qui comble tout votre être et dont il est par la suite difficile de s'extraire. Je ne vous cacherais pas que, dans un tel contexte, je trouve parfois les applaudissements en fin de spectacle presque gênants, car ils détruisent en quelques secondes l'atmosphère de concentration que tous les artisans du spectacle sont parvenus à construire dans les minutes qui ont précédé la chute du rideau... Propos recueillis par Eric Pousaz e n t r e t i e n SAISON 2013—2014 Quelles sont alors les difficultés d'un tel rôle pour l'interprète ? Il faut trouver un équilibre délicat ente la maîtrise des sentiments, que la musique exacerbe systématiquement, et le sort à réserver à ces moments où il faut prendre le risque de se laisser aller. Dans le dernier acte, il est tentant de forcer la dose pour émouvoir le public plus sûrement, mais c'est à mon avis contraire à l'effet recherché par Delibes. L'auditeur n'a pas à être manipulé par l'interprète, il faut simplement qu'il puisse accéder à l'univers du compositeur pour rester sensible à l'expression de son langage OCTOBRE JE 3 & VE 4 – MARC DONNET-MONAY TRANSMET SA JOIE Humour ME 9 – HITCH d’Alain Riou et Stéphane Boulan Truffaut/Hitchcock SA 19 – OCCIDENT de Rémi De Vos – à Martigny MA 22 – UN MARI IDÉAL d’Oscar Wilde Comédie NOVEMBRE ME 6 – CIAO AMORE de Jérôme L’Hotsky avec Christophe Alévêque JE 14 – LE COUPERET d’après Donald Westlake ME 20 – LA RELIGIEUSE de Diderot VE 29 – RÉCITAL PIANO de Cédric Pescia o p é r a opéra de lausanne : rencontre avec lilo baur Le gout des défis Lilo Baur n'est pas une inconnue des amateurs de théâtre lausannois: au Théâtre de Vidy, elle a déjà mis en scène Fish Love d'après des nouvelles de Tchekhov et Le conte d'hiver de Shakespeare. Femme de théâtre et de cinéma surtout, elle est venue à l'opéra il y a quatre ans seulement lorsque l'Opéra de Dijon lui a commandé une mise en scène de Dido ans Aeneas d'Henry Purcell. 34 «La découverte de la puissance évocatrice de la musique, ajoutée à celle du texte, m'a immédiatement séduite», dit-elle avec enthousiasme. «Et je me suis réjouie de pouvoir revenir fouler les planches d'un théâtre lyrique suite à cette première expérience enthousiasmante pour y régler un nouveau spectacle.» Ce fut d'abord La resurrezione, un oratorio de Haendel, à l'Auditorium de l'Opéra-Bastille; vinrent ensuite Ariane et Barbe-Bleue de Paul Dukas à Dijon et tout récemment Béatrice et Bénédict au Festival Berlioz de La Côte-Saint-André... Et aujourd'hui, pour ses débuts à l'opéra lausannois, Lakmé... Le catalogue de ses réalisations lyriques frappe par l'originalité des titres sélectionnés. Aucune des œuvres mises en scène jusqu'à aujourd'hui ne fait partie de ce que l'on appelle familièrement le grand répertoire. Et ce n'est pas l'ouvrage de Delibes qui va changer le cours des choses! Aussi notre première question, lors de notre rencontre à l'issue d'une des premières répétitions de Lakmé à Lausanne, a-t-elle précisément concerné l'originalité de ses choix dans l'inventaire lyrique... Comment sélectionnez-vous les titres d'opéras que vous allez mettre en scène ? (Rire franc) Mais je ne choisis pas ! On me propose, et, en général, j'accepte car j'aime tous les défis. Car si un directeur de théâtre, pour une raison ou une autre, a envie de mettre à l'affiche une œuvre qui l'intéresse, je ne vois pas pourquoi je me refuserais d'emblée à en assurer la préparation scénique. C'est d'ailleurs en affrontant ce genre de difficultés que j'ai fait quelques-unes des plus belles découvertes récentes après avoir pourtant eu, à l'origine, l'impression de m'embarquer dans une aventure bien risquée... Aussi, lorsqu'on me demande de mettre en scène un titre que je ne connais pas encore, je suis toujours prête à prendre le pari d'en tirer quelque chose de viable sur la scène... Il y a bien un jour où je me casserai les dents, e mais le monde du théâtre, s'il veut rester vivant, est celui de l'audace, non ? Alors, avec Lakmé, comment voyezvous votre tâche ? L'œuvre n'a pas toujours bonne réputation, mais cela est immérité. L'art lyrique a pris une direction entièrement différente dès la fin du XIXe s., et le genre dont se réclame Delibes a vite disparu des scènes européennes. Ce qui ne signifie pas, et de loin, que l'opéra comique n'a plus rien à nous dire aujourd'hui, car les sujets abordés n'ont rien perdu de leur actualité, N'en va-t-il pas d'ailleurs de même dans le musical à l'américaine que l'on commence à (re)découvrir en France ? Qu'est-ce qui vous est venu à l'esprit lorsque vous avez commencé à vous plonger dans la lecture du livret ? Nous sommes ici en présence de deux mondes que tout oppose. D'un côté, les Anglais qui se comportent en envahisseurs se souciant fort peu de respecter les usages locaux, et de l'autre, les Indiens qui sont obligés de faire contre mauvaise fortune bon cœur. Delibes a visiblement pris son parti: les Anglais, musicalement, sont caractérisés par une musique légère, presque primesautière, que ne renierait pas un Offenbach alors que les indiens, Nilakantha et surtout Lakmé en tête, se voient dotés de langages musicaux plus personnels et - sons le mot - plus inspirés. Comment cela peut-il ressortir dans votre mise en scène ? Pour moi, l'officier anglais n'est pas un personnage à la psychologie très consistante. C'est un rêveur qui se promène en pays conquis sans prendre conscience de la dimension spirituelle de ceux qu'il considère au final comme des êtres inférieurs. Son amour pour Lakmé reste du domaine de la délicieuse songerie exotique. Il y croit, certes, mais cela ne se sent pas dans son comportement; il se contente de l'exprimer avec des mots passe-partout qui ne tromperaient pas une Européenne moins naïve que Lakmé. La jeune Indienne, par contre, est d'une sincérité n t r e totale, mais cela ne le convainc pas vraiment. Lorsque, par exemple, elle le met en demeure de réfléchir aux dangers qu'il court en venant dans l'enceinte sacrée du temple où les étrangers sont punis de mort, il prend la menace à la légère Et lorsqu'elle insiste par peur de le voir peut-être mis à mort, il lui répond qu'il est prêt à braver tous les dangers par amour... et il entreprend alors d'analyser ses sentiments comme le ferait une femme plutôt qu'un soldant aguerri. Ce décalage est pathétique et pourrait être traité sur le mode tragique. Le compositeur français préfère rester dans le pastel, ce qui n'enlève rien à la force de son tableau de mœurs... Cette différence d'appréciation de la situation ne crée-t-elle par un hiatus entre les deux personnages ? Bien sûr, et c'est même ce qui, d'une certaine façon, suscite une légère angoisse, voire un vrai suspense. Le personnage de Frédéric, bien qu'il soit secondaire dans le déroulement de l'action, est nettement plus au fait de la situation en essayant de rappeler à son ami ce que sont les mœurs des Indiens et les dangers qu'il court en ne les respectant pas. Mais Gérald, finalement, reste passif, protégé par son inconscience ou son ingénuité. Il prend des risques qu'il croit pouvoir assumer, puisqu'il est officier dans une troupe conquérante; ensuite, il attend que les choses s'arrangent d'elles-mêmes puisqu'il se croit protégé par son statut d'envahisseur victorieux. Lakmé, au contraire, est un personnage extrêmement actif... Pas du tout au départ. Elle se comporte d'abord en fille soumise que son père n'hésite pas à violenter, par exemple en la forçant à chanter au 2e acte son fameux 'Air des clochettes'. Mais dès ce moment, l'atmosphère s'alourdit, car un changement s'opère en elle et elle devient la pièce forte du conflit interracial en s'opposant à Nilakantha son père - pour sauver Gérald, l'ennemi qu'elle devrait haïr mais dont elle s'est éprise. Et lorsqu'au 3e acte, pour sauver la vie du bel officier anglais, elle se dévoue pour le soigner à la suite de l'attentat dont il a été victime, elle assume tous les risques liés à sa désobéissance puisqu'elle se sait prête à mourir par amour. J'irai jusqu'à dire qu'au moment où elle offre la coupe sacrée à Gérald, elle se comporte comme une Isolde. Boire dans ce récipient doit sceller leur union éternelle (Gérald ne sait pas que Lakmé vient d'ingérer le suc mortel d'une fleur empoisonnée) et les deux amants vivent alors quelques secondes de parfait bonheur, avant que la jeune femme ne commence à faiblir et meure dans ses bras. L'opéra comporte de nombreuses scè- t i e n o p é r a Lilo Baur nes d'atmosphère qui sont souvent considérées comme plus faibles, musicalement. Comment peut-on les insérer dans le spectacle sans qu'elles n'y introduisent une note artificiellement légère ? J'aime ces moments où la foule se presse, comme dans la scène du marché ou celle des conspirateurs. Car c'est à ce moment que la mise en scène peut se substituer à la partition en braquant les projecteurs sur ce que la musique traite de façon superficiellement illustrative. Le contraste entre la tension dramatique de tels moments et les mélodies faciles de Delibes devient, en ces circonstances, un élément de tension dramatique. C'est comme si le théâtre mettait l'auditeur dans la situation inconfortable de savoir que quelque chose de terrible se prépare alors que, sur la scène, personne ne semble s'en apercevoir. Pour rendre sensible cette dimension, il est important de montrer que le comportement des Anglais est inadapté: ils renversent par mégarde un étal de marchand, ils blessent la fierté de la population en la traitant comme un ensemble d'êtres importuns, ils adoptent un comportement empreint de condescendance et de fierté mal placée. Tout cela nourrit le ressentiment des indigènes et justifie amplement l'attentat dont Gérald va être la victime. Des scènes en apparence secondaires laissent ainsi progressivement sourdre une agressivité qui prépare la chute du rideau du second acte où l'on voit le héros, frappé d'un coup de couteau, gisant sur le sol et mourant. Comment travaillez-vous avec votre distribution pour parvenir à vos fins ? J'ai la chance, ici à Lausanne, d'avoir tous les chanteurs avec moi sur un plateau entièrement libre puisque la saison commence précisément e n t r avec Lakmé; de plus, le chef d'orchestre est à mes côtés. C'est presque un luxe! Au départ, je fais de l'improvisation avec les chanteurs, pour découvrir quels sont leurs talents d'acteurs. Dans ces moments d'exercices libres, j'observe ce que les personnalités présentes ont à proposer spontanément et fais mes choix. Même si j'arrive à la première répétition avec une idée précise de ce à quoi va ressembler l'ouvrage sur le plateau, je ne me prive donc jamais des suggestions qui me parviennent, indirectement, de ces moments où les acteurs miment une scène de colère ou un moment tendre. Car il reste évident que, malgré ses talents, un metteur en scène ne fera jamais faire à un acteur ce qu'il répugne instinctivement à montrer sur une scène. Par contre, en canalisant et utilisant à ses fins un don théâtral découvert chez l'interprète, il peut obtenir de lui une intensité dans le jeu scénique dont bénéficiera l'ensemble du spectacle. Un travail d'échange aussi poussé ne nuit-il pas à la concentration puisqu'il ralentit forcément la mise en place du spectacle dans son entier ? On peut le voir ainsi, mais pour moi ce genre d'échange permet de finaliser le jeu de scène précis que je souhaite obtenir tout en respectant l'interprète qui se sent partie prenante pendant tout le processus, et c'est ce qui me paraît vital. Au fond, ma mission principale consiste à rechercher un langage commun permettant à l'ensemble de la distribution, choristes compris, de faire passer un message dramatique fort en recourant au même vocabulaire scénique. La cohérence d'un travail théâtral naît de l'apparition chez chaque acteur d'une sorte de vécu commun pendant le temps de la représentation. e t i e Lorsque le spectateur y est sensible, je ne saurais imaginer de meilleure récompense... Le spectacle est monté en coproduction avec l'Opéra-comique de Paris où il sera donné le printemps prochain avec une distribution renouvelée. Allez-vous en profiter pour modifier votre mise en scène lors des représentations futures ? Non. Dans la mesure du possible je tiens déjà compte des contraintes parisiennes ici à Lausanne même si, dans ce théâtre où les possibilités techniques sont plus étendues, il serait tentant de faire un usage plus systématique de la machinerie sophistiquée dont je pourrais disposer. Quand je pense à une péripétie dramatique, je me demande d'abord si elle sera réalisable sur l'autre plateau. Si ce n'est pas le cas, je cherche autre chose. Je m'empresse d'ajouter que de telles contraintes ne me font pas peur, car elles sont souvent à l'origine de trouvailles originales auxquelles on n'aurait pas pensé si la technique avait suivi!... En outre, d'autres étapes sont prévues au calendrier (notamment en novembre déjà, à Saint-Etienne) , donc j'ai intérêt à ne pas trop jouer avec la technique. Les changements à vue se réaliseront en pleine vue avec les machinistes habillés comme la population locale à laquelle ils se mêleront... Au théâtre, la simplicité est souvent ce qui se montre le plus efficace !, non ? Propos recueillis par Eric Pousaz Lakmé est au programme de l'Opéra de Lausanne le vendredi 4 octobre 2013 à 20h, dimanche 6 octobre à 17h, mercredi 9 octobre à 19h, vendredi 11 octobre à 20h et dimanche 13 octobre à 15h. Billetterie : en ligne sur le site de l’opéra, ou par téléphone + 41 21 315 40 20 du lundi au vendredi de 12h à 18h. n 35 o p é r a entretien avec philippe béran Les Mousquetaires au couvent Pour les fêtes de fin d’année, l’Opéra de Lausanne a mis au programme une nouvelle production, celle des Mousquetaires au couvent, un opéra-comique de Louis Varney. Lors des représentations, le Sinfonietta de Lausanne sera placé sous la direction du chef d’orchestre Philippe Béran. Philippe Béran, vous aimez mêler la musique avec d’autres arts, vous aimez lui adjoindre des éléments visuels : ballet, cinéma, opéra… 36 On m’engage souvent pour ça, parce que je suis dans la catégorie des chefs d’orchestre compréhensifs, souples et ouverts. Beaucoup de chefs d’orchestre détestent ça parce que, quand on rajoute un autre art à la musique, on rajoute des contraintes supplémentaires, et beaucoup de chefs n’aiment pas ces contraintes-là. Il faut savoir que, quand on accompagne un film ou de la danse, les contraintes de tempo deviennent strictes, la marge de liberté se resserre nettement. De toute façon, que ce soit pour un ballet ou de l’opéra, on prépare toujours les choses en amont. Pour une production comme celle de l’opéra de Lausanne, on se fait engager 1 an et demi ou 2 ans à l’avance, on se met d’accord sur l’édition, sur le texte, sur la musique parce qu’entre les éditions il peut y avoir des tas de différences. Ensuite le directeur de l’opéra choisit le casting, il choisit le metteur en scène. Puis arrive le moment où le metteur en scène et le chef d’orchestre décident ensemble longtemps à l’avance si l’on fait des coupures musicales, si l’on intervertit des numéros musicaux, … Une fois que le projet artistique est réglé dans son ensemble, arrive la phase de production où on commence par rencontrer les chanteurs, qu’on fait répéter au piano. Puis l’autre phase de production, où le metteur en scène met en place tout l’aspect théâtral avec les chanteurs. Parallèlement, le chef d’orchestre prend en mains l’orchestre qu’il prépare indépendamment. Une fois que les chanteurs, la scène, l’orchestre, et tout le reste, les décors, les costumes, les éclairages, sont prêts, arrive la partie finale de la production, environ deux semaines avant la première : on travaille sur scène et toutes les pièces du puzzle se mettent en place jusqu’à la première. Est-ce différent pour un opéra ou une opérette ? Y a-t-il plus de souplesse pour une opérette ?… Non, non, c’est exactement pareil, parce que dans toutes les formes d’opéra, c’est toujours la même discipline. C’est même plus difficile pour une opérette, parce qu’il s’agit de faire rire le public, et faire rire le public, c’est beaucoup plus délicat que de le faire pleurer. Le rire doit être réglé au millimètre, c’est une question de timing, donc il suffit qu’un des paramètres soit faible pour que l’effet soit totalement manqué. L’opérette choisie, c’est Les Mousquetaires au Couvent, la seule, je crois, qui ait survécu de l’œuvre de Louis Varney… Franchement, je ne la connaissais pas. J’avais entendu parler de cette opérette, mais c’est la première fois que je l’entends… Varney n’est pas un compositeur que je connaissais bien auparavant. Mais j’ai énormément dirigé d’opérettes, en particulier d’Offenbach bien sûr, dont je suis un grand fan, j’adore rire sur scène ! Philippe Béran e n t r e Et ce sera une production qui pour moi va éveiller beaucoup de souvenir puisque le metteur en scène sera Jérôme Deschamps. On avait déjà, Jérôme et moi, fait une production quand j’étais à l’Opéra de Bordeaux, il y a maintenant 14 ans. On avait monté Les Brigands de Jacques Offenbach qui avait eu un succès formidable : d’abord monté à Paris-Bastille, on l’avait repris ensemble à Bordeaux et c’est parmi mes souvenirs les plus fous d’opéra. On avait ri comme des malades pendant trois semaines. Il avait associé à la production la compagnie des Deschiens. C’était déjanté… Là, je pense que ça va être décoiffant aussi. Mais l’opérette est-t-elle encore d’actualité ? L’opérette sera toujours d’actualité. L’opérette, quand c’est bien fait, c’est génial. Parce qu’on a besoin de rire. On vit dans un monde de moins en moins drôle. Or l’opérette est une forme lyrique destinée à faire rire. Alors on en fait généralement à Noël ou dans les périodes festives, mais je trouve que c’est un beau genre musical, à mon avis indispensable : j’imagine mal l’être humain sans rire. C’est même médicalement recommandé, de rire. Les médecins recommandent 9 minutes de rire par jour pour être bien ! Mais le sujet est quand même « improbable » Mais Les Mousquetaires au couvent, c’est les renards dans le poulailler ! Avec toutes sortes de quiproquos… Connaissant Jérôme Deschamps, à mon avis il va inventer un tas de trucs absolument impensables… Ça va être une belle production, très vive. Il a énormément d’imagination et c’est un grand méticuleux qui sait que la clef du succès, c’est le travail précis dans tous les domaines : jeu d’acteurs, accessoires, costumes, éclairages… A mon sens d’ailleurs monter une comédie musicale de manière parfaite, c’est beaucoup plus de boulot que de monter un grand opéra ! Serge Lachat A l’Opéra de Lausanne, dimanche 22 décembre 2013, 17h / jeudi 26 décembre 2013, 19h / vendredi 27 décem-bre 2013, 20h / dimanche 29 décembre 2013, 15h / mardi 31 décembre 2013, 19h : Les Mousquetaires au couvent. Billetterie : en ligne sur le site de l’opéra, ou Par téléphone + 41 21 315 40 20 du lundi au vendredi de 12h à 18h. t i e n o p é r a entretien avec olivier desbordes Le Voyage dans la lune Olivier Desbordes a concocté la mise en scène du Voyage dans la lune d’Offenbach, qui se verra fin décembre à l’Opéra de Fribourg et à la mi-janvier à l’Opéra de Lausanne. Le directeur des festivals de musique Saint-Céré et de théâtre de Figeac, qui préside également aux destinées de la compagnie Opéra-Éclaté dans ses tournées, est un habitué des mises en scène ébouriffées, tout à fait à son affaire avec Offenbach. Pourriez-vous nous présenter cette œuvre ? Elle a été écrite après la guerre de 1870, et le contexte a certainement joué. C’est au départ une opérette à grand spectacle, une sorte d’alibi pour faire du music-hall, avec une trentaine de figurants et une profusion de décors. Comme je fais beaucoup d’Offenbach, j’y cherche toujours ce que le compositeur veut nous transmettre. Ici la fin du XIXe siècle : la mère ou la maîtresse. Donc, moi j’ai un peu actualisé, bien sûr, sur les mères porteuses, avec un clin d’œil au mariage pour tous ! Gardez-vous le livret tel quel ? Non, puisque je réécris les dialogues parlés. Je ne touche pas en revanche aux paroles chantées. La musique elle-même est restituée intégrale- Pour Fribourg et Lausanne, c’est, disons, la grosse version. Son allégement ne viendra que par la suite, lors de la tournée. La seule chose que l’on a omise par rapport à l’œuvre originale, ce sont les ballets, sauf partiellement pour les entractes. Les conserver entièrement aurait alourdi de beaucoup la soirée. Mais même dans ce cas, nous restons dans les conventions de l’époque. Et l’idée principale de votre mise en scène ? Les étapes de l’œuvre sont : la terre et le monde lunaire que je vous ai présentés, et pour finir la découverte de l’amour et l’explosion des principes établis. J’ai donc choisi une terre dans une vision mélièsque, en noir et blanc et qui croit au progrès – puisque la terre à l’époque, c’est Paris, le reste c’est les Zoulous ! – ; sur la lune, ils font un voyage dans le temps et arrivent au Salon des Arts ménagers, style Barbarella / Star Trek, donc la société de consommation aseptisée, les machines à laver, les frigos etc., une société sans amour et qui consomme ; mais quand les personnages de l’action découvrent ensuite l’amour, c’est mai 68 ! Peace and Love ! Je crois que finalement je raconte bien l’œuvre, comment elle est articulée. J’espère aussi que cela sera drôle, car il y aura nombre de références à notre époque récente. C’est aussi l’esprit de l’œuvre, qui en son temps comportait des allusions contemporaines. Et tout cela est aussi en phase avec la musique. Qui dirige la musique ? C’est Laurent Gendre, qui est un chef d’orchestre habitué de l’Opéra de Fribourg. J’avais déjà travaillé avec lui, il y a deux ans, pour Madame Butterfly à Fribourg. Nous nous étions fort bien entendus, et cela devrait continuer. Propos recueillis par Pierre-René Serna Olivier Desbordes aussi. La première partie, assez courte, se passe sur terre, puis les personnages sont transportés dans la lune. Et sur la lune, ils découvrent que les valeurs morales sont inversées ! Les bonnes actions, par exemple, sont l’objet de sanctions… L’amour n’y existe pas. Il y a deux pays : celui des femmes porteuses, qui font les bébés, et le pays des femmes pour le plaisir. On achète ces femmes sur le marché… C’est finalement le résumé de la situation de la femme à e n t r ment, telle que l’œuvre a été conçue, y compris son orchestration. Pour la tournée d’OpéraÉclaté, qui suivra les représentations de Fribourg et Lausanne, je prévois toutefois une production plus allégée, pour l’orchestre également. Mais ce n’est pas encore fixé sur ce plan. A l’Opéra de Lausanne, vendredi 17 janvier 2014, 20h dimanche 19 janvier 2014, 17h : Le Voyage dans la lune d’Offenbach Billetterie : en ligne sur le site de l’opéra, ou Par téléphone + 41 21 315 40 20 du lundi au vendredi de 12h à 18h. Justement, ce spectacle étant appelé par la suite à voyager, cela a-t-il influé la conception de votre mise en scène ? e t i e n 37 o p é r a J’en ai assez des transpositions à notre époque ! C’est devenu une manie envahissante sur toutes les scènes. Il est finalement beaucoup plus rare de s’en tenir à l’époque voulue par le livret. Ce que je tente pour ma part, et en particulier ici. C’est aussi peut-être plus exigeant, voire difficile… Étant donnée ma conception, que je vous ai exposée, les personnages seront habillés de fracs noirs, comme un chœur funèbre. Une mise en scène en noir et blanc. La vie bourgeoise n’est pas colorée du tout ! entretien avec giancarlo del monaco Luisa Miller Fils du ténor de légende Mario del Monaco, Giancarlo del Monaco est un metteur en scène d’opéra célébré par toute la planète lyrique. Il conçoit la nouvelle production de Luisa Miller présentée au mois de mars à l’Opéra de Lausanne. Vous avez déjà travaillé en Suisse, à Lausanne et Genève, il me semble… Effectivement. J’ai en particulier réalisé Don Giovanni pour le festival d’été dans le théâtre romain d’Avenches ; pour le Grand Théâtre de Genève, Médée de Chérubini il y a certain temps, et aussi le Freischütz, le Comte Ory ; et pour Lausanne, Otello, en coproduction avec le festival Rossini de Pesaro, avant cette Luisa Miller, coproduite avec Palerme et Sydney. 38 Justement, parlez-nous de Luisa Miller. Quelles sont les grandes lignes de votre mise en scène ? Luisa Miller est un drame bourgeois. Comme Traviata, du même Verdi, mais différemment. Le principe qui les gouverne est identique : le bonheur est impossible en ce monde. On retrouve ce thème dans beaucoup de drames verdiens : Rigoletto, Aïda, La Forza del destino. Mais on le retrouverait tout autant chez Wagner, dans Tristan par exemple. Et comment traduisez-vous cela ? Nous avons un décor unique, mais assez com- plexe. Le sol est planté d’un tapis vert, qui devient un sol de marbre en fonction des lieux : la campagne, le château, la maison de Luisa. En partie haute est figurée une espèce de grand salon, comme une épée de Damoclès, avec des statues inversées, où se présente la famille bourgeoise : le père, la mère, le fils, l’amant, le salopard etc. C’est un peu à l’image d’un cimetière, comme celui de Gênes parsemé de statues monumentales. Au final, moment de la mort, ce cimetière bouge vers l’arrière et prend possession du sol. Symbole des conséquences désastreuses des valeurs bourgeoises ! Y voyez-vous un message social ? Comme Traviata, Luisa Miller dénonce l’hypocrisie des conventions bourgeoises. C’est ce que je tente de traduire. Sachant que l’Opéra de Lausanne n’est pas démesuré et que la proximité des spectateurs autorise ce genre d’approche symbolique. Votre mise en scène se situe-t-elle à l’époque voulue par le livret, ou transposezvous à l’époque actuelle ? Avez-vous déjà des contacts avec les interprètes, les chanteurs, le chef d’orchestre ? Je connais bien le chef d’orchestre, Roberto Rizzi Brignoli, ainsi que le directeur de la maison, Éric Vigié, qui fut d’ailleurs mon assistant du temps où j’étais à la tête de l’Opéra de Nice. Donc, tout devrait aller au mieux. Et vos autres projets ? J’ai beaucoup de projets en Chine, à Pékin, jusqu’à 2016. Depuis trois ans, j’y fais deux productions par an : Tosca, le Vaisseau fantôme, Lohengrin, cette année Otello de Verdi, suivi de l’Italienne à Alger en novembre, puis un opéra chinois, une première mondiale. Mais entretemps, il y aura aussi Sydney, Palerme, Florence, la Bastille, où l’on reprend ma production d’André Chénier. Je ne suis pas fixé sur un pays en particulier, en dépit de mes origines italiennes. Je me projette d’une certaine façon dans le monde entier. Je vis dans ma maison d’Ibiza, dans les Baléares, au bord de la mer, où je médite et conçois mon travail. Et je fais souvent des petits allers-retours à Madrid, où résident mes enfants. Je parle cinq langues et suis très international ! Et vous êtes à la tête d’une grande carrière internationale comme il en est peu… En 2015, ce sera les cinquante ans de ma carrière ! Ce sera aussi le centenaire de mon père, le ténor que vous connaissez. Une sorte de bilan pour moi, par rapport à ma passion lyrique et ma vie. Propos recueillis par Pierre-René Serna A l’Opéra de Lausanne, vendredi 21 mars 2014, 20h / dimanche 23 mars 2014, 17h / mercredi 26 mars 2014, 19h / vendredi 28 mars 2014, 20h / dimanche 30 mars 2014, 15h : Luisa Miller de Verdi Billetterie : en ligne sur le site de l’opéra, ou par téléphone + 41 21 315 40 20 du lundi au vendredi de 12h à 18h. Giancarlo del Monaco e n t r e t i e n o p é r a entretien avec annalisa stroppa Il Barbiere di Siviglia Annalisa Stroppa sera à nouveau à Lausanne pour chanter Rosina dans le Barbiere di Siviglia. Entretien. Comment vous êtes-vous préparée à ce rôle ? pensez-vous qu’il soit possible de rendre crédible ce personnage pour le public d'aujourd'hui ? Ce sera un plaisir pour moi de retourner à Lausanne (un théâtre dont j'apprécie beaucoup la qualité du travail artistique) après y avoir chanté le Cherubin des Noces ! Rosina est un rôle que j'ai chanté pour la première fois l'année passée à Rome sous la direction de Bruno Campanella. J'aime particulièrement ce rôle et j'ai voulu prendre tout le temps nécessaire pour que ma voix s'y sente à l'aise. Je pense que pour rendre le personnage crédible il faut le libérer des stéréotypes d'autrefois et le restituer au public pour ce qu'il est : une jeune fille rusée et pleine de vie, mais aussi pleine de tendresse. Rosina est une fille comme tant d'autres : elle tombe amoureuse et veut vivre librement son amour. L'interprétation de la musique de Rossini a changé énormément depuis cinquante ans. A quel modèle du passé vous referez-vous ? Demandez-vous conseil à des musicologues ? Nous sommes enfants de notre temps et il est normal que le goût évolue. Personnellement, j'essaie de trouver ma Rosina à travers une étude approfondie de la partition, en choisissant les variations et les cadences selon mon goût et les caractéristiques de ma voix. Naturellement, lorsque j'étudie un nouveau rôle du répertoire, je demande toujours conseil, mais j'essaie d'arriver aux répétitions avec mes propres idées pour les discuter après avec les autres collègues et le chef d'orchestre. Vous avez travaillé avec des chefs très différents comme Riccardo Muti et Christophe Rousset. Votre façon d'aborder le répertoire change-t-il selon une approche plus philologique ou plus traditionnelle ? J'ai eu la chance de travailler avec des chefs d'orchestre de grande expérience et chacun d'eux m'a appris quelque chose de précieux sur le travail. Je pense que l'essentiel est de rester fidèle à la partition, à ce que l'auteur a voulu e n t r dire. Après, sur cette base, on peut construire une interprétation plus personnelle et trouver un juste équilibre entre tradition et philologie. L'opéra est un travail d'équipe et c'est la diversité de ses composants qui le rend justement si intéressant et passionnant! Outre le répertoire du XVIIIe, que vous fréquentez souvent, vous chantez aussi Carmen. Comment passez-vous d’un style à l’autre, les deux étant si différents ? Le secret est de chanter toujours avec la voix naturelle, sans essayer de la forcer pour chanter de façon plus dramatique. La voix se développe et change d'elle-même avec le temps. Lorsque on aborde des rôles aussi différents que Carmen et Rosina, il est nécessaire de les espacer dans le temps. Ainsi, la voix peut se reposer et s'adapter au changement de répertoire sans en souffrir. Il n'est pas possible de chanter en même temps Rosina et Carmen, même si sur le plan dramatique elles ne sont pas si différentes. Chacune, en effet, cherche à sa manière la liberté. Rosina refuse de se marier avec son vieux tuteur, Carmen préfère s'exposer à la mort que perdre la liberté de ses choix. Sur le plan vocal, Rossini demande un entraînement quotidien pour la coloratura, tandis que Bizet exige un legato et un phrasé très différents. Le métier d'interprète nous donne la chance de pouvoir transposer notre vécu dans chaque personnage que nous abordons. Dans cette phase de ma vie je me sens plus proche de Rosina que de Carmen! En plus de votre formation musicale, vous avez accompli des études en sciences humaines. Quelle est l’influence de cette double formation sur votre activité de cantatrice? Elle m'a appris à étudier scrupuleusement un personnage, sans m'arrêter à une vision superficielle. C'est seulement grâce à une compréhension du contexte historique et culturel que le personnage qu'on interprète prend forme et qu'on peut se l'approprier véritablement. Mes études m'ont aussi amenée à réfléchir sur l'importance de rapprocher l'opéra du public d'aujourd'hui. En tant qu'interprètes des œuvres du passé, nous autres chanteurs avons la mission e t i e Annalisa Stroppa © Silvia Lelli d'émouvoir le public, de lui faire comprendre le sens de ce que nous faisons sur scène. Aussi, l'éducation musicale du public présent et futur (à partir de l'école) a une importance essentielle pour que l'opéra puisse continuer à vivre et à parler aux gens. La mise en scène joue un rôle central dans le théâtre musical de notre temps. Qu'en pensez vous ? Oui, c'est vrai : avant le chanteur était au centre d'une production, après le chef d'orchestre et aujourd'hui c'est la mise en scène qui prend de plus en plus d’importance. Nous n'avons plus de mises en scène statiques, car il est nécessaire de rendre l'opéra intéressant. Je pense que ce dynamisme permettra de maintenir en vie le répertoire lyrique. Personnellement, je suis toujours bien disposée à l'égard du metteur en scène, car je pense qu'il peut aider un chanteur à trouver une expressivité à la fois juste et personnelle. Pour moi un bon metteur en scène est celui qui est bien conscient du fait que la mise en scène doit être au service de la musique et qu'il faut mettre les interprètes dans les conditions idéales pour chanter. Heureusement j'ai eu toujours la chance de travailler avec des metteurs en scène qui étaient sur la même longueur d'onde que moi! Propos recueillis par Gabriele Bucchi A l’Opéra de Lausanne, dimanche 27 avril 2014, 17h / mercredi 30 avril 2014, 19h / vendredi 2 mai 2014, 20h / dimanche 4 mai 2014, 15h / mercredi 7 mai 2014, 19h : Il barbiere di Siviglia de Rossini Billetterie : en ligne sur le site de l’opéra, ou par téléphone + 41 21 315 40 20 du lundi au vendredi de 12h à 18h. n 39 o p é r a entretien avec david hermann, metteur en scène Die lustigen Weiber von Windsor Sa mère étant française, David Hermann a aimablement et sans difficulté répondu dans notre langue à quelques questions par téléphone. Son nom est bien connu en Allemagne, où il travaille beaucoup, mais aussi en Suisse alémanique et commence à l’être en France et en Belgique. Il est né à Würzburg en 1977. Madrid l’opéra La Regina en blanco de Pila Jurado. Cette dernière en a aussi écrit le livret et assumé le rôle principal ! Tenter dans la foulée d’influencer la mise en scène lui semblait naturel. C’était sans compter avec la puissance de persuasion de David Hermann, qui a finalement fait accepter sa vision des choses. D’autres créations contemporaines telles que Sing für mich, Tod de Claude Vivier ou Das Mädchen mit den Schwefelhölzern d’Helmut Lachenmann font partie de la liste des opéras déjà nombreux, baroques, classiques et modernes, figurant sur son CV. Joyeuses commères de Windsor 40 A la Hochschule für Musik Hanns Eisler de Berlin, il a suivi un cursus destiné aux futurs metteurs en scène. Cette formation n’existe que dans trois villes d’Allemagne, les deux autres étant Hambourg et Munich. Elle comprend des cours de toutes sortes pendant deux ans - piano, chant, théâtre, théorie musicale, dramaturgie, travail avec les chanteurs, participation à des masterclasses… -, période suivie de trois ans de préparation à la pratique. En 2000 il a gagné le concours international de mise en scène et décors de Graz, décrochant le premier prix au grand dam des 159 aut- David Hermann res candidats ! L’opéra imposé cette année-là était Parsifal. Cette formation lui a permis de concilier ses deux passions : la musique classique et le théâtre. Elle a été complétée par une fréquentation assidue des opéras de Bâle et de Zurich dont son lieu de résidence n’était pas éloigné. Il a aussi beaucoup appris du metteur en e scène Hans Neuenfels, connu pour son goût de la provocation. Il a appris surtout l’intensité dans le travail, la responsabilité par rapport aux œuvres, mais aussi la liberté de chercher toujours de nouvelles idées, de nouvelles perspectives. Enfin il a appris comment gérer les problèmes pratiques, comment organiser les répétitions, comment présenter un concept suffisamment à l’avance, comment reconnaître les priorités. Liberté Les metteurs en scène ont en général un style auquel ils semblent tenir. Chéreau, Py, Tcherniakov… Ce n’est pas le cas de David Hermann. Pour lui, chaque œuvre est différente ; il n’est pas fixé sur un style, il préfère partir chaque fois d’une page blanche. Le goût et l’esprit des bonnes comédies lui plaisent autant que le côté intellectuel et plus ardu des opéras contemporains. Il a participé récemment à la production de Pnima, opéra de chambre de Chaya Czernowin, coproduction du Théâtre et du Festival de Lucerne. Il dit s’être efforcé de donner, par sa mise en scène, l’occasion au public de mieux écouter la musique, qui a eu en l’occurrence la priorité. Trouver un équilibre entre pensée et sentiment, c’est ce qui l’intéresse. Pressenti par Gérard Mortier, il a également mis en scène au Teatro Real de n t r e David Hermann adore cet opéra « génial », surtout représenté dans les pays germaniques. Il y trouve la chaleur du sud ( Otto Nicolai, le compositeur ,a vécu à Rome), la tendresse, le charme de la mélodie. La mise en scène ne reprendra pas exactement ce qui a été fait à Gelsenkirchen, d’abord parce que les décors et les costumes ne seront pas conçus par les mêmes personnes. Or David Hermann travaille toujours en étroite collaboration avec elles. Quelques idées seront reprises, mais beaucoup de changements interviendront. C’est une pièce sur les problèmes du couple, pense-t-il. Les époux Fluth se disputent, s’affrontant de façon intense. Le sujet n’a rien perdu de son actualité ; il peut donc être traité dans le milieu de grande bourgeoisie actuelle. Falstaff n’est pas ici le personnage principal. Fluth connaît les affres d’une jalousie violente et va même jusqu’à inviter ses voisins à dévaster son propre logement pour retrouver Falstaff, qu’il soupçonne. Les personnages ont envie de se déguiser pour révéler un aspect d’eux-mêmes dont ils sont d’ailleurs surpris. Ils s’acharnent sur le pauvre Falstaff, qui, après tout, n’a fait qu’écrire deux lettres ! Par égard pour le public francophone, les dialogues parlés en allemand, qui datent de 1849, ont été supprimés au profit d’un texte de liaison plus moderne, dit en français par un acteur. D’après des propos recueillis par Martine Duruz A l’Opéra de Lausanne, vendredi 6 juin 2014, 20h / dimanche 8 juin 2014, 17h / mercredi 11 juin 2014, 19h / vendredi 13 juin 2014, 20h / dimanche 15 juin 2014, 15h: les Joyeuses Commères de Windsor de Otto Nicolaï Billetterie : en ligne sur le site de l’opéra, ou par téléphone + 41 21 315 40 20 du lundi au vendredi de 12h à 18h. t i e n o p é r a entretien avec gabriel garrido L’Orfeo Le 27 octobre 2013, Gabriel Garrido sera à l’Opéra de Lausanne pour diriger l’Orfeo de Claudio Monteverdi à la tête de l’Ensemble Elyma. C’est en version de concert que l’opéra sera joué. Face à la lourde responsabilité artistique qu’impose l’absence de scénographie dans une œuvre théâtrale, Gabriel Garrido s’explique. forcerait d’avantage l’œuvre. Mais la musique est tellement forte au niveau de ces affects qu’elle offre la possibilité d’être jouée en version de concert. En revanche, dans la version de concert que je donnerai à l’Opéra de Lausanne, j’ai refusé la disposition habituelle situant l’orchestre derrière et les chanteurs sur le devant de la scène. J’ai ainsi quelque peu théâtralisé le concert en plaçant la formation orchestrale et les artistes comme on le faisait à l’époque, et en utilisant l’espace comme un tableau sonore. Ainsi, ce n’est pas uniquement les couleurs de la musique qui donnent le tableau, mais aussi les formes dans l’espace. Il me semble en effet très important de donner l’Orfeo en respectant le code théâtral connu de l’époque. En retouchant la disposition habituelle de l’orchestre, on obtient des effets de clair-obscur, d’échos ou les résonnances d’un orchestre caché dans les coulisses. En jouant sur l’opposition spatiale des deux orgues l’on peut aussi recréer la palette des couleurs nécessaires à une version théâtrale. Quels sont enfin les projets qui vous inspirent le plus pour cette prochaine saison ? Gabriel Garrido © DR Vous avez abordé plusieurs fois l’Orfeo de Monteverdi – œuvre que vous avez également enregistrée : comment la percevez-vous aujourd’hui ? vous allez en donner une version de concert à l’Opéra de Lausanne. Comment réussir alors à rendre son caractère « humaniste » à une œuvre privée de sa partie théâtrale ? Il s’agit d’un chef-d’œuvre et d’une des plus grandes pages de la musique. Pour moi, c’est l’aboutissement de la recherche humaniste sur l’union des arts. J’ai beaucoup étudié cette période musicale de la Renaissance qui est une des plus prestigieuses qui soit. Aujourd’hui, je suis reconnu comme spécialiste du baroque latino-américain ainsi que des musiques de source latine auxquelles je me suis beaucoup intéressé et que j’ai le plus pratiqué. Je me suis par ailleurs penché sur la musique du XVIIe siècle italien que je considère comme le symbole même du baroque. Voilà une bonne question ! N’oublions pas qu’un élément s’est rajouté dans l’Orfeo par rapport à l’aboutissement des idéaux de la Renaissance : l’exaltation théâtrale des passions musicales. Celles-ci, avant cette période (et jusqu’au milieux du XVIe siècle environ), passent par une expression forte mais réduite à la bonne volonté des chanteurs amateurs. C’est dans le madrigal, dans le chant, que ces derniers expriment les affects. Avec l’arrivée de l’opéra, cette expression se théâtralise, ce qui exalte les passions. Cette exaltation transparaît dans la musique et fait oublier d’une certaine manière, décors, événements, danse et tout ce qui découle de l’union des art. C’est pourquoi je pense qu’une version de concert peut être puissante au niveau musical. Bien sûr, la théâtralisation ren- Vous parlez du caractère « humaniste » de la musique de Monteverdi et de l’union des arts qu’elle engendre. Pourtant, e n t r e t i e La perspective d’interpréter l’Orfeo m’enthousiasme, puisque je ne l’avais pas redonné depuis 2007, date anniversaire des 400 ans de l’œuvre. Chef-d’œuvre indélébile dans l’histoire musicale, c’est toujours une immense joie pour moi artistiquement que de lui donner corps. Je suis par ailleurs sur un projet de recherche concernant l’opéra vénitien et plus particulièrement Francesco Cavalli, le meilleur élève de Monteverdi dont j’ai enregistré un des opéras complètement inédit. Je souhaiterais le monter à Genève, car il incarne pour moi la continuation du travail déjà présent dans l’Orfeo sur la recherche sonore des éléments libres dans la musique, comme par exemple la basse continue. Voilà qui serait un joli aboutissement ! Propos recueillis par Serene Regard A l’Opéra de Lausanne, dimanche 27 octobre 2013, 17h, dans le cadre du Festival Bach. Gabriel Garrido dirige l’Ensemble Elyma. Billetterie : en ligne sur le site de l’opéra, ou par téléphone + 41 21 315 40 20 du lundi au vendredi de 12h à 18h. n 41 s a i s saison lyrique 2013/2014 Zurich Bien que le nombre des nouvelles productions ait été réduit depuis le départ de l'ancien directeur pour le festival de Salzbourg, l'Opéra de Zurich reste l'une des institutions lyriques les plus actives de tout le continent. Neuf nouvelles productions d'opéra s'étalent au long de la saison, alors qu'une vingtaine de reprises permettent à l'Opernhaus d'ouvrir ses portes cinq à six soirs par semaine pendant les dix mois que dure la saison. 