L’écosystème créatif dans l’aire urbaine de Nancy des potentiels à explorer 2 Au sein des économies post-industrielles modernes basées sur les savoirs, les industries créatives prennent une importance croissante. Situées au carrefour de l’art, du monde de l’entreprise et de l’innovation technologique, les industries culturelles et créatives (ICC) sont très prometteuses en termes de croissance et vectrices d’identité et de diversité culturelle. Moteurs de développement, elles fournissent un nombre d’emplois importants sur les territoires, souvent non délocalisables contrairement à de nombreux types d’emplois industriels. Les industries culturelles comprennent les industries ayant trait à la création, la production et la commercialisation de contenus créatifs de nature culturelle. Protégés en général par un droit d’auteur, ces contenus s’apparentent à un bien ou un service. Cette activité recouvre l’édition imprimée, le multimédia, la production cinématographique, audiovisuelle et photographique, ainsi que l’artisanat et le design. Les industries créatives font quant à elles référence à un champ plus large. Elles englobent les industries culturelles auxquelles s’ajoutent toutes les activités de production culturelle ou artistique. Ce sont les industries dont les produits ou les services contiennent une proportion substantielle d’entreprises artistiques ou créatives et des activités comme l’architecture et la publicité. Le champ des ICC est appréhendé de deux manières. Une première approche s’appui sur les secteurs d’activités qui composent ces ICC. Neuf secteurs d’activités économiques délimitent ces industries : arts, publicité, édition et multimédia, livre et presse, audiovisuel, architecture, mode textile, artisanat d’art, design. Puis, avec les données du recensement, un second travail est effectué à partir de la nature des activités professionnelles. Les professions relevant de « Culture et Loisir » permettent de comptabiliser les salariés et les indépendants qui travaillent dans les domaines suivants : cadres du patrimoine (bibliothécaires, conservateurs…), journalistes, auteurs, responsables de programmation et de production / cadres artistiques de l’audiovisuel et des spectacles, artistes (musique, chant, danse…), professeurs d’art, photographes, ouvriers et techniciens / assistants techniques des spectacles vivants et audiovisuels. Ces deux démarches sont complémentaires. Cependant, le concept d’industrie culturelle et créative fait l’objet de nombreuses variantes qu’il n’est pas toujours simple de cerner statistiquement. Pour preuve, la frontière entre ces deux concepts d’industries culturelles et d’industries créatives demeure encore incertaine. La définition des industries culturelles est notamment soumise aux profonds changements des techniques de production, de reproduction, de distribution et de consommation des produits culturels. Face à la diversité des définitions qui varient selon les domaines d’activité que chacun choisi d’y inclure, il est difficile de circonscrire le périmètre avec exhaustivité. Calcul par les secteurs d’activité Du projectionniste de cinéma au webdesigner, les ICC emploient en France 650 000 salariés et génèrent de très fortes retombées économiques sur les territoires. 3 Les plus gros secteurs pourvoyeurs d’emplois sont la publicité avec 123 000 salariés, le multimédia avec 103 000 salariés, et les arts et spectacles vivants avec environ 103 000 salariés également. Calcul par la nature des professions De l’agent de sécurité d’un festival au conservateur d’un musée, les professions « culture / loisirs » emploient, en 2010, 540 000 emplois. 270 000 sont des cadres. Malgré la crise économique de ces dernières années, ces industries connaissent une croissance dynamique. Les professions « culture / loisirs » ont crû de 165 % durant la période 1999-2010 (soit 336 000 emplois), alors que l’emploi total n’a lui augmenté que de 14 %. La crise de 2008 a toutefois entrainé une perte de 40 000 emplois salariés dans les ICC durant la période 2008-2012 (- 5,8 % des salariés des ICC), alors que l’emploi salarié total subissait une perte de - 0,95 %. Le secteur de la publicité a été le plus impacté avec une perte de 12 000 emplois. Parallèlement, le secteur de l’édition / multimédia a vu ses effectifs croître de 9 000 salariés. 