Écrire le temps • Les tableaux urbains de Louis Sébastien Mercier

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Geneviève Boucher est professeure au Département de français de
l’Université d’Ottawa. Elle a publié de nombreux articles et comptes
rendus sur l’œuvre de Louis Sébastien Mercier et sur l’imaginaire
révolutionnaire.
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34,95 $ • 31 e
boucher
Les tableaux urbains
de Louis Sébastien Mercier
isbn 978-2-7606-3444-2
Couverture : Vue imaginaire de la Grande Galerie du Louvre
en ruines de Hubert Robert, Musée du Louvre
Disponible en version numérique
www.pum.umontreal.ca
PUM
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Écrire le temps
Écrire le temps
Figure emblématique du tournant des Lumières, Louis
Sébastien Mercier (1740-1814) est l’auteur d’une œuvre abondante qui fascine par son étonnante modernité. Mercier, qui
s’autoproclame « hérétique en littérature », pose sur le monde
un regard neuf, débarrassé des anciennes hiérarchies.
Dans son œuvre panoramique, formée du Tableau de
Paris et du Nouveau Paris, il arpente les rues de la capitale à
la recherche de « matière à ses crayons » : il croque sur le vif
la vie urbaine, les scènes du quotidien et les mœurs parfois
étranges des habitants. Les deux œuvres donnent à voir une
ville qui change à vue d’œil, qui ne cesse de déborder de ses
enceintes, une ville qui, devenue le théâtre d’une grande
révolution, se réinvente et réécrit son histoire.
Geneviève Boucher
Les Presses de l’Université de Montréal
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Les tableaux urbains de
Louis Sébastien Mercier
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Geneviève Boucher
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Mise en pages : Yolande Martel
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec
et Bibliothèque et Archives Canada
Boucher, Geneviève, 1980
Écrire le temps : les tableaux urbains de Louis Sébastien Mercier
(Espace littéraire)
Comprend des références bibliographiques.
isbn 978-2-7606-3444-2
1. Mercier, Louis Sébastien, 1740-1814 – Critique et interprétation.
2. Temps dans la littérature. 3. Paris (France) – Dans la littérature.
I. Titre. II. Collection : Espace littéraire.
pq2007.m6b68 2014 843’.5 c2014-941954-6
Dépôt légal : 3e trimestre 2014
Bibliothèque et Archives nationales du Québec
© Les Presses de l’Université de Montréal, 2014
isbn (papier)978-2-7606-3444-2
isbn (PDF) 978-2-7606-3445-9
isbn (ePub) 978-2-7606-3446-6
Les Presses de l’Université de Montréal reconnaissent l’aide financière du gouvernement
du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada pour leurs activités d’édition
et remercient de leur soutien financier le Conseil des arts du Canada et la Société de
développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC).
Cet ouvrage a été publié grâce à une subvention de la Fédération des sciences humaines
de concert avec le Prix d’auteurs pour l’édition savante, dont les fonds proviennent du
Conseil de recherches en sciences humaines du Canada.
imprimé au canada
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remerciements
Ce livre est tiré d’une thèse de doctorat réalisée en cotutelle à l’Université de Montréal et à l’Université Paris-Sorbonne et soutenue en janvier
2010. Ma gratitude va d’abord à Benoît Melançon et à Michel Delon,
dont les conseils éclairés et les lectures attentives m’ont permis de
mener à bien ce projet. Tous deux ont été pour moi des modèles d’érudition et des sources inestimables de stimulation intellectuelle. Je tiens
également à remercier Laurence Mall, Pierre Frantz et Ugo Dionne qui
ont lu et commenté la première version de cet ouvrage, de même que
Pierre Popovic dont les conseils bienveillants ont contribué, de près ou
de loin, à la réalisation de ce travail. Ma reconnaissance va enfin à mes
proches pour leur présence et leur soutien indéfectible, avec un merci
tout spécial à Nicolas pour sa patience, son engagement constant et son
énergie contagieuse.
Les recherches qui ont mené à la réalisation de cet ouvrage ont bénéficié de l’appui financier de nombreux organismes et institutions : le
Conseil de recherches en sciences humaines du Canada, le Programme
de soutien aux cotutelles de thèse du Consulat de France et du ministère
des Relations internationales du Québec, la Faculté des études supérieures et postdoctorales de l’Université de Montréal et le Département
des littératures de langue française de l’Université de Montréal.
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introduction
Si le xviiie siècle est le théâtre d’une révolution politique, scientifique
et littéraire, il met aussi en branle une révolution temporelle. La valeur
philosophique inédite qu’acquiert le présent pendant cette période
d’optimisme et de croissance bouscule les imaginaires du temps et
remet en cause les vieilles allégeances au passé. N’ayant plus à être
subordonné à un passé glorieux enfoui dans des siècles lointains, le
présent fascine les contemporains et devient un objet littéraire à part
entière. On cherche à le décrire, à le comprendre, à saisir les rapports
complexes qu’il entretient avec le passé et à imaginer son déploiement
dans l’avenir.
