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24 août 2012 Revue Médicale Suisse
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13 février 2013 385
Bibliographie
• Roberts EA, Schilsky ML. AASLD practice guidelines.
Diagnosis and treatment of Wilson disease – an update.
Hepatology 2008;47:2089-111.
• EASL. Clinical practice guidelines : Wilson’s disease.
J Hepatol 2012;56:671-85.
• Hiroz P, Antonio A, Doerig C, Pache I, Moradpour D.
La maladie de Wilson : un caméléon clinique auquel il faut
penser. Rev Med Suisse 2011;7:1690-5.
Après une période postopératoire difficile,
marquée par une importante perte pondé-
rale, l’état général s’est amélioré. Le traite-
ment de pénicillamine D a été poursuivi.
questions au spécialiste
Faut-il systématiquement doser la
céruloplasmine en cas de stéatohé-
patite non alcoolique (NASH) ou d’hé-
patopathie d’origine peu claire ?
Une maladie de Wilson doit être considé-
rée chez toute personne présentant une
perturbation des tests hépatiques d’origine
indéterminée, avec ou sans troubles neuro-
logiques ou neuropsychiatriques associés.
Si cela est surtout recommandé pour les per-
sonnes entre 3 et 55 ans, l’âge seul ne doit
pas être un critère d’exclusion de la maladie.
La maladie doit également être sus pectée
en cas d’hépatite auto-immune atypi que ou
répondant mal au traitement, lors de lésions
histologiques évoquant une NASH ou une
hépatite alcoolique, lors d’une insuffisance
hépatique aiguë associée à une hémolyse
intravasculaire Coombs négative, avec une
élévation modérée des transaminases ou
une phosphatase alcaline basse avec un
rapport phosphatase alcaline/bilirubine l 2.
La céruloplasmine est typiquement abais-
sée, mais elle peut être faussement norma-
le en cas d’inflammation ou d’hyperœstro-
génisme (grossesse ou œstrogénothérapie
par exemple). Son dosage ne peut donc, à
lui seul, permettre de poser ou d’infirmer le
diagnostic de maladie de Wilson.
Quelle attitude adopter envers les
frères et sœurs ou les descendants
d’une personne atteinte de la mala-
die de Wilson ? Un dépistage ou des
tests génétiques doivent-ils être ef-
fectués chez les proches ?
Le dépistage des parents du 1er degré
est fortement recommandé. La fratrie d’un
patient homozygote a environ 25% de ris-
que de développer une maladie clinique.
Ce risque n’est que de 0,5% chez les en-
fants mais, en raison de la sévérité de la
maladie, un diagnostic précoce est justifié.
Idéalement, un diagnostic moléculaire
de la mutation ATP7B présente chez le pa-
rent index est recommandé. Si ce test n’est
pas disponible, il est recommandé de faire
un examen clinique à la recherche de si-
gnes d’hépatopathie, de troubles neurologi-
ques et/ou d’un anneau de Kayser-Fleischer
(lampe à fente par un ophtalmologue). Le
bilan biologique inclut la fonction hépatique
(TP, albumine, bilirubine totale et directe),
les tests hépatiques de cytolyse et de cho-
lestase (ASAT, ALAT, phosphatase alcaline
et gGT) et un dosage de la céruloplasmine.
Quel traitement/régime proposer une
fois le diagnostic confirmé ?
Une fois le diagnostic établi, un régime
pauvre en cuivre et un traitement médica-
menteux doivent être introduits et poursui-
vis à vie en l’absence de transplantation hé-
patique. Les aliments riches en cuivre sont
les fruits de mer, les noix, le chocolat, les
champignons et les abats. L’eau circulant
dans des canalisations en cuivre ne peut
être consommée et il convient d’éviter de
cuisiner dans des récipients en cuivre.
Le traitement initial des patients sympto-
matiques doit inclure un agent chélateur
(pénicillamine D ou trientine). Le traitement
des patients asymptomatiques ou ayant
une manifestation neurologique seulement
peut être effectué soit par un agent chéla-
teur, soit par du zinc. La pénicillamine D
(750-1500 mg/jour) doit être prise en 2-3
doses, une heure avant les repas, avec une
supplémentation de pyridoxine (25-50 mg/
jour). La trientine (900-2700 mg/jour) se
prend également en 2-3 doses quotidien-
nes, une heure avant ou trois heures après
les repas. Le zinc (150 mg/jour) se prend
3
x/jour 30 minutes avant les repas.
Quels contrôles effectuer et à quelle
fréquence une fois le diagnostic posé
et le traitement instauré ?
En début de traitement, le type et la fré-
quence des contrôles dépendent de la subs-
tance utilisée. Une fois la maladie stabilisée,
le suivi de routine est biannuel. Il doit com-
prendre un taux de cuivre sérique total, le
cuivre sérique non lié à la céruloplasmine,
la céruloplasmine, les tests hépatiques de
Soumettez un cas
Interrogez le spécialiste de votre choix. Posez-lui des questions directement en lien
avec un problème de médecine de premier recours auquel vous avez été confronté.
Des informations complémentaires concernant la rubrique sont disponibles sur le
site de la Revue Médicale Suisse (http://rms.medhyg.ch/court-circuit.pdf)
Comité de lecture : Dr Gilbert Abetel, Orbe ; Dr Patrick Bovier, Lausanne ; Dr Vincent Guggi,
Payerne ; Dr Philippe Hungerbühler, Yverdon-les-Bains ; Dr Ivan Nemitz, Estavayer-le-Lac ;
Dr Pierre-Alain Plan, Grandson
cytolyse et de cholestase, le TP, l’albumine,
la bilirubine totale et directe, une formule
sanguine avec répartition, une cuprémie de
24 heures sous traitement et éventuellement
aussi 48 heures après l’arrêt du traitement
(pour la pénicillamine D et la trientine). En
cas de cirrhose ou de fibrose avancée, un
dépistage précoce du carcinome hépatocel-
lulaire est également nécessaire au moyen
d’un ultrason hépatique w un dosage de
l’a-fœtoprotéine.
Les écarts de régime occasionnels
peuvent-ils poser problème (par exem-
ple : envie de manger comme les au-
tres au restaurant) ?
Les aliments riches en cuivre doivent être
strictement évités durant la première année
de traitement. Par la suite, et seulement si
le patient est stable, une consommation très
occasionnelle et en petite quantité de ces
aliments peut être tolérée.
Le traitement et le pronostic du car-
cinome hépatocellulaire survenant
dans le cadre d’une maladie de Wilson
sont-ils similaires à ceux des formes
«classiques» ?
Si la fréquence d’apparition d’un carci-
nome hépatocellulaire lors d’une cirrhose
ou d’une fibrose avancée sur maladie de
Wilson est plus faible que dans d’autres hé-
patopathies chroniques, le traitement et le
pronostic sont les mêmes. Les lésions de
petite taille, en faible nombre, sans invasion
vasculaire ou métastases extra-hépatiques
ayant un bien meilleur pronostic, un dépis-
tage précoce de carcinome hépatocellulai-
re est recommandé chez ces patients. Un
bénéfice sur la survie des patients a en effet
été démontré, quelle que soit la maladie
hépatique sous-jacente.
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