Stratification du risque dans les arythmies d`origine génétique (<1Mo)

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Stratification du risque dans les arythmies
d'origine g&eacute;n&eacute;tique
Dr m&eacute;d. Thomas Wolber
M&eacute;decin-chef, clinique de cardiologie de l’H&ocirc;pital Universitaire de Zurich
1. Le syndrome cong&eacute;nital du QT long
Deux variantes cong&eacute;nitales du syndrome du QT long existent et si le syndrome de Jervell Lange-Nielsen (JLN) est
associ&eacute; &agrave; une surdit&eacute;, celui de RomanoWard ne l’est pas. On distingue diff&eacute;rentes formes de ce syndrome en fonction de chaque mutation causale. Les
plus fr&eacute;quentes sont les formes LQT1 et
LQT2 qui sont li&eacute;es &agrave; la mutation d’un
canal potassique ainsi que la forme
LQT3 li&eacute;e &agrave; la mutation d’un canal sodique. Les manifestations cliniques
sont souvent dramatiques. Des enfants
et des adolescents jusqu'alors en bonne
sant&eacute; sont victimes de syncope, d’arr&ecirc;t
cardiaque ou de mort subite d'origine
cardiaque. Les syncopes surviennent
dans le cadre de tachycardie ventriculaire avec torsades de pointes qui d&eacute;g&eacute;n&egrave;rent souvent en fibrillation ventriculaire. Chez des patients porteurs de la
mutation LQT1, les &eacute;v&eacute;nements se produisent le plus souvent pendant un
effort ou une situation de stress. Par
contre, chez les patients pr&eacute;sentant un
syndrome LQT2, les &eacute;v&eacute;nements sur-
viennent au d&eacute;cours d’un stress &eacute;motionnel comme un bruit soudain ou une
sonnerie de t&eacute;l&eacute;phone inopin&eacute;e, notamment au repos.
La pr&eacute;valence d'un intervalle QT allong&eacute;
chez des b&eacute;b&eacute;s &acirc;g&eacute;s de 3 semaines est
de 1,4% (QTc : 440-469 ms) ou de 7 pour
mille (QTc &gt; 470 ms).
On peut mettre en &eacute;vidence une mutation chez tout juste la moiti&eacute; des enfants qui pr&eacute;sentent un QTc sup&eacute;rieur &agrave;
470 ms. Au total, la pr&eacute;valence actuellement admise du syndrome du QT long
est de 1/2500. Il existe aussi des porteurs de mutations ph&eacute;notypiques silencieuses (QTc &lt; 440 ms).
A l’examen &eacute;lectrocardiographique (ECG)
on enregistre, outre un allongement de
l’intervalle T, diff&eacute;rents types d'ondes T.
Des ondes T n&eacute;gatives profondes dans
les d&eacute;rivations pr&eacute;-cordiales, des ondes
T biphasiques ou encore des ondes T
caract&eacute;ristiques pr&eacute;sentant un aspect en
double bosse peuvent &ecirc;tre observ&eacute;es.
La d&eacute;termination de la dur&eacute;e de l'intervalle QT se fait &agrave; l'aide du QTc corrig&eacute;
par la fr&eacute;quence.
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La formule de Bazett pour la correction
de la fr&eacute;quence cardiaque est un outil
clinique important en d&eacute;pit de l’impr&eacute;cision dans les spectres de fr&eacute;quence
sup&eacute;rieurs et inf&eacute;rieurs. Les intervalles
QT sup&eacute;rieurs &agrave; 440 ms sont consid&eacute;r&eacute;s
allong&eacute;s. Chez la femme des valeurs
jusqu’&agrave; 460 ms peuvent &ecirc;tre normales.
L’allongement de l’intervalle QT chez la
femme est visible d&egrave;s l’installation de la
pubert&eacute; et pourrait donc &ecirc;tre d’origine
hormonale. Bien que des syncopes
puissent aussi survenir lorsque l’allongement de l’intervalle QT est faible, le
risque augmente g&eacute;n&eacute;ralement avec la
dur&eacute;e de l'allongement de l'intervalle
QT. &Agrave; partir de 500-550 ms, le risque est
nettement accru. En raison d'une p&eacute;n&eacute;trance plus faible, un syndrome du QT
long peut aussi &ecirc;tre g&eacute;notypiquement
pr&eacute;sent chez des sujets ayant un intervalle QT normal sur le plan ph&eacute;notypique. &Agrave; cet &eacute;gard, par exemple un syndrome du QT long chez un membre de la
famille d'un patient atteint ne peut &ecirc;tre
exclu sur le seul examen de l'ECG.
