Les tentatives d`explication des crises par l`évolution des grands

La Lettre économique mensuelle
Par Hugues Le Maire, Associé
Numéro 52 Achevé de rédiger : le 2 mars 2016
SAS Diamant Bleu Gestion
Société par Actions Simplifiée
Siret : 514 728 575 00028
1, Rond-Point des Champs-Elysées
au capital de 250 000 €
514 728 575 R.C.S. PARIS
75008 Paris France
Société de Gestion de Portefeuille (n° GP 09000009)
APE 6630 Z
Tél. : +33 (0)1 45 63 11 44
www.diamantbleugestion.com
N° TVA : FR57514728575
Un phénomène
d’accélération de
l’inflation aux Etats-Unis
ne peut pas être exclu
Tous les facteurs de hausse de l’inflation aux Etats-Unis
sont en train de s’allumer, les uns après les autres, la «
bonne » inflation salariale comme la « mauvaise », dans
une moindre mesure, au travers des effets de base sur
l’évolution du prix des devises et des matières premières.
La Réserve Fédérale américaine a naturellement ces
éléments entre les mains, alors elle a fait montre d’un peu
d’hésitation récemment, ce qui est flagrant dans les
Minutes de la réunion du FOMC des 26 et 27 janvier,
publiées le 17 février : Il ne faudrait pas que le bel et
solide édifice Etats-Unis Amérique vacille à la suite des
soubresauts de plus en plus intenses en provenance de la
Chine et de l’Europe. En plus de ces risques externes,
des faiblesses internes au pays existent, au premier titre
desquels le secteur manufacturier, dont l’indice PMI
montre qu’il se redresse depuis la fin de l’année 2015
certes, mais en partant d’un niveau très fiable, le plus
faible depuis cinq ans. Nulle intention donc de faire
preuve dans cette tribune d’un optimisme béat, mais
force est de constater qu’une accélération de l’inflation
ne saurait être exclue aux Etats-Unis.
La « bonne inflation », c’est l’inflation salariale, l’inflation
réelle, un processus vertueux où les prix augmentent car
la richesse des consommateurs, leur activité et leur
revenu réel, augmentent. Ces hausses de prix favorisent
les marges des entreprises qui peuvent même bénéficier,
en plus, d’un effet volume, les consommateurs ayant des
moyens accrus pour consommer davantage. Cette
inflation réelle est le reflet d’une société dynamique qui
croit en l’avenir, là où à l’inverse la déflation signifie que
les consommateurs déprimés diffèrent leurs achats faute
de revenus suffisants, ou parce qu’ils pensent que les prix
seront moins élevés plus tard.
Les conditions sont toutes réunies aux Etats-Unis pour
que l’inflation réelle augmente. D’une part parce que le
taux de chômage est au plus bas depuis 10 ans, à 5%.
D’autre part parce que les offres d’emplois non pourvues
sont, elles, à leur plus haut niveau jamais atteint : 5.6
millions d’offres d’emploi ne sont pas pourvues
actuellement aux Etats-Unis. Enfin, parce que
l’optimisme des petits entrepreneurs, ainsi surtout que
leurs anticipations d’augmentations de salaires sont au
plus haut depuis 2005. Le phénomène d’inflation
salariale touche aussi les plus grosses sociétés,
notamment dans le domaine de la consommation, telles
Home Depot ou McDonalds ; elles ont annoncé des
augmentations des salaires les plus faibles, qui vont donc
immédiatement être consommés dans l’économie réelle.