4 UNE PLUS FORTE CONCENTRATION DES ICC DANS LES AIRES MÉTROPOLITAINES UN NOMBRE D’EMPLOIS PLUS ÉLEVÉ DANS LES MÉTROPOLES Alors que le poids des salariés des ICC dans l’effectif salarié total est le même pour les aires urbaines de taille intermédiaire et les aires urbaines inférieures, il est d’un niveau supérieur dans les métropoles. UNE PLUS GRANDE DENSITÉ D’EMPLOIS SECTORIELS DANS LES MÉTROPOLES Hormis le secteur de la mode textile, le poids des salariés de chacun des 8 autres secteurs dans les aires urbaines métropolitaines est supérieur à celui des aires urbaines intermédiaires et des aires urbaines inférieures. L’effet taille de l’aire urbaine joue plus particulièrement en faveur de l’emploi du secteur édition/multimédia, de la publicité et des arts et spectacles. 5 DES PROFESSIONS CULTURE/LOISIR EN PLUS GRAND NOMBRE DANS LES MÉTROPOLES L’approche « par profession » confirme que ce sont les métropoles qui créent le plus d’emplois dans le domaine culture/loisir. Elles concentrent également le plus grand nombre de cadres. UNE PÉRIODE DE CONTRACTION DES EFFECTIFS SALARIÉS LIMITÉE DANS LES MÉTROPOLES Sur la période 2008-2012, seules les aires urbaines de plus de 150 000 salariés arrivent à maintenir un niveau d’activité se traduisant par une hausse de leurs effectifs salariés. Cette dynamique métropolitaine permet de contenir la baisse des effectifs des ICC, contrairement aux aires urbaines intermédiaires et aires urbaines inférieures qui connaissent une chute de leurs effectifs de plus de 7 %. 6 DES ICC GLOBALEMENT PLUS DYNAMIQUES DANS LES MÉTROPOLES Excepté le secteur de la publicité qui connait une baisse de ses effectifs, surtout dans les aires urbaines intermédiaires, tous les autres secteurs des aires urbaines métropolitaines sont en croissance. Dans le même temps, le secteur multimédia connait une certaine dynamique, essentiellement dans les aires urbaines métropolitaines. LES PROFESSIONS CULTURE/LOISIR À PLUS FORTE CROISSANCE DANS LES MÉTROPOLES Sur cette période 1999-2010, la croissance des emplois et des cadres culture/loisir dans les grandes aires urbaines a été supérieure à celle des aires urbaines plus modestes. Ce sont les aires urbaines intermédiaires qui ont connu la plus faible croissance des salariés et des cadres. 7 Ce qu’il faut retenir : Les ICC présentent un gisement d’emplois important, proportionnel à la taille de l’aire urbaine, principalement pour les secteurs de l’édition/multimédia, la publicité et les arts et spectacles vivants. L’approche par profession confirme le rôle prédominant des métropoles dans la création d’emplois « culture/loisir » et notamment des emplois de cadres. Ces mêmes cadres sont une des composantes des fonctions métropolitaines stratégiques pour le rayonnement et l’attractivité d’un territoire. Sur la période 2008-2012, contrairement aux aires urbaines de taille inférieure, la baisse des effectifs salariés de l’ICC des métropoles a été contenue. Les secteurs de l’édition/multimédia, des arts et spectacles vivants et de l’audiovisuel ont même connu une croissance sur cette période. En revanche, le secteur de la publicité a été particulièrement touché par la crise quelque soit la catégorie de l’aires urbaines. 8 UN SECTEUR DYNAMIQUE DANS L’AIRE URBAINE NANCÉIENNE En 2012, les ICC représentent dans l’aire urbaine de Nancy 3 682 emplois. À eux seuls, les Arts et spectacles vivants emploient 1 153 salariés. Cumulés avec le secteur de la publicité, ils représentent plus de 55 % du total, soit 2 051 salariés. En 2010 (source recensement), l’activité « Culture et Loisir » emploie 3 398 personnes au sein de l’aire urbaine de Nancy, dont 1 753 cadres 1. Ces cadres culture/loisir sont une des composantes des cadres des fonctions métropolitaines, fonctions reconnues par l’Insee comme stratégiques pour le rayonnement et l’attractivité d’un territoire. Dans l’aire urbaine, elles sont au total 15 239. 