42 L'ouverture des feux avait lieu en septembre avec un ouvrage rarement monté tant il place les responsables de la musique et de la mise en scène devant des défis longtemps jugés insurmontables: Die Soldaten de Bernd Alois Zimmermann, y sera donné en coproduction avec le Komische Oper de Berlin où il sera présenté à la fin du printemps 2014. L'ouvrage sera dirigé par Marc Albrecht (qui avait la charge de l'inoubliable Lulu du Grand Théâtre il a trois ans). La distribution, essentiellement composée de chanteurs rattachés à la troupe, aligne quelques beaux noms comme ceux de Cornelia Kallisch, Pavel Daniluk, Stefania Kaluza ou Cheyne Davidson. Le rôle vocalement impossible de Marie sera interprété, lui, par Susanne Elmark, alors que la mise en scène sera signée de Calixto Bieito, un nom auquel se rattachent quelques souvenirs de spectacles sulfureux (dès le 22 septembre). Après un Woyzeck chorégraphié d'après le drame de Büchner par Christian Spuck, le Directeur de la danse de la Maison, sur des musiques de Martin Donner, Gyorgy Kurtag, Alfred Schnittke et Philip Glass, Faust de Gounod reviendra à l'affiche dans une nouvelle production signée de Jan Philipp Gloger sous la direction de Patrick Lange. Pavol Breslik, Kyle Ketelsen et Amanda Majeski se chargeront des rôles principaux (dès le 3 novembre). Le fantôme de Canterville, un opéra de Marius Felix Lange, s'adressera plus spécialement au jeune public dans une mise en scène signée Jasmina Hadziahmetovic sous la direction de Francesco Angelico. Les chanteurs de l'Opéra Studio et les jeunes membres de la troupe permanente se partageront la dizaine de rôles sur une petite quinzaine de représentations à partir du 27 novembre Juste avant Noël, Fidelio de Beethoven reviendra à l'affiche dans une nouvelle mise en scène de Andreas Homoki placée sous la direction de Fabio Luisi, les deux nouveaux patrons de l'Opernhaus. Martin Gantner, Ruben Drole, Brandon Jovanovich, Anja Kampe et Christof Fischesser y incarneront ces personnages hors du commun qui ont contribué à faire de ce titre un des plus populaires de tout le répertoire Aleksandrs Antonenko (dès le 8 décembre). a c t o n s Une nouvelle Alcina de Haendel permettra à Cecilia Bartoli de re-trouver une salle et un public qu'elle dit aimer particulièrement. La direction de La Scintilla sera assurée par Giovanni Antonini (qui fut également le chef choisi par la cantatrice pour sa Norma salzbourgeoise) alors que Malena Ernman sera Rugiero, Julie Fuchs Morgana et Varduhi Abrahamyan Bradamante (à partir du 26 janvier). Ensuite, ce sera le retour d'Aida de Verdi dans une mise en scène qui promet d'être dépoussiérante signée Tatjana Gürbaca. Latonia Moore y sera l'esclave éthiopienne, Iano Tamar la fille du pharaon. Aleksandrs Antonenko le jeune guerrier intrépide et Andrzej Dobber le père vengeur; l'orchestre sera de nouveau dirigé par Fabio Luisi pour une dizaine de représentations (dès le 2 mars). La Dame de Pique de Tchaïkovski sera revisitée par le metteur en scène canadien Robert Carsen. Jiri Belohlavek assurera la direction musicale du spectacle alors que Misha Didyk sera Hermann, Tatiana Monogarova Lisa, Doris Soffel la Comtesse et Brian Mulligan le Prince Yeletzki (à partir du 6 avril). Il ritorno d'Ulisse in patria de Claudio Monteverdi sera, lui, proposé dans une réalisation signée Willy Decker avec le spécialiste de la musique baroque Ivor Bolton à la direction. Sara Mingardo sera Pénélope, Kurt Streit Ulysse, Anna Stephany Minerve et Christophe Dumaux La fragilité humaine ainsi que Pisandro (dès le 17 mai). Une nouvelle Fanciulla del West fermera ce tournus de premières sous la direction de Marco Armiliato et dans la mise en scène du patron de l'Opéra Comique berlinois Barrie Kosky, réputé pour ses approches irrévérencieuses mais diablement efficaces des livrets qu'on lui confie. Catherine Naglestad sera Minnie, Zoran Todorovich Dick Johnson et Scott Hendricks Jack Rance (à partir du 22 juin). Signalons encore à Winterthur la nouvelle production du Matrimonio segreto de Cimarosa qui confiée aux jeunes chanteurs de l'Opéra Studio qui se partageront à Susanne Elmark tour de rôle les divers emplois (spectacle joué en avril et mai 2014). Nombreuses reprises. Signalons en octobre Otello de Verdi, Jenufa de Janacek et Les Maîtres-Chanteurs de Nuremberg, et en décembre Sale (de Christoph Marthaler avec musique de Haendel) et La bohème. Au début 2014, Les Pêcheurs de Perles de Bizet refont un petit tour de piste avant Cosi fan tutte et un superbe Don Carlo dans sa version en cinq actes en février. Le Vaissau fantôme et Les Contes d'Hoffmann d'Offenbach repassent par Zurich en mars, tandis qu'Andrea Chénier de Giordano et Salomé tireront leur révérence en avril. Mai verra le retour de Peter Grimes, avant que Roberto Devereux de Donizetti ne refasse surface en juin pour permettre à Edita Gruberova de se présenter une nouvelle fois dans un de ses grands rôles sur les planches zurichoises. En fin de saison, l'inusable Carmen (Kate Aldrich) trouvera quelques fois la mort sous le couteau vengeur de Don José (Brian Jovanovich) avant que la troupe ne parte en vacances. http://www.opernhaus.ch/spielplan/kalendarium/ Eric Pousaz u a l i t é s a i s o n s saisons lyriques 2013/2014 saison lyrique 2013/2014 Berne Vevey Le Théâtre Municipal se contente de cinq premières lyriques, données en alternance avec divers spectacles chorégraphiques et dramatiques comme à Bâle. Parmi la soixantaine de spectacles à l’affiche du Théâtre de Vevey, cinq d’entre eux, consacrés à l’opéra, sont proposés à l’abonnement, autorisant ainsi d’heureux panachages entre théâtre et musique. Une innovation qui ne devrait pas manquer d’ouvrir les portes de l’art lyrique à de nouveaux auditeurs. Le Freyschutz de Weber dirigé par Mario Venzago marquera les débuts du chef suisse dans le rôle de directeur général de la musique au théâtre comme à la salle de concerts. L'intérêt de cette première, déjà souligné par la curieuse orthographe choisie, sera de faire usage des récitatifs expressément composés par Berlioz pour la première parisienne qui ne pouvait se concevoir à l'Opéra sans récitatifs musicaux entièrement instrumentés en lieu et place du texte parlé original. Le chef suisse se chargera tout de même de moderniser quelque peu ce qui pourrait aujourd'hui paraître trop désuet ou affecté dans le travail du compositeur français. Suivront La Traviata dès le 17 novembre, puis La petite renarde rusée de Janacek en version allemande dès le 25 janvier. Le 9 mars, une opérette inconnue chez nous mais jouissant d'une belle popularité en Allemagne : Der Vetter aus Dingsda (ou, à peu près, Le Cousin de Nulle Part) d'Eduard Künneke refera une apparition pour une quinzaine de représentations sur les planches bernoises. En fin de saison, Ariadne auf Naxos de Strauss dès le 19 avril et Peter Grimes de Britten se partageront l'affiche dès le 9 juin. http://www.konzerttheaterbern.ch/musiktheater/ Bâle Du côté de Bâle, l'amateur trouve moins de nouveaux spectacles chaque année, mais il sait au demeurant que l'accent est ici mis sur une traduction visuelle délibérément contemporaine du livret des opéras proposés. La saison s’est ouverte avec Tosca en septembre, un ouvrage qui sera bientôt suivi d'une version pour enfants de Hänsel et Gretel de Humperdinck. En novembre, trois titres se disputent les faveurs du public : un nouveau Lohengrin confié à Vera Nemirova, le Votre Faust d'Henri Pousseur et Fame, un musical qu'il n'est plus besoin de présenter et qui sera joué vingt-cinq fois jusqu'en avril, alternativement en langue anglaise et en langue allemande ! Eugène Onéguine confié à Corinna von Rad sera la première nouvelle production lyrique de janvier, à laquelle succédera la création de Schneewittchen (Blanche-Neige) due au compositeur et hautboïste suisse Heinz Holliger. Le spectacle sera dirigé par le compositeur alors qu'Achim Freyer, le célèbre artiste allemand, se chargera des décors et de la mise en scène. L'Enfant et les Sortilèges de Ravel fera une courte apparition en avril avant la première de la réputée injouable Reine des Indes d'Henry Purcell. En fin de saison, La damnation de Faust de Berlioz bénéficiera d'une version scénique sous la direction de Enrico Delamboye et dans une mise en scène d'Arpad Schilling. Philippe de Bros, ex-directeur du théâtre, mettra en scène Il Bacio di Verdi, un spectacle évoquant les épisodes marquants de la vie de Giuseppe Verdi et illustré par des extraits musicaux interprétés par quatre chanteurs : Gilles Bersier, ténor; Alain Clément, baryton; Charlotte Muller Perrier, soprano colorature, et Rachel Sparer Bersier, soprano dramatique. Au piano, Anthony di Giantomasso, et dans le rôle de la récitante, Anne-Laure Vieli, qui incarnera Giuseppina Strepponi, fidèle compagne du compositeur (je10 octobre). Un train pour Johannesburg, d’après Lost in the Stars, de Kurt Weill et Maxwell Anderson, inspiré du roman Pleure ô pays bien-aimé d’Alan Stewart Paton, constituera une découverte absolue. Créée à Brodway en 1949, encore jamais jouée en Suisse, cette dernière œuvre de Kurt Weill a connu un grand succès en France dans l’adaptation qu’en a réalisée Olivier Desbordes pour l’Opéra Eclaté et les Festivals de Saint-Céré et de Figeac. Evitant tout manichéisme, le metteur en scène a situé l’action de cette tragédie dans un contexte intemporel qui lui confère une portée universelle, mêlant habilement comédie musicale, jazz et opéra (sa 14 décembre). Habitué des lieux, l’Opéra de Bienne sera de retour à Vevey pour Un Bal masqué de Verdi (di 12 janvier) et pour l’Enlèvement au Sérail de Mozart (di 18 mai). Le chef-d’œuvre de Verdi sera mis en scène par Paul Emile Fourny, directeur de l’Opéra de Metz, et Franco Trinca en assumera la direction musicale. Pour Mozart, Benjamin Pionnier sera au pupitre. Il est l’actuel directeur de la musique à l’Opéra National de Slovénie à Maribor. La mise en scène a été confiée à Georg Rootering, qui a déjà réalisé à l’Opéra de Bienne–Soleure Macbeth et d’I Puritani. Joanna Paris incarnera Flora Tosca, Ruben Amoretti sera Cavaradossi, Tiago Cordas le préfet de police …. , Robert Bouvier signera la mise en scène et Facundo Agudin sera à la tête de l’Orchestre Symphonique du Jura pour une représentation de Tosca de Puccini provenant de Neuchâtel (ma 11 mars). D’autres spectacles veveysans feront la part belle à la musique, tels les Aventures de Pinocchio avec le Quintette Eole (di 10 nov.), les Franglaises avec les Tistics (sa 16 nov.) ou Operetta, de Jordi Purti (di 2 fév.). De son côté, Arts et Lettres annonce 9 concerts classiques entre le 8 octobre 2013 et le 29 avril 2014. Quelle richesse ! Yves Allaz http://www.theater-basel.ch/spielplan/ Billetterie : www.theatredevevey.ch, 021.925.94.94 Eric Pousaz a c t u a Bâle : «Hänsel et Gretel» © Simon Hallström l i t é 43 s a i s o n s scènes lyriques parisiennes 2013/2014 Paris OPÉRA DE PARIS 44 C’est l’avant-dernière saison à la tête de l’Opéra de Paris de Nicolas Joel, auquel succédera en septembre 2015 Stéphane Lissner (venu de la Scala Milan, après un passage par Aix-en-Provence et le Châtelet). Cette saison s’inscrit donc dans la ligne des précédentes, avec des nuances toutefois : davantage de nouvelles productions, mais une part congrue réservée au répertoire français, au rebours cette fois des années antérieures sous Joel. Ce qui est peut-être à regretter pour la première maison lyrique française. Prédomine ainsi le grand répertoire italien et allemand. Se retrouvent aussi les grands noms de la mise en scène lyrique. Nouvelles productions : Alceste de Gluck fera sensation pour démarrer la saison (dans la mise en scène de Py et sous la battue de Minkowski ; Garnier : jusqu’aux 2, 4 et 7 octobre) ; Aïda suivra (avec toujours Py, et la direction musicale de Jordan ; Bastille : 10, 12, 15, 20, 25, 29 octobre, 2, 6, 9, 12, 14 et 16 novembre). Puis : Elektra (Carsen/Jordan ; Bastille : 27, 31 octobre, 4, 7, 11, 18, 24 novembre et 1er décembre) ; I Puritani (Pelly/Mariotti ; Bastille : 25, 30 novembre, 3, 6, 9, 12, 14, 17 et 19 décembre) ; La Fianciulla del West, attachant et assez rare opéra (Lehnoff/Rizzi ; Bastille : 1er, 4, 7, 10, 13, 16, 19, 22, 25 et 28 février) ; Die Zauberflöte (Carsen/Jordan ; Bastille : 11, 14, 17, 20, 22, 25, 29 mars, 1er, 6, 10, 13 et 15 avril) ; La Traviata (Jacquot/Oren ; Bastille : 2, 5, 7, 9, 12, 14, 17 et 20 juin) ; et enfin L’Incoronazione di Poppea (Wilson/Alessandrini ; Garnier : 7, 9, 11, 14, 17, 20, 22, 24, 26, 28 et 30 juin). Reprises : après Lucia di Lammermoor en septembre (Serban/Benini ; Bastille : jusqu’aux 1er, 4, 6 et 9 octobre), alterné de l’Affaire Makropoulos (Warlikowski/Mälkki ; Bastille : jusqu’au 2 octobre), place à Cosi fan tutte (Toffolutti/Schonwandt ; Garnier : 22, 24, 27, 30 octobre, 3, 5, 8, 11 et 13 novembre). La Clemenza di Tito suit c http://www.operadeparis.fr/ OPÉRA-COMIQUE L’Opéra-Comique est lui aussi dans la perspective de prochains changements : puisque cette saison est l’avant-dernière de Jérôme Deschamps, avant une édition 2014-2015 devant précéder une fermeture pour deux ans en raison de travaux. L’avenir dira quel est le sort promis à cette salle historique, témoin d’un répertoire si spécifique. Pour l’instant, se maintient une ligne artistique qui a fait le légitime succès de Deschamps depuis sa prise de fonction. Se retrouvent donc l’illustration du répertoire propre à la maison et des escapades vers l’opéra baroque et l’opéra actuel. L’ouverture, comme il devient désormais coutumier, revient à un opéra contemporain, en l’occurrence Written on Skin de George Benjamin créé avec le succès que l’on sait au Festival d’Aix (Mitchell/Benjamin, 16, 18 et 19 novembre). Manfred, poème dramatique sur une musique de Schumann prend la suite (Lavaudant/Krivine, 9, 11, 12, 14 et 15 décem-bre). Lakmé de Léo Delibes, qui fit la joie de nos arrière-grand-mères, revient dans la salle de ses exploits (Baur/Roth, 10, 12, 14, 16, 18 et 20). Pelléas et Mélisande revient aussi sur ses terres, dans une reprise (Braunschweig/Langrée, 17, 19, 21, 23 et 25 février). Platée, «Written on Sky» avec Christopher Purves (The Protector) à gauche et Barbara Hannigan (Agnès) à droite au Festival d’Aix-en-Provence 2012 © Pascal Vitor / Artcomart «Alceste» avec Yann Beuron (Admete) © Opéra national de Paris / Agathe Poupeney.jpg a (Decker/Netopil ; Garnier : 27, 30 novembre, 3, 6, 9, 12, 16, 19 et 23 décembre) ; et Werther succède (Jacquot/Plasson ; Bastille : 19, 22, 25, 29 janvier, 2, 5, 9 et 12 février). Puis : Alcina (Carsen/Rousset ; Garnier : 25, 27, 30 janvier, 2, 5, 7, 9 et 12 février) ; Madama Butterfly (Wilson/Callegari ; Bastille : 14, 17, 21, 24, 27 février, 1er, 4, 7 et 12 mars) ; la Bohème (Miller/Oren ; Bastille : 15, 18, 21, 24, 31 mars, 4, 7, 11 avril, 29 juin, 2, 4, 7, 9, 12 et 14 juillet) ; L’Italiana in Algeri (Serban/Frizza ; Garnier : 31 mars, 2, 4, 7, 9, 12, 17, 21 et 23 avril) ; et enfin Tristan und Isolde, reprise d’une production qui avait marqué l’ère Mortier (Sellars/Jordan ; Bastille : 8, 12, 17, 21, 25, 29 avril et 4 mai). La saison de ballet fera aussi une place à l’opéra, avec Orphée et Eurydice de Gluck dans la fameuse chorégraphie de Pina Bausch, avec Hengelbrock et Benzi en alternance à la baguette (3, 4, 8, 9, 10, 12, 13, 15, 16, 17, 19, 20 et 21 mai). Et n’oublions pas l’Atelier lyrique de l’Opéra de Paris, avec deux nouvelles productions : le Viol de Lucrèce (Taylor/Pacal ; Théâtre de l’Athénée : 14, 15, 16, 17 et 18 janvier) et Don Giovanni (Perton/Myrat-Oyón ; MC 93 Bobigny : 22, 24, 26, 28 et 29 mars). t u a l i t é s a i s o n s le chef-d’œuvre de Rameau, donne la touche baroque (Carsen/Christie, 20, 22, 24, 25, 27 et 30 mars). L’Histoire du soldat de Stravinsky couplée avec l’Amour sorcier de Falla (mais dans sa version pour ballet) forme transition (Osinski/Minkowski, 5, 6 et 7 avril). Ali-Baba, opéra-comique bien oublié de Lecoq fera office de découverte (Meunier/Haeck, 12, 14, 16, 18, 20 et 22 mai). Et pour fermer le ban, une création : Robert le cochon de Marc-Olivier Dupin (Grinberg/Heisser, 13, 14 et 15 juin). Les spectacles et concerts annexes, en illustration desdites productions, sauront aussi trouver leur public. http://www.opera-comique.com/ THÉÂTRE DES CHAMPS-ÉLYSÉES Après son centenaire, le Théâtre des Champs-Élysées poursuit sa route constante et fleurie. La quatrième saison de Michel Franck donne dans des raretés (la Vestale !) et un répertoire qui fait comme toujours la part belle au baroque. Se distribuent cinq productions d’opéras, comme l’an passé, et une multitude d’opéras en version de concert. En sus de concerts, récitals et ballets tous azimuts. Donc, la première production entend frapper fort : la Vestale, l’opéra célèbre (par les monographies) de Spontini, qui a tant influencé Berlioz ou Wagner, mais quasi ignoré de nos jours (Lacascade/Rhorer, 15, 18, 20, 23, 25 et 28 octobre). Dialogue des Carmélites prend la suite (Py/Rhorer, 10, 13, 15, 17, 19 et 21 décembre). S’installe ensuite un festival Rossini, avec trois productions : Otello (Leiser-Caurrier/Spinosi, 7, 9, 11, 13, 15 et 17 avril) ; le Barbier de Séville (Schiaretti-Décarsin/Malgoire, 28 et 29 avril) ; Tancredi (Osinski/Mazzola, 19, 21, 23, 25 et 27 mai). Au chapitre des opéras en version de concert, signalons : Aci, Galatea e Polifemo de Haendel (Haïm, 19 octobre), Norma (Pido, 15 novembre), la Favorite (Lacombe, 18 décembre), Catone in Utica de Vivaldi (Curtis, 10 janvier), Theodora de Haendel (Bicket, 10 février), le Villi de Puccini (Carignani, 20 février), les Fêtes de l’Hymen et de l’amour, une rareté de Rameau (Niquet, 11 mars), le Chevalier à la rose (Petrenko, 18 mars), deux appendices du festival Rossini, l’Italienne à Alger (Norrington, 10 juin) et La Scala di seta (Mazzola, 13 juin), et enfin Fidelio (Rhorer, 14 juin). http://www.theatrechampselysees.fr/ 45 http://chatelet-theatre.com/2013-2014/ PLEYEL, CITÉ DE LA MUSIQUE Les deux maisons menées par Laurent Bayle poursuivent leur chemin faste, en attendant l’ouverture (promise dans deux ans, mais rien n’est moins sûr) de la Philharmonie, la nouvelle salle de concerts parisienne. Au rayon des concerts lyriques, à la Cité de la Musique : Orlando de Haendel (Jacobs, 19 juin) ; et à la salle Pleyel : les Noces de Figaro (Jacobs, encore, 11 octobre), les Mystères d’Isis, un rare Mozart (Niquet, 23 novembre), Boris Godounov (Sokhiev, 5 février), Gurre-Lieder de Schoenberg (Salonen, 14 mars), Orfeo de Monteverdi (Rousset, 2 juin), et la Bohème (Karabits, 17 juin). ATHÉNÉE Le Châtelet maintient également le cap : celui d’une succursale des États-Unis et de Broadway, que l’on imaginerait mieux pour un théâtre privé. C’est étrange, sinon regrettable, car les premières saisons de JeanLuc Choplin à la tête du théâtre versaient dans un éclectisme culturel de meilleur aloi. Souhaitons que les prochaines éditions y reviennent et laissent davantage place à d’autres répertoires lyriques légers du côté de notre bonne vieille Europe (l’opérette française qui fit les beaux soirs de la salle, ou l’opera-buffa, l’opérette viennoise, le singspiel, la zarzuela…). Le premier spectacle parlera toutefois espagnol, mais avec l’accent d’Amérique du Sud : Chantecler Tango (Rayne/Marzan ; du 9 octobre au 3 novembre). The End, “ vocaloid opéra ”, ou opéra virtuel par projections, sons synthétiques et ordinateur, fait une pause les 13 et 15 novembre. My Fair Lady, reprise de la production vue en 2010, s’installe pour les fêtes de fin d’année (Carsen/Ogren, du 5 décembre au 1er janvier). Einstein on the Beach, le mythique spectacle de Wilson et Glass, ne bénéficie de son côté que de quatre représentations (Childs/Riesman, du 8 au 12 janvier). La Pietra del paragone fait parenthèse (italienne !), reprise c bienvenue de l’opéra de Rossini donné en 2007 (Corsetti/Spinosi, du 20 au 29 janvier). In the Woods verse à nouveau dans la comédie musicale (Blakeley/Abell, du 1er au 12 avril). A Flowering Tree poursuit pour sa part le cycle, année après année, dédié à John Adams – on ne n’en plaindra pas ! (Bhardwaj/Ossonce, du 5 au 13 mai). Et la clôture retourne au musical, avec The King and I (Blakeley/Holmes, du 13 au 29 juin). http://www.cite-musique.fr/francais/ CHÂTELET a «La Pietra del Paragone» dans la version de 2007 © Roberto Ricci t u a l Le Théâtre de l’Athénée figure désormais le Petit Poucet de l’opéra à Paris, qui n’hésite pas à faire la guigne aux grandes maisons instituées. Qu’on en juge : pas moins de huit productions lyriques ! Elles ont commencé avec le Pierrot lunaire fin septembre, poursuivi par : Pantin pantine, conte musical de Romain Didier (Manifacier/Karoui, du 6 au 8 décembre), la Grande Duchesse, d’après Offenbach (Béziat/Grapperon, du 12 décembre au 5 janvier), le Viol de Lucrèce, production de l’Atelier lyrique de l’Opéra de Paris (du 14 au 19 janvier), Der Kaiser von Atlantis, opéra écrit dans les camps par Viktor Ullmann (Moaty/Nahon, du 24 au 30 janvier), King Arthur de Purcell (Werf/Chauvet, du 7 au 12 février), le Balcon, l’opéra de Peter Eötvös (Pascal, du 20 au 24 mai) et le Pauvre Matelot, opéra des plus rares de Milhaud (Vérité/Schnitzler, du 11 au 15 juin). Ouf ! http://www.athenee-theatre.com/saison/ Pierre-René Serna i t é s a i s o n s mètres du bâtiment du Deutsche Oper. Malgré la relative étroitesse du plateau, ce théâtre a déjà une Tétralogie wagnérienne à son actif et poursuivra son renouvellement du répertoire allemand avec Tannhäuser le 12 avril prochain; l'ouvrage, délicat à mettre en scène, sera proposé dans une nouvelle version signée de Sasha Walz, une chorégraphe fameuse qui a fait les beaux soirs de la Schaubühne berlinoise. Peter Seiffert, Peter Mattei, René Pape, Les trois opéras de Berlin présentent, comme de coutume, Marina Prudenskaja et Marina Poplavskaya se partagent les rôles principaux un riche choix de spectacles lyriques qui couvrent toute la dans ce spectacle dirigé comme il se doit par Daniel Barenboïm. Le début production théâtrale des quatre derniers siècles. de la saison est également confié au chef de la maison qui s'essaiera à La Fiancée du Tsar de Rimsky Korsakov dans une production que va diriger l'enfant terrible de la scène russe, Dmitri Tcherniakov (dès le 2 octobre) La Deutsche Oper distribution prestigieuse rassemble les noms d'Anatoly Kotcherga, Olga La plus grande des trois salles est aussi celle qui s'offre le luxe de pro- Peretyatko (bien connue des Lausannois où elle a déjà essayé plusieurs de grammer le plus grand nombre de fresques lyriques imposantes tant par ses nouveaux rôles avant de revenir pour une Traviata lors d'une prochaine leurs effectifs choraux qu'orchestraux. saison) et d'Anna Tomowa Sintow (qui fut une des cantatrices préférées de Ainsi, parmi les reprises, signalons Les Troyens de Berlioz, La Herbert von Karajan lorsqu'il dirigeait le Festival de Salzbourg). Le 29 Gioconda de Ponchielli, l'inévitable Anneau du Nibelungen de Wagner novembre, une autre première réunira tout le gratin lyrique berlinois: donné deux fois dans son intégralité en septembre et janvier en plus du Barenboïm dirigera en effet (pour la première fois ?) Il Trovatore de Verdi Parsifal et du Tristan und Isolde ou encore une impressionnante brochette avec Anna Netrebko en Leonora, Placido Domingo en Comte de Luna, de cinq spectacles verdiens (Macbeth, Otello, Don Carlo, Traviata et Marina Prudenskaja en Azucena et Aleksandrs Antonenko en Manrico (il fut Rigoletto) à laquelle s'ajoutent encore deux nouvelles productions consa- Samson sur la scène du Grand Théâtre il y a deux ans...). La mise en scène crées au Maître de Busseto. Et l'on aurait garde d'oublier les Puccini et au- sera signée de Philip Stölzl, un habitué des clips vidéo branchés à qui l'on tres Mozart qui se doivent de figurer dans tous les répertoires actifs des théâ- doit, notamment, un étonnant Benvenuto Cellini monté à Salzbourg il y a tres allemands. Dans l'auditorium principal, la première nouvelle production quelques années. était celle de Nabucco, à l'affiche dès le 8 septembre avant une autre premièLe 9 mars, une nouvelle pièce lyrique intitulée Rein Gold sur un texte re verdienne qui sera consacrée à Falstaff dès le 17 novembre. Cette derniè- d'Elfriede Jelinek verra le jour sur les planches du Staatsoper. Il s'agit là d'un re a été confiée au Directeur musical en chef de la Maison, Donald essai de la célèbre écrivaine autrichienne qui devrait s'enrichir de diverses Runnicles. Avec les cinq reprises mentionnées plus haut, le bicentenaire de séquences musicales tombées de la plume du maître de Bayreuth et mis en Verdi sera ainsi l'occasion dès octobre de parcourir un itinéraire qui couvri- scène par un réalisateur déjà célèbre Outre-Rhin, Nicola Stemann. ra toutes les phases créatrices importantes du compositeur italien. Le 16 mai suivra le caustique Punch and Judy de Harrison Birtwistle La quatrième première, fixée au 23 février 2014, est consacrée à une qu'on a eu l'occasion de découvrir au Bâtiment des Forces motrices il y a version scénique de La damnation de Faust de Berlioz qui sera mise en deux saisons; puis ce sera la première d'une nouvelle production de Aufstieg scène et chorégraphiée par Christian Spuck, l'actuel directeur du ballet de und Fall der Stadt Mahagonny de Bert Brecht et Kurt Weill dans la version l'opéra de Zurich, la direction musicale étant de nouveau assurée par Donald scénique concoctée par le metteur en scène français Vincent Boussard et le Runnicles. Dans la distribution (où l'alternance est de mise) on remarque les costumier Christian Lacroix. Le rôle féminin principal sera incarné par noms d'Elina Garanca, Klaus Florian Vogt et Ildebrando d'Arcangelo... Gabriele Schnaut, une chanteuse wagnérienne émérite qui ne devrait faire Fin avril, un nouvel Elisir d'amore de Donizetti sera réglé par Irina qu'une bouchée du rôle de Leocadja Begbick, alors qu'Evelin Novak sera Brook avant la dernière nouvelle production de la saison consacrée au Billy Jenny. Un Lohengrin (présenté comme 'azione invisibile'!) de Sciarrino et Budd de Britten, qui sera donnée en coproduction avec l'English National un Neither de Morton Feldman accolé à la pièce de Beckett : Footfalls metOpera. Tous les spectacles sont comme de bien tront un point final à cette saison qui offrira, par ailleurs, un large spectre de reprises susceptibles de entendu chantés dans la langue originale avec surtisatisfaire tous les goûts. Citons dans le désordre un trage en allemand et parfois anglais... Bal masqué de Verdi (mis en scène par le duo Sergio Les reprises sont l'occasion pour l'amateur de Morabito & Jossi Wieler qui ont présenté Rusalka à confronter plusieurs chanteurs et écoles de chant la fin de la saison passée à Genève) ainsi que la repridans le courant d'une même série de représentations se du Don Giovanni de Claus Guth étrenné à et permet souvent d'heureuses surprises dans les Salzburg il y a quelques saisons en octobre; dans la nombreux Don Giovanni, Nozze di Figaro, distribution, en relève les noms de Rolando Villazon, Zauberflöte, Carmen, Jenufa et autres Tosca ou Christopher Maltmnan, Christine Schäfer et Lucia di Lammermoor qui referont un tour de piste Dorothea Röschmann. En outre, il y a la reprise du plus ou moins long... http://www.deutscheoperberlin.de/de_DE/calendar/ magnifique Wozzeck mis en scène par Andrea Breth avec Waltraud Meier et Roman Trekel dans les rôles principaux. En novembre suivront La Finta giardiStaatsoper L'Opéra d'Etat que dirige Daniel Barenboïm niera et Die Zauberflöte de Mozart avec Anna est, pour la quatrième année consécutive, exilé dans Prohaska en Pamina, voisinant avec la Traviata de Klaus Florian Vogt © Alex Lipp l'exigu Schiller Theater situé à quelque cinq cents Verdi. En décembre, Le Vaisseau Fantôme (dans une saisons lyriques 2013/2014 Berlin 46 a c t u a l i t é s a i s o n s mise en scène de Stölzl déjà vue à Bâle) sera dirigé par Daniel Harding avec Michael Volle dans le rôle titre; ce spectacle viendra rejoindre Orphée aux Enfers d'Offenbach et La Bohème de Puccini. Au début 2014, la reprise du Barbiere di Siviglia dans la mise en scène mythique de Ruth Berghaus voisinera avec la première de Kat'a Kabanova de Janacek dirigée par Sir Simon Rattle avec Deborah Polaski et Eva-Maria Westbroek dans les rôles féminins principaux; en février, reprise de Salomé de Richard Strauss avec Zubin Metha en fosse et Camila Nylund en princesse perverse, en mars Le nozze di Figaro avec Dorothea Röschmann, Roman Trekel, Marina Prodenskaja Anna Prohaska en plus de quelques Tosca et Aida ainsi que du plus rare Tscherjomuschki de Dmitri Chostakovitch. En avril, parallèlement au nouveau Tannhäuser, le Staatsoper affiche Placido Domingo en Simon Boccanegra aux côtés d'Anja Harteros et Fabio Sartori (avec toujours Barenboïm à la direction). Mai sera baroque avec la Rappresentazione di anima e di corpo de Cavalli et Dido and Aeneas de Purcell, ce dernier spectacle d'essence avant tout aquatique (il se joue en grande partie dans un aquarium géant) étant chorégraphié par Sasha Walz avant de retrouver à fin mai des rivages plus connus avec Tosca et Don Carlo (version en quatre actes dominée par l'impressionnant Philippe II de René Pape). En juin Il trionfo del tempo e del disinganno de Haendel fera contrepoint aux accents goguenards du Mahagonny de Kurt Weill avant le point final, résolument contemporain de la saison qui se conclut le 29 juin avec Lezione di tenebri de Ronchetti. saisons lyriques 2013/2014 Madrid L’offre lyrique se partage essentiellement entre deux théâtres : le Teatro Real, conforme à l’image de l’opéra international, et le Teatro de la Zarzuela, qui donne l’alternative locale avec le genre qui lui prête son nom. Teatro Real http://www.staatsoper-berlin.de/de_DE/calendar On retrouve la patte du directeur belge, Gérard Mortier, son goût pour l’opéra contemporain et les mises en scène décoiffantes. Après un Barbier de Séville en septembre, place à Die Eroberung von Mexico, un opéra actuel sur un sujet historique, dû à Wolfgang Rihm (Audi/Pérez ; les 9, 11, 12, 13, 15, 17, 18 et 19 octo-bre). Puis, à la suite : The Indian Queen de Purcell (Sellars/Currentzis : 5, 7, 9, 10, 13, 15, 17 et 19 novembre), Dido and Aeneas de concert (Currentzis : 18 novembre), L’Elisir d’amore (Michieletto/Piollet : 2, 3, 4, 6, 9, 11, 13, 15, 17, 18 et 20 décembre), Tristan und Isolde, production vue quasi au même moment à la Bastille parisienne, reprise du même lieu aux temps de Mortier (Sellars/Currentzis : 12, 16, 19, 23, 27, 31 janvier, 4 et 8 février), Brokeback Mountain, commande à Charles Wuorinen et création mondiale (Hove/Engel : 28, 30 janvier, 1er, 3, 5, 7, 9 et 11 février), Alceste de Gluck (Warlikowski/Bolton : 27 février, 2, 4, 6, 7, 8, 9, 11, 12, 14 et 15 mars), Lohengrin (Hemleb/Haechen : 3, 6, 7, 10, 11, 13, 15, 17, 19, 20, 22, 24 et 27 avril), les Contes d’Hofmann (Marthaler/Cambreling : 17, 21, 25, 28, 31 mai, 3, 6, 9, 12, 15, 18 et 21 juin), I Vespri siciliani de concert (Conlon : 11, 14 et 17 juin) et enfin Orphée et Eurydice, toujours de Gluck, dans la chorégraphie de Pina Bausch (Hengelbrock : 12, 13 et 14 juillet). Ballets et concerts variés complètent la saison. http://www.teatro-real.com/ Komische Oper Teatro de la Zarzuela On trouve peu de grands noms sur cette scène, mais cela ne signifie nullement que l'opéra y est donné au rabais. La mise en scène de La Flûte enchantée, par exemple, sera reprise vingt fois cette saison, après avoir fait le plein près d'une trentaine de fois la saison passée! Il en est allé de même pour l'opérette inconnue de Paul Abraham, Ball im Savoy et pour L'Orfeo de Monteverdi, qui seront bien évidemment repris au cours de cette saison vu leur succès. Mais la chasse aux billets s'annonce déjà fort difficile. Parmi les premières, signalons en septembre Le songe d'une nuit d'été de Britten (donné en allemand, avec surtitrage en français, turc et anglais); en novembre, suivra Cosi fan tutte (ou plutôt So machen sie alle). Mi-janvier, ce sera au tour de L'Ange de feu de Prokofiev, prélude à un mini festival d'une semaine consacré à ce compositeur. Ensuite, ce sera au tour de Castor et Pollux de Rameau (en français, cette fois) avant que Die Soldaten de Zimmermann, dans la production donnée à Zurich en septembre, ne mette un point final à ce cycle de nouvelles productions fort attrayantes; dans le domaine plus léger de l'opérette et du musical, signalons