Ceux qui sauront PIERRE BORDAGE

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Niveaux 4e/3e
PIERRE BORDAGE
Ceux qui sauront
Ceux qui sauront
«
PIERRE
BORDAGE
Jean et Clara devraient bientôt se séparer :
elle regagnerait Versailles, il retournerait dans la clandestinité.
- Pourquoi êtes-vous allé à l’école ? demanda-t-elle.
- Je voulais apprendre.
- Et qu’avez-vous appris ?
- L’alphabet, l’écriture, l’arithmétique… comme tout écolier,
je suppose.
- Vous comptiez en faire quoi ?
Il haussa les épaules.
- Je ne sais pas au juste. Ceux qui gouvernent savent,
alors je pensais que c’était bien de savoir.
Que ça améliorerait ma vie.
«
PIERRE BORDAGE
Et si le passé avait été différent, quel serait notre présent ?
Un monde scindé en deux.
Les riches détenant le savoir, les pauvres condamnés à l’ignorance.
Il y a ceux qui acceptent, s’oublient dans le silence.
Mais il y a ceux qui se battent
pour qu’une société plus juste émerge enfin.
ISBN : 9782081256392 - 5,10 €-:HSMASB=W]]ZX^:
Ouvrage GRATUIT.
Ne peut être vendu.
Illustration : Benjamin Carré
isbn: 978-2-0812-8853-9
www.editions.flammarion.com
C
lara et Jean, deux adolescents de l’âge de nos élèves, sont issus de deux sphères sociales
opposées dans une France contemporaine dont le cours de l’Histoire se serait arrêté à la IIIe
République pour rétablir une royauté…
C’est une « uchronie », une réécriture de l’Histoire qui permet à l’auteur d’imaginer une France
divisée en deux mondes : ceux qui savent, qui ont pouvoir et richesse, et ceux qui n’ont pas accès
au savoir, qui sont exploités dans un pays touché par la mondialisation, les délocalisations… Les
uns, arrogants, défendent bec et ongles leurs prérogatives, multiplient les forces de l’ordre, la surveillance, l’oppression, n’hésitent pas à tuer pour mieux régner ; les autres sont asservis, humiliés,
maltraités mais cherchent pourtant à relever la tête…
Une histoire palpitante, sans concession, qui séduira nos élèves par ses rebondissements, par la
détermination de ses héros mais aussi par son actualité.
Nous avons donc choisi d’organiser une séquence qui, au-delà de la lecture fera la part belle à la
réflexion, à la recherche et l’argumentation. Dans cette perspective, le cours d’Histoire qui met les
révolutions au centre du programme « les xviiie et xixe siècles sont caractérisés par des ruptures
décisives dans l’ordre politique, social et économique et par l’accélération de l’histoire. » pourra être
mis à contribution. De même, le professeur pourra faire suivre cette lecture d’une séquence sur Les
Misérables.
Grâce à la lecture, imaginer un monde privé des progrès liés aux révolutions sera peut-être un
moyen de mieux comprendre les enjeux de ces révolutions !
Séances
Titres
Entrer dans le roman
Séance 1
Le préambule
Séance 2 (2 heures)
Dominantes / Évaluations et prolongeSupports
ments
Analyse titre - paratexte / Découvrir
Le livre + p. 7
l’uchronie / Conjugaison-Orthographe /
Construction du roman / Recherches sur
Pierre Bordage, SF
Lecture du préambule / Vocabulaire /
Le préambule (p. 9-18)
Narration. Les rythmes du récit : la scène
à l’argumentaSéance 3 Initiation
tion : Fait et opinion
Initiation à l’argumenta: Lecture méthoSéance 4 tion
dique d’un discours
- Distinguer fait et opinion
- Repérer les modalisations d’un énoncé
Lecture méthodique
Initiation à l’argumentaSéance 5 tion : Écrire un paragraphe argumenté
Initiation à l’argumenSéance 6 tation : Lire un article
critique
Écrire un paragraphe argumenté
Flammarion Jeunesse
Lecture méthodique : un article critique
Le discours de l’homme dans le
préambule p. 11-14 + document
élève 1 : discours de N. Sarkozy
et V. Hugo
Article critique + document
élève 2 : articles issus de blogs
Séquence pédagogique
1
Ceux qui sauront
Séances
Niveaux 4e/3e
Titres
Exploiter un thème
Séance 7 fort du roman Histoire des arts
Séance 8
de
Séance 9 Questionnaire
lecture
Les personnages
Exposés célèbres cités dans le
roman - L’uchronie
Dominantes / Évaluations et prolongeSupports
ments
- Propositions d’activités orales
Documents élève 3 et 4 : « Aide
- Exposé / débat / interview
et action » + grille d’évaluation
- Lecture d’images
- Découvrir un peintre
Évaluer la lecture cursive des élèves
Document élève 5 : Tres de Mayo
de Goya, La Liberté guidant le
peuple de Delacroix, Les Cribleuses
de blé et Les Casseurs de pierres de
Gustave Courbet
Oral
Les documents élève sont disponibles sur le site Internet www.enseignants-flammarion.fr.
SÉANCE 1
ENTRER DANS LE ROMAN
Notions à Paratexte, fonction incitative, structure syntaxique.
Objectifs à Faire émerger des hypothèses de lecture par l’étude du paratexte.
Support à Le livre + p. 7.
Activité 1 : le titre
1. Questionnement oral (ou écrit) :
a) Quelle est la structure syntaxique du titre ?
b) Quelles questions le lecteur peut-il se poser à la lecture de ce titre ?
c) Quel thème le verbe annonce-t-il ?
On remarquera que le titre est une phrase elliptique ; elle est composée d’un pronom, « ceux », précisé par la proposition subordonnée relative « qui sauront », mais il manque le verbe de la proposition principale ; que feront-ils ? De plus, le lecteur n’a aucune idée du référent du pronom ; qui sont
« ceux qui sauront » ? des hommes ? une catégorie sociale précise ? des animaux ?… Le champ des
possibles est ouvert. Le verbe savoir annonce un thème, celui de la connaissance, du savoir, peutêtre de l’instruction. Il pourrait annoncer un savoir précis (ceux qui sauront telle ou telle chose, tel
ou tel fait…) mais le choix du verbe sans COD renvoie au savoir.
2. Conjugaison.
a) Retrouvez toutes les bases verbales du verbe savoir. Bases verbales : s- / sav- / saur- / sachb) À quel temps et quel mode est-il ici conjugué ? Quelle est la valeur de ce temps ? Conjugué au futur de
l’indicatif, le verbe a une valeur de certitude.
3. Orthographe.
Récrivez la phrase « Ceux qui sauront » avec tous les pronoms sujets possibles. Attention à l’accord avec le verbe de
la relative. Moi qui saurai, toi qui sauras, lui, elle qui saura, nous qui saurons, vous qui saurez, ceux,
celles qui sauront.
Activité 2 : le genre
Aidez-vous de l’illustration, du texte d’introduction (p. 7) et de la 4e de couverture pour répondre
aux questions suivantes :
1. Quel est le genre du roman que vous allez lire ? Qu’attend-on de ce genre de roman ?
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Séquence pédagogique
2
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Niveaux 4e/3e
2. Que font « les auteurs uchroniques » ?
On pourra travailler sur la notion d’hypothèse « ET SI ».
Les auteurs uchroniques « réécrivent l’Histoire dans une nouvelle version, toute personnelle ». On
soulignera la majuscule employée pour le mot Histoire. Ce ne sont pas des extraterrestres que nous
croiserons mais des hommes qui ont vécu une Histoire différente, une Histoire qui modifie nos
repères actuels.
On précisera l’uchronie choisie par l’auteur : les pauvres sont condamnés à l’ignorance. Les écoles publiques, l’instruction obligatoire n’existent pas. Seuls les riches détiennent le savoir. Les modifications de
l’Histoire seront précisées au fur et à mesure de la lecture.
Activité 3
Afin d’aider les élèves à entrer dans la lecture, le professeur pourra proposer aux élèves de repérer
la construction du roman. Lisez le début (les premières lignes) des six premiers chapitres pour repérer de quel
personnage il sera question. Quelle remarque pouvez-vous faire ?