Dans les syndromes du QT long, on peut
noter des pauses sinusales de plus de 1,
2 secondes qui ne sont pas provoqu&eacute;es
par une arythmie sinusale.
Ces pauses peuvent d&eacute;clencher des
arythmies et constituent un signe
d'alarme puissant chez les patients
pr&eacute;sentant une forme LQT3.
Le syndrome de Jervell Lange-Nielsen
(JLN) est une variante r&eacute;cessive du syndrome du QT long. On retrouve la plupart du temps des mutations homozygotes des g&egrave;nes KCNQ1 ou KCNE1. Les
patients pr&eacute;sentant un syndrome de
JLN souffrent &eacute;galement d'une surdit&eacute;
cong&eacute;nitale. Le syndrome de JNL est,
avec les formes tr&egrave;s rares du syndrome
du QT long caract&eacute;ris&eacute;es par un bloc auriculo-ventriculaire cong&eacute;nital et une
syndactylie, la variante principale la
plus grave du syndrome du QT long.
Pratiquement 90% des patients souffrent d'&eacute;v&eacute;nements cardiaques; arriv&eacute;s
&agrave; leur 3e ann&eacute;e, 50% des enfants sont
symptomatiques. Les patients qui ont
un risque plus faible sont ceux qui pr&eacute;sentent un QTc inf&eacute;rieur &agrave; 500 ms et les
patients ayant une survie sans syncope
jusqu'&agrave; l'&acirc;ge de 5 ans. Il est important
d'effectuer une &eacute;tude g&eacute;n&eacute;tique &eacute;tant
donn&eacute; que la mutation KCNE1 a une
&eacute;volution moins grave que la mutation
KCNQ1. Le traitement des patients atteints d’un syndrome de JLN est difficile
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&eacute;tant donn&eacute; qu'ils pr&eacute;sentent d&egrave;s leur
tr&egrave;s jeune &acirc;ge une symptomatologie
cardiaque et que les b&ecirc;tabloquants ont
un effet peu important. L'implantation
d'un d&eacute;fibrillateur cardiaque doit donc
&ecirc;tre prise en compte de fa&ccedil;on pr&eacute;coce.
Dans le sous-groupe &agrave; faible risque
l'implantation peut &ecirc;tre diff&eacute;r&eacute;e jusqu'&agrave;
l’&acirc;ge de 8-10 ans.
Il faudrait par principe demander un
diagnostic mol&eacute;culaire chez tout individu ou famille pour lesquels le diagnostic clinique de syndrome du QT long
a &eacute;t&eacute; pos&eacute; ou suspect&eacute;. Un diagnostic
mol&eacute;culaire positif (taux de succ&egrave;s de
70 &agrave; 80% environ) permet de poser le
diagnostic dans des cas cliniquement
limites ou chez des personnes qui semblent indemnes. En raison de la p&eacute;n&eacute;trance variable de la maladie, il est tr&egrave;s
important d'effectuer le g&eacute;notypage du
cas index d'une famille pr&eacute;sentant un
syndrome du QT long. Ce g&eacute;notypage
permet le d&eacute;pistage de tous les membres de la famille et l'identification de
10 &agrave; 35% des porteurs normaux de la
mutation ph&eacute;notypiquement normaux
&agrave; risque accru.
La g&eacute;n&eacute;tique mol&eacute;culaire apporte une
contribution importante &agrave; la stratification du risque dans le syndrome du QT
long. On a pu montrer par des &eacute;tudes de
g&eacute;n&eacute;tique mol&eacute;culaire que le taux d'arythmie potentiellement mortelle dans le
LQT1 &eacute;tait plus faible que pour d'autres
g&eacute;notypes. 37% de tous les patients
ayant un type LQT1 sont porteurs d’une
mutation silencieuse et la grande majorit&eacute; de tous les patients LQT1 ne souffrent jamais d’un &eacute;v&eacute;nement cardiaque.
