Rapport traduction
Le texte proposé cette année était tiré du New Statesman et portait sur le style et la personnalité d'Arsène Wenger,
l'emblématique entraîneur de l'équipe de football d'Arsenal. Ce texte présentait peu de réelles difficultés de
compréhension, mais exigeait une très grande rigueur dans le choix des termes, et des efforts de reformulation pour
rendre clair le sens en français. Le jury a ainsi regretté que de nombreux candidats se soient contentés d'une traduction
littérale peu élégante et peu claire. Ainsi pour la deuxième phrase, les traductions explicitant le sens de la phrase
anglaise ont été bonifiées « dans l'esprit du plus grand nombre, c'est le machiavélisme qui caractérise le mode
opératoire des vainqueurs ». Il fallait également identifier les termes qui relevaient du domaine sportif, et trouver en
français des équivalents convenables.
Rappelons qu'il faut lire attentivement le texte et réfléchir au domaine dont il traite plutôt que de lancer tête baissée
dans la traduction. Compte tenu du sujet, il fallait mobiliser le vocabulaire du sport, en prenant soin d'éviter tout
anglicisme inutile. Ainsi « manager » se traduisait par entraîneur (avec l'accent circonflexe, souvent omis), « Premier
League » par première division anglaise ou championnat anglais ; « the League titles » par titres en championnat.
Beaucoup de candidats n'ont semble-t-il pas identifié le club d'Arsenal, ajoutant malencontreusement un déterminant
qui changeait radicalement le sens *les fans de l'Arsenal.
Par ailleurs, il est essentiel de faire un brouillon, et de prendre ensuite du recul sur sa traduction pour trouver les
formulations les plus naturelles en français. De nombreux passages étaient faciles à comprendre mais nécessitaient un
véritable effort de reformulation. « This makes him frustrating » a souvent été traduit par « ceci le rend frustrant » (quand
« frustrating » n’a pas été confondu avec « frustrated » et donc traduit par « frustré », mais il s’agit là d’une faute bien plus
grave), alors qu'il était beaucoup plus élégant de dire « c'est ce qui est frustrant chez lui ».
Il faut aussi être très attentif à la façon dont les phrases sont construites, pour éviter tout contresens sur les structures.
Ainsi, dans l'avant-dernière phrase de la version « being a tolerant, light-touch tactician sustains his gift as a long-term educator » il
fallait bien voir qu'il y a deux adjectifs se rapportant à « tactician » et que la traduction « étant tolérant, le tacticien aux
touches lumineuses soutient son cadeau comme éducateur de long-terme » est donc non seulement fausse sur le plan
lexical, mais également sur le plan grammatical. Le jury s’est d’autre part étonné de trouver un contresens quasi
général, même dans les bonnes copies : « as though » n’était pas connu, il a systématiquement été traduit pas « bien que »
(au lieu de « comme si ») ce qui bien entendu change totalement le sens de la phrase.
Le bon sens peut servir en traduction aussi – rappelons qu'il est essentiel de proposer une traduction vraisemblable.
Beaucoup de candidats, confrontés à du vocabulaire inconnu ou des structures non identifiées, se réfugient dans la
traduction mot à mot, comme rapporté ci-dessus, au lieu de s'appuyer sur le contexte pour arriver à une
approximation plausible. Les calques lexicaux étaient nombreux dans les copies cette année, et ont été sévèrement
sanctionnés – certes le sens premier de « gift » est le cadeau, mais cela peut également être le talent ou le don. De
même, il y a eu beaucoup de non-sens sur la dernière phrase du 4e paragraphe : « He appears coolly rational but suffers from
a surfeit of forgiveness, lacking Graham Greene’s “chip of ice” in his heart. » On ne pouvait traduire « appears » par « *il apparaît
comme rationnel de manière détendue » ou encore « surfeit of forgiveness » par « *il souffre d'un trop plein de pardon ».
Il fallait préserver la métaphore empruntée à Graham Greene, sans tomber dans les traductions fantaisistes du type
« *le pic à glace de Graham Greene », et en évitant le calque sur « lacking » qui a souvent été traduit par « *manquant de
la pointe de glace de Graham Greene dans son coeur ». Il était beaucoup plus heureux de dire « n'ayant pas cet 'éclat
de glace' cher à Graham Greene dans le coeur », le français utilisant l'article défini et non l'adjectif possessif devant les
parties du corps. Pour la traduction de « lacking », certains candidats ont proposé « faute d’avoir dans le cœur… », ou
encore « l’éclat de glace cher à Graham Greene lui faisant défaut. » : voilà deux exemples de reformulations bienvenues
qui permettent d’éviter de grosses maladresses.
En résumé, quelques remarques sur les erreurs les plus fréquemment observées cette année :
- l'orthographe, et en particulier les accents, doivent faire l'objet d'un plus grand soin. L'accent circonflexe sur
« entraîneur », l'accent aigu sur « machiavélisme », le tréma sur « naïveté » étaient fort souvent omis. Certains candidats
confondent « tort » et « tord » (« *sa naïveté peut lui faire du tord, ainsi qu'à Arsenal »)