Consultez le dossier de Brocoli Théatre sur cette pièce

publicité
 1 DOSSIER CALAFERTE : « Clotilde du Nord »
BROCOLI THEATRE
Note d’intentions : Le Brocoli Théâtre travaille actuellement à la création d’une pièce de théâtre de Louis Calaferte, Clotilde du Nord, que nous destinons au tout public et aux jeunes dès 16 ans (avec un dossier pédagogique disponible). Ce spectacle sera créé du 19 au 25 mars 2016, au Théâtre de la Vie à Bruxelles, dans le cadre d’une semaine événement et de débats autour des "amours toxiques". Après les représentations, des échanges auront lieu avec le public en compagnie d’experts et d’acteurs de terrain proposés par les partenaires associatifs suivants : Fédération Laïque de Centres de Planning Familial, Plan F Centre de Planning Familial, Centre de Consultations et de Planning Familial Marconi, PAG-­‐ASA asbl, Espace P…, Centre de prévention des violences conjugales et familiales et l’asbl Garance. Notons aussi parmi les spécialistes invités : Jean-­‐Claude Maes, psychologue, psychothérapeute systémique et auteur de plusieurs ouvrages sur les phénomènes d’emprise, ainsi que Patricia Le Cocq, collaboratrice chez MYRIA – Centre fédéral Migration – à propos des victimes de loverboys1, de la traite et du trafic des êtres humains2. Cette pièce pour deux acteurs, Clotilde du Nord, met en scène un duo oppresseur/opprimée, bourreau/victime, manipulateur/manipulée… Une œuvre écrite pour mettre en garde et rendre plus vigilant chacun de nous. Comme c’est le cas dans tous les projets du Brocoli Théâtre, nos spectacles et animations visent à produire avec la même intensité : plaisir, émotion et réflexion. De sorte que chaque représentation puisse nous permettre d’augmenter notre conscience des mécanismes de la société, de notre rapport aux autres et finalement de ce que nous sommes. La manipulation dans les relations sociales et affectives : une thématique universelle Qui n’a pas eu, un jour, le sentiment de s’être fait manipuler, piéger, entourlouper par autrui ? Ça laisse un goût amer, celui qui donne l’impression de ne plus avoir été maître de sa personne, plus capable de décider de ce qui est bon ou mauvais pour soi. Situations regrettables, nocives, qui parfois nous laisseront des blessures trop longues à cicatriser et qui nous suivront toute la vie jusqu’à influencer de manière dramatique la vision que l’on aura de soi : Je suis ce qui n’arrive pas à résister à la volonté, même toxique de l’autre, du partenaire, du collègue, du camarade de classe, d’un membre de ma famille, etc. Le travail théâtral, tel que nous l’envisageons, doit permettre de mieux accompagner les gens dans leur vie, leur adolescence, leur parcours scolaire. Tous les gens, à commencer par ceux qui ne se rendent pas spontanément dans les lieux officiels de la Culture. Il s’agit donc d’aller vivre le théâtre avec eux, là où il est possible de les rencontrer, de les rassembler. Gennaro Pitisci, directeur du Brocoli Théâtre. 1 « Un loverboy est un homme qui exploite intentionnellement l’attachement émotionnel d’une femme dans le but de la pousser à se prostituer » dans Traite et trafic des êtres humains, Irina Ionela, p.47, Rapport annuel du MYRIA, 2015. 2 Resserrer les maillons, Traite et trafic des êtres humains, par Stef Janssens, Patricia Le Cocq, François De Smet, Koen Dewulf, Petra Baeyens, Rapport annuel du MYRIA, 2015. 2 DOSSIER CALAFERTE : « Clotilde du Nord »
BROCOLI THEATRE
Options de diffusion, distribution, dramaturgie, mise en scène et scénographie : • Avec la pièce Clotilde du Nord3, notre volonté est d’aller à la rencontre du public jusque dans ses lieux de vie ou de travail (écoles, associations, entreprises, organismes d’éducation permanente, de coopération, etc.) et de provoquer le débat, après le spectacle, sur ce sujet brûlant : les manipulateurs dans les relations socio-­‐affectives et les phénomènes d’emprise. • Ce superbe texte de Louis Calaferte peut se lire à plusieurs niveaux : rapports homme/femme, dominant/dominé, prédateur/proie, maître/esclave, enraciné/déraciné. Montrer la force de la manipulation entre deux êtres, ce n’est donc pas uniquement une question de différence de sexe mais c’est aussi montrer la force du manipulateur : celui qui incarne "L’homme idéal" toujours impeccable, celui qu’une jeune fille espère rencontrer un jour, qui va pouvoir réaliser ses rêves, qui s’exprime avec le vocabulaire adéquat, celui – d’ici – qui possède forcément quelque chose que l’autre – là-­‐bas – n’a pas, et qui prétend combler ce manque, qui sait comment faire, qui sait jouer de ses avantages, de l’âge, de l’expérience, des relations. Pour ce type d’homme, dans un couple MOI + TOI = MOI 2 : «Dans le cas d’un manipulateur qui agit dans la perversion, cette équation est particulièrement vraie et s’applique aux dépens du partenaire, qui disparaît complètement dans