une nouvelle production de West Side Story (en alternance en anglais et allemand) et de Clivia, un opus inconnu de Nico Dostal qui fut un des grands représentants de l'opérette berlinoise de l'entre-deux-guerres. Si un Belge est à la tête du Teatro Real, un Italien gouverne le Teatro de la Zarzuela : c’est cela l’Europe lyrique ! Paolo Pinamonti entame donc sa deuxième saison sans bouleverser la donne, avec zarzuelas obligées et une petite escapade vers un autre territoire lyrique. Les productions commencent avec Los amores de la Inés, zarzuela de jeunesse de Falla, couplée avec La verbena de la Paloma, célébrissime zarzuela de Tomás Bretón (Plaza/Soler : du 19 octobre au 10 novembre). Suivent : La del manojo de rosas de Pablo Sorozábal, autre classique du genre (Sagi/Gomez Martínez : du 18 décembre au 12 janvier), Curro Vargas de Ruperto Chapí, encensé en son temps par Honegger et petit événement (Vick/García Calvo : du 14 février au 2 mars), Black el Payaso de Sorozábal couplé avec son équivalent italien, I Pagliacci de Leoncavallo (García/Renzetti : du 4 au 27 avril), De lo humano y lo divino, spectacle à partir de zarzuelas du XVIIe s. de Juan Hidalgo (Rechi/Mena : du 14 au 18 mai), et enfin, en alternance, trois zarzuelas oubliées du milieu du XIXe siècle en version semi-scénique : Catalina de Joaquín Gaztambide, El dominó azul d’Emilio Arrieta et El diablo en el poder de Francisco Barbieri (del Amo/Moreno : du 4 au 21 juin). Les représentations ont lieu tous les jours, sauf les lundis et mardis. Ballets, concerts et récitals occupent les autres dates. http://www.komische-oper-berlin.de/spielplan/ http://teatrodelazarzuela.mcu.es/en/ Eric Pousaz a c t u a l Pierre-René Serna i t é 47 s a i s o n s L'Anneau du Nibelungen avec Nina Stemme en Brünnhilde et Jeffrey Tate à la direction. Une visite sur le site remarquablement fait du Staatsoper s'impose donc si l'on planifie un voyage dans la ville de Sissi. saisons lyriques 2013/2014 Vienne http://www.wiener-staatsoper.at/Content.Node/home/spielplan/ Theater an der Wien Avec ses trois maisons d'opéra, dont l'une est presque exclusivement réservée à la muse légère (le Volksoper), Vienne se place sans autre forme de procès dans le peloton de tête des grandes capitales lyriques européennes. Le choix des ouvrages représentés chaque année est tout simplement énorme. Staatsoper 48 La deuxième grande salle lyrique est nettement plus intime. C'est dans ce théâtre qu'ont été données les premières représentations de Zauberflöte et Fidelio et le lieu, même s'il a été rénové et agrandi plusieurs fois, conserve quelque chose de son glorieux passé. Le principe de l'alternance a ici été sacrifié à celui de la stagione, un système qui s'apparente à celui du Grand Théâtre où les séries de spectacles sont données en intégralité avant la mise au programme de l'ouvrage suivant. Il convient pourtant de signaler, par souci d'équité, que l'affiche est nettement plus fournie en version de concerts, rendez-vous symphoniques et autres récitals de toutes sortes qu'au bout du Léman. The Rake's Progress de Stravinsky ouvre les feux en septembre avec Anne-Sophie von Otter, Bo Skovhus et Toby Spence placés sous la direction de Michael Boder. En octobre, une création écrite sur le même sujet par le compositeur Iain Bell intitulée A Harlot's Progress sera donnée dans une mise en scène de Jens-Daniel Herzog placée sous la direction de Mikko Franck qui a fait si grande impression en avril dernier dans le Parsifal zurichois. Diana Damrau, Marie McLaughlin, Nathan Gunn figurent en tête de distribution. En novembre, René Jacobs et Damiano Micheletto proposeront leur version du difficile Idomeneo de Mozart. Le Freiburger Barockorchester y accompagnera Richard Croft, Sophie Karthäuser, Marlis Petersen et Gaëlle Arquez dans les emplois principaux. En décembre, une curieuse création réunira les noms de Franz Schubert et Charles Ives, ce dernier s'étant chargé de compléter la partition de Lazarus restée inachevée. Kurt Streit, Annette Dasch et Stephanie Houzeel se chargeront des rôles chantés alors que divers textes seront intercalés et dits par des acteurs. Claus Guth se charge de la mise en scène et Michael Boder reprendra la baguette pour cette quatrième production de la saison. I due Foscari, en provenance de Los Angeles, permettront de retrouver Placido Domingo dans un rôle de baryton (la direction étant assurée par James Conlon et la mise en scène signée par Thaddeus Strasberger). Ce sera ensuite le retour de Rameau avec Platée que dirigera Robert Carsen avec la complicité de William Christie. Un cycle des trois opéras que Mozart a écrits en collaboration avec Da Ponte sera ensuite mis à l'affiche sous la direction de Nikolaus Harnoncourt mais en version de concert seulement. Une reprise de la mise en scène du Messie de Haendel dans la trancription visuelle de Claus Guth fera un nouveau tour de piste en avril avant que ne paraisse une nouvelle Traviata dans un rhabillage dû à Peter Konwitschny... Les concerts sont trop nombreux pour être cités ici, mais il s'agit avant tout de spectacles baroques pour lesquels une mise en scène, trop onéreuse, ne semble pas se justifier lorsque les caisses, comme partout ailleurs, ont le défaut de ne pas être sans fond. Sept nouvelles productions sont annoncées pour la saison qui vient de s'ouvrir. La fanciulla del West de Puccini ouvrira les feux en octobre avec une distribution de rêve : Nina Stemme, Jonas Kaufmann et Tomasz Konieczy y tiendront les rôles principaux sous la direction de Franz WelserMöst dans une mise en scène du Zurichois Marco Arturo Marelli. Puis viendra, en novembre, une nouvelle Flûte enchantée dirigée par Christoph Eschenbach et mise en scène par Patrice Caurier et Moshe Leiser. La distribution fait la part belle aux nouvelles voix et comporte assez peu de noms connus, mais il est inévitable que dans un ouvrage donné aussi souvent, les changements de distribution de dernière minute soient quasiment à l'ordre du jour. Rusalka d'Antonin Dvorak réapparaîtra à l'affiche sous la direction de Jiri Belohlavek et dans une nouvelle mise en scène signée de Sven Erich Bechtolf avec Krassimira Stoyanova, Michael Schade et Günther Groissböck dans les rôles principaux. Quinze jours plus tard, Adriana Lecouvreur, rarement représentée ici, fera un tour de piste sous la direction d'Evelino Pido et dans la mise en scène qu'a réglée David McVicar pour le Covent Garden de Londres. Elena Zhidkova, Angela Gheorghiu et Massimo Giordano s'y partageront les faveurs du public. Pour la période pascale, un nouveau Lohengrin sera proposé dans la version scénique concoctée par Andreas Homoki, le patron de l'Opéra de Zurich (où le spectacle sera repris dans une saison future). La distribution comprend les noms de Camilla Nylund, Klaus Florian Vogt, Günther Groissböck, Wolfgang Koch et Micaela Maertens sous la direction de Bertrand de Billy. La saison s'achèvera avec une nouvelle Petite Renarde rusée de Janacek donnée en version originale tchèque dans une production signée d'Otto Schenk et placée sous la direction de Franz Welser-Möst. Parmi les quelque quarante-cinq reprises, signalons juste pour mémoire Violeta Urmana et Peter Seifert dans Tristan und Isolde, Renée Fleming dans le Chevalier à la Rose, Juan Diego Florez et Carlos Alvarez dans La fille du régiment (avec Kiri Te Kanawa en prime!), Ben Heppner dans Peter Grimes, Ferruccio Furlanetto en Boris Godounov, Andris Nelsons dirigeant Salomé, Rolando Villazon dans Don Giovanni et Eugène Onéguine, Anna Netrebko dans Faust aux côtés de Piotr Beczala et Erwin Schrott, Waltraud Meier et Mathias Goerne Nina Stemme participera en octobre à la nouvelle production de «La fandans Wozzeck et, pour clore la saison, ciulla del West», avant de rejoindre le cast de la reprise de «L’Anneau du deux représentations intégrales de Nibelungen» en clôture de saison. Photo by Anja Niemann a c t u a l http://www.theater-wien.at/ Eric Pousaz i t é s a i s o n s saison 2013/2014 : metropolitan opera saison 2013/2014 : covent garden New York Londres Une belle saison se profile à nouveau au Metropolitan Opera, avec la présence sur scène de chanteurs renommés, tels Anna Netrebko ou Roberto Alagna. Parmi les productions, il y aura celle, très inventive, que William Kentridge a réalisée pour Le Nez, ou celle de Bartlett Sher pour l’œuvre de Nico Muhly, Two Boys. Signalons quelques points forts avec la mise en scène des Nozze par David McVicar, et pour la première fois à Covent Gardent, Les Vêpres de Verdi. A noter aussi la production de Manon Lescaut selon Pelly, et Carmen avec, pour quelques représentations, le duo Anna Caterina Antonacci / Roberto Alagna; de même que La Fille du régiment avec Patricia Ciofi et Juan Diego Flórez... u Eugène Onéguine (GergievVedernikov-Warner) avec Anna Netrebko / Tatiana – 1er, 5, 9, 12, 16, 19 oct., 23, 29 nov., 2, 5, 12 déc. u Cosi fan tutte (Levine-Koenig) avec Danielle de Niese / Despina – 2, 5 oct., 23, 26 avril, 3, 8 mai u Le Nez (Gergiev/Smelkov-Kentridge) – 3, 8, 12, 17, 22, 26 oct. u Norma (Frizza-Copley) avec dans le rôle-titre, Sondra Radvanovsky / Angela Meade – 4, 7, 10, 14, 18, 24, 28 oct., 1er nov. u Two Boys (Robertson-Sher) – 21, 25, 30 oct., 2, 6, 9 nov. u Tosca (Frizza/Armiliato-Bondy) avec, dans le rôle-titre, Patricia Racette / Sondra Radvanovsky, et Roberto Alagna en Cavaradossi pour quelques représentations – 29 oct., 2, 5, 9, 13, 16 nov., 11, 14, 17, 20, 23, 28 nov. u Die Frau ohne Schatten (Jurowski-Wernicke) – 7, 12, 16, 20, 23, 26 nov. u Rigoletto (Heras-Casado- Mayer) avec Dmitri Hvorostovsky / Rigoletto et Aleksandra Kurzak / Gilda – 11, 15, 18, 21, 27, 30 nov., 4, 7 déc. u Der Rosenkavalier (Gardner-Merrill) – 22, 25, 30 nov., 3, 7, 10, 13 déc., u Falstaff (Levine-Carsen) – 6, 9, 14, 18, 21, 27, 30 déc., 3, 6, 11 jan. u The Magic Flute (Glover-Taylor) – 16, 21, 24, 26, 28, 30 déc., 2,4 jan. u Die Fledermaus (Fischer-Sams) – 31 déc., 4, 7, 11, 15, 18 jan., 3, 5, 8, 11, 13, 15, 20, 22 fév. u L'Elisir d'amore (Benini-Sher) – 8, 13, Aleksandra Kurzak sera Gilda 17, 21, 25, 29 jan. u La Bohème (Zanzoni-Zeffirelli) avec Joseph Calleja / Vittorio Grigolo en Rodolfo – 14, 18, 22, 25, 30 jan., 19, 22, 26, 29 mars, 2, 5, 10, 14, 18 avril u Madama Butterfly (Augui/Luisi-Minghella) – 16, 20, 24, 28 jan., 1er,7 fév., 4, 9, 12, 15, 19 avril, 1er, 5, 9 mai u Rusalka (Nézet-Séguin-Schenk) – 23, 27, 31 jan., 4, 8, 12, 15 fév. u Le prince Igor (Noseda/Smelkov-Tcherniakov) avec Ildar Abdrazakov – 6, 10, 14, 17, 21, 24 fév., 1er, 4, 8 mars u Werther (Altinoglu-Eyre) – 18, 22, 25, 28 fév., 3, 7, 11, 15 mars u The Enchanted Island (Summers-McDermott) avec Plácido Domingo / Neptune – 26 fév., 1er, 5, 8, 12, 15, 20 mars u Wozzeck (Levine-Lamos) – 6, 10, 13, 17, 22 mars u La Sonnambula (Armiliato-Zimmermann) – 14, 18, 21, 25, 29 mars u Andrea Chénier (Noseda-Joël) – 24, 28, 31 mars, 5, 8, 12 avril u Arabella (Auguin-Schenk) – 3, 7, 11, 16, 19, 24 avril u I Puritani (Mriotti-Sequi) – 17, 22, 26, 29 avril, 3, 7, 10 mai u La Cenerentola (Luisi-Lievi) – 21, 25, 28 avril, 2, 6, 10 mai u Le Nozze di Figaro (Gardiner-McVicar) avec Maria Bengtsson en Comtesse – 2, 4, 7 oct. u Elektra (Nelsons-Edwards), avec Christine Goerke / Elektra et Adrianne Pieczonka / Chrysothemis – 1er, 6, 9, 12 oct. u Les Vêpres siciliennes (Pappano-Herheim) avec Marina Poplavskaya / Hélène et Erwin Schrott / Procida – 17, 21, 24,27 oct., 1er, 4, 7, 11 nov. u Greek (Rafferty-McCarthy) – 21, 22, 25, 26 oct. u The Killing Flower (Rafferty-McCarthy) – 24 oct. u Wozzeck (Elder-Warner) – 31 oct., 5, 8, 12, 15 nov. u Parsifal (Pappano-Langridge), nouvelle production avec Simon O’Neill, et Angelola Denoke / Kundry – 30 nov., 2, 5, 11, 15, 18 déc. u Carmen (Oren-Zambello) – 16, 19, 21, 22, 23 déc., 1er, 3, 4, 6, 9 jan. u Manon (Villaume-Pelly) avec Ermonela Jaho / Ailyn Pérez dans le rôletitre – 14, 17, 21, 24, 28, 31 jan., 4 fév. u Don Giovanni (Luisotti-Holden), nouvelle production, avec Mariusz Kwiecien – 1er, 3, 12, 14, 18, 21, 24 fév. u La Fille du régiment (Abel-Pelly) – 3, 6,9,12, 15, 18 mars u Die Frau ohne Schatten (Bychkov-Guth) avec Emily Magee en Impératrice – 14, 17, 20, 23, 26, 29 mars, 2 avril u Faust (Benini-McVicar), dans le rôle-titre Joseph Calleja, et Anna Netrebko en Marguerite – 4, 7, 11, 14, 17, 22, 25 avril u La Traviata (Ettinger-Eyre) avec en alternance Diana Damrau / Ailyn Pérez – 19, 21, 24, 26, 30 avril, 3, 6, 9, 12, 17, 20 mai u Tosca (Caetani-Kent) avec Oksana Dyka / Sondra Radvanovsky et Roberto Alagna / Mariusz Kwiecien sera Riccardo Massi en Cavaradossi – 10, 13, Don Giovanni 16, 19, 22, 27, 30 mai, 3, 16, 19, 21, 26 juin u Dialogues des carmélites (Rattle-Carsen), nouvelle production avec Magdalena Kožená et Anna Prohaska – 29 mai, 2, 4, 7, 9, 11 juin u Manon Lescaut (Pappano-Kent), nouvelle production avec Kristine Opolais – 17, 20, 24, 28 juin, 1er, 4, 7 juil. u Ariadne auf Naxos (Pappano-Loy) – 25, 30 juin, 3, 10, 13 juillet u Maria Stuarda (de Billy-Caurier/Leiser), nouvelle production avec Joyce DiDonato – 5, 8, 11, 14, 16, 18 juil. u La Bohème (Meister-Copley) – 9, 12, 13, 15, 17, 19 juil. Tél : 0044/20.73.04.40.00 www.roh.org.uk Programme détaillé sur http://www.metoperafamily.org/ a c t u a l i t é 49 s a i s o n s FLORENCE : TEATRO DEL MAGGIO MUSICALE saisons lyriques 2013/2014 En Italie u La Serva padrona (Caldi-Carreres) – 8, 9, 10 nov. u L'Elisir d'amore (Montanaro-Cucchi) – 15, 16, 17,19, 20, 21 nov. Coup de projecteur sur quelques scènes lyriques de la péninsule, et sur leur programmation pour les mois à venir... Tél : 0039/05.62.77.93.50 www.maggiofiorentino.com VENISE : FENICE u Carmen (Matheuz-Bieito) – 16, 18, 26 oct. u Madama Butterfly (Wellber-Rigola) – 12, 17, MILAN : SCALA TURIN : TEATRO REGIO u Don Carlo (Luisi-Braunschweig) avec René u Simon Boccanegra (Noseda-Borelli) avec Pape / Štefan Kocán -12, 16, 19, 23, 26, 29 oct. u Aida (Noseda-Zefirelli) avec Hui He / Liudmyla Monastyrska – 25, 28, 31oct., 3, 5, 14, 16, 17, 19 oct. Michele Pertusi en Jacopo Fiesco – 9, 10,12,15, 16, 19, 20, 23 oct. u Rigoletto (Renzetti-Bruzzese) – 17, 22, 25 oct. u La Traviata (Palumbo-Pelly) – 18, 24, 27 oct. u Il Barbiere di Siviglia (deMarchi-Borelli) – 7, 8, 9, 10, 12, 13, 16, 17 nov. u Die Zauberflöte (Arming-Ando) – 10, 11, 12, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 21 janv. u Madama Butterfly (Steinberg-Michieletto) – 1er,4, 6 fév. u Turandot (Steinberg-Montaldo) – 12, 13, 14, 15, 16, 20, 22, 23, 25, 26, 27 fév. u Tosca (Palumbo-Grinda) – 13, 16, 18 mars u Guglielmo Tell (Noseda-Vick) – 7, 9, 11, 14, 18 mai u The Rakes's progress (Noseda-McVicar) – 10, 13, 15, 18, 22 mars u La Veuve joyeuse (Campestrini-de Ana) – 27, 28, 29 juin, 1er, 2, 3, 6 juillet 50 20, 24, 27, 29, 31 oct. u L'Elisir d'amore (Montanari-Manassi) – 13, 15, 19, 25, 30 oct. u L'Africaine (Villaume-Muscato) avec Gregory Kunde – 23, 26, 27, 29, 30 nov. Tél : 0039/01.18.81.52.41 www.teatroregio.torino.it Gregory Kunde sera Vasco de Gama à Venise Liudmyla Monastyrska sera Aida à Milan u La Clemenza di Tito (Dantone-Hermann) – 24, 26, 28, 30 janv., 1er fév. u La Traviata (Matheuz-Carsen) – 15, 16, 19, 21, 23, 25, 27 fév., 4, 6, 8 mars u Il Barbiere di Siviglia (Matheuz-Morassi) – 20,22, 26 fév., 2, 5, 7, 9 mars u Il Campiello (Romani-Trevisi) – 28 fév., 1er, 5, 7, 11 mars u Elegy for Young Lovers (Webb-Pizzi) – 27, 29 mars, 2, 4, 6 avril u Il Triofono del tempo e del disinganno (Montanari-Bieito) – 28, 30 mars, 1er, 3, 5 avril u La Bohème (Micheli-Sanchi) – 26, 30 avril, 2, 4, 9, 21, 24, 29 mai,1er juin u Tosca (Callegari-Michieletto) – 16, 17, 18, 20, 22, 23, 28, 31 mai u The Rake's progress (Matheuz-Michieletto) – 27, 29 juin, 1er, 3, 5 juillet u La Traviata (Gatti-Tcherniakov) – 7, 12, 15, 18, 22, 28,31 déc., 3 janv. u Lucia di Lammermoor (MorandiZimmermann) – 1er, 7, 11, 14, 16, 19, 21, 23, 28 fév. u Il Trovatore (Rustioni-De Ana) – 15, 18, 20, 22, 25 fév., 1er, 4, 6, 7 mars u La Fiancée du Tsar (BarenboimTcherniakov) – 2, 5, 8, 11, 14 mars u Les Troyens (Pappano-McVicar) – 8, 12, 16, 22, 26, 30 avril u Elektra (Salonen-Chéreau) – 18, 21, 24 mai, 3, 6, 10 juin u Cosi fan Tutte (Barenboim-Guth) – 19, 21, 24, 27, 30 juin, 3, 5, 8,14, 16, 18 juillet u Le Comte Ory (Renzetti-Pelly) – 4, 7, 10, 12, 15, 17, 19, 21 juillet Maria Grazia Schiavo sera Pamina à Turin Tél : 0039/02.72.00.37.44 www.teatroallascala.org a c t u Tél : 0039/04.17.86.511 www.teatrolafenice.it a l i t é s a i s o n s saison lyrique 2013/2014 Lyon Avec des œuvres aussi bien contemporaines que classiques, des metteurs en scène prestigieux (Pelly, Py, McBurney, Oida) et une large place laissée à la découverte de jeunes talents, l'Opéra de Lyon se permet toutes les audaces dans une affiche d'une belle diversité. Temps forts. Le ton de la nouvelle saison de l'Opéra de Lyon est donné à travers la thématique retenue cette année : Les vérités qui dérangent. C'est l'idée pour son directeur, Serge Dorny, dans un monde en pleine métamorphose, de réaffirmer le rôle des institutions culturelles « qui doivent accompagner les questionnements et inviter le public à la réflexion… Par exemple à travers des opéras dont le sujet n'est pas forcément à ranger dans le domaine du divertissement ». Le rideau s'ouvre sur les Dialogues des carmélites de Poulenc, partition inspirée par le livret de Bernanos, avec Christophe Honoré à la mise en scène. Signant avec Les chansons d'amour le renouveau de la comédie musicale à la française, le cinéaste, également romancier et dramaturge, franchit une nouvelle étape en mettant en scène son premier opéra, sous la baguette de Kazushi Ono, directeur musical de l'Opéra de Lyon. Avec l'Orchestre et les Chœurs de l'Opéra, Sabine Devieilhe (Victoire de la musique 2013), Laurent Alvaro, Sébastien Guèze, Sylvie Brunet, Sophie Marin-Degor (du 12 au 26 octobre). Autre créateur accueilli pour la première fois, le metteur en scène anglais Simon McBurney, qu'Avignon a applaudi dans l'adaptation du Maître et Marguerite de Boulgakov en 2012, se frottera à son premier opéra Coeur de chien (A dog's heart), mis en musique par Alexander Raskatov à partir d'une nouvelle du même Boulgakov (du 20 au 30 janvier). Au chapitre encore des découvertes : un des metteurs en scène émergents de la scène allemande, David Bösch, présentera son premier travail en France, Simon Boccanegra de Verdi (du 7 au 17 juin) ; Valentina Carrasco, complice de longue date de la Fura dels Baus, signera la mise en scène du Tour d'écrou (du 11 au 29 avril) ; le TNP de Villeurbanne accueillera en mars pour trois représentations exceptionnelles I went to the house but did not enter de Heiner Goebbels, créé au Festival d'Edimbourg 2008, et accueilli par de nombSophie Marin-Degor participera à «Dialogues des Carmélites» reux scènes européen- a c t u a l «I went to the House but did not enter» @ Philippe Stirnweiss nes. L’œuvre est composée de quatre textes (TS Eliot, Maurice Blanchot, Franz Kafka et Samuel Beckett) et chantée par les voix du prestigieux Hilliard Ensemble. Last but not least, Steve Jobs et l'histoire de la Silicon Valley seront à l'honneur avec la création d'un opéra multimédia par Roland Auzet, artiste aux multiples casquettes, compositeur, metteur en scène et directeur du Théâtre de la Renaissance d'Oullins. Steve V (King Different) retrace l’aventure numérique du XXe siècle, librement inspirée de la vie du fondateur d’Apple et de la figure shakespearienne du Roi Henry V. Le spectacle s'appuie sur la pièce historique de Shakespeare, dont des extraits sont intégrés à un texte et une musique d'aujourd'hui, incluant le rap et l'orchestre classique, avec Oxmo Puccino (du 14 au 18 mars, au Théâtre de la Renaissance). Au rayon des fidélités complices, cette nouvelle saison marque le retour de Laurent Pelly et d'Olivier Py. Fidèle à Offenbach et à la comédie, Laurent Pelly revient avec deux productions : la reprise des Contes d'Hoffman - dans une vision inspirée de l'expressionisme allemand - (14 au 30 décembre), et une nouvelle production du Comte Ory de Rossini (du 21 février au 5 mars). On retrouvera aussi Olivier Py pour la reprise de Curlew River de Britten (production du festival d'Edimbourg), dans le cadre du festival annuel consacré au compositeur britannique à l'occasion du centenaire de sa naissance. Deux nouvelles productions, Peter Grimes (dans une mise en scène de Yoshi Oida) et Le Tour d'écrou, poursuivront l'exploration de l'univers de Britten autour de trois périodes-clés de son parcours créateur de 1945 à 1964 (du 10 au 29 avril). Isabelle Aboulker présente Jeremy Fisher au théâtre de la Croix Rousse en juin, un opéra destiné aux enfants sur un livret de Mohamed Rouabi, mis en scène par Michel Dieuaide. Enfin le Ballet de l'Opéra affiche une nouvelle saison d'explorations chorégraphiques brassant les genres et les approches contemporaines et classiques de la danse autour de trois grands chorégraphes de notre temps, William Forsythe, Benjamin Millepied et Jiri Kylian, des créations du Système Castafiore (collectif d'artistes illusionnistes-choréraphes-musiciens) ou de celles plus expérimentales et abstraites de Rachid Ouramdane et Odile Duboc. Christine Ramel http://www.opera-lyon.com/ i t é 51 s a i s o n s 52 saison 2013/2014 saison 2013/2014 Montpellier Marseille En attendant la nomination du successeur de Jean-Paul Scarpitta au poste de directeur général, l’Opéra National de Montpellier propose une saison de transition pour 2013-2014. Deux très grands titres du répertoire lyrique – Aida et Traviata ! – encadreront une saison marqué par une création mondiale et quelques opéras à ne pas manquer, comme La Straniera de Bellini ou encore le rare Roi d’Ys de Lalo. Le spectacle reporté de la saison précédente, Orfeo ed Euridice de Gluck, ouvrait les festivités en septembre, dans une nouvelle production de Chiara Muti (fille du maestro Riccardo Muti), avec Delphine Galou (Orfeo), Eleonora Buratto (Euridice), et le chef Balàzs Kocsàr. Après 4 représentations de la formidable Elena de Cavalli, l’un des grands succès de l’édition 2013 du festival d’Aix-en-Provence (direction musicale de Leonardo Garcia Alarcon et mise en scène de Jean-Yves Ruf), Jean-Paul Scarpitta complètera pour la fin de l’année sa trilogie Da Ponte, en s’attaquant à Cosi fan tutte, avec les valeureuses Erika Grimaldi (Fiordiligi) et Marianna Crebassa (Dorabella). C’est ensuite au Corum, et non pas à l’Opéra Comédie comme pour les 3 spectacles précédents, que la nouvelle production d’Eugène Onéguine sera présentée, signée de Marie-Eve Signeyrole : Lucas Meachem dans le rôle-titre, Dina Kuznetsova (Tatiana), et Ari Rasilainen pour la direction musicale. Enfin, reprise au mois de juin de la production qu’avait imaginée Jean-Paul Scarpitta pour La Traviata en 2010, avec « de jeunes chanteurs » comme mentionné dans le programme de la saison. Plusieurs concerts lyriques sont aussi à l’affiche : les sopranos Krassimira Stoyanova le 7 décembre dans un programme russe, et Sabine Devieilhe le 31 janvier dans des airs de Mozart et Boccherini, les mezzos Doris Soffel le 8 novembre pour une soirée Wagner et Michelle DeYoung le 14 février interprétant les Nuits d’été de Berlioz. Enfin il ne faut pas oublier le petit bijou L’Etoile d’Emmanuel Chabrier, coproduit fin mars par Opéra Junior, Jérôme Pillement à la baguette et Benoît Bénichou à la mise en scène. François Jestin www.opera-montpellier.com C’est donc Aida qui était proposée en septembre, dans la production très cinématographique de Charles Roubaud – Michele Capalbo, Sonia Ganassi, Zoran Todorovich dans les rôles principaux et Fabrizio Maria Carminati à la baguette –, avant l’un des premiers temps forts de la saison, La Straniera de Bellini. La distribution vocale réunie pour les 4 représentations données en version de concert devrait déclencher l’enthousiasme du public : Patrizia Ciofi, Karine Deshayes, JeanPierre Furlan, Ludovic Tézier, sous la direction musicale de Paolo Arrivabeni. Le mythe Philippe Talbot chantera dans «Orphée aux Enfers» d’Orphée sera décliné à deux reprises en fin d’année, avec Orphée et Eurydice de Gluck et le Ballet National de Marseille, dans la chorégraphie de Frédéric Flamand (Varduhi Abrahamyan et Ingrid Perruche chanteront les rôles-titres), puis Orphée aux Enfers d’Offenbach pour les fêtes de fin d’année : Brigitte Hool, Marie-Ange Todorovitch, Philippe Talbot, Loïc Félix, …, direction musicale de Samuel Jean et production de Claire Servais. Retour au répertoire italien fin janvier avec Lucia di Lammermoor dans la réalisation visuelle de Frédéric BélierGarcia, vue à Marseille en 2007, où le chef Alain Guingal dirigera deux distributions en alternance qui vaudront chacune le déplacement, ne serait-ce que pour les deux ténors de valeur Giuseppe Gipali et Arnold Rutkowski dans le rôle d’Edgardo. Autre moment marquant, la création mondiale de Colomba, musique de Jean-Claude Petit et livret de Benito Pelegrin d’après la nouvelle de Mérimée, avec Marie-Ange Todorovitch dans le rôle-titre, Claire Gibault placée au pupitre et Charles Roubaud à la mise en scène. Le Roi d’Ys d’Edouard Lalo reste un titre rare, c’est l’occasion de voir la production de Jean-Louis Pichon, proposée ces dernières années à l’Opéra de Liège et dont il existe un témoignage en DVD : Inva Mula, Béatrice UriaMonzon et Florian Laconi dans les rôles principaux. La saison s’achèvera en juin avec La Traviata, et deux distributions en alternance, y compris pour la direction musicale (Lawrence Foster et Eun Sun Kim). Renée Auphan réalisera pour l’occasion une nouvelle production, et on retrouvera avec délice la soprano Anne-Catherine Gillet dans le rôle-titre. A retenir également la soirée Poulenc (le 11 octobre) avec La Voix humaine par Mireille Delunsch, le concert du baryton Leo Nucci (le 15 novem-bre) dédié entièrement à Verdi, sous la direction de Lawrence Foster, la 9ème symphonie de Beethoven le 4 avril (Ricarda Merbeth en soprano), et la soirée intitulée « concert Rio Paris » (le 16 mai) : Agnès Jaoui, Natalie Dessay, Helena Noguerra en solistes, accompagnées par la guitare de Liat Cohen. François Jestin En récital le 7 décembre : Krassimira Stoyanova. Photo Johannes Ifkovits a c t http://opera.marseille.fr/ u a l i t é s a i s o n s saison 2013/2014 : opéra du rhin saison lyrique 2013/2014 Strasbourg Monte-Carlo L'an prochain, neuf titres figurent au programme de l'Opéra du Rhin sis à Strasbourg, avec escales à Mulhouse et, pour certains titres plus légers, Colmar. Une saison 2013-2014 très riche et prometteuse. Après De la maison des morts de Janacek en ouverture de saison, retour vers des eaux plus calmes et plus connues avec Cenerentola de Rossini, qui sera ici jouée dans une mise en scène de Sandrine Anglade sous la direction d'Enrique Mazzola. La distribution sera emmenée par l'Angelina de Maité Beaumont alors que Jean-Philippe Lafont fera son retour sur les planches alsaciennes dans le rôle de Don Magnifico (novembre). En décembre, le récent Rigoletto d'Aix-en-Provence mis en scène par Robert Carsen fera escale à Strasbourg et Mulhouse dans une distribution renouvelée sous la direction de Paolo Carignani (avec Nathalie Manfrino, George Petean et Dmitro Popov dans les rôles principaux (décembre - janvier). Pour les enfants, les jeunes chanteurs de l'Opéra Studio remettront à l'affiche Aladin et la lampe merveilleuse de Nino Rota. La première aura lieu avant Noël à Colmar, avec des représentations par la suite à Strasbourg et Mulhouse au début de l'année suivante. La première grande production lyrique de 2014 sera réservée au Vaisseau fantôme de Wagner, donné sous la direction de Marko Letonja dans une production signée de Nicolas Brieger. Ricarda Merbeth sera Senta, Kristinn Sigmundslon Daland, Thomas Blondelle Erik et Sebastian Holecek le Hollandais. La première rareté de la saison est à l'affiche en mars et avril: soit la représentation scénique du Roi Arthus de Chausson (mise en scène de Keith Warner et direction de Jacques Lacombe). L'œuvre est complexe et tire plus d'une fois sa révérence au génie wagnérien tout en restant toutefois essentiellement française de ton. Elisabete Matos sera Genièvre, Franck Ferrari Arthus, Nicolas Cavallier Merlin et Andrew Richards Lancelot. Un dyptique d'ouvrages peu représentés sera ensuite au programme d'avril à juin dans les trois villes où joue l'Opéra du Rhin avec une escale parisienne en mai au Théâtre Louis Jouvet. Il s'agit de La Colombe de Charles Gounod, suivie de Le pauvre Matelot de Darius Milhaud. L'orchestre sera celui des Concerts Lamoureux, dirigé par Claude Schnitzler. Autre rareté : la création scénique en France de Doctor Atomic du compositeur américain John Adams. Il s'agit là d'une commande passée par l'Opéra de San Francisco qui en a assuré la création en octobre 2005 avec un immense succès. Ecrit par Peter Sellars d'après le mythe de Faust, l'ouvrage tire un parallèle entre le docteur moyenâgeux et les physiciens qui ont rendu possible la mise au point de l'arme la plus terrible de l'histoire humaine: la bombe atomique. L'orchestre sera dirigé par Patrick Davin, la mise en scène assurée par la chorégraphe Lucinda Childs. Dietrich Henchel, qui fut Wolfram dans le dernier Tannhäuser genevois, sera le Dr. Oppenheim, Ann Grevelius Kitty Oppenheimer et Robert Bork Edward Teller (mai). Enfin, en fin de la saison, reprise de l'impayable production du Platée de Rameau signée de Mariame Clément. L'orchestre Les Talents lyriques sera dirigé par Christophe Rousset alors que la grenouille ambitieuse aura les traits et la voix de Emiliano Gonzales Toro (juin / juillet). Eric Pousaz Une fois n’est pas coutume, le premier opéra est programmé fin octobre, avant la Fête nationale monégasque (le 19 novembre) ; il s’agit en fait d’un diptyque Menotti Amelia al Ballo / The Telephone, Placido Domingo tiendra la baguette pour l’occasion, les nouvelles productions étant signées par Jean-Louis Grinda, avec Norah Amsellem en Amelia. On retrouve le directeur de l’Opéra de Monte-Carlo pour une nouvelle mise en scène de Das Rheingold (la dernière remonte ici à 1939), avec Gianluigi Gelmetti à la direction musicale, Egil Silins (Wotan), Peter Sidhom (Alberich), Natascha Petrinsky (Fricka), Nicola Beller Carbone (Freia), les 3 représentations se tenant au Grimaldi Forum, au plateau bien plus vaste que celui de la salle Garnier. Evénement attendu ensuite à la mi-décembre, Juan Diego Florez réservera aux Monégasques sa prise du rôle de Fernand dans La Favorite de Donizetti : deux dates sont prévues en version de concert à l’Auditorium Rainier III, puis une soirée dans la foulée au Théâtre des Champs-Elysées. D’autres étoiles devraient briller aux côtés du ténor péruvien : Daniela Barcellona, Jean-François Lapointe, Nicolas Cavallier, sous la conduite du chef Jacques Lacombe. Changement de répertoire fin janvier avec Rusalka, donnée pour la première fois en Principauté, dans la production de Dieter Kaegi, Lawrence Foster au pupitre, Barbara Haveman dans le rôle-titre, le ténor Maxim Aksenov en Prince, et – cerise sur le gâteau ! – la contralto polonaise Ewa Podles en Jezibaba. Retour au répertoire italien pour la suite de la saison, avec L’Elisir d’amore fin février, dans la production donnée à l’Opéra de Lausanne – Nathalie Stutzmann à la baguette, Mariangela Sicilia (Adina), Stefan Pop (Nemorino) – puis Il Mondo della Placido Domingo dirigera le luna de Haydn, nouvelle production diptyque Menotti, imaginée par Emilio Sagi, Jérémie en novembre Rhorer et son orchestre du Cercle de l’Harmonie assurant la partie musicale. Haydn à nouveau avec une représentation de l’opéra pour marionnettes Philemon und Baucis – direction musicale de Fabio Biondi –, et puis c’est le rare Ernani de Verdi qui fera la clôture de saison, défendu par des protagonistes de haut vol : Ramon Vargas, Ludovic Tézier, Alexander Vinogradov, Svetla Vassileva, Daniele Callegari au pupitre et Jean-Louis Grinda à la mise en scène. Deux concerts lyriques sont également à l’affiche : Joyce DiDonato (le 13 novembre) dans le programme de son dernier CD (Virgin Classics) Drama Queens, puis MaxEmanuel Cencic (le 1er février) pour une soirée intitulée Rokoko, avec George Petrou aux commandes de l’orchestre Armonia Antenea. François Jestin http://www.operanationaldurhin.eu a c t www.opera.mc u a l i t é 53 s a i s o n s GRAND THEATRE DE GENEVE Saison 2013 - 2014 OPÉRAS Les Saisons Russes du XXIème siècle Schéhérazade - Les Sylphides - Danse Polovtsiennes Chorégraphie : Michel Fokine Représentation le 4 février 2014 à 19h30 Sigurd d'Ernest Reyer Représentations les 6, 8 et 10 octobre 2013 à 19h30 Die Walküre de Richard Wagner Représentations les 7, 13 et 16 novembre 2013 à 18h00, le 10 novembre 2013 à 15h La Chauve-Souris de Johann Strauss Fils Représentations les 13, 17, 21, 28, 30 et 31 décembre 2013 à 19h30, les 15 et 22 décembre 2013 à 15h 54 Siegfried de Richard Wagner Représentations les 30 janvier, 5 et 8 février 2014 à 18h, le 2 février 2014 à 15h Nabucco de Giuseppe Verdi Représentations les 28 février, 1er, 4, 6, 7, 8 et 10 mars 2014 à 19h30, le 2 mars 2014 à 15h Delusion of the Fury Théâtre musical de Harry Partch Représentations les 28 et 29 mars 2014 à 19h30 Ballet du Grand Théâtre de Genève Mémoire de l’Ombre Chorégraphie : Ken Ossola création mondiale / musique Gustav Mahler Représentations les 12, 13, 14, 15, 18, 19 et 20 février 2014 à 19h30, le16 février 2014 à 15h HELVETICDANSE Ballet du Grand Théâtre de Genève Glory Chorégraphie : Andonis Foniadakis Représentation le 25 avril 2014 à 19h30 Ballet de l’Opéra de Zurich Notations Chorégraphies : Wayne McGregor, Christian Spuk & Marco Goecke Représentation le 26 avril 2014 à 19h30 Götterdammerung de Richard Wagner Représentations les 23, 26, 29 avril et 2 mai 2014 à 18h00 Der Ring des Nibelungen de Richard Wagner Représentations les 13 et 20 mai 2014 à 19h30, les 14, 16, 21 et 23 mai 2014 à 18h00, les 18 et 25 mai 2014 à 15h Jonas Kaufmann © Regina Recht / Decca Flockwork Chorégraphie : Alexander Ekman Représentation le 30 avril 2014 à 19h30 RÉCITALS Académie des jeunes chanteurs du Théâtre Mariinski Accompagnés par Larissa Gergieva Le 20 octobre 2013 à 19h30 Soile Isokoski Accompagnée par Ilkka Paananen Le 17 novembre 2013 à 19h30 Béjart Ballet Lausanne Chorégraphie : Maurice Béjart Représentations les 28 et 29 avril 2014 à 19h30 Leo Nucci Avec l’Italian Chamber Opera Quintet Le 20 décembre 2013 à 19h30 Ballet Basel „Absolut Dansa” Chorégraphie : Johan Inger nouvelle création Ferruccio Furlanetto Accompagné par Igor Tchetuev Le 12 janvier 2014 à 19h30 Laurence Brownlee Le 21 janvier 2014 à 19h30 Jonas Kaufmann Accompagné par Helmut Deutsch Le 30 mars 2014 à 19h30 La Wally de Alfredo Catalani Représentations les 18, 20, 24, 26 et 28 juin 2014 à 19h30, le 22 juin 2014 à 15h Anna Caterina Antonacci Accompagnée par Donald Sulzen Le 11 mai 2014 à 19h30 BALLETS Ballet du Grand Théâtre Le Songe d’une nuit d’été Chorégraphie : Michel Kelemenis création mondiale Représentations les 4, 5, 7 et 9 octobre 2013 à 19h30, le 6 octobre 2013 à 15h Billetterie : T + 41 22 322 50 50 du lundi au samedi de 10h à 18h [email protected] «Le Songe d’une nuit d’été» avec Joseph Aitken, chorégraphie Michel Kelemenis photo de répétition GTG / Gregory Batardon a c t u a l i t é s a i s o n s saison lyrique 2013/2014 Avignon L’Opéra Grand Avignon affiche cette saison de grands titres de l’opéra italien, ainsi que quelques raretés pour ce qui concerne le répertoire français. C’est Madama Butterfly qui ouvrira la saison lyrique en novembre, dans la belle production de Mireille Laroche, sous la direction musicale d’Alain Guingal ; la sensibilité de la soprano Ermonela Jaho devrait faire sensation dans le rôle-titre, elle sera entourée entre autres de Sébastien Guèze, Marc Barrard, Delphine Haidan. Après My Fair Lady pour les fêtes de fin d’année – production de Paul-Emile Fourny et Dominique Trottein au pupitre –, ce sera au tour de Rossini et son Italiana in Algeri début février, dans la réalisation visuelle de Nicola Berloffa (proposée à Marseille la saison dernière) : dans les rôles principaux Silvia Tro Santafe, Julien Dran et Donato di Stefano, tandis que le chef Roberto Rizzi-Brignoli sera placé au pupitre. En mars 2014, Adina Aaron fera partie de la distribution du «Dernier jour d’un condamé» Suivront une double affiche Offenbach Monsieur Choufleuri restera chez lui le … / Pomme d’Api, confiée à Caroline Mutel pour la mise en scène et Dominique Trottein pour la direction musicale, puis en mars ce qui devrait constituer l’événement de la saison : Le dernier jour d’un condamné, opéra de David Alagna mis en scène par Nadine Duffaut, où sont attendus le ténor Roberto Alagna et la soprano Adina Aaron. Place au baroque au mois d’avril avec Tancrède de Campra, en coproduction avec le Centre de Musique Baroque de Versailles, qui a préparé la partition et dont le directeur des chœurs Olivier Schneebeli tiendra la baguette. Enfin le chef Alain Guingal sera de retour pour une autre double affiche, italienne cette fois : Cavalleria rusticana / I Pagliacci, où l’on relève les noms de Géraldine Chauvet (Santuzza), Nathalie Manfrino (Nedda), Jean-Pierre Furlan, Seng-Youn Ko, la production étant celle de JeanClaude Auvray réalisée à l’origine pour les Chorégies d’Orange. A noter également la venue de Max-Emanuel Cencic (le 27 septembre) pour son programme « Venezia », la soirée Vivaldi interprétée par un autre contre-ténor Philippe Jaroussky (le 14 mars), le spectacle intitulé « De quoi j’ai l’air » avec la soprano Julie Fuchs en vedette (le 19 mars), et encore le concert du 23 mai avec Nicolas Rivenq et le chef Jean-Claude Malgoire (Grétry, Piccinni, Gluck, … au programme). Et