beaucoup de sciences s'y intéressent. Ce qui entraîne souvent une
formulation et une solution de problèmes impropres, une préféren
ce ou une réduction des disciplines qui devraient s'occuper de ce
problème. Dernièrement prédominent les approches sociologiques et
psychologiques, qui semblent éliminer la nécessité, et même la pos
sibilité de réflexions philosophiques en ce domaine. On en retrouve
également la répercussion sur la théologie, qui donne la préférence
à la psychologie et à la sociologie au détriment de la philosophie,
surtout de la philosophie classique.
Les négations théoriques et pratiques de l'existence de Dieu ne
sont pas une nouveauté de la culture contemporaine. Elles accom
pagnent sans cesse la pensée et la vie de l’homme. Cependant, son
étendue est nouvelle, jusqu'à présent non rencontrée, et nouvelle
aussi l'apparition de la possibilité d'éliminer de la théologie chré
tienne la notion de Dieu, ce qui, indirectement, témoignerait du fait
que la pensée scientifico-technique est le seul type de connaissance
rationnellement autorisé et qu'il épuise les possibilités de connais
sance de l'homme moderne.
Le deuxième point qu'il faut souligner dès le début, c'est la di
versité de types de connaissance de Dieu. Il faut, avant tout, distin
guer la connaissance pré-scientifique, spontanée, accessible à tout
homme qui réfléchit, la connaissance issue de la religion (connais
sance religieuse), la connaissance théologique, qui est une élabora
tion de la connaissance religieuse, et la connaissance philosophique
de tous genres.
Entre les différents genres de connaissance, il y a un enchaîne
ment et une interdépendance. En pratique et en fait, la connaissance
religieuse, engagée et pratiquement importante, est la plus précieuse
et la plus riche. On l’acquiert en général dans une religion concrète,
et on commence à l'acquérir dès le début de la vie religieuse. Il exis
te actuellement une vive discussion sur le genre de cette connais
sance, qui entraîne un engagement concret. Le problème principal
est exprimé par la question: si l'engagement exige la conviction ou
le jugement sur la vérité, et concrètement, si les engagements reli
gieux fondamentaux doivent accompagner la connaissance qui re
vendique la vérité1.
1 Un ouvrage intéressant, celui de R. T r i g g, Reason and Commitment,
1973. L'auteur part de la tradition empiriste et analytique, mais adopte une attitude
de critique. Il aborde un problème im portant, il se demande si nous pouvons
justifier nos convictions fondamentales concernant la religion, la moralité. De
nombreux philosophes contem porains soutiennent que c'est chose impossible, car
nos principales convictions et valeurs sont le résultat de choix, d’engagements
arbitraires, elles sont des m anières de vivre ou des schémas d'interprétation du
monde. T r i g g tente de démontrer qu'il existe une instance d'appel, vers laquelle
nous pouvons nous tourner en défendant nos convictions fondam entales, c'est la
vérité.