la relation, absorbée par elle4». • L’auteur, Louis Calaferte, nous impose une option radicale dans sa pièce : seul le personnage masculin parle, alors que Clotilde – le personnage féminin – est privée de mots. La parole de l’homme agit ici telle une prise permanente de pouvoir sur l’autre, dont le silence en est l’acceptation. Clotilde souffre de n’être qu’un objet pour l’homme qu’elle aime, auquel elle croit pourtant et qu’elle admire manifestement. Écartelée entre fidélité et trahison, entre engagement et renoncement, elle est dans une impasse, peu à peu prise au piège de cet homme. Elle devient son prolongement en quelque sorte, comme un outil qu’on utilise sans jamais songer à ce qu’il ressent. Dans ces phénomènes de manipulation et d’emprise, la victime éprouve toujours une grande difficulté à dire les choses, à mettre des mots sur ce qu’elle vit, souvent pour se cacher la vérité. Lui veut détruire une partie d’elle-­‐même : tout ce qui, en elle, pourrait résister à son désir de puissance. Pour Clotilde, se mettre à parler serait sortir du déni : le début de la dénonciation de ce qui se passe, la fin de la dénégation de ce qu’elle subit. • Réfléchir à partir du plateau, pour le plateau, disait Antoine Vitez. Ne pas montrer spécialement les choses à faire aux acteurs, mais montrer que le faire est simplement possible. Avec ce texte fort, la mise en scène tend au dépouillement tout en s’attachant au concret des situations développées entre les personnages. De ce point de vue, le personnage est toujours une relation qui fait sens. Dire qui il est, revient à parler de ce qui vient vers lui et comment il va vers l’autre. Tout y est invariablement mêlé, complexe, impur. Faire parler un personnage sur scène, c’est bien sûr se confronter à la question de la parole, des mots et du corps. S’il y a trop de choses dans les mots, il ne reste plus de place pour le jeu. Les gestes, les attitudes, les mouvements des personnages sont aussi importants que les mots prononcés sur scène : mais, ici, ce qui est dit est démenti par les corps. Leur présence vient de là, leur incarnation survient en ne formant qu’un tout. Pas de hiérarchie au théâtre entre les différents niveaux de langage. Tous ces éléments (mise en scène, dramaturgie, scénographie, lumières, vidéo, costumes, etc.) fonctionnent ensemble pour former un tout cohérent et créer des correspondances entre eux. 3
Clotilde du Nord, Louis Calaferte, Hesse Éditions, 1998. La manipulation affective dans le couple, Pascale Chapaux-­‐Morelli, Éditions Albin Michel, 2010. 4
3 DOSSIER CALAFERTE : « Clotilde du Nord »
BROCOLI THEATRE
• Au niveau de l’espace scénique, rien de superflu : ce qui est présent sur scène sert le jeu ou fait sens. Les deux personnages évoluent dans un dispositif unique et intimiste : une piaule provisoire, avec un lit posé sur des palettes en bois – support de la marchandise – sans dessus dessous et omniprésent dans la pièce. Au fond, un petit autel bizarre avec l’icône d’une Vierge Noire. En face du lit, un miroir. A côté, un fauteuil et une table de chevet avec préservatifs et autres petites surprises. Plus loin, une valise non encore défaite. Il y a aussi un mini bar bariolé de bouteilles et bourré de celles qui viennent d’être vidées, des restes de repas ravalés bien bas, des vêtements éparpillés vite fait, un désordre dense, une intense impression de foutoir, où le jour et la nuit ont dû jouer à saute-­‐mouton pendant un bon moment... Deux personnages : - Un homme d’âge mûr (sans nom) : sorte de loverboy, venu un jour de là-­‐bas, il vit ici depuis longtemps. Il s’y est "blanchi" à la longue. Il ne parle même plus la langue de là-­‐bas et n’en supporte d’ailleurs plus le climat des tropiques. Lui est d’ici, puisqu’il pense comme ici. Lui n’est plus de là-­‐bas, parce qu’il s’y sent étranger à présent. Cet homme éprouve même un certaine aversion pour là-­‐bas, pour tout ce que ça représente à ses yeux (la pauvreté, la dette vis-­‐à-­‐vis de la famille, les espoirs déçus en arrivant ici, etc.). Il n’a pas eu la vie facile et ne manque pas de le rappeler à Clotilde, la fille qu’il a rencontrée là-­‐bas et ramenée avec lui. Plus il sera bien vu par les autres, plus il se sentira respecté. Aussi, maintenant, il est prêt à tout pour réussir et prendre sa revanche sur la vie. Dans son couple, la femme va servir ce but. Convaincre sa propre victime d’accepter elle-­‐même son sort, au point qu’elle refuse de se considérer comme telle, est la façon ultime pour le prédateur de parvenir à ses fins. Il ne restera alors qu’à lui faire éprouver tellement de honte qu’elle n’osera plus regagner les siens. - Une jeune femme (Clotilde) : Elle tombe profondément amoureuse de cet homme sans réaliser qu’il utilise ses sentiments pour la contrôler. Elle l’adule et s’offre à lui jusqu’au sacrifice dans une sorte d’idolâtrie. Lui, il