À l’instar des Lesage, des Marivaux ou des Diderot qui, tout au long
du siècle, ont injecté à la littérature une dose de réalisme, de plus en
plus d’écrivains prennent le parti de la contemporanéité et s’attachent
à décrire le monde qui les entoure en faisant fi des prescriptions classicisantes et en remodelant les canons esthétiques. Louis Sébastien
Mercier (1740-1814) est sans doute l’un des plus importants représentants de ce courant. Prenant à bras le corps la vie parisienne du siècle
finissant, son œuvre panoramique, composée du Tableau de Paris1
(1781-1788) et du Nouveau Paris2 (1798) dresse un portrait inédit de
1. Louis Sébastien Mercier, Tableau de Paris, Paris, Mercure de France, coll. « Librairie
du bicentenaire de la Révolution française », 1994 [1781-1788], édition établie sous la direc­
tion de Jean-Claude Bonnet, 2 tomes. Désigné dans cet ouvrage par l’abréviation TdP.
2.Louis Sébastien Mercier, Le Nouveau Paris, Paris, Mercure de France, coll.
« Librairie du bicentenaire de la Révolution française », 1994 [1798], édition établie sous
la direction de Jean-Claude Bonnet. Désigné dans cet ouvrage par l’abréviation NP.
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l’activité de la capitale et met au jour les multiples temporalités qui
composent l’espace urbain. Ces deux œuvres, dont l’écriture s’étend sur
dix-sept ans, donnent à voir une ville qui change à vue d’œil, une ville
qui ne cesse de déborder de ses enceintes, une ville enfin qui, devenue
le théâtre d’une grande révolution, se réinvente et réécrit son histoire.
Dès l’ouverture du Tableau de Paris s’affirme l’ambition de faire
émerger un nouveau savoir sur Paris en peignant sa « physionomie
morale ». Mercier se défait des lunettes aveuglantes de l’habitude et,
armé d’un regard perçant, il parcourt les rues de la capitale, observe les
mœurs de sa population et tente de décrire, dans ses multiples rouages,
le fonctionnement de la société. Il aborde la ville dans sa pluralité physique et morale, à travers de courts chapitres disposés de manière relativement désordonnée, souvent même aléatoire. L’immense succès
commercial que connaît le Tableau dès sa première publication encourage Mercier à ajouter de nouveaux volumes aux deux volumes initiaux,
de telle sorte que, d’année en année, l’œuvre prend de l’ampleur, jusqu’à
compter douze volumes en 17883. À l’affût des nouveautés et des scènes
inédites, Mercier court littéralement après le temps. À une époque où la
ville se transforme à un rythme effréné et où le temps semble s’accélérer,
l’auteur tente désespérément de faire coïncider son livre avec l’état actuel
de la capitale, ce qui le condamne à une réactualisation perpétuelle et
l’oblige à ajouter sans cesse de nouveaux tableaux à ceux déjà parus.
Alors que Mercier, à la fin de 1788, croyait avoir brossé un tableau
exhaustif de la vie parisienne, la Révolution arrive et modifie si radicalement le visage de la capitale que le Tableau tombe en désuétude : dès
le mois de décembre 1789, à peine un an après la publication du douzième volume, Mercier décrète qu’il est entièrement à refaire4. Saisi par
le tourbillon révolutionnaire, il suspend l’écriture de cette nouvelle
œuvre pendant la phase extrême de la Révolution, puis reprend son
projet vers 1796. Le Nouveau Paris paraît deux ans plus tard5. L’œuvre,
3. Après une première publication du Tableau de Paris en 1781 (en deux volumes) chez
Samuel Fauche à Hambourg et Neuchâtel, Mercier change d’éditeur et publie les deux
volumes initiaux de même que les dix autres volumes à Amsterdam entre 1782 et 1788.
4.Louis Sébastien Mercier, Adieux à l’année 1789, Paris, janvier 1790.
5. Le Nouveau Paris est publié à Paris chez Fuchs à la fin de l’année 1798 (6 vol.) ; en
1807, Mercier fait paraître avec ses collègues et amis allemands (en langue allemande
uniquement) un « Nouveau Tableau de Paris » : John Pinkerton, Carl-Friedrich Cramer
et Louis Sébastien Mercier, Ansichten der Haupstadt des französischen Kayserreichs vom
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introduction
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qui dresse un panorama des nouvelles mœurs et fournit l’une des premières histoires de la Révolution, se présente d’emblée comme la suite
actualisée, voire comme le substitut, du Tableau.