Malgr&eacute; un tableau clinique impressionnant, pr&egrave;s de la moiti&eacute; de tous les patients LQT2 et LQT3 restent asymptomatiques. On a r&eacute;cemment pu montrer que
le ph&eacute;notype &eacute;tait influenc&eacute; non seulement par le g&egrave;ne atteint mais aussi par
la localisation de la mutation. Il est possible dans l'avenir que l’on puisse dans
certains cas effectuer une stratification
du risque non selon le g&egrave;ne mais en
fonction de la mutation en cause.
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Relation avec la mort subite du nourrisson:
En l’absence de contre-indications, les b&ecirc;ta-
La mort subite du nourrisson (MSN; sudden
bloquants sont le traitement de choix des
infant death syndrome ou SIDS) est la cause
patients pr&eacute;sentant un syndrome du QT long
de d&eacute;c&egrave;s la plus fr&eacute;quente au cours de la pre-
symptomatique. Les b&ecirc;tabloquants sont par-
mi&egrave;re ann&eacute;e dans le monde occidental. Dans
ticuli&egrave;rement efficaces chez des patients
une &eacute;tude prospective, on a montr&eacute; qu’un al-
LQT1. La mortalit&eacute; annuelle s’&eacute;tablit &agrave; 0,5%.
longement de l’intervalle QT sup&eacute;rieur &agrave; 440
Chez les patients porteurs d'un LQT1, il est
ms constituait un facteur de risque substantiel
rare que la prise en charge aille au-del&agrave; du
de MSN. Actuellement on peut supposer que
traitement antiadr&eacute;nergique.
11 &agrave; 13% de tous les cas de MSN sont dus &agrave; un
Les patients LQT2 et LQT3, qui sont plus fr&eacute;-
syndrome du QT long.
quemment victimes d‘&eacute;v&eacute;nements cardiaques
Traitement du syndrome du QT long:
potentiellement mortels sous traitement b&ecirc;ta-
Le d&eacute;clenchement de la plupart des &eacute;pisodes
bloquant, ont davantage besoin de traite-
d’arythmie potentiellement mortels au cours
ments suppl&eacute;mentaires. De m&ecirc;me, les pa-
d’un syndrome du QT long est d&ucirc; &agrave; une aug-
tients qui pr&eacute;sentent un syndrome de JLN ne
mentation brutale du tonus sympathique.
sont pas prot&eacute;g&eacute;s suffisamment par les b&ecirc;ta-
Ainsi, les traitements antiadr&eacute;nergiques of-
bloquants.
frent la plus grande protection. Certains patients souffrent aussi toutefois de syncopes
La d&eacute;nervation sympathique cardiaque gauche
pendant leur sommeil, au repos, voire aussi
est un geste chirurgical possible pour un trai-
lors d’un r&eacute;veil soudain.
tement antiadr&eacute;nergique durable. Elle consiste
en l'ablation des quatre premiers ganglions
thoraciques par une petite incision sous-claviculaire effectu&eacute;e en 35 &agrave; 45 minutes. Cette
intervention concerne les patients &agrave; haut
risque. Par la d&eacute;nervation sympathique on
obtient un raccourcissement du QTc, une
r&eacute;duction importante des &eacute;v&eacute;nements cardiaques et une r&eacute;duction de la mortalit&eacute;
pouvant atteindre jusqu'&agrave; 90%.
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On a assist&eacute; au cours des derni&egrave;res ann&eacute;es &agrave;
En particulier chez l'enfant pr&eacute;sentant un syn-
une augmentation consid&eacute;rable, et en partie
drome du QT long, il faut poser l’indication de
injustifi&eacute;e, de l'implantation d’un d&eacute;fibrilla-
l'implantation d'un d&eacute;fibrillateur avec circons-
teur chez des patients pr&eacute;sentant un syn-
pection. Il faut toujours instaurer en premi&egrave;re
drome du QT long. Un arr&ecirc;t cardiaque docu-
intention un traitement antiadr&eacute;nergique.