la considère avec condescendance comme une jeune ignorante ramenée de là-­‐bas. En quelque sorte, ici, il va pouvoir "marcher dans la tête" de cette fille : penser, parler, projeter tout à sa place. Clotilde a accepté de venir, de son plein gré, car elle est dans le besoin matériel. Avec crédulité, elle rêve du prince charmant, d’un avenir meilleur et de l’éternel Eldorado. Elle ne comprend pas encore toutes les cicatrices que ce voyage va laisser en elle, ni le système de manipulation dont elle va être victime et qui va l’amener à de telles extrémités. Qui l’a fait venir ici ? Qui la loge, la nourrit, la blanchit, l’entretient, sinon lui ? Cela crée une dette. Clotilde lui est redevable de quelque chose… Alors que faire ? Et dire "oui" jusqu’où à la demande perverse de cet homme ? 4 DOSSIER CALAFERTE : « Clotilde du Nord »
BROCOLI THEATRE
Pourquoi Clotilde du Nord pour aborder la manipulation dans les relations sociales et affectives ? Au début de la pièce, un homme et une femme s’enlacent dans un lit. Leur histoire d’amour commence ainsi. Quelle est la vraie nature de leurs liens ? Qu’ont-­‐ils fait chacun pour en arriver à cet instant si intime de leur relation ? Qu’ont-­‐ils investi pour ça ? Quels mots ont-­‐ils été prononcés pour en arriver là ? Après le coup de foudre entre "la belle et le bavard", c’est d’amour dont il est question encore. De leur amour. Du grand. Du seul. De l’unique amour, qu’il faut protéger à tout prix contre les jaloux, les salopards et les vicieux. Curieux, cet homme aussi acharné à causer d’amour à cette femme, avec une insistance un peu louche… Certes, la rencontre entre un homme et une femme comporte toujours une part d’ombre où s’insinue l’inconscient. Mais dans Clotilde du Nord, les dés sont pipés. L’homme sait tout d’un bout à l’autre, le trouble ne peut l’atteindre, la rencontre ne comporte aucun mystère pour lui... Son langage amoureux – trop démonstratif – va vite déraper, poursuivre d’autres desseins et ses gestes ne vont pas tarder à suivre la même voie. Mais qu’est-­‐
ce qui inspire cette démarche si perspicace du pervers narcissique, qui l’amène à déployer des arguments parfois sensés et cela dans une maîtrise du langage qui n’exclut pas une certaine beauté des formes5 ? Rapport bourreau-­‐victime pour l’auteur Louis Calaferte : « qui a nécessairement ses fondements psychiques à des degrés que l’esprit ne peut sans vertige imaginer. (…) Savoir si le tortionnaire n’éprouve son plaisir pervers qu’en s’en prenant à un certain type de victimes, ce qui impliquerait une sorte de choix typologique, comme il en va en amour et également dans notre activité sexuelle6». Dans une unité condensée de temps, de lieu et d’action, cette tragédie sociale met en scène deux personnages fragilisés dans leur monde, où le besoin d’argent est constant et la relation à l’autre une lutte de chaque instant. À tel point « qu’ils en deviennent des monstres mais les miens ne sont qu’humains », écrit Calaferte. La pièce retrace le mécanisme d’une chute brutale, celle d’une fille démunie – Clotilde – qui ne possède pas de mots à elle. Devant, derrière, tout autour d’elle, l’homme parle, dissimule, tisse sa toile avec des mots qui encerclent et enferrent Clotilde. Dans cette chambre, sorte de huis clos charnel, il est question de manipulation, de mensonge, de simulacre, de scènes, de rôles à tenir. D’amour ou de faux-­‐semblants ? De corps, de fric et de marchandise, sûrement ! Et « la marchandise domine tout ce qui est vécu », comme on sait7. On a dit à l’époque de sa création que c’était une pièce violente dénonçant les rapports de domination entre l’homme et la femme. En réalité, il s’agit de bien plus que ça. Ce qui fascine dans ce texte, c’est avant tout le processus de manipulation par le langage qui se développe – insidieusement et progressivement – dans la relation amoureuse entre cet homme et cette femme. LUI – dont on ignore le nom – joue sur toute la gamme des sentiments pour assurer son emprise sur elle et arriver à ses fins. À la manière du pervers narcissique, il inverse les causes et les conséquences, l’avant et l’après, le superficiel et le profond, le bénin et le grave, le "Je" et le "Tu", en créant la confusion chez l’autre : • d’abord bourreau des cœurs : (se dégageant de l’étreinte avec elle) « C’était bien ?... Quoi, c’était pas bien ?... Mais oui, c’était bien… Toi et moi, c’est toujours bien… » (p.14) ; 5 Le pervers narcissique et son complice, Alberto Eiguer, Éditions Dunod, Paris, 2012. 6
Droit de cité, Louis Calaferte, p.54/55, Folio Gallimard, 1994. La société du spectacle, Guy Debord, p.36, Folio Gallimard, 1992. 7
5 •
DOSSIER CALAFERTE : « Clotilde du Nord »
•
•