Chapitre 1 : les saisonniers / Jean / un train qui file vers la campagne
Chapitre 2 : Clara / Versailles
Chapitre 3 : Jean / la maison du garde-chasse
Chapitre 4 : Clara
Chapitre 5 : Jean / le lendemain il part pour la région parisienne
Chapitre 6 : Clara / enfermée dans une pièce
On remarque l’alternance, un chapitre consacré à Jean, un autre à Clara. Leurs vies sont différentes
mais l’extrait de la quatrième de couverture permet de savoir que leurs destins vont se croiser.
Activité 4
On proposera le même travail mais pour la fin des quatre premiers chapitres.
Lisez la fin (le dernier paragraphe) des quatre premiers chapitres. Quelle remarque pouvez-vous faire ?
Chapitre 1 : Jean est « prisonnier », il « ne tenta pas de fuir » : Que va-t-il devenir ?
Chapitre 2 : Clara se demande comment son précepteur a pu s’élever au-dessus de sa condition,
les orphelins étant le plus souvent affectés aux travaux ingrats (informations sur la vie dans le royaume).
Chapitre 3 : Jean travaille avec un nouveau partenaire, le premier ayant été arrêté et roué de coups
par les gendarmes royaux (informations sur la vie dans le royaume).
Chapitre 4 : Clara entreprend de se relever et aperçoit un homme au regard de fou… Que va-t-il
lui arriver ? (suspense)
Deux des chapitres laissent le personnage dans une situation délicate. Le lecteur ne sait ce qui va
lui arriver et a envie de continuer sa lecture pour le savoir. C’est un principe souvent adopté par les
écrivains du xixe siècle qui publiaient leurs romans en feuilletons dans des journaux. Les lecteurs
achetaient les journaux pour savoir comment leur héros s’était tiré d’un mauvais pas…
Prolongement
On pourra proposer une recherche :
- sur la science-fiction / le film (ou le roman) Farenheit 451 / l’auteur Pierre Bordage / les grandes
dates de l’Histoire à partir de la Révolution française / Jules Ferry / Olympes de Gouges /
Gambetta.
À part les deux premiers sujets, il s’agit de recherches courtes dont les résultats pourront être
exploités rapidement afin d’éclairer certains points de la lecture. La séance consacrée aux exposés
pourra être placée tôt dans la séquence et permettre au professeur d’interroger les élèves sur leur
lecture, de vérifier qu’ils avancent, qu’ils comprennent…
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Séquence pédagogique
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Programme de travail
Pour la séance 2 : rechercher la définition de « préambule ». Quelle est son étymologie ? Trouver un
synonyme. Avec quel préfixe latin ce mot est-il construit ? Quel est le sens de ce préfixe ? Quel est le contraire de
ce préfixe ?
Pour le .. /.. : lire le roman intégralement ; un questionnaire sur la lecture est prévu. Au cours de
votre lecture, relevez les événements « historiques ».
On laissera aux élèves une dizaine de jours pendant lesquels on pourra intercaler une séquence
d’initiation à l’argumentation.
Comme nous l’avons vu plus haut, on pourra aussi profiter de ce temps de lecture personnelle pour
consacrer une séance aux exposés des élèves.
SÉANCE 2
LE PRÉAMBULE
Objectifs à Reprendre quelques notions concernant la narration et les rythmes du récit (dialogue
/ retour en arrière / scène / notation descriptive).
à Procéder à des allers et retours dans le texte.
à Entrer dans la lecture avec des précisions sur l’uchronie développée dans le roman.
Support à Le préambule (p. 9-18).
Activité 1 : correction du travail de vocabulaire
« Préambule : 1. Introduction, exposé des motifs et des buts (d’une constitution, d’un traité, d’une loi).
Exposé d’intentions au début d’un discours, d’un écrit. Avant-propos, préface. 2. Paroles, démarches
qui ne sont qu’une entrée en matière. Fig : ce qui précède, laisse présager qqch. Prélude. ÉTYM : latin
praeambulus de praeambulare : marcher (ambulare) devant » Le Robert Collège
On retiendra l’idée d’entrée en matière. Le préfixe « pré- » du latin prae signifie « en avant » et
marque l’antériorité dans le temps ou dans l’espace.
Activité 2
Lecture commentée du préambule. Le professeur lira et questionnera oralement les élèves en les invitant à circuler dans le texte.
1. Lecture à haute voix du professeur, de « Tu es sûre » à « la tiédeur de l’été. »
a) Comment commence le roman ? Par une phrase au discours direct. Le lecteur est directement plongé
dans l’action.
b) Quelle est l’atmosphère, le climat installé par le narrateur ? Relevez le vocabulaire qui justifie votre réponse. On
attend des élèves qu’ils repèrent que l’atmosphère est inquiétante, on a l’impression d’entrer dans
un polar : personne cagoulée, armée, portant un imperméable noir ; ténèbres insondables, grondements lointains.
2. Lecture du paragraphe suivant :
a) Que fait le narrateur ? Pourquoi ? Il fait un retour en arrière pour nous présenter Magda et faire le
lien avec la situation précédente : inquiétude du personnage, mystère : qui sont « les pères Noël du
savoir » ?
b) Quel temps est employé dans les retours en arrière ? Le plus-que-parfait.
3. Lecture de « Je ne crois pas. » à « son nouveau nom de clandestine. »
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Séquence pédagogique
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a) Le mystère commence-t-il à se lever ? Pas vraiment puisqu’on entre dans la clandestinité avec le personnage : mot de passe, assemblée secrète, clandestinité…
b) A-t-on une idée de l’époque à laquelle se déroule l’histoire ? Une référence aux gendarmes royaux, des
noms célèbres comme ceux d’Olympe de Gouges, de Jules Ferry mais pour l’instant, rien qui ne
permette de situer précisément le récit dans le temps.
c) Repérez un retour en arrière. « Elle s’était sans cesse retournée […] mais elle n’avait croisé aucune
patrouille de gendarmes royaux ».
d) Repérez une description. Il n’y a pas de longue description mais quelques notations descriptives et
des éléments de portrait de l’homme qui l’accueille.
4. Lecture de « L’homme moustachu lâcha » à « Bien. Puisque vous acceptez tous de… »
a) Quel titre pourrait-on donner à cet extrait ? Qu’est-ce qui occupe principalement cet extrait ? (discours, récit,
description…) Il s’agit du discours d’accueil aux clandestins.
b) Par quoi et pourquoi ce discours est-il entrecoupé ? Par des passages narratifs qui permettent de faire
état des sentiments de Magda ; par un retour en arrière qui permet de mieux connaître le passé de
Magda ; par des notations descriptives. On pourra demander aux élèves de s’interroger sur l’intérêt
de ces coupes : éviter le côté rébarbatif ou trop moralisateur d’un discours d’un seul tenant ; permettre au lecteur de se sentir dans un roman, de ne pas perdre de vue le personnage principal…
c) Quel est l’enjeu de ce discours ? Le discours est à la fois argumentatif et informatif : il permet à ses
auditeurs de comprendre pourquoi ils ont été réunis, ce que l’on attend d’eux, de comprendre qui
sont les pères Noël du savoir. (Remarque : on pourra exploiter plus précisément ce discours lors
de la séquence d’initiation à l’argumentation). Pour les lecteurs, les quelques rappels historiques
permettent de comprendre l’uchronie.
On pourra demander aux élèves de relever quelques éléments qui montrent qu’on est bien dans le
discours : fréquentes adresses aux auditeurs « Vous » / emploi de connecteurs logiques « aussi »,
« donc »…
On commencera à relever les éléments historiques qui permettent de comprendre l’uchronie : le royaume de France / le peuple privé pendant plus d’un siècle du droit au savoir / Jules Ferry assassiné
avec le gouvernement Gambetta / la répression dont est victime le réseau des pères Noël du savoir
fondé en 1942.
Remarque : suite à l’exposé sur les grandes dates de l’Histoire à partir de la Révolution française,
on établira une frise chronologique qui fera apparaître les repères historiques et ceux de l’uchronie.
