Les finances publiques et les impératifs de performance : le cas du Maroc Finances publiques Collection dirigée par Thierry LAMBERT Les finances publiques connaissent un développement important et se diversifient. Les finances de l’État, les finances communautaires, les finances internationales et comparées, la science et la technique fiscales ne sont que quelques-uns des domaines couverts par les finances publiques contemporaines. La présente collection a pour vocation de publier des travaux originaux (thèses, essais, colloques...) ou de facture plus classique (manuels, commentaires de textes, recueils de documents...). Elle a aussi pour ambition de rééditer des ouvrages aujourd’hui introuvables, mais fort utiles, dès lors qu’ils s’imposent comme référence et qu’ils sont agrémentés d’une préface substantielle. Déjà parus Hind JALAL, Analyse genre de la politique fiscale au Maroc, 2011. Célestin FOUMDJEM, Blanchiment de capitaux et fraude fiscale, 2011. Slim BESBES, Le principe de la légalité de l'impôt en droit tunisien, 2011. Georges DUMAS, La politique économique : 12 ans pour rien (1995-2007), 2010. Félix ATECK A DJAM, Droit du contentieux fiscal camerounais, 2009. Jean-Joseph-Louis GRASLIN, Essai analytique sur la richesse et sur l’impôt, (réédition du texte de 1911 présenté et commenté par Djalel MAHERZI, 2008. Marc LEROY (dir.), L’Administration de l’impôt en France et dans le monde, 2008. Haiying WANG-FOUCHER, La vérification de comptabilité en Chine à l’épreuve des modèles occidentaux, 2008. Dominique VILLEMOT, Quelle réforme fiscale ?, 2007. Roland ATANGA FONGUE, Contrôle fiscal et protection du contribuable dans un contexte d’ajustement structurel : le cas du Cameroun, 2007. Karim SID AHMED, Droits fondamentaux du contribuable et procédures fiscales. Etude comparative, 2 tomes, 2007. Mohamed Harakat Les finances publiques et les impératifs de performance : le cas du Maroc L’HARMATTAN © L'HARMATTAN, 2011 5-7, rue de l'École-Polytechnique ; 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com [email protected] [email protected] ISBN : 978-2-296-54993-7 EAN : 9782296549937 Du même auteur Le Droit de contrôle supérieur des finances publiques au Maroc, Babel, Rabat, 1992. L'Audit dans le secteur public au Maroc : cas de la Cour des comptes, Babel, Rabat, 1994. Économie politique : étape de la formation de la connaissance économique, Rabat, Babel, 1996. Management stratégique et compétitivité (en arabe), édition Fedala, Mohammedia, 1997. Économie politique de la gouvernance, Al Maârif Al Jadida, Rabat, 2000. Le Contrôle supérieur des finances publiques au Maghreb, Al Maârif Al Jadida, Rabat, 2000. Cour européenne des comptes, Luxemburg. Lignes directrices européennes concernant l'application des normes d'audit de l'INTOSAI, (traduction arabe), Al Maârif Al Jadida, Rabat, 2001. Finances publiques et droit budgétaire, Al Maârif Al Jadida, Rabat, édit. 2002, 2004, 2006. Économie politique et dialectique de la richesse et de la pauvreté, (en arabe), Al Maârif Al Jadida, 2002-2004, Rabat. Évaluation du système juridique et judiciaire au Maroc, Publication de la REMA, 2003. Les Cours régionales des comptes : Guide pratique de contrôle des finances locales, Publication de la REMA, 2004. Gouvernance, gestion publique et corruption, Al Maârif Al Jadida, Rabat, 2006. Économie politique et gouvernance globale, Al Maârif Al Jadida, 2010, Rabat. Les Finances publiques à l’épreuve de la transparence et de la performance, Al Maârif Al Jadida, Rabat, 2010. Les finances publiques et les impératifs de la performance : cas du Maroc Préface Ce livre constitue une excellente synthèse de la gouvernance des finances publiques au Maroc. Après une première partie où il analyse les soubassements et les enjeux généraux, l'auteur décortique les processus de décision budgétaire et de politique publique marocaine. Il fait ensuite l'état des lieux de la réforme des finances publiques, dans ses pratiques et dans ses contraintes. Puis le livre se termine par une évaluation critique des contrôles d'audit, qui sont la clé de toute évaluation du changement. Les finances publiques ne doivent-elles pas s'inspirer d'une logique d'entreprise ? Ne doivent-elles pas prendre en considération les objectifs à atteindre, mais aussi la qualité et la transparence du management ? Ne faut-il pas répartir les crédits par objectifs ? Et enfin, si l'on veut avancer réellement, ne faut-il pas augmenter