Introduction
Lorsqu’à Narbonne, en 1907, les manifestations viticoles sont réprimées dans
le sang, les socialistes audois ne peuvent s’empêcher d’y voir une nouvelle
« semaine sanglante » et de se rappeler la fin tragique de la Commune de Paris.
Il faut dire que le maire de Narbonne, Ernest Ferroul, a toujours accordé une place
importante au souvenir de la Commune, et tout particulièrement bien sûr à la
Commune de Narbonne. En mars 1892, Ferroul préside à Paris, le banquet du
Parti Ouvrier et commémore la Commune en compagnie de Duc-Quercy et de
Jules Guesde1. Il donne aux places et aux rues de la ville de Narbonne les noms
de communards célèbres, parisiens (Benoît Malon) ou narbonnais (Emile Digeon) ;
il entre en conflit avec le ministère de l’Instruction publique lorsqu’il veut en
1911 dénommer les écoles primaires de la ville Elisée Reclus, Louise Michel, Benoît
Malon, Proudhon ou Clémence Royer.
En cette année 2011, la Ville de Narbonne a tenu à commémorer la
Commune en organisant, entre autres manifestations culturelles, un colloque
scientifique de grande qualité qui fera sans aucun doute date dans l’historiographie
du mouvement communaliste. Les Archives départementales de l’Aude, avec l’aide
de l’Université de Paris XIII, de l’IHS-CGT Aude, de la Commission archéologique
de Narbonne et des Archives municipales de Narbonne, ont voulu rappeler au
grand public les principaux épisodes de cette insurrection révolutionnaire et,
surtout, montrer que ce mouvement ne fut pas seulement un phénomène parisien
mais qu’il eut aussi un réel écho en province. Certes, la Commune de Narbonne
eut une vie fort brève (7 jours à peine du 24 au 31 mars) et le sort des militaires
et des civils qui y participèrent fut bien moins rude que celui des Communards
parisiens mais, aux yeux de beaucoup, elle demeure un symbole qui garde un sens
politique très fort.
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1Cf. César (Marc), Mars 1871, la Commune révolutionnaire de Narbonne, Sète, Editions Singulières, 2008, p. 245-247.