Extraits
Gaëtan : Partir. Là-bas.
Yaël : Sur la Grande Terre? Gaëtan mon grand, t’as la cafetière qui fuit! Quitter notre île?
Gaëtan : Les animaux l'ont bien fait eux.
Yaël: Mais Gaëtan mon vieil ami, mon crottin, eux, c'était pour nous punir!
Parce qu'on leur avait tout salopé leur ciel et leurs rivières, tout coupé leurs forêts, tout empoisonné la vie avec nos gaz et nos
acides.
Alors de la fourmi à l'éléphant, sans faire de bruit, ils se sont tous fait la malle dans la nuit, je connais l'histoire merci!
Mais nous deux, si on se taille, c'est une vache de punition pour notre unique amour.
Gaëtan : Maman nous aime, elle comprendra.
Yaël : Abandonnée par ses enfants? Ils vont lui manquer terriblement, surtout le plus jeune.
(...)
Habilis : Tout se peint, Yaël, absolument tout.
Les taureaux, les dragons, les nuages, les pensées, les sentiments, les gens qu'on aime...
Yaël : Même les gens qu'on aime et qui nous manquent?
Habilis : Surtout ceux-là.
Yaël: Moi, si j'avais quelqu'un de prisonnier dans mon manque, j'aimerai bien pouvoir lui rendre la liberté
Habilis : Tu le portes en toi, ce quelqu'un, non?
Yaël : Il est gravé pour l'éternité sur mes parois intérieures.
Dis monsieur Maurice, et les sentiments qui m'arrivent des fois comme une vague des profondeurs, même qu'ils me chamboulent
tout du sol au plafond, sans savoir ni pourquoi ni comment, je peux leur rendre leur liberté à ceux-là aussi, dites?
Habilis : Les couleurs sont là pour ça.
Yaël : Et les mauvais rêves?
Habilis : Aide-les à s'échapper.
Yaël : Comment?
Habilis : Peins-les.