la transparence et l'information des citoyens ? Et un des outils indispensables ne sera-t-il pas constitué par des audits réellement indépendants qui soient à même de refléter la situation réelle des finances publiques et des éventuelles corruptions ou opacités du système ? Voici quelques questions fondamentales de gouvernance et d’éthique politique qu'aborde ce traité érudit. Mais si l'objectif affiché est bien la maîtrise et le contrôle des finances publiques au Maroc, l'auteur pose aussi une question plus générale. Quel serait le nouveau concept de finance publique qui corresponde au contexte de ce XXIe siècle qui commence ? Car nous entrons dans un monde globalisé où la gouvernance financière d'un pays est de plus en plus prise en compte dans l'évaluation de sa monnaie et de sa dette extérieure. Bref, la gouvernance des finances publiques devient un atout stratégique indispensable pour la santé économique et financière de chaque pays. Les ennuis récents de la Grèce nous en donnent un exemple assez éloquent. Tous 9 Mohamed Harakat les pays seront donc de plus en plus acculés à rendre compte devant les experts mondiaux de la qualité et de la transparence de leur gestion des finances publiques et privées. Dans ce nouveau contexte mondial, ce livre est un outil très précieux, voire indispensable, car il nous conduit de manière honnête et compétente à travers les méandres des finances du Maroc. Il est aussi un des seuls qui nous fournisse une analyse objective et détaillée des différentes réformes de la fiscalité, de leurs avancées et de leurs insuffisances dans un monde qui change. Dr Marc LUYCKX GHISI Ancien membre de la « Cellule de prospective » de la Commission européenne à Bruxelles. Conseiller spécial de « Business solutions Europa » Les finances publiques et les impératifs de la performance : cas du Maroc Introduction générale Le processus de l’évaluation des systèmes de gestion et de contrôle des finances publiques s’inscrit pleinement dans le cadre de la modernisation de l’Etat. Il s’agit dans cette optique de : – s’assurer que celui-ci dispose d’une vision claire de l’avenir en termes d’opportunités, de menaces et de risques et qu’il contribue à définir les grandes lignes des politiques publiques et qu’il remplisse pleinement tant sa fonction de régulation garante des priorités nationales que sa fonction d’incitation et d’animation ; – instaurer un système de contrôle interne et d’évaluation continue des risques auxquels se heurtent les pratiques de gouvernance cognitive et démocratique (indépendance, efficacité et efficience des actions, performance, production de l’information objective et fiable) conciliant trois logiques intimement liées : la logique démocratique (transparence), la logique cognitive (économie du savoir et de l’innovation), et la logique de la gestion et de la performance ; – réfléchir et concrétiser une nouvelle gouvernance participative permettant le passage du gouvernement à la gouvernance. Ce passage dynamique suppose un parlement et des parlementaires formés et informés, un parlement savant et performant doté de moyens et d’outils de travail et des structures appropriées d’évaluation des politiques publiques. Bref, il s’agit de réfléchir sur les indicateurs de la performance des systèmes de gouvernance dans sa globalité. L’évaluation des systèmes de gouvernance nécessite en fait un climat politique favorable au développement de la culture de la performance et des outils et des mesures de gouvernance fiables et adaptés. 11 Mohamed Harakat Contrairement à d’autres secteurs de l’espace public comme la santé et le système de l’éducation et de la formation, il n’existe pas de tradition d’indicateurs comparatifs de performance1. La performance est généralement définie en termes d’output (produits) ou outcome (résultats finals). Dans notre cas, la performance des systèmes de gouvernance se mesure notamment par le degré de participation des citoyens au processus de prise des décisions stratégiques, le nombre des rapports présentés sur le contrôle budgétaire et l’information de l’opinion publique. Cette définition consensuelle de la performance n’est pas suffisante. L’approche « essentialiste » avance la capacité des systèmes de gouvernance à produire des valeurs dans le secteur public. Les auteurs exposent à ce titre trois groupes de valeurs 2. Premièrement, la « performance de productivité » consiste à attribuer de bonnes