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POURQUOI CE SPECTACLE?
Dans le contexte actuel, il est fondamental d’ouvrir le champ de son action au-delà de la
désormais tristement célèbre commune de Molenbeek ou de celles où des populations
d’origines étrangères sont particulièrement concentrées. Il convient de jeter un pont et
faire la jonction entre des mondes qui tendent à se fragmenter alors qu’ils n’en forment
qu’un : celui fédérateur et critique qui porte en lui la culture des mélanges, qui ne renie
ni ses racines ni son présent, à l’instar de Sainte Fatima de Molem, un spectacle qui
depuis sa création en 2009, n’a cessé d’être joué.
Le programmer aujourd’hui, à l’heure de la montée des extrémismes et du repli
communautaire, prend ainsi tout son sens.
UNE BELGIQUE DE PLUS EN PLUS XÉNOPHOBE?
Le 9 janvier 2017, Le SOIR, a publié un article dressant le sombre portrait d’une Belgique
qui ne croit plus à ses institutions et qui rejette violemment l’étranger.
Vous trouverez ci-dessous des extraits de ce dossier spécial, réalisé sur ce sujet, de
quoi alimenter le débat et demander à vos élèves ce qu’ils pensent des résultats de
cette enquête.
NOIR JAUNE BLUES, 20 ANS APRÈS: L’inquiétude des Belges
“En 1997, la Belgique cherchait à se relever du traumatisme de l’aaire Dutroux.
Quelques mois plus tôt, des centaines de milliers de citoyens étaient descendus dans
les rues pour réclamer plus de justice, plus de démocratie. Le Soir avait lancé “Noir
Jaune Blues”, une enquête de longue haleine menée par 40 journalistes épaulés par
les sociologues de l’institut Survey&Action. Cette radioscopie soulignait les doutes
et angoisses des Belges francophones. Elle relevait également leurs aspirations pour
une société meilleure. Vingt ans plus tard, la Fondation “Ceci n’est pas une crise” a
demandé à Survey&Action de mener un “Noir Jaune Blues” bis, étendu cette fois à tout
le royaume. Le résultat de cette étude (plus de 4700 entretiens personnalisés avec une
marge d’erreur de 2%) est sans appel : les attentes exprimées par les citoyens en 1997
n’ont pas été rencontrées. En 2017, les Belges ont une vision sombre de l’avenir. Ils se
sentent abandonnés par des institutions auxquelles ils ne font plus confiance : ils ne
sont guère que 32% à penser que “le système démocratique fonctionne plutôt bien”
alors que 80% estiment que “les dirigeants politiques ont laissé la finance prendre le
pouvoir”. Conséquence de ce sentiment d’abandon, le Belge se replie de plus en plus
sur lui-même ou son entourage proche. Avec comme corollaire un regain du sentiment
identitaire : 77% des sondés (hors étrangers et Belges issus de l’immigration extra-
européenne) arment qu’ “on ne se sent plus chez soi comme avant”. La peur de
l’étranger domine, doublée désormais par la crainte de l’islam, comme l’arment deux
sondés sur trois.”1
1 Article extrait du Dossier NOIR JAUNE BLUES 20 ANS APRÈS: L’inquiétude des Belges, Le Soir,
Lundi 9 janvier 2017