puis joli cœur : « Je sais pas ce qui se passe avec toi, mais j’ai jamais connu ça » (p.14) ; persuasif, un peu évasif, mais lui ouvrant son cœur : « Ce qui compte, pour un homme, c’est un truc comme toi et moi » (p.14) ; attendrissant avec le cœur serré : « Tu dois me trouver idiot, hein, de te dire tout ça ? (…) Si, si, je sais (…) je suis plutôt sentimental » (p.14/15) ; rassurant au grand cœur : « Parce que maintenant, on ne se quitte plus…» (p.15) ; cherchant à lui fendre le cœur : « La vie m’a pas gâté, tu sais…» (p.15) et plus loin « J’avais personne dans la vie, moi, tu comprends ? » (p.18) ; prévenant à lui faire battre le cœur : « il faut que je te prévienne… Tu es si jeune, toi, si jeune…» (p.16) ; amant au grand cœur : « (…) avec tes cheveux partout… Tu es jolie quand tu dors… Tu respirais, comme ça, tranquillement – et moi je pensais à des tas de trucs…» (p.17) ; maître chanteur y mettant tout son cœur : « Une femme fait n’importe quoi pour l’homme qu’elle aime. Ou alors elle ne l’aime pas » (p.19) ; arnaqueur écœurant : « Et si je te demande des choses que tu ne comprendras peut-­‐être pas tout de suite, t’en fais pas, pense que je t’aime et tout ira bien » (p.19) ; crève-­‐cœur : « L’amour, c’est comme tout… Des fois, ça demande des sacrifices » (p.19) ; attrape-­‐cœur : « Suffit pas de dire qu’on aime quelqu’un, faut le prouver, non ? » (p.19) ; cœur sur la main : « N’oublie pas qu’à présent je pourrais pas me passer de toi. Je pourrais pas me faire seulement à l’idée de plus t’avoir. Si tu es plus là, j’aime autant crever » (p.20); mal au cœur : « Tu es jeune, tu es jolie, je sais bien qu’un jour ou l’autre, fatalement, tu t’en iras (…) J’ai plus vingt ans » (p.21) ; cœur à l’envers sachant mieux qu’elle où est son bien : « Je vais m’occuper de toi, moi, je vais te prendre en main ! Tu vas devenir une vraie femme. T’auras qu’à m’écouter et me laisser faire » (p.24) ; mac’ magouillant : « J’ai comme idée que les copains vont te trouver à leur goût » (p.29) ; mac’ contrôlant : « Elles t’expliqueront le métier… Et puis, je serai là, moi, les premiers jours. Je te perdrai pas de vue » (p.30) ; mac’ menaçant : « Seulement avant, ma petite, faudra penser à me rembourser (…) Et tu sais bien que t’as pas un rond ! Une supposition que je te fasse embarquer -­‐ les flics cracheront pas dessus ! Tu y as pensé à ça ? » (p.41). •
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
BROCOLI THEATRE
ELLE – Clotilde – ne triche pas. Jeune, naïve, spontanée, elle se donne à lui entièrement et passionnément. Sans y prendre garde. Elle est pleine de cet amour, de ces mots doux d’une langue qui n’est pas la sienne, de ces mots d’amour répétés en elle-­‐même et qu’elle est prête à boire jusqu’à la lie, de ces mots qu’elle comprend mais auxquels elle ne peut répondre que par sa chair. Plus elle devient un objet de manipulation, plus la désillusion, la révolte, l’angoisse, bouillonnent en elle sans pouvoir sortir. Pour Clotilde, les sentiments restent en suspens, en souffrance, cadenassés, sans jamais de mots pour les dire. Elle oppose surtout le silence à l’injustice, l’absence de mots à la logorrhée perverse de son amant, comme c’est fréquemment le cas dans les rapports de dominant à dominé. Néanmoins, elle garde l’espoir fou que l’amour puisse lui changer la donne à un moment ou à un autre. Face à elle, le prédateur tend patiemment le piège de la prostitution dans lequel il veut la voir tomber pour son plus grand profit. Quasi muette tout au long de la pièce, Clotilde n’en reste pas pour autant passive. Elle exprime ce qu’elle ressent autrement que par la parole, en utilisant un langage non-­‐verbal. Son corps se rebiffe : • elle rit à plusieurs reprises pour masquer son malaise (p.19/22/23/27) ; • refuse de boire avec lui lorsqu’il lui propose (p.26) ; 6 •
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
DOSSIER CALAFERTE : « Clotilde du Nord »
BROCOLI THEATRE
l’interrompt et pose son doigt sur sa bouche pour l’empêcher de parler (p.29) ; se redresse sur le lit, puis se mesure longuement du regard avec lui (p.30) ; se redresse et montre les larmes qui lui coulent le long des joues (p.32) ; ferme son visage (p.32) ; l’enfouit dans l’oreiller (p.33) ; se glace (p.33) ; émet de petits cris suite à ce qu’il dit (p.36) ; lui tourne le dos, secouée par les larmes (p.37) ; ne bouge pas, reste prostrée quand il lui demande de se lever (p.37) ; s’obstine dans cette position (p.37) ; le fixe d’un regard incisif (p.37) ; se jette contre lui et s’accroche à ses vêtements (p.40) ; éclate en larmes (p.40) ; se rigidifie complètement (p.41) ; lui tourne le visage lorsqu’il tente de l’amadouer (p.42) ; se durcit pour l’affronter (p.43) ; ne lui répond plus à la fin (p.44). Parfois l'amour nous conduit à devenir l'esclave de l'être aimé. « Pourquoi aurions-­‐nous dû repérer le manipulateur, le pervers narcissique, le jaloux excessif, le tyran domestique derrière celui ou celle que nous avons choisi, dont nous nous sommes épris ? (…) Du statut d'amoureux à celui de captif, il n'y a parfois qu'un pas. Un pas qui peut nous faire basculer dans un univers fait de compromissions, d'humiliations et de souffrances là où nous espérions le respect et le bonheur 8…». 8