surtout ne pas oublier la date du 18 avril où sera donné Le Dilettante d’Avignon, rarissime opéra-comique d’Halévy, ni celle du 4 décembre où le titre lauréat du concours « Opera Competition and Festival / Arte », en octobre à Szeged en Hongrie, sera proposé. François Jestin www.operagrandavignon.fr En novembre 2013, Sébastien Guèze endossera le rôle de Pinkerton dans «Madama Butterfly» 55 s a i s o n s 56 saison 2013/2014 saison lyrique 2013/2014 Saint-Etienne Nice Intéressant programme pour la nouvelle saison. Comme pour la dernière saison, 5 opéras sont à nouveau au programme. Après une représentation de l’Orfeo de Monteverdi (le 8 octobre), en provenance du festival d’Ambronay (dir. Leonardo Garcia Alarcon), c’est Carmen qui sera proposée dans la vision, vraisemblablement très musique du monde, de l’Orchestra di Piazza Vittorio. Après l’Opéra de Lausanne et avant l’Opéra-Comique, la nouvelle production de Lakmé signée Lilo Baur fera escale à l’opéra de Saint-Etienne, avec son directeur musical Laurent Campellone au pupitre, Marie-Eve Munger dans le rôle-titre, Cyrille Dubois (Gérald), Marianne Crebassa (Malika), puis c’est Ciboulette de Reynaldo Hahn qui fera l’affiche des fêtes de fin d’année, dans la production de Michel Fau : Bénédicte Tauran (Ciboulette), Julien Behr (Antonin), Florian Sempey (Duparquet), et le chef Laurent Touche. Après Le Mage de Massenet la saison dernière, il sera redonné vie à un autre ouvrage oublié, Les Barbares de Camille Saint-Saëns, avec Kate Aldrich, Julia Gertseva, Edgaras Montvidas, et Laurent Campellone à la baguette. On retrouve le chef pour Werther, dans la nouvelle mise en scène de Laurent Fréchuret, Alexey Dolgov et Marie Kalinine en Werther et Charlotte, puis ce sont Le Nozze di Figaro qui concluront le programme lyrique, dans la production de Richard Brunel montée pour l’édition 2012 du festival d’Aix-en-Provence, et dirigés par Jonathan Cohen. François Jestin Der Freischütz de Carl Maria von Weber, dans l’orchestration d’Hector Berlioz, sera représenté à partir de mi-novembre, sous la direction musicale de Philippe Auguin, dans une nouvelle production de Guy Montavon (Claudia Sorokina en Agate et Bernhard Berchtold en Max). Après Die Fledermaus courant janvier – Bruno Ferrandis au pupitre, mise en scène d’Andreas Gergen et Sophie Marin-Degor en Rosalinde –, ce sera au tour de Semele de Haendel en février dans une nouvelle mise en scène de Jakob Peters-Messer, avec Hélène Le Corre, Anne-Florence Marbot, Mary-Ellen Nesi, sous la baguette de George Petrou. C’est encore dans une nouvelle production, cette fois signée de Francesco Micheli, que sera proposée Adriana Lecouvreur au mois de mars : Cristina Pasa et Bruno Ribeiro dans les rôles d’Adriana et Maurizio, dirigés par Roland Böer. La saison s’achèvera enfin avec 15 représentations de Dreyfus, musique de Michel Legrand sur un livret de Didier van Cauwelaert, mis en scène par Daniel Benoin, la distribution vocale restant actuellement à préciser. François Jestin www.opera-nice.org www.operatheatredesaintetienne.fr Golgota aux haras d’Annecy conception, scénographie et mise en scène Bartabas du mar 8 au chorégraphie et interprétation Andrés Marín, Bartabas mer 23 musique OCT Tomás Luis de Victoria www.bonlieu-annecy.com I +33 (0)4 50 33 44 11 photo cheval©Antoine Poupel, portrait Bartabas©Pierre Terrasson, portrait Andrés Marin©Jean-Louis Duzert a c t u a l i t é m é m e n t o genève Grand Théâtre (022/418.31.30) s Sigurd (Chaslin) – 6, 8, 10 oct. zurich Opernhaus (044.268.66.66) s La Straniera (Luisi-Loy) – 2, 6, 13, 17, 22 oct. s Rigoletto (Luisi-Gürbaca) – 3 oct. s Die Soldaten (Albrecht-Bieito) – 4, 8, 15, 19, 26 oct. s Don Giovanni (Luisi-Baumgarten) – 6, 11 oct. s Otello (Carignani-Vick) -13, 16, 20, 27 oct. Honoré) – 12, 14, 16, 18, 20, 22, 24, 26 oct. marseille Opéra (04.91.55.11.10) s Aida (Carminati-Roubaud) - 1er, 3 oct. s La Straniera (Arrivabeni) – 31 oct. montpellier o p é r a l o n d re s s Anna Bolena (Pido-Génovèse) – 25, ROH (0044/207.304.4000) s Le Nozze di Figaro (GardinerMcVicar) – 2, 4, 7 oct. s Elektra (Nelsons-Edwards) – 1er, 6, 9, 12 oct. s Les Vêpres siciliennes (PappanoHerrheim) – 17, 21, 24, 29 oct. s Wozzeck (Elder-Warner) – 31 oct. Opéra national (04.67.02.02.01) s Orfeo ed Euridice (Kocsar-Muti) – 1er oct. milan Opéra National (0825.84.14.84) s De la Maison des morts (Letonja- Teatro alla scala (39/02.720.03.744) s Don Carlo (Luisi-Braunschweig) – 12, 16, 19, 23, 26, 29 oct. s t r a s b o u rg A Zurich : « La Straniera» avec Edita Gruberova (Alaide) et Veronica Simeoni (Isoletta) © Monika Rittershaus paris Champs-Elysées (01.49.52.50.50) s La Vestale (Rhorer-Lacascade) – 15, 18, 20, 23, 25, 28 oct. Châtelet (01.40.28.28.40) s Chantecler Tango (Godoy) – 9, 10, 11, 12, 13, 14, 16, 17, 18, 19, 20, 23, 24, 25, 26, 27, 2, 29 oct. Opéra National (08.92.90.90) Bastille : s Lucia di Lammermoor (BeniniSerban) – 1er, 4, 6, 9 oct. s L’Affaire Makropoulos (MälkkiWarlikowski) – 2 oct. s Aida (Jordan-Py) – 10, 12, 15, 20, 25, 29 oct. s Elektra (Jordan-Carsen) – 27, 31 oct. Garnier : s Alceste (Minkowski-Py) – 2, 4, 7 oct. s Cosi fan tutte (SchoenwandtToffolutti) – 22, 24, 27, 30 oct. Salle Pleyel (01.42.56.13.13) s Le Nozze di Figaro (Jacobs) – 11 oct. lyon Opéra National (08.26.30.53.25) s Dialogues des carmélites (Ono- a g Carsen) – 1er, 3, 5, et 18, 20 oct. (à Mulhouse) s La Cenerentola (Mazzola-Anglade) – 25, 29, 31 oct. toulouse Théâtre du Capitole (05.61.63.13.13) s Manon (Lopez Cobos-Pelly) – 3, 6, 10, 13, 15 oct. a m s t e rd a m Opera (31.20.62.55.456) s Armide (Bolton-Kosky) – 6, 8, 10, 14, 17, 20, 24, 27 oct. bruxelles La Monnaie (32/70.23.39.39) s La Clemenza di Tito (Morlot-van Hove) – 10, 11, 13, 15, 16, 17, 19, 20, 22, 23, 24, 26 oct. madrid Teatro Real (34/90.224.48.48) s Die Eroberung von Mexico (PerezAudi) – 9, 11, 12, 13, 15, 17, 18, 19 oct. e n turin Teatro Regio (39/011.881.52.41) s Simon Boccanegra (NosedaBussotti) – 9, 10, 12, 15, 16, 19, 20, 23 oct. s Rigoletto (Renzeti-Banfo) – 17, 22, 25 oct. venise Teatro La Fenice (39/041.24.24) s Madama Butterfly (Wellber-Rigola) – 12, 17, 20, 24, 27, 29, 31 oct. s Carmen (Matheuz-Bieito) – 13, 15, 18, 20, 22, 29 sept. s L’Elisir d’amore (MontanariMorassi) – 13, 15, 19, 25, 30 oct. vienne Staatsoper (43/1514447880) s La Fanciulla del West (Welser-MöstMarelli) – 5, 8, 11, 14, 17 oct. s Aida (Ettinger-Joel) – 9, 12, 15, 18 oct. s Don Carlo (Welser-Möst-Abbado) – 13, 16, 19 oct. s Der Rosenkavalier (Fischer-Schenk) – 20, 23, 27, 30 oct. d a 28, 31 oct. s La Fille du régiment (Campanella- Pelly) – 26, 29 oct. s Simon Boccanegra (Altinoglu-Stein) – 1er, 4 oct. s Otello (Ettinger-Mielitz) – 14, 17, 20, 23 sept. Theater an der Wien (43/15.88.85) s A Harlot’s progress (FranckHerzog) – 13, 16, 18, 21, 24, 27 oct. s Der Kaiser von Atlantis (Paternostro) – 17 oct. berlin Deutsche Oper (49/30.343.84.343) s Nabucco (Battistoni-Warner) – 3, 5, 8, 13, 19, 22 oct. s Macbeth (Arrivabeni-Carsen) – 6, 12 oct. s Die Zauberflöte (Repusic-Krämer) – 9, 19 oct. s Il Barbiere di Siviglia (Garcia CalvoThalbach) – 11, 17 oct. s La Traviata (Korsten-Friedrich) – 20, 26 oct. s Don Carlo (Runnicles-Marelli) – 31 oct. Staatsoper (49/30.20.35.45.55) s Un Ballo in maschera (Zanetti.Morabito) – 7, 10 oct. s La Fiancée du tsar (BarenboimTcherniakov) – 3, 8, 13, 19, 25 oct. s Wozzeck (Barenboim-Breth) – 4, 6, 9, 12 oct. s Don Giovanni (barenboim-Guth) – 18, 21, 24, 27,31 oct. Komische Oper (49/30.47.99.74.00) s Balle im Savoy (Benzwi-Kosky) – 2, 5, 11, 25 oct. s A Midsummer night’s dream (Poska-Kairish) – 4, 10, 26 oct. s L’Orfeo (Sochaczewsky) – 3, 12, 27 oct. s Hänsel und Gretel (Poska-Thannen) – 19 oct. new york Metropolitan Opera (00.1.212.362.60.00) s Eugène Oneguine (GergievWarner) – 1er, 5, 9, 12, 16, 19 oct. s Cosi fan tutte (Levine-Koenig) – 2, 5 oct. s Le Nez (Gergiev-Kentridge) – 3, 8, 12, 17, 22, 26 oct. s Norma (Frizza-Copley) – 4, 7, 10, 14, 18, 24, 28 oct. s A Midsummer night’s dream (Conlon-Albery) – 11, 15, 19, 23, 26, 31 oct. s Two Boys (Robertson-Sher) – 21, 25, 30 oct. s Tosca (Frizza-Bondy) – 29 oct. 57 o p é r a pesaro Rossini Opera Festival Guillaume tells not much 58 Après des spectacles marquants ces dernières années (Moïse et Pharaon en 1997, Mosè in Egitto en 2011), la nouvelle production de Guillaume Tell vue par Graham Vick trahit un flagrant manque d’inspiration. Dans un décor blanc immaculé, les Helvètes astiquent le sol au premier acte et jettent de la terre sortie de leurs poches lorsqu’ils se rebellent contre l’occupant. Au II, une bonne douzaine de faux chevaux meublent la scène, Mathilde chante sa « Sombre forêt » en pleine lumière, chevauchant à l’amazone, puis en fin d’acte le rassemblement des partisans des divers cantons se conclut par un démontage des bêtes et l’érection de barricades façon révolution communiste, avec agitation obligée de foulards rouges. Les deux derniers actes fonctionnent un peu mieux, d’abord pour le duo Mathilde-Arnold devant un cheval gisant dans son sang, tête coupée, puis dans l’ambiance salonarde d’un vicieux Gesler – très joueur lorsqu’il fait s’incliner le peuple devant son cha- peau haut-de-forme –, et enfin au IV lorsqu’Arnold visionne quelques images en noir et blanc de sa jeunesse. Les ballets sont plus ridicules qu’esthétiques ou véritablement prenants ; sans aller jusqu’à l’indigne, cette réalisation ne devrait pas rester durablement dans les mémoires. Le niveau vocal est heureusement perché sur d’autres cimes, avec un Nicola Alaimo très crédible dans le rôle-titre, qui s’impose par son physique et son chant, dans un français de belle qualité, même si quelques aigus sortent par moments de manière feutrée. La puissance de la soprano Marina Rebeka (Mathilde) est spectaculaire, le timbre est séduisant et l’agilité certaine, mais on reste peu ému par sa prestation. Le ténor vedette Juan Diego Florez, particulièrement attendu dans le rôle d’Arnold, se montre à son meilleur dans les parties élégiaques comme « Asile héréditaire » où le phrasé est un régal, la cabalette qui suit « Amis, amis » constituant certainement la limite de ses moyens naturels de ténor di grazia. Le reste de la distribution va de l’excellente Amanda Forsythe (Jemmy), très expressive et bien projetée, jusqu’aux faibles Wojtek Gierlach (Leuthold) – au français vraiment trop exotique ! – et Alessandro Luciano (Rodolphe), à peu près inaudible. Les aigus de Celso Albelo (Ruodi) sont brillants, alors que les « clé de fa » Simon Orfila (Walter) et Simone Alberghini (Melcthal) font valoir une belle autorité dans le timbre. Le Gesler de Luca Tittoto pousse démesurément son instrument et paraît parfois rugir – jusqu’au l’incident vocal –, l’Hedwige de Veronica Simeoni est sonore, mais peu compréhensible. La direction musicale de Michele Mariotti est solide, avec des choix de tempi et de nuances qui convainquent, comme les finales rapides des actes II et III. Enfin, quel plaisir de pouvoir entendre une version intégrale de l’œuvre, avec par exemple l’air délicieux de Jemmy « Ah ! que ton âme se rassure » qui permet alors de comprendre véritablement pourquoi Tell relève ce défi délirant de tirer la pomme placée sur la tête de son fils. L’Occasione et Donna del lago Avec L’Occasione fa il ladro montée initialement par Jean-Pierre Ponnelle à Pesaro en 1987, on touche idéalement à la verve buffa et à l’espièglerie de Rossini. Des accessoires qui sortent d’une valise posée sur le plateau, des toiles et décors montées puis démontées à vue, le théâtre dans le théâtre parfaitement intelligent, élégant et drôle, on finit par se dire qu’on n’a pas fait mieux depuis 25 ans ! Dommage que la distribution vocale ne soit pas de la même eau : à côté d’une Elena Tsallagova (Berenice) presque impeccable dans sa musicalité et ses notes piquées, on se demande bien pourquoi le ténor Enea Scala (Alberto) a été retenu, tant le timbre est ingrat et la voix peu stable. Roberto de Candia (Don Parmenione) et Paolo Bordogna (Martino) font valoir leur habituelle vis comica, tandis que l’Orchestra Sinfonica G. Rossini n’est pas toujours bien concentré sous la baguette de Yi-Chen Lin. « Guillaume Tell» avec Nicola Alaimo © Studio Amati Bacciardi a c t u Comme pour ses deux der- a l i t é o p é r a nières éditions, le festival s’achève par un opéra en version de concert dirigé par Alberto Zedda, et c’est au tour cette année d’un opus seria de la période napolitaine, La Donna del lago. La soirée est d’abord marquée par le malaise passager du chef d’orchestre, âgé de 85 ans, qui retrouve tous ses esprits et son énergie après une pause de 40 minutes au cours du 1er acte. Cet incident donne aux spectateurs l’occasion unique d’écouter deux fois la cavatine de Rodrigo, dans son air d’entrée, où l’on se délecte du grave barytonnal du ténor américain Michael Spyres, alors que l’aigu est malheureusement plus limité. L’autre ténor Dmitry Korchak (Giacomo) a bien du mal à sortir de la nuance forte, tandis que la basse Simone Alberghini est sans problème dans l’emploi plus modeste de Douglas. Les meilleures surprises arrivent de la partie féminine de la distribution : la soprano Carmen Romeu (Elena) maîtrise à peu près l’ensemble des difficultés – nombreuses ! – de la partition et le timbre de la mezzo Chiara Amarù possède la couleur du rôle travesti Malcolm, accompagné de la virtuosité et l’abattage nécessaires. 59 François Jestin L’Italienne à Alger Il semble bien loin le temps des Castafiore, des cantatrices moquées pour leur physique au point que l'on se demande si Hergé aurait pu imaginer un personnage crédible dans ce genre aujourd'hui. Et si des critiques se font entendre pour ironiser sur la façon dont certain(e)s interprètes dans le domaine lyrique usent ou abusent de leur „look“, en particulier pour vendre leurs enregistrements, force est d'admettre que la nouvelle génération „porte beau“ très souvent, selon une formule quelque peu datée mais qui prend tout son sens à l'opéra. Ainsi, du côté de Pesaro où de nombreux jeunes interprètes ont débuté ces dernières années, il se passe rarement une édition sans que l'on découvre une voix doublée d'une personnalité prometteuse. Barbarella ou James Bond girl ? Telle est la question posée par l'Isabella interprétée par Anna Goryachova et imaginée par le metteur en scène Davide Livermore dans des costumes de Gianluca Falaschi. Dans une ambiance tournant des années 1960, cette Italiana in Algeri était proposée dans un genre assurément très giocoso avec un Mustafa machiste, style mafieux sorti d'un épisode des Experts Miami, malgré les références pétrolières proche-orientales. On ne a c t u «L’Italienne à Alger» avec Anna Goryachova et Yijie Shi (Lindoro) © Studio Amati Bacciardi s'étonnait guère en conséquence de découvrir Isabella réchappée d'un crash aérien avant de se transformer en croqueuse de mâles qui ne demandaient que cela. Et si des projections variées créaient un cadre distrayant, les éléments de décor du Lausannois Nicolas Bovey ne permettaient pas de mettre en valeur les protagonistes dont les déplacements paraissaient parfois hasardeux. L'inventivité visuelle de tous les instants de la production mettait à rude épreuve la direction musicale de José Ramon Encinar à la tête de l'Orchestre et des Chœurs du Teatro Comunale de Bologne, mais les interprètes tiraient leur épingle du jeu sans trop de problème. On retrouvait ainsi Alex Esposito peu après son passage à l'Opéra de Lausanne en Almaviva, il incarnait a l i t un Mustafa à la voix homogène bien entouré par Mario Cassi, plaisant Taddeo et Yijie Shi, Lindoro au timbre séduisant et aux aigus assurés. Et si Mariangela Sicilia (Elvira) et Raffaelle Lupinacci (Zulma) offraient des prestations réjouissantes, c'est tout naturellement la séduisante Anna Goryachova, „sexy Isabella“, mezzo au timbre raffiné avec des vocalises irréprochables, qui suscitait l'adhésion. Un début de carrière qui rappelle peut-être vocalement et scéniquement celui d'une autre Isabella, Cecilia Bartoli... Frank Fredenrich é t h é â t la comédie de genève / wagner geneva festival Siegfried, Nocturne Création mondiale très attendue de la rentrée automnale, Siegfried, Nocturne est un opéra chanté en allemand par le baryton Bo Skovhus et interprété par l’Ensemble Multilatérale sous la baguette de Stefan Asbury. Adapté par le compositeur Michael Jarell, le monodrame écrit par Olivier Py est mis en scène par Hervé Loichemol. Un paysage musical crépusculaire qui interroge l’avenir de la culture face à la barbarie. Eclairage de Michael Jarell. Quel rapport entretenez-vous avec Wagner et sa musique , au moment de composer cet opéra ? 60 M.J. : A vrai dire, je ne suis pas un inconditionnel de Wagner. J’admire beaucoup la densité musicale de certaines de ses productions et je considère nombre de ses ouvertures comme des chefs-d’œuvre, mais j’observe une distance critique vis-à-vis de ses livrets et de l’ensemble de ses compositions, qui me semble nécessaire. Quant à Siegfried en particulier, je ne pense pas que ce soit son opéra le plus réussi, même si son efficacité scénique reste indiscutable. Le héros lui-même est un caractère complexe et qui peut interpeller aujourd’hui encore, mais dont les choix et les agissements ne sont pas exempts de toutes critiques. Néanmoins, lorsque j’écris, la musique et la culture wagnérienne, comme d’autres, font partie de moi. Je ne les cite pas directement, mais on peut trouver une occurrence musicale inspirée d’un passage de la Tétralogie. De quelle façon a eu lieu la rencontre avec Olivier Py ? Lorsque Jean-Marie Blanchard m’a parlé de créer un opéra, j’ai d’abord cherché un texte qui pouvait retenir mon attention, et puis, d’entente avec Hervé Loichemol, nous nous sommes tournés vers Olivier Py qui avait déjà travaillé avec le premier comme metteur en scène et avec le second comme auteur. J’ai alors rencontré Olivier Py et nous nous sommes très vite entendu sur la thématique du récit. Olivier a réalisé un remarquable travail à travers ce livret d’opéra, mais la densité de sa production écrite est telle qu’avec sa permission, j’ai travaillé sur une adaptation de son récit, plus concise et sans doute plus appropriée à une lecture véritablement musicale, chantée de l’œuvre. Il est vrai que j’ai dû procédé à certaines coupes qui me donnaient mauvaise conscience, mais Olivier Py m’a laissé très libre dans cette démarche de réécriture. Je me suis vraiment efforcé d’accompagner le texte original, d’en garder l’esprit, mais en créant du contrepoint et en réinterprétant parfois le personnage, afin d’en traduire toute la complexité au cœur de ma musique. De même, au niveau du traitement vocal, j’ai tenu à introduire du parler et diverses formes de chant, afin de préserver différents niveaux de lecture et de sens. L’essentiel est précisément de trouver le juste équilibre entre la primauté du mot ou du chant. Dans le fond, mon travail s’est alors apparenté à celui du livre qu’il faut adapté pour le cinéma et dont le langage doit être modifié pour en préserver le sens premier. Pensez-vous alors que la musique peut plus que la littérature quand il s’agit d’éveiller les consciences ou d’ouvrir le sens ? Michael Jarrell / GTG - François Grobet e Il est certain que la puissance d’abstraction de la musique est unique. Si l’on sort de sentiers battus où les formules et les phrases musicales sont immédiatement reconnaissables, on se doit de créer du sens, et celui que chaque autiteur y mettra, en réexplorant toujours plus avant cette dimension abstraite de la musique. Le ressenti et l’émotion qui naissent de la musique doivent sans n t r e r e cesse être suscités, mais supposent une disponibilité, une écoute et une volonté d’aller vers l’inconnu, plus exigeantes que lorsque l’auditeur évolue en terrain connu, dans un environnement musical prévisible et déjà intégré ou digéré. Il est donc plus difficile de provoquer l’émergence de cette émotion à partir d’un univers musical dépourvu de tout référent. Si l’on revient sur certaines de vos récentes créations comme Emergences en 2012, il semble bien que ce souci de créer un jaillissement chez l’auditeur soit permanent. En effet, et en cela, j’ai envie de dire comme le fait si bien Umberto Eco, que je ne crois pas à l’écrivain, à l’artiste qui ne produirait que pour soi-même. Il y a ce souci de vouloir plaire, sans être pour autant complaisant. Il y a dans l’écriture musicale également une volonté de porter un message à l’autre, de donner un témoignage et de communiquer de son temps, au risque de déplaire ou de déconcerter. Ce qui importe est de créer, comme un acte de résistance, au sein d’un monde qui veut nous enfermer dans des référents trop prévisibles et souvent insensés. Nous nous devons de créer de nouveaux modèles pour demain. Une création, une œuvre artistiques sont des lieux de mémoire, des éléments qui vont constituer l’histoire pour nous aider à mieux comprendre notre présent. Siegfried est ici un héros qui erre dans les ruines de la Seconde Guerre mondiale, tentant de répondre aux questions qui le tourmentent. Comment avez-vous structuré la composition musicale de ses errances ? Le premier choix qui s’imposait était celui d’une partition d’orchestre plutôt grave, pour une musique elle-même empreinte d’une gravité évidente. J’ai pensé l’œuvre en trois parties ; dans la première partie, l’écriture de la voix est encore à forte teneur héroïque, qui oblige le baryton Bo Skovhus a chanté dans les aïgus de sa tessiture, pour évoquer cette volonté d’aller de l’avant, de revivre et de comprendre, pour arriver à la troisième partie où son chant se teintera de graves pour mieux accompagner une forme de décomposition vers la poussière. La mise en scène d’Hervé Loichemol joue donc dans le même registre pour accentuer ce passage de la lumière à la nuit, dans un non-lieu composé de reliquats. Une gravité généralisée. Propos recueillis par Jérôme Zanetta Du 13 au 18 octobre : Siegfried, Nocturne de Olivier Py, m.e.s. Hervé Loichemol., musique Michael Jarrell. La Comédie de Genève, dim 17h, mar et ven à 19h, mar à 20h (loc. [email protected] / 022/320.50.01) t i e n t h é â t r e le poche : entretien avec darina al joundi Ma Marseillaise Elle a un physique de tragédienne mais quand elle rit, son visage éclate de vie. Dans Ma Marseillaise, l'auteure et comédienne Darina Al Joundi fait revivre Noun, le personnage de Le jour où Nina Simone a cessé de chanter, aux prises cette fois avec l'administration française. Tragédie, absurdité, dérision, mais aussi bonheur d'être femme, arabe, musulmane et surtout libre ! De sa voix rauque envoûtante, Darina Al Joundi précise que non, Noun n'est pas elle, mais que oui, c'est de l'autofiction. Y a-t-il un peu de Darina dans Noun ? Non, mais j'utilise la réalité pour en faire une œuvre artistique. L'inverse est vrai aussi et la vie rejoint le spectacle puisque j'ai appris qu'on m'accordait enfin la nationalité française pendant que je jouais le spectacle à Avignon en 2012 et peu avant les représentations parisiennes. Elle m'avait jusque-là été refusée. Or le spectacle raconte le calvaire subi par une Libanaise musulmane pour obtenir la naturalisation française ! La réalité rejoignait la fiction. Laquelle dépasse l'autre ? Le théâtre est le lieu où l'on peut débattre, remettre en question, se révolter. Le pouvoir du théâtre est ainsi démontré : il peut influencer le cours des choses. blique sont glorifiées et le droit de vote en est le fer de lance, alors qu'ici il est négligé. Le personnage se bat pour qu'on lui signe un papier qu'elle considère comme une réponse juste, égale et laïque en échange de l'engagement qu'elle signe de son côté de respecter et servir les lois républicaines. Vous déplorez les clichés et amalgames au sujet de votre pays et du monde arabe ? En premier lieu on peut être arabe sans être musulmane. Ensuite on peut être femme arabe sans être voilée. Il ne faut pas mélanger culture, religion, civilisation et idéologie. La poésie et la culture par exemple font partie de la culture. Je suis profondément laïque et pense que chacun doit se respecter. Mais les blagues que je fais à Beyrouth me font taxer d'islamophobe ! C'est une dérive colonialiste : on dénie aux Arabes le droit de se moquer de leur pays! En fin de compte, le personnage et l'auteure se battent pour être vues comme des femmes, c'est-àdire les égales de l'homme. Comme en Europe ! Propos recueillis par Laurence Tièche-Chavier La pièce a-t-elle été bien accueillie par le public français ? Du 7 au 27 octobre : Ma Marseillaise de Darina Al Joundi, m.e.s. Alain Timar. Le Poche-Genève, lun et ven à 20h30, mer-jeu-sam à 19h, dim à 17h, mardi relâche Rens./rés./loc. 022/310.37.59 Un peu moins que la précédente car il y est question d'ici et de maintenant. Le Jour où Nina Simone... avait pour elle d'être exotique : l'action se situait loin, dans le passé et les méchants étaient clairement désignés, c'étaient les autres. Le Liban véhicule une image d'Epinal, alors que la réalité est autre : il y a le secret bancaire, les lois honteuses con-tre les femmes. Le monde arabe - une certaine frange - se bat pour la liberté, pour s'ouvrir au reste du monde, alors que le monde occidental se bat pour se refermer et laisser à la porte le reste du monde. Le personnage de Noun montre ce paradoxe et cela renvoie au public européen une image dérangeante. Au Liban, les valeurs de la répu- e n t Darina Al Joundi © Augustin Rebetez r e t i e n 61 t h é â t r e la comédie de genève Pompée / Sophonisbe Deux pièces pour dire la ténacité et la révolte. Et illustrer ce que d’aucuns appellent conflit de loyautés 62 La Mort de Pompée ? L’action se passe en Égypte où règnent d’arrogants Romains, imbus de leur personne et fiers de leur supériorité. Exemple ? César, bien que follement épris de Cléopâtre, lance furax à son serviteur en accueillant la veuve de Pompée - assassiné sur ordre de Ptolémée XIII, le frère de Cléopâtre furax qu’on ait osé tuer de la sorte un Romain: « Choisissez-lui, Lépide, un digne appartement ; Et qu’on l’honore ici, mais en dame romaine, C’est-à- dire un peu plus qu’on n’honore la reine. » (Acte III, scène 1). En dame romaine. Un peu plus...que la reine ! Un petit cran au-dessus… Tout est dit. Ce ‘tout’-là est à comprendre, nous suggère Brigitte JaquesWajeman, comme un trait sinon xénophobe, du moins déjà ‘colonial’, la metteure en scène s’étant attelée depuis une vingtaine d’années à un immense travail de relecture des pièces de Corneille, qu’elle qualifie précisément de coloniales. Sophonisbe ? L’action se déroule près de Carthage, et évoque aussi en quelque sorte le temps des colonies, le temps des différences de statut. Et la place que l’on octroie à l’autre. L’histoire, primitivement narrée par Tite-Live, raconte comment Massinisse et Sophonisbe qui se sont connus enfants ont failli s’unir par les liens du mariage avant que la deuxième guerre punique ne bouleverse leurs plans. Et leur destin. En effet, ils se retrouveront dans deux camps opposés, celui de Rome et celui de Carthage, Sophonisbe ayant épousé Syphax, l’ennemi juré de Massinisse. La guerre éclate donc et Syphax est vaincu par Massinisse. Sophonisbe épouse alors Massinisse laissant ainsi la vie sauve à Syphax… Mais Rome exige de Massinisse qu’on lui remette la belle Sophonisbe comme trophée de guerre. Massinisse, dans l’incapacité d’affronter les armées ennemies, est contraint de se soumettre, mais propose toutefois le suicide à Sophonisbe. Qui accepte. Et qui meurt. Par ce geste spectaculaire elle veut priver les Romains du plaisir de la voir traînée, esclave, dans les rues de Rome. « Le dirai-je, seigneur ? Je la plains et l’admire : Une telle fierté méritait un empire…» « Je dirai plus, madame, en dépit de sa haine, Une telle fierté devait naître romaine. » Au loin résonnent les vers de Pompée cités plus haut. Et au loin résonne aussi la fameuse phrase de Caton, Carthago delenda est (Carthage doit être détruite), la destruction totale de Carthage devenant le seul moyen d’assurer durablement la sécurité de Rome. Sophonisbe est entrée dans l’Histoire en femme restée fidèle à ses convictions, en princesse dont le seul nom évoque à la fois l’amour et l’amour de la patrie. Cette figure sublime et fière a d’ailleurs nourri l’imagination des écrivains et des peintres à travers les siècles, et aujourd’hui elle est devenue un modèle pour les femmes ‘debout’ qui ne se laissent pas dominer ou imposer quoi que ce soit contre leur gré. Pour Brigitte Jaques-Wajeman « ces pièces décrivent les rapports de domination et de fascination que Rome entretient avec ses ‘alliés’ ». Comme dans Nicomède et Suréna montées en 2011 et 2012 par la même metteure en scène « les acteurs, évolueront autour d’une table immense dont les accessoires changeront selon les actes. La table constitue une scène sur la scène ! On y traite les affaires du monde, les rencontres des potentats, les conseils politiques, comme les affaires les plus privées : s’y jouent les scènes de famille, les scènes de ménage, les rendez-vous amoureux. Chaque pièce, variation sur un même thème, offrira aux spectateurs un dessin singulier et commun. La confrontation entre l’Orient et l’Occident se lira dans les costumes modernes et les accessoires. La même troupe (onze comédiens) interprétera Pompée et Sophonisbe en alternance et dans une scénographie similaire » souligne-telle en préambule. De son côté, le public comprend tout de suite combien ces pièces traitées en diptyque tombent à pic à l’heure des embrasements meurtriers du Proche et Moyen-Orient qui ne supporte plus ses différences religieuses, sociales, ethniques, oscillant entre résistance et soumission. Tragique cornélien ? Rosine Schautz Du 29 octobre au 2 novembre : Pompée / Sophonisbe de Corneille, m.e.s. Brigitte Jaques-Wajeman. HORAIRES: Pompée, mar 29 octobre à 20h & jeu 31 octobre à 19h / Sophonisbe, mer 30 octobre à 19h & ven 1er novembre à 20h / sam 2 novembre : Pompée à 15h & Sophonisbe à 19h30. La Comédie de Genève (loc. 022/320.50.01 / [email protected]) Brigitte Jaques-Wajeman (à gauche) lors de la conférence de presse de lancement de saison en juin dernier © Carole Parodi a c t u a l i t é t h é â t r e vidy-lausanne Les Femmes savantes La Compagnie UBU, en tournée avec Les Femmes savantes de Molière, s’arrête à Vidy pour quelques représentations du 29 octobre au 2 novembre. Au Canada, pendant la reprise des répétitions, nous avons pu joindre Stéphanie Jasmin, collaboratrice artistique et conceptrice vidéo. Entretien. Stéphanie Jasmin, parlez-nous de votre compagnie… Vous avez choisi de déplacer la pièce dans le temps et de faire allusion aux années 50. La Compagnie UBU de Denis Marleau a fêté ses trente ans l’an dernier. Elle s’est d’abord consacrée aux textes peu montés sur scène, un répertoire qui l’éloignait du terrain connu. Puis au fil des années, les pièces contemporaines se sont ajoutées. Depuis 1997, une partie vidéo a surgi, les explorations technologiques se sont incrustées dans la dramaturgie. Pour Les Femmes savantes, joué à sa création en extérieur devant le Château de Grignan dans la Drôme, la vidéo s’est faite tout en douceur, en sourdine à travers les fenêtres du château. Elle s’est reliée à la part féminine de l’histoire de ce château. Notre parti pris esthétique était de considérer le château comme la maison de la famille des Femmes savantes. C’est notre vision nord-américaine. Nous avons décidé de monter Molière à partir de nos références, même s’il fait partie de notre culture aussi. Nous voulions une résonance pour nous ici. Les années 50 ont été un moment charnière où les femmes, au Québec, ont aussi désiré s’émanciper. C’est une façon de créer des ponts imaginaires et poétiques entre deux réalités. Dans le parcours de votre compagnie, on trouve peu de textes classiques. Qu’est-ce qui vous a intéressés dans Les Femmes savantes de Molière ? C’était la première fois que Denis Marleau montait Molière. Quand nous avons été invités au Château de Grignan, nous sommes allés le visiter plusieurs fois pour comprendre ce lieu. Il a été marqué par les femmes, notamment Mme de Sévigné qui y a séjourné. Elle était une vraie femme savante, contemporaine de Molière. Elle entretenait avec sa fille une relation fusionnelle. Ce lien trouve un écho dans la pièce. Nous nous sommes dit que c’était un beau prétexte de choisir une pièce qui parlait de ces femmes qui désiraient s’élever, s’émanciper de façon maladroite parfois comme dans les Femmes savantes ou comiques. C’était un clin d’œil d’entrer dans la langue de Molière par ce château. e n t r Votre troupe est essentiellement québécoise. Êtes-vous davantage décomplexés vis à vis de Molière que les Français ? En effet, Molière n’est pas pour nous le monument qui fait partie de la culture en France. Sans faire du théâtre, nous ne passons pas forcément par Molière dans les cursus scolaires. Nous avons peut-être une forme de recul qui fait qu’on peut aborder Molière plus librement. Mais il y a des pièges. Il faut aller au-delà de cette jolie musique du vers, de ce ton que l’on croit connaître. Nous avons abordé le texte de Molière comme on aurait abordé le texte contemporain. Oui, il y a cette contrainte du vers, mais autant que chez les auteurs de l’Oulipo. Il faut l’assimiler, l’intégrer et rendre cela très vrai, très incarné. Il s’agit de figures humaines, de liens familiaux, sociaux, de discussions sur le monde de l’époque. Ce n’est pas aussi léger et familier que l’on pourrait penser. l’esprit, entre son idéal intellectuel et la possibilité d’être une femme amoureuse et d’avoir un enfant. Aujourd’hui les femmes ne se posent plus cette question dans ces termes, mais il y a toujours cette problématique : Que fait-on quand on choisi d’être mère ? Peut-on quand même s’épanouir dans la société, dans une carrière ? Mais c’est aussi et surtout la question de l’imposture qui nous intéressait. Ces Femmes savantes désirent légitimement s’élever, mais malheureusement elles se font duper ou se dupent elles-mêmes en suivant un imposteur qui veut briller dans les salons et qui est plus intéressé par l’argent de la famille. Ces travers-là sont toujours actuels. Il faut les rendre réels et vrais. Il faut éviter les personnages archétypaux avec une seule tonalité, mais au contraire en faire des êtres paradoxaux. Ce qui nous paraissait intéressant était de rendre ces personnages tangibles, de trouver leur vérité et ne pas réduire leur problématique à une époque. Propos recueillis par Nancy Bruchez Les Femmes savantes, Théâtre de Vidy, du 29 octobre au 2 novembre. Réservation 021/619.45.45 - www.billetterie-vidy.ch Quelles sont les résonances contemporaines des Femmes savantes ? Les thématiques ne sont pas aussi importantes aujourd’hui qu’à l’époque de Molière. Armande doit choisir entre la maternité et e t i e n 63 t h é â t r e son frère jumeau « Poyo », se rêvait en bon vivant, en bon viveur, en aventurier du bitume. Errant, déjà. « Il aimait les gens, surtout les petites gens. Les gens de peu. Ça, ça ne l’a jamais quitté… » dit encore cette vieille dame de 92 ans, les yeux délavés douloureusement embués. éloge funèbre Viala / Tissot... Miglia ? Evocations plutôt qu’éloge funèbre, d’un homme non pas ‘talentueux’ quand bien même ‘talent’ ait jadis pu désigner un ‘poids’ et une ‘somme pesée en or et en argent’- mais doué en vies multiples, car apte à désirer de nécessaires impossibles. 