I. LES GRANDES RÉFORMES SONT
IMPOSSIBLES À MENER SANS Y ASSOCIER
LES FRANÇAIS
par Lionel TARDY, député UMP de Haute Savoie
Vaste sujet : il y a-t-il une bonne et une mauvaise dette ? Pour ma
part, je vais me cantonner à l’endettement et à l’inquiétude des
Français, pour dire que nous, les députés, sommes conscients du
problème. Nous en sommes si conscients que nous avons organisé
en juin – c'est une première - les États généraux de la dépense
publique, à l’initiative du groupe UMP de l’Assemblée : 102 réunions
publiques en circonscriptions ont permis de relayer les attentes des
Français concernant cette dette. Au début de ces réunions, un question-
naire rapide était remis aux participants. Les réponses montrent que les
Français sont conscients du problème. Mais ils ont des difficultés avec les
chiffres et ont tendance à tout mélanger : dette publique, produit intérieur
brut (PIB), déficits publics. Nous nous sommes efforcés de clarifier les
données pour que tout le monde prenne bien conscience de ce problème de
dette : c’est par la base qu’on réussira à faire changer les choses. Les
grandes réformes que requiert la situation seront impossibles à mener à bien
sans y associer les Français.
Au fil de ces réunions (tout au moins celles que j’ai organisées), aucune
mesure phare n’a été proposée en dehors de la réduction du nombre de
fonctionnaires. Ne furent préconisées que de petites mesures d’économie :
100 millions d'euros par-ci, 100 millions d'euros par-là. Les Français
comprennent la gravité de la situation mais quand on entre dans le
détail – que faudrait-il supprimer, comment faire ? –, il leur est plus
difficile de répondre. Dans ces réunions des États généraux de la dépense
publique, j’ai rappelé les chiffres : en 2009 (on verra 2010 après), 140 milliards
d’euros de déficit (1 000 milliards de francs), c’est assez impressionnant. Ces
140 milliards se décomposent en déficit structurel (50 milliards), et en déficit
de crise qui représente 52 milliards de pertes de recettes et 38 milliards de
plan de relance. C’est ce dont on va débattre aujourd’hui.
Ces réunions ont mis en évidence des chantiers structurels à
mener : la réforme des collectivités locales, les financements croisés
et plus d'équité entre le privé et le public. Ce dernier point correspond
à une préoccupation majeure des Français : ils ont l’impression qu’ils ne sont
pas tous traités de la même façon. En période de crise, disent-ils, il faudrait
que tout le monde soit sur un pied d'égalité, qu’une remise à plat des aides
sociales soit effectuée. Ça pose le problème de la fraude qui représente à
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«Les Français
pensent qu’en
période de crise
une remise à plat
des aides
sociales doit être
effectuée. »