5. Lecture de « Un sifflement prolongé interrompit » à la fin du préambule.
a) Que se passe-t-il dans cette dernière partie ? Sur quel personnage cet extrait est-il centré ? Cette partie relate
la fuite des clandestins dont la réunion a été dénoncée. Elle est centrée sur Magda qui ne bouge
pas. Cela permet au narrateur de revenir sur son passé, de faire connaître son personnage ainsi que
le destin des orphelins, de distiller quelques informations d’ordre historique (ou uchronique). On
pourra demander aux élèves de situer l’intrigue dans le temps et pour cela de relever les détails qui
peuvent les aider : armes à feu, bus à gaz… Alors que le mot « royaume » nous renvoie naturellement aux xvii et xviiie siècles, on se trouve dans un monde proche du nôtre.
Activité 3
Il s’agit ici de revenir sur la notion de scène. On commencera par un questionnement collectif oral :
pourrait-on jouer ce préambule au théâtre ? Qu’est-ce qui ne pourrait pas être joué ? Qu’est-ce qui permettrait la mise
en scène ? On discutera les réponses apportées pour se mettre d’accord : il s’agit d’une scène puisqu’on
pourrait le mettre en scène ; il y a en effet des dialogues, des notations descriptives qui apportent
des précisions sur les personnages, le décor ; il y a aussi des notations qui concernent les sentiments
des personnages, les émotions ressenties ; enfin, les actions s’enchaînent dans leur chronologie et la
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durée de cette scène semble « réelle ». En revanche, les retours en arrière, utiles au lecteur pour mieux
connaître les personnages, ne pourraient être joués. Ils n’appartiennent pas à la scène.
En fonction des éléments relevés par les élèves, on précisera quelques aspects et on relèvera des
exemples pour illustrer chaque proposition : À quel temps les verbes sont-ils conjugués pour dire l’enchaînement
des actions ? Trouve-t-on des indicateurs de temps ?…
À partir de ces éléments, les élèves rédigeront une synthèse qui pourra prendre la forme suivante :
La scène
On dit qu’il y a une scène quand le temps de la narration est à peu près égal au temps de l’action.
- Le narrateur emploie le passé simple pour les actions de premier plan qui s’enchaînent de manière
chronologique. Les actions sont uniques, de durée limitée (elles ont un début et une fin) et souvent
très courtes.
Ex : Elle franchit une première porte, traversa un vestibule éclairé par la flamme d’une lampe à huile, tomba
devant la porte suivante […]
- Les indicateurs de temps permettent de comprendre l’enchaînement des actions dans le temps. Ils
sont dans ce texte peu nombreux.
Ex : lâcha enfin / se tut une deuxième fois…
- Le narrateur rapporte les paroles des personnages, le plus souvent directement, sous forme de
dialogue et avec des verbes de parole et des précisions sur le ton, les gestes...
Ex : écarta les bras / déclara d’une voix forte / l’interrompit d’un geste de la main.
- Le narrateur rapporte les sentiments éprouvés par les personnages.
Ex : Elle aimait son nom de clandestine / Magda regrettait la chaleur bienfaisante de sa main.
- Le narrateur donne des détails sur le décor, les attitudes…
Ex : Elle franchit une première porte, traversa un vestibule éclairé par la flamme d’une lampe à huile, tomba
devant la porte suivante […]
Ex : Il l’enveloppa d’un regard pénétrant. Les autres la dévisageaient en silence.
SÉQUENCE D’INITIATION
À L’ARGUMENTATION
On pourra prévoir trois séances qui s’articuleront sur :
- la distinction fait / opinion et le repérage du vocabulaire évaluatif et des modalisations d’un
énoncé ;
- l’emploi des connecteurs d’addition et des connecteurs logiques ;
- la lecture d’un article critique.
SÉANCE 3
FAIT ET OPINION
Objectifs à Distinguer fait et opinion.
à Repérer les modalisations d’un énoncé.
Activité 1 : collectif oral
On pourra partir des phrases suivantes, écrites au tableau :
1. Depuis plus d’un siècle il n’y a plus d’écoles dans le royaume de France.
2. Nous pensons qu’un royaume ne se construit pas sans écoles.
Les élèves seront invités à faire toutes les remarques sur ces phrases, leur thème commun, leurs difFlammarion Jeunesse
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férences. Il s’agit de faire émerger le point sur lequel on s’exercera par la suite, à savoir la distinction
d’un fait incontestable et d’une opinion, d’un avis qui est pris en charge par une personne et, dans
un roman, par le narrateur ou un personnage.
Dans l’exemple proposé, l’opinion est portée par le verbe « penser » (verbe d’opinion) et on verra
que l’emploi de la négation est fréquent dans les énoncés d’opinion.
Activité 2 : s’exercer
Lire les propositions suivantes. Déterminez s’il s’agit d’un fait ou d’une opinion. Surlignez le ou les mots qui font
de l’énoncé une opinion.
1. Le travail des enfants est un véritable fléau.
2. L’école est obligatoire jusqu’à 16 ans.
3. Pierre Bordage est un écrivain français né en 1955.
4. Pierre Bordage est un extraordinaire conteur.
5. Il a conquis les faveurs du grand public avec des épopées mythologiques profondément humanistes.
6. La majorité des jeunes qui fréquentent l’association sportive du collège est satisfaite.
7. Dans notre collège la fréquentation d’une association apporte des points à la note de vie scolaire.
8. Une conférence autour de la question des addictions (tabac, alcool) aura lieu le ....
9. Il est très important de réfléchir à la question des addictions et de ne pas la limiter à la consommation de ce qu’on appelle les « drogues douces ».
10. Le français est une matière indispensable.
11. Il faut travailler régulièrement pour réussir.
Eléments de correction :
FAITS : 2. L’école est obligatoire jusqu’à 16 ans. 3. Pierre Bordage est un écrivain français né en
1955. 7. Dans notre collège la fréquentation d’une association apporte des points à la note de vie
scolaire. 8. Une conférence autour de la question des addictions (tabac, alcool) aura lieu le ....
OPINIONS : les mots en gras sont ceux que l’on peut retenir pour montrer que l’énoncé exprime
une opinion.
1. Le travail des enfants est un véritable fléau.
4. Pierre Bordage est un extraordinaire conteur.
5. Il a conquis les faveurs du grand public avec des épopées mythologiques profondément humanistes.
6. La majorité des jeunes qui fréquentent l’association sportive du collège est satisfaite.
9. Il est très important de réfléchir à la question des addictions et de ne pas la limiter à la consommation de ce qu’on appelle les « drogues douces ».
10. Le français est une matière indispensable.
11. Il faut travailler régulièrement pour réussir.
Activité 3
À partir de ces exemples, on pourra demander aux élèves de rédiger une synthèse.
Un fait est ……….
Pour formuler une opinion, on emploie ……….
Proposition de synthèse :
Un fait est « incontestable ». Il est souvent daté, chiffré…
Pour formuler une opinion, on emploie :
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- du vocabulaire évaluatif, c’est-à-dire des mots (adjectifs, noms…) qui en eux-mêmes portent un
jugement de valeur (bon / beau / intéressant…). Ce jugement est positif ou négatif. Certains suffixes apportent une connotation négative aux mots (-ard criard, -âtre verdâtre, -asse blondasse…)
On peut renforcer le poids de ces mots par des adverbes ou locutions adverbiales : trop, tellement, peu, très, assez de, très peu, bien sûr, sans doute, évidemment… On peut aussi donner aux
adjectifs un degré qui en modifie le sens (superlatif / superlatif absolu / comparatif).
- des verbes de pensée et de jugement : j’aime / je n’aime pas / j’apprécie / je préfère / je crois que
/ je trouve que…
- des expressions toutes faites : quant à moi, me semble-t-il, il est certain…
- des auxiliaires verbaux : devoir, falloir, pouvoir.
- le mode conditionnel pour exprimer une incertitude, une hypothèse.
On peut utiliser des images (souvent des images « toutes faites ») pour critiquer ou louer quelque
chose, quelqu’un ou un fait de société…
Exemple : Il chante comme une casserole. (Il chante mal.)
Activité 4
Pour finir, on pourra demander aux élèves de formuler un fait et une opinion sur une de leurs lectures ou sur le livre de Bordage, même s’ils ne font que démarrer leur lecture.