1 Directeurs de journaux, administrateurs de presse, directeurs d’éditions ; directeurs, responsables de programmation et de production de l’audiovisuel et de spectacles ; cadres artistiques et technico-artistiques de la réalisation de l’audiovisuel et des spectacles. 9 L’AIRE URBAINE DE NANCY PARMI LES AIRES URBAINES INTERMÉDIAIRES LES MIEUX DOTÉES. Après l’aire urbaine de Clermont-Ferrand (3,4 %) et celle d’Angers (3,2 %), l’aire urbaine de Nancy connait la plus forte proportion d’emplois liés aux industries culturelles et créatives avec 3,1 % des emplois salariés de l’aire urbaine. Ce sont les secteurs des arts et spectacles vivants et de la publicité, avec respectivement 1 % et 0,8 % de l’emploi total, qui emploient le plus de salariés dans l’aire urbaine nancéienne. Le secteur multimédia ne représente quant à lui que 0,4 % de ces effectifs. 10 2E VILLE DES AIRES URBAINES INTERMÉDIAIRES EN PROPORTION DE CADRES CULTURE/LOISIR En ce qui concerne les emplois « Culture/Loisir », parmi les 13 aires urbaines intermédiaires étudiées, celle de Nancy est plutôt bien dotée. Elle se classe en 5e position. Elle se distingue plus particulièrement pour sa proportion de cadres culture/loisir dans l’emploi total (2e après Montpellier en 2010). UNE AIRE URBAINE QUI RÉSISTE MOINS BIEN À LA CRISE QUE LA MOYENNE DES AIRES INTERMÉDIAIRES La crise de 2008 a eu une incidence plus importante sur l’emploi salarié des ICC de l’aire urbaine nancéienne. Sur la période 2008-2012, avec - 9,2 %, la baisse des effectifs salariés est en effet plus marquée que la moyenne des 13 aires urbaines intermédiaires (- 7,3 %). 11 Cette différence s’explique par une forte baisse des effectifs du secteur du Livre et de la Presse dans l’aire urbaine nancéienne. Le secteur de la publicité a connu la même diminution du nombre de ses salariés que celle des aires urbaines intermédiaires. Seul le secteur Édition/Multimédia connait une croissance de ses effectifs, grâce notamment à l’édition de jeux et de logiciels, à la programmation et aux activités informatiques. Cette évolution est très légèrement supérieure à celle de la moyenne des aires urbaines intermédiaires. UNE CROISSANCE DES PROFESSIONS CULTURE/LOISIR EN RETRAIT Sur la période 1999-2010, la croissance des salariés de l’aire urbaine de Nancy a été très inférieure à celle de la moyenne des aires urbaines intermédiaires. L’écart de croissance des cadres culture/loisir avec la moyenne des aires urbaines intermédiaires est plus faible. 12 Ce qu’il faut retenir : Comparativement aux aires urbaines intermédiaires, avec 3 682 salariés, l’aire urbaine nancéienne est plutôt bien dotée. Plus de 55 % des emplois des ICC de l’aire urbaine nancéienne sont dans les arts et spectacles vivants et la publicité La crise a eu une incidence plus importante sur la croissance des salariés de l’ICC de l’aire urbaine nancéienne que sur la moyenne des aires urbaines intermédiaires. En revanche, à l’image des métropoles, la croissance des effectifs dans « l’édition/multimédia » sur la période 2008-2012 a été plus importante que la moyenne des aires urbaines intermédiaires. Le secteur de la publicité a connu quant à lui une chute de ses effectifs supérieure à la moyenne des aires urbaines de même taille. 13 LE SILLON LORRAIN, UN PÔLE MÉTROPOLITAIN EN RECHERCHE DE SYNERGIES DES ICC MOINS DÉVELOPPÉES QUE DANS LES AIRES URBAINES MÉTROPOLITAINES Le cumul des effectifs salariés des quatre aires urbaines de Thionville, Metz, Nancy et Épinal s’élève à un peu moins de 289 000 salariés. La prise en considération de l’entité Sillon Lorrain permet d’effectuer des comparaisons avec les aires urbaines de la classe supérieure, c’est-à-dire celles de plus de 150 000 salariés (hors Paris). Cette démarche de comparaison présente toutefois une certaine limite dans la mesure où, au stade actuel de structuration, du pôle métropolitain, le Sillon Lorrain n’a pas encore atteint le niveau de coopération et d’interdépendance souhaité. À ce jour, le Sillon correspond plus à une addition de forces qu’à un véritable pôle économique constitué, basé sur la synergie des potentiels existants. Le poids des salariés des ICC dans l’effectif salarié total du Sillon Lorrain, comparé à la moyenne des aires métropolitaines, témoigne d’ailleurs que les ICC du pôle métropolitain ne sont pas aussi développées que la taille de l’entité, ainsi constituée, pourrait le laisser espérer. Les ICC représentent 8 009 salariés au sein du Sillon Lorrain. Secteur très développé dans les aires métropolitaines, les emplois liés au multimédia le sont nettement moins au sein du pôle. Seul le secteur des arts et spectacles vivants est plus dynamique que celui de la moyenne des aires urbaines métropolitaines. 