64 Viala a été souvent décrit, récemment filmé et depuis toujours aimé par les uns et les autres au fil d’une vie remplie de hauts et bas dont on retiendra les fulgurances. Il restera dans le cœur de ses contemporains cet être rimbaldien aux mille et une facettes : décorateur, peintre, comédien, scénariste, homme libre, libéral, libertaire et, comme le dit Michel Barde qui a joué sous sa férule et avec lui à l’heure où il ne s’appelait pas encore Viala, mais… Miglia, « attachant, touche-à-tout certes, mais surtout profondément fidèle ». Son ancienne préceptrice, Madi Lépine, se souvient du jeune homme de 15-16 ans qui n’aimait pas tant aller à l’école, mais qui avec Jacques Probst confiait en 2005 à François Marin : « J'ai connu Viala à 17 ans, il en avait 35. Dernièrement, je l'ai revu au Poche lire ses poèmes et je le retrouvais tel qu'il les lisait à l'époque. Je retrouvais ses textes ligne à ligne, mot à mot, c'était émouvant…. Quand on s'est rencontré avec Viala, il jouait un petit monologue, il a rajouté un rôle pour moi et on a tourné dans toute la Suisse romande ensemble. Il m'apprenait à parler, à dire les poèmes, il m'a payé durant six mois les cours du Conservatoire... C'était aussi un superbe acteur qui m'a souvent épaté comme dans La Cuisine de Wesker qu'avait montée Charles Apothéloz. Michel Viala m'a écrit un long poème Les Enfants du siècle, avec comme dédicace “Pour Jacques Probst pour qu'il le dise“... ». Allez, salut à toi, le poète aux 431 décasyllabes inventés autour d’un certain Bourguiba ‘mentalement fatigué’, qui, assis dans une voiture le ramenant à Bel-Air, criait au chauffeur effaré l’ayant retrouvé marchant incognito sur la route « Je suis le Président de la Côte d’Ivoire, si, si ! Par Dieu qu’on me laisse rentrer chez moi ! ». Homme qui aura su mêler théâtre et fabuleuses fabulations, « excentricités tendres » souligne encore Barde pour qui Viala n’a jamais été anarchiste ou révolutionnaire mais plus poétiquement « marginal ». Marginal ? Si le mot veut dire comme au XVIe siècle ‘au bord de la digue’, oui bien sûr. Si le mot réfère à l’expression ‘utilité marginale’ déjà désuète qui sait, car issue d’une langue économique en usage au début du siècle dernier, oui, bien sûr… Si le mot, enfin, exprime l’idée d’un être humain vivant en marge de la société (du spectacle), oui, assurément ! Trois fois oui. Rosine Schautz Michel Viala © Augustin Rebetez a c t u a l i t é t h é â t r e éloge funèbre Jean-Marc Stehlé Sa vie, son œuvre… ses chefs-d’œuvre... « Tonnerre, éclairs, vent, prodiges, etc., etc. » ! L’Oiseau vert, Gozzi Né dans une famille tendance stricte et sévère, fils d’un professeur de grec-latin directeur du Collège Calvin et d’une mère aimante et artiste, Jean-Marc Stehlé a su faire de sa vie une œuvre, et pas seulement un roman. D’abord peintre aux Beaux-Arts de Genève, il s’en va au milieu du cursus faire des copies au Louvre, pendant une année. C’est là qu’il apprendra à voir les couleurs, expliquait-il. C’est là aussi qu’il apprendra la rigueur nécessaire à toute vie d’artiste. Décorateur-scénographe Très précis dans ses dessins et dans ses constructions, il sera vite engagé par les théâtres pour inventer des décors, représenter non pas la réalité sur le plateau (‘Le décor, c’est pas la réalité. C’est la réalité du théâtre’, disait-il) mais faire voir un texte dans un espace donné, créer des costumes et des ambiances, bref faire entrer le spectateur dans un dispositif. Les anciens se souviennent certainement d’un de ses plus fameux décors, imaginé pour Coquin de Coq de Sean O’Casey, en 1963, qui consistait en plantes qui poussaient sur scène. De la terre avait été amenée en camion, il y avait planté de l’herbe et des fleurs, et le décor poussait, grandissait au fil des représentations… Cette douce folie, les plus jeunes l’auront ‘rencontrée’ dans le décor époustouflant du magnifique spectacle de Benno Besson, L’oiseau vert, immense jungle de chiffons qui s’ouvraient, se fermaient, créaient des abris, des paysages, des grottes miraculeuses, le tout inscrit dans une immense gueule souple et mobile. C’était cela sa marque de fabrique, sa griffe : un alliage entre souplesse et mobilité dans les matières utilisées, l’invention de féeries hallucinantes et hallucinées, très organisées aussi, créant des tableaux esthétiques, colorés, toujours poétiques. A la fin des années 60, la mode des représentations théâtrales n’était pas au foisonnement visuel. On aimait la littéralité, la réalité dépouillée, le quotidien ‘nu’. Il partit donc au Chili, qu’à cheval il traversa du Nord au Sud, s’installa en Patagonie comme gérant d’estan- cia (vaste exploitation agricole), entouré de 5000 moutons, de quelques chevaux et autres animaux de basse-cour. Puis, pour des raisons familiales et politiques, il quitte le pays juste avant la brutale ‘arrivée au pouvoir’ de Pinochet. Et reprend le chemin des théâtres. Au début, c’est lui qui construisait tout (« le fait qu’on monte, puis démonte et remonte les décors me plaisait beaucoup » confiait-il). Ensuite, il a pu engager des serruriers, des métalliers, des menuisiers, des tapissiers pour arriver à « faire de la magie, à surprendre » comme il définissait son métier. « J’ai besoin de tâter des matières, des tissus, pour orienter mon inspiration ». En 2009, il obtint l’Anneau Hans Reinhart, la plus haute récompense du théâtre suisse. Ses talents de décorateur-scénographe lui ont également valu six «Molière» en France et la reconnaissance enthousiaste des cinéastes et metteurs en scène d’opéra qu’il aura côtoyés au fil de sa riche carrière. Carrière ? Il disait n’avoir jamais eu la préoccupation de faire carrière, que tout s’était organisé dans un certain sens, qu’il avait eu beaucoup de chance. Modeste, oui il l’était. Et si sa grandeur physique, et pour le coup morale, impressionnait ceux qui le croisaient, il avait gardé ses rires d’enfant, et ponctuait souvent ses phrases de sourires vrais, beaux, presque timides. Comédien C’est à partir de 1969 qu’il est devenu comédien de théâtre, puis acteur de cinéma. Il a démarré sur les planches grâce à Philippe Mentha avec qui il collaborera ensuite régulièrement au Théâtre Kléber-Méleau. En tant qu’acteur, Jean-Marc Stehlé a notamment joué dans Derborence de Francis Reusser (1985), Romuald et Juliette de Coline Serreau (1989), dans Marie Antoinette de Sofia Coppola (2006), Bon Voyage de Jean-Paul Rappeneau (2003), et récemment on l’avait reconnu, errant parmi de dynamiques retraités, sur le pont d’un bateau de croisière dans Film Socialisme de Godard (2010). La croisière s’est aujourd’hui terminée après 50 ans de décors, à raison de trois voire quatre par années. C’est dire si l’artiste qu’il fut aura passé sa vie à travailler. Rosine Schautz Jean Marc Stehlé dans «Doña Rosita la célibataire ou le langage des fleurs» à La Comédie de Genève en 2006 © Brigitte Enguerand a c t u a l i t é 65 t h é â t r e tard, elle se retrouve dans certaines scènes dont ne rougirait pas Feydeau. Certains personnages, comme Lord Arthur Goring, sont paradoxaux : il affiche un cynisme effréné mais ne sera-t-il pas celui grâce à qui la morale sera sauve... théâtre des amis, carouge Un mari idéal Le théâtre des Amis met à l’affiche une pièce d’Oscar Wilde, dans la mise en scène de Pierre Bauer. Nous avons rencontré le metteur en scène Pierre Bauer, qui nous parle des choix effectués - mise en scène, décor, costumes - pour assurer la crédibilité de ce Mari idéal... « Faire partie de la bonne société est une corvée. N’en pas faire partie est une tragédie. » Oscar Wilde Comment avez-vous actualisé cette pièce datant de 1895 ? 66 Le thème qu'elle traite, la faute commise dans le passé par un être qui veut faire une carrière politique et qui devient l'objet d'un chantage, ne cesse d'être actuelle. C'est un délice d'avancer dans le texte de Wilde truffé d'aphorismes et de répliques qui font mouche. Bien sûr, il a fallu le recentrer autour de l'action principale et couper des scènes mondaines, des personnages secondaires et des éléments sans réelle importance pour le propos. tes historiquement et esthétiquement, mais plus maniables. Quant au décor, décliné en deux parties - une magnifique carte de l’empire britannique, en marbre et en relief s’il vous plaît - il renforce l’importance que se sentent les personnages de ce milieu. Le théâtre de Wilde exige beaucoup des acteurs Oui, c’est un qui-vive de tous les instants, un travail exigeant et rigoureux, un défi qu’ils ont dit avoir eu plaisir à relever. Dans cette avant- Wilde était de ce monde, sans en être dupe ; il l’a payé très cher Il n’a cessé d’être insolent, anticonformiste, provocant, n’épargnant personne, ni les hommes politiques, ni les religieux, ni la noblesse... ni les féministes, ni les philanthropes, ni les sportifs, appuyant ses satires des classes dominantes sur son immense culture et son esprit de répartie sans pareille. On lui a fait payer son insolence et son comportement hors normes victoriennes par la prison, la condamnation aux travaux forcés et la ruine financière. Je pense que défendre son œuvre aujourd’hui, c’est rendre un bel hommage à un esprit libre, c’est dénoncer les vices du Victorien comme de l’homme d’aujourd’hui, stigmatiser le mensonge et la corruption… et passer deux heures délicieuses dans la célébration d’une des plus belles conquêtes de l’homme : le langage. Propos recueillis par Catherine Graf Un mari idéal d'Oscar Wilde, adaptation et mise en scène Pierre Bauer. Théâtre des Amis, Carouge jusqu’au 20 octobre 2013 Un propos qui transcende son époque, non ? Bien sûr ! Il ne cesse d'être actuel, qu'on pense aux divers délits d'initiés qui ont fait récemment ou font l'actualité, et qui coûtent leurs postes à des personnages politiques haut placés. Distribution : Sir Robert Chiltern Yves Jenny, Lady Gertrude Chiltern Virginie Meisterhans, Lord Arthur Goring, Georges Grbic, Mrs Laura Cheveley Natacha Koutchoumov, Mabel Chiltern Melanie Olivia Bauer, Lord Caversham Nicolas Rinuy, Lady Markby Josette Chanel, Mason et Phipps Christian Le décor et les costumes nous transportent dans cette époque. Il nous fallait entraîner le spectateur dans ce monde, la société victorienne au tournant du XXe s., et être en même temps explicites et concis ; notre tournée nous emmène en effet dans des espaces scéniques aux dimensions très différentes; ainsi plusieurs costumes trop volumineux, je pense à certaines robes de 1895, n’étaient pas compatibles avec l’espace de certains théâtres. Nous avons donc optés pour des tenues tout aussi jus- e Pierre Bauer dernière comédie de Wilde, ils doivent maîtriser tous les registres, pouvoir passer avec aisance, parfois imperceptiblement, de l’un à l’autre. ET aussi être totalement dans le jeu, pleinement sincères, puis, ô délice, monter d’un cran vers un second degré. Ainsi, quand elle apprend la forfaiture de son mari, la vertueuse Lady Gertrude Chiltern nage en pleine tragédie. Plus n t r e Robert-Charrue. Théâtre de Valère, Sion (22 octobre 2013) Théâtre du Passage, Neuchâtel (24 et 25 octobre 2013) Espace Nuithonie, Fribourg Villars-sur-Glâne (5 novembre 2013) Théâtre Kléber-Méleau, Lausanne (du 9 au 19 janvier 2014) t i e n t h é â t r e forum meyrin Triomphe de l’Amour Une jeune princesse, Léonide, travestie en garçon, planifie de s’introduire dans la maison du philosophe Hermocrate pour se faire aimer à la fois comme homme, par Léontine, sœur du philosophe, et comme femme, par le vieil Hermocrate lui-même, ainsi que par le jeune Agis. Ambiances… Située dans l’Antiquité, le triomphe jamais démenti du Triomphe de l’amour réside notamment dans la totale réussite des plans de Léonide : Léontine et Hermocrate ont beau résister, ils finiront par se laisser envahir par l’amour. Après rebondissements, départs, mariages conclus, aveux et finalement adieux à jamais, reste l’ingéniosité des marivaudages, reste l’ingéniosité des travestissements, reste l’ingéniosité d’une intrigue qui ‘démasque’. Ingéniosités multiples donc et ‘au carré’ voire ‘au cube’, puisque Galin Stoev a imaginé une distribution entièrement masculine… Rosine Schautz Entretien avec Galin Stoev Qu’est-ce que tomber amoureux pour Marivaux ? Une stratégie ? Une mise à nu de soi ? Une démonstration mathématique, philosophique ? Il est caractéristique que Marivaux ne s’interroge pas vraiment sur l’événement qui consiste à « tomber amoureux ». Tomber amoureux est surtout pour lui un déclencheur de jeu. Il s’arrête cependant bien plus longuement sur la question du sentiment amoureux, et sur ses répercussions. Mais c’est une question qu’il n’aborde pas essentiellement d’un point de vue existentiel, mais plutôt à partir de ses implications culturelles, sociales ou économiques. Ainsi, pour Marivaux, être amoureux est un état exceptionnel de l’être, qu’il choisit d’étudier dans la mesure où cela permet de révéler d’une manière très complète la complexité et les paradoxes de l’être. Mais comment l’étudier ? Marivaux est obsédé par la notion d’expérience, au sens scientifique du terme, avec le protocole précis que cela implique. Sa pièce peut donc être comprise comme une invitation à participer à une expérience en temps réel, qui implique aussi bien les personnages, les comédiens que les spectateurs. D’un côté, en effet, sa stratégie consiste à placer tous ses personnages dans une situation inextricable pour observer comment ils réagissent. Mais en même temps, la e n t r stratégie appliquée par le spectateur pour suivre les déplacements émotionnels des personnages se met à résonner avec la stratégie des personnages impliqués dans l’intrigue. Nous sommes donc tous entraînés dans des calculs rationnels qui ressemblent à un jeu d’échec. Cela nous lie inévitablement à une logique politique, où chacun est obligé de calculer au moins deux ou trois « coups » à l’avance. L’ironie de cette situation se trouve dans le fait que l’échiquier est placé dans le registre de l’intimité, où règne généralement l’émotion pure, dont la nature est irrationnelle. C’est ce paradoxe qui provoque une explosion chez les personnages aussi bien que chez les spectateurs ; tout simplement parce que deux choses de natures irréconciliables sont placées dans un seul et même cadre : la politique et l’amour, la stratégie et la passion, le logos et le pathos. Entre les mains de Marivaux, cela produit des objets précieux, un peu comme des œufs de Fabergé, mais qui peuvent exploser à tout moment. Quel traitement avez-vous fait subir au corps de vos acteurs ? Comment jouentils le travestissement ? Par la voix ? Le costume ? Le geste ? Dans le théâtre, le corps est une matière organique qui est inévitablement liée à la parole. Mais c’est la parole qui déclenche la métamorphose. Non pas que les comédiens (hommes) se mettent soudainement à parler comme des femmes – cela relèverait de la simple farce, sans visiter toute la profondeur du texte de Marivaux –, mais que leurs paroles soient celles de femmes. Par ailleurs, dans la version que je propose du Triomphe de l’amour, la princesse ne change pas seulement ses habits, elle change littéralement son corps. Ainsi, Phocion est un vrai garçon, à ceci près que sa conscience reste celle de la princesse Léonide. Cela augmente la mise et le danger pour son stratagème. De même, plus tard dans la pièce, Phocion se réinvente comme une certaine Aspasie, laquelle essaie à son tour de redevenir la Princesse. Tout cela e t i e Galin Stoev © Marie-Francoise Plissart pose donc la question des mutations de l’identité, que ce soit par mensonge ou par passion ; et cela questionne donc aussi la possibilité de revenir en arrière, de récupérer notre propre innocence, après avoir voyagé à travers tant de ruses de ruses et jeux ? Cela étant, ce qui m’intéresse dans cette configuration, ce n’est pas une métamorphose instantanée, mais un voyage constant, en temps réel, entre les énergies masculines et féminines, qui peuvent cohabiter dans un seul et même corps. ‘Triomphe de l’amour pour tous’ versus ‘mariage pour tous’ ? Il m’est arrivé d’utiliser l’expression « Marivaux pour tous ». Mais c’était une simple plaisanterie, qui faisait référence au fait que ma distribution est exclusivement masculine. Cependant, la question n’est pas tant pour moi de confronter les relations de type homosexuel et hétérosexuel, que d’interroger de manière plus fondamentale, et le plus radicalement possible, la question de l’identité, de ses métamorphoses, et du mensonge. Cela étant, il est vrai qu’après les interminables débats autour du « mariage pour tous », la France a dû reconnaître qu’elle est l’un des pays occidentaux les plus réactionnaires … Le goût de cette révélation est toujours très difficile à avaler ! Pour ma part, j’ai l’impression que la prolongation de tous ces débats ne fait qu’augmenter l’incompréhension mutuelle des deux camps. C’est que le logos est mal utilisé, lorsqu’il permet de contourner chaque possibilité de compréhension et de réconciliation. Or il me semble que l’expérience émotionnelle est plus forte que n’importe quel débat médiatique. C’est d’ailleurs ici que je vois le rôle politique du théâtre, dans sa capacité d’élargir l’expérience humaine en évoquant l’empathie, et en réconciliant des extrêmes à travers une aventure humaine qui s’adresse à nos sens, et non pas à nos peurs et à nos préjugés. Propos recueillis par Rosine Schautz Les 29 et 30 octobre à 20h30 Forum Meyrin (loc. 022/989.34.34) n 67 t h é â t r e théâtre de vidy Derniers jours d’Hamlet Le directeur de la Schaubühne et metteur en scène Thomas Oestermeier réalise son magnum opus en proposant une version grunge et expressionniste d’Hamlet. 68 Chercher dans notre monde moderne des correspondances avec l’époque du dramaturge anglais. Si l’ambitieux projet s’annonce passionnant, sa concrétisation emprunte beaucoup au cinéma (Kusturica, Kaurismaki, Tarantino, Vinterberg), chez un metteur en scène qui a souvent privilégié une approche plasticienne du plateau. L’homme de théâtre, qui a bien retenu les préceptes de Debord, se lance dans une diatribe contre la société de la « mafiafrique », où la Cour danoise déploie ses gangsters tourmentés et l’envahissement des images qu’il semble comparer moins à l’oppression féodale du système monarchique qu’à une caméra flottante, crépusculaire solarisant l’image et portée au début par Hamlet lui même. Partant de là, la mise en scène est parfois étonnamment sage, malgré le fait qu’Oestermeier cite Brecht dans le fait de ne pas céder à « l’intimidation des classiques ». Elle place les acteurs dans des décors sur-signifiants (métal de banquet et tourbe de cimetière). Ainsi les visages des convives sont-ils projetés en plans très rapprochés sur un rideau de fines gouttes métalliques qui marque une lisière sans cesse redessinée entre réel et fantasmes. Ce filmage sur le vif a l’avantage de rappeler que la tragédie de la vengeance à l’époque élisabéthaine peut avoir son «Hamlet» © Arno Declair a pendant dans le thriller à suspense, sous forme de séries tv, avec twist et cliffhanger. Gangstérisme hamlétien Faire du casting shakespearien une association de malfaiteurs relève d’une intelligente lecture de l’œuvre. Le grand Will ne laisse-t-il pas entendre que le roi assassiné était lui-même un meurtrier hors pair ? Si Claudius (saisissant Urs Juckert) paraît éthiquement repoussant, il progresse néanmoins comme un poisson dans l’eau au cœur d’un biotope tramé d’une longue ligne de vengeances et règlements de compte. Dans un univers crépusculaire, les ancêtres exigent de leurs descendants qu’ils accomplissent une action vengeresse identique en parfait imitateur de leurs propres basses œuvres, ce que suggère l’image d’Hamlet à mi-corps dans son trou funéraire. « Il restera assis, silencieux et prostré », entend-on. Les acteurs s’enlisent dans la gangue terreuse au fil d’un enterrement burlesque muet qui tient du slow burn accompagné par un officiant douchant la scène d’une pluie de cinéma low-fi. C’est dans ce muet de catastrophe keatonienne que la mise en scène tire son plus bel humus. Plutôt que dans des clins d’œil appuyés à la création en 2008 au binôme Bruni-Sarkozy avec force lunettes de marque et chanson de l’expremière dame de France et chanteuse à la voix feulante passée par la reine du Danemark, Gertrude, mère d’Hamlet. « Toute la colère de Hamlet est mal dirigée dans la pièce, surtout à l’égard des femmes, Gertrude et Ophélie. Punir Ophélie pour la faute de sa mère est une catastrophe intellectuelle et humaine. La pièce évoque la mani- c t u a pulation, l’instrumentalisation de cette colère », indique Oestermeier. Ou la colère, arme des faibles. Du coup, c’est la comédienne Lucy Wirth, qui incarne comme deux faces d’une même pièce de monnaie, la Souveraine enterrée ici de son vif par Hamlet, et Ophélie. La mort volontaire de cette dernière va de la bouteille d’eau cascadant sur le crâne et suscitant la suffocation à la pellicule plastique l’enserrant mortellement, comme on le ferait d’un mannequin en vitrine ou d’une poupée Barbie en boîte. Ou comment réunir dans sa fin sa parfaite image d’un être angélique qui ne peut endurer nulle flétrissure dans une incarnation empoisonnée scénarisée en devenir. « Mourir… dormir, dormir ! Peut-être rêver! Oui, là est l’embarras », lâche Hamlet. Souffrant de narcolepsie qui le voit s’écrouler à intervalles réguliers dans le sol tourbe de tombe dont il s’emplit les orifices, Hamlet, sous les traits de l’impressionnant Lars Eidinger, fait un corps à la fois massif et débile. Entre la suspension, le surplace végétal de la dépression, la vie à l’arrêt, et la continuité du temps, la marche du monde vers l’abîme se déploie au fil d’une mise en scène plus élégiaque qu’un regard distrait pourrait le laisser croire. Et cette manière d’accumuler divisions et nuances, différences et raccords, pauses et bifurcations immobiles sur une route à l’horizon connu d’avance. Rarement aura été ainsi donné à voir que le héros shakespearien est au monde sans parvenir à s’y adapter avec ses mots, par instants éteints, qui semblent s’écouler de sa bouche comme d’une source noire primitive et d’outre-terre. Ou comment se mettre en marche vers le vrai dans un monde essentiellement mensonger où la figure du double est habilement filée par la mise en jeu. Ainsi ce ventre postiche qu’il enfile comme un masque théâtral au-dessus des générations mortes qui se joue de la farce grotesque pour plonger dans l’inspiration des nouvelles de Thomas Brasch, Les Fils meurent avant les pères. Ce, pour dire « la désillusion des pères résignés, détruisant en Ophélie la foi illusoire en la vie et l’amour », selon Oestermeier. Qui ajoute : « La frustration des parents détruit la vie des enfants dans la pièce ». Et le non agir est bien ici le support même de la folie paranoïaque chez Hamlet. Bertrand Tappolet Du 8 au 10 octobre : Hamlet de Shakespeare, m.e.s. Thomas Ostermeier. Vidy-Lausanne, salle Charles Apothéloz, mar-jeu-sam à 19h, ven à 20h30, dim à 17h30 (rés. 021/619.45.45 - www.billetterie-vidy.ch) l i t é s a i s o théâtre du grütli : saison 2013-2014 Un projet-monde Pour sa deuxième saison, Frédéric Polier s’est donné mission de mettre en valeur la vie théâtrale régionale et déclare préférer le chant artistique plus que la ligne. Il envisage le théâtre comme un projet-monde, avec des frictions esthétiques et des formes contrastées. Sang, amour et rhétorique sont, aux dires du comédien, metteur en scène et directeur de théâtre, inséparables et la transcendance ne peut se trouver qu’au cœur du jeu de l’acteur. Coup d’œil sur une saison présentée par le maître des lieux dans une chronologie « défiée » visant à mettre en lumière les échos entre les projets, le spectateur se profilant en Ulysse qui erre de mer calme en tempête. Matteo Zimmermann, passionné de poésie et d’écriture, proposera avec le collectif Collaborations artistiques une lecture-performance-musicale, Malade d’avoir laissé passer l’amour « Berlin Alexanderplatz… » d’Alfred Döblin, auteur allemand à cheval sur deux siècles. Œuvre visionnaire sur l’Allemagne déchirée par le chômage dont se sert le metteur en scène pour revenir à la nécessité première qui meut l’acteur, celle d’interroger le public. 13-29 juin Crime et châtiment de Fedor Dostoïevski sera adapté et mis en scène par Benjamin Knobil. Violence, sauvagerie, folie irriguent ce texte que le metteur en scène aborde de façon ludique pour souligner la confrontation entre le burlesque et la tragédie. Avec notammant Yvette Théraulaz. 5-24 novembre La compagnie Les Célébrant de Cédric Dorier dénouera l’énigme théâtrale imaginée par l’Ivoirien Koffi Kwahulé. Misterioso 119, inspiré du morceau de jazz de Thelonius Monk, présente seize tableaux dont les répliques ne sont pas distribuées. Le metteur en scène entouré d’intervenants artistiques a imaginé douze voix de femmes pour raconter l’histoire dans le huis clos d’une prison, entre douceur et sauvagerie, pudeur et impudeur. 3-16 avril Les aventures de Nathalie Nicole Nicole et Les Trublions de la Française Marion Aubert seront joués par deux compagnies – la Cie dans l’Escalier et La Distillerie Cie - qui se partageront la soirée et le décor. Deux meneuses de jeu a c t u Frédéric Polier © Ariane Testori – Camille Giacobino et Emilie Blaser – pour raconter dans la première pièce des histoires d’enfants fous où règnent la cruauté, les trahisons, les meurtres, et dans la seconde une farce où une reine qui s’ennuie exerce arbitrairement son pouvoir. 8-27 octobre n s Terquedad / L’Entêtement qui illustre la colère. C’est une farce noire située à la fin de la guerre d’Espagne qui parle d’amnésie, de liberté, de la fin des utopies du XXe siècle. Après La Estupidez / La Stupidité du même auteur monté naguère à L’Orangerie, le metteur en scène Frédéric Polier continue à explorer le théâtre latino-américain qu’il affectionne. 14 janv– 2 fév De la guerre d’Espagne on passe à la guerre de Troie, une guerre de Troie qui aurait lieu en Orient au XXIe siècle. Adaptation très libre de Racine par le metteur en scène Kristian Frédric, Andromaque 10-43 met l’accent sur les enjeux géo-stratégiques, le profit, la dépendance aux matières premières. Avec la compagnie Lézards qui Bougent et le grand comédien Denis Lavant en Pyrrhus. 28 février – 15 mars Le metteur en scène germaniste et germanophile Eric Devanthéry s’attaque pour la première fois à Friedrich von Schiller. Les Brigands, écrit en 1782 à dix-huit ans, dans une nouvelle traduction de Sylvain Fort, est le combat à mort entre deux frères et mêle tous les genres. Le metteur en scène se dit fasciné par les lieux en déshérence qui meurent et a aimé la démesure et la modernité de cette pièce vue à Hambourg. 2-28 mai Les choses ne se font pas toutes seules. L’amour occupe tout l’espace mais comment le nommer ? Voici les leitmotivs parmi d’autres thèmes chers à l’auteur et metteur en scène Attilio Sandro Palese, qui accompagneront la descente aux enfers des deux personnages de Nobody Dies In Dreamland. 13 mai – 1er juin Un Avenir Heureux, en cours d’écriture, est une commande faite à la Suissesse Manon Pulver par la comédienne Nathalie Cuenet qui en signera la mise en scène. Des personnages dans le mitan de la vie sont confrontés à la question du choix. Vers où aller ? Quelle place occuper dans la cité ? Les hypothèses de vie sont affaire individuelle… L’auteure entend parler de choses graves avec légèreté et délicatesse à travers la comédie et pratiquer l’art démodé du langage. 28 janvier – 16 février Formée au langage Buto du XVe siècle, la chorégraphe Myriam Zoulias (Groupe du Vent) a conçu A Naniwa, qu’importe d’après la pièce du Nô de Kanze Juro Motomasa. Travail exigeant sur la lenteur et le silence dans un contexte d’errance et d’abandon. 10-15 juin Après le thème du choix, le rapport au temps, ou comment on rate sa vie. Bientôt viendra le temps de la Danoise Line Knutzon dans une mise en scène de Sophie Kandaouroff est également une farce burlesque, absurde et tragique mais aussi une comédie qui se joue des règles de la temporalité, sans artifice ni exercice de style. Jeu : la compagnie de Martine Paschoud. 18 mars – 6 avril Rappelons enfin que la saison a débuté par un désormais classique du théâtre contemporain, La nuit juste avant les forêts de Bernard-Marie Koltès. Soixante pages, une seule phrase, pas de ponctuation, un personnage sans travail, sans lieu où dormir, sans argent et qui parle sans cesse pour dire le manque. Eric Salama met en scène Frédéric Polier dans ce soliloque sur la solitude. Jusqu’au 6 octobre Laurence Tièche Chavier L’Argentin Rafael Spregelburd complète son exploration des sept péchés capitaux avec La a l i t Plus d’informations sur : http://www.grutli.ch/2012/ é 69 s a i s o n s être la banlieue de Genève. Il faut qu'on se dise qu'il y a des choses à Thonon et Evian. Comme Boileau, je remets mon métier sur l’ouvrage et je fais en sorte que les projets soient devant nous. saison 2013/2014 de la maison des arts thonon-évian Mate, Thonon Depuis son arrivée à la direction de la Maison des Arts Thonon-Evian (Mate) en 2011, Thierry Macia affirme sa volonté de miser sur les jeunes et les familles tout en faisant de cette institution un foyer de propositions culturelles variées et multiples, destinées à des publics de tout âge. Il revendique la dimension pluridisciplinaire de la MATE. Rencontre. Quand on feuillette le programme de cette saison, on constate une abondance, voire une profusion d’événements ? 70 Je ne parlerai de profusion mais, en arrivant à la direction de la MATE, je me suis engagé à développer les offres culturelles dans la région. Je cherche donc à tenir mes engagements en permettant à chacun de pouvoir trouver quelque chose dans la programmation qui corresponde à ses attentes. Je veux développer les échanges culturels dans ce territoire à travers quatre axes : tout d’abord, faire de la Maison des Arts de Thonon une scène pluridisciplinaire de référence avec la salle Novarina à Thonon et la salle du Casino à Evian. Ensuite, les Chemins de Traverse sont organisés par la Maison des Arts Thonon-Evian avec le soutien financier de la Région Rhône-Alpes, via le CDDRA, du Conseil Général de Haute-Savoie, des Communautés de Communes du Bas-Chablais, des Collines du Léman et de la Vallée d’Aulps, des Syndicats Intercommunaux du Haut- Chablais et de la Vallée d’Abondance et des communes de Morzine et Maxilly. Puis, cette année a vécu le succès de la première édition de Musique à la Grange au Lac. L’Orchestre des Pays de Savoie poursuivra sa résidence dans cette salle exceptionnelle qu’est la Grange au Lac. Nous entamons un partenariat avec la Cité de l’Eau, sur la commune de Publier. Vous souhaitiez faire de la MATE « un phare sur le Léman » ; en deux ans, ce phare rayonne sur toute la région ? Il y avait déjà un passé riche d'histoire et de résultats. Je souhaitais me situer dans cette continuité et essayer d’initier une nouvelle dynamique. La région connaît une augmentation phénoménale de la population. Je crois que la culture est une des meilleures façons pour relier les gens ; je crois en cela, en lien avec le monde de l'éducation. Tout autour du lac Léman, il y a environ un million de personnes, mais nous ne devons pas Parlez-nous de ces projets que vous nourrissez pour la MATE … Améliorer l’accès pour les personnes handicapées, améliorer l’accueil en général en proposant une petite restauration, faciliter les voies d’accès à la salle. La salle Novarina fera l’objet de travaux afin de pouvoir accueillir le public dans des lieux flambant neufs. Nous voulons favoriser la création, soutenir des projets régionaux mais aussi nationaux et suisses. Nous consolidons nos échanges avec des théâtres suisses comme le Théâtre Spirale, le Petit Théâtre de Lausanne. Vous misez sur le jeune public et sur les familles ? Oui, nous continuons à améliorer le service aux familles. Nous proposerons un accueil (babysitting) pour permettre aux parents d'aller aux spectacles. Je veux aussi m'adresser aux nouveaux arrivants. « Je veux que chacun se sente légitime à rentrer ici ; cela vaut également pour les jeunes. Un certain nombre de choses se font déjà en lien avec les établissements scolaires : 8’000 jeunes viennent à la Maison des Arts chaque année. Cette nouvelle saison est l’occasion d’affirmer, avec Musique à la Grange, une programmation de musique classique ambitieuse en Chablais, sur la rive française du lac Léman, qui plus est, dans un véritable écrin conçu et dédié à la musique classique. Nous souhaitons que cette nouvelle saison permette à tous, curieux ou passionnés, de profiter pleinement d’une soirée musicale de qualité. Dans le souci constant de permettre l’accès de tous à la musique classique, des actions de sensibilisation à destination des jeunes, des élèves des écoles de musique du Chablais et des publics éloignés de la musique classique seront également au rendez-vous. Je souhaite faire de cette maison un lieu de référence culturelle sur le Bassin lémanique en nous diversifiant sur le terrain, en développant les partenariats sur lesquels nous pouvons compter et faire en sorte que cette maison assoit sa renommée et ses offres culturelles dans le territoire du Chablais comme au-delà de la région. Propos recueillis par Firouz-Elisabeth Pillet http://www.mal-thonon.org La Grange au Lac, Evian e n t r e t i e n s a i s o n s saison 2013/2014 Bonlieu, Annecy C’est encore une saison hors-les-murs pour la Scène nationale d’Annecy qui offre aux amateurs d’arts scéniques une programmation plus malicieuse et vivante que jamais. D’autant que l’espace du Théâtre des Haras a su conquérir petits et grands, comme un îlot naturel et séduisant au cœur de la ville. Coup d’œil. Tout a déjà commencé le week-end du 10 au 15 septembre dernier avec la manifestation organisée par Salvador Garcia, le maître des lieux, et qui a permis à de multiples courants artistiques de se rencontrer lors de deux soirées de performances et d’un safari musical dans les jardins des haras, avec comme spectacle emblématique Daisy, la dernière création de l’intenable Rodrigo Garcia programmé dans le cadre du Festival de la Bâtie. Autour de lui ont joué et chanté les Acrobattants et voltigistes, les Indomptables ou Zoophonies, ainsi que le génial Johann Le Guillerm, toujours aux prises avec la démesurée Attraction et ses Architextures. Bientôt, entre le 8 et le 20 octobre, c’est le fidèle Bartabas qui viendra investir et faire revivre les haras avec sa dernière création équestre, Golgota, aux côtés du danseur de flamenco Andres Marin. Une danse des ténèbres pour deux hommes épris de gestes essentiels et constitutifs de leurs arts respectifs. Incontournable donc. Dans l’intervalle, Maxime Le Forestier interprètera son dernier album le 15 octobre, et le même soir, sous la baguette de Nicolas Chalvin se produira l’OPS dans un programme intitulé Inventions. Toujours en musique, du 29 au 31 octobre, le retour de l’épopée musicale d’Etienne Perruchon, avec Dogarians qui retrace en neuf tableaux la vie légendaire du peuple nomade créé par le compositeur. On en ressort enthousiaste et serein. Ensuite, le Frankenstein de Melquiot, mis en scène par Paul Desveaux, du 4 au 6 novembre et Le Cirque Précaire de et avec Julie Candy, deux spectacles qui s’adressent au jeune public et devraient également séduire les plus grands. Comme un voyage au centre de son corps et de sa mémoire, le chorégraphe Kader Attou revient au hiphop des origines avec The Roots, véritable hymne au mouvement servi par des danseurs de haut vol. Les 13 et 14 novembre. L’auteur et metteur en scène Dominique Ziegler continue de tourner avec Le Trip Rousseau, pour offrir une biographie ludique et incisive de Jean-Jacques, et avec l’étonnant comédien Emmanuel Dabbous dans le rôletitre. Les 14 et 15 novembre. Retour très attendu aussi avec le metteur en scène Omar Porras qui adapte à sa façon le Roméo et Juliette de Shakespeare, du 20 au 22 novembre. Distribution franco-japonaise et choc des cultures, en miroir de l’affrontement dramatique voulu par le grand Will. Après l’essentiel Requiem de Fauré donné en l’église Saint-Laurent par le jeune ensemble vocal Noéma et le Chœur universitaire de Genève, le dimanche 24 novembre, c’est le spectacle déroutant et hypnotique The Pyre conçu par Gisèle Vienne avec la performance majeure de la danseuse Anja Röttgerkamp, seule puis face à un enfant intriguant au cœur d’un tunnel sculpté par la lumière, afin de nous inviter à rééxaminer notre rapport à la mort. Date unique le 26 novembre. Du 28 au 30 novembre, La Fin du monde est pour dimanche, le dernier spectacle de François Morel qui se livre à un exercice de style très convaincant, sur le mode d’une série de portraits. Humour et tendresse. Quel avenir pour le capitalisme ? questionnent Lise Ardaillon et Sylvain Milliot qui poursuivent un état des lieux, entre Davos et La Montagne magique, comme une rêverie vertigineuse. Du 28 au 30 novembre. Chorégraphe israélien désormais confirmé, Emanuel Gat montre toute l’étendue de son talent dans The Goldlandberg, création inspirée, fragile et sensorielle sur des compositions de Glenn Gould qui joue Bach et s’évertue à atteindre la réalité pour la mieux comprendre. Les 3 et 4 décembre. D’après les chroniques de Dominique Simonnot, Michel Didym met en «La fin du monde est pour dimanche» © Manuelle Toussaint scène avec jubilation le tribunal si proche de la scène, mais aujourd’hui trop souvent débordée, comme dans ce saisissant Comparution immédiate. Les 5 et 6 décembre. A l’occasion des 20 ans du Jazz Club d’Annecy, ambiance garantie avec Roberto Fonseca, pianiste cubain très demandé, le 6 décembre et aussi le 7, Jean-Luc Ponty et Clara Ponty, pour un hommage au parrain historique du Jazz à Annecy, violoniste légendaire. Après le dernier opus de Dorian Rossel intitulé Staying Alive, sous forme d’enquête sur le couple (nous en reparlerons dans un prochain numéro), les 10 et 11 décembre, place à la suite de la programmation danse avec un Swan Lake revisité par douze danseurs de racines africaines. Immanquable. Dates : 17 et 18 décembre. Enfin, visite de La bibliothèque d‘André, avec le comédien André Dussollier qui excelle dans l’art de nous faire partager ses petits bonheurs littéraires. Les 20 et 21 décembre. La suite en 2014. Jérôme Zanetta «Roméo et Juliette». Crédit photo © K.Miura Plus d’infos sur : http://www.bonlieu-annecy.com/ a c t u a l i t é 71 s a i s o n s saison 2013/2014 Montons à bord du Galpon La maison pour le travail des arts du Galpon, sise sur les bords de l’Arve, propose une saison 2013-2014 très riche et variée. Au programme, 20 spectacles liés au théâtre, à la danse, à la musique, à la littérature, et/ou aux technologies numériques, que viendront compléter plusieurs autres projets et activités. 