La Lettre économique mensuelle Par Hugues Le Maire, Associé Numéro 52 – Achevé de rédiger : le 2 mars 2016 Un phénomène d’accélération de l’inflation aux Etats-Unis ne peut pas être exclu Tous les facteurs de hausse de l’inflation aux Etats-Unis sont en train de s’allumer, les uns après les autres, la « bonne » inflation –salariale– comme la « mauvaise », dans une moindre mesure, au travers des effets de base sur l’évolution du prix des devises et des matières premières. La Réserve Fédérale américaine a naturellement ces éléments entre les mains, alors elle a fait montre d’un peu d’hésitation récemment, ce qui est flagrant dans les Minutes de la réunion du FOMC des 26 et 27 janvier, publiées le 17 février : Il ne faudrait pas que le bel et solide édifice Etats-Unis Amérique vacille à la suite des soubresauts de plus en plus intenses en provenance de la Chine et de l’Europe. En plus de ces risques externes, des faiblesses internes au pays existent, au premier titre desquels le secteur manufacturier, dont l’indice PMI montre qu’il se redresse depuis la fin de l’année 2015 certes, mais en partant d’un niveau très fiable, le plus faible depuis cinq ans. Nulle intention donc de faire preuve dans cette tribune d’un optimisme béat, mais force est de constater qu’une accélération de l’inflation ne saurait être exclue aux Etats-Unis. La « bonne inflation », c’est l’inflation salariale, l’inflation réelle, un processus vertueux où les prix augmentent car la richesse des consommateurs, leur activité et leur revenu réel, augmentent. Ces hausses de prix favorisent les marges des entreprises qui peuvent même bénéficier, en plus, d’un effet volume, les consommateurs ayant des moyens accrus pour consommer davantage. Cette inflation réelle est le reflet d’une société dynamique qui croit en l’avenir, là où à l’inverse la déflation signifie que les consommateurs déprimés diffèrent leurs achats faute SAS Diamant Bleu Gestion 1, Rond-Point des Champs-Elysées 75008 Paris – France Tél. : +33 (0)1 45 63 11 44 de revenus suffisants, ou parce qu’ils pensent que les prix seront moins élevés plus tard. Les conditions sont toutes réunies aux Etats-Unis pour que l’inflation réelle augmente. D’une part parce que le taux de chômage est au plus bas depuis 10 ans, à 5%. D’autre part parce que les offres d’emplois non pourvues sont, elles, à leur plus haut niveau jamais atteint : 5.6 millions d’offres d’emploi ne sont pas pourvues actuellement aux Etats-Unis. Enfin, parce que l’optimisme des petits entrepreneurs, ainsi surtout que leurs anticipations d’augmentations de salaires sont au plus haut depuis 2005. Le phénomène d’inflation salariale touche aussi les plus grosses sociétés, notamment dans le domaine de la consommation, telles Home Depot ou McDonalds ; elles ont annoncé des augmentations des salaires les plus faibles, qui vont donc immédiatement être consommés dans l’économie réelle. Les chiffres révisés du taux de croissance américain pour le quatrième trimestre de l’année 2015 montrent que sur un an, le revenu disponible des ménages a augmenté 2.75%, et leur consommation de 2.90%. Comme l’a ainsi récemment écrit Warren Buffet dans la lettre annuelle de sa société Berkshire Hathaway, c’est une grosse erreur, depuis 240 ans, de parier contre l’économie américaine… Le sujet de la « mauvaise inflation » a été exposé de façon approfondie par Janet Yellen le 24 septembre 2015 au Philip Gamble Memorial Lecture, Université du Massachusetts d’Amherst (1). Elle y montre clairement les facteurs de déviation de l’inflation américaine sous le seuil de 2.0% : les prix des matières premières et des importations expliqueraient 90% de la baisse de l’inflation en 2015. Dès lors, il nous est apparu pertinent de suivre de façon plus précise les performances glissantes d’une année sur l’autre (« year-on-year ») du