Mais, malgré une continuité indéniable, les enjeux moraux, politiques et esthétiques se déplacent d’une œuvre à l’autre. Pour Mercier,
il existe un lien de consubstantialité entre le texte et son référent, Paris :
cela implique que si Paris change, le texte doit également changer dans
son style, sa forme et sa texture mêmes. Puisqu’une réalité nouvelle
exige une langue nouvelle, Le Nouveau Paris ne peut reproduire la
facture du Tableau : son ton, son style et sa rhétorique s’imprègnent du
contexte ambiant. Dans l’avant-propos du Nouveau Paris, Mercier va
jusqu’à conseiller aux jeunes auteurs de « fai[re] [leur] idiome, car [ils
ont] à peindre ce qui ne s’est jamais vu6 ». Comme la poétique, le traitement du temps connaît des inflexions majeures : dans cette œuvre
postrévolutionnaire, les instances de l’axe temporel acquièrent un statut
nouveau et font émerger des représentations inédites. Les thèmes, les
formes et les tropes à travers lesquels s’exprimait la conscience temporelle sont remaniés en même temps que la visée de l’œuvre qui, en plus
de décrire la ville nouvelle, cherche à esquisser une histoire de la
Révolution et à comprendre les rouages complexes de cet événement
inouï. Par leurs rapports de continuité et de rupture, le Tableau de Paris
et Le Nouveau Paris nouent un réseau complexe de tensions temporelles
et agissent comme une caisse de résonance des multiples configurations
de la conscience historique.
À des degrés divers, on pourrait d’ailleurs dire que l’ensemble de
l’œuvre de Mercier, qui s’étend sur les cinq décennies de transition
entre l’apogée des Lumières et le début du romantisme, répond à des
impératifs d’ordre temporel. La carrière du polygraphe s’inscrit effectivement sous le signe de l’innovation poétique et, à ce titre, elle soumet
l’écrit aux exigences encore informulées de la contemporanéité.
Comme la plupart des auteurs de sa génération, Mercier pratique
plusieurs genres – littéraires ou non – et embrasse une multiplicité
Jahre 1806, Amsterdam, Kunst und Industrie Comptoir, 1807-1808, 2 vol. Il est dommage
que cet ouvrage n’ait toujours pas fait l’objet d’une traduction française : il pourrait
apporter un éclairage précieux sur Le Nouveau Paris et, plus largement, sur l’œuvre
révolutionnaire du polygraphe.
6.Louis Sébastien Mercier, Le Nouveau Paris, op. cit., p. 19.
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de sujets et de disciplines. Après des débuts peu remarqués en poésie
d’inspiration classique7, il publie en 1763 Le Bonheur des gens de lettres,
un discours à travers lequel s’expriment des idées poétiques novatrices et dans lequel la fonction sociale de l’écrivain est affirmée avec
force – conformément au discours des Lumières, l’écrivain est présenté
comme un guide, un éclaireur8. À la fin des années 1760, Mercier se
consacre au théâtre, genre avec lequel il connaîtra un succès honnête :
dans toute sa carrière, il écrira une cinquantaine de pièces, dont les plus
connues sont Jenneval, Le Déserteur, L’Indigent, Jean Hennuyeux, La
Brouette du vinaigrier, La Destruction de la Ligue et Le Ci-devant noble9.
La plupart de ces pièces s’inscrivent dans la lignée du drame bourgeois,
dont il contribue, avec Diderot, à élaborer la théorie10. Durant la
décennie 1770, il multiplie d’ailleurs les discours, souvent volontairement polémiques, sur la littérature, l’histoire et la science, genres
qu’il pratiquera, avec un goût croissant pour la provocation, jusqu’à
sa mort en 181411. En 1771, il revisite le genre de l’utopie, inauguré par
7. Il écrit, au début des années 1760, une série d’héroïdes inspirées d’Ovide et ayant
pour sujet des épisodes de l’histoire antique.
8. « Entendez-la, cette voix forte et puissante, qui comme un tonnerre qui roule dans
la nue, réveille les esprits qui sont engourdis : non, ce n’est plus un homme, c’est un Dieu
tutélaire qui s’est chargé des intérêts de la patrie, et qui défend la cause honorable de
l’humanité ; d’une main il foudroie le vice, de l’autre il dresse des autels à la vertu ; il a
déployé toute l’indignation d’une âme sensible contre d’injustes tyrans ; il rejette le cri
insensé de l’opinion pour faire parler la voix immortelle de la raison » (Louis Sébastien
Mercier, « Le bonheur des gens de lettres », repris dans Mon bonnet de nuit, Paris, Mercure
de France, 1999, édition établie sous la direction de Jean-Claude Bonnet, p. 1025).
