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UFR SEGMI Département d’Économie
Année 2016-2017
M1 MBFA/EA Macroéconomie Internationale
Cours magistral : Dramane Coulibaly, chargé de TD : Victor Court
Examen du 9 novembre 2016 2h
En dehors de ce sujet et des copies de réponse, tous les documents sont interdits, les
calculatrices aussi. Chaque réponse doit être concise mais justifiée (le résultat numérique
seul ne compte pas).
Questions (11 points)
Q1. Expliquer le rôle du poste « erreurs et omissions » dans la balance des paiements. (1
point)
Par construction, le solde de la balance des paiements doit toujours être équilibré. Dans
la réalité, on n’arrive jamais à obtenir :
 
Ceci est à plusieurs faits : erreurs d’arrondis, sur ou sous déclarations de marchandises, fuites
de capitaux, problème d’harmonisation, etc.
On a donc créé dans la balance des paiements une ligne ad hoc appelé « erreurs et
omissions nettes » qui permet l'ajustement des résultats (i.e. l’équilibre de la balance des
paiements) en cas d'écarts inexpliqués. Ainsi, on a toujours :

Q2. Expliquer pourquoi l’indice Big Mac initialement développé par le journal The
Economist permet d’estimer grossièrement mais facilement si la PPA absolue est vérifiée
dans le monde. (On n’oubliera pas de dire ce que mesure en vérité l’indice Big Mac). (2
points)
L’indice Big Mac est une façon de vérifier la PPA absolue en faisant l’hypothèse que la
production et la vente d’un Big Mac représente un panier de biens et services homogène entre
pays. Formellement, cela revient en vérité à vérifier si la Loi du Prix Unique (LPU) est vérifiée
pour le Bic Mac.
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L’idée n’est pas absurde car la production et la vente d’un Big Mac requiert des matières
premières produites localement, des produits chimiques, des services (cuisiniers, vendeurs,
marketing), autant de coûts qui sont scrupuleusement calculés par les gérants de McDonald’s.
Donc l’indice Big Mac, ou taux de change PPA Big Mac, est le taux de change (côté à l’incertain
du point de vue de la monnaie domestique, donc côté au certain pour la monnaie de référence),
, tel que la LPU est vérifiée pour le Big Mac, c’est-à-dire :

 
 .

 est le prix du Big Mac en monnaie locale, et 
 est le prix du Big Mac dans
le pays de référence (généralement les États-Unis, donc ). Dit autrement, 
est le taux de change qui égalise le prix local du Big Mac à son prix dans le pays de référence
(États-Unis).
En prenant les USA comme pays de référence, on dit qu’une monnaie est surévaluée si
on observe que le prix local du Big Mac convertie en dollars américains au taux de change
courant est supérieur au prix du Big Mac aux États-Unis, c’est-à-dire si 


 .
Cela revient à dire que le taux de change PPA Big Mac est supérieur au taux de change observé
sur le marché,  . A l’inverse, on dira qu’une monnaie est sous-évalué si on
observe que le prix local du Big Mac convertie en dollars américains au taux de change courant
est inférieur au prix du Big Mac aux États-Unis, c’est-à-dire si 


 . Cela
revient à dire que le taux de change PPA Big Mac est inférieur au taux de change observé sur
le marché,  .
On peut aussi définir :