ment&eacute; au cours d'un syndrome du QT long
Un probl&egrave;me suppl&eacute;mentaire chez le patient
avec ou sans traitement est une indication ma-
jeune est la n&eacute;cessit&eacute; de changer &agrave; plusieurs
nifeste de l'implantation imm&eacute;diate d'un d&eacute;fi-
reprises batteries et &eacute;lectrodes, ce geste &eacute;tant
brillateur. Il y a toutefois d&eacute;saccord concer-
accompagn&eacute; du risque infectieux correspon-
nant l'implantation d'un d&eacute;fibrillateur chez les
dant.
patients qui n'ont pas pr&eacute;sent&eacute; d'arr&ecirc;t cardiaque. Les patients atteints d’un syndrome
Les indications g&eacute;n&eacute;ralement accept&eacute;es &agrave;
du QT long ont souvent des syncopes accom-
l'heure actuelle pour la pose d'un d&eacute;fibrilla-
pagn&eacute;es d'une r&eacute;solution spontan&eacute;e en rai-
teur implantable sont la survie d'une mort su-
son d'une tachycardie ventriculaire auto illimi-
bite, le souhait du patient ainsi que des syn-
t&eacute;e avec torsades de pointes. Cela peut
copes sous b&ecirc;tabloquants et la d&eacute;nervation
d&eacute;clencher par cons&eacute;quent chez les patients
sympathique cardiaque gauche.
porteurs d'un d&eacute;fibrillateur plusieurs d&eacute;charges du dispositif appel&eacute;es &laquo;temp&ecirc;tes ou
orages &eacute;lectriques&raquo;. Ces &laquo;temp&ecirc;tes&raquo; peuvent
constituer un fardeau psychique extr&ecirc;me pour
les sujets atteints. La fr&eacute;quence de ces temp&ecirc;tes &eacute;lectriques chez l'enfant pr&eacute;sentant un
syndrome du QT long est sup&eacute;rieure &agrave; 10%. Le
fardeau psychique peut amener le patient au
suicide. Angoisses et douleurs peuvent entra&icirc;ner une excr&eacute;tion massive de cat&eacute;cholamines
qui favorisent la survenue de nouvelles arythmies et entra&icirc;ner un cercle vicieux accompagn&eacute; de plusieurs d&eacute;charges &eacute;lectriques du d&eacute;fibrillateur chez des patients conscients.
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2. Cardiomyopathie ventriculaire
droite arythmog&egrave;ne
La cardiomyopathie ventriculaire droite
arythmog&egrave;ne (CVDA) ou dysplasie ventriculaire droite arythmog&egrave;ne est une
cardiomyopathie h&eacute;r&eacute;ditaire caract&eacute;ris&eacute;e par des arythmies ventriculaires et
des modifications structurelles du ventricule droit (VD). &Agrave; ce jour, on a identifi&eacute; douze variantes g&eacute;n&eacute;tiques diff&eacute;rentes qui concernent principalement
les prot&eacute;ines desmosomales. Au cours
de la maladie on constate un remaniement structurel de la musculature ventriculaire droite qui est remplac&eacute;e par
du tissu conjonctif et graisseux. Le principal sympt&ocirc;me de CVDA est la tachycardie ventriculaire. Le tableau clinique
s’&eacute;chelonne d'une d&eacute;couverte &eacute;lectrocardiographique faite par hasard chez un
sujet asymptomatique, &agrave; des palpitations et syncopes et jusqu'&agrave; une mort subite. La pr&eacute;valence de la CVDA s'&eacute;l&egrave;ve &agrave;
1/5000 et repr&eacute;senterait jusqu'&agrave; 10%
des cas de mort subite chez des sujets
&acirc;g&eacute;s de moins de trente-cinq ans. Les
patients pr&eacute;sentant une CVDA sont
symptomatiques le plus souvent entre la
2e et la 5e d&eacute;cennie. Chez pr&egrave;s d'un cinqui&egrave;me de ces sujets, la mort subite est
la premi&egrave;re manifestation de la maladie.