D’amour en esclavage, ces relations qui font du mal, Jean-­‐Claude Maes, Éditions Eyrolles, 2014. 7 DOSSIER CALAFERTE : « Clotilde du Nord »
BROCOLI THEATRE
Pourquoi Calaferte aujourd’hui ? Parce que sans cesse « il faut aller au bout des choses9 », écrit Calaferte. Et avec lui, « ça commence au bout du monde 10 ». Un bout du monde délaissé par les explorateurs et les missionnaires, parce que beaucoup trop dangereux et mal famé ! Depuis quelques années, à travers les livres de Blaise Cendrars, j’ai découvert ses écrits, ses romans, puis son théâtre, « le jour où je n’étais pas allé à mon travail parce que ça me disait rien11…». Au début de son livre Septentrion12, dans un long et beau passage consacré à la lecture, Calaferte note : « Si je parle si longuement des livres, c'est qu’ils favorisèrent en moi une sorte de système d’autodéfense à l’égard de ma condition ». Quelle magnifique reconnaissance du pouvoir tonifiant, renforçant, voire immunitaire du livre et de la littérature ! Ensuite la langue de Calaferte, cruelle, virulente, musclée, instantanée, pleine de vie, elle retentit comme un roulement de tonnerre, claque à l’oreille, crie sa révolte contre la misère et l’injustice du monde. Elle a des fulgurances poétiques qui ébranlent, secouent, ravissent, le lecteur au plus profond de lui-­‐même ou non… Bref, une langue qui ne laisse pas indifférent, avec ses admirateurs et ses détracteurs, car Clotilde du Nord possède effectivement la violence d’un coup de fouet. Ce qui peut séduire chez Calaferte, selon Pierre Assouline13: « (…) c’est cet homme intact dans ses colères et ses indignations. Il tient l’art pour un effort vers l’équilibre. Oscille en permanence entre désir et folie. Dénonce "les larves" qui dirigent le théâtre, l’édition et la télévision. Ne cesse de se demander quelle est la bonne mesure en toutes choses tout en sachant très bien que la sienne est la démesure ». Le 20ème anniversaire de sa mort, en 2014, est passé remarquablement inaperçu. Calaferte reproche à notre société d’être excessive à plus d’un titre et, par-­‐là, d’en devenir insignifiante. Il le fait dans une langue percutante, puissante, poétique, qui dérange donc, car « la décence ne fait pas partie de sa réserve14 ». Voici plus de 20 ans, il dénonçait déjà le manque de perspective et les rigidités de pensée de notre société, en affirmant qu’elle était dirigée par des hommes du XIXème siècle, alors que nous entrons de plain-­‐pied dans le XXIème. Et puis Calaferte, c’est celui qui écrit sur le fonctionnement des femmes15. Une large partie de son œuvre tourne autour de "ça". Il magnifie la femme, la sublime, la sanctifie sur l’autel de la vie, la démystifie, la désacralise, en allant jusqu’à la traîner dans la fange. Il la scrute au plus profond de son être. À sa vue, « quelque chose de moi se déchire16», écrit-­‐il. À l’époque, dans les années 60, certains ont cru pouvoir affirmer que son écriture était pornographique pour le censurer ensuite. À ce stade-­‐là, en effet, tout ce qui est excessif devient insignifiant. Le texte Clotilde du Nord fut écrit en une seule nuit de 1950, dit-­‐on, par Louis Calaferte, puis adapté et créé à la scène, en 1955, avec notamment l’acteur Michel Piccoli. Depuis, la pièce n’a pas pris une ride en restant toujours aussi actuelle et universelle. Michaël De Clercq, metteur en scène 9
Septentrion, Louis Calaferte, p.17, Folio, 2001. Requiem des innocents, Louis Calaferte, p.11, Folio, 1990. 11
Septentrion, Louis Calaferte, p.55, Folio, 2001. 12
Septentrion, Louis Calaferte, p.30, Folio, 2001. 13
http://passouline.blog.lemonde.fr/2005/02/03/2005_02_calaferte_en_sel/ 14
Sur le théâtre de Calaferte, Philippe Coutant, Carnets de la M.C.L.A. n°5, p.6, Éditions Joca Seria, 2003. 15
La mécanique des femmes, Louis Calaferte, Folio, 1994. 16
Septentrion, Louis Calaferte, Folio, 2001.
10
8 DOSSIER CALAFERTE : « Clotilde du Nord »
BROCOLI THEATRE
Haïssez celui qui n’est pas de votre race.!
Haïssez celui qui n’a pas votre foi.!
Haïssez celui qui n’est pas de votre rang
social.!
Haïssez, haïssez, vous serez haï.!
De la haine, on passera à la croisade, !
Vous tuerez ou vous serez tué.!
Quoi qu’il en soit, vous serez les victimes
de votre haine.!
La loi est ainsi : Vous ne pouvez être
heureux seul.!
Si l’autre n’est pas heureux, vous ne le
serez pas non plus, !
Si l’autre n’a pas d’avenir, vous n’en aurez
pas non plus, !
Si l’autre vit d’amertume, vous en vivrez
aussi, !
Si l’autre est sans amour, vous le serez
aussi.!
Le monde est nous tous, ou rien.!
L’abri de votre égoïsme est sans effet
dans l’éternité.!
Si l’autre n’existe pas, vous n’existez pas
non plus.
