que le Maroc continuera à affronter dans les prochaines années. La section 3
présente un modèle permettant l’estimation de l’impact qu’auraient diverses ré-
formes du marché du travail sur la croissance, le chômage et les salaires. Le
modèle développé dans cet article est basé sur le modèle IMMPA développé par
Agénor, Izquirdo et Fofack (2003) et Agénor, Fernandez, Haddad et Van der
Menbrugghe (2003)1. Toutefois, la version développée dans ce qui suit diffère
d’une façon importante de celle développée dans les autres articles, afindere-
fléter les spécificités institutionnelles du pays étudié et les types de politiques que
nous avons voulu étudier. Premièrement, nous prenons en compte l’existence de
chômage déclaré pour le travail non qualifiée en zone urbaine, par l’introduction
d’un mécanisme du type Harris-Todaro pour déterminer l’offre de main d’oeuvre
non qualifiée dans le secteur formel. Cette extension est très importante pour le
Maroc où le chômage des non qualifiés représente une fraction très importante
du chômage déclaré. Deuxièmement, nous utilisons une approche de monopole
syndical pour déterminer le salaire des travailleurs qualifiés dans le secteur privé
formel qui prend en compte les coûts de licenciement, le chômage déclaré et le
rôle de signalisation des salaires du secteur public sur le salaire cible des syn-
dicats. Cette condition a conduit à une équation de salaire dans laquelle il y
auneffet du niveau du chômage sur les salaires, comme prévu par plusieurs
formes de la théorie des salaires d’efficience (comme ceux préconisant le lien
productivité salaire ou les coûts de rotation, un cadre de négociation entre les
entreprises et un syndicat central ou un effet négatif du chômage sur le salaire
de réserve des travailleurs). Troisièmement, par hypothèse, nous estimons que
les salaires nominaux sont totalement flexibles pour les travailleurs syndiqués et
non syndiqués du secteur agricole des biens échangeables et non échangeables et
qu’ils s’ajustent continuellement pour équilibrer l’offre et la demande de travail
sur le marché du travail rural. Quatrièmement, les salaires du secteur public
sont traités comme exogènes. Par hypothèse, nous considérons aussi qu’il existe
des avantages non pécuniaires (en termes de sécurité du travail par exemple)
qui induisent une absence de rotation pour cette catégorie de travailleurs, même
en présence de salaires plus importants pour la même catégorie de travailleurs
dans le secteur privé. Cinquièmement, en vue d’analyser l’impact des change-
ments dans la taxation des salaires sur l’emploi, nous introduisons un impôt sur
le revenu pour la main d’oeuvre qualifiée et non qualifiée dans le secteur privé
formel urbain. L’impact de l’impôt sur le revenu sur la demande de travail (par-
ticulièrement pour la main d’oeuvre non qualifiée) est une question de politique
économique majeure au Maroc. Notre modèle nous permet de considérer les
implications générales dues au changement du niveau de ces taxes et les divers
canaux de transmission à travers lesquels elles affectent le niveau du chômage,
en plus des complémentarités possibles entre les politiques du marché de travail
et la réforme de ces impôts. Finalement, nous prenons en considération les ef-
fets de congestion associée à l’utilisation des ressources publiques dans les zones
urbaines.
1Divers modèles d’équilibre général ont été récemment élaborés pour le Maroc. Ils incluent
Cogneau et Tapinos (1995), Lofgren (1999) et Rutherford, Rustrom, et Tarr (1994).Toutefois,
aucun de ces modèles ne traite les problématiques discutées dans ce papier.
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