Exemple :
FAIT : Le roman raconte le parcours de deux jeunes gens dans un royaume divisé entre les nantis
qui accèdent au savoir et les pauvres qui n’y ont pas droit.
OPINION : Le roman commence de manière palpitante et donne envie de poursuivre la lecture.
On peut multiplier les thèmes pour que les élèves s’exercent : le nucléaire, la pratique du sport, la
lecture…
SÉANCE 4
LECTURE MÉTHODIQUE D’UN DISCOURS
Objectifs à Découvrir comment on argumente devant un auditoire.
à Identifier quelques constantes argumentatives (ca­rac­tère dialogique, déroulement
logique, portée persuasive…).
Support à Le discours de l’homme dans le préambule (p. 11-14) + document élève 1 en
annexe.
Activité 1
On commencera par une relecture du discours suivie du questionnement suivant qui permet de
préciser la situation de communication et ses enjeux :
- Qui parle ? Celui qui parle est un homme que nous connaissons par le regard de Magda. Il appartient au réseau clandestin des pères Noël du savoir mais rien ne peut nous dire sa place dans le
réseau.
- À qui ? Il s’adresse à des hommes et femmes de tous âges, convoqués à cette réunion secrète.
- De quoi ? Il parle de la mission qu’il veut leur confier.
- Sous quelle forme ? Il fait un discours, on l’imagine « à la tribune » face à ses auditeurs.
- Dans quel but ? Il fait ce discours dans le but de convaincre ses auditeurs de rallier le réseau clandestin des pères Noël du savoir : ils ont répondu à une « invitation », il faut maintenant qu’ils adhèrent
aux idées portées par le réseau et qu’ils deviennent des membres actifs.
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Activité 2
On procédera ensuite à une lecture méthodique de ce texte qui s’appuiera sur le questionnaire
suivant :
1. Quels pronoms personnels l’homme emploie-t-il tout au long de son discours ? Qui est désigné par ces pronoms ?
Les pronoms sont « nous » pour désigner les membres du réseau clandestin des pères Noël du
savoir, et « vous » pour désigner les auditeurs du discours qui ne font pas encore partie de ce réseau.
2. Quelles opinions l’homme exprime-t-il ? « vos connaissances, c’est le plus beau, le plus merveilleux des
cadeaux » (emploi du superlatif + adjectifs mélioratifs)
« Nous pensons qu’un royaume digne de ce nom ne se construit pas en laissant l’écrasante majorité
de sa population dans l’ignorance » (verbe d’opinion)
« Le savoir est l’indispensable condition à l’avènement… » (préfixe privatif)
« Le peuple a soif d’apprendre » : avec cette phrase, l’emploi de l’image « a soif » relève davantage
de l’opinion que du fait…
3. Est-ce qu’il s’appuie sur des faits ? Lesquels ? (Exploitez les trois paragraphes.) « Le royaume est prêt pour
le changement » : on peut être d’accord ou non, c’est présenté comme un fait ; il n’y a pas d’adverbe
pour renforcer l’intensité, de verbe de pensée…
« les écoles se multiplient »
« Plus de mille d’entre nous ont perdu la vie depuis la fondation du réseau en 1942 »
4. Comment cherche-t-il à convaincre dans le premier paragraphe de son discours ? Pour convaincre, il interpelle
les auditeurs, c’est une manière de les associer à sa thèse. Il les flatte. Ses phrases commencent par
les pronoms Vous / vous puis Nous / nous ce qui crée une répétition (une cadence) propre aux
discours. Cependant, c’est en s’appuyant sur des convictions vraisemblablement partagées qu’il
fonde ses propos. Il ne multiplie pas les procédés oratoires, les « effets de manche ».
5. Se comporte-t-il comme un homme politique à la tribune ? Quels procédés n’utilise-t-il pas ou peu ? Les discours
politiques jouent sur l’anaphore, les répétitions de structures, de mots. Les orateurs sont friands
d’interrogations rhétoriques, posant des questions qui n’attendent pas de réponse. Ils s’exclament,
se moquent, ironisent… Ils citent des auteurs, des chiffres, des faits pour étayer leurs arguments…
Ici, notre orateur est précis, persuasif sans effet de manche. Il est face à un public acquis, le propos
est sérieux, construit. L’aspect oratoire se ressent cependant dans les répétitions et les temps de
pause qui permettent la réflexion, la prise de recul des auditeurs, qui renforce aussi le dialogisme :
« laissa errer son regard sur les membres de l’assemblée ».
Remarque : pour cette question, on pourra visionner un extrait de discours d’homme politique
(les élections de 2012 fournissent une matière abondante sur YouTube par exemple). On pourra
exploiter un extrait de discours prononcé par le président de la République pendant la campagne
électorale des élections présidentielles de 2012 (document élève 1, doc. 1 en annexe). Cet extrait
a été choisi non pour son contenu mais pour sa rhétorique, son caractère oratoire (interrogation
rhétorique, interpellation des auditeurs – dialogisme, répétitions, opinion formulée comme si elle était
une vérité générale…). On pourra préférer un extrait de discours de Hugo (document élève 1, doc.
2 en annexe).
6. À quoi voit-on que l’argumentation est réussie ? Son argumentation convainc car malgré le rappel des
risques encourus – rien moins que la mort – aucun auditeur ne quitte l’assemblée.
Activité 3
1. Quelle est la thèse de ce discours ? Le savoir est l’indispensable condition à l’avènement d’une ère
nouvelle.
2. Quel est le but du discours ? Nous l’avons vu, recruter pour le réseau clandestin des pères Noël du
savoir.
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Niveaux 4e/3e
3. Résumez-le pour en donner les arguments et informations essentiels, pour en restituer la logique.
Proposition de correction : nous avons repris les faits et arguments dans l’ordre. Pour les élèves en
difficulté, on peut leur proposer cette liste et leur demander d’ajouter les connecteurs (logiques ou
connecteurs d’addition) qui permettent de rendre compte de l’enchaînement logique.
- Vous avez le savoir.
- Les pères Noël du savoir font cadeau de leur savoir.
- Un royaume ne se construit pas avec un peuple ignorant.
- Le royaume est prêt pour le changement : le peuple a soif d’apprendre.
- Nous devons recruter.
- Le réseau vous affectera à une classe populaire clandestine.
- Vous pouvez refuser car vous risquez votre vie.
Vous avez le savoir. OR, les pères Noël du savoir font cadeau de leur savoir. Un royaume ne se
construit pas avec un peuple ignorant. COMME le royaume est prêt pour le changement ET que
le peuple a soif d’apprendre, nous devons DONC recruter. Le réseau vous affectera à une classe
populaire clandestine. MAIS vous pouvez refuser car vous risquez votre vie.
Proposition de résumé : nous avons été privés pendant plus d’un siècle du savoir. Pourtant, le savoir
est indispensable pour que le royaume de France change et le peuple attend le changement. Il faut
donc que vous qui avez des connaissances les transmettiez. Si vous le souhaitez, le réseau vous
affectera une classe clandestine. Vous savez que vous risquez la peine de mort si vous êtes pris, vous
pouvez renoncer à appartenir au réseau des pères Noël du savoir. Remarque : on pourra demander
aux élèves d’encadrer les connecteurs logiques.
Activité 4 : oral
Le travail de la lecture à haute voix du discours sera une excellente façon de récapituler toutes les
notions abordées au cours de la séance, de rendre au discours son dialogisme, de souligner son
caractère oratoire. On invitera les élèves à rechercher les inflexions de voix nécessaires à la mise en
valeur du propos. On pourra utiliser le codage mis en place pour la mise en voix du discours de
Hugo sur la Misère, discours où l’éloquence est bien plus développée que dans celui de l’homme
face à son public de clandestins. Ce codage et les critères d’évaluation sont proposés dans la séance
5 de la séquence consacrée à l’anthologie sur Hugo, La Légende d’un siècle.
SÉANCE 5
ÉCRIRE UN PARAGRAPHE ARGUMENTÉ
Objectifs à Découvrir et employer le vocabulaire de l’argumentation : thèse, argument.
à Organiser une argumentation.