72 Après un début de saison placé sous le signe relativement classique de Brecht (L’opéra de Quat’sous joué en septembre et produit par la Haute Ecole de Musique de Genève), la suite de la saison sera très éclectique, entre utopie italienne de gauche des années 70 (L’Embrasement de Loredana Bianconi mis en scène par Anne Bisang), spectacle queerlesque (A poil), création dada (l’opéra Coucou, nous sommes tous des petits suisses dadaïstes proposé par Gabriel Alvarez), combinatoire de lectures et de scénographie autour de la notion de migration (Des Murs et des fenêtres), collaboration entre danse et musique (l’artiste belge Jens van Dale et l’ensemble suisse Batida), humour absurde britannique (Trois hommes dans un bateau sans oublier le chien de Jérôme K. Jérôme mis en scène par Nathalie Sandoz), ou réécriture pluridisciplinaire d’Hamlet (à la fois la version de Shakespeare et celle d’Heiner Müller) par Dmytro Kostiumynskyi. Le printemps 2014 possèdera quant à lui une connotation italienne, via les Carrefours transalpins élaborés par le Galpon avec deux institutions artistiques turinoises, le Teatro Stabile et la compagnie Dionisio, et qui déboucheront en mars sur un Quartet d’Heiner Müller joué en italien, et en avril sur Venere et Adonis de Shakespeare, joué en italien et en français. Pour mieux cerner les contours de cette saison, ainsi que le statut et le fonctionnement du Galpon, rencontre avec Nathalie Tacchella et Gabriel Alvarez, les deux directeurs artistiques du théâtre. La saison Nathale Tacchella : La saison s’intitule Hors-bord, et nous souhaitions jouer sur le double sens de l’expression, l’objet (vu notre situation au bord de l’Arve) et l’idée de ne pas figer les choses, de ne pas les limiter. Avant tout, ce qui nous tient à cœur est d’avoir un panorama vraiment très éclectique. De plus, si les projets se répondent déjà parfois a priori, nous avons surtout envie que les spectacles se fassent écho, s’entremêlent sans que nous intervenions, que nous laissions les réponses et les dialogues s’élaborer. La saison n’est pas entièrement fixée, nous laissons une grande liberté a aux pièces de s’articuler entre elles. Nous souhaitons également envisager de façon large les arts de la scène, en proposant aux spectateurs de la danse, du théâtre, des projets pluridisciplinaires, etc. Les temps forts Nathale Tacchella : La saison dernière nous avons organisé deux temps forts, les Carrefours et les Migrations, et cette année nous avons développé l’idée d’un Carrefour transalpin avec comme projet de rencontrer des compagnies qui ne passent pas forcément à Genève, et aussi de créer des liens entre des artistes locaux et ces compagnies. Le second temps fort de la saison, comme l’an dernier, sera placé autour des Migrations. Les Murs et les fenêtres sera bien sûr un spectacle lié à cette problématique, mais d’autres projets, encore en cours, y feront également écho. Gabriel Alvarez : Dans la programmation, il y a une partie très construite, mais nous gardons toujours la possibilités d’intégrer des propositions faites en cours de saison. Ainsi, plusieurs projets liés aux migrations (exposition de photos, performances, débats) viendront compléter le programme. On peut également ajouter que l’éclectisme de notre programmation est esthétique, formel (des formes et des langages différents sont convoqués selon les spectacles), mais qu’il intervient également autour d’un projet ou d’un artiste. Ainsi une compagnie peut venir pour un spectacle, mais aussi organiser des masterclass, des ateliers, etc. En outre, une des spécificités du Galpon est que Nathalie et moi sommes avant tout des artistes, plus que des producteurs ou des programmateurs. Nous intervenons donc très peu sur les créations qui se font au théâtre. Je me retrouve souvent à découvrir les œuvres plus ou moins en même temps que le public. L’ouverture du Galpon sur la cité Nathale Tacchella : Parmi les axes du projet artistique du Galpon, il y a ce que nous appelons la «culture active» et «l’art du spectateur», qui répondent à notre désir, certes parfois proche de l’utopie, de voir comment la population peut s’approprier un théâtre. Sans être une maison de quartier, nous souhaitons parvenir à nouer des liens avec des habitants, avec des associations artistiques ou culturelles, avec des écoles, et trouver ainsi «une place» dans la vie civile, une place qui ne soit pas en conflit avec la programmation mais qui puisse rentrer en résonnance avec des spectacles. Gabriel Alvarez : Parler de «culture active», cela signifie aussi considérer que le public peut participer à la création, que ce soit dans la danse ou le théâtre. Cette année nous avons proposé un cours de théâtre amateur, qui a rencontré beaucoup de succès en termes d’inscription, et nous avons également prévu différents ateliers pédagogiques avec les écoles, les collèges. Laurent Darbellay Le Galpon, maison pour le travail des arts de la scène, est situé au pied du Bois de la Bâtie, au bord de l’Arve, route des Péniches. Tél : +41 22 321 21 76. E-mail : [email protected]. Pour tous renseignements : http://www.galpon.ch/ «L’Opéra de Quat’sous» donné en septembre c t u a l i t é s a i s o n s saison 2013/2014 Le « Grand-8 » Fin août, les directions du CPO, du théâtre 2.21, de L’Arsenic et de la Grange de Dorigny nous ont donné rendez-vous au café-restaurant de Bellerive-Plage à Lausanne pour une rencontre dévoilant les différentes saisons 2013-14 mais surtout le partenariat qui lie désormais les quatre entités. Sauser responsable programmation, c’est Louis-Ferdinand Céline qui revivra du 24 septembre au 6 octobre sous l’égide de l’association «Les Sélénites» qui présenteront leur version du Voyage au bout de la nuit dans une version sensitive du fameux roman. Une invitation à redécouvrir l’auteur controversé qui a marqué le XXeme siècle de sa plume sans concession. Historique, avec The Island en février, contant l’histoire de deux résistants fait prisonniers par le régime sud-africain de 1948-91, mais aussi une pièce faisant l’écho de Paradise Now, Haute-Autriche de FranzXavier Kroetz, qui met en scène les doutes sociétaires engendrés par la grossesse d’une jeune femme des années 70, qui se jouera de janvier à février, au 2.21. Plus d’infos sur : http://www.theatre221.ch/ La Grange de Dorigy, quant à elle, propose bien entendu son lot de conférences, de rencontres avec les artistes présentant leurs pièces et de représentations amateur, mais aussi plus de 10 spectacles professionnels. Le programme se veut classique, local et incorporant la vie scénique estudiantine, à l’image du mini-festival Point.Virgule qui aura lieu du 15 au 17 octobre 2013 et présentera les projets artistiques universitaires de ces dernières années. La Ronde disséquera les rapports amoureux et passionnels des hommes dans la pièce de l’Helvetic Shakespeare Company dès le 25 octobre avant de laisser place au jeune public ingénu dans Le 6eme jour qui se verra expliquer la genèse de l’homme par le clown Arletti. Le « Grand-8 «» Ce partenariat n’est pas nouveau, le 2.2, l’Arsenic et la Grange ont déjà collaboré durant deux saisons pour une organisation extra-muros qui s’était gratifié d’un succès. Cette année c’est au tour du CPO de rejoindre l’organisme et, à eux quatre, le « Grand 8 » est né. L’offre propose aux abonnés d’un des 4 lieux de bénéficier d’un tarif de 8.- pour n’importe quelle représentation des théâtres participant, ce qui permet de favoriser la circulation du public entre ces quatre différentes institutions et de promouvoir les créations lausannoise et romandes. Car avec plus de 350 dates et 40 créations, la saison 2013-14 se veut dense, ouverte et économique. Plus d’infos sur : L’occasion aussi de découvrir ou redécouvrir www3.unil.ch/wpmu/grangededorigny/ ces espaces culturels lausannois, à l’image de L’Arsenic qui, en cette ouverture de saison, Une renaissance, en cette saiquittera finalement ses couvertures de chan«Tarab» © Regis Golay © Federal Studio son 13-14, pour l’Arsenic qui prétier pour nous dévoiler son nouvel espace. Le « Grand 8 » , plus qu’une simple sentera le théâtre fraîchement sorti intention marketing, se veut unificateur des salles lausannoises autour de de rénovation avec son week-end portes ouvertes de septembre. Au proprojets communs. Ainsi Paradise Now, une création de la compagnie gramme de sa saison, il y aura en octobre Giacomo, un spectacle conçu «Voix Publique» sur le thème du bonheur institutionnalisé en consomma- par Massimo Furlan et Claire de Ribaupierre - présenté à La Bâtie début tion par les agences publicitaires et les modèles de sociétés post-deuxième septembre -; puis en novembre Schreib Mir Das Lied von Tod un spectaguerre mondiale, se déroulera en 3 étapes distinctes. La première est une cle conçu par Maya Bösch - également présenté à La Bâtie. En décembre, conférence, un développement du thème et de la dramaturgie de la créa- Oksar Gomez Mata présentera sa Maison d’antan. Le programme est tion qui aura lieu à la Grange de Dorigny, théâtre universitaire et véritable conséquent et tout ne peut être cité. Signalons juste encore la nouvelle lieu de prédilection pour une telle soirée. Les répétitions prendront lieu au création de Laurence Yadi et Cinolas Cantillon, Tarab, qui fera escale à 2.21 et s'achèveront par une première crash-test avant que les représenta- l’Arsenic en mars. Plus d’infos sur : http://www.arsenic.ch/ tions finales n’aient lieu au CPO à partir du 29 mai 2014. Le CPO, éclectique, jouera sur tout les tableaux avec notamment Le Une offre promotionnelle donc, permettant de découvrir et s’engager Nez de N.V Gogol en novembre et une œuvre comme Pierre à Pierre, pripour les créations romandes mais aussi une collaboration parfois poussée mée 9 fois, et montée par une troupe espagnole (El Theatre de l’Home entre les quatre théâtres lausannois. Dibuixat ) le 15 février. Destinée à un jeune public, la pièce de manquera pas de ravir par son ambiance légère et poétique. Programmes de la saison Côté programme, les saisons nous furent brièvement présentées, théâPlus d’infos sur : http://www.cpo-ouchy.ch/ Romeo Cini tres par théâtres, sous la forme de coup de cœur ou d’immanquable. Du côté de 2.21, théâtre des premiers pas engagés selon Michel a c t u a l i t é 73 s a i s o n s saison 2013/2014 du théâtre de carouge Jean Liermier Casquette vissée sur la tête, visière en arrière, Jean Liermier affiche la dégaine d’un éternel adolescent qui se mue aussitôt en démiurge quand il reçoit dans son antre de créateur : son bureau de directeur, niché sous les combles d’une maison ancienne carougeoise. Dans cet espace de réflexion, il insiste sur la dimension « atelier » de ce théâtre qui doit inviter le public, tous âges confondus, à découvrir ou redécouvrir les textes, en particulier les textes classiques. Car le directeur concède ses préférences : quand il choisit de mettre en scène, il s’agit souvent d’auteurs classiques - Marivaux, Molière, Musset, Kleist… « Des fondamentaux du Théâtre, mais aussi des langues à faire revivre. » Son leitmotiv : « Faire sonner les auteurs d’hier comme s’ils écrivaient aujourd’hui. » Rencontre. 74 Pour la saison 2013-2014, vous accueillez à nouveau les Fomenki. D’où vous vient cet intérêt pour le théâtre russe ? Je suis allé au collège et au lycée à Annemasse ; durant ces années d’études, j’ai choisi le russe par amour pour la sonorité et la charge émotionnelle de cette langue. Je suis heureux de pouvoir les accueillir à nouveau grâce au soutien de la Fondation Neva qui nous avait soutenus pour leurs deux spectacles en 2011-2012. Ils sont heureux de revenir à Carouge car ils sont habitués à tourner dans de grandes salles et ils apprécient l’intimité qui s’instaure entre les spectateurs et la troupe à Carouge. Maître incontesté du théâtre russe, disparu en 2012, Piotr Fomenko réussit le pari de porter à la scène l’ouverture du chef-d’œuvre de Tolstoï, Guerre et Paix ; voir ce spectacle est lui rendre hommage. C’est un chef-d’œuvre des arts vivants, un spectacle d’une grande simplicité, servi par des comédiens exceptionnels acclamés dans le monde entier. Figure majeure du théâtre russe, Piotr Fomenko, censuré pendant la période soviétique, a connu un parcours difficile. Il lui aura fallu six ans – avec ses comédiens, les Fomenki – pour mettre en scène Guerre et Paix. Ces comédiens répètent pendant des années ; à Moscou, on pratique les arts vivants. Que l’on connaisse ou non le roman-somme de Léon Tolstoï, le spectacle de Piotr Fomenko s’en souvient pour nous. Dans un désordre d’amoureux, il suit le fil de quelques motifs et les tresse. Traversés par la guerre (celle des armes, mais aussi celle des larmes), toujours en quête de paix, les personnages oscillent, chaloupent, les acteurs tanguent, le roman s’écrit à vue sur scène. Les représentations seront surtitrées, ce qui permet de saisir le sens sans perdre la qualité du jeu. Il est important de se laisser porter par la magie de la langue originale, par la verve. Je ne veux pas que l’émotion de la langue originale soit atrophiée par des écouteurs comme cela se fait habituellement en Russie. A l’occasion de leur venue, il y aura un stage destiné aux professionnels. Je suis heureux de les accueillir à nouveau car leur méthode de travail est radicalement différente de la nôtre. Quelle est la spécificité de leur travail ? En Russie il existe un réel amour du théâtre car c’était une nécessité pendant la période soviétique ; le théâtre représentait une échappatoire qui e n t Jean Liermier © Marc Vanappelghem permettait de critiquer le système entre les lignes. Les Russes adorent leurs acteurs et manifestent une réelle ferveur à leur égard. Les comédiens demeurent quasiment à vie avec leur théâtre. Quant à la troupe Fomenko, les comédiens répètent Guerre et Paix depuis treize ans. Ils font des exercices pour entretenir les émotions, les facultés vocales et physiques et travaillent une même pièce pendant dix, quinze, vingt ans, une approche que les comédiens de l’Europe de l’Ouest ne connaissent pas. Les choix de cette saison reflètent votre amour des auteurs classiques … En arrivant, en 2008, à Carouge, j’ai choisi de me positionner quant au théâtre classique. François Simon et Philippe Mentha se sont ancrés dans les textes et des auteurs classiques pour mettre en valeur des textes et des auteurs contemporains. Il m’apparaît important de rendre ses lettres de noblesse au théâtre classique et de proposer des pièces de Sophocle, Molière, Marivaux, qui peuvent nous apporter beaucoup aujourd’hui. Je souhaite essayer, grâce à la lecture d’une œuvre et sa mise en scène, de faire que l’encre de ces auteurs ne sèche pas. J’ai une prédilection certaine pour les auteurs classiques français – car je viens de cette culture – mais j’affectionne aussi Tchekhov ou Shakespeare mais les lire dans la traduction est déjà une interprétation. Je préfère avoir un rapport avec la langue de l’auteur. Cette saison, les textes classiques seront bien représentés par La double Inconstance, de Marivaux, dans une mise en scène de Philippe Mentha, le fondateur du Théâtre Kléber-Méleau, en co-production. C’est la seule pièce de Marivaux qui trouve grâce à ses yeux. Il est question des amours de Silvia et Arlequin mais il y a une dimension plus large et plus universelle dans la pièce. Cette co-production se crée au Théâtre KléberMéleau et, dans la foulée, vient à Carouge. L’autre pièce classique est Le Malade imaginaire, de Molière, sa dernière r e t i e n s a i s o n s pièce ; Molière était malade quand il la jouait et savait les résonances de la pièce avec son état. Alors que Molière se meurt, il joue l’hypocondriaque mais cela n’enlève rien à la dimension comique de sa pièce et cela modifie le regard que l’on porte sur la maladie, l’angoisse, la mort. Songeons à Argan qui s’exclame : « Ah ! Ne me parlez pas de ce Molière ! Qu’il crève ! Qu’il crève ! » Les classiques nous font réfléchir sur la place du théâtre dans la vie, en quoi le théâtre peut faire sens et peut nous aider à franchir des obstacles dans la vie. Pour ce projet, je retrouve Gilles Privat qui était un Arnolphe grandiose dans L’Ecole des Femmes. Vous retrouvez Omar Porras qui a déjà œuvré à Carouge ? Omar Porras et le Teatro Malandro viendront présenter La Dame de la Mer, d’après Henrik Ibsen, spectacle surtitré en anglais et en allemand, en collaboration avec le Festival Wagner et Jean-Marie Blanchard. Der fliegende Holländer (Le Vaisseau fantôme) sera proposé en même temps à Genève au Bâtiment des Forces Motrices (BFM). Ibsen a été influencé par Wagner. Le choix d’Omar Porras s’imposait car il y a quelque chose de jubilatoire chez Ibsen. Omar Porras va sortir des carcans du naturalisme. On révèle une partie enfouie, mythologique de l’écriture d’Ibsen. En assistant à une répétition avec ses acteurs, j’ai compris beaucoup de choses sur le travail d’Omar, sur sa recherche. Ses comédiens sont de véritables athlètes et virtuoses. D’autres propositions ? Oui, Et il n’en resta plus aucun, d’après Les dix petits Nègres, d’Agatha Christie, dans une mise en scène de Robert Sandoz, un spectacle surtitré en anglais. Ce spectacle me permet de poursuivre le compagnonnage avec Robert Sandoz qui allie rigueur et fantaisie et sait s’entourer d’une solide Théâtre de Carouge équipe. Son petit plus : savoir fédérer, avec charme ; c’est le sel du metteur en scène. L’œuvre d’Agatha Christie est redoutable ; le choix de Robert me paraît judicieux mais l’adaptation au théâtre est toujours un défi. Qu’en est-il des accueils ? Tout d’abord, Au bord de l’eau, un texte et une mise en scène d’Eve Bonfanti et Yves Hunstad que j’ai découverts il y a vingt ans, au Théâtre Saint-Gervais dans La Tragédie comique, leur spectacle m’a ému. Pour Au bord de l’eau, il y a une table, deux chaises, deux micros, quelques feuilles de papier et deux acteurs qui viennent lire leur pièce n’est pas tout à fait finie. Pour débuter la saison, on est au cœur de l’art du théâtre dans une forme minimaliste. Ensuite, nous accueillerons André Engel qui met en scène La double Mort de l’Horloger, d’après Ödön von Horváth. Il y aura beaucoup de décors, de diversité dans les formes ; l’éclectisme des espaces est important pour illustrer l’image énigmatique d’un monde au bord du gouffre. Le mot de la fin ? Etre sur tous les fronts : des stages à la Manufacture à l’attention des professionnels de suisse romande, s’occuper des jeunes générations, faire du Théâtre de Carouge un épicentre culturel pour les Carougeois, trouver les supports et les moyens revenir sur notre histoire, savoir d’où l’on vient pour savoir où aller. Propos recueillis par Firouz-Elisabeth Pillet www.tcag.ch à côte à une table, une femme et un homme : «Au bord de l’eau» est une pièce en train de s’écrire, dont ils seront les auteurs et les personnages. Au bord de l’eau Dans leur dernier spectacle, Eve Bonfanti et Yves Hunsted nous invitent à assister à l’écriture d’une pièce. Dans la salle, le public est là, en attente de théâtre. Dans les cintres, les personnages sont là, eux aussi, ils n’attendent rien. Sur la scène, assis côte Quand ils arrivent, à peine construits malgré l’âge qu’ils ont, les personnages ne savent pas qui ils sont, ni même qu’il est question de jouer un rôle. Ils viennent passer un après-midi au bord de l’eau. Au bord du public, devrait-on dire, ce miroir mystérieux. Ce remous tranquille de quelque chose qui semble toujours avoir été là, une onde frémissante dont la scène serait la berge. Fabricants d’éphémère, arpenteurs d’imaginaire, Eve Bonfanti et Yves Hunstad aiment à faire coexister la métaphysique qui se dégage de leurs questions sur l’existence et la légèreté qui se libère du plaisir de jouer devant et avec le public. Depuis «La tragédie comique» jusqu’au dernier spectacle conçu ensemble «Du vent… des fantômes», ils réinventent sans cesse, avec un très sérieux sens de l’humour, leur rapport à l’art du théâtre. Avec «Au bord de l’eau», ils font du public leur alter ego dans l’acte de création. Ils nous entraînent, d’entourloupes en surprises, dans un petit bijou d’écriture millimétrée, une suite de dialogues avec tiroirs et chaussetrappes, fausses pistes et développement surréalistes. . du 1er octobre au 10 novembre 2013 Réservation : 022/343.43.43 - [email protected] «Au bord de l’eau» © P. Delacroix e n t r e t i e n 75 s a i s o n s imaginer, inventer. Un terrain de jeu qui donne sur le monde. Mes fonctions m’éloignent d’ailleurs de l’écriture et ces diverses propositions me permettent de rester proche de l’écriture qui est un moteur essentiel pour moi. saison 2013/2014 d Am Stram Gram Parlez-nous des tournées ... Depuis plus d’un an, Fabrice Melquiot dirige le Théâtre Am Stram Gram, soufflant un air de nouveauté sur l’institution genevoise tout en honorant l’esprit de son fondateur, Dominique Catton. Fabrique Melchiot, dorénavant établi à deux pas de son lieu de travail, ne compte pas son temps, et foisonne d’idées novatrices et diversifiées. A l’aurore de l’été, il a trouvé le temps de nous accueillir dans son antre pour parler de sa deuxième saison. Rencontre. Quel sentiment éprouvez-vous après cette première saison aux commandes du Théâtre Am Stram Gram ? 76 Cette première saison m’a rendu très heureux, me procurant beaucoup de plaisir, d’exaltation tout en laissant place aux imprévus, à l’aventure et aux heureuses rencontres. J’ai voulu que les propositions soient multiples et variées afin de toucher le jeune public, allant des tout jeunes Pour cette seconde saison, vous avez choisi de renforcer les échanges avec des théâtres romands ? Mon bureau n’est jamais fermé. Je rencontre tous les artistes locaux qui le désirent. Mon souhait est d’établir et de renforcer au fil des saisons les liens entre Am Stram Gram et les divers théâtres dédiés au jeune public, comme, par exemple, avec Le Petit Théâtre de Lausanne, et en poursuivant les échanges déjà existant comme les collaborations avec Contrechamps. Qu’avez-vous élaboré pour votre seconde saison ? Le Théâtre Am Stram Gram propose au public une saison en feu d’artifice où vous croiserez des hiboux, un cheval, Peter Pan, un taureau, la petite fille aux allumettes, les trois mousquetaires, Oscar, Anna, Jean Lhomme, Lola Folding, des marionnettes, des auteurs, des comédiens, des musiciens, des acrobates, des danseurs, des vidéastes, des jongleurs. Le Laboratoire Spontané fera des ravages auprès des amateurs de performances visant à abolir les frontières entre les disciplines et à rapprocher les publics des arts et des artistes : rencontre avec Yves Bonnefoy, Street Party, Loto Poétique, Bal Littéraire, «Lola Folding», un conte rock, par Brico Jardin Les Yeux Bandés... autant d’occaenfants aux jeunes adultes en passant par les sions de cheminer ensemble. Qu’en est-il des créations ? pré-adolescentes et les adolescents. Cette saison Am Stram Gram prend plus que jamais le parti 2012-1013 a proposé beaucoup d’ateliers, de manifestations en marge de la programmation, de la création : parmi les spectacles proposés au et par conséquent pour moi un peu de fatigue public, huit verront le jour dans nos murs : Le car je consacre près de quinze heures quotidien- Hibou, le vent & nous ; Le Blues de Jean nes au théâtre. Mais il me semblait évident de Lhomme ; Peter Pan ; Lola Folding ; m’investir autant, car j’ai hérité d’un lieu formi- Ventrosoleil ; Les Yeux Bandés ; les Trois dable. J’ai voulu intégrer à ASG divers concepts Mousquetaires ; la Brioche des mioches. Notre et formules que j’avais pu expérimenter en théâtre s’engage auprès des artistes, soutient et France, entre autres, quand je dirigeais la accompagne les projets des compagnies et des Comédie de Reims : les bals littéraires, la théâtres romands et francophones et souhaite Brioche des mioches, le Cabaret de la Saint- s’affirmer comme une maison à l’écoute des Glinglin, la Street Party, le Loto poétique ou publics et de leur diversité, une maison où se rencontrer, réfléchir, converser, essayer, répéter, encore le Soir de nos dix-sept ans. e n t r e Sept de nos productions ou coproductions seront en tournée dans l’espace francophone. Frankenstein et Nos Amours bêtes, les créations de Paul Desveaux et Ambra Senatore en 2012/2013, poursuivent leur route ; les publics d’Annecy, Bordeaux, Yverdon, La Rochelle, Malakoff, Fribourg, Meylan, La Chaux-de-Fonds, Monthey... découvriront ces spectacles qui ont reçu la saison dernière un formidable accueil de la part du public d’Am Stram Gram et des théâtres partenaires. Quelles nouveautés avez-vous concoctées pour cette saison ? Plusieurs spectacles sont accessibles aux spectateurs non-francophones : Echoa – danse et percussions, Cinématique – nouveau cirque et arts numériques, Loto poétique, Bal littéraire, Street party, et en particulier une manifestation dont je me réjouis : Spring Frozen Day qui m’a été inspiré par le Frozen Day de Grand Central à New-York. Je convie le public à nous retrouver au théâtre d’où nous partirons pour aller sur le Pont du Mont-Blanc en terminant dans les rues basses. Cette manifestation sous forme de de flash mob sera l’occasion d’interpeler les passants et badauds sur le théâtre, son rôle, ses messages. Une représentation de Peter Pan sera audio-décrite à l’intention des spectateurs aveugles et malvoyants (samedi 23 novembre à 17h) et plusieurs représentations rendues accessibles aux personnes sourdes et malentendantes ; le programme complet est à consulter sur notre site, tout ceci ayant pu voir le jour grâce au soutien de la Ville de Genève. Quelle part est dévolue à la dimension pédagogique ? Parce qu’un théâtre Enfance & Jeunesse est aussi un théâtre de pédagogie, les expositions, ateliers de pratique artistiques, workshops pour jeunes auteurs occupent une part importante de la programmation. Le théâtre se déplace dans les classes (cent représentations scolaires dans le Canton de Genève). Des éditions ainsi que la diffusion de la littérature dramatique dans les « Valises Théâtre » sont également proposés tout au long de la saison. Propos recueillis par Firouz-E.Pillet www.amstramgram.ch t i e n MIGRO UREL-CL T L U C T N E C R S-POU 01 Saison 2013/2 4 au Victoria H ASSICS all Lundi 28 octobre 2013 à 20 h ORCHESTRE DU FESTIVAL DE BUDAPEST Iván Fischer (direction) Maria João Pires (piano) Marysol Schalit* (soprano) Wolfgang Amadeus Mozart «A Berenice… Sol nascente», récitatif et air pour soprano, K. 70 Ludwig van Beethoven Concerto pour piano et orchestre Nº 4 op. 58 Antonín Dvořák Symphonie Nº 8 op. 88 *Soliste suisse Billetterie: Service culturel Migros Genève, Rue du Prince 7, Tél. 022 319 61 11 Stand Info Balexert et Migros Nyon-La Combe. www.culturel-migros-geneve.ch Organisation: Service culturel Migros Genève www.culturel-migros-geneve.ch www.migros-pour-cent-culturel-classics.ch NOUVELLE PRODUCTION P R E M I È R E J O U R N É E D U F E S T I VA L S C É N I Q U E DER RING DES NIBELUNGEN EN 3 ACTES DIE WA L K Ü R E R I C H A R D WA G N E R DIRECTION MUSICALE INGO METZMACHER MISE EN SCÈNE DIETER DORN DÉCORS & COSTUMES JÜRGEN ROSE BRÜNEHILDE PETRA LANG W O TA N T O M F O X SIEGLINDE MICHAELA KAUNE SIEGMUND WILL HARTMANN F R I C K A E L E N A Z H I D K O VA HUNDIG GÜNTER GROISSBÖCK ORCHESTRE DE LA SUISSE ROMANDE DIRECTION MUSICALE MIQUEL ORTEGA MISE EN SCÈNE LILO BAUR ORCHESTRE DE CHAMBRE DE LAUSANNE CHŒUR DE L’OPÉRA DE LAUSANNE T 021 315 40 20 WWW.OPERA-LAUSANNE.CH 07>16.11.2013 SAISON1314 WWW.GENEVEOPERA.CH +41(0)22 322 5050 MA MARSEILLAISE DE & AVEC DARINA AL JOUNDI MISE EN SCÈNE ALAIN TIMAR Darina Al Joundi, comédienne ÉQUIPE ARTISTIQUE JEAN-JACQUES LEMÊTRE MARIE-HÉLÈNE PINON PRODUCTION ACTE 2, EN ACCORD AVEC NOUN CIE THÉÂTRE LES HALLES, AVIGNON / THÉÂTRE LA BRUYÈRE, PARIS THÉÂTRE LE POCHE www.lepoche.ch / 022 310 37 59 / location Service culturel Migros 7 > 27 OCTOBRE 2013 CRÉATION VISUELLE JEAN-MARC HUMM, LA FONDERIE / PHOTOGRAPHIE AUGUSTIN REBETEZ LE POCHE GENÈVE EST SUBVENTIONNÉ PAR LA VILLE DE GENÈVE (DÉPARTEMENT DE LA CULTURE) LA RÉPUBLIQUE ET CANTON DE GENÈVE. IL EST GÉRÉ PAR LA FONDATION D’ART DRAMATIQUE (FAD) ( sp ect a cle e n g ag é , f é min is te et joy e u x … ) s a i s o n s spectacles onésiens théâtre des marionnettes Vibrations Mais où est passé Léon ? Le mois d’octobre est placé sous les signes de l’humour et de la musique avec, tout d’abord, l’accueil d’un humoriste dont les piques qu’il lance aux politiciens, entre autres, sont toujours attendues avec bonheur et impatience .... Avec Guy Bedos, tout le monde y passe : les femmes, les religions, le sport, les engagements, la droite en tête et la gauche en berne. Il peut bien se permettre de décocher ses flèches à la gauche, lui, le comédien, acteur, auteur et scénariste de talent, car il est aussi un homme de cœur engagé qui aime partager ses indignations et n’hésite pas à monter aux barricades pour les sanspapiers. Après 50 ans de carrière, cette bête de scène tire sa révérence avec son dernier Guy Bedos © Giovanni Cittadini one-man-show « Rideau ! ». Sa carrière, il l’a débutée en 1954, au cinéma, puis au music-hall, avant de rencontrer Sophie Daumier, avec qui il forme un duo mythique pendant dix ans. Dès 1977, seul sur scène, il imprime son style et devient sans conteste le maître du stand up français. Dernier représentant de la génération des grands trublions, abandonné par Desproges, Coluche et Le Luron, Guy Bedos nous régalera avec un dernier tour de piste, du 1er au 3 octobre. Brigitte Rosset proposera, le 16 octobre, Smarties, Kleenex et Canada Dry. Avec ce nouvel opus, elle plonge dans la tempête du largage et les vagues du chagrin d’amour. Frisant la folie douce, la comédienne va chercher le réconfort entre art-thérapie et bonbons au chocolat, avec une touche d’autodérision et un ruban d’humanité. Dans la constellation des fadistas, une nouvelle étoile scintille : Ana Moura, jeune chanteuse trentenaire dont la voix fait des merveilles, tant dans le répertoire du fado traditionnel, que dans celui du jazz-blues. Le 18 octobre, elle sera accompagnée par Ângelo Freire (guitare portugaise), Pedro Soares (guitare acoustique), André Moreira (basse acoustique), João Gomes (claviers), Mário Costa (batterie et percussions). Marc Perrenoud, pianiste et compositeur inspiré, est un habitué des Spectacles onésiens et le 31 octobre il viendra y célébrer le vernissage de son nouvel album Vestry lamento, avec ses deux acolytes Cyril Regamey (batterie) et Marco Müller (contrebasse); le public pourra savourer son touché impressionniste et son groove naturel. Des soirées qui promettent des vibrations intenses ! Firouz-Elisabeth Pillet Un seul spectacle à l’affiche au mois d’octobre, mais un spectacle qui sera l’occasion d’accueillir l’un des plus grands noms du théâtre d’ombres contemporain : Jean-Pierre Lescot. Sa dernière création, Mais où est passé Léon ?, sera jouée jusqu’au 13 octobre. Ce spectacle invite les jeunes enfants dès quatre ans à découvrir les trésors de grenier. Plus qu’une âme, les objets inanimés trouvés par le professeur et son assistant Pablo, ont ici une histoire : un cheval de bois, une ombrelle en dentelle, une vieille bicyclette, un ours en peluche, une poupée de chiffon, tant d’objets oubliés... En les tirant de l’oubli, le metteur en scène ravive leurs moments de tendresse et de tristesse, de peine et de joie. Dans ce voyage onirique au pays des ombres, Jean-Pierre Lescot raconte l’histoire de Léon l’ourson ou de Tatiana la poupée par une suite des courts récits, créant des images riches, délicates, multiples, grâce à plusieurs manipulateurs. Le metteur en scène, comédien manipulateur et dramaturge et directeur de la Compagnie française Jean-Pierre Lescot/Les Phosphènes décrit ainsi le spectacle : « Devant l’écran se trouvent les acteurs et les objets dénichés dans un immense grenier graphiquement stylisé, tandis que, de l’autre côté, ils agissent en théâtre d’ombres. Dans un va-et-vient entre plusieurs réalités, on suit ainsi l’objet, la poupée, l’ourson, un taxibrousse passant de l’avant-scène vers son fond. Ce dernier devenant ainsi le lieu de création et projection des ombres. D’entrée de jeu, le monde des ombres, dans ses caractéristiques essentielles, joue de plusieurs éléments : la ressemblance, la distorsion, la disparition et la superposition. Du coup, on voit qu’autour d’un même objet, se développent des «Mais où est passé Léon ?» liens menant vers une présence purement onirique. C’est ainsi que l’enfant peut créer, à la vision de ce spectacle, une frontière marquant la différence entre réalité et monde rêvé. S’il y a tout une palette de l’univers du sombre dans cette histoire, j’ai surtout essayé d’y montrer à la fois l’inquiétant et le rassurant, ce qui trouble et console, apaise. Tant qu’un rêve n’est pas terminé, l’enfant a toujours cette chance d’éprouver ce qui l’apaise. D’où la tentative d’une dramaturgie allant du troublant au familier qui calme l’enfant. Les deux comédiens s’interdisent finalement de réveiller les personnages, tant que leur voyage ou périple au pays des rêves n’est pas achevé, le possible mauvais songe pouvant toujours se métamorphoser pour adopter des couleurs plus douces.» (source : dossier de presse) Firouz-E. Pillet www.spectaclesonésiens.ch www.marionnettes.ch a c t u a l i t é 79 e x p o s i t i o n s FRANCE Aix Musée Granet : Le Grand Atelier l du Midi, 1880-1960. De Cézanne à Matisse. Jusqu’au 13 octobre. Arles Musée Réattu : Nuage - De Magritte à Warhol, de Man Ray à Manzoni ou Kiefer. Jusqu’au 31 octobre. l Céret Musée d’art moderne : Miquel l Barceló - Terra Ignis. Céramiques, Majorque 2009-2013. Jusqu’au 12 novembre Evian Maison Gribaldi : Evian 1900, La l Belle Epoque sur les rives du Léman. Jusqu’au 3 novembre. l Palais Lumière : L'Idéal Art nouveau. Du 12 octobre au 12 janvier Giverny la raconte pas» de l'artiste lituanien Vytautas Viržbickas. Du 12 octobre au 5 janvier Le Cannet Musée Bonnard : Le Nu, de l Gauguin à Bonnard. Jusqu’au 31 octobre. Lens Le Louvre : Le Temps à l’œuvre. l Jusqu’au 21 octobre. Lyon Musée des l beaux-arts : Joseph Cornell et les Surréalistes à New York. Dali, Duchamp, Ernst, Man Ray.... Du 18 octobre au 10 février l l l “Les Papesses“ - Camille Claudel, Louise Bourgeois, Jana Sterbak, Berlinke de Bruyckere, Kiki Smith. Jusqu’au 11 novembre. l Musée Angladon : Denise Colomb, portraits d’artistes. Jusqu’au 3 novembre & Fragonard : Contes et Dessins. Jusqu’au 31 décembre l l noirs: Picasso céramiste et la Méditerranée. Jusqu’au 13 oct. l l d'en-haut. Jusqu’au 7 octobre. Montpellier Musée Fabre : Signac, les coul leurs de l'eau. Jusqu’au 27 octobre. Le goût de Diderot. Du 5 octobre au 12 janvier. Ornans Musée Courbet : Courbet/ l Musée des impressionnismes : Hiramatsu, le bassin aux nymphéas. Hommage à Monet. Jusqu’au 31 octobre. Aubagne Centre d'Art des Pénitents Metz Centre Pompidou-Metz : Vues Cézanne, la vérité en peinture. Jusqu’au 14 octobre St. Tropez Musée de l'Annonciade : Maurice l de Vlaminck, les années décisives (1900-1914). Jusqu’au au 14 oct. Marseille Grasse Avignon J1 : Le Corbusier et la question du Sète Musée Fragonard : La Fontaine Collection Lambert en Avignon : brutalisme. Du 11 oct. au 22 déc. Musée Paul Valéry : Collection 80 Grenoble Magasin / Centre National d’Art l Contemporain : «Da Capo» de l'artiste lituanien Deimantas Narkevičius, & «Comment te raconter une histoire connue ? - Ne l Musée d’art contemporain : Le Pont. Jusqu’au 20 octobre l Musée Cantini : César à Marseille. Jusqu’au 5 janvier l Palais Longchamp : Le Grand Atelier du Midi, 1880-1960. De Van Gogh à Bonnard. Jusqu’au 13 octobre. David et Ezra Nahmad. Impressionnisme et audaces du XIXe siècle. Jusqu’au 27 octobre Toulon Hôtel des Arts : Arman. Jusqu’au 8 oct. Histoires, Regards d’artistes. En collaboration avec l Lyon Biennale Sous-titrée « Entretemps, brusquement et ensuite », la Biennale de Lyon 2013 a pour objet thématique la narration. Dans une ère qui est réputée post-médias et post-historique, l’Islandais Gunnar B. Kvaran, qui en est le commissaire, travaille autour de trois aînés : Erró (né en 1932 et figure du «pop art» européen), Yoko Ono (née en 1933, elle est fascinée par le récit dématérialisé) et Alain Robbe-Grillet (1928-2002, tant le romancier que le cinéaste). Autres artistes invités : Antoine Catala, Karl Haendel, Nate Lowman, Paulo Nimer Pjota et une pléiade de plasticiens plus jeunes encore. Au moment où les médias accablent, de leurs effrayantes narrations, leurs consommateurs sans cesse plus asservis, il s’agit de regarder, fondamentalement, l’acte de narrer, notamment dans ses enjeux autobiographique, esthétique, social et politique. Pour découvrir ce qui est une biennale d’auteurs, trois plates-formes : - une exposition internationale - «Veduta» : un programme de coproductions, de résidences et de sensibilisation à l’art - «Résonance» : cent projets d’art visuel et de spectacle vivant. Frank Langlois . Jusqu’au 5 janvier 2014 dans divers lieux lyonnais, dont La Sucrière et le MAC Lyon Mary Sibande «Succession of Three Ages», 2013 Sculpture 4 chevaux en bois, un personnage habillé. Créatures suspendues et un socle. Courtesy de l’artiste et de la Biennale de Lyon. Photo Blaise Adilon a g e Plus d’infos sur : www.biennaledelyon.com Tel. 00 33 427 466 560 n d a expos itions en Salle de Caixa Forum, Barcelone Pissarro Le Musée Thyssen-Bornemisza a présenté, du 4 juin au 15 septembre, la première exposition monographique en Espagne du peintre impressionniste Camille Pissarro (1830-1903), avec la présentation de 79 œuvres - prêtées par de nombreux musées et des collectionneurs du monde entier, - dont une célèbre palette où l’artiste peignit une scène champêtre en combinant les couleurs de l’arc-en-ciel. Cette exposition sera présentée à Barcelone dès mi-octobre et jusqu’en janvier prochain. Le paysage, genre dominant de sa production, est au cœur de l’exposition qui s’articule par ordre chronologique en fonction des lieux où le peintre résida et travailla. Sa vie s’écoula principalement dans des villages comme Louveciennes, Pontoise et Eragny, toutefois les deux dernières salles sont consacrées à des paysages urbains qu’il peignit dans les dix dernieres années de sa vie : nombreuses sont les vues de Paris et de Londres, de Rouen, de Dieppe et du Havre. europe David. Art civique à Florence entre Moyen-Age et Renaissance. Jusqu’au 8 décembre. l Museo degli Argenti : Passions diaphanes - ivoires baroques des cours européennes. Jusqu’au 3 nov. l Palazzo Strozzi : L’avant-garde russe, la Sibérie et l’Orient. Du 27 septembre au 19 janvier. Francfort Städelmuseum : Rembrandt, l gravures de paysage du Städel Museum. Jusqu’au 24 novembre. Londres British Museum : Shunga - sex and l pleasure in Japanese art. Du 3 octobre au 5 janvier l National Portrait Gallery : BP Portrait Award 2013. Jusqu’au 15 septembre. Laura Knight Portraits. Jusqu’au 13 octobre. Madrid Musée du Prado : Beauté captive. l De Fra Angelico à Fortuny. Jusqu’au 8 novembre. Velazquez. Les derniers portraits. Du 8 octobre au 9 février. l Musée Thyssen-Bornemisza : Le Surréalisme et le rêve. Du 8 octobre au 12 janvier. l Palacio Real : De Bosch à Titien. Art et merveille à l’Escorial. Jusqu’en janvier. Rome Musei Capitolini : Archimède. Art Camille Pissarro «Le chemin d’Ennery», 1874. Huile sur toile, 55 x 92 cm. Musée d’Orsay, Paris. Donation de Max et Rosy Kaganovitch, 1973 l “Humble et colossal”, comme le définit son ami Cézanne, Camille Pissarro est certainement la figure fondamentale de l’impressionnisme et, à la fois, la moins reconnue. Le même Cézanne disait aussi : « (.....) peut-être venons-nous tous de Pissarro. Il a eu la chance de naître aux Antilles, où il apprit le dessin sans maître. Lui-même me l’a dit. En 1865 déjà il éliminait le noir, le bitume, la terre de Sienne et les ocres. C’est un fait. Il ne peint qu’avec les trois couleurs primaires et leurs dérivés immédiats, il me l’a dit. De sorte que Pissarro est le premier impressionniste. » . A voir du 15 octobre 2013 au 13 janvier 2014 La Fabrica/Photo Espana. Du 25 octobre au 5 janvier Tournus Musée Greuze : Greuze, de l Diderot à Sombreuil. Jusqu’au 31 octobre. Barcelone Caixa Forum : Pissarro. Du 15 l octobre au 13 janvier Berlin Martin-Gropius-Bau Michelangelo Antonioni, le maître du cinéma moderne. Jusqu’au 8 sept. Città di Castello Pinacoteca Comunale : De l l : Meret Oppenheim. Jusqu’au 1er déc. Signorelli à Raphaël. Histoire d’un territoire et de ses chefsd’œuvre. Jusqu’au 3 novembre. l l et science de l’invention. Jusqu’au 12 janvier. Turin Palazzo Madama : Le collectionl neur de merveilles. L’Ermitage de Basilewsky. Jusqu’au 13 octobre. Venise Ca’ Foscari l Esposizioni, Università Ca’ Foscari : Maria Cristina Finucci. Jusqu’au 24 nov. l Palazzo Grassi : Rudolf Stingel. Jusqu’au 31 décembre. l Peggy Guggenheim Collection: L’avant-garde fin de siècle à Paris : Signac, Bonnard, Redon, et leurs contemporains. Jusqu’au 6 janvier Vienne Ferrare Albertina Museum (Albertinapl.) Bilbao Palazzo dei Diamanti : Zurbarán. M F . Jusqu’au 12 Musée Guggenheim : Baroque l AILLEURS Baden Baden Musée Frieder Burda : Emil l Nolde - Une fête des couleurs. Jusqu’au 13 octobre. a g exubérant. De Cattelan à Zurbarán. Jusqu’au 6 octobre. Bruxelles Palais des Beaux-Arts (23, Ravenstein) Rétrospective Giorgio Morandi. Jusqu’au 22 septembre. l e n ATISSE ET LE AUVISME Du 14 septembre au 6 janvier janvier. Florence Weimar Casa Buonarroti : Canova, la Schiller-Museum : Affinités électil l beauté et la mémoire. Jusqu’au 21 octobre. l Galleria dell’Academia : Du lys à ves. Une collection anglaise d’art graphique allemand à l’époque de Goethe. Jusqu’au 3 nov. d a 81 expos itions Genève Art en île - Halle Nord (pl. de l’île l 1) Greg Hug. Jusqu’au 5 octobre. Art & Public (Bains 37) Allan McCollum. Jusqu’au 19 octobre l Blancpain Art Contemporain (Maraîchers 63) Eric Poitevin. Jusqu’au 2 novembre. l Blondeau & Cie (Muse 5) Alessandro Twombly. Jusqu’au 21 décembre. l Centre d'Art Contemporain (Vieux-Grenadiers 10) Rétrospective Pablo Bronstein. Jusqu’au 24 nov. l Cabinet d’Arts graphiques (Promenade du Pin 5) Picasso devnt la télé. Du 10 octobre au 15 décembre. l Centre d'édition contemporaine (Saint-Léger 18) David Hominal. Jusqu’au 19 octobre. l Centre de la Photographie (Bains 28) John Stezaker / Robert Suermondt - “Couper / Coller“. Jusqu’au 27 octobre. l Ferme de la Chapelle, GrandLancy (39, rte de la Chapelle) Elsa Alayse, Claire Curneen, Olivier de Sagazan. Jusqu’au 13 oct. l Fondation Bodmer (Cologny) Wagner ou l’opéra hors de soi. Du 5 octobre au 23 février l Galerie Anton Meier (Athénée 2) Sélection pour Kunst Zurich 13. Jusqu’au 19 octobre.aq l Galerie Bärtschi (rte des Jeunes 43) Antoine Roegiers. Jusqu’au 11 octobre. Marina Abramovic. Du 17 octobre au 17 janvier. l Galerie de la Béraudière (E.Dumont 2) Maîtres impressionnistes, surréalistes et modernes. Jusqu’au 31 octobre. l Galerie Patrick Cramer (VieuxBillard 2) Daniel Clément. Jusqu’au 26 octobre. l Galerie Skopia (Vieux-Grenadiers 9) Alex Hanimann. Jusqu’au 26 octobre. l Galerie Turetsky (Grand-Rue 25) Catherine Gfeller. Jusqu’au 26 octobre. l Mamco (Vieux-Granadiers 10) Cycle Des Histoires sans fin, séquence automne-hiver 2013-2014 / Katinka Bock, Victor Burgin, Toni Grand. Du 15 octobre au 19 janvier. l Milkshake Agency (24, Montbrillant) Alexandra Häberli / Eric Phillippoz. Du 8 octobre au 10 nov. l Musée Ariana (Av. Paix 10) Akio Takamori - Portraits ordinaires. Jusqu’au 27 octobre. Jean Fontaine - En fer sur terre. Jusqu’au 16 février l Musée d’art et d’histoire (Ch.Galland 2) Denis Savary - Les l 82 en Mannequins de Corot. Jusqu’au 27 octobre. l Musée Barbier-Mueller (J.