.
Q3. Rappeler ce qu’est l’effet Balassa-Samuelson. (2 points)
L'effet Balassa-Samuelson est l'idée que le taux de change réel d'équilibre de long terme
n'est déterminé que par la productivité relative du secteur national exposé à la concurrence par
rapport à la productivité de l'étranger. Cet effet est tiré d'un modèle établi par Béla Balassa et
Paul Samuelson en 1964. L’établissement de ce modèle part du constat fait par les deux
chercheurs que les prix dans les pays pauvres sont relativement plus bas que ceux des pays
riches (lorsqu’ils sont tous exprimés dans une même monnaie). Or, selon la théorie économique,
les taux de change devraient évoluer de façon à égaliser les prix effectifs de tous les pays
concourant au commerce mondial. Balassa et Samuelson, expliquent alors que les pays peu
développés affichent une faible productivité, qui induit des salaires très peu élevés, donc des
coûts de revient faibles et donc des prix bas, ce qui explique que le coût de la vie est relativement
plus faible dans les pays en développement.
3
En résumé, parler d'effet "Balassa-Samuelson" revient à considérer que l'égalisation des
prix par le taux de change, c'est-à-dire la détermination du taux de change selon la parité des
pouvoirs d'achat (PPA), ne peut se faire qu'entre des économies ayant le me niveau de
développement et des efficacités d’utilisation du capital et de la main-d’œuvre similaires. Une
conséquence de cette idée est qu’une union monétaire ne devrait en principe associer que des
pays économiquement semblables.
Q4. Expliquer la notion de parité non couverte des taux d’intérêts (PNCTI). (2 points)
La PNCTI postule qu’en présence d’une intégration financière internationale, les
placements libellés dans différentes monnaies doivent offrir le même taux de rentabilité
anticipé, une fois tous ces placements exprimés dans la même monnaie, pour qu’ainsi les agents
soit indifférent entre les placements.
Formellement, avec :
le taux de change à l’incertain du point de vue de la monnaie domestique.
le taux de change anticipé.
le taux d’intérêt domestique.
le taux d’intérêt étranger.
L’agent à deux choix :
Placer ses revenus domestiques en actifs domestiques rémunérés au taux .
Convertir ses revenus en monnaie étrangère au taux de change et ainsi placer ses
revenus domestiques en actifs étrangers rémunérés au taux qu’il voudra par la suite
récupérer en monnaie domestique au taux de change anticipé .
Graphiquement, si le pays domestique est européen et que le pays étranger sont les USA :
Ainsi, si la PNCTI est vérifiée :










.
4
Ce qui revient à dire que

, et en considérant que 
, on obtient que

 

 



Donc en parité non couverte des taux d’intérêt (PNCTI), le différentiel de taux d’intérêt est égal
à la variation anticipée du taux de change.
Q5. Quel trilemme est représenté par le triangle de Mundell ? (2 points)
Le modèle Mundell-Fleming met en évidence un trilemme : l’impossibilité de concilier à la
fois (i) la fixité du taux de change, (i) l’autonomie de la politique monétaire et (iii) la parfaite
mobilité des capitaux. Par conséquent, il y a trois choix possibles :
1. Changes flottants : on peut avoir une autonomie de la politique monétaire avec une
parfaite mobilité des capitaux.
2. Union monétaire : en renonçant à l’autonomie de la politique monétaire, on peut avoir
des changes fixes et une parfaite mobilité des capitaux.
3. Autarcie financière : en absence de parfaite mobilité internationale des capitaux, on peut
concilier les changes fixes et une politique monétaire autonome.
Cela correspond à choisir un des côtés du triangle d’incompatibilité de Mundell :
Q6. Expliquer l’argument selon lequel un régime de change fixe n’isole pas une petite
économie ouverte (où les prix sont rigides) de la conjoncture étrangère. (Argumenter à
l’aide d’un modèle vu en cours en donnant une représentation graphique). (2 points)
Considérons le modèle Mundell-Fleming d’une petite économie ouverte à prix rigides.
On fait lhypothèse que cette économie est à léquilibre (point A sur les graphiques) et on
postule alors quune récession économique sétablit dans le pays étranger avec laquelle notre
petite économie ouverte alise ses échanges commerciaux. La diminution du revenu national
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étranger implique une baise des exportations du pays domestique que nous étudions, ce qui
implique une dégradation de sa balance commerciale et donc une baisse du revenu domestique
(IS de décale vers la gauche en IS). En régime de changes fixes, la détérioration de la balance
commerciale, en provoquant un excès de demande de devises étrangères, conduit à une baisse
des réserves pour maintenir la fixité du change : les courbes LM et BP se déplacent vers la
gauche. Quel que soit le degré de mobilité des capitaux, la récession étrangère a une influence
négative en changes fixes. Les changes fixes n’isolent pas l’économie de la conjoncture
étrangère.
Exercice (9 points)
On considère une petite économie ouverte en régime de change flexible, en situation
de chômage keynésien, dans laquelle les prix et les salaires sont rigides. Soit , , , ,
et désignant respectivement le revenu, la consommation privée, l’investissement privé,
les dépenses publiques, les impôts et le taux d’intérêt. Les dépenses publiques et les impôts
sont fixés de manière exogène par les autorités publiques. L’économie est décrite par les
équations ci-dessous :
Consommation privée :
avec  
(1)
Investissement privé :
 avec  
(2)
Demande de monnaie :
 avec 
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