14 L’analyse des emplois « culture/loisir » du Sillon Lorrain confirme qu’ils restent proportionnellement plus faibles que ceux des métropoles. Pour autant, au regard des caractéristiques du Sillon Lorrain, jeune pôle métropolitain en construction, le poids métropolitain des salariés des ICC est déjà important malgré la discontinuité territoriale. Au fil du temps, la volonté de rapprochement et de coopération des agglomérations du pôle métropolitain va engendrer de nouvelles manières de travailler ensemble, générer des partenariats, des liens privilégiés, créer de véritables synergies, qui se traduiront notamment par le développement de ces industries hautement stratégiques pour le développement du territoire. 15 UN SILLON LORRAIN FORTEMENT IMPACTÉ PAR LA CRISE Les ICC du Sillon Lorrain ont fortement été impactées par la crise. La baisse des effectifs équivaut environ à 3,5 fois celle des aires urbaines métropolitaines. Cette différence est principalement liée à la baisse des effectifs du secteur de la publicité et, dans une moindre mesure, du secteur de l’architecture. Le secteur multimédia comble son retard avec une croissance supérieure à celle des aires urbaines métropolitaines sur la période 2008-2012. La croissance des salariés culture/loisir pour les aires urbaines supérieures et le Sillon Lorrain est très proche, légèrement favorable au Sillon Lorrain. Néanmoins, les aires urbaines métropolitaines connaissent une croissance plus forte de leurs cadres. 16 LE GRAND NANCY Sur les 3 682 emplois des ICC de l’aire urbaine, 3 104 sont concentrés au sein du Grand Nancy. Les arts et spectacles vivants représentent 960 emplois. Cumulés avec le secteur de la publicité, les deux secteurs emploient un peu moins de 59% de l’emploi total (1 821 salariés). Les emplois culture/loisir 62 % des emplois culture/loisir sont concentrés au sein de la ville de Nancy. Vandœuvre-lès-Nancy comprend 322 emplois, Houdemont 105 et Villers-lès-Nancy 98. 17 Les cadres culture/loisir La ville de Nancy concentre 67 % des cadres culture/loisir avec 1 044 emplois. Vandœuvre-lès-Nancy arrive en 2e position avec 170 emplois, puis vient Houdemont avec 70 emplois. Le contexte économique actuel entraine des restrictions budgétaires qui auront une incidence plus ou moins importante sur les subventions allouées aux différents acteurs des industries culturelles et créatives. Au sein du Grand Nancy, un nombre important d’emplois culturels dépend des financements publics provenant de l’État et des collectivités. Les établissements publics mais également les structures constituées sous forme associative risquent d’être impactés comme : - L’EPCC L’Autre Canal : 10 à 19 salariés L’EPCC Arteca : 6 à 9 salariés Le Conservatoire de musique (EPA) : 50 à 99 salariés La régie de l’Opéra national de Lorraine : 100 à 199 salariés Le Ballet national de Nancy et de Lorraine, centre chorégraphique national (Association) : 20 à 49 salariés La Compagnie Michel DIDYM théatre de la Manufacture, centre dramatique national (SARL) : 20 à 49 salariés Le Centre culturel André Malraux, scène nationale (Association) : 10 à 19 salariés Le fichier Sirene ne donne pas avec précision le nombre de salariés par structure. Pour chaque établissement, est donnée une tranche d’effectif salarié. Les intermittents ont un statut particulier. Ils ne sont pas ventilés à travers les catégories NAF. Les intermittents sont enregistrés auprès de la Caisse de congés spectacles où ils doivent être déclarés. 18 _______________________________________ Directeur de la publication : Pascal Taton Rédaction : Laurent Montoux Mise en page : Valérie Moussoux Coordination générale : Priscilla Pierre Achevé d’imprimer : juillet 2015 ______________________________________ 19 20