9.Jenneval ou le Barnevelt français, drame en cinq actes et en prose, Paris, Lejay, 1769 ;
Le Déserteur, drame en 5 actes et en prose, Paris, Lejay, 1770 ; L’Indigent, drame en quatre
actes en prose, Paris, Lejay, 1772 ; Jean Hennuyer, évêque de Lisieux, drame en trois actes,
Londres, 1772 ; La Brouette du vinaigrier, drame en trois actes, Londres et Paris, 1775 ;
La Destruction de la Ligue, ou la réduction de Paris, pièce nationale en 4 actes, Amsterdam,
1782 ; Le Ci-devant noble, comédie en 3 actes, en prose, Paris, Imprimerie du Cercle social,
1791.
10. Du théâtre, ou Nouvel Essai sur l’art dramatique, Amsterdam, E. van Harrevelt,
1773.
11. De la littérature et des littérateurs. Suivi d’un nouvel examen de la tragédie française, Yverdon, 1778 ; Histoire de France, Paris, 1779-1781, 6 vol. ; Portraits des rois de
France, Neuchâtel, Imprimerie de la Société typographique, 1783, 4 vol. ; Notions claires
sur les gouvernements, Amsterdam, 1787, 2 vol. ; Lettre au Roi, contenant un projet pour
liquider en peu d’années toutes les dettes de l’État, soulageant […] le peuple du fardeau des
impositions, Amsterdam, chez les marchands de nouveautés, 1789 ; De Jean-Jacques
Rousseau considéré comme l’un des premiers auteurs de la Révolution, Paris, Buisson, 1791,
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Thomas More, en créant, avec L’An 2440, la première uchronie12. Dans
cette œuvre, la perfection sociale n’est plus le résultat d’un déplacement spatial, mais bien d’un déplacement temporel : conformément à
l’enthousiasme progressiste, c’est dans l’avenir que réside la promesse
d’une société parfaite. Dans le genre narratif, outre ce roman, Mercier
se livre surtout à l’écriture de courtes histoires, comme celles qui sont
compilées dans ses Songes et visions philosophiques ou dans ses Fictions
morales13. Mêlant le genre narratif à celui du tableau, il publie entre
1784 et 1786 Mon bonnet de nuit14, un recueil de tableaux littéraires et
de réflexions diverses à travers lesquels s’exprime une sensibilité que l’on
pourrait qualifier de baroque. Cette œuvre, qui est rééditée huit fois du
vivant de l’auteur, est écrite parallèlement au Tableau de Paris, dont elle
est en quelque sorte le versant nocturne15. Si Mercier, qui fait paraître
le Tableau entre 1781 et 1788, attend dix ans avant de publier sa suite
(Le Nouveau Paris), c’est notamment parce qu’il s’engage activement
dans la vie politique pendant toute la période révolutionnaire. Élu
député à la Convention en 1792, il appuie les Girondins en 1793, ce qui
lui vaut d’être emprisonné pendant la Terreur. Libéré après la chute de
Robespierre, il revient à la Convention en décembre 1794 et devient
membre du Conseil des Cinq-Cents en 1795. Dans le prolongement de
son activité politique, Mercier, constamment à la recherche de formes
qui lui permettent d’appréhender le temps présent, explore les nouvelles
possibilités qu’offre le journalisme. Dès le début de la Révolution, il
fonde avec Carra les Annales patriotiques et littéraires de la France auxquelles il contribue régulièrement d’octobre 1789 à octobre 1793, puis
2 vol. ; Fragments de politique et d’ histoire, Paris, Buisson, 1792, 3 vol. ; Histoire de France,
depuis Clovis jusqu’au règne de Louis XV, Paris, Cérioux et Lepetit jeune, an X-1802,
6 vol. ; Satires contre les astronomes, Paris, Terrelonge, an XI-1803 ; De l’ impossibilité du
système astronomique de Copernic et de Newton, Paris, Dentu, 1806 ; Satires contre Racine
et Boileau, dédiées à A.W. Schlegel, auteur de « Comparaison entre la Phèdre de Racine et
celle d’Euripide », Paris, Hénée, 1808.
12. L’An 2440. Rêve s’ il en fût jamais, Londres, 1771.
13. Songes et visions philosophiques, Londres et Paris, Lejay, 1768 (une nouvelle version
de cette œuvre paraît en 1788 dans Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, vol. XXXII, Amsterdam et Paris, 1788) ; Fictions morales, Paris, Imprimerie du
Cercle social, 1792, 3 vol.
14.Mon bonnet de nuit, Neufchâtel, Imprimerie de la Société typographique, 1784,
2 vol. (les tomes 3 et 4 sont publiés à Lausanne en 1786 chez J.-P. Heubach).
