évidence que l’activation des CE par les aPL joue un rôle
important dans le SAPL. En effet, l’injection d’aPL humains
chez la souris induit une augmentation de taille du thrombus
formé après lésion de l’endothélium [16]. La formation du
thrombus est réduite de manière significative dans le cas de
souris déficientes en molécules d’adhésion leucocytaires
ICAM, V-CAM, E-Selectine ou P-Selectine [17]. De plus, il a
été montré que les aPL induisent le relargage par les CE de
microparticules porteuses d’une activité procoagulante, et
que le taux de microparticules circulantes dérivées de l’endo-
thélium était plus élevé chez les patients avec un SAPL [18].
Ceci implique que l’activation de l’endothélium vasculaire
par les aPL constitue un mécanisme thrombogénique impor-
tant dans cette pathologie.
Plusieurs études in vitro ont montré que les anticorps anti-
b2GP1 reconnaissent la b2GP1 présente à la surface des
CE, et activent les CE, ce qui entraîne une augmentation de
l’expression des molécules d’adhésion leucocytaires, du fac-
teur tissulaire, ainsi que de la sécrétion de chémokines et
cytokines inflammatoires (MCP1, IL6, IL1). Ces facteurs sont
responsables de l’attraction, l’adhésion et l’activation des
cellules du système immunitaire (leucocytes, monocytes).
Celles-ci vont contribuer à l’amplification locale des activités
procoagulantes et pro-inflammatoires et augmenter le risque
d’occlusions thrombotiques [19, 20].
Les monocytes jouent également un rôle important dans le
risque thrombotique lié à la présence des aPL. Leur activation
par les aPL a pour effet d’augmenter l’expression du facteur
tissulaire par les monocytes [21]. De plus, les monocytes
produisent de la b2GP1, ce qui favorise leur activation par
les anticorps anti-b2GP1 [22].
Les plaquettes sont également la cible des aPL. Il a été montré
que les complexes immuns anti-b2GP1/b2GP1 favorisent
l’activation des plaquettes et leur dépôt sur le sous-
endothélium en condition de flux [23].
Ainsi, les CE, les monocytes et les plaquettes participent de
façon directe et coopérative dans le développement et/ou le
maintien d’un état hypercoagulant chez les patients avec
un SAPL.
Mécanismes d’activation des cellules
par les aPL, récepteurs
et voies de signalisation
Les mécanismes d’activation des cellules par les aPL sont peu
connus et font actuellement l’objet d’une recherche intensive.
Le point commun de ces mécanismes, que ce soit pour les CE,
pour les monocytes et pour les plaquettes, est la nécessité de
la présence de la b2GP1 dans le système. Il a été montré que
les anticorps anti-b2GP1 lient la b2GP1 à la surface des
cellules endothéliales isolées de cordons ombilicaux
(HUVEC), que ces anticorps sont internalisés, qu’ils s’accumu-
lent dans les endosomes tardifs et bloquent le trafic protéique
entre l’appareil de Golgi et les endosomes [24, 25]. Cepen-
dant, les récepteurs membranaires des aPL à la surface
cellulaire sont encore mal connus. Récemment, un certain
nombre de protéines ont été identifiées comme acteurs poten-
tiels dans l’activation cellulaire induite par les aPL soit comme
récepteurs, soit comme cofacteurs.
Protéines impliquées dans l’activation
des cellules endothéliales
Rôle de l’annexine A2
Les travaux de Ma et al. [26] ont mis en évidence la présence
d’un récepteur pour la b2GP1 à la surface des cellules
endothéliales. Il s’agit de l’annexine A2 connue pour son rôle
dans le système fibrinolytique comme corécepteur du plasmi-
nogène et de l’activateur tissulaire du plasminogène ou t-PA
[27]. L’annexine A2 est exprimée sous forme tétramérique
comprenant 2 molécules d’annexine A2 en vis-à-vis asso-
ciées chacune à une molécule cofacteur p11. Environ 4 % de
l’annexine A2 synthétisée par les CE est associé à la face
externe de la membrane plasmique par l’intermédiaire d’inte-
ractions calcium dépendantes avec les aminophospholipides
membranaires. Des études de cinétique de liaison utilisant les
HUVEC ont déterminé que la b2GP1 se lie à l’annexine A2
avec une forte affinité [26]. Zhang et McCrae [28] ont
démontré que les anticorps anti-b2GP1 de patients, en pré-
sence de b2GP1, ou bien des anticorps anti-annexine A2
activaient les CE alors que les fragments F(ab) obtenus par
digestion de ces mêmes anticorps n’étaient pas capables
d’induire la stimulation des cellules. En revanche, l’utilisation
des parties F(ab’)
2
des anticorps anti-b2GP1 ou anti-
annexine A2 produisait une stimulation cellulaire. Ils en
concluent que l’activation des CE nécessite un cross-linkage
de l’annexine A2 aussi bien par les anticorps anti-annexine
A2 que par les anticorps anti-b2GP1 mais, pour ces derniers,
l’interaction avec l’annexine A2 est dépendante de la b2GP1
(figure 2). Ces expériences confirment également que la
stimulation des cellules ne fait pas intervenir les récepteurs
FccR2 comme démontré précédemment [29]. Le cross-
linkage de l’annexine A2 par les anticorps n’est pas suffisant
en soi pour transmettre un signal intracellulaire car l’annexine
A2 n’est pas une protéine transmembranaire. Cela implique
qu’un récepteur membranaire doit nécessairement faire par-
tie du complexe protéique. Ce récepteur pourrait interagir
soit avec l’annexine A2, soit avec la b2GP1, soit avec les
deux. On pourrait imaginer un modèle où la b2GP1 liée à
l’annexine A2 interagit avec le récepteur en formant une
entité protéique trimérique. Le cross-linkage de deux b2GP1
ou de deux annexines A2 par les anticorps entraînerait la
dimérisation du récepteur se qui provoquerait un signal
intracellulaire (figure 2).
Rôle des récepteurs toll-like (TLR)
La signalisation intracellulaire induite dans les CE par les aPL
implique les facteurs transcriptionnels NF-kB et MAPkinase
p38 [30–32], les médiateurs intracellulaires TRAF-6 et
Myd88 [33]. Ces deux derniers fonctionnent principalement
avec une famille de récepteurs dénommée les récepteurs
toll-like (TLR) (figure 3). Il existe dix TLR fonctionnels chez
Hématologie, vol. 14, n° 5, septembre-octobre 2008
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