Activité 1
Pour chacun des deux paragraphes ci-dessous, indiquez le thème (de quoi ça parle), la thèse (l’opinion défendue) et les
arguments (les idées) qui soutiennent cette thèse (pourquoi on a cette opinion, pourquoi on la défend) ; vous reformulerez
les arguments. Entourez les mots qui organisent les idées, qui structurent le paragraphe.
01/ Le voyage est nécessaire à l’homme. D’une part, le voyage, souvent synonyme de vacances,
permet de quitter son lieu de vie quotidien, de vivre à un autre rythme. D’autre part, voyager
enrichit l’homme ; c’est un moyen de découvrir d’autres modes de vie, d’autres façons de penser.
02/ Avoir une médiathèque à proximité de son domicile est important. Tout d’abord parce que
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tout le monde n’a pas les moyens de s’acheter un livre, un CD ou un DVD et qu’il est fondamental
d’accéder à la culture. Ensuite parce qu’on y trouve des ordinateurs qui permettent d’accéder à des
sites, d’utiliser des CD-ROM. Ainsi, les élèves qui ne sont pas équipés, ceux qui ne maîtrisent pas
très bien les possibilités offertes par la toile ne sont pas privés de ce merveilleux outil. Enfin, des
spectacles, des expositions sont souvent proposés dans les médiathèques ce qui en fait un lieu convivial d’échanges et de découvertes.
On laissera un temps de travail avant de proposer un temps de correction pendant lequel les élèves
noteront la définition d’un argument, d’une thèse, d’un thème. On précisera le terme « connecteur
d’addition » pour les mots qui organisent le paragraphe.
Que manque-t-il à ces paragraphes pour en faire des argumentations plus convaincantes ? Des exemples.
Éléments de correction :
01/ Thème : le voyage.
Thèse : le voyage est nécessaire à l’homme.
Arguments : 1. Évasion, changement de rythme. 2. Enrichissement.
Connecteurs d’addition : d’une part / d’autre part.
02/ Thème : médiathèque (culture).
Thèse : avoir une médiathèque à proximité de son domicile est important.
Arguments : 1. L’accès à la culture doit être possible même à ceux qui ont peu de moyens financiers.
2. Offre diversifiée dont Internet. 3. Lieu d’échanges grâce aux spectacles et expos.
Connecteurs d’addition : tout d’abord / ensuite / enfin.
Activité 2
Écriture : vous développerez dans un paragraphe argumenté de quelques lignes l’une des thèses suivantes. Au moins
un de vos arguments sera illustré par un exemple.
- Je pense qu’il est utile de donner de l’argent de poche aux jeunes.
- Je pense que donner de l’argent de poche aux jeunes est mauvais.
- Il est important d’avoir un mode de vie équilibré.
- Je préfère me déplacer en vélo.
- Je trouve que les téléchargements sur Internet ne devraient être ni contrôlés ni sanctionnés.
- À mon avis, les échanges grâce aux réseaux sociaux comme Facebook sont un progrès.
Les élèves pourront lire leur travail afin d’échanger sur les arguments proposés. Cette petite production permettra de vérifier qu’ils structurent leur écrit, qu’ils ont compris qu’un argument est
une idée.
SÉANCE 6
LIRE UN ARTICLE CRITIQUE
Objectifs à Lecture d’un article critique.
Support à Article critique sur le roman + document élève 2 en annexe.
On peut exploiter ce travail avec les élèves ou le proposer comme évaluation.
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Et si, en 1882, les royalistes avaient renversé le gouvernement
Gambetta, exécuté Jules Ferry et hissé Philippe d’Orléans sur le trône
de France ? Imaginez ainsi qu’en 2008 nous vivions toujours sous
l’Ancien Régime. Le pouvoir est à Versailles, les privilèges de la naissance et de la fortune ont brutalement fermé la parenthèse des droits
de l’homme, la police royale rôde à tous les coins de rue et d’Internet,
et l’école demeure interdite aux classes inférieures au motif que « le
savoir généralisé engendre l’anarchie ».
Fort de ce parti pris uchronique, Pierre Bordage, un de nos meilleurs
auteurs de science-fiction, exalte avec une belle énergie les valeurs de
la République, l’ambition de sa devise « Liberté, Égalité, Fraternité »
et le prix du savoir et de la connaissance. Sans manquer d’emporter
ses (jeunes) lecteurs dans une aventure généreusement épicée. Action
et réflexion se marient à chaque page, le récit, force 10, rebondit et
galope, les personnages – un jeune « cou noir » amoureux d’une
héritière en révolte contre son destin – s’imposent et séduisent. Bref,
le menu est royal !
Le 01/11/2008 –
Mise à jour le 28/10/2008 à 12h48
Michel Abescat - Télérama n° 3068
Prendre des repères
1. Qui a écrit cet article ? Dans quelle revue ? Michel Abescat a écrit cet article dans la revue Télérama.
2. Combien de paragraphes compte cet article ? Sur quoi se centre chacun d’eux ? (Quel est le propos de chacun des
paragraphes ?) Cet article compte deux paragraphes. Le premier se centre sur l’histoire, le second sur
le travail de l’auteur que le critique présente de manière positive.
3. « le savoir généralisé engendre l’anarchie » : comment expliquez-vous l’emploi des italiques ? Michel Abescat
emploie des italiques car il cite le livre.
4. Quels mots du premier paragraphe présentent « ce parti pris uchronique » dont parle le journaliste critique ? C’est
« Et si, en 1882 » qui permet de comprendre que l’auteur du roman adopte un « parti pris uchronique » puisqu’il modifie le cours de l’Histoire.
5. Par quels moyens l’auteur de cet article s’adresse-t-il à son lecteur ? L’auteur de cette critique interroge « Et
si… », sous-entendu : que ce serait-il passé ? Il ordonne, convie son lecteur à imaginer.
6. Par quel mot conclut-il son article ? Dans sa conclusion, à votre avis, pourquoi qualifie-t-il le menu de « royal » ?
« Bref » annonce la conclusion. Il qualifie le menu de « royal » pour montrer son enthousiasme et
aussi en référence aux royalistes qui ont renversé la République.
Réflexion
1. L’auteur de cet article invite à lire le livre. Qu’est-ce qui le montre ? Relevez très précisément le vocabulaire
évaluatif. L’auteur de cet article invite à lire le livre. En effet, le vocabulaire est mélioratif que ce
soit l’expression « force 10 » apposée à « récit », les adjectifs « meilleurs », « belle », « épicée » qui
qualifient successivement l’auteur, l’énergie, l’aventure ; les verbes « emporter » pour les lecteurs,
« rebondit et galope » pour le récit, « s’imposent et séduisent » pour les personnages ; l’adverbe
« généreusement » qui connote positivement l’adjectif « épicée » et enfin la conclusion finit sur
l’adjectif « royal ».
2. L’auteur de cet article utilise-t-il des verbes évaluatifs ? Utilise-t-il facilement la première personne ? Qu’est-ce que
cela apporte à l’article ? L’auteur de cet article n’utilise pas de verbes évaluatifs. Il emploie une fois la
première personne avec « nos » (un de nos meilleurs auteurs) mais le pluriel nous associe à l’opinion
portée. Cet article met en avant les qualités du roman plus qu’une opinion particulière portée par
un « je ».
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3. Voici le début d’un article publié par Elessar le 25/07/2011 sur son blog « Imaginarium électrique ».
« Après “les Guerriers du Silence” et “Wang”, c’est pour moi la troisième incursion dans l’univers
de Pierre Bordage. Et c’est une réussite, qui confirme tout le bien que je pensais déjà de cet auteur.
L’uchronie développée ici est intéressante. »
En vous appuyant sur le questionnement précédent, expliquez en quoi les choix d’écriture des auteurs diffèrent. C’est
différent dans l’article du bloggeur qui parle en son nom : « pour moi », « le bien que je pensais ».
Les deux auteurs s’accordent sur la qualité du roman (vocabulaire mélioratif) mais le critique de
Télérama met le roman, ses personnages… comme sujet non son opinion « je pense, je trouve… ».
Vocabulaire
1. Comment définissez-vous « exalte » (ligne 10 de l’article). Trouvez un nom de la même famille. « exalte », verbe
exalter ; une exaltation. L’auteur exalte les valeurs de la République, il en parle avec enthousiasme,
passion.