15. Mercier insiste d’ailleurs sur la complémentarité des deux œuvres.
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de 1794 à 179616. Il collabore également à plusieurs autres périodiques,
dont Le Spectateur national, La Tribune des hommes libres, La Sentinelle
et La Chronique du mois. En 1801, il entend dynamiser la langue – et,
plus largement, la littérature – avec sa Néologie, un dictionnaire de
mots nouveaux par lequel il entend produire sur la langue un effet aussi
important qu’a eu la Révolution sur la société.
L’œuvre de Mercier jouit à l’époque d’un succès considérable : L’An
2440 connaît onze éditions du vivant de l’auteur et Mon bonnet de nuit,
huit ; le Tableau de Paris se vend à 100 000 exemplaires dans toute
l’Europe et figure, selon Robert Darnton, parmi les meilleures ventes
de la Société typographique de Neuchâtel17. La fin de la carrière littéraire de Mercier a moins d’éclat : l’auteur perd beaucoup de sa crédibilité lorsqu’il se lance dans une étonnante polémique contre Newton et
Copernic, dont les thèses sont pourtant admises en France depuis
plusieurs décennies18. Malgré ces excentricités, il continue à siéger à
l’Institut national, qui a remplacé l’Académie française, et il y fait des
contributions importantes, tant dans le domaine de la littérature que
de la philosophie (il est notamment l’un des premiers à présenter
l’œuvre de Kant en France)19.
Si chacune des œuvres de Mercier contribue à sa manière à donner à
l’art poétique un souffle nouveau et à renouveler la sensibilité esthétique,
aucune ne joue avec l’imaginaire temporel autant que le diptyque que
forment le Tableau de Paris et Le Nouveau Paris. Parce qu’elles sont
directement en prise sur le réel, qu’elles ont une visée totalisante, qu’elles
se déploient dans le temps et qu’elles jouissent d’une rare liberté formelle,
ces deux œuvres impliquent un dialogue avec l’imaginaire temporel,
dont elles contribuent à moduler et à reformater les représentations20.
16. L’année où il cesse de rédiger des articles pour ce journal correspond à la période
de son emprisonnement, d’octobre 1793 à octobre 1794.
17. Voir Robert Darnton, Édition et sédition. L’univers de la littérature clandestine au
xviiie siècle, Paris, Gallimard, coll. « NRF essais », 1991.
18. Voir Joël Castonguay-Bélanger, Les Écarts de l’ imagination. Pratiques et représentations de la science dans le roman au tournant des Lumières, Montréal, Presses de l’Université de Montréal, coll. « Socius », 2008.
19. Pour une liste complète des œuvres de l’auteur, voir « Œuvres de Mercier », dans
Jean-Claude Bonnet (dir.), Louis Sébastien Mercier. Un hérétique en littérature, Paris,
Mercure de France, 1995, p. 471-483.
20.C’est pourquoi la présente étude se limitera à l’œuvre panoramique de Mercier et
exclura par exemple L’An 2440, qui présente certes des similitudes avec l’œuvre panora-
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introduction
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Comme le siècle qui le fabrique, cet imaginaire est composé de
représentations plurielles qui se relaient tout en entretenant des rapports de tension. Les discours oscillent entre l’imaginaire du progrès et
celui du retour, entre l’idée de perfectibilité et celle de décadence, entre
la construction et la destruction. Dès le début du xviiie siècle, voire la
fin du xviie, le modèle linéaire vient se superposer au modèle cyclique,
qui supposait une alternance entre des périodes creuses et des périodes
fastes censées rejouer l’âge d’or antique. Le champ de l’avenir, qui se
limitait auparavant à une vague répétition, est désormais ouvert à une
perfectibilité illimitée, assurée par une « raison triomphante [qui]
garantit le progrès perpétuel21 ». En phase avec le présent et ouverte sur
l’avenir, l’idéologie du progrès entend inaugurer un temps neuf, débarrassé des références religieuses. Ce nouvel imaginaire temporel se
développe tant sur le terrain des belles-lettres que sur celui de la philosophie, de l’histoire et de la politique22. Des premiers balbutiements de
l’idée de progrès chez Perrault à l’enthousiasme progressiste d’un Kant
ou d’un Condorcet, qui défendent le principe d’un progrès général de
l’humanité, le temps s’ouvre à un nouvel horizon, qui ne se situe plus
en amont, mais en aval. L’ouverture vers l’avenir se manifeste également
dans le champ politique. Plutôt que de chercher simplement à se maintenir, l’État doit désormais viser une amélioration continue : pour Jean
Marie Goulemot, la politique, à partir du xviiie siècle, « n’est plus dur
désir de durer, opposition à l’écoulement et à l’usure, mais volonté
d’instaurer un ordre plus juste23 ». Ce modèle d’une histoire linéaire
dont les hommes sont les principaux artisans entraîne l’idée que les
mique et qui met en jeu des questions relatives à la temporalité, mais dont la dimension
fictive fait qu’elle se situe dans un paradigme différent et qu’elle déploie des représentations de nature différente. Cela dit, cette œuvre sera souvent mobilisée comme corpus
secondaire, au même titre que les Songes et visions philosophiques et Mon bonnet de nuit.