Image : wikipoemes.com
Louis Calaferte
Note biographique sur Louis Calaferte, l’auteur (1928-­‐1994) : Né en 1928 à Turin en Italie, Louis Calaferte a grandi à Lyon en banlieue, dans la « zone », comme il tenait à le rappeler. Scolarisé sur le tard, ouvrier dans une usine de piles électriques, il devient très tôt un survolté de l’écriture avec des essais, des romans, des poèmes et des pièces de théâtre. Pourtant, il n’a jamais voulu publier ses œuvres de jeunesse, hormis Clotilde du Nord. Dès 1952, grâce à Joseph Kessel, il entre aux Éditions Julliard avec son livre Requiem des Innocents17 qui connaît un large succès. Parallèlement, pour assurer son existence, il mène jusqu’en 1974 une activité de producteur-­‐
animateur à la radio lyonnaise, ensuite à l’O.R.T.F, puis à F.R.3. Il meurt en 1994, laissant près de 90 œuvres : écrits, poésies, carnets, essais ou pièces de théâtre. Il a reçu en 1978 le prix Ibsen pour sa pièce Les miettes, en 1979 le prix Lugné Poe, en 1984 le Grand Prix de la littérature dramatique de la Ville de Paris et en 1992 le Grand Prix National des Lettres pour l’ensemble de son œuvre. 17
Requiem des innocents, Louis Calaferte, Éditions Julliard, 1952 et 1994. 9 L’équipe de « Clotilde du Nord »
BROCOLI THEATRE
Gennaro PITISCI Dramaturge Directeur artistique du Brocoli Théâtre Courriel : [email protected] Site web : www.brocolitheatre.be GSM : 0477 45 80 63 Formé à l’Institut National des Arts du Spectacle (Théâtre et Animation Culturelle), il collabore dès 1985 avec plusieurs théâtres pour adultes ainsi que des compagnies du secteur jeune public. Metteur en scène au Théâtre de l’Écume et créateur d’éclairages pour de nombreux spectacles de théâtre et de cirque, il découvre en 1987 les formes interactives que propose le Brocoli Théâtre et y fait deux premières créations de spectacles forum diffusés dans les écoles et en tout public. En 1991, il devient metteur en scène permanent au Brocoli Théâtre et met en place un véritable espace de médiation théâtrale, en créant de nouveaux concepts d’animation au sein des écoles, des spectacles forum très largement diffusés et des spectacles d’ateliers avec des groupes amateurs à Bruxelles et en Wallonie. Au fil des années, et surtout avec la création du spectacle "Maison Brûle" en 1995, le Brocoli Théâtre est considéré comme une compagnie pour adolescents, même si ses créations sont systématiquement diffusées en soirée, dans les théâtres, les centres culturels et les associations. Pour Gennaro Pitisci, cette présence au sein de tissus sociaux différents est au centre de sa recherche de nouvelles formes de théâtre populaire. Il rêve d’un théâtre où les productions professionnelles et les spectacles d’ateliers seraient envisagés et assumés avec le même intérêt. Aujourd’hui, Gennaro Pitisci intervient régulièrement en tant que formateur dans des structures de diffusion et d’éducation artistique, et participe à divers projets européens consacrés à la formation théâtrale des enseignants ou encore au concept de médiation théâtrale. * Josse DERBAIX Régisseur Courriel : [email protected] GSM : 0474 22 52 02 Josse a un parcours de découvertes variées, dont les grandes lignes sont l'artisanat de la construction, le quartier de La Baraque à Louvain-­‐la-­‐Neuve (auto-­‐construction et autogestion), les voyages et l'ouverture culturelle. Depuis 1991, il est fidèle au théâtre comme régisseur où il peut mettre à profit les savoir-­‐faire acquis dans la construction, mais où surtout l'émotion de la scène lui apporte beaucoup de bonheur : apporter au public un petit bout de miroir pour enrichir la vie du spectateur. 10 L’équipe de « Clotilde du Nord »
BROCOLI THEATRE
Michaël DE CLERCQ Metteur en scène, scénographe Courriel : [email protected] Site web : www.scenographie.org GSM : 0496 23 93 79 Formation en Arts Plastiques (1977) et en Scénographie (1988) à l'Institut St. Luc de Bruxelles, il travaille d’emblée avec plusieurs compagnies de théâtre de rue, théâtre jeune public, théâtre action ou théâtre pour adultes. Il a participé à plus d’une soixantaine de spectacles comme metteur en scène, comédien, scénographe, créateur de lumières, de costumes ou marionnettiste. Dans le théâtre jeune public, il a travaillé avec l’Anneau Théâtre, le Théâtre Maât, Mamemo, la Compagnie des Mutants, la Compagnie Transhumance, Planète Cultures, le Théâtre des Zygomars ; dans le théâtre-­‐action, avec le Brocoli Théâtre, le Collectif Libertalia, le Collectif 1984, le Théâtre du Campus, le Théâtre du Public ; dans le théâtre pour adultes, avec la Compagnie Victor B, la Compagnie des Founambules, Le Théâtre de l’Écume ou le Magic land Théâtre, notamment. Comme scénographe, il a réalisé une cinquantaine de scénographies (décors, costumes, éclairages) pour le théâtre ou la danse. Il travaille à la scénographie d’équipements du cirque théâtre de