2. Précisez ce qu’est une « uchronie ». Quelle est la racine de ce mot ? « Uchronie » est construit sur la racine
grecque chronos : le temps. C’est un mot inventé, calqué sur le mot « utopie » qui est un rêve, une
chimère pour évoquer un temps qui n’existe pas, un temps imaginaire.
Outils de la langue
1. Quel est le temps dominant ? Relevez trois verbes différents conjugués à ce temps. Le temps dominant est le
présent de l’indicatif : est (l.4), rôde (l.6), demeure (l.7), exalte (l.10), se marient (l.14)…
2. Recopiez un verbe conjugué à l’impératif présent. Quel est l’infinitif de ce verbe ? Conjuguez-le en entier à
l’impératif présent. « Imaginez » est le verbe « imaginer » conjugué à l’impératif présent. Imagine /
imaginons / imaginez.
3. Recopiez les verbes conjugués dans la première phrase. Indiquez leur temps et leur infinitif. Pourquoi ce temps
est-il employé ? (Quelle est sa valeur d’emploi ?) Avaient renversé, exécuté, hissé. L’auxiliaire n’est pas
répété mais il s’agit bien de trois verbes : renverser, exécuter et hisser conjugués au plus-que-parfait
de l’indicatif (auxiliaire à l’imparfait). Ce temps est employé pour montrer l’antériorité des actions
(1882/2008).
4. Recopiez une phrase non verbale (qui ne contient pas de verbe conjugué). Récrivez cette phrase en conjuguant le
verbe à la forme négative et en faisant apparaître le sujet.
Sans manquer d’emporter ses (jeunes) lecteurs dans une aventure généreusement épicée.
Pierre Bordage ne manque pas d’emporter ses (jeunes) lecteurs dans une aventure généreusement
épicée. On pourra préciser que la négation employée ici est une façon de valoriser l’énoncé.
Approfondissement
D’autres articles tirés de blogs sont disponibles dans le document élève 2 en annexe.
Écriture
Écrivez votre critique de ce roman.
Vous commencerez par un paragraphe qui présentera l’histoire et ses enjeux puis vous consacrerez
un paragraphe à votre avis personnel qui pourra porter sur plusieurs points (l’histoire, les personnages, l’écriture…).
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SÉANCE 7
EXPLOITER UN THÈME FORT DU ROMAN
Objectifs à Exploiter les apports du roman sur un thème pour nourrir un travail oral (exposé,
débat, interview, sondage).
Supports à Documents élève 3 et 4 en annexe.
Le roman est riche de réflexions sur l’engagement, sa nécessité et ses risques et sur l’instruction. Les
idées développées croisées avec l’Histoire et/ou un regard sur l’actualité peuvent donner à la lecture
des élèves une dimension « vivante » en nourrissant ce qui peut prendre la forme d’un débat, d’une
interview fictive (celle d’un jeune « résistant », celle d’un analphabète…) ou réelle, de la réalisation
d’un sondage qui nécessite la formulation des questions et son traitement.
Les séances organisées sur les thématiques du roman permettront de travailler quelques compétences du socle :
- Mobiliser ses connaissances pour donner du sens à l’actualité ce qui obligera à effectuer des recherches pour avancer des faits précis quant à l’actualité concernant l’illettrisme et/ou l’engagement.
- Participer à un débat, un échange verbal ce qui permettra de travailler les notions de thème, de
thèse, d’argument et d’exemple.
- B2I : recherche sur internet pour nourrir son travail.
Activité 1 : exposé / enquête
Exposé / enquête sur l’instruction, la diffusion des connaissances. On peut même aller vers une
exposition qui pourra trouver sa place au CDI et valoriser ainsi le travail des élèves.
Qu’est que l’illettrisme ? l’analphabétisme ? Peut-on « vivre » en étant illettré ? sans savoir ni lire ni écrire ni
compter ? (Faire des références au roman.)
Quels sont les « avantages » à savoir lire, écrire, compter ? (Faire référence au roman en considérant les
avantages à maintenir le peuple dans l’ignorance.)
Quels sont les chiffres de l’illettrisme en France ? dans le monde ?
Tout le monde en France accède-t-il au savoir ?
Quels sont les moyens de diffusion du savoir ? Où apprend-on ? Quelles sont les bases qui vous semblent nécessaires
pour avoir une vie sociale… ?
Qui combat l’illettrisme ?
On pourra travailler sur les affiches et le site de l’association « Aide et action L’éducation change
le monde » ce qui permettra aux élèves de mieux comprendre pourquoi la lecture qui leur paraît
naturelle est un levier essentiel pour une société plus juste. (Document élève 3 en annexe.)
Critères d’évaluation (qui peuvent être mis en place avec les élèves) : ils concerneront la tenue de
l’élève, sa posture, la relation qu’il établit avec son public (être entendu, écouté, surmonter son
trac…). Ils concerneront aussi le contenu (qualité des informations…) et la présentation de ce contenu, tant au niveau de son organisation (plan structuré) que des supports choisis (supports clairs,
diaporama…).
On précisera les compétences évaluées :
Je suis capable :
- d’adopter un vocabulaire approprié et précis ;
- d’adopter un niveau de langue adapté ;
- de développer de façon suivie un propos en public sur un sujet déterminé ;
- de mobiliser les moyens utiles à la communication d’une information, d’un savoir, d’un point de
vue (TICE) ;
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- de mobiliser mes connaissances pour donner du sens à l’actualité ;
- de répondre à une question par une phrase complète ;
- de formuler et justifier un point de vue ;
- de participer à un échange verbal.
Une grille d’évaluation est proposée dans le document élève 4 en annexe.
Activité 2 : sondage
Sondage sur l’usage d’Internet, des réseaux sociaux et des téléchargements (connaissance de la loi
HADOPI, des droits d’auteurs…). On fera le lien avec le roman : pourquoi le réseau est-il contrôlé ? pourquoi la censure ? Quels sont les avantages à contrôler les médias ? (Cette réflexion sera
une amorce d’une prise de conscience de l’aliénation liée aux médias et de la nécessité d’être vigilant
et d’exercer son esprit critique face aux messages qui nous sont délivrés.)
Réaliser un questionnaire (facile à traiter) pour connaître les usages d’Internet…
Diffuser ce questionnaire (dans le collège, auprès d’un « échantillon »… ?)
En lien avec les mathématiques, traiter les résultats pour les présenter (pourcentages) pour réaliser
des statistiques.
Remarque : on pourra travailler sur un sondage paru dans un journal pour adolescents afin de
relever les différentes typologies de questions et les différents traitements chiffrés des résultats.
Activité 3 : débat
Débat sur l’engagement.
Définir ce que l’on entend par s’engager. Quelles formes peuvent prendre l’engagement ? Contextualiser : quelles
causes valent aujourd’hui qu’un jeune s’engage ?
Rechercher des exemples d’engagement (dans le roman, dans l’Histoire plus ancienne ou récente).
On pense à la Résistance, aux Justes, pendant la Seconde Guerre mondiale ; on peut aussi penser
aux mouvements révolutionnaires qui ont secoué le monde arabe au printemps 2011… Les risques
encourus (référence au roman avec la mort du père de Jean, le bannissement de Clara par sa famille,
les morts lors de la grande marche de Noël…). Le prix Nobel de la paix : regarder qui est récompensé par ce prix depuis une dizaine d’années : ces personnalités s’engagent pour la paix, qu’ont-elles fait ?
Un débat impose une bonne connaissance du sujet, des exemples… Il impose aussi une certaine
organisation :
- un meneur des débats (qui pourra selon le niveau de la classe être le professeur) capable de
présenter le thème, de reformuler ce qui a été dit pour redonner la parole aux contradicteurs ;
- deux groupes de débatteurs d’opinions différentes, opposées ;
- un groupe de spectateurs (auditeurs) à qui on demandera un retour sur la qualité des échanges (on
pourra utiliser la fiche outil proposée ci-dessous).
On précisera d’emblée que le débat sert rarement à convaincre ceux qui vous sont opposés mais
plutôt à permettre à ceux qui écoutent, qui n’ont pas d’avis ou de connaissance du sujet de découvrir des éléments et de se faire une opinion.