21. Jochen Schlobach, « Pessimisme des philosophes ? La théorie cyclique de l’histoire
au 18e siècle », Studies on Voltaire and the Eighteenth Century, 155, 1976, p. 1971.
22.Voir Judith Schlanger, « Les débats sur la signification du passé à la fin du
xviiie siècle », dans Le Préromantisme : hypothèque ou hypothèse ? Actes du Colloque de
Clermont-Ferrand, 29 et 30 juin 1972, Paris, Klincksieck, 1975, p. 576.
23.Jean Marie Goulemot, Le Règne de l’ histoire. Discours historiques et révolutions
xviie-xviiie siècle, Paris, Albin Michel, coll. « Bibliothèque Albin Michel Idées », 1996,
p. 325.
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limbes de l’histoire sont terminés et que l’âge de l’émancipation est
arrivé24.
La Révolution amplifie et exalte cette foi dans le destin collectif :
dans le discours des révolutionnaires, tout se passe comme si les
lumières de la raison étaient enfin descendues sur le peuple et l’avaient
incité à construire une société démocratique25. Mais, si la Révolution
voit culminer l’idéal progressiste, elle ouvre également une brèche dans
l’histoire du progrès humain, car, plutôt que d’intégrer l’héritage des
générations antérieures (transmission indispensable à tout progrès), elle
coupe les ponts avec le passé en ce qu’elle prétend instaurer une ère
entièrement neuve. Tout au long du xviiie siècle, le présent a semblé se
détacher progressivement du passé, mais il faut attendre la Révolution
pour que ce détachement soit ressenti comme irréversible. Pour se
débarrasser d’un passé incommodant parce qu’indissociable de la
référence monarchique, on se met à détruire les symboles et les monuments de l’ancien monde et l’on instaure le calendrier républicain pour
officialiser l’inauguration d’un temps neuf. Le décompte des années est
repris à zéro et de nouvelles unités de mesure du temps sont imposées.
Avec la Révolution se développe ainsi, comme l’écrit François Furet,
un « nouveau type de pratique et de conscience historiques26 ».
Pour des théoriciens de l’histoire comme Michel de Certeau, Philippe
Ariès et Éric Méchoulan, c’est précisément cette propension à se dissocier du passé qui inaugure la conscience historique moderne27. Plutôt
que de contempler « le miroitement indéfini du passé dans tous les faits
et gestes du présent28 », le « régime moderne d’historicité29 » exige au
contraire que le passé soit rendu étranger au présent. Si l’histoire
moderne commande la différenciation du présent et du passé, cela
24.Voir Judith Schlanger, loc. cit., p. 578.
25. C’est ce modèle explicatif que retient Condorcet dans la neuvième époque de son
Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain (1793).
26.François Furet, Penser la Révolution française, Paris, Gallimard, coll. « Folio histoire », 1978, p. 46.
27.Voir Michel de Certeau, L’Écriture de l’ histoire, Paris, Gallimard, 1975, p. 9 ;
Philippe Ariès, Le Temps de l’ histoire, Paris, Seuil, coll. « L’univers historique », 1986, p. 35
et Éric Méchoulan, Pour une histoire esthétique de la littérature, Paris, Presses universitaires de France, coll. « L’interrogation philosophique », 2004, p. 28.
28.Éric Méchoulan, op. cit., p. 28.
29.Voir François Hartog, Régimes d’ historicité, présentisme et expériences du temps,
Paris, Seuil, 2003.
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implique que « ce n’est plus le passé qui rend intelligible le présent, c’est
le présent qui invente des modèles d’intelligibilité du passé30 ». C’est
tout au long du xviiie siècle, et surtout après 1789, que s’installe dans
l’imaginaire collectif cette conscience temporelle. Déjà les encyclopédistes mesuraient l’altérité du passé à l’aune des avancées scientifiques
de leur temps ; chez les révolutionnaires, cette cassure est à la fois plus
profonde et plus radicale. Dans le discours des contemporains, la rupture est à ce point consommée que le monde nouveau ne semble même
pas émaner du monde ancien, comme si les deux étaient absolument
sans commune mesure. Daniel S. Milo insiste sur l’ampleur de ce
fantasme de rupture qui donne naissance non seulement à des projets
isolés comme le calendrier républicain, mais aussi à des constructions
conceptuelles de plus grande envergure comme la notion moderne de
siècle. Après la cassure révolutionnaire qui clôt le xviiie siècle, « le
présent s’arrache pour ainsi dire au passé, même récent31 » et, pour la
première fois, « le tournant du siècle est vécu comme un tournant tout
court32 ». Autour de 1800 naît ainsi le siècle comme unité historique :
c’est désormais cette unité, issue d’un vif sentiment de rupture, qui
servira à définir collectivement l’expérience temporelle.