Le diagnostic est bas&eacute; sur des crit&egrave;res
&eacute;tablis qui comportent les modifications structurelles et fonctionnelles du
ventricule droit, des modifications &eacute;lectrocardiographiques sp&eacute;cifiques, la survenue d'arythmies ainsi que l'anamn&egrave;se familiale. Le diagnostic de base
comporte un &eacute;lectrocardiogramme, un
examen Holter ainsi qu'une &eacute;chocardiographie. Les modifications structurelles
peuvent &ecirc;tre correctement &eacute;valu&eacute;es par
tomodensitom&eacute;trie ou imagerie cardiaque par r&eacute;sonance magn&eacute;tique (IRM
cardiaque). En cas de suspicion importante de CVDA, on effectuera des explorations invasives comme par exemple
une angiographie du ventricule droit,
une biopsie du myocarde (endomyocardique) et des examens &eacute;lectrophysiologiques afin de confirmer le diagnostic.
Des modifications ECG typiques surviennent chez plus de 90% des patients
pr&eacute;sentant une CVDA. Les signes &eacute;lectrocardiographiques typiques de la maladie sont des ondes T n&eacute;gatives dans
les d&eacute;rivations pr&eacute;cordiales, au moins
jusqu'&agrave; V3, des ondes Epsilon en V1-V3
ainsi qu'un bloc pari&eacute;tal avec un complexe QRS sup&eacute;rieur &agrave; 110 ms en V1-V3.
Chez les patients de 20 &agrave; 45 ans sans
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cardiopathie av&eacute;r&eacute;e, il faut suspecter
une CVDA en l'absence de blocs de
branche droit avec onde T n&eacute;gative en
V2 et V3. Quant &agrave; l'onde Epsilon, il
s'agit d'un signal de petite amplitude
pr&eacute;sent dans le segment QRST apr&egrave;s la
fin du complexe QRS. Ce crit&egrave;re diagnostique primordial est retrouv&eacute; chez
un tiers des patients. Un &eacute;largissement
du complexe QRS dans les d&eacute;rivations
pr&eacute;cordiales droites est not&eacute; chez les
deux tiers des patients. Une analyse
des potentiels tardifs peut avoir une valeur pronostique.
La taille et la fonction du ventricule droit
peuvent &ecirc;tre analys&eacute;es par &eacute;chocardiographie, IRM et TDM cardiaques. Le crit&egrave;re diagnostique principal est une dilatation importante et/ou une insuffisance fonctionnelle du ventricule droit.
L'&eacute;chocardiographie poss&egrave;de une valeur &eacute;lev&eacute;e comme examen de base de
d&eacute;pistage non invasif. La structure et la
fonction du ventricule droit peuvent
&ecirc;tre bien appr&eacute;ci&eacute;es par l’IRM cardiaque. En outre, l’IRM permet une diff&eacute;renciation entre la graisse et le muscle, et comporte toutefois, en raison
d’une surinterpr&eacute;tation de petites mo-
difications, le risque d'un diagnostic de
CVDA faussement positif. Le diagnostic
ne doit donc pas &ecirc;tre pos&eacute; uniquement
&agrave; partir d'une IRM cardiaque.
Une biopsie myocardique est recommand&eacute;e chez tous les patients qui pr&eacute;sentent une suspicion de CVDA. En raison de la r&eacute;partition r&eacute;gionale des
zones myocardiques pathologiques, la
biopsie du myocarde ne constitue toutefois un geste diagnostique que chez
un tiers des patients. La pr&eacute;sence de
modifications typiques comportant un
remaniement fibro-adipeux associ&eacute;es &agrave;
la perte de plus de 55% des myocytes
peut permettre de poser d&eacute;finitivement
le diagnostic. De m&ecirc;me, le diagnostic
diff&eacute;rentiel avec d'autres maladies en
particulier la sarco&iuml;dose peut se faire
par la biopsie du myocarde.
Le diagnostic diff&eacute;rentiel de CVDA est
repr&eacute;sent&eacute; par la tachycardie ventriculaire idiopathique qui ne comporte pas
de risque accru de mortalit&eacute; et n'est pas
h&eacute;r&eacute;ditaire.
La survie apr&egrave;s un arr&ecirc;t cardiaque, la
survenue d'une syncope et une maladie
du ventricule gauche identifient les pa-
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tients &agrave; risque &eacute;lev&eacute;. Les patients
jeunes sont particuli&egrave;rement en danger.