Hô Chi Minh ville au Vietnam (projet en cours). Des mises en espace d'exposition aussi : "Le Hajj d’Aïcha" dans "Dieu(x) mode d’emploi" pour Tempora (2006), "Émois au milieu" pour la Province de Namur (1992), "Transartexpress" pour le Centre Culturel de Watermael-­‐Boitsfort (1987). Le réaménagement du Domaine nature-­‐loisirs de Chevetogne (2004), pour la Province de Namur, avec "La ferme des petits" un projet ludique de psychomotricité pour enfants. Pédagogue et animateur théâtral, il donne de nombreuses formations artistiques et théâtrales en Wallonie et à Bruxelles, notamment au Théâtre La montagne magique depuis 2004. Depuis 2008, il enseigne aussi en art thérapie à la Haute École Libre de Bruxelles Ilya Prigogine. 11 L’équipe de « Clotilde du Nord »
BROCOLI THEATRE
Isabelle AIRAUD Costumière Courriel : [email protected] GSM : 0486 28 77 29 Quand est-­‐ce-­‐que cela commence, quand est-­‐ce-­‐que cela s'arrête ? L'amour du tissu matière guide mes pas. Un pied dedans avec une formation en costume dans le sud de la France. Mes mains pour le Théâtre National de Sète, les Chorégies d'Orange pour la Traviata et Otello, L'Opéra de la Monnaie (pour de nombreux spectacles), Le Théâtre National (Dialogue d'un chien, L'homme des Bois, Cendrillon…), Le Varia (plusieurs spectacles), Le Public, Metropolitan Opera (The Nose), Les Argonautes (cirque). Le cinéma comme tapissière : L'écume des jours, Une promesse, Boule et Bill, Grace of Monaco... * Sabrina CAVAGLIÀ Créatrice d’accessoires Courriel : [email protected] GSM: 0485 57 49 59 Restauratrice d’œuvres d’art de profession et de vocation, elle se forme à l’Académie des Beaux-­‐Arts de Cuneo (Italie). Elle débarque à Bruxelles en 2013 pour suivre une formation en Art thérapie à l’HELB-­‐IP, qui lui permet de mener des ateliers artistique en arts plastiques avec des malades d’Alzheimer placés en institution. Depuis elle participe au débat qui cherche à définir le rôle de l’art en contexte d’aide et de soin. Passionnée par l’exploration de la matière, en passant par la peinture, la gravure, la terre glaise, le bois, elle retrouve dans le papier un charme particulier. Elle est investie actuellement dans la création de silhouettes et décors pour un spectacle de théâtre d’ombres. 12 L’équipe de « Clotilde du Nord »
BROCOLI THEATRE
Nadège OUEDRAOGO Comédienne -­‐ chanteuse Courriel : n [email protected] Site web : www.nadouedraogo.me GSM : 0485 50 07 87 Expériences ● 2014 Actrice long métrage « Insoumise » de Jawad Rhalib / Belgique ● 2014 Actrice série télé « Esprit de famille » RTBF / Belgique ● 2014 Actrice court métrage « Maimouna » Exodus production / Belgique ● 2014 Danseuse « Festival Nuit blanche » Nâgas /Belgique ● 2014 Chorégraphe du court métrage « Les Mauviettes » de Lili Forestier / Belgique ● 2014 Chanteuse « Seul sur la route » au festival mineurs en exil /Belgique ● 2013 Comédienne « Certificat d'aptitude au mariage » Burkina Faso/Cote d'ivoire/Togo/Benin ● 2012 Concerts musique Café concert Institut Français (CCF) Burkina Faso ● 2011 Actrice « Danka » (série TV) de Abdoulaye Dao/Sahélis Productions/Burkina ● 2012 Actrice « Violences faites aux femmes » de Fanta Régina Nacro / Burkina ● 2012 Comédienne « Sa Majesté des Mouches » de William Golding/par Hendrik Aerts -­‐5 représentations au CITO (Ouagadougou) -­‐43 représentations (Flandres, Hollande) ● 2012 Formatrice Atelier danse/théâtre (Centres culturels, Flandres) Bleeding Bulls/Belgique ● 2011 Actrice « Les concessions » (série TV, 35 épisodes) Réalisé par Abdoulaye Dao/Issa Traoré de Brahima /Artistes Production/ Burkina ● 2011 Comédienne « La Vallée de l'ignorance » de Hermas Gbaguidi mise en scène par Sam Ismaël /Burkina ● 2011 Chanteuse/Coordination « Musiques Sans Frontières » -­‐Projet audiovisuel interculturel de création -­‐5 morceaux / 1 clip / 1 documentaire / 3 concerts ● 2009-­‐10 Coordinatrice Projet écologique « Humaniteem » AJBA/Université Lille (FR)/ Burkina ● 2006-­‐10 Chanteuse Chœur dans l'Orchestre de l'Intégration / Burkina Formations ● 2012 Stage de jeu d'acteur et technique vocal CITO/ Burkina ● 2012 Stage Écriture de texte /Bleeding bulls / Belgique ● 2012 École de musique / INAFAC / Burkina ● 2010 Stage en mise en scène / CARTEL / Burkina ● 2007-­‐2009 École de théâtre/ ATB/ Burkina ● 2000-­‐2007 Études Secondaires / Lycée Nelson Mandela 13 L’équipe de « Clotilde du Nord »
BROCOLI THEATRE