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FICHE OUTIL
Nom de l’évaluateur
… est resté calme
… a écouté l’adversaire
… a pris la parole à bon escient
… a donné son opinion personnelle
… a justifié son point de vue à l’aide d’arguments
… a géré ses arguments à l’aide de connecteurs
… a réfuté les arguments adverses
… a contre-argumenté
… a donné son point de vue par
- des verbes d’opinion
- des adverbes modalisateurs
- des expressions de son avis personnel
… a tenu compte de l’enjeu de la communication
- … s’est exclamé
- … a posé des questions rhétoriques
Nom de l’élève
Nom de l’élève
Pour chaque activité,
- un travail de questionnement est nécessaire (les élèves doivent comprendre et cerner le sujet ; les
questions et pistes proposées sont indicatives) : comment le sujet est-il compris ? à quelles questions les élèves veulent-ils répondre ?... Cette première phase sera « validée » par le professeur et
éventuellement travaillée en groupe puis en classe entière pour améliorer les premières propositions.
- un travail de recherche est nécessaire. Il pourra être mené avec l’aide du professeur documentaliste. On veillera à ce que les informations recherchées sur Internet soient « comprises », lues
et reformulées avec les mots d’un élève de quatrième. On n’acceptera pas de copier/coller. On
sera attentif à ce que les sources soient citées, notamment les sources des sites Internet visités.
Les élèves doivent comprendre que les informations, les chiffres, les idées qu’ils vont piocher sur
Internet ne leur appartiennent pas. Ce qui leur appartient, c’est ce qu’ils vont en faire, comment ils
vont les articuler… pour servir leur propos.
SÉANCE 8
HISTOIRE DES ARTS
Objectifs à Analyser un tableau (formes, techniques, significations, usages).
à Se construire une culture personnelle.
à Manier un vocabulaire sensible et technique.
à Maîtriser des repères essentiels dans le temps/l’espace.
à Apprécier le plaisir que procure la rencontre avec l’art.
Support à Document élève 5 en annexe.
Activité 1 : La Liberté guidant le peuple, Eugène Delacroix (1830)
On pourra se référer à la séance 8 proposée dans la séquence sur l’anthologie de Victor Hugo
présentée par Danielle Martinigol, La Légende d’un siècle.
Activité 2 : Tres de Mayo, Goya (1814)
On précisera le contexte historique : Goya, six ans après la rébellion du peuple espagnol contre
l’occupant français peint deux tableaux : le Dos de mayo représentant la rébellion et le Tres de mayo.
Que représente le Tres de mayo ?
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1. À quelle scène du roman pense-t-on immédiatement quand on voit ce tableau ? À l’exécution des clandestins
par les gendarmes royaux.
2. Quel personnage repère-t-on immédiatement ? Qu’est-ce qui le met en lumière ? Le personnage de condamné.
On le repère à ses mains levées, à sa chemise blanche ; il est mis en lumière par la lanterne posée
au sol. Il est de face.
3. De qui peut-on rapprocher son attitude ? Il est à genoux, a les bras en croix, comme le christ sur la
croix. Son visage semble implorer ses bourreaux.
4. Quel groupe de personnages se trouve face à lui ? Des soldats.
5. Que pouvez-vous dire de la comparaison entre les deux groupes d’hommes ? Les prisonniers ont des attitudes
variées, ce sont tous des hommes face à la mort mais ils ont des attitudes, des gestes, des vêtements
qui les différencient et font de chacun d’eux des hommes. Les soldats du peloton d’exécution en
revanche forment un groupe qu’on voit de dos : mêmes vêtements, même position tel des robots.
Ils n’ont d’humain que leur apparence ; ils représentent l’obéissance aveugle aux ordres.
6. Qu’est-ce qu’on distingue en arrière-plan ? L’arrière-plan est noir ; on voit un village et seule l’église est
reconnaissable à son clocher.
7. Qu’est-ce qui permet de penser que cette scène est « universelle », qu’elle pourrait se passer n’importe où, à n’importe
quelle époque ? La scène semble pouvoir se passer dans n’importe quel village, rien ne permet de distinguer celui-ci. Et si l’événement est daté (titre même du tableau), si les vêtements des soldats renvoient à ceux de l’armée de Napoléon, aucun d’entre eux nous l’avons vu, n’est « reconnaissable », n’a
d’identité. Ce qui est donné à voir par Goya, c’est la cruauté, la barbarie d’une telle scène d’exécution :
les prisonniers ne peuvent s’échapper, derrière eux une colline, devant, la ligne des fusils ; au sol, du
sang et des victimes.
8. Qui est Goya ? Pour quels tableaux est-il connu ? Goya est un peintre espagnol (1746-1828) connu pour
Les Caprices et Les Désastres de la guerre.
9. Quelle technique a été utilisée par Goya pour le Tres de mayo ? Où peut-on voir ce tableau ? Quelles sont ses
dimensions ? Huile sur toile, 266 cm x 345 cm, exposée au Prado à Madrid.
Activité 3 : Courbet
Thématique « Arts, ruptures, continuités »
« Cette thématique permet d’aborder les effets de reprises, de ruptures ou de continuité entre les
différentes périodes artistiques, entre les arts et dans les œuvres d’art. »
1. On partira de l’article qui lui est consacré dans Le Robert Collège :
COURBET Gustave (1819-1877). Peintre français inspiré par les romantiques, il voyage en
Hollande et en Angleterre (1846-1847). Il fréquente les révolutionnaires de 1848 et décide de peindre la réalité sociale. Exclu de l’exposition universelle de 1855, mais célèbre dans toute l’Europe,
il travaille en Normandie avec Boudin. Après l’échec de la Commune à laquelle il avait participé
activement, il s’exile en Suisse (1874) où il se consacre aux paysages.
Œuvres : Un Enterrement à Ornans (1850) ; Les Baigneuses (1853) ; La Rencontre ou Bonjour Monsieur Courbet
(1854) ; L’Atelier du peintre (1855) ; Les Demoiselles des bords de Seine (1856).
a) Qu’est-ce qui dans cet article témoigne d’un artiste en rupture ? Qu’est-ce qui témoigne de son engagement ?
On pourra travailler sur le rapprochement « engagement - rupture », s’engager c’est s’attacher à
une cause, mais c’est aussi rompre, avec un modèle, des traditions, des références… « Sa réputation de peintre politique est indissociable de cette période où ses tableaux à sujet rural et social
entrent comme par effraction dans la peinture d’histoire malgré le caractère populaire disgracieux
et monumental des êtres représentés. » peut-on lire dans le dossier « Courbet, un artiste engagé »
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proposé par l’équipe pédagogique du musée Fabre de Montpellier. Pour que les élèves perçoivent
la rupture de Courbet avec la peinture académique qui prévalait, on pourra projeter des tableaux
de David, représentatifs de la peinture d’histoire et Un Enterrement à Ornans, Les Paysans de Flagey
revenant de la foire, Les Casseurs de pierre, Les Cribleuses de blé où Courbet met en scène des sujets « réalistes », des paysans, des travailleurs, des « exclus » de la société et des salons de peinture. Il les
donne à voir, par la taille même des toiles où les personnages sont souvent en grandeur nature.
b) « Toutes ces œuvres, dont l’importance et la diffusion rapide montrent la volonté de Courbet
de réussir, sont de véritables manifestes en ce qu’elles se différencient de la pratique contemporaine, et dénoncent, en montrant, un système, une façon de voir et de penser, offrent au public à
la fois une forme de liberté exhibée de l’artiste, mais surtout un questionnement plus ou moins
confortable non seulement sur l’esthétique, le statut de l’œuvre d’art et de l’artiste, mais aussi sur
l’environnement socio-politique du xixe siècle. »
Dans ce paragraphe, recopiez deux mots qui montrent bien l’engagement de l’artiste. Se différencier, dénoncer.
c) Sur quoi porte le questionnement de l’artiste ? L’esthétique, le statut de l’œuvre d’art et de l’artiste
et l’environnement socio-culturel de son époque. Pour l’environnement socio-culturel, on pourra
faire le lien avec le cours d’histoire, voir avec le professeur ce qui a été abordé. On pourra aussi faire
référence aux œuvres littéraires de Hugo, de Zola et projeter d’en lire une après cette séquence.