ressources pour des fins spécifiques. En revanche l’administration doit travailler de manière économique, productive et efficace. Deuxièmement, la « performance procédurale » a pour objectif une administration juste et honnête permettant de lutter en permanence contre l’opacité, l’iniquité et l’abus de pouvoir. Troisièmement, la « performance structurelle » consiste à maintenir le secteur public (et même le secteur privé) fort et résistant. Il est généralement plus facile de mesurer la performance de productivité que celle des procédés ou des structures. La gouvernance en tant que concept de crise3 revêt en l’occurrence une fonction facilitatrice. Elle ne produit jamais de service ou de bien. Mais elle constitue une condition préalable pour que les services opérationnels puissent accomplir leur mission. La mesure de la performance des systèmes de gouvernance repose sur trois piliers : – la capacité institutionnelle, stratégique et technique de la société à contrôler le budget et les procédures budgétaires ; – les moyens humains dont dispose l’Etat en termes de compétence et d’expertise ; 1 W. Van Dooren, Z Lonti, « Contribution au débat sur la mesure de la performance de la gouvernance », Revue française d’administration publique, n° 135, 2010, p. 518. 2 Ibidem, p. 521. 3 M. Harakat, « Le concept de gouvernance au Maroc : signification et pertinence » in Actes « Du Gouvernement à la gouvernance : les leçons marocaines », REMA n° 5, 2004, p. 7. 12 Les finances publiques et les impératifs de la performance : cas du Maroc – les dispositifs de production et de diffusion de la culture de la transparence et de la performance. Au Maroc, comme dans beaucoup d’autres pays en voie de développement, il existe un fossé profond entre les pouvoirs formels et le rôle effectif du parlement dans le processus budgétaire. Celui-ci demeure gouverné à la fois par des règles formelles4 et par des procédures et pratiques informelles. Le rôle du parlement demeure limité par des facteurs structurels liés à l’organisation interne du travail parlementaire et au contexte plus large des relations entre les pouvoirs exécutif et législatif en matière budgétaire. Quatre séries de facteurs méritent d’être mentionnées : l. le manque de compétences institutionnelles et de capacités techniques suffisantes pour s’impliquer de manière constructive aussi bien dans le processus budgétaire que dans l’évaluation des politiques publiques ; 2. l’impact des motivations individuelles sur le comportement des parlementaires liées au degré de compétition politique, à la nature du système des partis politiques ainsi qu’aux conséquences du régime électoral ; 3. la faiblesse de l’opposition parlementaire ; 4. le déficit démocratique. Pour toutes ces considérations, l’innovation et la modernisation des systèmes de gouvernance s’imposent avec acuité dans tous les pays du monde prônant la bonne performance de la gouvernance parlementaire5. Une telle innovation nécessite une restructuration de l’organisation parlementaire et des structures et procédures régissant son travail en termes de vision stratégique, d’organisation, de transparence et d’évaluation continue des risques. Sur le plan pratique l’institution parlementaire se heurte à une série de contraintes d’ordre logistique, humain et institutionnel. 4 A. Berrada, « La loi organique de finances du 26 novembre 1998 est-elle réellement l’aboutissement d’une réforme en profondeur du texte du 18 septembre 1972 ? », REMA, n° 25, 2008, p. 23-47. 5 « Manging Parliaments in the 21th century », IIAS, Caledonian University, Glasgow, UK, 2009. 13 Mohamed Harakat L’un des aspects les plus importants de la gouvernance parlementaire réside dans la gestion de ses ressources humaines (députés, think tanks et ressources opérationnelles). L’OCDE définit quatre dimensions de la politique de gestion des ressources humaines 6 : – la gestion prévisionnelle des effectifs ; – la gestion de la performance du personnel ; – la flexibilité et la cohérence des règles de gestion ; – les valeurs essentielles du secteur public. • Une bonne gestion prévisionnelle des effectifs a pour objet de se doter d’effectifs représentatifs de la population, de dimension adaptée, opérant dans une structure appropriée, capables de s’adapter à des besoins en perpétuelle évolution (taille, profil, compétence, mobilité, performance). • Une bonne gestion de la performance du personnel a pour objectif de « se doter d’une fonction publique suffisamment responsabilisée, très motivée, faisant preuve de souplesse et fournissant des services d’une manière efficace et productive (pyramide des âges, taux d’absentéisme très bas) ». • La flexibilité et la cohérence des règles de gestion entre les différents organismes publics veillent à minimiser les coûts de gouvernance lors de négociations en responsabilités partagées. Ces principes peuvent être appliqués aux diverses composantes du système de gouvernance Mais ils nécessitent l’implication d’autres acteurs institutionnels de contrôle des finances publiques7. 