-Calvin 10) Arts de l’Antiquité. Une collection centenaire. Jusqu’au 20 oct. l Musée de Carouge (pl. Sardaigne) Le Nain de Jardin - 14ème Concours international de céramique. Jusqu’au 10 novembre. l Saint-Gervais Genève, Salle Carole Roussopoulos (r. Temple) Je n'ai pas froid - vidéo et musique. Jusqu’au 20 octobre. l Xippas Art Contemporain (r. Sablons 6) Denis Savary. Jusqu’au 2 novembre. Lausanne Fondation de l’Hermitage (2, rte l Signal) Miró - Poésie et Lumière. Jusqu’au 27 octobre. l Galerie Humus (Terreaux 18 bis) Jean Fontaine. Jusqu’au 15 février l Galerie du Marché (Escaliers du Marché 1) Yves-Jules - Mon musée s uis s e à moi. Jusqu’au 2 novembre. l Mudac (pl. Cathédrale 6) Coup de sac ! Art et design autour du sac en plastique. Jusqu’au 6 octobre. Mastering Design - Design Academy Eindhoven et Royal College of Art. & No Name Design- Franco Clivio. Du 31 octobre au 9 février l Musée cantonal des beaux-arts (pl. Riponne) Making Space. 40 ans d'art vidéo. Du 18 octobre au 5 janvier l Musée de l’Elysée (Elysée 18) Sebastiao Salgado - Genesis & Paolo Woods - State. Jusqu’au 5 janvier. l Musée Historique de Lausanne : Louis Rivier - L'intimité transfigurée. Jusqu’au 27 octobre. D'un artiste à l'œuvre. Marcel Poncet (1894-1953). Jusqu’au 27 octobre. Bulle Musée : Daguerréotypes de J.l Ph. Girault de Prangey. Jusqu’au 31 décembre. Chaux/Fonds Musée des Beaux-Arts : l Alberto Magnelli. Pionnier de l'abstraction. Jusqu’au 20 octobre. l Musée international d'horlogerie : La drôle de montre de Monsieur Roskopf. Jusqu’au 19 janvier Fribourg l Bibliothèque cantonale et univer- sitaire : Tintin à Fribourg : dits et interdits. Jusqu’au 26 octobre. l Espace Tinguely - Saint-Phalle : Gilles Rotzetter. Jusqu’au 12 janvier. Martigny Fondation Pierre Gianadda : l Modigliani et l’Ecole de Paris. Jusqu’au 24 novembre. l Fondation Louis Moret (Barrières 33) Nicole Hassler. Jusqu’au 20 oct. l Le Manoir de la Ville : 40 ans de Visarte. Jusqu’au 17 novembre. Musée de l’Elysée Sebastião Salgado - Genesis Le Musée de l’Elysée consacre, pour la troisième fois, une exposition au photographe brésilien Sebastião Salgado qui, lors de ses nombreux voyages autour du globe, a immortalisé des lieux et des peuples qui ont échappé, jusqu’ici, à l’empreinte des sociétés modernes. Cette quête photographique, baptisée «Genesis», permet au visiteur de contempler près de 240 clichés, toujours en noir et blanc, qui font partie d’un projet photographique à long terme sur la question de l’environnement. Sebastião Salgado a ainsi navigué sur des océans, gravi des montagnes, traversé des déserts, observé des animaux et approché des peuples indigènes, dans l’idée de faire connaître leurs environnements et leurs cultures. Voyageant dans les coins les plus reculés, dans des conditions souvent difficiles, Salgado a su restituer la beauté de faces inconnues du monde, militant pour la nécessité de préserver la planète et sa beauté, qui sont aujourd’hui en péril. «Genesis» est aussi un travail sur le rapport de l’homme à la nature, des grands déserts aux vastes océans, et peut être considéré comme le troisième volet de l’exploration à long terme de Salgado sur les enjeux mondiaux, après «La Main de l’homme» (1993) et «Exodes» (2000), formes de bilan humain des changements économiques et sociaux intervenus à l’échelle planétaire, L’exposition est divisée en cinq sections géographiques, formes de miroirs du fonctionnement de la nature : le Sud de la planète, les sanctuaires naturels, l’Afrique, le Nord de la planète et l’Amazonie. Ces images parcourent également le monde et sont présentées en parallèle au Musée de l’Elysée à Paris et à São Paulo, après avoir fait escale à Londres, Toronto, Rome et Rio de Janeiro. Sanctuaires. Teureum, «sikeirei» et chef d’un clan mentawai. Ce chaman prépare un tamis à sagou a l’aide des feuilles de sagoutier. Ile de Siberut, Sumatra occidental, Indonésie, 2008. a g e n . A voir jusqu’au 5 janvier 2014 d a expos itions en Musée Jenisch, Vevey 25 ans de la Fondation Oskar Kokoschka Chefs-d’œuvre de la Fondation Oskar Kokoschka La Fondation Oskar Kokoschka consacre une exposition pour célébrer les 25 ans de sa création, ceci en présentant une sélection des plus belles œuvres de sa collection au Musée Jenisch, toutes des peintures à l’huile. Grâce à cette sélection, le visiteur pourra suivre toutes les étapes du parcours artistique de Kokoschka (Pochlarn, Autriche, 1886 - Montreux, 1980), depuis ses débuts à l’Ecole des Arts appliqués de Vienne en 1904, jusqu’aux dernières années de sa vie à Villeneuve. s uis s e l Musée des Beaux-Arts (Hodlerstr. 8-12) Entre les Mots - Hommage à Mumprecht. & Paolo Bellini James Licini - Josef Maria Odermatt. Jusqu’au 10 novembre. Feu sacré. Jusqu’au 5 janvier. l Musée d’Histoire de Berne (Helvetiaplatz 5) Quin, l’empereur éternel et ses guerriers de terre cuite. Jusqu’au 17 novembre Bienne CentrePasqu’Art (fbg Lac 71-75) l Parmi les chefs-d’œuvre exposés se trouvent des morceaux choisis comme la «Madone de Lassing» (1906), son premier tableau à sujet religieux, le «Paysage hongrois» (1908) considéré comme son premier paysage, des œuvres inspirées de son voyage en Afrique du Nord (voir ci-contre), ou encore le premier portrait de sa future épouse Olda. C’est grace à cette dernière que la «Fondation à la mémoire de Oskar Kokoschka», créée en 1988, constitue aujourd’hui le plus grand fonds d’œuvres de l’artiste au monde. Oskar Kokoscha «Femmes arabes», 1929. Huile sur toile, 88.5 × 127.5 cm © Fondation Oskar Kokoschka, Vevey / 2013, ProLitteris . A voir jusqu’au 17 novembre 2013 Mézières Musée du papier peint : Fusions l - œuvres en verre contemporaines. Jusqu’au 3 novembre. Neuchâtel Galerie Dietesheim (Château 8- vre de la Fondation Oskar Kokoschka. Jusqu’au 17 nov. l Musée suisse de l’Appareil photographique (Grand Place) Maxim ou la colorisation. Jusqu’au 9 mars l 10) Erik Desmazières. Jusqu’au 27 octobre. l Laténium (Hauterive) Fleurs des Pharaons. Jusqu’au 2 mars 2014. l Musée d’art et d’histoire : Neuchâtel et ses princes prussiens. Jusqu’au 6 octobre. l Musée d’ethnographie (St- Nicolas) MEN. Hors-champs. Jusqu’au 20 octobre. Prangins Musée national suisse (Château) l C’est la vie. Photos de presse depuis 1940. Jusqu’au 20 octobre. Vevey Alimentarium : Délices d’artisl tes. Jusqu’au 16 novembre. l Musée Jenisch : Lemancholia. Traité artistique du Léman. Jusqu’au 13 octobre. Chefs-d’œu- a g OUTRE SARINE Bâle Antikenmuseum l Basel (St. Alban-Graben 5) Comment être un homme? Le sexe fort dans l'antiquité. Jusqu’au 30 mars. l Fondation Beyeler (Riehen) Maurizio Cattelan. Jusqu’au 6 octobre. Thomas Schutte. Du 6 octobre au 2 février l Kunsthalle : Allyson Vieira. & Leonor Antunes. Jusqu’au 10 nov. l Kunstmuseum (St. Alban-Graben 16) Piet Mondrian. Barnett Newman - Dan Flavin. Jusqu’au 19 janvier l Museum für Gegenwartskunst (St. Alban-Rheinweg 60) Everytime you think of me, I die, a little. The Memento Mori by Andy Warhol and e n Fabian Marti. & Claudia Comte Omar Ba. Jusqu’au 24 nov. l PhotoforumPasqu’Art : Following the Scent of a Blowfly. Du 13 octobre au 24 novembre. Lörrach l Dreiländermuseum : Le nazisme à Lörrach. Jusqu’au 13 octobre. Riggisberg Abegg-Stiftung : Le plaisir de l collectionner - Objets d’art et textiles de collections privées anciennes. Jusqu’au 10 novembre. 83 Weil / Rhein Vitra Design Museum : Lightopia. l Jusqu’au 16 mars. Winterthur Fotomuseum (Grüzenstr. 44) l Douglas Gordon. Jusqu’au 9 février. Musée des Cultures (Münsterpl. 20) Make Up - Pour toute une vie ? Jusqu’au 6 juillet l Cartoonmuseum (St. AlbanVorstadt 28) Les Aventures de la Ligne claire. L'affaire Herr G. & Co. Du 26 octobre au 9 mars. l HMB - Museum für Musik / Im Lohnhof (Im Lohnhof 9) pop@bâle. La musique pop et rock depuis les années 1950. Jusqu’au 29 juin. l Musée Tinguely (Paul SacherAnlage 1) Metamatic Reloaded. Des projets d'art contemporains dialoguent avec les machines à dessiner de Tinguely. Du 23 octobre au 26 janvier. l Spielzeug Welten Museum : Marilyn privée: l'être humain derrière le concept Monroe. Du 19 octobre au 6 avril. l Berne Centre Paul Klee (Monument im l Fruchtland 3) Satire – Ironie – Grotesque. Jusqu’au 6 octobre. Olaf Breuning – The Grid. Jusqu’au 10 novembre. Paul Klee – Vie et Œuvre. Du 18 octobre au 30 mars. d a Cross Over - Photo de la science + science de la photo. Jusqu’au 17 novembre. l Fotostiftung Schweiz (Grüzenstr. 45) Emil Schulthess – rétrospective. Jusqu’au 23 février. l Museum Oskar Reinhart (Stadthausstr. 6) Mondes d’enfants. Jusqu’au 16 novembre. Zurich Kunsthaus (Heimpl.1) Lonnie van l Brummelen et Siebren de Haan Revolt of the Giants. Jusqu’au 10 novembre l Landesmuseum : Charlemagne et la Suisse. Jusqu’au 2 février. l Museum Bellerive (Augustinergasse 9) L'Empire des Plis - Mode et Art Textile du Japon. Jusqu’au 12 janvier. l Museum für Gestaltung (Austellungsstr. 60) Galerie : René Burri - Une double vie. Jusqu’au 13 octobre. Halle : Martin Parr Souvenir. Jusqu’au 5 janvier. l Museum Rietberg (Gablerstr. 15) Yaks, Yetis, Yogis - Le Tibet dans la bande dessinée. Jusqu’au 10 novembre. expos ition la fondation auer pour la photographie Patrimoine en sursis ? Michèle et Michel Auer ont créé en 2009 la Fondation Ory Auer pour la Photographie installée depuis 2012 à Hermance (GE), un charmant village frontalier au bord du lac Léman. Mais c’est depuis plus de 40 ans que ce couple passionné par la photographie collectionne des documents aussi rares qu’exceptionnels. La vision qui anime M+M Auer est de préserver, valoriser et transmettre aux générations futures un patrimoine embrassant l’histoire de la photographie depuis son origine jusqu’à nos jours. 84 Réalisé par les architectes Brodbeck et Roulet, le bâtiment développe un espace moderne et fonctionnel de 250 m2 composé d’une salle d’exposition, d’une bibliothèque, d’un espace d’archivage et de projection. La position dominante de la maison au sommet du village offre de belles échappées sur la verdure environnante, la vieille Tour d’Hermance ou sur le lac en contrebas. On ne peut imaginer plus bel écrin pour abriter une collection unique au monde qui compte 50.000 photographies originales, 20.000 ouvrages consacrés au 8ème art, plusieurs centaines d’appareils, des affiches, divers écrits et correspondances, des objets d’art. M+M Auer ont un sens de l’accueil légendaire, ils n’hésitent pas à vous livrer d’incroyables récits et anecdotes sur le monde de la photo et des photographes qu’ils fréquentent depuis tant d’années. La Fondation organise d’ailleurs de nombreux stages et workshops réservés à des chercheurs et artistes qui souhaitent approfondir un domaine spécifique. Avec un rythme de 4 expositions annuelles, la Fondation poursuit ses objectifs de découverte et de diffusion de l’œuvre d’artistes connus ou oubliés et de jeunes talents prometteurs. S’ajoute Expo «Regarde! des enfants» au "Commun" (BAC, Genève) : Peter Knapp, 1985 - Chaussures Courèges a une importante activité éditoriale avec la réalisation de catalogues et d’ouvrages spécialisés dans le domaine de la photographie, par exemple l’Encyclopédie Internationale des Photographes, initiée en 1983 et constamment remise à jour. Ainsi la collection n’est-elle pas figée et évoluet-elle en permanence, accompagnant les artistes, les courants et la diversité des expressions, des techniques. Mentionnons enfin que de nombreux photographes ont choisi de déposer leurs archives à la Fondation, ces dons enrichissent régulièrement le fonds et la diversité de la Collection Auer. Précarité et risque d’expatriation Cet immense travail de conservation et de sensibilisation du public à l’art de la photographie, reconnu au niveau international notamment grâce à l’organisation d’expositions et de collaborations institutionnelles de premier plan, ne met pas pour autant la Fondation Auer à l’abri d’une réelle précarité. En effet M+M Auer, compte tenu de leur âge, cherchent des successeurs ; ils souhaiteraient transmettre à la Ville de Genève le patrimoine exceptionnel de la Fondation afin de garantir la pérennité de ses activités, mais aussi pour laisser aux Genevois un trésor qui contribue à faire rayonner la cité de Calvin à l’extérieur. Or non seulement les autorités culturelles locales restent, pour l’heure, indifférentes à cette perspective, mais celles-ci en outre réduisent progressivement leur soutien financier et logistique à l’institution qui se trouve de plus en plus isolée. Cette situation met en lumière l’un des paradoxes majeurs de la politique culturelle genevoise qui se caractérise souvent par un manque de vision à long terme et des conflits d’intérêts, conduisant à une dispersion des ressources et des moyens. Certes la Ville a acquis récemment le Fonds Boissonnas, une mémoire précieuse de la scène photographique genevoise qui se trouve maintenant au Centre d’Iconographie ; certes le Centre Genevois de la c t u a Photographie, qui a connu maintes crises directionnelles et changements d’options stylistiques, développe une activité plus documentaire qu’artistique ; certes les institutions muséales exposent de nombreux photographes ; certes le magistrat Sami Kanaan rêve de créer une « maison de la photographie ». Il n’en demeure pas moins que l’art de la photographie est sous-représenté à Genève ou du moins exposé de façon parcellaire, dans divers lieux aux objectifs différents et collaborant peu entre eux. Aussi au moment où l’offre culturelle constitue le premier pilier de l’affluence touristique, l’expression photographique ne dispose-t-elle toujours pas d’un lieu de référence majeur, alors que manifestement toutes les conditions sont réunies pour le créer. Faute de soutien et sans concrétisation d’un projet de transmission à court terme, la Fondation Auer pourrait fort bien s’expatrier. Ce ne sont pas les offres qui manquent venant du Japon ou de l’Australie, si cela devait arriver un patrimoine inestimable serait perdu. Programmation M+M Auer poursuivent néanmoins leurs activités en organisant à la Fondation d’Hermance, du 26 octobre 2013 au 25 janvier 2014, une exposition intitulée « Bleu, bleus » consacrée au photographe suisse Peter Knapp qui malgré son âge de 80 ans continue à être actif. A l’espace du « Commun », dans le bâtiment du BAC, à Genève, s’ouvrira dès le 1er octobre (jusqu’au 30 novembre 2013) l’exposition « Regarde ! Des enfants » une proposition qui, à partir des archives de la Fondation, montre l’histoire d’une famille, de la naissance de l’enfant jusqu’à sa mort. Enfin M+M Auer mûrissent un grand projet d’exposition autour de la figure d’un des plus grands photographes du 20ème siècle : Leslie Krims, né en 1942 à Brooklyn. Son œuvre baroque et onirique, peu connue du grand public, jette cependant un regard critique et dérangeant sur la société américaine. La collection Auer possède des Krims de différentes périodes ce qui lui a permis de constituer un solide dossier soumis à diverses institutions locales, afin d’organiser de concert une exposition rétrospective en 2014. Or celles-ci, étonnamment, ont rejeté ce projet inédit, on comprend dès lors le découragement de M+M Auer face à une telle inertie. D’après des propos recueillis par Françoise-Hélène Brou Fondation Auer Ory pour la Photographie, 10 Rue du Couchant, Hermance (GE). Tél + (0) 22 751 27 83 – www.auerphoto.com l i t é p a r i s Sélection musicale d’octobre 2013 : sera joué par Emmanuelle Haïm à la tête du Concert d’Astrée avec Sonya Le plus célèbre opéra de Verdi, Aida, sera enfin donné l'Opéra Bastille : Yoncheva (Aci), Delphine Galou (Galatea) et Laurent Naouri (Polifemo). il était temps, la dernière représentation ayant eu lieu au Palais Garnier en février 1968 avec Leontyne Price dans le rôle titre. Pour faire de cet événeDu côté de la Salle Pleyel, grand concert donné dans le cadre des ment un grand moment, la direction a fait appel à Olivier Py qui devrait en Grandes Voix le 8 octobre, chanté par Camilla Nylund et José Cura en surprendre plus d'uns et à Philippe Jordan qui poursuit son parcours verdien compagnie de l'Orchestre National d'Ile-de-France et du chef Mario de Rose après La forza dela destino. La distribution est confiée aux artistes suivants, (Leoncavallo, Puccini et Verdi). Les Noces de Figaro de Mozart seront Carlo Cigni (Il Re), Luciana D’intino (A) ⁄Elena jouées en version de concert le 11 octobre par le Bocharova (B) (Amneris), Oksana Dyka (A) ⁄ Freiburger Barockorchester placé sous la direcLucrezia Garcia (B) (Aida), Marcelo Alvarez (A) tion de René Jacobs avec Pietro Spagnoli (le ⁄ Robert Dean Smith (B) (Radamès), Roberto comte Almaviva), Rosemary Joshua (la comtesse Scandiuzzi (10, 12, 15, 20, 29 oct., 2, 6, 9, 12, 14 Almaviva), Sophie Karthaüser (Susanna), et 16 nov.) / Alexei Botnarciuc (25 oct.) (Ramfis), Konstantin Wolff (Figaro), Anett Fritsch Sergey Murzaev (Amonasro) et Elodie Hache (Cherubino), Isabelle Poulenard (Marcellina), (Sacerdotessa), Orchestre et Chœur de l’Opéra Marcos Fink (Bartolo, Antonio), Thomas Walker national de Paris, du 10 octobre au 16 novembre. (Basilio, Don Curzio) et Lore Binon (Barbarina). A Garnier, reprise en douceur avec Mozart et la Le 12, l'Orchestre Pasdeloup dirigé par classique production de Cosi fan tutte (à partir du Wolfgang Doerner accompagnera Karine 22 octobre, dernière le 13 novembre) conçue par Deshayes et Jean-Pierre Furlan dans un proEzio Toffolutti et placée sous la direction de gramme Mozart, Messiaen et Mahler. Le 14 Michael Schonwandt avec Myrto Papatanasiu Patricia Petibon et La Cetra interpréteront des (Fiordiligi), Stéphanie d’Oustrac (Dorabella), airs de cour, d'opéra et de mélodies latino-amériDmitry Korchak (Ferrando), David Bizic caines du Nouveau Monde au XVIIe siècle, pro(Guglielmo), Lorenzo Regazzo (Don Alfonso) et posé dans le cadre des Grandes Voix. Bernarda Bobro (Despina), Orchestre et Chœur A Gaveau, le 15 octobre, concert du contreJosé Cura © DR de l’Opéra national de Paris. Toujours à La ténor Valer Sabadus qui chantera des airs d'opéBastille, du 27 octobre au 1er décembre, place à ras de Händel avec Il Pomo d'Oro dirigé par l'Elektra de Strauss imaginée par le prolifique Riccardo Minasi et le 19 place au Great Robert Carsen et dirigée par Philippe Jordan avec American Songbook par les King's Singers qui une distribution des grands soirs, Waltraud Meier proposeront un panorama de la chanson améri(Klytämnestra), Irene Theorin (Elektra), Ricarda caine allant de Porter à Gershwin, en passant par Merbeth (Chrysothemis), Kim Begley (Aegisth) les negro-spirituals (David Hurley et Timothy et Evgeny Nikitin (Orest), Orchestre et Chœur de Wayne-Wright, contre-ténors, Paul Phoenix, l’Opéra national de Paris, une production créée ténor, Christopher Bruerton et Christopher au Mai musical florentin. Gabbitas, barytons et Jonathan Howard, basse). Sur la scène du Châtelet du 9 octobre au 3 Le cycle Convergences débutera le 16 octonovembre 2013, le public pourra découvrir bre avec un programme Apollinaire proposé par Chantecler une comédie musicale où le tango Yann Beuron, Sophie Raynaud (piano) et s'exprime au plus haut degré, sur fond de crimes Stéphane Varupenne (récitant) ; mélodies de et de passion. Conçue et dirigée par Mora Godoy Poulenc, Honegger et Léo Ferré, poèmes et textes (chorégraphe), sur une musique originale et des en prose se succéderont, dans le cadre de arrangements signés Gerardo Gardelín, elle sera l'Amphithéâtre (second concert le 17). Le 23, Bo interprétée par Mora Godoy (Ritana), Horacio Skovhus interprétera le Winterreise de Schubert Godoy (Angel), Marcos Ayala (Amador), Camilla Nylund © Markus Hoffmann accompagné par Stefan Vladar. Graciela Calo (Margot) et Marcela Vespasiano Le TCE propose le 14 octobre une exécution (Alma). des Vêpres de la Vierge de Monteverdi dirigée par Jean-Claude Malgoire avec les interprètes Aurore Bucher, Jean-Michel Fumas, Marie-Laure Vu et entendu : Consécration parisienne pour l'impressionnante Lucia Coenjarts, Yasmina Favre, Robert Getchell, Vincent Lièvre-Picard, Denis di Lammermoor de Patrizia Ciofi à la Bastille le 7 septembre, entourée de Mignien, Alain Buet et Renaud Delaigue, La Grande Ecurie et la Chambre Vittorio Grigolo, de Ludovic Tézier et dirigée par Maurizio Benini. du Roy. Du 15 au 28 octobre opéra avec le retour de La Vestale de Gaspare Spontini (1807) dirigé par Jérémie Rhorer, mis en scène par Eric Lacascade Ailleurs en France : A l'Opéra de Lyon du 12 au 26 octobre, le cinéasavec dans le rôle-titre Ermonela Jaho (Julia), accompagnée par Andrew te Christophe Honoré met en scène le chef-d'œuvre de Poulenc, Dialogues Richards (Licinius), Béatrice Uria-Monzon (La Grande Vestale), Jean- des Carmélites, dans la fosse : Kazushi Ono. François Lesueur François Borras (Cinna) et Konstantin Gorny (Le Souverain Pontife), Le Cercle de l’Harmonie. Le 19 octobre Aci, Galatea e Polifemo de Haendel a c t u a l i t é 85 p a r i s théâtre de l’œuvre Et jamais nous ne serons séparés Il est des pièces de théâtre qui de prime abord nous rebutent et nous paraissent artificielles jusqu'au moment où le bienfondé et la cohérence des partis pris se révèlent à nous, dans la durée. C'est le cas de cette pièce de Jon Fosse dont l'abord en déroutera plus d'un : il faut accepter l'artificialité du texte, dont le caractère aride et répétitif ne produira des effets qu'au bout d'un certain temps, de même qu'il faut se faire au jeu compassé de Ludmila Mikaël avant de se rendre compte qu'il est en adéquation parfaite avec un personnage n'entretenant plus que des liens lâches avec la réalité. 86 Mais ce qui emporte notre adhésion, c'est le travail de mise en espace et d'éclairage, qui contribue à déréaliser subtilement une réalité pourtant proche de la nôtre. Soit une femme, dans un salon, attendant un homme qui ne vient pas, espérant son retour et se résignant à sa perte, alternativement. Les êtres se croisent et se parlent, mais sont-ils véritablement ensemble, coexistent-ils vraiment ? Au cœur de cette pièce se trouve une réflexion sur la présence et l'absence, la mémoire et l'oubli, les liens entre les êtres, entre les hommes et les choses, le passé et le présent, que la mise en scène de Marc Paquien excelle à éclairer. Les interactions entre les personnages prennent place au sein d'un univers bien connu du spectateur, mais dont la rationalité paraît comme suspendue par l'atmosphère mystérieuse créée par l'éclairage et le nappage sonore. Les plus beaux moments sont alors ceux où cette ambiance fait écho au trouble du personnage : le jour clair qui se lève semble annoncer le retour tant espéré avant que la lumière ne vire au jaune cru, couleur artificielle disant l'aveuglement têtu de l'héroïne. Et même si le texte pèche peut-être par trop de schématisme, le balancement de celle-ci, entre attente pleine d'espoir et lucidité mélancolique, finit par nous toucher. Julien Roche Jusqu'au 13 octobre 2013 Théâtre de l'Oeuvre, Paris «Et nous ne serons jamais séparés» © Pascal Victor a c t u a l i t é b e a u x - a r t s Galeries nationales du Grand-Palais Félix Vallotton. Le feu sous la glace Cet automne, Félix Vallotton (1865-1925) sera à l’honneur au Grand-Palais pour une grande rétrospective de son œuvre, qui permettra de faire découvrir ce peintre suisse encore méconnu du grand public. Ce projet est initié par le Musée d’Orsay et la Réunion des musées nationaux; il est largement soutenu par le Musée d’art et d’histoire de Genève, qui prête à cette occasion sept tableaux - «Femmes nues jouant aux dames», «Le Bain turc», «Le Sommeil», «Le Retour de la mer», «Persée tuant le dragon», «Orphée dépecé par les Ménades», «La Haine», quinze gravures et un album appartenant à ses collections. Félix Vallotton est un artiste unique qui, bien que proche des nabis, garde sa vie durant un style à la fois très personnel et résolument moderne. Reconnaissables entre toutes, ses toiles se distinguent par des couleurs raffinées et un dessin précis découpant la forme qu’il met également au service de la gravure. Travailleur acharné, il s’essaie à tous les genres : portrait, nu, paysage, nature morte et même peinture d’histoire. En marge de l’exposition, il sera possible de visionner le film de Juliette Cazanave, «Félix Vallotton - La vie à distance», une enquête sur les talents d’un artiste multiple et les contradictions d’une personnalité complexe(pour l’horaire des projections, se référer au site internet du Grand Palas). . Du 2 octobre 2013 au 20 janvier 2014 puis à : Amsterdam, Musée Van Gogh, du 14 février au 1er juin 2014 et à Tokyo, Musée Mitsubishi, du 14 juin au 23 septembre 2014 Felix Vallotton «La Greve blanche, Vasouy», 1913 huile sur toile, 73 x 54 cm Suisse, collection particuliere © collection particuliere / photo Markus Muhlheim, Polith SA, Suisse Centre Pompidou l ALBERT SERRA – jusqu’au 26 oct. l ROY LICHTENSTEIN – jusqu’au 4 nov. l PIERRE HUYGUE – jusqu’au 6 janv. Cité de l’Architecture l 1925, QUANT L’ART DÉCO SÉDUIT LE MONDE – du 16 octobre au 17 fév. Fondation Cartier l RON MUECK – jusqu’au 27 oct. Fondation Custodia l HYERONIMUS COCK - La gravure à la Renaissance – jusqu’au 15 déc. Grand Palais l FÉLIX VALLOTTON. Le feu sous la glace – du 2 octobre au 20 janvier l GEORGES BRAQUE (1882-1963), rétrospective – jusqu’au 6 janvier Jeu de Paume l ERWIN BLUMENFELD (1897-1969) & NATACHA NISIC. ÉCHO – du 15 octobre au 26 janvier La Maison Rouge l THÉÂTRE DU MONDE, invitation du collectionneur David Walsh – du 19 octobre au 12 janvier Maison du Japon l KANAZAWA - Aux sources d’une culture de samouraïs – du 2 octobre au 14 décembre a g Musée des arts décoratifs l TROMPE-L'OEIL – jusqu’au 15 nov. Musée d’art du judaïsme l RUE DES ROSIERS, photos d’Alécio de Andrade – jusqu’au 6 oct. l CHANA ORLOFF, «LE RETOUR», 1945 – jusqu’au 6 octobre Musée d’art moderne l PIERRE HENRY. Autoportrait en 53 tableaux – jusqu’au 1er déc. l DECORUM. Tapisseries et tapis d’artistes – du 11 oct. au 9 février l SERGE POLIAKOFF. Le rêve des formes – 18 octobre au 23 février l ZENG FANZHI – du 18 octobre au 16 février Musée Carnavalet l ROMAN D’UNE GARDE-ROBE, de la Belle Époque aux années 30 – du 17 octobre au 16 mars Musée Cernuschi l BRONZES DE LA CHINE IMPÉRIALE DU XE AU XIXE S. – jusqu’au 19 janvier Musée Dapper l INITIÉS, BASSIN DU CONGO & MASQUES DE ROMUALD HAZOUMÈ – du 9 octobre au 6 juillet Musée Guimet l ANGKOR, naissance d’un mythe. e n Louis Delaporte et le Cambodge – du 16 octobre au 13 janvier l SHO 2, calligraphie contemporaine japonaise – du 23 octobre au 13 janvier l TSUTSUGAKI, textiles indigo du Japon – jusqu’au 7 octobre Musée Jacquemart-André l DÉSIRS ET VOLUPTÉ À L’ÉPOQUE VICTORIENNE – jusqu’au 20 janvier Musée du Louvre l LE PRINTEMPS DE LA RENAISSANCE. La sculpture et les arts à Florence, 1400-1460 – jusqu’au 6 janvier l JEAN COUSIN PÈRE ET FILS. Une famille de peintres au XVIe siècle – du 17 octobre au 13 janvier Musée du Luxembourg l LA RENAISSANCE ET LE RÊVE, Bosch, Véronèse, Greco... – du 9 octobre au 26 janvier Musée Maillol l ETRUSQUES. Un hymne à la vie – jusqu’au 9 février Musée Marmottan-Monet l LES SŒURS DE NAPOLÉON. Trois destins italiens – du 3 octobre au 26 janvier d a Musée de Montmartre l IMPRESSIONS À MONTMARTRE. Delâtre, Müuler, Valadon – jusqu’au 12 janvier Musée de l’Orangerie l FRIDA KAHLO / DIEGO RIVERA. L'art en fusion – du 9 octobre au 13 janvier Musée d’Orsay l MASCULIN / MASCULIN. L'homme nu dans l'art de 1800 à nos jours. – jusqu’au 2 janvier l ALLEGRO BARBARO. BÉLA BARTÓK ET LA MODERNITÉ HONGROISE 1905-1920 – Du 15 octobre au 5 janvier Musée de la Vie Romantique l ESQUISSES PEINTES DE L’ÉPOQUE ROMANTIQUE – jusqu’au 2 février Musée Zadkine l VOYAGE DANS L'ANCIENNE RUSSIE – Du 9 octobre au 13 avril Petit Palais l L'ECOLE EN IMAGES – du 22 octobre au 26 janvier l JACOB JORDAENS (1593-1678) – jusqu’au 19 janvier l RUBENS (1577-1640) ET VAN DYCK (1599-1641). ESTAMPES – jusqu’au 26 janvier 87 t h é â t r e 88 ANTOINE (01.43.38.74.62) u Inconnu à cette adresse de Kressmann Taylor - jusqu’au 4 janvier. ATELIER (loc. 01.46.06.49.24) u La Locandiera de Goldoni - m.e.s. Marc Paquien - jusqu’au 25 janvier BOUFFES PARISIENS (loc. 01.42.96.92.42) u Hier est un autre jour ! de J.F. Cros, S. Meyniac - m.e.s. Eric Civanyan - jusqu’au 11 janvier CARTOUCHERIE THEATRE DU SOLEIL (loc. 01.43.74.24.08) u L’Histoire terrible mais inachevée de Norodom Sihanouk, roi du Cambodge de Hélène Cixous m.e.s. Georges Bigot et Delphine Cottu - du 3 au 26 octobre. CENTRE POMPIDOU (billetterie.centrepompidou) u Ground and Floor, texte et m.e.s. Toshiki Okada - du 9 au 12 octobre COLLINE (rés. 01.44.62.52.52) u Perturbation d’après T.Bernhard m.e.s. Krystian Lupa - jusqu’au 25 oct. u Vers Wanda de Marie Rémond création collective - du 4 au 26 oct. COMÉDIE FRANÇAISE SALLE RICHELIEU (01.44.58.15.15) u 4 femmes et un piano, cabaret dirigé par Sylvia Bergé - jusqu’au 13 oct. u La Tragédie d’Hamlet de Shakespeare - m.e.s. Dan Jemmett du 7 octobre au 12 janvier u Un fil à la patte de Georges Feydeau - m.e.s. Jérôme Deschamps - du 15 octobre au 22 décembre u Dom Juan ou le festin de pierre de Molière - m.e.s. Jean-Pierre Vincent du 28 octobre au 9 février STUDIO-THÉÂTRE (01.44.58.98.98) u La Fleur à la bouche de Luigi Pirandello - m.e.s. Louis Arene - jusqu’au 3 novembre VIEUX-COLOMBIER (01.44.39.87.00) u L’Anniversaire de Harold Pinter m.e.s. Claude Mouriéras - jusqu’au 24 octobre EDOUARD VII (01.47.42.59.92) u Nina d’André Roussin - m.e.s. Bernard Murat - avec François Berléand, Mathilde Seigner - jusqu’au 30 novembre LE CENTQUATRE (01.42.33.09.92) u La Barque le soir de Tarjei Vesaas m.e.s. Claude Régy - du 24 octobre au 24 novembre (reprise) MATHURINS (rés. 01.42.65.90.00) u Dernier coup de ciseaux de Marylin Abrams, Bruce Jordan, Paul Pörtner m.e.s. Sacha Danino, Sébastien Azzopard - jusqu’au 21 décembre. u L’Affaire Dussaert de et avec Jacques Mougenot - jusqu’au 21 déc. u Moi, Caravage de C. Capitani m.e.s. S. Grassian - jusqu’au 5 janvier. MÉLO D’AMÉLIE (01.40.26.11.11) u Le bal des crapules de Luc Chaumar - m.e.s. Corinne Boijols jusqu’au 10 novembre NOUVEAUTÉS (01.47.70.52.76) u Cher Trésor de et m.e.s. Francis Veber - avec Gérard Jugnot, Alexandra Vandernoot - jusqu’au 31 oct. ODÉON EUROPE (01.44.85.40.40) u Au Monde de Joël Pommerat - jusqu’au 19 octobre. u Les marchands de Joël Pommerat jusqu’au 19 octobre. AUX ATELIERS BERTHIER : u Die bitteren Tränen der Petra von Kant de Rainer Werner Fassbinder m.e.s. Martin Kušej - du 4 au 13 oct. ŒUVRE (01.44.53.88.88) u Et jamais nous ne serons séparés de Jon Fosse - m.e.s. Marc Paquien avec Ludmilla Mikaël - jusqu’au 13 octobre. PALAIS DES GLACES (01.42.02.27.17) u J'aime beaucoup ce que vous faites de Carole Greep - m.e.s. Xavier Letourneur - jusqu’au 27 octobre. POCHE (01.45.44.50.21) u Au bois lacté de Dylan Thomas - m.e.s. Stéphan Meldegg - jusq’au 8 décembre RANELAGH (loc. 01.42.88.64.44) u Le Neveu de Rameau de Diderot m.e.s. Jean-Pierre Rumeau - jusqu’au 31 décembre u La Religieuse de Diderot - m.e.s. Nicolas Vaude - jusqu’au 31 déc. ROND-POINT (01.44.95.98.21) u Anna d’après Pierre Koralnik m.e.s. Emmanuel Daumas - jusqu’au 6 octobre u Swan Lake - chor. Dada Masilo jusqu’au 6 octobre u L'Origine du monde de Sébastien Thiéry - m.e.s. Jean-Michel Ribes jusqu’au 2 novembre u Scènes de la vie d’acteur de Denis Podalydès - m.e.s. Scali Delpeyrat du 10 oct. au 10 nov. u Les visages et les corps de Patrice Chéreau - m.e.s. Philippe Calvario du 15 oct. au 10 nov. STUDIO DES CHAMPS-ÉLYSÉES (01.53.23.99.19) u Le porteur d’histoire de et m.e.s. Alexis Michalik - jusqu’au 30 déc. THÉÂTRE DE GENNEVILLIERS (loc. 01.41.32.26.26) u Current Location, texte et m.e.s. Toshiki Okada - du 14 au 19 octobre La danse en octobre La Théâtre de la ville accueille la Trisha Brown dance company pour deux programmes. Le premier, du 22 au 26 octobre, est constitué de «For MG : The movie», «Homemade» et «Newark» et le second, du 28 octobre au 1er novembre, de «Foray Forêt», «If you couldn’t see me» solo et «Astral convertible». Ce sont les dernières occasions de voir sur scène les pièces historiques de la chorégraphe américaine, âgée de 75 ans, avant la dissolution de sa compagnie. Jusqu’au 6 octobre, la chorégraphe sud-africaine Dada Masilo revisite le mythique «Lac des cygnes» avec Swan Lake au théâtre du Rond-Point, tandis que le théâtre du Châtelet a présenté la version classique de Natalia Makarova interprétée par le Ballet national de Chine en septembre. La grande compagnie chinoise poursuivra sa tournée avec «Le détachement féminin rouge» du 1 au 3 octobre. La Théâtre des Champs-Elysées, quant à lui, accueille du 31 octobre au 4 novembre le Ballet de Houston avec «Lang Lang dance project», idée originale du pianiste virtuose Lang Lang. De l’autre côté du périphérique, le Théâtre des Gémeaux à Sceaux présente le nouveau ballet d’Akram Khan, iTMOi, du 11 au 13 octobre par la Akram Khan company. N’hésitez pas y aller si vous l’avez raté en juin dernier au Théâtre des Champs Elysées. L’Opéra royal de Versailles accueille le Béjart Ballet Lausanne du 10 au 13 octobre avec «Le Boléro» de Maurice Béjart, l’une de ses pièces phare. «Swan Lake», chorégraphie de Dada Masilo. Crédit photo John Hogg a c t Stéphanie Nègre u a l i t é m é m e n t o Espace Fusterie Victoria Hall à 20h30 Beethoven Remember Shakti Le violoniste Tedi Papavrami et le pianiste François-Frédéric Guy interpréteront, lors de trois concerts au Temple de la Fusterie, l’intégrale des sonates pour violon et piano de Beethoven. Le programme sera le suivant : La saison Jazz Classics débute à Genève avec une soirée réunissant le guitariste John McLaughlin et le joueur de tabla Zakir Hussain; ces deux musiciens avaient fondé dans les années 70 un groupe nommé Shakti qui enthousiasmait tous les publics du globe grâce à une musique irrésistible qui mêlait la musique traditionelle indienne et le jazz. Puis pendant 25 ans, chaque musicien a continué sa route en solo. Vendredi 18 octobre à 20h00 : Sonate Opus 12 n°1, en ré majeur (19') / Sonate Opus 12 n°2, en la majeur (18') / Sonate Opus 12 n°3, en mi bémol majeur (17') / Sonate Opus 24, en fa majeur Printemps (22') Samedi 19 octobre à 16h00 : Sonate Opus 30 n°1, en la majeur (20') / Sonate Opus 30 n°2, en do mineur (25') / Sonate Opus 30 n°3, en sol majeur (17') Samedi 19 octobre à 20h00 : Tedi Papavrami © Jérôme Prébois Sonate Opus 23, en la mineur (21') / Sonate Opus 96, en sol majeur (24') / Sonate Opus 47, en la majeur À Kreutzer (35 ) . les 18 et 19 octobre 2013 Réservations : 079/643.92.77, [email protected] John McLaughlin © Lionel Flusin Mais aujourd’hui, le roi des tabla et le guitariste ont choisi de consacrer une soirée “souvenir“ à Shakti, déesse de la puissance et du pouvoir dont leur groupe avait pris le nom. Ils se retrouvent donc et seront accompagnés du mandoliniste U. Srinivas, du chanteur Shankar Mahadevan et du percussioniste V. Selvaganesh pour nous faire goûter au bonheur de leurs retrouvailles qui, nul doute, nous réserveront un festival de complicité artistique . 