Salué internationalement, exposé dans les plus grandes institutions, l’artiste belge David Claerbout
a modelé depuis la n des années 90 une œuvre lmique mêlant un sens de la beauté et un travail
sur la durée hors du commun.
Depuis son exposition au Centre Pompidou en 2008, David Claerbout n’avait pas été exposé dans
une institution française et c’est au FRAC Auvergne qu’il a choisi d’accorder sa conance pour
présenter un ensemble d’œuvres sidérantes, tant par les moyens techniques qu’elles emploient
que par l’impact qu’elles produisent sur leurs spectateurs, à l’image de son dernier lm, Travel,
véritable voyage intérieur, expérience hypnotique sur l’imaginaire et la beauté.
Une exposition pour une nouvelle approche de l’œuvre de David Claerbout
Incontestablement, la durée est au cœur d’une pensée dont la manifestation la plus évidente consiste
à parvenir à créer des œuvres postées à la lisière des genres photographique et cinématographique,
très exactement entre les deux. Néanmoins, si la durée constitue la colonne vertébrale de l’œuvre
de David Claerbout, elle n’en est pas l’unique nalité. Formé à la peinture et à la lithographie, il se
situe dans la continuité d’une histoire de la peinture autant conduite par ses évolutions théoriques
que par les apports technologiques successifs dont elle a bénécié, de l’invention de la lentille
optique à la révolution numérique.
Le propos de cette exposition consistera à montrer que l’un des enjeux de l’œuvre de David
Claerbout se trouve sans doute davantage dans la manière dont une image se crée, évolue, se
compose, qu’elle soit partiellement issue de la réalité (de photographies d’archives) ou qu’elle soit
entièrement articielle, comme c’est le cas de la forêt de Travel, dont le moindre élément a été créé
de toutes pièces. De ce point de vue, il est permis d’émettre l’hypothèse selon laquelle l’art de
David Claerbout serait un exact prolongement de l’art de peindre, que dans cet art le motif jouerait
un rôle essentiel comme pivot, point névralgique, force centripète ou centrifuge à la composition
des images.
Partant de cette hypothèse, on peut considérer que, dans les œuvres de David Claerbout, le motif
est le dessein, mais qu’il est un dessein sans motif, c’est-à-dire sans volonté narrative. Le motif,
dans les oeuvres y est pur de toute anecdote. La ction afeure et se dissipe vite, on évite le récit,
pour paraphraser la préface que Stéphane Mallarmé donnait à son Coup de Dés.
Dans les lms de David Claerbout, le motif est subordonné à de constantes déterritorialisations
manifestées par une décomposition prismatique des images : on s’en approche, on s’y confronte,
on en sort, on tourne autour, on le quitte, on y revient, il se donne à voir frontalement, il disparaît, il
n’a jamais été là, il est en nous et nous sommes lui.
Jean-Charles Vergne
Directeur du FRAC Auvergne
Commissaire de l’exposition
PRESENTATION DE L’EXPOSITION
« Si je veux me préparer un verre d’eau sucrée,
j’ai beau faire, je dois attendre que le sucre fonde »
Henri Bergson, L’Évolution Créatrice