6 OCDE, Examen de la gestion des ressources humaines dans l’administration publique : Belgique. Evaluation et recommandations, Paris, OCDE, 2007 et W. Van Dooren, Z. Lonti « Contribution au débat sur la mesure de la performance », op.cit., p. 528. 7 A titre d’illustration, le GAO aux USA affiche des économies de 46 milliards de dollars. Il mesure également le nombre de fois où les administrations ont amélioré leurs services sur instruction de ce dernier, l’incidence des informations transmises au Congrès sur les changements statutaires ou réglementaires et toutes les procédures de gestion ayant fait l’objet d’amélioration grâce aux travaux du GAO à l’échelon local et fédéral. De plus le GAO mesure le pourcentage des recommandations prises en compte par l’exécutif. En 2007, 83 % des recommandations de 2003 avaient été mises en pratique. La satisfaction des usagers est un bon indicateur de résultat. Le GAO comptabilise également le nombre de fois où il a été auditionné par une commission de Congrès. C’est un bon indicateur de réactivité et d’impact (cf. W.V. Dooren, op.cit., p. 527). 14 Les finances publiques et les impératifs de la performance : cas du Maroc Dans cet ouvrage, nous avons fait observer que les indicateurs de performance des systèmes de gouvernance au Maroc sont vagues et peu crédibles au regard de l’environnement interne et externe du processus de l’évaluation des politiques publiques. Il suffit de noter à ce propos que le budget de l’Etat au Maroc ne correspond toujours pas à un espace de rationalisation des choix en matière de dépenses publiques (cas de l’enseignement, la recherche scientifique et de la santé), que les dépenses d’investissement sont souvent programmées indépendamment des dépenses récurrentes – ce qui réduit leur efficacité socio-économique et entraîne des gaspillages en tous genres – et que leur répartition s’opère en permanence au désavantage de la population rurale en général et de la population féminine en particulier, etc. Qui plus est, l’impulsion donnée depuis la fin de la décennie 90 notamment à un processus de débudgétisation empêche de mesurer les retombées de chantiers auxquels sont allouées d’importantes enveloppes financières. La CGEM, en réagissant au mouvement du 20 février 2011, appelle à la réforme de la gouvernance économique dans toute sa globalité au Maroc, tout en estimant, dans le cadre de sa propre révolution, que le rendu des bans universitaires n’est pas à la hauteur des attentes. Nous proposons la vulgarisation des concepts d’évaluation et de mesure de la performance à travers l’approche de trois aspects. Premièrement, le contrôle budgétaire qui devra être amélioré pour assurer le passage pédagogique d’un parlement contrôleur (non encore suffisamment investi et épuisé dans notre cas) à un parlement évaluateur. Deuxièmement, le développement des compétences des acteurs institutionnels (députés, personnel de soutien) et de l’expertise au sein de l’institution parlementaire. Il est question aujourd’hui de repenser l’émergence d’un parlement savant et d’une gouvernance parlementaire cognitive et stratégique dans le processus de production de l’information et de reddition des comptes. Troisièmement, l’application des principes et valeurs de transparence et de performance. Cet objectif ne peut être atteint sans le développement des capacités institutionnelles et stratégiques des juridictions financières (contrôle et évaluation des effets de la corruption sur la performance des systèmes de gouvernance), des structures budgétaires fiables et transparentes et sans 15 Mohamed Harakat l’implication des acteurs sociaux de contrôle dans la mise en place d’un budget citoyen. Ces trois aspects nous permettent d’obtenir facilement des indicateurs fiables et significatifs afférents à la faiblesse des systèmes de gouvernance