Théorème de Tietze Arnaud Girand 17 juin 2012 Référence : – [QZ95], p. 198–199 Lemme 1 ([QZ95], p. 197) Soient E, F deux espaces de Banach. Soit T ∈ Lc (E, F ). On suppose que T est presque surjective, i.e qu’il existe α ∈ (0, 1) et C > 0 tels que : ∀y ∈ B F (0, 1), ∃x ∈ B E (0, C), ky − T (x)k ≤ α Alors T est surjectif. Plus précisément : ∀y ∈ B F (0, 1), ∃x ∈ B E C 0, 1−α , y = T (x) Démonstration : Soit y ∈ B F (0, 1). On construit par récurrence sur n ≥ 1 une suite (xn )n≥1 telle que : n X αi−1 T (xi ) ≤ αn ∀n ≥ 1, xn ∈ B E (0, C) et y − i=1 – n = 1. Découle de la presque surjectivité. y− Pn αi−1 T (x ) i i=1 – Supposons la suite construite jusqu’au n ≥ 1. Alors ∈ B F (0, 1) donc il αn Pn rang i−1 y− i=1 α T (xi ) − T (xn+1 ) ≤ α et donc : existe xn+1 ∈ B E (0, C) tel que αn n+1 X i−1 α T (xi ) ≤ αn+1 y − i=1 D’où le résultat. De plus, pour tout n ≥, kαn−1 xn k ≤ αn−1 C. Comme 0 < α < 1, la série σαn−1 xn converge alors absolument (série géométrique) donc converge car E est un espace de Banach. On peut donc P n−1 poser x := ∞ xn ∈ E et alors : n=1 α kxk ≤ ∞ X αn−1 kxn k ≤ C ∞ X αn−1 = n=1 n=1 C 1−α Et, si N ≥ 1 : Donc, par continuité de T : y − T N X n=1 n−1 α ! xn ≤ αN −−−−→ 0 N →∞ ky − T (x)k = lim y − T N →∞ Proposition 1 (Tietze) Soit (X, d) un espace métrique. Soit Y ⊂ X un fermé. Soit g0 ∈ C 0 (Y, R). Alors g0 admet un prolongement continu f0 à X. 1 N X n=1 n−1 α ! xn = 0 Démonstration : On définit un opérateur T ∈ Lc (Cb0 (X, R), Cb0 (y, R)) comme suit : T : f 7→ f|Y Soit g ∈ Cb0 (Y, R) telle que kgk∞ ≤ 1 (i.e g comprise entre −1 et 1). On pose : 1 1 + − Y := x ∈ Y ≤ g(x) ≤ 1 et Y := x ∈ Y −1 ≤ g(x) ≤ − 3 3 On définit alors une application f ∈ Cb0 (X, R) de la façon suivante : f : x 7→ 1 d(x, Y − ) − d(x, Y + ) 3 d(x, Y − ) + d(x, Y + ) Il est clair (d(x, Y − ) − d(x, Y + ) ≤ d(x, Y − ) + d(x, Y + )) que kf k∞ ≤ 1. On distingue alors, pour x ∈ Y , 3 cas. – Cas 1 : x ∈ Y + . Alors g(x) − f (x) = g(x) − 13 ∈ 0, 23 . – Cas 2 : x ∈ Y − . Alors g(x) − f (x) = g(x) + 31 ∈ − 32 , 0 . – Cas 3 : ¬(cas 1 ∨ cas 2). Alors |g(x) − f (x)| ≤ |g(x)| + |f (x)| ≤ 13 + 31 = 32 . In fine, on a bien kT (f ) − gk∞ ≤ 32 : T est presque surjectif avec α = 13 et C = 32 . D’après le lemme 1, pour tout g dans la boule unité fermée de (Cb0 (Y, R), k.k∞ il existe f ∈ Cb0 (X, R) 2/3 de norme inférieure ou égale à 1−1/3 = 1 telle que g = f|Y , i.e g admet un prolongement continu à X de norme inférieure ou égale à 1. Soit à présent g dans la boule unité ouverte de (Cb0 (Y, R), k.k∞ . On vient de montrer que g admet un prolongement h dans la boule unité de (Cb0 (X, R), k.k∞ et on souhaite montrer qu’il existe h dans la boule unité ouverte de (Cb0 (X, R), k.k∞ ) tel que g = f|Y . – Si khk∞ < 1, f := h convient. – Sinon, on pose Z := {x ∈ X | |h(x)| = 1}. Par hypothèse, Y ∩ Z = Y ∩ Z = ∅ donc on peut poser : u : X → R+ x 7→ d(x, z) d(x, y) + d(x, z) Posons f := u × h. Alors : * si x ∈ Y , f (x) = 1 × g(x) = g(x) ; * sinon, |u(x)| ≤ 1 donc |f (x)| ≤ 1 et si |h(x)| = 1 alors u(x) = 0 donc f (x)0. De fait, kf k∞ k < 1 et g = f|Y . Enfin, soit φ un homéomorphisme de R sur (−1, 1) (par exemple u 7→ π2 arctan(u)). On vient de montrer que l’on peut prolonger g := φ ◦ g0 en f : X 7→ (−1, 1) : de fait, f0 := φ−1 ◦ f convient. Références [QZ95] Hervé Queffélec and Claude Zuily. Éléments d’analyse pour l’agrégation. Masson, 1995. 2