29 octobre 2013 Location : 0900.800.800 - TicketCorner Théâtre Saint-Gervais Théâtre du Grütli Ping Pang Qiu Bernard-Marie Koltès Lors du dernier festival d’Avignon, la performeuse espagnole Angélica Lidell, avec la rage au ventre qui la caractérise, présentait deux spectacles, «Ping Pang Qiu» et «Todo el cielo sobre la terra». Le premier, conçu comme une pièce quasi documentaire, est une façon pour l’artiste de dire son amour impossible voué à la Chine, à la beauté de cette culture qui s’annihile, rongée par l’envers de son décor. Il y est question de l’extinction d’un monde et des conséquences de cette disparition. Il y est question aussi d’un mariage entre discipline, passion et excès... Pour ce début de saison, le Théâtre du Grütli vous propose deux pièces de Bernard-Marie Koltès à voir sans modération ! Le théâtre de Koltès, fondé sur des problèmes réels, exprime la tragédie de l’être solitaire et de la mort. «Dans la solitude des champs de coton» (joué à 20h) met en scène un dealer et un client, un noir et un blanc dans une situation de deal. Le dealer sait que le client désire quelque chose qu'il peut lui offrir. Il est cependant dépendant lui aussi du désir du client. L'un et l'autre deviennent insépara- «Dans la solitude des champs de coton» © Isabelle Meister «Ping Pong Qiu» d'Angélica Liddell © Gerardo Sanz Entropique et festif, ce spectacle a séduit le public avignonnais; il sera accueilli au théâtre Saint-Gervais à fin octobre pour quelques représentations. . du 29 octobre au 2 novembre 2013 bles... Dans la deuxième pièce proposée, «La nuit juste avant les forêts» (joué à 21h30), on assiste à un soliloque exalté. Vingt ans après une première incursion dans les forêts koltésiennes, Eric Salama réactive ces textes sur l'impossible dire de la solitude contemporaine. . jusqu’au 6 octobre 2013 - à 20h, puis à 21h30 Réservations en ligne : www.saint-gervais.ch ou tél. 022/908.20.20 a g e Réservation : 022/888.44.88 ou [email protected] n d a 89 m é m GENEVE concerts 90 u 2.10. : Hors-Série. WAGNER GENEVA FESTIVAL – WAGNER & LA SUISSE. L’OCG, dir. Thomas Rösner, Kismara Pessatti, contralto (Wagner, Gluck, Schoeck). BFM à 20h (loc. 022/807.17.90 / [email protected] ou www.ticketportal.com) u 20.10. : Hors-Série. CONCERT DU DIMANCHE. L’OCG, dir. Arie Van Beek, Ronald Brautigam, piano (Ravel, Poulenc, Wagemans, Honegger). Victoria Hall à 17h (loc. 022/807.17.90 / [email protected] ou www.ticketportal.com) u dimanche 6.10. : Concertus Saisonnus. CAMERATA DU LÉMAN & FABRIZIO VON ARX, violon (Vivaldi, les Quatre Saisons - Rossini - Sarasate). Chapelle de l’Oratoire à 17h (Billets à l’entrée) u 7.10. : Temps & Musique. LAWRENCE POWER, alto et violon, TRULS MØRK, violoncelle, SIMON CRAWFORD-PHILLIPS, piano (Brahms). Conservatoire de Genève à 20h (loc. Service culturel Migros, Migros Nyon-La Combe, Stand Info Balexert) u 8.10. : Midi de la Fusterie. CRISTINA SEGURA RODRIGUEZ, chant. AROIA MACUSO JAUREGUI, piano (Granados, de Falla, Poulenc). Espace Fusterie à 12h30 (entreée libre) u 9.10. : Série Prélude. OSR, dir. Kazuki Yamada, ORCHESTRE DE LA HAUTE ECOLE DE MUSIQUE DE GENÈVE, Solistes de l'OSR (Mahler). Victoria Hall à 20h (Tél. 022/807.00.00 / [email protected]) u 12.10. : Les Grands Interprètes. ORCHESTRE SYMPHONIQUE DE L’ETAT DE SAO PAULO, dir. Marin Alsop. NELSON FREIRE, piano. Victoria Hall à 20h (loc. Service culturel Migros Genève, Stand Info Balexert, Migros Nyon-La Combe) u 12.10. : Concert en Famille n°1. FÊTE FOLKLORIQUE. Geneva Camerata, dir. David Greilsammer, Gilad Harel, clarinette. Naef Immobilier SA à 11h (sur place 1 h avant le concert / rés. [email protected]) u 13.10. : QUATUOR DE GENÈVE avec FRÉDÉRIC KIRCH, alto & FRANÇOIS GUYE, violoncelle (Beethoven, Schoenberg). Aula de l’Ecole Allemande, ch. de Champ-Claude 6, Vernier, à 16h (loc. 022/306.07.80, www.vernier.ch/billetterie) u 14.10. : Concert Sauvage no. 1. KLEZMER – ELECTRO. Geneva e n t Camerata, Gilad Harel. Comédie de Genève à 19h30 (sur place 1 h avant le concert / rés. [email protected]) u 15.10. : AUTOPORTRAITS, Sébastian Jacot, flûte, Antoine Françoise, piano, Barbara Zanichelli, soprano, Massimiliano Pascucci, ténor, Ensemble Contrechamps (Hoch, Donatoni). Studio ErnestAnsermet à 20h / 19h : présentation avec Francesco Hoch (billetterie 45 min. avant le concert / ou www.contrechamps.ch/reserver) u 16.10. : Série Symphonie. OSR, dir. Kazuki Yamada, DANIIL TRIFONOV, piano (Scriabine, Korngold, R. Strauss). Victoria Hall à 20h (Tél. 022/807.00.00 / [email protected]) u 18.10. : Série Répertoire. OSR, dir. Kazuki Yamada, DANIIL TRIFONOV, piano (Scriabine, Korngold, R. Strauss). Victoria Hall à 20h (Tél. 022/807.00.00 / [email protected]) u 18.10. : Les Vendredis de l’Ethno. DSCHANE, musiques tsiganes. AMRSud des Alpes à 21h30 (Tél. 022/919.04.94) u 18.10. : Les Grands Interprètes. QUATUOR BORODINE. Conservatoire de Musique à 20h (rens. 022/322.22.40 ou [email protected]) u 20.10. : QUATUOR DE GENÈVE avec FRÉDÉRIC KIRCH, alto & FRANÇOIS GUYE, violoncelle (Beethoven, Schoenberg). Musée d’art et d’histoire (salle des Armures), à 11h (Location sur place dès 10h le jour du concert) u 20.10. : Concert du dimanche de la ville de Genève. L'ORCHESTRE DE CHAMBRE DE GENÈVE, dir. Arie van Beek, RONALD BRAUTIGAM, piano (Ravel, Poulenc, Wagemans, Honegger). Victoria Hall à 11h (loc. Espace Ville de Genève - Pont de la Machine, Grütli, Genève Tourisme, Cité Seniors. Billetterie en ligne http://billetterie-culture.ville-ge.ch) u 21.10. : Les Grands Interprètes. ACADEMY OF ST MARTIN IN THE FIELDS, dir. et violon JOSHUA BELL. Victoria Hall à 20h (tél. 022/322.22.40 ou : [email protected]) u 23.10. : Série Grands Classiques. OSR, dir. Kazuki Yamada, JEAN-YVES THIBAUDET, piano (Rautavaara, Liszt, Schubert). Victoria Hall à 20h (Tél. 022/807.00.00 / [email protected]) u 28.10. : Migros-pour-cent-culturelclassics. ORCHESTRE DU FESTIVAL DE BUDAPEST, dir. Iván Fischer, MARIA JOÃO PIRES, piano, MARYSOL SCHALIT, soprano (Beethoven, Mozart, Dvořák). Victoria Hall à 20h (loc. SCM 022/319.61.11) u mardi 29.10. : Jazz Classics. a g o REMEMBER SHAKTI with John McLaughlin, Zakir Hussain, Shankar Mahadevan, V. Selvaganesh, U. Shrinivas. Victoria Hall à 20h30 (loc. 0900.800.800 / Ticketcorner) u 29.10. : Midi de la Fusterie. OLIVIER COMBIER, violoncelle. LUCIE PIERRARD, violon. VALENTINA GHEORGHIU, piano (Rachmaninov, Dvorak). Espace Fusterie à 12h30 (entreée libre) u 30.10. : Concert Prestige n°2. UNE FLÛTE ENCHANTÉE. Geneva Camerata, dir. David Greilsammer, Emmanuel Pahud, flûte (Mozart, Janssens, Carter, Haydn, Benda). Victoria Hall à 20h (loc. www.genevacamerata.com ou FNAC) théâtre u Jusqu’au 5.10. : FRANÇOIS, LE SAINT JONGLEUR de Dario Fo, m.e.s. Stéphane Michaud, Création. Théâtre Alchimic, mar-ven à 20h30; mer-jeu-sam-dim à 19h, relâche lun (rés. [email protected], ou 022/ 301.68.38 - loc. Service culturel Migros) u Jusqu’au 6.10. : LA NUIT JUSTE AVANT LES FORÊTS & DANS LA SOLITUDE DES CHAMPS DE COTON de BernardMarie Koltes, m.e.s. Eric Salama. Theatre du Grutli, petite salle à 20h (Dans la solitude des champs de coton) puis après l’entracte, à 21h30 (La nuit juste avant les forêts). Rés. 022/888.44.88 ou [email protected]. u Jusqu’au 13.10. : MAIS OÙ EST PASSÉ LÉON? de Didier de Calan et JeanPierre Lescot, m.e.s. Jean-Pierre Lescot, de 3 à 7 ans. Théâtre des Marionnettes, mer à 15h, sam à 17h, dim à 11h et 17h (rés. 022/807.31.07, [email protected]) u Jusqu’au 20.10. : UN MARI IDÉAL d'Oscar Wilde, m.e.s. Pierre Bauer, création. Théâtre des Amis, Carouge, mar-mer-ven à 20h, jeusam à 19h, dim à 18h (rens. 022/342.28.74) u Les 1, 2, 5, 6, 12, 13, 15, 16, 19, 20.10. : LE HIBOU, LE VENT ET NOUS de et m.e.s. Fabrice Melquiot, création, dès 8 ans. Théâtre Am Stram Gram (Loc. 022/735.79.24 et Service Culturel Migros) u Du 1.10. au 10.11. : AU BORD DE L'EAU de et m.e.s. Eve Bonfanti et Yves Hunstad. Théâtre de Carouge, Salle Gérard-Carrat, mar, mer, jeu et sam à 19h / ven à 20h / dim à 17h (billetterie : 022/343.43.43 [email protected]) u Du 1er au 12.10. : LA MAISON e n D'ANTAN par la Cie L'Alakran et Oscar Gómez Mata. Salle du Faubourg, rue des Terreaux-duTemple, mar-jeu-sam à 19h / mer-ven à 20h30 / dim à 18h (rés. sur : http://www.saintgervais.ch/) u Du 7 au 27.10. : MA MARSEILLAISE de Darina Al Joundi, m.e.s. Alain Timar. Le Poche-Genève, lun et ven à 20h30, mer-jeu-sam à 19h, dim à 17h, mardi relâche (rens./rés./loc. 022/310.37.59) u Du 8 au 10.10 : UNE JOURNÉE ORDINAIRE de Eric Assous, m.e.s. Anne Bourgeois. Avec Alain Delon, Anouchka Delon, Elisa Servier et Julien Dereims. Théâtre du Léman à 20h30 (location sur www.theatreduleman.com) u Du 8 au 20.10. : LES DEUX GENTILSHOMMES DE VÉRONE de Shakespeare, m.e.s. Khaled Khouri, Isabelle Rémy, Rossella Riccaboni. Théâtre du Loup, mar+jeu+sam à 19h, mer+ven à 20h, dim à 17h (rés. 022/301.31.00) u Du 8 au 20.10. : L’EMBRASEMENT (L’ABBAGLIO) de Loredana Bianconi, m.e.s. Anne Bisang, création. Le Galpon, du mar au sam à 20h, dim à 18h, relâche lun (rés. au 022/321.21.76 au plus tard 2 heures avant le début de l’événement - mail : [email protected]) u Du 8 au 27.10. : Dyptique Marion Aubert. LES AVENTURES DE NATHALIE NICOLE NICOLE de Marion Aubert, m.e.s. Camille Giacobino & LES TRUBLIONS de Marion Aubert, m.e.s. La Distillerie Cie. Le Grütli, Grande salle (sous-sol), mar-jeu-sam à 19h, mer-ven à 20h, dim à 18h. Relâche lun ([email protected] / 022/888.44.88) u Du 9 au 17.10. : 100'000 TIROIRS ET DES POUSSIÈRES!... de et par Philippe Vauchel. Théâtre en appartement (hors abonnement) - Création. (infos: 022/343.43.43 - [email protected]) u du 9.10. au 3.11. : LA POUPÉE TITANIC, de Thierry Debroux, m.e.s. Céline Sorin de Fox Compagnie. Théâtre du Crève-Cœur, Cologny (rés. 022/786.86.00) u Du 10 au 20.10. : CHANTONS QUAND MÊME! M.e.s. Frank Arnaudon. Théâtre Alchimic, mar et ven à 20h30; mer, jeu, sam et dim à 19h (rés. 022/301.68.38 / www.alchimic.ch - loc. Service culturel Migros) u 11.10. : LA DERNIÈRE VICTIME d'Alexandre Ostrovski, m.e.s. Youri Eremine. Grand Théâtre à 19h (loc. 022/322.50.50 et www.geneveopera.com/) u mercredi 12.10. : Les Théâtrales. LES MONTAGNES RUSSES d’Eric Assous, d a m m.e.s. Jean-Luc Moreau. Avec Bernard Tapie, Béatrice Rosen... BFM à 20h30 (Rés. 022/364.30.30 ou points de vente Fnac) u Du 13 au 18.10. : SIEGFRIED, NOCTURNE de Olivier Py, m.e.s. Hervé Loichemol. La Comédie de Genève, dim 17h, mar et ven à 19h, mar à 20h (loc. [email protected] / 022/320.50.01) u Du 18.10. au 7.11. : LA DAME DE LA MER d'après Henrik Ibsen, m.e.s. Omar Porras, Theatro Malandro. Théâtre de Carouge, Salle FrançoisSimon, mar, mer, jeu et sam à 19h / ven à 20h / dim à 17h (billetterie : 022/343.43.43 - [email protected]) u Du 24.10. au 3.11. : LABYRINTHE(S). Conception et écriture et mise en jeu Karelle Ménine. Théâtre de l’Usine, jeu-sam-dim à 19h, mer-ven à 20h30 (rés. 022/328.08.18 ou www.darksite.ch/theatreusine/) u Du 29.10. au 2.11. : POMPÉE / SOPHONISBE de Corneille, m.e.s. Brigitte Jaques-Wajeman. Horaires: POMPÉE, mar 29.10. à 20h & jeu 31.10. à 19h / SOPHONISBE, mer 30.10. à 19h & ven 1.11. à 20h / sam 2.11. : POMPÉE à 15h & SOPHONISBE à 19h30. La Comédie de Genève (loc. 022/320.50.01 / [email protected]) u Du 29.10. au 2.11. : PING PANG QIU par Angélica Liddell. Théâtre SaintGervais, Salle Marieluise Fleisser, 2ème sous-sol - grande salle, marjeu-sam à 19h, mer-ven à 20h30 (loc. 022/908.20.20 ou www.saintgervais.ch) opéra u 2.10. : COSI FAN TUTTE de Mozart, par l’Opéra-Studio de Genève. Salle communale de Chêne-Bougeries à 20h (loc. Service culturel Migros) u 6, 8, 10.10. : SIGURD d'Ernest Reyer, OSR, dir. Frédéric Chaslin. Chœur du Grand Théâtre, dir. Ching-Lien Wu. Victoria Hall à 19h30 (loc. 022/322.50.50 et www.geneveopera.com/) u 20.10. : MARIINSKY ACADEMY, LARISSA GERGIEVA, piano, MARIA BAYANKINA, soprano, YEKATERINA SERGEYEVA, mezzo-soprano, DMITRY VOROPAEV, ténor, GRIGORY CHERNETSOV, baryton. Grand Théâtre à 19h30 (billetterie : 022/322.50.50 et www.geneveopera.com/) danse g m e Association pour la danse contemporaine Tarab L’ADC accueille à la Salle des Eaux-Vives «Tarab», la nouvelle création de la Cie 7273. Conçue pour dix interprètes et chorégraphiée par Laurence Yadi et Nicolas Cantillon, cette pièce tire son nom de la musique arabe, le “tarab“ étant ce moment magique où celle-ci décolle. Par analogie, on parle de “swing“ dans le domaine du jazz, ou de “duende“ pour le flamenco. «Tarab» © Regis Golay © Federal Studio Dans le cas de cette création, musique et danse prennent corps, produisant une danse extatique bercée par les notes aux accents andalous de Sir Richard Bishop, qui accompagne de longue date les deux chorégraphes. . du 9 au 20 octobre 2013 Rés. : http://www.adc-geneve.ch/services/billetterie/reservations-de-places.html Le Songe d'une nuit d'été Inspiré par l’ouverture et la musique de scène pour «A Midsummer Night’s Dream» de William Shakespeare par Félix Mendelssohn, le chorégraphe Michel Kelemenis a créé un ballet délicat et raffiné pour mettre en scène la tourbillonnante comédie féerique et burlesque de Shakespeare. Michel Kelemenis © Barrett Il présentera sa nouvelle chorégraphie en création mondiale au Grand Théâtre en octobre. Le Ballet du Grand Théâtre sera accompagné par le Basel Sinfonietta, dirigé pour la circonstance par Robert Reimer. . Les 4, 5, 6, 7 et 9 octobre 2013 Réservation en ligne : http://www.geneveopera.ch/ e n d n t a o Cohen, Ballet du Grand Théâtre, dir. musicale Robert Reimer, Basel Sinfonietta. Grand Théâtre à 19h30, dim à 15h (billetterie : 022/322.50.50 et www.geneveopera.com/) u Du 9 au 20.10. : ADC. TARAB de Laurence Yadi et Nicolas Cantillon, création. Salle des Eaux-Vives, 82-84 r. Eaux-Vives, à 20h30 (billets : Service culturel Migros, Stand Info Balexert, Migros Nyon La Combe) u Du 10 au 13.10. : Stimul-Us 1. LE COUSIN LOINTAIN de et chor. Perrine Valli. Théâtre de l’Usine à 19h (rés. 022/328.08.18 ou www.theatredelusine.ch) u Du 10 au 13.10. : Stimul-Us 1. ENJOY SILENCE de et avec Célia Houdart et Mickaël Phelippeau. Théâtre de l’Usine à 20h30 (rés. 022/328.08.18 ou www.theatredelusine.ch) u 18 à 20h & 19.10. à 15h et 20h: PACO PEÑA DANCE COMPANY FLAMENCO VIVO. Théâtre du Léman (loc. www.theatreduleman.com) u Du 23 au 25.10. : SYNCHRONICITY par Carolyn Carlson. Théâtre du Léman à 20h30 (loc. www.theatreduleman.com) u Du 24.10. au 3.11. : LABYRINTHE(S) de et chor. Karelle Ménine. Théâtre de l’Usine, me-je-sa-di à 19h, ve à 20h30(rés. 022/328.08.18 ou www.theatredelusine.ch) divers Ballet du Grand Théâtre de Genève u 4, 5, 6, 7, 9.10. : LE SONGE D'UNE NUIT D'ÉTÉ de William Shakespeare, chor. Michel Kelemenis, dir. Philippe a é u 2.10 : ONE NIGHT OF QUEEN. Freddy Mercury est interprété par Gary Mullen. Théâtre du Léman à 20h30 (loc. TicketCorner et Fnac) u Du 4 au 6.10 : THE FULL MONTY. Théâtre du Léman à 20h, le 6 à 19h (loc. www.theatreduleman.com) u 11.10 : NOLWENN LEROY, “O Filles de l’eau“. Théâtre du Léman à 20h30 (loc. www.theatreduleman.com) u 12.10 : JAMEL COMEDY CLUB. Théâtre du Léman à 20h30 (location sur www.theatreduleman.com) u 12.10 : VERONIC DICAIRE - SOIRÉE DE GALA. Théâtre du Léman à 19h30 (loc. www.theatreduleman.com) u 27.10 : PASCAL OBISPO, «MILLÉSIMES». Théâtre du Léman à 19h (loc. www.theatreduleman.com) u 29.10. : UNE SOIRÉE AVEC JACK, repas avec Karelle Ménine et Jack Ralite. Théâtre de l’Usine à 20h (rés. 022/328.08.18 ou www.darksite.ch/theatreusine/) u 29.10 : CIRCUS OPERA POP. Théâtre du Léman à 20h30 (location sur www.theatreduleman.com) 91 m é m LAUSANNE concerts 92 u 2.10. : ENSEMBLE VOCAL ARPÈGE, CHOEUR HEP, EMUSICA POETICA, dir. Julien Laloux. Solistes: Sabina Fulgosi, Véronique Rossier, Jakob Pilgram et Marc-Olivier Oetterli (Mozart, Haydn). Cathédrale à 20h (rens. www.arpege.ch) u 6.10. : Les Concerts du dimanche. SINFONIETTA DE LAUSANNE, dir. Alexander Mayer, (Brahms). Salle Métropole à 11h15 (Billetterie de l’OCL: Tél. 021/345.00.25) u 17.10. : OSR, dir. Kazuki Yamada, DANIIL TRIFONOV, piano (Scriabine, Korngold, R. Strauss). Théâtre de Beaulieu à 20h15 (Tél. 022/807.00.00 / [email protected] ou chez Passion Musique) u 28 et 29.10. : O.C.L., dir. et piano LEON FLEISHER, KATHERINE JACOBSON FLEISHEr, piano (Dubugnon, Mozart, Beethoven). Salle Métropole à 20h (Billetterie de l’OCL: Tél. 021/345.00.25) u 29.10. : Les Entractes du mardi. JULIE LAFONTAINE, violon, NICOLAS PACHE, alto, LIONEL COTTET, violoncelle, SEBASTIAN SCHICK, contrebasse, MARIA-BARBARA NYTSCH, piano (Schubert). Salle Métropole à 12h30 (Billetterie de l’OCL: Tél. 021/345.00.25) théâtre u Jusqu’au 6.10. : L'ATELIER DES PETITS MACHINS TRUCS par les petits détournements, dès 4 ans. Le petit théâtre, mer à 17h, dim à 14h et 17h (rés. www.lepetittheatre.ch/) u Du 1er au 3.10. : UNE RACLETTE, m.e.s. Jean-Christophe Meurisse. L’Arsenic, ma, je 19h / me 20h ([email protected] / 021/625.11.36) u Du 1er au 11.10. : LES ANNÉES par Yvette Théraulaz, chant. Chapiteau Vidy-L, mar-mer-jeu-sam à 20h30, ven à 19h, dim à 17h (loc. 021/619.45.45) u Du 3 au 13.10. : LE TEMPS DES SIRÈNES d’Olivier Chiacchiari par la Cie Apsara, m.e.s. Carlos Diaz. Pulloff théâtres, mer + ven à 20h, mar, jeu + sam à 19h, dim à 18h (réservations 021/311.44.22 ou sur www.pulloff.ch) u Du 8 au 10.10. : HAMLET de Shakespeare, m.e.s. Thomas Ostermeier. Vidy-Lausanne, salle e n t o danse Aula de l’Ecole Allemande, Vernier Quatuor de Genève Pour la troisième fois de l’année, «Beethoven s’invite à Vernier» ! Apès avoir offert, en février 2013, un premier concert avec des œuvres de Beethoven et Ravel puis, en mai 2013, un deuxième concert alliant Beethoven et Chostakovitch, le troisième concert prévu proposera, en octobre prochain, un programme Beethoven (Quatuor à cordes opus 74 "Harpes") et Schoenberg (Sextuor "Verklärte Nacht"). Le Quatuor de Genève retrouvera donc en octobre l’Aula de l’Ecole Allemande, en compagnie de l’altiste Frédéric Kirch et du violoncelliste François Guye. u Du 29.10. au 17.11. : LA DÉRIVE DES CONTINENTS, m.e.s. et chor. Philippe Saire. Vidy-Lausanne, salle René Gonzalez, à 19h30, dim à 18h30, relâche le dim 4.11. (rés. 021/619.45.45 - www.billetterievidy.ch) divers u Du 15 au 17.10. : POINT. VIRGULE, mini-festival étudiant en ouverture de saison culturelle. La Grange de Dorigny (rés. 021/692.21.24) . dimanche 13 octobre 2013 à 16h François Guye Billetterie : 022/306.07.80 www.vernier.ch/billetterie Charles Apothéloz, mar à 21h, merjeu à 19h (rés. 021/619.45.45 www.billetterie-vidy.ch) u Du 8 au 13.10. : GIACOMO de et m.e.s. Massimo Furlan et Claire De Ribaupierre. L’Arsenic, ma/je/ve/sa à 19h, me à 20h30, di à 18h ([email protected] / 021/625.11.36) u Du 9 au 13.10. : LE BLEU DE MADELEINE ET LES AUTRES de Anne Luthaud, accueil de la Cie Les Arrosoirs, m.e.s. Anne-Marie Marques, dès 6 ans. Le petit théâtre, me à 17h / sa et di à 14h et 17h (rés. www.lepetittheatre.ch) u Du 23 au 30.10. : LA PAIRE DE CHAUSSURES de Pierre Gripari, m.e.s. Mathias Demoulin et Lionel Frésard, dès 3 ans. Le petit théâtre, me à 15h / sa et di à 11h, 15h et 17h (rés. www.lepetittheatre.ch) u Du 25.10. au 2.11. : LA RONDE d'Arthur Shnitzler, m.e.s. Valentin Rossier, par l’Helvetic Shakespeare Cie. La Grange de Dorigny, ma-je-sa à 19h / me-ve à 20h30 / di à 17h (rés. 021/692.21.24) u Du 29.10. au 2.11. : LES FEMMES SAVANTES de Molière, m.e.s. Denis Marleau. Vidy-Lausanne, salle Charles Apothéloz, à 19h (rés. 021/619.45.45 - www.billetterievidy.ch) u Du 29.10. au 2.11. : ALL APOLOGIES / HAMLET, m.e.s. Alexandre Doublet, création. L’Arsenic, ma, je, sa 19h / me, ve 20h30 ([email protected] / 021/625.11.36) u Du 29.10. au 17.11. : NUL N’A LE DROIT DE MOURIR ICI de Yan Walther par le Théâtre de la Recherche, m.e.s. Yan Walther. Pulloff théâtres, a g mer + ven à 20h, mar, jeu + sam à 19h, dim à 18h (réservations 021/311.44.22 ou sur www.pulloff.ch) u Du 30.10. au 24.11. : STAYING ALIVE de et m.e.s. Antonio Buil, Delphine Lanza, Paola Pagani et Dorian Rossel. Vidy-Lausanne, salle La Passerelle, à 20h, dim à 18h, relâche lun et dim 3.11. (loc. 021/619.45.45) u 31.10., 1er et 3.11. : CÉLIMÈNE ET LE CARDINAL par la Cie Motamot, m.e.s. Rodolphe Ittig. Espace culturel des Terreaux, jeu à 19h, ven à 20h, dim à 17h (loc. http://www.terreaux.org/) opéra u 2.10. : Conférence Université. LAKMÉ, Conférencier: Philippe Bornet. Grange de Dorigny à 17h15 (www.unil.ch/lettres) u 4, 6, 9, 11, 13.10. : LAKMÉ de Léo Delibes. OCL & Chœur de l'Opéra de Lausanne, dir. Miquel Ortega, m.e.s. Lilo Baur. Opéra de Lausanne, ve à 20h / di 6 à 17h / me à 19h / di 13 à 15h (Billetterie : 021/315.40.20, lun-ven de 12h à 18h / en ligne et infos : www.opera-lausanne.ch) u 8.10. : Midi-récitals - Artistes de LAKMÉ. Salle de l'Opéra de Lausanne à 12h15 (billets sur place). u 27.10. : L’ORFEO de Monteverdi. Ensemble Elyma, dir. Gabriel Garrido, dans le cadre du Festival Bach de Lausanne, en coproduction avec l’Opéra de Lausanne. Opéra de Lausanne à 17h (Billetterie : 021/315.40.20, lun-ven de 12h à 18h / www.opera-lausanne.ch) e n AILLEURS ambronay FESTIVAL (rés. 04.74.38.74.04, www.ambronay.org, www.concertclassic.com) u mer. 2.10. : NUITS OCCITANES, Ensemble Céladon. Prieuré de Blyes à 20h30 u jeu. 3 et ven. 4.10. : ORFEO, Académie d’Ambronay. Théâtre de Bourg-en-Bresse à 20h30 u ven. 4.10. : IMPROS RENAISSANCE, ArFolia Libra. Chapiteau à 21h u sam. 5.10. : Jeunes Ensembles, CAPELLA SANCTAE CRUCIS. Salle Monteverdi à 17h u sam. 5.10. : MATER DOLOROSA, Les Talens Lyriques & C. Rousset. Abbatiale à 20h30 u sam. 5.10. : TITI ROBIN TRIO. Chapiteau à 21h u sam. 5.10. : LA RÊVEUSE, Jordi Savall. Abbatiale à 20h30 u dim. 6.10. : LE CLAVECIN FRANÇAIS, Christophe Rousset. Abbatiale à 11h u dim. 6.10. : SONGES SACRÉS, Ensemble Les Surprises. Tour Dauphine à 14h30 u dim. 6.10. : LA COUR D’ÉOLE, Cie La Corde à vent. Chapiteau à 15h u dim. 6.10. : LE CONCERT DES NATIONS, Jordi Savall. Abbatiale à 17h annecy BONLIEU SCÈNE NATIONALE aux Haras d’Annecy, sauf mention contraire (rens./rés. 04.50.33.44.11 / [email protected]) u 8, 9, 11, 12, 13, 15, 16, 18, 19, 20, 22, 23.10. : GOLGOTA par Bartabas et Andrés Marin d a m u 15.10. : MAXIME LE FORESTIER, Musique u 15.10. : INVENTIONS, cycle des concertos pour vent de Mozart. Orchestre des Pays de Savoie, dir. Nicolas Chalvin, Camille Joutard, hautbois (Mulsant, Mozart, Janacek, Vanhal). Annecy, Eglise Sainte Bernadette (infos.+33 (0)4.79.33.42.71) u 17.10. : JEAN DUBÉ, musique u Du 29 au 31.10. : DOGORIANS de et m.e.s. Etienne Perruchon annemasse RELAIS CHÂTEAU-ROUGE à 20h30 sauf mention contraire (loc. +33/450.43.24.24) u 2.10. : UNE RACLETTE par le Collectif Chiens de Navarre, m.e.s. Jean-Christophe Meurisse u 3 et 4.10. : CHIEN, FEMME, HOMME de Sybille Berg, m.e.s. Nora Granovsky u 8.10. : DIALOGUE WITH ROTHKO, chor. et avec Carolyn Carlson u 9.10. : BOCAL QUINTET u 11.10. : JEAN-LOUIS MURAT u 15 et 16.10. : LES JEUNES de et m.e.s. David Lescot u 18.10. : LE BOCAL, jazz fribourg THÉÂTRE EQUILIBRE Salle Equilibre à 20h (billetterie : Fribourg Tourisme 026/350.11.00 / [email protected]) Equilibre: +41 26 350 11 00 u 3.10. : ORCHESTRE DE CHAMBRE FRIBOURGEOIS, Concert 1, dir. Laurent Gendre, CÉDRIC PESCIA, piano (Mozart, Schubert, Wagner) u 8.10. : INANNA, chor. Carolyn Carlson la chaux-fds ARC EN SCÈNES. CENTRE NEUCHÂTELOIS DES ARTS VIVANTS sauf mention contraire (loc. 032/967.60.50) u 3.10. : EUROPA GALANTE, dir. Fabio Biondi, ROBERTA INVERNIZZI, soprano, MARINA DI LISO, contralto (Pergolesi, Hasse, Porpora, Porsile). Salle de Musique à 20h15 (Billetterie 032/967.60.50 ou www.arcenscenes.ch/programme/societe-demusique/en-cours/) u 12.10. : hors saison : LE REQUIEM de Mozart. Salle de musique u Du 18.10. au 3.11., Temple allemand : LA MOUETTE de Tchekhov, m.e.s. Jean-Michel Potiron u 19.10. : hors saison. ANNE ROUMANOFF. Salle de musique a g é m e En région franco-suisse JazzContreBand La 17e édition du festival se déroulera du 3 au 26 octobre 2013 et offrira 45 concerts répartis sur 18 salles de la région franco-suisse. Les artistes réunis pour l’occasion sont originaires de la région genevoise - ainsi de la Fanfareduloup Orchestra -, de France voisine comme Titi Robin - ou font partie des grandes pointures internationales, tels Joshua Redman ou John Abercrombie... Parmi les salles concernées par ce festival, il y a du côté français le Brise Glace et le Jazz Club d’Annecy, le Château Rouge d’Annemasse ou la Maison des Arts de Thonon-les-Bains. Du côté helvétique, citons le Chat Noir de Carouge, l’Epicentre de Collonge-Bellerive Joshua Redman ou l’Echandole d’Yverdon-les-Bains, sans compter le Forum de Meyrin ou la Ferme Asile de Sion. . du 3 au 26 octobre 2013 Programme complet et informations pratiques disponibles sur : www.jazzcontreband.com u 22.10. : LA RONDE de Schnitzler, m.e.s. Valentin Rossier u 29.10. : STUTTGARTER PHILHARMONIKER, dir. Toshiyuki Kamioka, ALEXEI VOLODIN, piano (Tchaikovsky, Rachmaninov, Boro-dine). Salle de Musique à 20h15 (loc. 032/967.60.50 ou www.arcenscenes.ch/programme/societe-demusique/en-cours/) u 30.10. : MOLLY BLOOM d'Ulysse Joyce martigny FONDATION GIANADDA à 20 h, dimanche à 17 h, sauf mention contraire (loc. 027/722.39.78) u 2.10. : EUROPA GALANTE, dir. Fabio Biondi, ROBERTA INVERNIZZI, soprano, MARINA DI LISO, alto, (Hasse, Porpora, Porsile, Perglesi) u 16.10. : RENAUD CAPUÇON, violon, YAN LEVIONNOIS, violoncelle, DAVID KADOUCH, piano (Brahms) u Du 16 au 20.10. : OCCIDENT de Rémi De Vos, m.e.s. Frédéric Dussenne. Théâtre Alambic, Hôtelde-Ville 4, le 16 à 20h30, les 17 et 18 à 19h30, le 19 à 19h, le 20 à 17h (rés./loc. 027/722.94.22) e n meyrin FORUM MEYRIN à 20h30 sauf mention contraire (loc. 022/989.34.34) u 3 et 4.10. a 20h30 : THE SUIT. Can Themba – Peter Brook. Spectacle en anglais, surtitres en francais u 9.10. à 20h30 : THE UKULELE ORCHESTRA OF GREAT BRITAIN u 15 à 18h et 16.10. à 16h : MARRONS ET CHÂTAIGNES par la Compagnie Nid de Coucou (rencontre avec la Cie à l’issue des représentations) u 18.10. à 20h30 : JazzContre-Band. LES RIVES - TITI ROBIN u 29 et 30.10. à 20h30 : LE TRIOMPHE DE L’AMOUR de Marivaux, m.e.s. Galin Stoev mézières THÉÂTRE DU JORAT à 20h, dim à 17h, sauf mention contraire (rés. : www.theatredujorat.ch/) u 3, 4 et 6.10. : MONSIEUR CHASSE!, de Feydeau, m.e.s. Robert Sandoz. monthey THÉÂTRE DU CROCHETAN à 20h30 (loc. 024/471.62.67) u 1.10. : KATIA GUERREIRO, fado u 4.10. : GUY BEDOS : RIDEAU!, m.e.s. Roger Louret d a n t o u 8.10. Théâtre du Martolet : VOLPONE OU LE RENARD de Ben Jonson, m.e.s. Nicolas Briançon u Du 10 au 12.10. Hôpital de Malévoz : PIECES OF ME, par la Compagnie Cocoondance chor. Rafaële Giovanola u 12.10. Théâtre Les Halles à Sierre : DRIFT par la Compagnie Greffe, chor. Cindy Van Acker u 16.10. Théâtre de l'Alambic : OCCIDENT de Rémi De Vos, m.e.s. Frédéric Dussenne u 19.10. : LE ROI SE MEURT d'Eugène Ionesco, m.e.s. Georges Werler u 23.10. : ROMÉO ET JULIETTE, une création au Pays du Soleil Levant de Shakespeare, m.e.s. Omar Porras u 25.10. : GASPARD PROUST TAPINE morges THÉÂTRE DE BEAUSOBRE à 20h (loc. 024/471.62.67) u Du 7 au 9.10. : OLIVIER DE BENOIST u 11 et 12.10. : UNE JOURNÉE ORDINAIRE d'Eric Assous, m.e.s. JeanLuc Moreau u 29 et 30.10. : STEFAN EICHER neuchâtel THÉÂTRE DU PASSAGE. A 20h, di à 17h (loc. 032/717.79.07) u Du 2 au 4.10. : HISTOIRES CONDANSÉES de et par Foofwa d’Imobilité u 18, 19, 20, 22, 23, 24, 25, 26, 29, 30 et 31.10. et du 1 au 3.11. : LA MOUETTE d’Anton Tchekhov, m.e.s. Jean-Michel Potiron u 23, 25, 26, 27.10. : PERLIMPINPIN & COMPAGNIE d’après Gaetano Donizetti, m.e.s. Frédéric Mairy u 24.10. : UN MARI IDÉAL d’Oscar Wilde, m.e.s. Pierre Bauer u Du 29 au 31.10. et du 1er au 3.11.: DRACULA MON HISTOIRE d’Alan Committie et Gaetan Schmid, m.e.s. Nathalie Juvet THÉÂTRE DU POMMIER à 20h, di à 17h sauf mention contraire (loc. 024/471.62.67) u 5.10. à 17h : LE GÉNIE DE LA BOÎTE DE RAVIOLIS & ALBERTINE ZULLO. Cie Quatuor 4elles (CH) u Du 17 au 23.10. : LES COURTES & LABICHE par Cie Jehanne04 UnLtd, m.e.s. Sylviane Röösli u Du 24 au 26.10. à 20h : SANDRA QUI? par la Cie Carré Rouge, m.e.s. Sandra Amodio u 25 et 26.10. à 21h : FESTIVAL LA SUPÉRETTE & ELECTRONIQUE par la Cie Musiques actuelles u 30.10. au 2.11. à 15h : L’ECUYÈRE d’après Elzbieta par la Cie Fantôme. 93 m é m e nyon USINE À GAZ sauf mention contraire (loc. 022/361.44.04) u 4.10. : WAYNE PAUL, Café-concert, Electro-Dub u 6.10. : Les Matinales. LAWRENCE POWER, alto et violon, SIMON CRAWFORD-PHILLIPS, piano (Brahms, Hindemith). Grande salle de la Colombière à 11h15 (billetterie : Service culturel Migros, Migros Nyon-La Combe, Stand Info Balexert) u 10.10. : L'AGENCE LOUIS FRANÇOIS PINAGOT, Les artistes de la contrefaçon, m.e.s. Christian Geffroy Schlittler, Théâtre u 11.10. : GUILLAUME PERRET & THE ELECTRIC EPIC, Concert assis, Jazzrock u 18.10. : ARTHUR SAM, Café-concert, rock-folk u Du 25 au 26.10. : NYON'S ON FIRE FESTIVAL, métal-rock-électro 94 onex SPECTACLES ONÉSIENS, salle communale à 20h30 (loc. 022/879.59.99 ou SCM 022/319.61.11) u Du 1er au 3.10. : GUY BEDOS u 16.10. : BRIGITTE ROSSET SMARTIES, KLEENEX ET CANADA DRY u 18.10. : ANA MOURA, Fado u 31.10. : MARC PERRENOUD TRIO plan/ouates ESPACE VÉLODROME, sauf avis contraire (loc. 022/888.64.60) u 17.10. La Julienne : OCHUMARE, la voix des Orishas, Concert u 31.10. : ROCCHIPÉDIA (Massimo Rocchi), Théâtre pully L’OCTOGONE, à 20h30 sauf mention contraire (loc. 021/721.36.20) u 3.10. : BESTIAIRE D'AMOUR d'après la série Green Porno, m.e.s. Muriel Mayette, Spectacle-rencontre u 5.10. à 19h / hors saison : Amdathtra musiques du monde. KURDISTAN ET TUNISIE, Miço Kendes, chant buzuk, Hussein Zahaway, daf, Amine et Hamza M’Raïhi, oud quanun u 8.10. Pour l'Art et le Lutrin : CYCLE 1 - TRIO OSTROVSKI, MAROSI, WALKER (Mozart, Beethoven, Tchaikovski) n t o La Grange au Lac, Evian Marie-Nicole Lemieux & Sandrine Piau L’œuvre du compositeur allemand Georg Friedrich Haendel sera magnifiquement servie par deux cantatrices d’exception lors de la soirée du 12 octobre à La Grange au Lac. En effet, les duos «Our Limpid streams» («Joshua») ou «From this dread scene» («Juda Macchabeus») et les airs «Where shall I fly» («Hercules») ou «As with rosy steps the morn» («Theodora») seront interprétés par la contralto Marie-Nicole Lemieux et la soprano Sandrine Piau. Elles seront accompagnées par l’Ensemble Il Pomo d’Oro avec, à la direction et au premier violon R. Minasi. Les musiciens de ce groupe comptent parmi les meilleurs au monde dans le domaine de l’interprétation sur instruments d’époque. Une soirée qui s’annonce grandiose ! Marie-Nicole Lemieux © Denis Rouvre u 10.10. : RACE de David Mamet, m.e.s. Pierre Laville, Théâtre u 30.10. : JEAN-LOUIS MURAT, Musique sion THÉÂTRE DE VALÈRE à 20h15, sauf mention contraire (loc. 027/323.45.61) u 3 et 4.10. : MARC DONNET-MONAY TRANSMET SA JOIE de et par Marc Donnet-Monay u 9.10. : HITCH d’Alain Riou et Stéphane Boulan, m.e.s. Sébastien Graal u 19.10. Théâtre Alambic, Martigny : OCCIDENT de Rémi de Vos u 22.10. : UN MARI IDÉAL d'Oscar Wilde, m.e.s. Pierre Bauer thonon-évian MAISON DES ARTS, ESPACE MAURICE NOVARINA à 20h30, sauf mention contraire (loc. 04.50.71.39.47 ou en ligne : billetterie.mal-thonon.org) u 2.10. Théâtre de l'Arsenic, Lausanne : UNE RACLETTE par les Chiens de Navarre, m.e.s. JeanChristophe Meurisse, création u Du 2 au 4.10. : 24H DE LA VIE D’UN HOMME ORDINAIRE par Hyacinthe Reisch. Cirque u 5.10. : JOHN ABERCOMBIE QUARTET, Jazz u 8.10. Château Rouge, Annemasse : CAROLYN CARLSON de, avec et chor. Carolyn Carlson u Du 9 au 11.10. / Théâtre du Casino, Evian : POUR UN OUI OU POUR UN NON de Nathalie Sarraute, m.e.s. René Loyon u 12.10. / Gtrange au Lac à 20h, Evian : MARIE-NICOLE LEMIEUX et . Samedi 12 octobre à 20h Sandrine Piau © Antoine LeGrand/Naive réservation au 04 50 71 39 47 SANDRINE PIAU avec l'ORCHESTRE IL POMO D'ORO (Haendel) u 17 et 18.10. : MICHE ET DRATE, PAROLES BLANCHES de Gérald Chevrolet, m.e.s. Christian Duchange u 19.10. / Grange au Lac à 20h, Evian : JOSHUA REDMAN QUARTEt, Jazz u 22 et 23.10. / Espace Tully : LE SAKAKOUA de Philippe Campiche, m.e.s. Isabelle Bouet vevey THÉÂTRE. À 19h30, dimanche à 17h sauf mention contraire u 3 et 4.10. : 120 SECONDES PRÉSENTE LA SUISSE de et avec Vincent Kucholl et Vincent Veillon u 6.10. : ALDEBERT - Enfantillages 2, u 8.10. à 19h30 : Arts & Lettres. LAWRENCE POWER, alto et violon, SIMON CRAWFORD-PHILLIPS, piano (Brahms, Hindemith). u 10.10. : IL BACIO DI VERDI de l'Opéra de Poche de Fribourg, dir. et piano Anthony di Giantomasso u 12.10. : LA RONDE d'Arthur Schnitzler, m.e.s. Valentin Rossier u 26.10. : GASPARD PROUST de et par Gaspard Proust, dès 16 ans u 29.10. : MA MARSEILLAISE de Darina Al Joundi, m.e.s. Alain Timar, dès 14 ans u Du 31.10. au 3.11. : OrientalVevey. LES TRUBLIONS de Marion Aubert. Par la Distillerie Cie. Église Ste-Claire, je 19h | ve-sa 20h | di 17h30 (rés. au 021 923 74 50) a g e villars s/glâne ESPACE NUITHONIE Salle Mummenschanz à 20h, sauf mention contraire (billetterie : Fribourg Tourisme 026/350.11.00 / [email protected]) Nuithonie: +41 26 407 51 51 u 4 et 5.10. : FRANÇOIS D'ASSISE, Cie du Passage, m.e.s. Adel Hakim u 12 et 13.10. : FONTAINE, JE BOIRAIS DE TON EAU, par le Collectif Utilité Publique, chor. Corinne Rochet et Nicholas Pettit u 17.10. : LES ANNÉES, Yvette Théraulaz, chant yverdon THÉÂTRE BENNO BESSON sauf mention contraire (loc. 024/423.65.84) u 11.10. : FRATRICIDE de Dominique Warluzel, m.e.s. Delphine de Malherbe u 25.10. : STRADIVARI QUARTETT (Beethoven, Chostakovitch, Schubert) u 30.10. : STATIONNEMENT ALTERNÉ de Ray Cooney, les Amis du Boulevard romand, m.e.s. Antony Mettler THÉÂTRE DE L’ECHANDOLE (loc. 024/423.65.84 ou 024/423.65.89 une heure avant le spectacle) u 4.10. : RAAGA TRIO, Jazz u 6.10. : TOUR DE CHAMBRE de et par Florence Grivel u Du 9 au 11.10. : ENCORE! de et par Eugénie Rebetez u 26 et 27.10. : LE SAKAKOUA par Philippe Campiche et Jacques Bouduban n d a Saison de concerts 2013 | 2014 ÉVIAN-LES-BAINS Marie-Nicole Lemieux | Sandrine Piau | Orchestre Il Pomo d’Oro Streams of pleasure | Programme Haendel Direction musicale et premier violon : Riccardo Minasi | Marie-Nicole Lemieux, contralto | Sandrine Piau, soprano Samedi 12 octobre | 20h Orchestre des Pays de Savoie | Romain Leleu | Bertrand Chamayou Reflets Slaves | Direction musicale : Nicolas Chalvin | Romain Leleu, trompette | Bertrand Chamayou, piano | PROGRAMME : &KRVWDNRYLWFK1HUXGD'YRĔ¢N(OJDU Samedi 23 novembre | 20h Quatuor Jerusalem PROGRAMME : Brahms, Chostakovitch Vendredi 13 décembre | 20h Orchestre des Pays de Savoie | Tedi Papavrami Haute École de Musique de Genève Au-delà des frontières, entre romantisme et modernité | Direction musicale : Nicolas Chalvin | Tedi Papavrami, violon PROGRAMME : 3URNRILHY'YRĔ¢N&RPSRVLWLRQGşXQªWXGLDQWGHODFODVVHGH0LFKHO-DUUHOO Samedi 25 janvier | 20h Orchestre des Pays de Savoie | Choeurs et Solistes de Lyon-Bernard Tétu Musique sacrée du 20e siècle | 'LUHFWLRQPXVLFDOH%HUQDUG7ªWX_PROGRAMME : %ULWWHQ3RXOHQF)DXUª Samedi 29 mars | 20h Natalie Dessay | Philippe Cassard Natalie Dessay, soprano | Philippe Cassard, piano | PROGRAMME : Schumann, Brahms, Pfitzner, Strauss, Poulenc, Duparc, Chausson, Debussy,... Samedi 10 mai | 20h Orchestre des Pays de Savoie | Cédric Tiberghien | Sophie Karthäuser Cantabile, Récital lyrique Mozart | Direction musicale : Nicolas Chalvin | &ªGULF7LEHUJKLHQSLDQR_Sophie Karthäuser, soprano Samedi 24 mai | 20h Alexandre Tharaud | Jean-Guihen Queyras $OH[DQGUH7KDUDXGSLDQR_-HDQ*XLKHQ4XH\UDVYLRORQFHOOH | PROGRAMME : Bach, Brahms, Webern Samedi 7 juin | 20h Jazz à la Grange Joshua Redman Quartet . Samedi 19 octobre | Madeleine Peyroux . Vendredi 8 novembre Manu Katché . Samedi 8 février | Brad Mehldau Trio . Vendredi 28 février Sylvain Luc | Stefano Di Battista Quartet . Samedi 12 avril | Tous les concerts Jazz sont à 20h Scènes magazine Case postale 48 CH - 1211 Genève 4 PP 1200 Genève 4