tels que nous avons essayé de le démontrer dans cette étude. De toute évidence, il reste beaucoup de chemin à parcourir, même dans les démocraties développées, tant à l’échelon national qu’à l’échelon international. L’expérience de quatre pays – l’Australie, les Pays-Bas, la Suède et le Canada – montre que les initiatives de budgétisation basées sur le résultat sont essentiellement axées sur la modification de la structure budgétaire mais qu’elles ne parviennent pas vraiment à modifier les fonctions budgétaires. Ces conclusions sont symptomatiques8. Ainsi, au-delà des extensions apportées par les organisations internationales, professionnelles et les ONG à l’objet du contrôle de performance depuis la fin des années quatre-vingt-dix, certains s’interrogent aujourd’hui sur la question de savoir s’il est souhaitable de mettre en place un système international de contrôle des finances publiques9 dédié à la lutte contre les diverses formes de corruption (marchés publics, armes clandestines, drogues, ventes des faux médicaments, etc.) telles qu’elles sont définies par les recommandations du 6e congrès de l’INTOSAI organisé en 1999 à Montevideo en Uruguay. Une fois effectif, ce contrôle peut s’étendre au contrôle des marchés financiers échappant au contrôle régulateur. Dans cette perspective, les frontières entre les finances publiques et les finances privées se trouvent abolies. L’essentiel de la naissance d’un nouveau droit financier international permettra d’évaluer les dysfonctionnements du système de gouvernance mondial dont les mécanismes mis en vigueur confrontent des lacunes juridiques et institutionnelles de taille, ce qui limite son effectivité. Or la réussite de ce projet est tributaire de l’information fournie, l’échange et la coopération entre les pays et les divers acteurs mondiaux. C’est une nouvelle démocratie financière et humaine universelle qu’il faut en 8 M. Sterk, « Les conséquences de la budgétisation axée sur les résultats pour la fonction budgétaire : l’exemple de quatre pays », Revue internationale des sciences administratives, juin 2007, p. 206 et suiv. 9 L. Philip, « Panorama du contrôle des finances publiques dans le monde », RFFP, n° 101, 2008. 16 Les finances publiques et les impératifs de la performance : cas du Maroc l’occurrence repenser et soutenir. C’est un processus qui prendra sans doute un peu de temps, mais il finira par s’imposer. C’est un impératif démocratique. Ces conclusions synthétiques illustrent bien la nécessité de construire de nouvelles structures d’évaluation des systèmes de gouvernance axée sur la mesure de la performance. Ces tâches transdisciplinaires de débat et de réflexion incombent notamment aux universitaires, aux think tanks, à l’entreprise, aux ONG, aux responsables politiques et aux citoyens. Cette œuvre collective de création nécessitant davantage d’imagination sociologique consiste plus particulièrement à combler le gap entre savoir et politique. Cet ouvrage propose une introduction aux finances publiques contemporaines à l’épreuve de la nouvelle gouvernance cognitive et globale marquée par les exigences de la transparence et de la performance. Sa forme méthodologique et pragmatique répond à un besoin pressant des chercheurs et des praticiens qui cherchent à comprendre les soubassements et les enjeux de la reddition des comptes à l’heure de la crise, de la réforme des finances publiques et des grands défis nationaux et internationaux de la gouvernance cognitive et globale. La méthode adoptée dans cette œuvre combine, dans une logique gestionnaire et politique, des approches épistémologiques, historiques, juridiques, économiques, comptables, stratégiques et sociologiques. Elle conduit à structurer les développements autour de quatre parties : les soubassements méthodologiques et institutionnels et les enjeux des finances publiques ; les processus de décision budgétaire et de politique financière publique ; l’état des lieux, les pratiques et les contraintes de la nouvelle gouvernance financière à la lumière de la réforme ; les approches et spécificités des systèmes de contrôle, d’audit et d’évaluation de la gestion des finances publiques. 17 Mohamed Harakat 18 Les finances publiques et les impératifs de la performance : cas du Maroc Première partie Fondements méthodologiques, institutionnels et enjeux des finances publiques à l’épreuve des phénomènes de la gouvernance cognitive 19 Mohamed Harakat 20