L'implantation d'un d&eacute;fibrillateur est la
m&eacute;thode efficace afin de pr&eacute;venir une
mort subite chez les patients qui pr&eacute;sentent une CVDA. En pr&eacute;vention primaire ou secondaire, un d&eacute;fibrillateur
devra &ecirc;tre implant&eacute; chez tous les patients qui remplissent les crit&egrave;res diagnostiques. Le b&eacute;n&eacute;fice d'une exploration &eacute;lectrophysiologique pour &eacute;valuer
le risque n'est actuellement pas certain. Les sports de comp&eacute;tition sont absolument contre-indiqu&eacute;s. Pour assurer
un contr&ocirc;le symptomatologique des
arythmies ventriculaires, il est souvent
n&eacute;cessaire d'instaurer des m&eacute;dicaments antiarythmiques comme les b&ecirc;tabloquants, le sotalol ou l’amiodarone.
Une ablation par cath&eacute;ter des tachycardies ventriculaires r&eacute;fractaires au traitement au cours d’une CVDA peut &ecirc;tre
utile en traitement palliatif; toutefois,
ce geste n'apporte qu'un soulagement
provisoire. Dans de tr&egrave;s rares cas une
transplantation cardiaque est n&eacute;cessaire devant une progression de l'insuffisance cardiaque et une tachycardie
ventriculaire r&eacute;fractaire au traitement.
3. Le syndrome de Brugada
Le syndrome de Brugada est d&eacute;fini par
des modifications ECG caract&eacute;ristiques
et la survenue de syncopes ou d’une
mort subite chez des patients pr&eacute;sentant un cœur normal sur le plan structurel. L’ECG montre typiquement une susd&eacute;nivellation de ST dans les d&eacute;rivations
V1 &agrave; V3 (sus-d&eacute;nivellation du point J),
qui conf&egrave;re au complexe QRS un aspect
de bloc de branche droit. Des syncopes
ou des morts subites sont dues &agrave; des
tachycardies ventriculaires ou &agrave; des
fibrillations ventriculaires polymorphes
qui surviennent sans signe d’alerte
clinique.
La base g&eacute;n&eacute;tique du syndrome de Brugada est constitu&eacute;e par des mutations
du g&egrave;ne SCN5A qui code le canal sodique cardiaque.
La pr&eacute;valence de l'affection est variable
sur le plan r&eacute;gional, et ce dans le monde
entier. Dans de nombreuses r&eacute;gions, les
hommes sont plus souvent atteints que
les femmes. Des &eacute;tudes r&eacute;alis&eacute;es au
Japon et en France ont montr&eacute; des modifications typiques &agrave; l'ECG chez environ 1 sujet pour mille dans la population
normale.
ASA SVV Infom&eacute;d 2008/2 Des risques de la maladie coronarienne
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La mortalit&eacute; annuelle est &eacute;valu&eacute;e de
0,005 &agrave; 1 pour mille. Le syndrome de
Brugada pourrait &ecirc;tre responsable de 4
&agrave; 12 % de tous les cas de mort subite et
jusqu’&agrave; 50% des morts subites chez les
patients pr&eacute;sentant un cœur structurellement normal. Le syndrome de Brugada se manifeste le plus souvent entre
30 et 40 ans mais peut survenir &agrave; tout
&acirc;ge. La plus jeune victime d’un syndrome de Brugada accompagn&eacute; de
mort subite connue &agrave; ce jour &eacute;tait &acirc;g&eacute;e
de 6 mois et la plus &acirc;g&eacute;e de 74 ans.