Si le modèle progressiste et le fantasme de la table rase dominent, ils
ne chassent pas pour autant la conception cyclique de l’histoire, qui
continue à habiter le discours, tant avant qu’après la Révolution. Même
les textes fondateurs de l’idéologie progressiste ne rompent pas définitivement avec le modèle cyclique. Perrault, dont Le Siècle de Louis le
Grand marque le début d’une des phases de la Querelle des Anciens et
des Modernes, considère l’évolution de l’humanité comme « une sorte
d’oscillation ou d’ondulation ascendante33 » et Voltaire, plutôt que de
concevoir une perfectibilité infinie, pose, dans Le Siècle de Louis XIV,
des paliers de perfection entre lesquels viendraient s’insérer des périodes
plus sombres. À la fin du siècle, les conceptions cycliques de l’histoire
resurgissent également à travers l’angoisse de la perte, la hantise de la
30.Éric Méchoulan, op. cit., p. 34.
31. Daniel S. Milo, Trahir le temps (Histoire), Paris, Les Belles Lettres, coll. « Pluriel »,
1991, p. 32.
32. Ibid., p. 33.
33. Jochen Schlobach, loc. cit., p. 1975.
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destruction ou les questionnements sur le sens de l’histoire34. Même le
discours révolutionnaire, qui prétend rompre définitivement avec le
passé, mobilise amplement le modèle cyclique : les révolutionnaires
cherchent des modèles dans un passé prestigieux (l’Antiquité ou les
« origines nationales ») et vont puiser, souvent inconsciemment, leurs
pratiques, leurs rituels et leurs modes de pensée dans le passé monarchique que, précisément, ils rejettent.
›
Les discours, qu’ils soient littéraires ou pas, font bien plus que reconduire
l’imaginaire ambiant : ils le font bouger en y injectant des significations
nouvelles, des associations inédites, des modulations conceptuelles ; ils le
troublent en en faisant ressortir les apories et les impasses ; ils génèrent
des représentations inédites par le biais de divers procédés symboliques
ou formels35. C’est ce travail de réinvestissement sémantique que l’on
tentera de cerner en explorant, dans ses configurations multiples,
l’imaginaire temporel de Mercier tel qu’il s’exprime dans le Tableau de
Paris et Le Nouveau Paris.
Si la critique a surtout retenu l’extraordinaire engagement de Mercier
dans le monde contemporain, son œuvre n’en demeure pas moins
tendue entre les deux extrêmes de l’axe temporel, entre un passé qui est
tantôt rejeté, tantôt appelé et un futur qui apparaît soit comme l’horizon du progrès, soit comme le point-limite de l’histoire. On suivra les
inflexions de la temporalité dans l’œuvre panoramique en prenant acte
des apories qui s’y expriment et en tentant de dégager, pour chaque cas
de figure, les conceptions de l’histoire qui y sont rattachées. Comment
concilier l’idéologie du progrès et l’imaginaire des ruines ? L’exigence
de contemporanéité et la nostalgie des civilisations perdues ? Ces configurations multiples de la sensibilité temporelle seront d’abord étudiées
en elles-mêmes, puis confrontées à la rupture révolutionnaire, qui
sépare le Tableau du Nouveau Paris et qui modifie sensiblement la
manière de se rapporter au temps historique. L’un des objectifs de ce
34.Voir Jean Marie Goulemot, op. cit., p. 348.
35.Voir Pierre Popovic, « La sociocritique. Définition, histoire, concepts, voies
d’avenir », Pratiques, no 151/152, décembre 2011, p. 7-38.
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introduction
•
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livre est de déterminer si l’imaginaire temporel est entièrement réinventé entre le Tableau et Le Nouveau Paris ou si, en dépit du discours
des révolutionnaires sur la rupture de 1789, il s’inscrit sous le signe de
la continuité – et si oui, dans quelle mesure. Il s’agira d’analyser sous
quelles formes et selon quelles modalités la conscience temporelle est
représentée dans chacune des œuvres, d’en saisir les enjeux et de mesurer les changements entraînés (ou non) par la Révolution sur les plans
esthétique, idéologique et historiographique.