2. Les Cribleuses de blé, huile sur toile (167 cm x 131 cm), 1854. Musée des Beaux-Arts, Nantes.
a) Décrivez très précisément ce tableau. Le peintre a-t-il choisi un moment exceptionnel ? des personnages exceptionnels ?
b) Le personnage central est de dos. À votre avis, pourquoi le peintre a-t-il fait ce choix ?
c) Quelle est la catégorie sociale des personnages peints ? À l’époque de Courbet, ces personnages étaient-ils souvent
peints, exposés dans des salons ?
d) Synthèse : En quoi peut-on dire que ce tableau est réaliste ?
3. Les Casseurs de pierres, huile sur toile (159 cm x 259 cm), 1849. Le tableau fut détruit au cours de la
Seconde Guerre mondiale.
a) On pourra proposer un questionnement similaire à celui des Cribleuses de blé.
b) « C’était, je crois, en 1850. Nous nous promenions, quelques amis et moi (le plus vieux pouvait
bien avoir dix-huit ans), à travers les galeries de l’Exposition. Tout d’un coup, nous nous arrêtâmes
en face d’une toile qui, sur le livret, s’appelait les Casseurs de pierres, et qui était signée en lettres
rouges : G. Courbet.
Notre émotion fut profonde.
Nous étions tous des enthousiastes. C’était l’époque où fermentaient les têtes ! Nous avions au fond
de nos cœurs le respect de tout ce qui était souffrant ou vaincu, et nous demandions à l’art nouveau
d’aider, lui aussi, au triomphe de la justice et de la vérité.
Ce tableau teinté de gris, avec ses deux hommes aux mains calleuses, au cou halé, était comme un
miroir où se reflétait la vie terne et pénible des pauvres. La raideur gauche des personnages servait
encore à l’illusion : et l’inhabileté ou le génie du peintre avait, dans un geste, indiqué l’immobilité fatale
à laquelle est condamnée, sous un ciel ingrat, toute la race des mercenaires. […]
La foule s’arrêtait devant ces toiles, mais avec plus de stupeur que d’émotion ; et le lendemain, au
lieu de rassurer cette foule, la critique faisait chorus avec elle ; elle poussait à l’indignation contre
les hardiesses du peintre. »
La Rue – « Courbet », Jules Vallès
On pourra exploiter cet article de Vallès dans le journal qu’il a créé en 1867, La Rue.
- Repérez la partie de l’article consacrée à la description de la toile de Courbet. Quels mots dans cette description
montrent que l’auteur de l’article donne son point de vue, son opinion (description subjective) ?
- Quelle expression dans la description rappelle précisément notre lecture de Ceux qui sauront ?
- Comment la foule et les critiques réagissent-ils devant cette toile ?
- Comment Vallès et ses jeunes amis réagissent-ils devant cette toile ?
On pourra compléter ce questionnement par une réflexion sur le rôle de l’art.
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SÉANCE 9
QUESTIONNAIRE DE LECTURE
Objectifs à Évaluer la lecture cursive des élèves.
1. En quelle année se déroulent les événements racontés ? 2008.
2. Quelle est la capitale du royaume ? Versailles.
3. Qui sont « les cous noirs » ? Précisez leurs conditions de vie dans le royaume. Ce sont les ouvriers, la masse
laborieuse du royaume.
4. Qui est Barnabé ? Après sa capture, à quoi est-il condamné ? Barnabé est une force de la nature mais il
est simple d’esprit. Il a « kidnappé » Clara et l’a maintenue en captivité. Quand il est capturé, il est
jugé et condamné à vingt ans de travaux forcés, autant dire à une mort certaine.
5. Que fait le père de Clara ? et celui de Jean ? Le père de Clara est grand argentier du royaume ce qui
équivaut à notre ministre des finances. Le père de Jean est un cou noir mais c’est aussi le chef d’un
réseau clandestin, un militant.
6. Quel est le destin de Clara ? À quelle occasion y échappe-t-elle ? Clara est destinée à être mariée, à quitter
sa cage dorée pour une autre cage dorée. Elle y échappe à l’occasion d’un accident de la route qui
tue le chauffeur qui la conduisait chez son futur mari. La captivité puis la rencontre de Jean qui la
soustrait à Barnabé la font réfléchir à sa condition qu’elle refusera dès lors.
7. Quel est le destin de Jean ? À quelle occasion y échappe-t-il ? Le destin de Jean est de rester un cou noir,
cherchant du travail où il y en a, quitte à abandonner les siens, vivant misérablement sans espoir
d’amélioration… Il y échappe parce qu’il suit des cours pour apprendre à lire, pour s’instruire et sera
arrêté. Lors de son transfert, le convoi est pris d’assaut par des résistants (le réseau clandestin que
dirige son père) et il devient dès lors clandestin.
8. Qui aide Jean à survivre dans Paris ? Où vit-il ? De quoi Jean vit-il (avant d’être aidé par Jules) ? Quand Jean
retrouve Paris, il est clandestin et ne peut retourner dans sa famille. Il est aidé par Athanase, un vieil
homme qui vit dans la rue depuis quarante ans et s’est aménagé un refuge dans un lieu « introuvable ». Pour gagner sa vie, il va aux Halles où il rend des services et glane quelques fruits, légumes
ou morceaux de viande.
9. Qui est Jules ? Comment appellerait-on aujourd’hui l’organisation à laquelle il appartient ? Pourquoi Jean ne veutil pas intégrer cette organisation ? Jules est un jeune de son âge qui était comme lui condamné. Ils se sont
rencontrés dans le fourgon et ont été séparés lors de l’attaque du camp des résistants. Jules appartient
à une organisation qui récupère de l’argent en échange de sa « protection », qui organise divers trafics
clandestins. C’est l’équivalent de notre Mafia. Ils font régner ordre et terreur et ne sont pas inquiétés
par les autorités. Jean refuse de devenir mafieux, de « prospérer sur la misère » et d’utiliser des armes.
10. Qui est Portarius ? Que fait-il ? Quel est le nom de code de Clara quand elle va chez Portarius ? Pourquoi ce
nom de code ? Pourquoi des noms de code ? Quel nom de code auriez-vous choisi ? Pourquoi ? Portarius est le nom
de code d’un ancien nanti déchu de ses droits, rejeté par ses parents. Il a monté un réseau clandestin
qui initie ceux qui le souhaitent à utiliser R2I, à entrer dans « le deuxième monde » en déjouant les
pièges de la censure. Le réseau auquel les riches accèdent est en effet très surveillé et ne propose
que des informations édulcorées. Le nom de code de Clara est « le petit Chaperon rouge » car elle
arrive dans un monde inconnu, elle prend des risques, n’obéit pas à ses parents ; de plus, elle arrive
toujours avec un panier plein de gâteaux qu’elle est censée partager avec les demoiselles du cours
de broderie. Le nom de code est obligatoire car il s’agit d’un réseau clandestin et il est important
de ne pas connaître la véritable identité des participants, leur métier, leur lieu de résidence afin de
protéger leur vie si l’existence du réseau est dénoncée. Les noms de code répondent le plus souvent
à un idéal.
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Ceux qui sauront
Niveaux 4e/3e
11. Comment les cous noirs nomment-ils gendarmes royaux ? À votre avis, pourquoi ? Les cous noirs et les pauvres appellent les gendarmes royaux les asticots. On trouve aussi les cafards. Vermine ou insectes
peu attirants, qui s’incrustent, grouillent et dont on se débarrasse difficilement…
12. « Il y a ceux qui se battent pour qu’une société plus juste émerge enfin » lit-on en quatrième de couverture. Quelles
sont les différentes « batailles » menées pour cette cause ? Les combats menés sont les écoles clandestines, le
réseau R2I clandestin pour contourner l’information officielle et la grande marche du 25 décembre.
Aucun de ces mouvements n’aboutit, on voit Magda arrêtée, Portarius arrêté et la grande marche
réprimée dans le sang.
13. À quoi ce roman fait-il réfléchir ? Réponse plus ouverte qui fait appel au « ressenti » des élèves mais
on attend : le rôle de l’école, l’exercice du pouvoir…
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