Il rencontre Georgette Leblanc, l’une des plus grandes comédiennes et cantatrices de
l’époque et vit une vie mondaine.
Il s’intéresse aux romantiques allemands (notamment Novalis) et rédige quelques essais qui,
bien que vieillis aujourd’hui, furent connus dans le monde entier : Le Trésor des humbles
(1896, où il théorise ce qu’il a illustré dans son théâtre et ses poèmes), La vie des Abeilles,
des Termites et des Fourmis, Introduction à une psychologie des songes et autres écrits... Ainsi,
un mince recueil de poésie et huit pièces de théâtre donnent en cinq ans forme et sens au
symbolisme belge et au-delà. Maeterlinck y réalise les projets de la modernité esthétique par
l’écriture et la saisie d’un nouvel imaginaire. On y retrouve, dans un climat légendaire ou
dans le concret du quotidien, la hantise de la mort, l’obsession de l’ignorance, l’impasse de
l’amour, l’énigme de la fatalité, … La nouveauté réside tant dans les thèmes abordés (vision
pessimiste du tragique irrémédiable) que dans les procédés : l’atmosphère, les personnages,
le ton, le langage et le recours au symbole pour traduire l’inconnu, le mystère.
Peu à peu, il quitte le symbolisme et c’est l’époque de Sœur Béatrice, Ariane et Barbe-bleue
et surtout de L’Oiseau bleu (représentée pour la première fois au Théâtre d’Art de Moscou
dans la mise en scène célèbre de Constantin Stanislavski, en 1908). Cette pièce sera l’une
de ses œuvres les plus jouées dans le monde entier. L’univers de l’auteur belge se transmue
et glisse dans un merveilleux optimiste.
En 1911, il reçoit le Prix Nobel de Littérature. Il est le premier belge à être honoré par cette
distinction.
Il vivra en Normandie, au Portugal, à New-York, à Nice (dans une villa qu’il baptisera
‘Orlamonde’). C’est à Nice qu’il mourra, en 1949, complètement fou, tirant au fusil de
chasse sur ses fantômes, les âmes qu’il aura fiévreusement traquées toute sa vie.
LA PRINCESSE MALEINE 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 LA PRINCESSE MALEINE
Note historique et sociale 2
La Belgique en ce temps-là
Alors en proie à la guerre scolaire et atteinte par la question linguistique, la Belgique est
touchée durement par la dépression économique et les effets de la deuxième révolution
industrielle. Les mouvements ouvriers se serrent les rangs lors de manifestations de
solidarité entre travailleurs. En avril 1885 se décide la création du Parti Ouvrier belge, et
simultanément on assiste à la naissance d’une presse socialiste. Dès sa création, le P.O.B. fait
campagne pour le suffrage universel. Au terme de la grève générale de 1893, la première
grève à caractère politique, le suffrage universel est accordé.
L’art belge
Récemment devenue indépendante (1830), la Belgique ne peut pas encore prétendre à
un ‘art belge’ avant 1880, exception faite de Charles de Coster et de son Tijl Uilenspiegel.
Le précurseur, le pionnier, le véritable premier écrivain authentique qui ouvre la décennie
80 en littérature nationale est Camille Lemonnier. C’est ce dernier qui sera consacré, lors
d’un banquet, par les jeunes appartenant à La Jeune Belgique, revue littéraire créée en
1881 dont la devise était “soyons nous” : développons une littérature qui nous est propre.
Leurs références demeureront cependant essentiellement françaises et leur doctrine
parnassienne (l’art pour l’art). Face à cette revue s’en développe une autre, L’Art Moderne,
autour d’Edmond Picard et de sa thèse d’une “âme belge”. Ils accueilleront favorablement
le mouvement symboliste, rejeté par contre par ceux de La Jeune Belgique. Enfin, La
Wallonie, fondée par Albert Mockel, devient quant à elle, la tribune du symbolisme.
2. Jeannine Paque, Le symbolisme belge, Editions Labor, Bruxelles, 1989.
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