Presse
EXODES, EXILS, DE PATRIE EN PATRIE
Un jeune immigré, sans papier, doit à la fois s’intégrer et se préparer à être renvoyé d’où il
vient sans autre forme que celle de lois protectionnistes dont les arrêtés ignorent les mots de
l’humain.
Nino est chassé de son pays par la guerre avec sa famille. Nina est première de classe mais
peu aimée de ses condisciples et malmenée par les conflits qui divisent ses parents.
L’improbable rencontre a lieu sur un banc d’école primaire. Seuls malgré eux, ces deux-là se
comprennent, s’épaulent, s’apprivoisent, s’échangent leur culture. Tout va bien. Sauf que
l’Office des Étrangers en a décidé autrement. Il applique les textes administratifs à la lettre et
non selon l’esprit. Nino repart. Nina se résigne.
Trente ans plus tard, retrouvailles inattendues, exploration de souvenirs, mise au jour de
sentiments ressentis à l’orée de l’adolescence mais impossibles à exprimer à l’époque. Les
connivences resurgissent, les blessures et les bonheurs s’énumèrent. Le temps a passé ; le
temps n’a pas effacé.
La trame de l’histoire est simple. Son traitement dramatique est complexe et subtil. Sylvie de
Braekeleer a mis en présence le couple d’hier, le duo d’aujourd’hui. Quatre comédiens
incarnent donc les écoliers et les adultes. Parfois les aînés regardent attendris les scènes
vécues autrefois, parfois ils les racontent, voire précisent un détail, confrontent une
interprétation filtrée par la mémoire. À d’autres moments, les uns prennent le relais des autres,
en dehors de tout systématisme. Il arrive même qu’ils rejouent ensemble ce qui fut, ce qui est
en train d’être.
Le spectacle est lui aussi doublé d’un autre spectacle. De la musique, des chants et des danses
folkloriques venus de l’Est rythment la pièce. C’est à la limite de l’envahissement mais c’est
une façon de faire respirer le texte. Quant aux thèmes, ils sont patents : joies et meurtrissures
de l’enfance, apports essentiels du culturel, drames engendrés par l’intolérance des nations
comme des familles, inadaptation des moyens législatifs face à l’immigration clandestine et
aux demandes d’asile politique. Sans être totalement happy end mais presque induite comme
telle, la fin peut paraître facile. Elle éclaire d’un peu d’optimisme la grisaille coutumière de
l’actualité du monde.
MICHEL VOITURIER
Aux Rencontres du Théâtre Jeune Public à Huy, le 20 août 2008
LA POÉSIE et le merveilleux habitent deux des spectacles les plus attachants des
Rencontres hutoises.
Il y a des jours comme ça presque tout semble fait pour vous donner du bonheur. Déjà,
mercredi soir, le théâtre Isocèle remportait un joli succès avec Quand j’étais grandDestiné
aux enfants de 9 ans et plus, ce spectacle remonte dans le passé de deux quadragénaires qui se
retrouvent, trente ans après avoir partagé les mêmes bancs d’école. Nino venait d’un pays
lointain et en guerre. Nina était la première de classe, snobée par les autres enfants.
Entre le petit réfugié à l’accent bizarre et la gamine solitaire, le courant passa immédiatement.
Nino et Nina jurèrent de ne jamais se quitter. Pourtant, un jour, Nino et sa famille furent
renvoyés dans leur pays… Abordant le thème des expulsions, des différences de culture,
Quand j’étais grand… est porté par une belle équipe de comédiens (Jean-François de neck,
Emmanuel Dell’Erba, Anne Yernaux et Marie-Aurore d’Awans) mise en scène par Sylvie de
Braekeleer avec l’aide d’Isabelle Lamouline pour la chorégraphie. Emouvant.
JEAN-MARIE WYNANTS
Le vendredi 22 août 2008
Alors qu’on laisse pourrir chez nous la problématique des réfugiés, qu’on ose renvoyer dans
un soi-disant "chez eux" des enfants adaptés à notre pays depuis plusieurs années, il est utile
que le théâtre aborde ces problèmes. Mais le sujet n’est pas tout. La réussite du spectacle tient
bien sûr à la manière de traiter ces drames humains. Ici, aucune dramatisation superflue. Nino
et Nina se retrouvent après trente ans. C’est par flash-backs que nous partageons leur histoire,
de la rencontre sur les bancs de l’école jusqu’à la séparation forcée. En jeu, en danses ou en
chansons, on vit avec eux leurs joies, leurs projets, leurs difficultés jusqu’à l’absurde
séparation. Un spectacle qui aidera les enfants à changer leur regard en le chargeant de plus
d’humanité.
PHILIPPE MATHY
Coup de coeur
Le Ligueur du 17 septembre 2008 n° 29
Dossier « …et des spectacles pour toute l‘année »
Quand j’étais grand
Cela fait trente ans qu'ils s'étaient perdus de vue. Ils se retrouvent enfin et se remémorent leur
passé. Jadis, sur les bancs de l'école, Nino, fils d'immigré arrivant d'un pays en guerre,
rencontrait Nina, en quarantaine parce que la meilleure de la classe. Tout semblait les séparer,
pourtant, ils se plaisent et jurent de ne jamais se quitter. Puis un jour, Nino et sa famille sont
renvoyés dans leur pays d'origine.
Belle mise en parallèle de deux existences, de deux parcours improbables, contrariés. Un
spectacle qui aborde avec finesse et émotion les différences de culture, l'amour entre
adolescents, la rigueur impitoyable et aveugle des services de l'immigration. Une excellente
interprétation des comédiens, efficaces, justes, sensibles et émouvants, qui investissent leur
personnage avec ferveur.
Philippe Vassilieff
Agence Sigma Belgique
26 septembre 08
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