Les chiffres révisés du taux de croissance américain pour
le quatrième trimestre de l’année 2015 montrent que sur
un an, le revenu disponible des ménages a augmenté
2.75%, et leur consommation de 2.90%. Comme l’a ainsi
récemment écrit Warren Buffet dans la lettre annuelle de
sa société Berkshire Hathaway, c’est une grosse erreur,
depuis 240 ans, de parier contre l’économie américaine…
Le sujet de la « mauvaise inflation » a été exposé de façon
approfondie par Janet Yellen le 24 septembre 2015 au
Philip Gamble Memorial Lecture, Université du
Massachusetts d’Amherst (
1
). Elle y montre clairement
les facteurs de déviation de l’inflation américaine sous le
seuil de 2.0% : les prix des matières premières et des
importations expliqueraient 90% de la baisse de
l’inflation en 2015. Dès lors, il nous est apparu pertinent
de suivre de façon plus précise les performances
glissantes d’une année sur l’autre (« year-on-year ») du
dollar américain contre l’euro et du pétrole. Où en est-on
? En février 2015, à 1.1196, l’euro venait de se déprécier
de plus de 20% sur un an, venant de 1.3802 à la fin
février 2014. A la fin du mois de février 2016, la variation
1
http://www.federalreserve.gov/newsevents/speech/yellen20
150924a.htm
La Lettre économique mensuelle
Par Hugues Le Maire, Associé
Numéro 52 Achevé de rédiger : le 2 mars 2016
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est proche de 0, la parité évoluant de 1.1196 à 1.0875.
Ainsi, au travers de ce raisonnement simplifié puisque la
zone euro n’est qu’un des partenaires commerciaux des
Etats-Unis, on voit que l’effet devise est passé de -20% à
0%. S’agissant du pétrole, l’effet déflationniste joue
encore à plein, puisque la variation annuelle du WTI
n’est passée récemment que de -50% à -40%. Mais si les
prix venaient à se stabiliser, leur variation annuelle
pourrait rapidement tendre vers 0 également. C’est sans
parler des prix du blé, en baisse de l’ordre de -10% sur
un an alors que cette baisse était de -40% à la fin du mois
de mai 2015.
Notre raisonnement anti-consensuel, s’il se matérialisait,
aurait les conséquences suivantes sur une stratégie de
placement.
Les rendements obligataires à peine supérieurs à 0%
en taux réels remonteraient significativement, ce qui
signifierait une baisse marquée du prix des
obligations. Il faudrait alors réduire les durations
des portefeuilles, voire adopter des stratégies de
duration négative.
Le placement en actions et autres actifs risqués
serait dans ce contexte un choix cohérent, s’agissant
notamment des actions distribuant des dividendes
élevés. Les secteurs des actifs réels bénéficieront le
plus d’un tel phénomène. Et qu’observe-t-on depuis
le début de l’année 2016 ? Que les secteurs des
matières premières, du pétrole, de l’industrie, mal-
aimés, délaissés des investisseurs, sont ceux qui
performent le mieux. Un mouvement encore récent
qui reste à confirmer. La politique s’en mêle, dans le
domaine de l’acier récemment : des mesures anti-
dumping ont été adoptées, qui boostent les cours de
bourse des valeurs concernées.
Un placement en valeurs aurifères pourrait enfin,
après des années de purgatoire, s’avérer pertinent, à
la fois pour se protéger des effets de l’inflation et
pour amortir la volatilité qu’un choc d’inflation
impliquerait sur les marchés financiers.
La théorie de la « désinflation salariale mondiale »
souvent évoquée pour justifier une inflation «
durablement basse », parait fragile. Oui, la main-d’œuvre
est moins chère dans les pays en développement. Mais
pour un temps court seulement, comme nous l’a
récemment rappelé un cadre d’Arcelor Mittal. L’inflation
salariale est un défi actuellement en Chine, et l’on ne
peut pas indéfiniment trouver une main-d’œuvre de
moins en moins chère. D’autre part, cette idée
théoriquement intéressante signifie en pratique que la
main-d’œuvre est totalement mobile mondialement, ce
qui est un leurre, même si les biens intermédiaires le
sont.
Nous n’en sommes pas encore aujourd’hui, à un
phénomène de hausse marquée de l’inflation, et les
risques qui planent sur la croissance mondiale et donc
américaine sont réels, comme nous avons pris soin de le
rappeler en introduction. Mais il nous semble plus que
jamais pertinent de se poser la question de l’inflation aux
Etats-Unis.
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