174 LE PROBLÈME DES STATISTIQUES DANS LES PAYS EN VOIE DE DÉVELOPPEMENT
détail, et malgré les difficultés inhérentes aux pratiques commerciales du marché, telles que le
marchandage, l'absence d'unité de mesure et de poids, la vente à l'unité, au morceau, à la
cuillerée, au tas, au temps de succion à la barrique pour certaines boissons, la pratique des
prêts usuraires, la variation des prix tout au long des heures de la journée et de la nuit selon
l'offre et la demande du moment. Mais l'observation des prix en brousse, et même aux chefs-
lieux de circonscriptions administratives est inexistante, ou souvent pratiquée sans précau-
tions suffisantes, retirant toute valeur aux relevés.
Au stade des prix de gros, il y a des difficultés à déterminer, à
Y
importation par exemple,
le stade commercial d'observation : est-ce que ce sera le stade C. A. F. ou celui du prix de
revient ou celui du prix de vente des grossistes au détaillant? Il y a des difficultés pour suivre
un produit bien défini dont la qualité et les caractéristiques ne varieront pas
:
en effet, celles-ci
changent souvent d'un arrivage à l'autre, selon le pays de provenance; si la provenance est
la même, on constate la disparition fréquente de certains produits ou de certaines marques,
ce qui rend les observations difficilement comparables dans le temps
;
enfin à un même arri-
vage correspondent parfois des prix de revient très différents d'une maison de commerce
à l'autre (Sociétés commerciales, commerçants libanais, grecs, chinois ou autochtones).
A
Vexportation,
il y a de grande difficultés à connaître les véritables prix F. 0. B. qui,
cependant, devraient être déclarés en douane, mais auquels se substituent pour des raisons
de protectionnisme, des valeurs mercuriales parfois très différentes du prix F.O.B. Par ailleurs,
le dénouement de certaines opérations, à l'étranger, laisse parfois l'exportateur dans l'impos-
sibilité de préciser le prix au moment de l'exportation. Un prix fictif est alors retenu qui n'est
généralement pas rectifié par la suite.
A la production, les modalités de commercialisation des produits du cru et la complexité
des circuits commerciaux, l'inorganisation des marchés, l'absence de contrôle ou de condi-
tionnement des produits, la pratique du porte à porte rendent très difficile l'observation des
prix réellement pratiqués chez le producteur.
Enfin, l'établissement d'indices à la consommation familiale pour les autochtones
nécessiterait la réalisation d'enquêtes sur les budgets familiaux, pour obtenir les pondérations
indispensables à son calcul, et nous avons vu que ces enquêtes sont pratiquement inexistantes.
Toute étude des pays en voie d'équipement, ne devrait pas méconnaître le rôle des
transports intérieurs ou interterritoriaux; ils jouent un rôle fondamental puisque l'implanta-
tion du réseau des voies de communication conditionne non seulement le développement en
lui-même des régions, mais encore la localisation des zones de production et l'orientation
des courants d'échange. L'expansion de tout complexe économique est donc en particulier
subordonnée à l'organisation de l'infrastructure. Il importe qu'elle tienne compte des données
initiales du milieu physique et humain pour les mieux agencer et augmenter la productivité.
Dans la recherche de cette action organisatrice et accélératrice du progrès économique, le
problème des transports routiers notamment tient une place de première importance.
Pour l'étudier, il faudrait connaître le parc des véhicules, le tarif des frets, les flux de
marchandises empruntant les principaux itinéraires selon la nature des marchandises trans-
portées, la personnalité du transporteur, la longueur du parcours, il faudrait connaître les
variations saisonnières de ces flux, les courants locaux, leur caractère potentiel en l'absence
de piste carrossable.
Cette documentation est rarement disponible. En effet, on s'aperçoit vite que les
chiffres statistiques
relatifs
aux transports routiers sont très insuffisants. Il n'existe, en effet,
que les chiffres concernant l'état du parc à partir des fichiers de cartes grises dont la mise