dollar américain contre l’euro et du pétrole. Où en est-on ? En février 2015, à 1.1196, l’euro venait de se déprécier de plus de 20% sur un an, venant de 1.3802 à la fin février 2014. A la fin du mois de février 2016, la variation 1 http://www.federalreserve.gov/newsevents/speech/yellen20 150924a.htm Société par Actions Simplifiée au capital de 250 000 € Société de Gestion de Portefeuille (n° GP 09000009) www.diamantbleugestion.com Siret : 514 728 575 00028 514 728 575 R.C.S. PARIS APE 6630 Z N° TVA : FR57514728575 La Lettre économique mensuelle Par Hugues Le Maire, Associé Numéro 52 – Achevé de rédiger : le 2 mars 2016 est proche de 0, la parité évoluant de 1.1196 à 1.0875. Ainsi, au travers de ce raisonnement simplifié puisque la zone euro n’est qu’un des partenaires commerciaux des Etats-Unis, on voit que l’effet devise est passé de -20% à 0%. S’agissant du pétrole, l’effet déflationniste joue encore à plein, puisque la variation annuelle du WTI n’est passée récemment que de -50% à -40%. Mais si les prix venaient à se stabiliser, leur variation annuelle pourrait rapidement tendre vers 0 également. C’est sans parler des prix du blé, en baisse de l’ordre de -10% sur un an alors que cette baisse était de -40% à la fin du mois de mai 2015. Notre raisonnement anti-consensuel, s’il se matérialisait, aurait les conséquences suivantes sur une stratégie de placement. Les rendements obligataires à peine supérieurs à 0% en taux réels remonteraient significativement, ce qui signifierait une baisse marquée du prix des obligations. Il faudrait alors réduire les durations des portefeuilles, voire adopter des stratégies de duration négative. Le placement en actions et autres actifs risqués serait dans ce contexte un choix cohérent, s’agissant notamment des actions distribuant des dividendes élevés. Les secteurs des actifs réels bénéficieront le plus d’un tel phénomène. Et qu’observe-t-on depuis le début de l’année 2016 ? Que les secteurs des matières premières, du pétrole, de l’industrie, malaimés, délaissés des investisseurs, sont ceux qui performent le mieux. Un mouvement encore récent qui reste à confirmer. La politique s’en mêle, dans le domaine de l’acier récemment : des mesures antidumping ont été adoptées, qui boostent les cours de bourse des valeurs concernées. Un placement en valeurs aurifères pourrait enfin, après des années de purgatoire, s’avérer pertinent, à la fois pour se protéger des effets de l’inflation et pour amortir la volatilité qu’un choc d’inflation impliquerait sur les marchés financiers. durablement basse », parait fragile. Oui, la main-d’œuvre est moins chère dans les pays en développement. Mais pour un temps court seulement, comme nous l’a récemment rappelé un cadre d’Arcelor Mittal. L’inflation salariale est un défi actuellement en Chine, et l’on ne peut pas indéfiniment trouver une main-d’œuvre de moins en moins chère. D’autre part, cette idée théoriquement intéressante signifie en pratique que la main-d’œuvre est totalement mobile mondialement, ce qui est un leurre, même si les biens intermédiaires le sont. Nous n’en sommes pas encore aujourd’hui, à un phénomène de hausse marquée de l’inflation, et les risques qui planent sur la croissance mondiale et donc américaine sont réels, comme nous avons pris soin de le rappeler en introduction. Mais il nous semble plus que jamais pertinent de se poser la question de l’inflation aux Etats-Unis. La théorie de la « désinflation salariale mondiale » souvent évoquée pour justifier une inflation « SAS Diamant Bleu Gestion 1, Rond-Point des Champs-Elysées 75008 Paris – France Tél. : +33 (0)1 45 63 11 44 Société par Actions Simplifiée au capital de 250 000 € Société de Gestion de Portefeuille (n° GP 09000009) www.diamantbleugestion.com Siret : 514 728 575 00028 514 728 575 R.C.S. PARIS APE 6630 Z N° TVA : FR57514728575