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Marie-Antoinette, la reine de la Révolution
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La Reine scandaleuse - idées reçues sur Marie-Antoinette
Suite aux journées d’octobre, quand les Parisiens se
rendent à Versailles pour réclamer du pain, traumatisantes
pour le couple royal qui désormais habite au palais des
Tuileries, Marie-Antoinette tente d’établir des contacts avec
des révolutionnaires et en particulier avec Mirabeau, noble
élu député du tiers-état puis siégeant à l’Assemblée consti-
tuante. Cette initiative ne serait pas, à l’origine, celle de la
reine. Contrairement à ce que les biographes de Marie-
Antoinette, ceux du roi et les historiens de la Révolution
écrivent habituellement, ce serait Louis XVI qui, acculé aux
difficultés politiques, solliciterait l’influence et les réseaux
du comte de Mirabeau, probablement le seul à pouvoir
défendre à l’Assemblée l’idée que le pouvoir de l’exécutif,
donc du roi, soit fort (il défend l’idée d’un veto royal
absolu). Si Marie-Antoinette, devenue « Madame Veto »,
est l’objet de tous les propos diffamatoires et avilissants,
dans ce contexte de la liberté de la presse enfin accordée, elle
est néanmoins plus libre d’agir et d’établir des contacts offi-
cieux puisqu’elle ne joue pas, a priori, de rôle politique dans
cette monarchie pressée par la Révolution. La personnalité,
le physique et la réputation de Mirabeau répugnent profon-
dément la reine, et le roi. La cour le soupçonne d’être l’un
de ceux qui ont fomenté les journées d’octobre. Proche du
duc d’Orléans, Mirabeau a longtemps défendu l’idée que,
pour sauver la monarchie, il fallait que le duc monte sur le
trône à la place de son cousin Louis XVI.
Par l’intermédiaire du comte de La Marck, Marie-
Antoinette fait savoir à Mirabeau que le pouvoir royal
recherche ses conseils ainsi que son appui auprès des députés
et autres partisans de la Révolution. Profitant du voyage de
la famille royale au château de Saint-Cloud (dans lequel elle
mais en séance plénière et collégiale, et que les délibérations, puis
les votes, aient lieu par tête et non par ordre (certains députés de
la noblesse, et même du clergé, partagent les idées libérales du
tiers-état et renforceraient donc sa position). Les semaines passent
et les États généraux demeurent dans une sorte d’impasse poli-
tique jusqu’au 17 juin où, à l’initiative d’un député du tiers, l’abbé
Sieyès, le tiers-état se proclame Assemblée nationale. Le roi, qui ne
peut accepter cette initiative qui, de fait, met à mal son pouvoir,
rappelle le tiers-état à l’obéissance et envoie des troupes chargées
de le surveiller. Il fait fermer, le 20 juin, la salle des Menus Plaisirs.
Pour contourner cette interdiction royale, les députés investissent
la salle du Jeu de Paume, située à quelques rues de la place
d’armes du château. Les députés, qui refusent de céder à la
violence, font le serment de ne pas se séparer tant qu’ils n’auront
pas doté la France d’une constitution écrite.
Trois jours plus tard, le roi tient une séance royale au cours de
laquelle il reconnaît la légitimité de certaines revendications poli-
tiques du tiers (à propos de la fiscalité ou de la liberté de la presse
par exemple) mais refuse, obstinément et avec colère, que les
députés délibèrent de façon commune ou qu’ils puissent voter
par tête et non par ordre (il rappelle que remettre en question la
société organisée en ordres, c’est remettre en cause l’existence
même de l’absolutisme politique qu’il incarne). Par ailleurs, il
reconnaît comme « illégales et inconstitutionnelles » les déclara-
tions du tiers tenues depuis le 17 juin. À la fin de son discours, il
ordonne aux députés du tiers de se séparer. Pourtant, ceux-ci
refusent de se lever. Le lendemain, le 24, la majorité des députés
du clergé décide de se rallier au tiers-état, suivis, le 25, de dizaines
de députés de la noblesse. Le 27, c’est le roi lui-même, confronté
à une impasse politique, qui ordonne aux derniers députés nobles
et ecclésiastiques, qui ont refusé l’idée d’une Assemblée nationale,
de se rallier à cette dernière. Le rapport de forces, inédit et désor-
mais irréversible, est en faveur de l’Assemblée et fragilise le pouvoir
ainsi que l’autorité de Louis XVI. Le 9 juillet, l’Assemblée nationale
se proclame « constituante ».