Mwanza GOUTIER Comédien Courriel : [email protected] GSM : 0484 69 16 63 Mwanza Goutier est un comédien d’origine afro-­‐caribéenne, né à Bruxelles le 3 août 1974. Il est diplômé en interprétation dramatique au Conservatoire de Mons dans la classe de Frédéric Dussenne, puis au Conservatoire de Liège en cours supérieur dans la classe de Matthias Simons. Au théâtre en Belgique, il a travaillé, entre autres, avec Frédéric Dussenne, Adrian Brine, Isabelle Pousseur, Michael Delaunoy, Franco Dragone, Raven Ruëll, Delphine Bougard, Transquinquennal, Muriel Denis, Jean-­‐François Demeyère, Camille Raverdy … Il est lauréat du prix « jeune espoir » du théâtre, prix de la critique belge en 2002-­‐2003 pour les pièces Bleu-­‐orange de Joe Penhall et Combat de nègres et de chiens de Bernard-­‐Marie Koltès. Plus récemment, en France, il a joué dans Une saison au Congo d’Aimé Césaire, mis en scène par Christian Schiaretti, spectacle crée au TNP à Lyon et repris en tournée à Paris et à la Martinique. Au cinéma, il joue dans de nombreux courts et longs métrages : Pièces d’identités de Mwenze N’Ganura, Cinémaéité de Jonathan Sullam (qui a reçu le prix des rencontres vidéos internationales), Adjungierte Asynchronitaten de Katharina Cibulka, Panda Farana un Congolais qui dérange de Françoise Levie, où il campe le rôle principal. On a pu le voir également dans différentes séries belges : A tort ou à raison et Esprit de familles. Il est aussi co-­‐scénariste, co-­‐auteur et acteur du film l’Arrache. 14 L’équipe de « Clotilde du Nord »
BROCOLI THEATRE
Alix DUSSART Artiste plasticienne -­‐ vidéaste Courriel : [email protected] Site web : http://alixdussart.flavors.me GSM : 0497 48 98 91 Diplômée du Master en arts plastiques, visuels et de l’espace, de l’Académie Royale des Beaux-­‐
Arts de Bruxelles, mon parcours a depuis été jalonné de différentes expositions, comme récemment l’exposition personnelle Land à l’espace 10/12 à Bruxelles, et Cohabitation avec Surya Ibrahim à la galerie Arte Contemporanea. En 2014, mon travail a été présenté au Off du Art Fair Brussels, et sélectionné lors du 23ème prix de la gravure et de l’image imprimée au Centre de la gravure de La Louvière. J’ai également reçu le prix Horlait-­‐Dapsens et j’ai participé à la Biennale de la Jeune Création de Montrouge en France en 2013. À la base de ma pratique, il y a la notion de passage, d’intervalle. Un décloisonnement entre les différents médiums que j’emprunte, la photographie, la sculpture, la vidéo, le son, en découle. Cette notion influe sur mon approche de l’image et de la matière, de la frontière entre image et sculpture. J’interroge leur ouverture, qui naît de l’accumulation de temporalités et de réalités qu’elles portent, et auxquelles elles renvoient par transparence. Le but est de percevoir « les rapports intimes et secrets entre des choses, les correspondances et les analogies » dont parlait Baudelaire. Le regard que je porte sur le corps, autre importante articulation dans ma démarche, rejoint ces questionnements. Il est envisagé selon son étymologie : une substance. Par ce postulat, je m’attache aux rencontres suscitées entre le végétal, le minéral et le corps. L’érosion que tous les trois subissent les égalise. La frontière entre corps et milieu est ainsi rendue floue. Morcelé, il perd ses contours au profit du lieu, il voit au-­‐dedans, s’y projette et s’y dissout. La géologie, la géomorphologie, l’imagerie médicale, la biologie sont des domaines qui nourrissent le développement de ma démarche. 15 L’équipe de « Clotilde du Nord »
BROCOLI THEATRE
Gilles LANGLET Vidéaste plasticien Courriel : [email protected] Site Web : http://gilleslanglet.flavors.me/ GSM : 0496 41 73 23 Licencié en arts plastiques, visuels et de l’espace, à finalité vidéographie de l’Académie Royale des Beaux-­‐Arts de Liège en 2005. Agrégé en arts plastiques, visuels et de l’espace à l’Académie Royale des Beaux-­‐Arts de Bruxelles. Formé en tant que vidéaste, j’ai aussi une longue pratique du dessin. Ma pluridisciplinarité s’est encore enrichie du medium sérigraphique. J’ai réalisé plusieurs créations d’art vidéo. Tel que la vidéo « Passe » pour « La Caravane Des 10 Mots » présentée lors du forum européen (Lyon -­‐ France) et du forum international (Québec-­‐
Canada) en 2008. Parallèlement, j’ai collaboré avec le groupe « Playboy’s Bend » (captations et projections live) et officié dans une multitude de soirées, en tant que VJay (vidéo jockey). De plus, j’ai travaillé à la captation de divers spectacles (concerts, festivals, spectacle de danse…). J’enseigne actuellement à l’Institut Saint-­‐Luc de Mons. Les sujets qui nourrissent ma démarche, sont le train comme lieu de passage lui-­‐même en passage, les images qui y défilent par les fenêtres, pour se répéter et enfin s’estomper ; la machine, l’usine, l’homme machine, l’aliénation ; la répétition, le cycle, la boucle, la répétition jusqu’à l’altération. L’erreur occupe aussi une place importante dans ma pratique. Elle est l’instant heureux, point de départ et matière de la création. 16 CONTACTS « Clotilde du Nord » : c/o Michaël De Clercq Tél. : 0496 23 93 79 Email : [email protected] Brocoli Théâtre, rue de la Charité 37, bte.33, 1210 Bruxelles. Tél. : 02 539 36 87 Email : [email protected] www.brocolitheatre.be 17 
Téléchargement