Les représentations de la temporalité chez Mercier seront abordées à
travers trois grands axes, qui correspondent aux types de relations
temporelles. Une première partie, intitulée « Faire revivre le passé »,
s’attachera à saisir par quels moyens Mercier, adoptant un regard rétrospectif, intègre le passé au présent qu’il décrit. On verra d’abord en quoi
la ville, parce qu’elle fait cohabiter en un même lieu de multiples strates
temporelles, déploie une forme d’épaisseur historique. Une telle insertion du passé dans le présent pose toutefois problème et oblige les
contemporains à développer des stratégies de gestion qui impliquent la
reconduction de certains aspects du passé et le rejet de certains autres,
qu’il s’agisse de l’héritage antique ou du passé national récent. Une
deuxième partie, intitulée « Imaginer l’avenir », consistera à déterminer
comment Mercier construit fictivement le futur. Malgré l’optimisme
des Lumières, c’est paradoxalement en termes de destruction et de
dégénérescence que l’auteur envisage l’avenir : toute construction
devant fatalement être détruite un jour, la ruine est le seul horizon
véritable du présent. Avec la Révolution, ce pessimisme se dissipe
quelque peu : l’enthousiasme face aux événements fait envisager une
régénération totale et radicale de la société. Plusieurs modèles temporels
se chevauchent alors et complexifient les modes d’accession à la société
nouvelle. Enfin, une troisième partie, « Écrire l’histoire du temps présent », se consacrera au projet merciérien de décrire le monde actuel
dans ses ondulations et ses perturbations les plus récentes. Il sera
d’abord question des conséquences de l’exigence d’actualité : comment
les œuvres contemporaines, dans leur forme, peuvent-elles prendre en
charge la modernité ambiante ? Comment Mercier parvient-il à consigner par écrit une ville sans cesse mouvante ? Comment, toujours
décalé par rapport au présent, arrive-t-il à saisir ce temps qui s’accélère ?
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Après la dimension fugitive, c’est à la conservation du présent par le
discours que s’attachera le dernier chapitre, qui cherchera à comprendre
par quelles opérations Mercier, après la Révolution, arrive à faire du
présent, pourtant encore hermétique, un objet historique en même
temps qu’esthétique.
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Les plus récents titres de la collection
« Espace littéraire »
Sous la direction d’Yves Baudelle et Élisabeth Nardout-Lafarge,
Nom propre et écritures de soi
Mathieu Bélisle, Le drôle de roman. L’œuvre du rire chez Marcel Aymé,
Albert Cohen et Raymond Queneau
Frédérique Bernier, La voix et l’os. Imaginaire de l’ascèse chez Saint-Denys
Garneau et Samuel Beckett
Sous la direction de Karine Cellard et Martine-Emmanuelle Lapointe,
Transmission et héritages de la littérature québécoise
Sous la direction d’Isabelle Daunais, La mémoire du roman
David Dorais, Le corps érotique dans la poésie française du xvie siècle
Yan Hamel, L’Amérique selon Sartre. Littérature, philosophie, politique
Désiré Nyela et Paul Bleton, Lignes de fronts. Le roman de guerre dans
la littérature africaine
Yannick Roy, La révélation inachevée. Le personnage à l’ épreuve de la vérité
romanesque
Sherry Simon, Villes en traduction. Calcutta, Trieste, Barcelone et Montréal
Isabelle Tremblay, Le bonheur au féminin. Stratégies narratives des romancières des Lumières
Ecrire le temps.corr 2.indd 271
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Geneviève Boucher est professeure au Département de français de
l’Université d’Ottawa. Elle a publié de nombreux articles et comptes
rendus sur l’œuvre de Louis Sébastien Mercier et sur l’imaginaire
révolutionnaire.
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Les tableaux urbains
de Louis Sébastien Mercier
isbn 978-2-7606-3444-2
Couverture : Vue imaginaire de la Grande Galerie du Louvre
en ruines de Hubert Robert, Musée du Louvre
Disponible en version numérique
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Écrire le temps
Écrire le temps
Figure emblématique du tournant des Lumières, Louis
Sébastien Mercier (1740-1814) est l’auteur d’une œuvre abondante qui fascine par son étonnante modernité. Mercier, qui
s’autoproclame « hérétique en littérature », pose sur le monde
un regard neuf, débarrassé des anciennes hiérarchies.
Dans son œuvre panoramique, formée du Tableau de
Paris et du Nouveau Paris, il arpente les rues de la capitale à
la recherche de « matière à ses crayons » : il croque sur le vif
la vie urbaine, les scènes du quotidien et les mœurs parfois
étranges des habitants. Les deux œuvres donnent à voir une
ville qui change à vue d’œil, qui ne cesse de déborder de ses
enceintes, une ville qui, devenue le théâtre d’une grande
révolution, se réinvente et réécrit son histoire.
Geneviève Boucher
Les Presses de l’Université de Montréal
14-08-25 14:08
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