Le spectre clinique de la maladie varie:
patients asymptomatiques pr&eacute;sentant
des modifications ECG, syncopes survenant dans un contexte de tachycardie
ventriculaire auto-r&eacute;solutive, voire tachycardies ventriculaires soutenues et
polymorphes, fibrillation ventriculaire
et mort subite. La symptomatologie clinique n'est pas in&eacute;vitablement corr&eacute;l&eacute;e
&agrave; la morphologie des modifications
ECG. L'ECG apporte n&eacute;anmoins des indications pronostiques. On diff&eacute;rencie
les types 2 et 3 pr&eacute;sentant des modifications moins importantes de ST de la
forme &eacute;lectrocardiographique typique
de type 1 d&eacute;crite ci-dessus. Les modifications &eacute;lectrocardiographiques d'un
patient peuvent varier en fonction du
temps, voire dispara&icirc;tre compl&egrave;tement
de fa&ccedil;on temporaire. Les modifications
&eacute;lectrocardiographiques peuvent &ecirc;tre
d&eacute;masqu&eacute;es ou accentu&eacute;es avec l'administration d'antiarythmiques de classe
1c ou en cas de variations du syst&egrave;me
nerveux autonome au cours d'une fi&egrave;vre ou d'une fibrillation auriculaire. Un
ECG de type I est un indicateur d'un
risque accru de mortalit&eacute;, qu'il soit
spontan&eacute; ou survienne apr&egrave;s administration d'un antiarythmique de classe 1c
et ceci ind&eacute;pendamment de la symptomatologie clinique. Jusqu'&agrave; 40% des
cas de nouveaux diagnostics &eacute;lectrocardiographiques d'un syndrome de
Brugada pr&eacute;sentent des tachycardies
ventriculaires polymorphes ou une
mort subite dans un d&eacute;lai de 2 &agrave; 3 ans.
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Les patients asymptomatiques chez lesquels un &eacute;lectrocardiogramme pathologique est observ&eacute; uniquement apr&egrave;s
une &eacute;preuve de charge pharmacologique ont un risque comparativement
plus faible. Dans la maladie de Steinert
(dite encore de Curshmann-Steinert ou
dystrophie myotonique), de thorax en
entonnoir (pectus excavatum) ou encore de tumeurs m&eacute;diastinales, on peut
observer des modifications &eacute;lectrocardiographiques identiques. C'est la raison pour laquelle il faut &eacute;liminer ces
troubles avant de porter un diagnostic
d&eacute;finitif de syndrome de Brugada.
Non trait&eacute;, le syndrome de Brugada &agrave;
un pronostic d&eacute;favorable. Un tiers de
l'ensemble des patients apr&egrave;s une syncope ou un arr&ecirc;t cardiaque souffre
d'une tachycardie ventriculaire polymorphe &agrave; nouveau dans un d&eacute;lai de 2
ans. Le pronostic des patients asymptomatiques pr&eacute;sentant un &eacute;lectrocardiogramme typique de type 1 n’est pas
essentiellement diff&eacute;rent. Les b&ecirc;tabloquants et les autres antiarythmiques,
comme l’amiodarone, n'offrent pas de
protection fiable. Le seul traitement
efficace est l'implantation d'un d&eacute;fibrillateur.
Chez les patients symptomatiques, il
faut implanter un d&eacute;fibrillateur. Les
donn&eacute;es de suivi allant jusqu'&agrave; 10 ans
ont montr&eacute; une mortalit&eacute; nulle (0%)
apr&egrave;s mise en place d'un d&eacute;fibrillateur.
Le b&eacute;n&eacute;fice clinique d'une exploration
&eacute;lectrophysiologique est discut&eacute;. Beaucoup de centres utilisent l'exploration
&eacute;lectrophysiologique associ&eacute;e &agrave; des
param&egrave;tres cliniques et &eacute;lectrocardiographiques pour la stratification du
risque. Un d&eacute;fibrillateur implantable est
indiqu&eacute; chez les patients asymptomatiques pr&eacute;sentant spontan&eacute;ment un
&eacute;lectrocardiogramme anormal et une
arythmie ventriculaire inductible. Les
patients dont l’&eacute;lectrocardiogramme
est spontan&eacute;ment normal et chez lesquels on observe uniquement apr&egrave;s
provocation pharmacologique un syndrome typique de Brugada &agrave; l'&eacute;lectrocardiogramme sans d&eacute;clenchement d'une
arythmie &agrave; l'exploration &eacute;lectrophysiologique ont &agrave; l'heure actuelle souvent
une indication en faveur d’une absence
d'implantation de d&eacute;fibrillateur. Toutefois ces patients doivent avoir un suivi
r&eacute;gulier et soigneux.
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